[Archivé] La fin d'une traque [libre]

Fin d'après midi dans les ruelles désertes d'Hypnos. Désertes ? Pas tout à fait, car deux hommes se courent après ! Enfin, l'un court après l'autre bien sûr, mais ce n'est qu'un détail. Le premier prend la mauvaise issue, dans tous les sens du termes. Impasse. Il se retourne, livide, serrant un couteau dans sa main tremblante. Et c'est là que j'entre en scène.

D'un air tranquille et soigneusement étudié, je m'approche tout doucement de l'homme tremblotant pour mieux l'acculer.

Braëg Odin. Tu as commis au moins cinq meurtres, ainsi que plusieurs viols. Grâce à des vices de procédure tu as pu t'en sortir avec seulement deux ans en taule ... Mais tu manques de chance, gamin. Parce que c'est pas là que je t'emmène. Mais avant toute chose, voyons ce que Dame Chance en dit ... Et joignant le geste à la parole, je lance ma pièce.

Pas de chance ... pour toi. J'active mon lance-flammes. Quelques cris de douleurs, et c'est fini. Ne reste qu'un criminel façon barbecue, sans sauce, gardez la monnaie.

Il ne me reste plus qu'à profiter de cette fin d'après midi., dis-je à voix haute.

Peut-être avec celui, ou celle qui m'observe en ce moment ? Allons, montre-toi, voyons.

Assise sur le rebord d'une fenêtre, Maeko balançait ses jambes dans le vide, comme une enfant.
Impressionnante dans ses habits de pirate, le visage caché sous son bandana noir, elle observait l'homme restant dans la ruelle avec une lueur indéfinie dans le regard.

- Huhu... tu as presque l'air surpris de me voir. Tu m'as appelé pourtant. Mais, et ça je dois avouer que je le prends assez mal, tu n'as pas attendu ma réponse. Qu'as-tu à dire pour ta défense ?

Du bout des doigts, elle se mit à tapoter sur le masque blanc qu'elle avait accroché à la ceinture.

- Oh ? Mais de la position de juge à accusé, il n'y a généralement que quelques pas. Et vous venez de courir sur une belle distance là, je me trompe ?

Le ton de sa voix était "légèrement" moqueur.
Elle sauta au sol et vint inspecter les restes carbonisés, passant juste à côté du juge sans avoir l'air de remarquer son changement de position. Le cadavre fumait encore, et emplissait l'air d'une odeur proche du porc grillé.

- Excuses acceptées. S'il était véritablement un violeur, il mérite ce sort.

La femme se mit à rire, et détourna les yeux du cadavre pour les reposer sur l'ancien juge.

- Huhu... je me demandais quand tu allais te décider à enfin te présenter ! Comme tu sembles me connaître - au moins de nom - maintenant, l'équilibre est rétabli. C'est bon ça, l'équilibre, surtout quand on passe son temps dans la rue du Monte-en-l'air. Par contre, tu me sembles un peu indécis. C'est moins bon déjà.
Tu es juge, ou tu ne l'es plus ? Tu continues à rendre la justice, sans l'être peut-être ? Mais tu ne pourrais pas être appelé juge dans ce cas-là...
Peut-être que tu es un super-héros, le bras armé - ou plutôt, l'oeil enflammé - de la Justice. Il te faudrait trouver un autre nom alors... hmmm...

Maeko sembla réfléchir un moment, l'oeil dans le vague et les bras croisés devant elle.

- Ou bien tu es fou. Ce qui serait une réponse convenable.
Dis, tu comptais faire quoi du corps ? Parce que je connais quelqu'un que ça intéresserait...

- Hé ! Tu vas un peu loin là ! Je ne t'ai pas élu, ni nommé ! C'est la première fois que je te parle !

Le regard plus sévère et les mains sur les hanches, la femme fixa le juge.
Après un silence plein de tension, elle sembla se détendre et oublier ce qu'elle venait de dire.

- Mon maître apprécie le goût des violeurs, je suis certaine qu'il sera ravi de s'occuper de celui-ci ! Merci !
C'est son anniversaire bientôt, et cela fera une bonne diversion pour le cadeau que je lui prépare... huhu... ce plan est machiavélique.

Elle plongea le bras dans son sac, fouilla à l'intérieur, provoquant un tumulte sonore comme si elle déplaçait un vaisselier entier, puis elle en sortit un cube en pierre gravé, gros comme sa main.
Elle se tourna vers le cadavre, appuya sur une série de symboles : le cube se mit à briller et...
*pouf*
Le cadavre disparut dans un flash bleuté.

- A part cramer des gens dans les ruelles, tu as une autre passion dans la vie ? Le golf, peut-être ?

- Hmm... pourquoi pensez-vous qu'il s'agit d'un surnom ? Dame Chance, la Versatile aux Deux Visages, c'est peut-être moi ! Un juge qui n'applique pas la présomption de culpabilité, ce serait une première ! Huhu...

La femme se mit à rire, une main devant la bouche.
Le masque de bois blanc accroché à sa ceinture sembla soudain sourire aussi en passant dans la lumière.
Elle rangea son cube dans son sac.

- Tu es amusant, tu le sais ça ? J'ai bien fait de venir voir ce que tu faisais, en fait. Dommage que Lampion ne soit pas là pour voir ça, ça l'aurait bien fait rire aussi...
Ca te dérange si je te suis un peu, histoire de voir comment tu travailles ?

Maeko suivit effectivement le super-héros, ses bottes claquant sur les pavés.

- Et oui, que voulez-vous ! Je m'apprécie tant que je peux ! Huhu...
Quant à votre homme...

Elle ressortit son cube de son sac, le lança et le rattrapa plusieurs fois tandis que ses yeux semblaient soudain plus sombres.

- Un criminel de cet acabit a le droit à un traitement unique et haut en couleurs. Je vous propose le "gros schlurp".
Vous connaissez ? Non ?
C'est très simple ; vous ouvrez un portail proche d'un trou noir, que vous faites atterrir dans le ventre de la cible. Et hop ! Ca fait un gros schlurp !
Unique, à coup sûr. Par contre, pour les couleurs, c'est pas très varié, ça reste dans les tons de... Oh ! Regardez ! Pile ce qu'il me fallait !

Maeko se précipita vers la vitrine d'un magasin, courant presque, et elle colla le nez au verre pour admirer ce qui ressemblait fort à... un ensemble de vaisselles particulièrement kitsch.