Tabletop Elysion - groupe du vendredi - Campagne 1-Acte II
Mar 2 Fév 2021 - 9:20
Comme vous le savez sans doute Elysion existe désormais aussi en format tabletop ! Vous voulez plus d’informations ? Venez par là: https://elysionearth.forumgratuit.org/t1009-un-jeu-de-role-sur-table-pour-elysion
Vous pouvez lire les résumés des précédents actes:
https://elysionearth.forumgratuit.org/t1164-mourir-pour-des-idees-tabletop-elysion-groupe-1-campagne-1-acte-i#12824
https://elysionearth.forumgratuit.org/t1165-la-ballade-des-cimetieres-tabletop-elysion-groupe-2-campagne-1-acte-i#12828
Voici donc un résumé du scénario du groupe qui joue le mardi, séance par séance. Bonne lecture !
Vous pouvez y retrouver:
Hermine: une Clairvoyante et membre des Glaives, elle a un esprit particulièrement héroïque et empathique et souhaite amener le monde dans la bonne direction. Fille d’une famille noble, elle est souvent appelée Dame Hermine et dispose de ressources conséquentes (que ce soit de par son ascendance ou son affiliations aux Glaives). Porte si nécessaire une épaisse paire de lunettes pour compenser sa vue de taupe. Elle possède une armure artéfact, qui lui permet de lancer un défi à un adversaire si il est plus fort qu'elle. Elle renforce alors les capacités du porteur pour le mettre à niveau de son adversaire mais il lui devient strictement impossible de fuir le combat.
Jostoph: un barde Télépathe qui s’est mis au service de Hermine, une vraie héroïne pleine de sous, contre rémunération. Il sait très bien qu’en restant aux côtés de la Dame, ils aura nombre d’histoires à raconter et cela le ravit. Il est né au village de Saintébert où les aventuriers vont rejoindre le Mathémagicien.
Caïn: Tarima de son état mais complètement ignare en magie, il a préféré se tourner vers la rapine et la guerre lui a donné du boulot : Ferrailleur sur les champs de batailles, il passe après les batailles pour piller les corps de soldats laissés derrière avec des armes et ensuite revendre tout ce bel attirail contre de belles sommes.
Gabriel: un Duveteux candide ayant perdu son lien avec les personnes avec qui il travaillait comme coursier à cause de la guerre. Il a quelques connaissances en pharmacie car il amenait principalement des médicaments.
Vous pouvez lire les résumés des précédents actes:
https://elysionearth.forumgratuit.org/t1164-mourir-pour-des-idees-tabletop-elysion-groupe-1-campagne-1-acte-i#12824
https://elysionearth.forumgratuit.org/t1165-la-ballade-des-cimetieres-tabletop-elysion-groupe-2-campagne-1-acte-i#12828
Voici donc un résumé du scénario du groupe qui joue le mardi, séance par séance. Bonne lecture !
Vous pouvez y retrouver:
Hermine: une Clairvoyante et membre des Glaives, elle a un esprit particulièrement héroïque et empathique et souhaite amener le monde dans la bonne direction. Fille d’une famille noble, elle est souvent appelée Dame Hermine et dispose de ressources conséquentes (que ce soit de par son ascendance ou son affiliations aux Glaives). Porte si nécessaire une épaisse paire de lunettes pour compenser sa vue de taupe. Elle possède une armure artéfact, qui lui permet de lancer un défi à un adversaire si il est plus fort qu'elle. Elle renforce alors les capacités du porteur pour le mettre à niveau de son adversaire mais il lui devient strictement impossible de fuir le combat.
Jostoph: un barde Télépathe qui s’est mis au service de Hermine, une vraie héroïne pleine de sous, contre rémunération. Il sait très bien qu’en restant aux côtés de la Dame, ils aura nombre d’histoires à raconter et cela le ravit. Il est né au village de Saintébert où les aventuriers vont rejoindre le Mathémagicien.
Caïn: Tarima de son état mais complètement ignare en magie, il a préféré se tourner vers la rapine et la guerre lui a donné du boulot : Ferrailleur sur les champs de batailles, il passe après les batailles pour piller les corps de soldats laissés derrière avec des armes et ensuite revendre tout ce bel attirail contre de belles sommes.
Gabriel: un Duveteux candide ayant perdu son lien avec les personnes avec qui il travaillait comme coursier à cause de la guerre. Il a quelques connaissances en pharmacie car il amenait principalement des médicaments.
Re: Tabletop Elysion - groupe du vendredi - Campagne 1-Acte II
Mar 2 Fév 2021 - 9:26
La revenante
- CaïnTarima de son état mais complètement ignare en magie, il a préféré se tourner vers la rapine et la guerre lui a donné du boulot : Ferrailleur sur les champs de batailles, il passe après les batailles pour piller les corps de soldats laissés derrière avec des armes et ensuite revendre tout ce bel attirail contre de belles sommes.
- Gabrielun Duveteux candide ayant perdu son lien avec les personnes avec qui il travaillait comme coursier à cause de la guerre. Il a quelques connaissances en pharmacie car il amenait principalement des médicaments.
- Hermineune Clairvoyante et membre des Glaives, elle a un esprit particulièrement héroïque et empathique et souhaite amener le monde dans la bonne direction. Fille d’une famille noble, elle est souvent appelée Dame Hermine et dispose de ressources conséquentes (que ce soit de par son ascendance ou son affiliations aux Glaives). Porte si nécessaire une épaisse paire de lunettes pour compenser sa vue de taupe. Elle possède une armure artéfact, qui lui permet de lancer un défi à un adversaire si il est plus fort qu'elle. Elle renforce alors les capacités du porteur pour le mettre à niveau de son adversaire mais il lui devient strictement impossible de fuir le combat.
- Jostophun barde Télépathe qui s’est mis au service de Hermine, une vraie héroïne pleine de sous, contre rémunération. Il sait très bien qu’en restant aux côtés de la Dame, ils aura nombre d’histoires à raconter et cela le ravit. Il est né au village de Saintébert où les aventuriers vont rejoindre le Mathémagicien.
Aux alentours de la mi-Asherien 2778, nous avons laissé nos héros se reposer dans la Forteresse des Songeurs après des aventures aussi épiques que terrifiantes. Durant quelques semaines, ils restèrent sur place. On cherchait les origines et le traitement de leur mal, sans y parvenir, tandis qu’ils recouvraient leurs forces et élaboraient mille stratégies, mais également apprenant à se connaître et se découvrant de nouvelles affinités tout en faisant leur possible pour augmenter leurs connaissances et leur appréciation de la situation.
Lorsque Gabriel s’éveilla au bout de quelques jours, il fut mis au courant de la situation par Caïn, le tarima incapable de magie reconverti en ferrailleur des champs de bataille, qui avait veillé sur lui tout ce temps. Durant le séjour ils ne se séparèrent que très peu. Gabriel refusait de se lier avec les autres personnes présentes à la forteresse, mais allait parfois prendre des leçons de soin auprès des songeurs, et il profita donc de ce séjour pour parfaire ses connaissances et augmenter ses compétences. Durant ces moments là, Caïn, lui, faisait le tour de la Citadelle, tentant –sans succès- d’y trouver quelque chose de valeur, mais en a aussi profité pour prendre les conseils de drague d‘Hapeau, et de Jostoph, avec qui il a discuté de sa très chère Philomène. Notre barde, lui, toujours très perturbé par la disparition de sa patronne Dame Hermine, avait mis un certain temps avant de digérer les évènements vécus les jours précédents, et avait ensuite décidé de chercher le plus d’informations possibles sur ce qu’ils vivaient (entre deux compositions autour de leurs formidables aventures). En conséquence de quoi, il avait passé énormément de temps à la bibliothèque des Songeurs. Évidemment, il n’oubliait pas de tisser des liens avec le reste des aventuriers, mais c’est très certainement avec Corvus, le centaure, qu’il a le plus discuté. En effet, celui-ci, malgré un faible niveau de lecture, était tout aussi perturbé que le barde à l’idée d’être manipulé par une force supérieure, et était bien incapable de faire confiance aux aventuriers qui les avaient rejoints, ne pouvant pas savoir à quel point ils étaient, ou non, fidèles à Rhadamanthe. Il faisait cependant tout pour paraître détendu. Il ne croyait pas du tout à l’aide de Philomène, persuadé qu’elle ne la leur avait pas apportée de gaieté de cœur. Inquiet également pour Hermine, mais surtout rongé d’angoisse sur le destin de sa nièce, se demandant s’il ne ferait pas mieux de simplement la chercher, il s’est donc isolé avec Jostoph à la bibliothèque, aidant le barde à passer au crible les ouvrages de la bibliothèque afin d’en apprendre plus sur ceux qui dirigeaient ce qui ressemblait à un complot.
De son côté, l’Effigie Lorwyn, terroriste écologiste Gaïen convaincu, avait fait en sorte de profiter de moments de complicité avec son oiseau loin des instants troublés de la guerre. Il avait donc passé le plus clair de son temps à dos de hibou, à parcourir de nuit de grandes distances, ce qui lui permit également de repérer les environs. Assez impatient de pouvoir reprendre sa route vers la destruction d’Eaque, il s’était assez peu mêlé au reste des aventuriers, et surtout pas à la petite entreprise d’Hapeau, qui l’agaçait sans qu’il ne détienne aucune preuve. Son complice, en effet, avait une nouvelle lubie : avec l’aide de Moleg, il allait créer une bière pour les Effigies à base de levure –ces fameuses levures qu'il pouvait produire. Ceci lui permit de se détourner d’une évidence qui l’inquiétait : il y avait des traîtres au sein même des gaïens. Entre deux séances de complicité avec son oiseau Arzyan, il avait donc consacré toute son énergie à créer une bière avec l’aide du troll. Ceci s’est cependant soldé sur un demi échec : la bière est certes passable, mais pas comestible pour les Effigies. Moleg, quant à lui, outre ces expérimentations, a été un peu grognon, rendu irritable par son foie réparé. Il a donc proposé une pinte à chaque fois qu’il croisait quelqu’un, buvant sans aucun doute plus que de raison. Il s’est cependant rendu compte que la guérison de ses organes filtrateurs semblait avoir eu un impact positif sur son usage de la magie, et notamment sur les formes de pierre, qu'il maîtrise de mieux en mieux. Il a passé beaucoup de temps en cuisine, où il a pas mal croisé Gabriel, et appris de nouvelles recettes.
De son côté Moradund, un peu mis de côté par le reste du groupe suite à ses agissements précédents, avait préféré suivre l’appel du combat qu’il sentait en contrebas, et avait filé avant les autres, non sans avoir auparavant raconté des tonnes d’histoires d’arènes à Ferlia. Celle-ci avait mis du temps à se remettre des nombreuses aventures qu’elle avait vécues, et à cesser de se méfier de tous les aventuriers présents. Une fois ceci passé, elle s’était montrée sympathique envers tous, apprenant à connaître les nouveaux venus, et allant plus loin dans ses relations avec ceux qu'elle connaissait déjà. Curieuse de nature, elle a posé énormément de questions, que ce soit à ses compagnons ou aux Songeurs. Tout au long du séjour, elle a pris soin de noter tout ce qu'elle apprenait dans un carnet.
C’est une vingtaine de jours après leur arrivée que ce quotidien commença à changer. Ce jour-là, Jostoph fut pris à part par un Songeur, qui lui confia une lettre lui annonçant l’arrivée de Dame Hermine, rédigée par elle-même. Le barde, extatique à l’idée du retour de sa maîtresse, vers qui il avait, en vain, tendu son esprit tous les jours, partagea sa joie avec ses compagnons, et fonça lui préparer lit et plat préféré, recommencé chaque jour, pour chaque repas.
Ceci sembla aussi sonner la fin du repos et il fut alors décidé qu’ils ne pourraient rester tous ensemble. Ainsi après de nombreux débats, le choix fut fait de laisser Lorwyn, Hapeau, Corvus et Moleg retrouver la piste d’Alphine, la barde rival de Jostoph charrieur de cadavres, qui pourrait très certainement avoir des choses à leur révéler. Tous quatre partirent donc vers les champs de bataille des plaines d’Eaque, restant en contact avec leurs compagnons par le réseau de Philomène.
Le débat afin d’arriver à cette décision avait été long, chacun proposant sa piste. Il avait ainsi été envisagé de partir sur les traces de la société secrète, ou sur celles d’Ea. Les contacts du carnet avaient tous été passés au crible, et l’attention avait été retenue par le chercheur Gredert Belgan. Cependant toutes ces pistes furent abandonnées, en raison de la nature hétéroclite et fort peu discrète de leur groupe, mais également de l’avis de recherche posé sur les terroristes gaïens dans la capitale. Il était évident que trois d’entre eux avaient une connaissance parfaite des plaines eaquiennes, et il semblait donc logique qu’ils se dirigent vers cet objectif. le charrieur de cadavres, ils le sentaient, pouvait être relié aux informations données par frôle la Mort, et donc, à la société secrète. Pour Corvus, c’était également un moyen de récupérer des informations sur sa nièce via des tribus centaurs sur le chemin, et c’est grâce à cet argument qu’il outrepassa ses craintes et décida de se joindre à l’aventure.
Ainsi, une fois décidé, ils envoyèrent un message à Philomène, afin de l'informer de leur choix, et de lui demander si une bataille ou une escarmouche se préparait dans les jours à venir sur Eaque. En effet, qui disait bataille, disait morts, qui disait morts, disait cadavres, et où trouver un charrieur de cadavres ailleurs que sur un champ de bataille jonché de macchabées ? Une demie journée plus tard ils furent fixés: au Nord Ouest, sous 4 jours, une bataille aurait lieu. Elle les félicitait de leur piste maligne, et les exhortait à se dépêcher afin d’y être à temps. Ainsi, tous quatre partirent et laissèrent sur place leurs amis après des adieux rapides, et quelques effusions (surtout de la part de Caïn, ce petit sentimental). Au crépuscule ils se mirent en route, laissant à la Citadelle Ferlia, Jostoph, Caïn et Gabriel. Très vite, Ferlia fut recontactée par Philomène: celle-ci avait pour elle très précisément une mission qu’elle devrait effectuer seule. Il fut donc convenu que la jeune femme partirait seule de la Forteresse, et rejoindrait périodiquement ses camarades entre deux missions, toujours en contact avec eux via le réseau secret qui leur était proposé.
Quelques jours plus tard, on frappa aux portes de la Forteresse, et Jostoph put tomber dans les bras d’Hermine, dont il testa immédiatement la résonance de l’armure. Trouvant manifestement que celle-ci sonnait trop creux, et sans réellement laisser le temps aux Songeurs d’examiner la nouvelle venue, il l’emmena, presque de force, au réfectoire, où il l’attabla devant son fameux plat favori, chaud et fumant préparé pour elle par les soins de son fidèle et dévoué barde.
Alors qu’elle se restaurait, il lui raconta, sur un rythme soutenu et alors qu'autour d’eux venaient s'attabler leurs nouveaux compagnons et quelques Songeurs, l'intégralité de leurs aventures, mais aussi de leurs découvertes. Il lui confirma ainsi l’honnêteté d’Emmet, et lui annonça la défection de Moradund, ce qui sembla soulager la noble dame. Il évoqua également l'histoire des ongles colorés, et exprima ce qu’il lui avait semblé comprendre: la prochain ongle à se colorer, serait le majeur, et il serait coloré en bleu. Selon lui, ils allaient à ce moment- là être extrêmement triste (il envisageait d’ailleurs nombre chansons paillardes pour les égayer).
C’est également lors de cet échange qu’elle évoqua ce dont elle se souvenait. En réalité, c’était assez flou. Après avoir vaincu la cocatrice, elle avait, comme mue par un instinct surhumain, traversé plus de la moitié du continent, vêtue de son armure complète, pour retrouver son barde. Elle aurait été bien incapable d’expliquer comment exactement elle avait défait le monstre, ou la manière dont elle avait pu s’extraire du labyrinthe et échapper aux cultistes, ni même comment elle s’était nourrie durant tout ce temps, et pourtant, elle était là, avec eux. Elle ne mentionna pas cependant le changement intérieur qu’elle ressentait, comme si ce qu'elle avait vécu l’avait indéfinissablement transformée sans qu'elle puisse l'expliquer, ni le fait qu’elle se sentait plus sombre, plus sceptique, et bien moins enjouée et idéaliste qu'elle n’avait pu l’être, se rapprochant de la noble qu’elle avait été, s'éloignant de la Glaive aventurière. Elle ne dit pas non plus que l’avalanche d'informations sous laquelle Jostoph l’ensevelissait ne lui permettait pas de tout comprendre: sa sagacité était suffisante pour savoir qu’ils allaient bientôt repartir et qu’alors elle pourrait revenir à sa guise sur tout ce dont elle avait besoin.
Elle eut tout de même droit à une présentation dans les règles de Jotsoph à Caïn, dont le métier de ferrailleur des champs de bataille semblait la dégoûter, puis à Gabriel. Dame Hermine ayant perdu ses lunettes, elle s’approcha beaucoup de Caïn et Gabriel, plissant très fort les yeux afin de les voir, et remarquant que Caïn n’avait pas l’air d’un rhadamantien. Cette remarque sembla agacer Gabriel qui lui souffla dans le nez, faisant s’ébrouer Hermine, qui s’excusa et expliqua son problème, refusant cependant les soins que lui proposait Gabriel pour retrouver la vue, arguant que cela avait déjà été tenté sans succès par de nombreux spécialistes, y compris les Songeurs -sans préciser pourtant que c’était une caractéristique due à sa branche. Ce refus mura un peu plus le Duveteux dans son silence et sa bouderie. Sans du tout se rendre compte de la vexation de son nouveau compagnon, Hermine proposa à Caïn de parler de leur situation aux autorités eaquiennes, manifestement touchée par son engagement auprès des enfants, et persuadée que quelque chose pouvait être fait sans impliquer le garçon dans la guerre. Cependant, celui-ci refusa tout net, arguant qu’il avait confiance en Philomène, ce qui déclencha des protestations énergiques de Gabriel. Considérant manifestement qu’il n’y avait pas grand chose d’autre à tirer de ces deux-là, Hermien se tourna ensuite vers le mathémagicien, qui était lui aussi toujours présent, avec qui elle engagea la conversation vers ce que lui voulaient ceux qui l’avaient capturé. Après un bref instant de confusion, il lui expliqua que lorsqu'il avait tenté de trouver la source de la malédiction, il avait signalé leur position, et permis de remonter jusqu’à lui. Suant à grosses gouttes, manifestement inquiet par l’air inquisiteur et agacé de la femme en armure face à lui, il ajouta en balbutiant qu’il avait déjà dit tout ce qu’il savait, manifestement sincère. Gabriel, qui s’était glissé derrière lui, lui tapota l’épaule, réconfortant, alors que Caïn lançait à Hermine, taquin:
“C’est pas bien d’effrayer les p’tits vieux !”
Celle-ci l’ignora cependant, comme elle avait ignoré ses regards gourmands sur son armure magique, car elle s‘était déjà attelée à la rédaction d’une missive afin de faire communiquer aux autorités eaquiennes, en passant par sa famille, cette information cruciale: dans les plaines Enéides, une secte liée à l’armée rhadamnatienne enlevait et ensorcellait des gens qui semblaient tout à fait innocents et sans aucun lien entre eux.
Venait alors pour eux le moment de décider quoi faire. Le débat fut âpre: Gabriel n’avait manifestement qu'une seule envie: celle de partir sans ses deux nouveaux compères, loin de cette mission, ce à quoi Caïn se refusait: ils s’étaient engagés auprès de Rhadamanthe, et il devait nourrir sa famille. Il était évident que le Duveteux considérait qu’il ne pouvait faire confiance à personne, très affecté par les précédentes traîtrises, et même les arguments de Jostoph, qui les avait sortis de la pyramide, ne purent suffire à la convaincre (il argumenta d’ailleurs qu’il était endormi et n’avait rien vu: le barde aurait très bien pu lui mentir, pour ce qu’il en savait !). C’est pourtant le barde qui rebondit sur une situation d’Hermine et les tira d’affaire: une ligne fut ajoutée sur le testament d'Hermine, attestant que celle-ci donnerait de l’argent à Caïn, pour sa famille. La noble suggéra également de faire de Caïn quelque chose de plus respectable qu’un pilleur de cadavres, tandis que Jostoph suggérait de renommer l'orphelinat après elle et d’y mettre Alphine comme clown. Hermine versa d’ailleurs une avance confortable à Caïn, qui ravit le Tarima. Celui-ci se déclara d’ailleurs son serviteur à vie ! Ceci permit de décider de leur destination: en effet Gabriel suivait Caïn, et celui-ci suivait Hermine, qui était aussi suivie de Jostoph. Leur choix se porta donc sur Hypnos: en effet, là-bas, ils pourraient tout à la fois aller se renseigner en bibliothèque autour de la secte, tenter d’en trouver les financeurs (après tout, les cocatrices ne se trouvaient pas partout), et suivre les pistes trouvées dans le carnet de Thalivor menant à Hypnos. Tout le monde accepta, y compris Gabriel qui boudait toujours, accusant cette fois Hermine de lui piquer des idées, ce que personne n'avait pu confirmer ou infirmer, personne n’ayant entendu le Duveteux, à part pour râler, depuis bien longtemps. Cependant, s’il ne l’exprimait pas, il était tout de même heureux à l’idée de retrouver son continent, sa ville, et de pouvoir présenter ce qu’il lui restait de famille à Caïn. Il fut décidé qu’ils resteraient encore une journée de plus à la Forteresse. En effet, il leur fallait un peu de temps pour préparer leurs bagages, et des vivres; de plus, les Songeurs tenaient à examiner Hermine, et à ce qu’elle se repose.
Sur cette dernière journée, Caïn resta longtemps avec Gabriel, afin qu’il cesse de bouder. Le Duveteux, lui, prépara de quoi manger, boire, des remèdes variés et de quoi se couvrir pour affronter la saison froide qui arrivait à grands pas. Hermine quant à elle écrivit des lettres, afin de prévenir de son retour, mais également de pouvoir se loger, et de préparer son retour à la cour. Elle contacta également les Glaives, afin de connaître les dernières nouvelles stratégiques de la capitale. Jostoph quant à lui, enthousiaste à l’idée de retrouver un contexte urbain et des nobles, rassembla ses notes en sifflotant avant de préparer le voyage et son intendance. Hermine, fatiguée, lui avait en effet fait part de son souhait d'entamer ses économies pour voyager en calèche de relai en relai, et il incombait à son fidèle barde d’organiser tout ceci.
Leur dernière soirée se déroula de manière calme et conviviale, permettant déjà de créer quelques liens. Hermine se montra d’ailleurs en vêtements de lin, sans son armure, ce qui était plus que rare.
Lorsque Gabriel s’éveilla au bout de quelques jours, il fut mis au courant de la situation par Caïn, le tarima incapable de magie reconverti en ferrailleur des champs de bataille, qui avait veillé sur lui tout ce temps. Durant le séjour ils ne se séparèrent que très peu. Gabriel refusait de se lier avec les autres personnes présentes à la forteresse, mais allait parfois prendre des leçons de soin auprès des songeurs, et il profita donc de ce séjour pour parfaire ses connaissances et augmenter ses compétences. Durant ces moments là, Caïn, lui, faisait le tour de la Citadelle, tentant –sans succès- d’y trouver quelque chose de valeur, mais en a aussi profité pour prendre les conseils de drague d‘Hapeau, et de Jostoph, avec qui il a discuté de sa très chère Philomène. Notre barde, lui, toujours très perturbé par la disparition de sa patronne Dame Hermine, avait mis un certain temps avant de digérer les évènements vécus les jours précédents, et avait ensuite décidé de chercher le plus d’informations possibles sur ce qu’ils vivaient (entre deux compositions autour de leurs formidables aventures). En conséquence de quoi, il avait passé énormément de temps à la bibliothèque des Songeurs. Évidemment, il n’oubliait pas de tisser des liens avec le reste des aventuriers, mais c’est très certainement avec Corvus, le centaure, qu’il a le plus discuté. En effet, celui-ci, malgré un faible niveau de lecture, était tout aussi perturbé que le barde à l’idée d’être manipulé par une force supérieure, et était bien incapable de faire confiance aux aventuriers qui les avaient rejoints, ne pouvant pas savoir à quel point ils étaient, ou non, fidèles à Rhadamanthe. Il faisait cependant tout pour paraître détendu. Il ne croyait pas du tout à l’aide de Philomène, persuadé qu’elle ne la leur avait pas apportée de gaieté de cœur. Inquiet également pour Hermine, mais surtout rongé d’angoisse sur le destin de sa nièce, se demandant s’il ne ferait pas mieux de simplement la chercher, il s’est donc isolé avec Jostoph à la bibliothèque, aidant le barde à passer au crible les ouvrages de la bibliothèque afin d’en apprendre plus sur ceux qui dirigeaient ce qui ressemblait à un complot.
De son côté, l’Effigie Lorwyn, terroriste écologiste Gaïen convaincu, avait fait en sorte de profiter de moments de complicité avec son oiseau loin des instants troublés de la guerre. Il avait donc passé le plus clair de son temps à dos de hibou, à parcourir de nuit de grandes distances, ce qui lui permit également de repérer les environs. Assez impatient de pouvoir reprendre sa route vers la destruction d’Eaque, il s’était assez peu mêlé au reste des aventuriers, et surtout pas à la petite entreprise d’Hapeau, qui l’agaçait sans qu’il ne détienne aucune preuve. Son complice, en effet, avait une nouvelle lubie : avec l’aide de Moleg, il allait créer une bière pour les Effigies à base de levure –ces fameuses levures qu'il pouvait produire. Ceci lui permit de se détourner d’une évidence qui l’inquiétait : il y avait des traîtres au sein même des gaïens. Entre deux séances de complicité avec son oiseau Arzyan, il avait donc consacré toute son énergie à créer une bière avec l’aide du troll. Ceci s’est cependant soldé sur un demi échec : la bière est certes passable, mais pas comestible pour les Effigies. Moleg, quant à lui, outre ces expérimentations, a été un peu grognon, rendu irritable par son foie réparé. Il a donc proposé une pinte à chaque fois qu’il croisait quelqu’un, buvant sans aucun doute plus que de raison. Il s’est cependant rendu compte que la guérison de ses organes filtrateurs semblait avoir eu un impact positif sur son usage de la magie, et notamment sur les formes de pierre, qu'il maîtrise de mieux en mieux. Il a passé beaucoup de temps en cuisine, où il a pas mal croisé Gabriel, et appris de nouvelles recettes.
De son côté Moradund, un peu mis de côté par le reste du groupe suite à ses agissements précédents, avait préféré suivre l’appel du combat qu’il sentait en contrebas, et avait filé avant les autres, non sans avoir auparavant raconté des tonnes d’histoires d’arènes à Ferlia. Celle-ci avait mis du temps à se remettre des nombreuses aventures qu’elle avait vécues, et à cesser de se méfier de tous les aventuriers présents. Une fois ceci passé, elle s’était montrée sympathique envers tous, apprenant à connaître les nouveaux venus, et allant plus loin dans ses relations avec ceux qu'elle connaissait déjà. Curieuse de nature, elle a posé énormément de questions, que ce soit à ses compagnons ou aux Songeurs. Tout au long du séjour, elle a pris soin de noter tout ce qu'elle apprenait dans un carnet.
C’est une vingtaine de jours après leur arrivée que ce quotidien commença à changer. Ce jour-là, Jostoph fut pris à part par un Songeur, qui lui confia une lettre lui annonçant l’arrivée de Dame Hermine, rédigée par elle-même. Le barde, extatique à l’idée du retour de sa maîtresse, vers qui il avait, en vain, tendu son esprit tous les jours, partagea sa joie avec ses compagnons, et fonça lui préparer lit et plat préféré, recommencé chaque jour, pour chaque repas.
Ceci sembla aussi sonner la fin du repos et il fut alors décidé qu’ils ne pourraient rester tous ensemble. Ainsi après de nombreux débats, le choix fut fait de laisser Lorwyn, Hapeau, Corvus et Moleg retrouver la piste d’Alphine, la barde rival de Jostoph charrieur de cadavres, qui pourrait très certainement avoir des choses à leur révéler. Tous quatre partirent donc vers les champs de bataille des plaines d’Eaque, restant en contact avec leurs compagnons par le réseau de Philomène.
Le débat afin d’arriver à cette décision avait été long, chacun proposant sa piste. Il avait ainsi été envisagé de partir sur les traces de la société secrète, ou sur celles d’Ea. Les contacts du carnet avaient tous été passés au crible, et l’attention avait été retenue par le chercheur Gredert Belgan. Cependant toutes ces pistes furent abandonnées, en raison de la nature hétéroclite et fort peu discrète de leur groupe, mais également de l’avis de recherche posé sur les terroristes gaïens dans la capitale. Il était évident que trois d’entre eux avaient une connaissance parfaite des plaines eaquiennes, et il semblait donc logique qu’ils se dirigent vers cet objectif. le charrieur de cadavres, ils le sentaient, pouvait être relié aux informations données par frôle la Mort, et donc, à la société secrète. Pour Corvus, c’était également un moyen de récupérer des informations sur sa nièce via des tribus centaurs sur le chemin, et c’est grâce à cet argument qu’il outrepassa ses craintes et décida de se joindre à l’aventure.
Ainsi, une fois décidé, ils envoyèrent un message à Philomène, afin de l'informer de leur choix, et de lui demander si une bataille ou une escarmouche se préparait dans les jours à venir sur Eaque. En effet, qui disait bataille, disait morts, qui disait morts, disait cadavres, et où trouver un charrieur de cadavres ailleurs que sur un champ de bataille jonché de macchabées ? Une demie journée plus tard ils furent fixés: au Nord Ouest, sous 4 jours, une bataille aurait lieu. Elle les félicitait de leur piste maligne, et les exhortait à se dépêcher afin d’y être à temps. Ainsi, tous quatre partirent et laissèrent sur place leurs amis après des adieux rapides, et quelques effusions (surtout de la part de Caïn, ce petit sentimental). Au crépuscule ils se mirent en route, laissant à la Citadelle Ferlia, Jostoph, Caïn et Gabriel. Très vite, Ferlia fut recontactée par Philomène: celle-ci avait pour elle très précisément une mission qu’elle devrait effectuer seule. Il fut donc convenu que la jeune femme partirait seule de la Forteresse, et rejoindrait périodiquement ses camarades entre deux missions, toujours en contact avec eux via le réseau secret qui leur était proposé.
Quelques jours plus tard, on frappa aux portes de la Forteresse, et Jostoph put tomber dans les bras d’Hermine, dont il testa immédiatement la résonance de l’armure. Trouvant manifestement que celle-ci sonnait trop creux, et sans réellement laisser le temps aux Songeurs d’examiner la nouvelle venue, il l’emmena, presque de force, au réfectoire, où il l’attabla devant son fameux plat favori, chaud et fumant préparé pour elle par les soins de son fidèle et dévoué barde.
Alors qu’elle se restaurait, il lui raconta, sur un rythme soutenu et alors qu'autour d’eux venaient s'attabler leurs nouveaux compagnons et quelques Songeurs, l'intégralité de leurs aventures, mais aussi de leurs découvertes. Il lui confirma ainsi l’honnêteté d’Emmet, et lui annonça la défection de Moradund, ce qui sembla soulager la noble dame. Il évoqua également l'histoire des ongles colorés, et exprima ce qu’il lui avait semblé comprendre: la prochain ongle à se colorer, serait le majeur, et il serait coloré en bleu. Selon lui, ils allaient à ce moment- là être extrêmement triste (il envisageait d’ailleurs nombre chansons paillardes pour les égayer).
C’est également lors de cet échange qu’elle évoqua ce dont elle se souvenait. En réalité, c’était assez flou. Après avoir vaincu la cocatrice, elle avait, comme mue par un instinct surhumain, traversé plus de la moitié du continent, vêtue de son armure complète, pour retrouver son barde. Elle aurait été bien incapable d’expliquer comment exactement elle avait défait le monstre, ou la manière dont elle avait pu s’extraire du labyrinthe et échapper aux cultistes, ni même comment elle s’était nourrie durant tout ce temps, et pourtant, elle était là, avec eux. Elle ne mentionna pas cependant le changement intérieur qu’elle ressentait, comme si ce qu'elle avait vécu l’avait indéfinissablement transformée sans qu'elle puisse l'expliquer, ni le fait qu’elle se sentait plus sombre, plus sceptique, et bien moins enjouée et idéaliste qu'elle n’avait pu l’être, se rapprochant de la noble qu’elle avait été, s'éloignant de la Glaive aventurière. Elle ne dit pas non plus que l’avalanche d'informations sous laquelle Jostoph l’ensevelissait ne lui permettait pas de tout comprendre: sa sagacité était suffisante pour savoir qu’ils allaient bientôt repartir et qu’alors elle pourrait revenir à sa guise sur tout ce dont elle avait besoin.
Elle eut tout de même droit à une présentation dans les règles de Jotsoph à Caïn, dont le métier de ferrailleur des champs de bataille semblait la dégoûter, puis à Gabriel. Dame Hermine ayant perdu ses lunettes, elle s’approcha beaucoup de Caïn et Gabriel, plissant très fort les yeux afin de les voir, et remarquant que Caïn n’avait pas l’air d’un rhadamantien. Cette remarque sembla agacer Gabriel qui lui souffla dans le nez, faisant s’ébrouer Hermine, qui s’excusa et expliqua son problème, refusant cependant les soins que lui proposait Gabriel pour retrouver la vue, arguant que cela avait déjà été tenté sans succès par de nombreux spécialistes, y compris les Songeurs -sans préciser pourtant que c’était une caractéristique due à sa branche. Ce refus mura un peu plus le Duveteux dans son silence et sa bouderie. Sans du tout se rendre compte de la vexation de son nouveau compagnon, Hermine proposa à Caïn de parler de leur situation aux autorités eaquiennes, manifestement touchée par son engagement auprès des enfants, et persuadée que quelque chose pouvait être fait sans impliquer le garçon dans la guerre. Cependant, celui-ci refusa tout net, arguant qu’il avait confiance en Philomène, ce qui déclencha des protestations énergiques de Gabriel. Considérant manifestement qu’il n’y avait pas grand chose d’autre à tirer de ces deux-là, Hermien se tourna ensuite vers le mathémagicien, qui était lui aussi toujours présent, avec qui elle engagea la conversation vers ce que lui voulaient ceux qui l’avaient capturé. Après un bref instant de confusion, il lui expliqua que lorsqu'il avait tenté de trouver la source de la malédiction, il avait signalé leur position, et permis de remonter jusqu’à lui. Suant à grosses gouttes, manifestement inquiet par l’air inquisiteur et agacé de la femme en armure face à lui, il ajouta en balbutiant qu’il avait déjà dit tout ce qu’il savait, manifestement sincère. Gabriel, qui s’était glissé derrière lui, lui tapota l’épaule, réconfortant, alors que Caïn lançait à Hermine, taquin:
“C’est pas bien d’effrayer les p’tits vieux !”
Celle-ci l’ignora cependant, comme elle avait ignoré ses regards gourmands sur son armure magique, car elle s‘était déjà attelée à la rédaction d’une missive afin de faire communiquer aux autorités eaquiennes, en passant par sa famille, cette information cruciale: dans les plaines Enéides, une secte liée à l’armée rhadamnatienne enlevait et ensorcellait des gens qui semblaient tout à fait innocents et sans aucun lien entre eux.
Venait alors pour eux le moment de décider quoi faire. Le débat fut âpre: Gabriel n’avait manifestement qu'une seule envie: celle de partir sans ses deux nouveaux compères, loin de cette mission, ce à quoi Caïn se refusait: ils s’étaient engagés auprès de Rhadamanthe, et il devait nourrir sa famille. Il était évident que le Duveteux considérait qu’il ne pouvait faire confiance à personne, très affecté par les précédentes traîtrises, et même les arguments de Jostoph, qui les avait sortis de la pyramide, ne purent suffire à la convaincre (il argumenta d’ailleurs qu’il était endormi et n’avait rien vu: le barde aurait très bien pu lui mentir, pour ce qu’il en savait !). C’est pourtant le barde qui rebondit sur une situation d’Hermine et les tira d’affaire: une ligne fut ajoutée sur le testament d'Hermine, attestant que celle-ci donnerait de l’argent à Caïn, pour sa famille. La noble suggéra également de faire de Caïn quelque chose de plus respectable qu’un pilleur de cadavres, tandis que Jostoph suggérait de renommer l'orphelinat après elle et d’y mettre Alphine comme clown. Hermine versa d’ailleurs une avance confortable à Caïn, qui ravit le Tarima. Celui-ci se déclara d’ailleurs son serviteur à vie ! Ceci permit de décider de leur destination: en effet Gabriel suivait Caïn, et celui-ci suivait Hermine, qui était aussi suivie de Jostoph. Leur choix se porta donc sur Hypnos: en effet, là-bas, ils pourraient tout à la fois aller se renseigner en bibliothèque autour de la secte, tenter d’en trouver les financeurs (après tout, les cocatrices ne se trouvaient pas partout), et suivre les pistes trouvées dans le carnet de Thalivor menant à Hypnos. Tout le monde accepta, y compris Gabriel qui boudait toujours, accusant cette fois Hermine de lui piquer des idées, ce que personne n'avait pu confirmer ou infirmer, personne n’ayant entendu le Duveteux, à part pour râler, depuis bien longtemps. Cependant, s’il ne l’exprimait pas, il était tout de même heureux à l’idée de retrouver son continent, sa ville, et de pouvoir présenter ce qu’il lui restait de famille à Caïn. Il fut décidé qu’ils resteraient encore une journée de plus à la Forteresse. En effet, il leur fallait un peu de temps pour préparer leurs bagages, et des vivres; de plus, les Songeurs tenaient à examiner Hermine, et à ce qu’elle se repose.
Sur cette dernière journée, Caïn resta longtemps avec Gabriel, afin qu’il cesse de bouder. Le Duveteux, lui, prépara de quoi manger, boire, des remèdes variés et de quoi se couvrir pour affronter la saison froide qui arrivait à grands pas. Hermine quant à elle écrivit des lettres, afin de prévenir de son retour, mais également de pouvoir se loger, et de préparer son retour à la cour. Elle contacta également les Glaives, afin de connaître les dernières nouvelles stratégiques de la capitale. Jostoph quant à lui, enthousiaste à l’idée de retrouver un contexte urbain et des nobles, rassembla ses notes en sifflotant avant de préparer le voyage et son intendance. Hermine, fatiguée, lui avait en effet fait part de son souhait d'entamer ses économies pour voyager en calèche de relai en relai, et il incombait à son fidèle barde d’organiser tout ceci.
Leur dernière soirée se déroula de manière calme et conviviale, permettant déjà de créer quelques liens. Hermine se montra d’ailleurs en vêtements de lin, sans son armure, ce qui était plus que rare.
Re: Tabletop Elysion - groupe du vendredi - Campagne 1-Acte II
Lun 26 Avr 2021 - 10:25
Alcool et artichauts
- CaïnTarima de son état mais complètement ignare en magie, il a préféré se tourner vers la rapine et la guerre lui a donné du boulot : Ferrailleur sur les champs de batailles, il passe après les batailles pour piller les corps de soldats laissés derrière avec des armes et ensuite revendre tout ce bel attirail contre de belles sommes.
- Gabrielun Duveteux candide ayant perdu son lien avec les personnes avec qui il travaillait comme coursier à cause de la guerre. Il a quelques connaissances en pharmacie car il amenait principalement des médicaments.
- Hermineune Clairvoyante et membre des Glaives, elle a un esprit particulièrement héroïque et empathique et souhaite amener le monde dans la bonne direction. Fille d’une famille noble, elle est souvent appelée Dame Hermine et dispose de ressources conséquentes (que ce soit de par son ascendance ou son affiliations aux Glaives). Porte si nécessaire une épaisse paire de lunettes pour compenser sa vue de taupe. Elle possède une armure artéfact, qui lui permet de lancer un défi à un adversaire si il est plus fort qu'elle. Elle renforce alors les capacités du porteur pour le mettre à niveau de son adversaire mais il lui devient strictement impossible de fuir le combat.
- Jostophun barde Télépathe qui s’est mis au service de Hermine, une vraie héroïne pleine de sous, contre rémunération. Il sait très bien qu’en restant aux côtés de la Dame, ils aura nombre d’histoires à raconter et cela le ravit. Il est né au village de Saintébert où les aventuriers vont rejoindre le Mathémagicien.
Fouette cocher jusqu'à Hypnos ! Il allait falloir plusieurs journées de voyage en calèche pour relier la capitale, et les aventuriers s'apprêtaient à voyager de relai en relai aux frais d’Hermine. Celle-ci était un peu déçue: elle qui avait tant fait pour s’éloigner de sa noble naissance et des intrigues de cour, la voilà qui s’apprêtait à y replonger tête la première ! Elle n’était pas des plus enthousiaste à l’idée des retrouvailles avec sa famille, et craignait également les changements qu’elle sentait en elle suite à sa rencontre avec la cocatrice, mais sur lesquels elle n’avait aucune prise. Elle était cependant ravie de la présence de Jostoph à ses côtés. Son barde personnel travaillait déjà ses futures chansons, égaillant leur long trajet de notes de musique. Il était, contrairement à sa maîtresse, heureux à l'idée de retrouver la capitale et ses intrigues: il était plus facile de s’y faire connaître,surtout avec un talent comme le sien ! Il surveillait de près le conducteur, n'hésitant pas à le décontenancer et à les surprendre: il espérait de sa part une faute grave,afin de pouvoir ne pas le payer (il n’y a pas de petites économies !). Il était cependant inquiet pour les autres aventuriers, et hésitait à contacter Corvus. De plus, ses nouveaux compagnons l'intriguaient: il lui tardait d’en savoir plus à leur sujet. Gabriel, justement, manquait de confiance dans le barde et la noble, et ne se déridait pas. Il suivait Caïn en réalité, mais commençait à douter de son ami, qui lui semblait se laisser entraîner trop facilement. Ce dernier dormait profondément après avoir renoncé à piller le conducteur, bavant légèrement, appuyé contre les ailes du Duveteux qui regardait le paysage en silence.
La nuit approchant, ils s’arrêtèrent à un relai. Celui-ci avait sans doute dû être joli, mais semblait aujourd’hui se décrépir peu à peu. Pourtant, la cheminée fumait, et, après en avoir fait le tour sans avoir vu qui que ce soit, ils frappèrent. A l’intérieur, une cavalcade se fit entendre, et la porte s’ouvrit sur un homme essoufflé, mais manifestement ravi de voir du monde.
“ Bonjour chers cli...voyageurs ! J’espère que nos maigres hospices pourront vous être agréables! leur dit l’homme bedonnant aux yeux vairons face à eux.
- Je ne voudrais pas présumer, émit Hermine, mais je suppose que vous avez de la place pour cette nuit pour des voyageurs fatigués?
- Evidemment ! déclara-t-il, ravi. Nous avons toujours de la place pour des cli..voyageurs !”
Il s’effaça afin de les laisser entrer tout en s'excusant du sous-effectif: depuis le début de la guerre, il était le seul à gérer le relai et à y travailler. Dès qu’ils furent entrés, il les invita à s'asseoir alors que lui-même allait se chargeait de leurs bagages pendant que leur cocher s’occupait des chevaux. En allant prendre leur table, ils constatèrent qu’en effet, ils étaient seuls; pire la salle semblait ne pas avoir été occupée depuis longtemps.
“ Les temps sont durs pour les relais mon bon ami, l’interpella Hermine. Est-ce la guerre qui fait ça?
- Oui ! Les gens n’osent pas trop voyager, et mes employés sont eux-mêmes partis rejoindre la capitale et se mettre en sécurité, expliqua-t-il avec un air de dépit.
- Ah, on peut plus compter sur le personnel de nos jours ! Intervint Jostoph en lançant regard appuyé au cocher qui rougit.
- Oh, je les comprends, vous savez … Mais ici c’est chez moi et je ne peux pas partir ! Ce relai a une grande histoire, il est dans ma famille depuis des millénaires !
- Oh ! fit Hermine, amusée. Et a-t-il un nom ce relai ?
- Oui, madame ! Le relai de Ducat -c’est mon nom ! fi-il, tout fier, alors que Jostoph faisait un signe d’ignorance à sa maîtresse: il n’en avait jamais entendu parler.
- Et … Avez-vous une spécialité culinaire ? lui demanda Caïn, dont le regard furetait partout sans se poser sur rien.
- Eh bien quand nous avions encore un chef pour officier dans ce relai, il s’agissait des pommes de terre farcies au poisson, leur dit l’homme. Je sais c'est étonnant, ajouta-t-il face à leurs mines surprises, mais tout le monde sortait ravi ! Les gens en parlaient autour d’eux, et on m’a souvent dit, avec un ton un peu particulier: “Vous ferez nos compliments au chef!” !
- Et quelles épices mettiez-vous pour assaisonner ce fameux plat de poisson ? s’enquit Jostoph.
- Du poivre ! Beaucoup de poivre !
- Patates poisson poivre ! Le triple “P” ! claironna le barde, très fier de sa trouvaille.
- Oh c’est une bien belle façon de le dire monseigneur ! Ce sera le nouveau nom de ce plat au retour de notre chef ! s’enthousiasma l’homme
- Est-ce que je peux vous conseiller un petit ajout sur ce “Triple P” pour le compléter: un petit fromage de Sainthébert, c’est divin vous verrez ! proposa Jostoph
- Oh mais vous êtes de Sainthébert!
- Mais Jostoph, y a pas de “p” dans ton fromage, on peut pas l’ajouter au triple “p”! objecta Caïn
- Eh bien on l’appellera le Psainthébert, peu importe ! répliqua le barde. Ou le “Triple p sur son lit de Sainthébert” !”
Jostoph promit alors de mettre en contact l’homme et son village afin de créer ce plat, alors qu’Hermine allait vérifier la carriole. Ceci sembla rappeler à leur hôte ses devoirs, et il leur proposa de leur servir à boire avant que d’aller chercher leurs bagages. Jostoph demanda une bière, tout comme Hermine. Caïn voulait un jus de fruits, mais malheureusement, il apparut que c’était impossible: tous les arbres fruitiers avaient été rasés par une attaque magique, aussi, impossible de faire du jus de fruits qui n’existaient plus. Il se rabattit donc lui aussi sur de la bière, alors que Gabriel commandait un chocolat chaud qui arriva aromatisé à la cannelle, aussi épais que riche et sucré. Hermine demanda également de quoi manger et l’homme leur promit un ragoût dès qu’il aurait monté les bagages, en s’excusant par avance de ses piètres talents de cuisinier. Et très vite, ils le virent en effet faire des allers-retours, chargés de bien trop de bagages à la fois, qui le faisaient à chaque fois trébucher et jurer. Ces jurons, originaux, firent rire Gabriel plus d’une fois. Le Duveteux préparait en même temps un anti-poison préventif, car comme Jostoph l’avait fait remarquer, si l’homme était mauvais cuisinier, et en plus de ça, mal approvisionné à cause de la guerre, ils risquaient fort d’attraper des vers, ou une quelconque autre maladie ! Tous en prirent une dose, et Gabriel mit ce qui restait dans sa besace, juste avant que Ducat ne revienne chargé d’assiettes fumantes remplies de ce qu’il présenta comme sa spécialité, seul plat sur lequel il ait jamais été félicité: un râgout de boeuf aux pommes de terre et à l’artichaut sautés aux échalotes et à l’huile d’olive.
Si le plat était mauvais tous firent illusion, et ils permirent au cuisinier, revenu vers eux après avoir préparé leurs chambres, de se rengorger de fierté face à leurs compliments, sentiment qui augmenta encore lorsque Jostoph lui proposa de graver quelques rimes à son honneur et célébrant son talent de cuisinier quelque part dans le relai, avant de s’enquérir de l’histoire du relai afin d’en faire une chanson.
“En réalité, ce relai vient de lointains ancêtres qui étaient au départ agriculteurs et pas du tout tenanciers ! expliqua-t-il, manifestement content d’avoir quelqu’un à qui raconter cette histoire. Ils ont planté et planté des artichauts, légume qui existe depuis extrêmement longtemps. Ils auraient planté le premier champ d’artichauts d’Elysion après l'effondrement de l’Ere précédente vous savez ! Le relai s’est monté en jouissant de la réputation d’avoir les premiers et seuls artichauts d’Elysion, rendez-vous compte ! Ils poussent encore d'ailleurs: vous avez pu les déguster. N’est-ce pas qu’ils sont très bons ? Puis, bon, ça a évolué, moi je pensais pas avoir des grands talents de chef, mais dans ma famille on cuisine tous très bien les artichauts. Et on sait très bien les faire pousser d’ailleurs ! se rengorgea-t-il.
- C'est bien dommage qu'ils sachent pas les préparer alors, glissa, moqueur, Caïn à gabriel, sans être entendu de Ducat.
- Pourquoi vous avez pas appelé ça le relai de l'artichaut alors ? demanda Hermine, créant un silence et un air ahuri du tenancier. Personne n’y a pensé c’est ça ?
- Oui exactement, personne n’y a pensé ! fit Ducat, comme surpris de ce constat terrible."
Après ça, les voyageurs purent investir leurs chambres. Ils en avaient réservé une pour leur cocher. Caïn s’endormit dans les ailes de Gabriel avec qui il partageait sa chambre, et, dans
la chambre d’à côté, Jostoph chanta à Hermine sa berceuse jusqu’à ce qu’elle sombre dans le sommeil. La noble fut cependant réveillée au coeur de la nuit par un étrange bruit. Dehors, on chantait. Sans réveiller Jostoph qui ronflait, elle attrapa son marteau sous son lit et s’approcha de la fenêtre pour découvrir Ducat qui, au clair de Lune, chantait pour ses artichauts. Avec un sourire, elle repartit se coucher, mais lutta longtemps pour se rendormir.
Ils passèrent une bonne nuit dans une literie de qualité et repartirent le lendemain frais et dispos après un petit déjeuner à base d'artichauts braisés.
Ce fut plusieurs heures plus tard (qui permirent à Hermine,assommée par un somnifère demandé à Gabriel, de finir sa nuit) que la calèche ralentit dans des hoquets. En sortant la tête, ils virent que devant eux s’allongeait une file de personnes qui patientaient devant une des arches qui signalait l’entrée d’Hypnos. Celles-ci semblaient posées au milieu des plaines, assez loin de la ville. Il ne fallait cependant pas s’y tromper: un bouclier magique les reliait et empêchait de passer quiconque n’était pas contrôlé à l’entrée, en particulier en ces temps de guerre. Le seul moyen d’entrer dans Hypnos était de passer par les Arches, qui faisaient office de portail et permettaient de se rendre où on le souhaitait dans la capitale.
“ Sortez vos papiers ! prévint Jostoph, ce qui sembla inquiéter Caïn, Rhadamantien.
- Normalement si mon courrier est bien arrivé, soit un membre des Glaives soit un membre de ma famille nous attend pour nous faire passer ! le rassura Hermine, avant de sortir se montrer."
La file était cependant aussi immense que bigarrée. Près d’eux, il y avait un vendeur de choux qui tentait de se faire de l’argent et une famille aux cheveux longs avec un accent très marqué, où tous les hommes portaient une moustache imposante qui transportaient des fruits séchés dans le cariole (elle supposa qu’ils venaient du quartier Cabrel, dont l’origine du nom avait été perdue, mais dont les membres avaient pour particularité de rester à jeun en Josephien). Pourtant, une silhouette semblait fendre la foule du peu que voyait Hermine, et très vite elle entendit:
“Dame Hermine ! Dame Hermine!”
Jostoph désigna à sa maîtresse la jeune fille, qu’elle salua.
“Je suis là pour vous faire couper les files, et ne pas passer après toutes ces personnes. Quelqu'un de votre rang ne devrait pas attendre ! êtes-vous nombreux ? s’enquit-elle.
- Il y a moi, mon cocher et trois de mes gens ! lui répliqua Hermine
- Très bien ! Dans ce cas, venez passez sur le côté ! proposa-t-elle en faisant un signe au cocher.”
La calèche se mit en branle, et passa en coupe-file, provoquant nombre protestations de personnes indignées du traitement de faveur réservé aux nobles.
“Je suis Ellel, valet de la famille Schwanthaler, j’escorte Dame Hermine Adela Schwanthaler et ses suivants, se présenta la jeune orque au strabisme convergent une fois à l’Arche.”
Si les gardes vérifièrent leur identité, ils les laissèrent passer sans faire de difficultés après avoir inspecté l’intérieur de la calèche sans apercevoir CaÏn qui semblait s’être fondu dans le décor. Ils allèrent jusqu’aux Voyageurs qui géraient le portail, et Ellel donna l’adresse de son maître, le cousin d’Hermine, Moritz. Grâce à ce moyen de transport, ils furent en un clignement d'œil en plein Hypnos, dans un quartier rupin pas très éloigné du palais. De là, la jeune servante les mena à travers les rues pavées jusqu’au manoir de son maître. Ils croisèrent beaucoup de monde, surtout comparé au quasi désert des plaines dont ils venaient de sortir. Hypnos était une ville qui fourmillait en permanence, et où énormément de choses se jouaient. Ils passèrent devant énormément de commerces, et durent parfois se frayer un chemin difficilement à travers la foule aux murmures ébahis, interrogateurs ou indignés face à leur manière de passer en force avec leur calèche, ce qui augmenta encore l’agacement d’Hermine, vraiment loin d’être heureuse d’être de retour. A l’inverse, Jostoph était ravi à l’idée de retrouver la ville, un bon lit, des draps frais et de la nourriture de qualité, alors que Gabriel était extatique à l’idée d’être enfin de retour non loin de chez lui là où Caïn regardé partout, intrigué, et venant pour la première fois dans la plus grosse ville d’Elysion.
Au bout d’un moment ils s’arrêtèrent devant le portail d’une maison qui paraissait cossue, et une fois celui-ci ouvert, ils entrèrent avec la calèche dans la cour intérieure à l'avant de la maison. Alors qu’ils descendaient, des valets vinrent s’occuper de leurs bagages avec force courbettes. Hermine guidée par Jostoph, son casque sous le bras, suivie de Caïn et Gabriel, furent guidés par Ellel jusqu’à l'intérieur qui leur expliqua que le maître était dans le salon où il les attendait.
A la demande d’Hermine, Ellel fit sonner une clochette qui fit apparaître un vieux majordome voûté qui marchait à petits pas mais les regardait avec un sourire bienveillant. Hermine le reconnut immédiatement: c’était Carson, le majordome qu’elle avait toujours connu dans sa famille.
“ Dame Hermine, vous allez bien ? s’enquit-il après qu'elle l’ait salué.
- Eh bien ma foi, aussi bien qu’on puisse l'être ! répliqua-t-elle. C’est fou vous ne vieillissez pas!
- Oh vous êtes une flatteuse dame Hermine!
- Ecoutez mon vieux Carson, j'ai ici ma suite, enchaîna-t-elle en lui posant la main sur l’épaule. J’aimerais qu’ils bénéficient d’une chambre à eux. J’ai également mon page … Caïn, viens, s’il te plaît !”
Celui-ci resta un instant interdit, puis, attendant de voir ce qu’elle lui réservait, s’approcha.
“Qu’y a-t-il, Madame ? s’enquit Carson.
- Mon page a eu un petit problème avec son badge de citoyenneté, lui glissa-t-elle. Pourrions- nous faire quelque chose pour ça ?
- Oh ce n’est pas très protocolaire, dame Hermine, mais vous-même ne vous êtes jamais trop adonnée au protocole, n’est-ce pas, lui sourit-il, complice. Nous allons nous débrouiller, ne vous en faites pas !
- Vous êtes un élément en or, Carson, lui déclara-t-elle.
- Merci dame hermine ! fit-il avec un sourire. Sire CaÏn c’est ça ? vous pouvez me suivre, nous allons nous occuper de votre problème en priorité.”
Caïn, resplendissant de son nouveau titre suivit sans difficulté le majordome qui, le mena dans un bureau où un mage vint vérifier les enchantements portés sur lui. En effet, sur Elysion, la citoyenneté se déclarait par un enchantement magique à la naissance, qui pouvait être modifié au fur et à mesure de la vie. Cela tenait lieu d’annuaire comme d'état civil. Tous les Minosiens en avaient un, car c’était un peuple très discipliné. C’était d'ailleurs ce qui permettait leur système de nomination d’un souverain. Sur Eaque, c’était automatique, mais parfois certaines rares personnes passaient à travers les mailles du filet, et il y avait ainsi des trous dans l’état civil. Sur Rhadamanthe, en revanche, c’était plus rare; si officiellement chacun devait s’y plier il y avait si peu de postes administratifs, une telle défiance envers les autorités et autant d’enfants nés bâtards ou abandonnés que beaucoup de monde n’obtenaient jamais son enchantement. Caïn avait des enchantements sur lui, et vit tiquer les mages qui s'occupaient de lui, cependant rassurés par Carson qui leur assura qu’il était quelqu'un de confiance (ce dernier n’était cependant manifestement pas dupe du statut véritable de Caïn à en juger par le sourire qui ridait plus encore son visage fripé). Il ne fallut que quelques minutes à Caïn pour posséder un enchantement Eaquien, et il fut mené au salon pour rejoindre ses camarades d’aventure.
Lorsqu’il s'installa près de Gabriel, celui-ci s’enquit de son état et son ami le rassura. Gabriel lui frotta la tête, avant de se concentrer de nouveau sur Moritz Schwanthaler, le cousin d’Hermine qui les accueillait et qui venait d’entrer. C’était un homme d’environ le même âge qu’Hermine, qui portait un manteau long, ouvert sur une chemise échancrée. En voyant Hermine, il mit sa main sur son front en une posture affectée:
“Hermine tu es enfin de retour ! fit-il avec un ton exagérément investi. Comment vas-tu ?”
Face à lui, sa cousine prit une posture une peu étrange, tenant son marteau comme un roi aurait tenu une canne, dans une attitude très noble, reproduisant manifestement un jeu entre eux qui durait depuis toujours:
“Eh bien maintenant que je te vois, un peu mieux mon grand ! Enfin, te vois, c’est une façon de dire ! bougonna-t-elle.
- Ça me fait plaisir de te revoir ! lança t-il en faisant un pas en avant. Ça fait bien longtemps depuis que tu avais fui !
- Tu as toujours été aussi dramatique cher cousin ! rit-elle, en avançant elle aussi d’un pas. Je n’ai pas fui, je suis partie à l’aventure, nuance !
- Oh, tu sais depuis que j’ai hérité du commerce au décès de père, j’ai dû rentrer dans le moule … lui dit-il avec un ton très déçu, et avec un pas de plus vers elle.
- Mais tu sais très bien: le moule tu ne rentres pas dedans tu l’éclates ! répliqua-t-elle en progressant d’un pas supplémentaire.
- Oh hermine ! s'exclama-t-il en lui tombant dans les bras alors qu’il arrivait enfin à son niveau.
- La noblesse c'est quand même étrange, commenta discrètement Caïn à l’attention de Gabriel avec un air circonspect.
- J’ai de quoi écrire une chanson juste quand ils se disent bonjour! ajouta Jostoph en riant après que le Duveteux ait haussé les épaules."
Après avoir un instant discuté avec son cousin, toujours très exagéré dans ses poses et les intonations, Hermine lui présenta ses compagnons d'aventures comme son page, son apothicaire et son barde.
“Le fameux ! s'exclama Moritz en entendant le nom de Jostoph. Évidemment que je connais votre nom ! On connaît vos chansons sur Hermine jusqu’à la cour royale !
- C’est que je fais bien mon travail alors! répliqua le barde, flatté, alors qu’Hermine, qui savait bien que c’était faux, se taisait.
- Eh bien, Hermine, enchaina Moritz, puisque tu as tant de choses à me raconter, parlons- en autour d’un petit verre!
- Un petit verre?! Je t’ai connu plus ambitieux ! se moqua-t-elle
- Un petit verre ou plusieurs ! répliqua t-il en riant, sortant plusieurs shots d’un buffet. Carson! appela-t-il. Le rituel familial.”
Le vieux majordome, apparu de nulle part, semblait parfaitement savoir ce que cela signifiait. Il sortit d’un buffet des bouteilles, et aligna les petits verres en deux lignes égales, avant de les remplir. Et c’est ainsi qu’Hermine et Moritz se livrèrent à un concours de boissons rythmé par les encouragements et les commentaires de Jostoph, sous les yeux médusés de Caïn et Gabriel. Alors que Moritz faiblissait après plusieurs verres, visiblement ivre, Hermine titubait légèrement. Caïn se joignit à eux, et en but quatre, avant de tomber à la renverse, suivi de Moritz, alors qu’Hermine, titubante mais debout, avait devant elle cinq verres vides. Elle les empoigna tous les deux, et sortit, un homme sous chaque bras; Elle alla jusqu’à la cour, au centre de laquelle trônait une très belle fontaine glougloutante, dans laquelle elle les jeta, encouragée par Jostoph.
C’est pour trouver Caïn barbotant dans la fontaine que Gabriel revint de sa douche. Il s'était en effet éclipsé au second verre, et avait demandé à ce qu’on lui montre sa chambre, impatient de se rafraîchir. Lorsqu'on lui avait demandé s’il désirait autre chose il avait dressé une liste de plantes à aller lui chercher: il désirait refaire son stock, grandement impacté par ses aventures imprévues. Lorsqu’Ellel avait mentionné que, dans les marchés alentours les herbes devenaient un peu raes, le métier étant de plus en plus à risque, Gabriel s’était exclamé:
“Ne m’en parlez pas ! C’est comme ça que je me suis retrouvé dans le pétrin! avant de monter se laver."
Devant le spectacle peu glorieux de Moritz et Caïn, ivres dans la fontaine, Gabriel lâcha un soupir fatigué.
“Gabriel t’as vu moi aussi j’prend la douche ! lui lança Caïn, tout fier, ce qui arracha un sourire à son ami.”
Le Duveteux alla sortir le Tarima de la fontaine, tandis qu'Hermine faisait de même avec son cousin dessaoulé. Cependant, ceux-ci avaient l’air d’avoir apprécié la fontaine et décidèrent de retourner à l’eau, sous la surveillance de Gabriel.
“Regarde, Gabriel... J'suis une baleine… l’interpella Caïn en crachant de l’eau.”
Ils s’ébatirent un moment, alors que Jostoph, sur le côté, écrivait de nouvelles chansons qui seraient, il en était sûrs de grands succès (il envisageait alors de les envoyer à Alphine pour affirmer supériorité). Hermine, quant à elle, s’éclipsa: il lui fallait de nouvelles lunettes, et elle savait où en trouver.
Une fois Caïn dessoulé (grâce à une potion de Gabriel distribuée aussi à Moritz et Hermine), séché et reposé, il rejoignit les compagnons. Hermine était allée s'acheter des lunettes et était heureuse d’y voir enfin plus clair, alors que Jostoph montait un nouveau grand projet: il comptait mettre en place un Panthéon d’Hermine, la transformant en dame patronnesse des soiffards et taverniers, faisant de son foie une relique qui pourrait circuler d’auberge en auberge.
La nuit approchant, ils s’arrêtèrent à un relai. Celui-ci avait sans doute dû être joli, mais semblait aujourd’hui se décrépir peu à peu. Pourtant, la cheminée fumait, et, après en avoir fait le tour sans avoir vu qui que ce soit, ils frappèrent. A l’intérieur, une cavalcade se fit entendre, et la porte s’ouvrit sur un homme essoufflé, mais manifestement ravi de voir du monde.
“ Bonjour chers cli...voyageurs ! J’espère que nos maigres hospices pourront vous être agréables! leur dit l’homme bedonnant aux yeux vairons face à eux.
- Je ne voudrais pas présumer, émit Hermine, mais je suppose que vous avez de la place pour cette nuit pour des voyageurs fatigués?
- Evidemment ! déclara-t-il, ravi. Nous avons toujours de la place pour des cli..voyageurs !”
Il s’effaça afin de les laisser entrer tout en s'excusant du sous-effectif: depuis le début de la guerre, il était le seul à gérer le relai et à y travailler. Dès qu’ils furent entrés, il les invita à s'asseoir alors que lui-même allait se chargeait de leurs bagages pendant que leur cocher s’occupait des chevaux. En allant prendre leur table, ils constatèrent qu’en effet, ils étaient seuls; pire la salle semblait ne pas avoir été occupée depuis longtemps.
“ Les temps sont durs pour les relais mon bon ami, l’interpella Hermine. Est-ce la guerre qui fait ça?
- Oui ! Les gens n’osent pas trop voyager, et mes employés sont eux-mêmes partis rejoindre la capitale et se mettre en sécurité, expliqua-t-il avec un air de dépit.
- Ah, on peut plus compter sur le personnel de nos jours ! Intervint Jostoph en lançant regard appuyé au cocher qui rougit.
- Oh, je les comprends, vous savez … Mais ici c’est chez moi et je ne peux pas partir ! Ce relai a une grande histoire, il est dans ma famille depuis des millénaires !
- Oh ! fit Hermine, amusée. Et a-t-il un nom ce relai ?
- Oui, madame ! Le relai de Ducat -c’est mon nom ! fi-il, tout fier, alors que Jostoph faisait un signe d’ignorance à sa maîtresse: il n’en avait jamais entendu parler.
- Et … Avez-vous une spécialité culinaire ? lui demanda Caïn, dont le regard furetait partout sans se poser sur rien.
- Eh bien quand nous avions encore un chef pour officier dans ce relai, il s’agissait des pommes de terre farcies au poisson, leur dit l’homme. Je sais c'est étonnant, ajouta-t-il face à leurs mines surprises, mais tout le monde sortait ravi ! Les gens en parlaient autour d’eux, et on m’a souvent dit, avec un ton un peu particulier: “Vous ferez nos compliments au chef!” !
- Et quelles épices mettiez-vous pour assaisonner ce fameux plat de poisson ? s’enquit Jostoph.
- Du poivre ! Beaucoup de poivre !
- Patates poisson poivre ! Le triple “P” ! claironna le barde, très fier de sa trouvaille.
- Oh c’est une bien belle façon de le dire monseigneur ! Ce sera le nouveau nom de ce plat au retour de notre chef ! s’enthousiasma l’homme
- Est-ce que je peux vous conseiller un petit ajout sur ce “Triple P” pour le compléter: un petit fromage de Sainthébert, c’est divin vous verrez ! proposa Jostoph
- Oh mais vous êtes de Sainthébert!
- Mais Jostoph, y a pas de “p” dans ton fromage, on peut pas l’ajouter au triple “p”! objecta Caïn
- Eh bien on l’appellera le Psainthébert, peu importe ! répliqua le barde. Ou le “Triple p sur son lit de Sainthébert” !”
Jostoph promit alors de mettre en contact l’homme et son village afin de créer ce plat, alors qu’Hermine allait vérifier la carriole. Ceci sembla rappeler à leur hôte ses devoirs, et il leur proposa de leur servir à boire avant que d’aller chercher leurs bagages. Jostoph demanda une bière, tout comme Hermine. Caïn voulait un jus de fruits, mais malheureusement, il apparut que c’était impossible: tous les arbres fruitiers avaient été rasés par une attaque magique, aussi, impossible de faire du jus de fruits qui n’existaient plus. Il se rabattit donc lui aussi sur de la bière, alors que Gabriel commandait un chocolat chaud qui arriva aromatisé à la cannelle, aussi épais que riche et sucré. Hermine demanda également de quoi manger et l’homme leur promit un ragoût dès qu’il aurait monté les bagages, en s’excusant par avance de ses piètres talents de cuisinier. Et très vite, ils le virent en effet faire des allers-retours, chargés de bien trop de bagages à la fois, qui le faisaient à chaque fois trébucher et jurer. Ces jurons, originaux, firent rire Gabriel plus d’une fois. Le Duveteux préparait en même temps un anti-poison préventif, car comme Jostoph l’avait fait remarquer, si l’homme était mauvais cuisinier, et en plus de ça, mal approvisionné à cause de la guerre, ils risquaient fort d’attraper des vers, ou une quelconque autre maladie ! Tous en prirent une dose, et Gabriel mit ce qui restait dans sa besace, juste avant que Ducat ne revienne chargé d’assiettes fumantes remplies de ce qu’il présenta comme sa spécialité, seul plat sur lequel il ait jamais été félicité: un râgout de boeuf aux pommes de terre et à l’artichaut sautés aux échalotes et à l’huile d’olive.
Si le plat était mauvais tous firent illusion, et ils permirent au cuisinier, revenu vers eux après avoir préparé leurs chambres, de se rengorger de fierté face à leurs compliments, sentiment qui augmenta encore lorsque Jostoph lui proposa de graver quelques rimes à son honneur et célébrant son talent de cuisinier quelque part dans le relai, avant de s’enquérir de l’histoire du relai afin d’en faire une chanson.
“En réalité, ce relai vient de lointains ancêtres qui étaient au départ agriculteurs et pas du tout tenanciers ! expliqua-t-il, manifestement content d’avoir quelqu’un à qui raconter cette histoire. Ils ont planté et planté des artichauts, légume qui existe depuis extrêmement longtemps. Ils auraient planté le premier champ d’artichauts d’Elysion après l'effondrement de l’Ere précédente vous savez ! Le relai s’est monté en jouissant de la réputation d’avoir les premiers et seuls artichauts d’Elysion, rendez-vous compte ! Ils poussent encore d'ailleurs: vous avez pu les déguster. N’est-ce pas qu’ils sont très bons ? Puis, bon, ça a évolué, moi je pensais pas avoir des grands talents de chef, mais dans ma famille on cuisine tous très bien les artichauts. Et on sait très bien les faire pousser d’ailleurs ! se rengorgea-t-il.
- C'est bien dommage qu'ils sachent pas les préparer alors, glissa, moqueur, Caïn à gabriel, sans être entendu de Ducat.
- Pourquoi vous avez pas appelé ça le relai de l'artichaut alors ? demanda Hermine, créant un silence et un air ahuri du tenancier. Personne n’y a pensé c’est ça ?
- Oui exactement, personne n’y a pensé ! fit Ducat, comme surpris de ce constat terrible."
Après ça, les voyageurs purent investir leurs chambres. Ils en avaient réservé une pour leur cocher. Caïn s’endormit dans les ailes de Gabriel avec qui il partageait sa chambre, et, dans
la chambre d’à côté, Jostoph chanta à Hermine sa berceuse jusqu’à ce qu’elle sombre dans le sommeil. La noble fut cependant réveillée au coeur de la nuit par un étrange bruit. Dehors, on chantait. Sans réveiller Jostoph qui ronflait, elle attrapa son marteau sous son lit et s’approcha de la fenêtre pour découvrir Ducat qui, au clair de Lune, chantait pour ses artichauts. Avec un sourire, elle repartit se coucher, mais lutta longtemps pour se rendormir.
Ils passèrent une bonne nuit dans une literie de qualité et repartirent le lendemain frais et dispos après un petit déjeuner à base d'artichauts braisés.
Ce fut plusieurs heures plus tard (qui permirent à Hermine,assommée par un somnifère demandé à Gabriel, de finir sa nuit) que la calèche ralentit dans des hoquets. En sortant la tête, ils virent que devant eux s’allongeait une file de personnes qui patientaient devant une des arches qui signalait l’entrée d’Hypnos. Celles-ci semblaient posées au milieu des plaines, assez loin de la ville. Il ne fallait cependant pas s’y tromper: un bouclier magique les reliait et empêchait de passer quiconque n’était pas contrôlé à l’entrée, en particulier en ces temps de guerre. Le seul moyen d’entrer dans Hypnos était de passer par les Arches, qui faisaient office de portail et permettaient de se rendre où on le souhaitait dans la capitale.
“ Sortez vos papiers ! prévint Jostoph, ce qui sembla inquiéter Caïn, Rhadamantien.
- Normalement si mon courrier est bien arrivé, soit un membre des Glaives soit un membre de ma famille nous attend pour nous faire passer ! le rassura Hermine, avant de sortir se montrer."
La file était cependant aussi immense que bigarrée. Près d’eux, il y avait un vendeur de choux qui tentait de se faire de l’argent et une famille aux cheveux longs avec un accent très marqué, où tous les hommes portaient une moustache imposante qui transportaient des fruits séchés dans le cariole (elle supposa qu’ils venaient du quartier Cabrel, dont l’origine du nom avait été perdue, mais dont les membres avaient pour particularité de rester à jeun en Josephien). Pourtant, une silhouette semblait fendre la foule du peu que voyait Hermine, et très vite elle entendit:
“Dame Hermine ! Dame Hermine!”
Jostoph désigna à sa maîtresse la jeune fille, qu’elle salua.
“Je suis là pour vous faire couper les files, et ne pas passer après toutes ces personnes. Quelqu'un de votre rang ne devrait pas attendre ! êtes-vous nombreux ? s’enquit-elle.
- Il y a moi, mon cocher et trois de mes gens ! lui répliqua Hermine
- Très bien ! Dans ce cas, venez passez sur le côté ! proposa-t-elle en faisant un signe au cocher.”
La calèche se mit en branle, et passa en coupe-file, provoquant nombre protestations de personnes indignées du traitement de faveur réservé aux nobles.
“Je suis Ellel, valet de la famille Schwanthaler, j’escorte Dame Hermine Adela Schwanthaler et ses suivants, se présenta la jeune orque au strabisme convergent une fois à l’Arche.”
Si les gardes vérifièrent leur identité, ils les laissèrent passer sans faire de difficultés après avoir inspecté l’intérieur de la calèche sans apercevoir CaÏn qui semblait s’être fondu dans le décor. Ils allèrent jusqu’aux Voyageurs qui géraient le portail, et Ellel donna l’adresse de son maître, le cousin d’Hermine, Moritz. Grâce à ce moyen de transport, ils furent en un clignement d'œil en plein Hypnos, dans un quartier rupin pas très éloigné du palais. De là, la jeune servante les mena à travers les rues pavées jusqu’au manoir de son maître. Ils croisèrent beaucoup de monde, surtout comparé au quasi désert des plaines dont ils venaient de sortir. Hypnos était une ville qui fourmillait en permanence, et où énormément de choses se jouaient. Ils passèrent devant énormément de commerces, et durent parfois se frayer un chemin difficilement à travers la foule aux murmures ébahis, interrogateurs ou indignés face à leur manière de passer en force avec leur calèche, ce qui augmenta encore l’agacement d’Hermine, vraiment loin d’être heureuse d’être de retour. A l’inverse, Jostoph était ravi à l’idée de retrouver la ville, un bon lit, des draps frais et de la nourriture de qualité, alors que Gabriel était extatique à l’idée d’être enfin de retour non loin de chez lui là où Caïn regardé partout, intrigué, et venant pour la première fois dans la plus grosse ville d’Elysion.
Au bout d’un moment ils s’arrêtèrent devant le portail d’une maison qui paraissait cossue, et une fois celui-ci ouvert, ils entrèrent avec la calèche dans la cour intérieure à l'avant de la maison. Alors qu’ils descendaient, des valets vinrent s’occuper de leurs bagages avec force courbettes. Hermine guidée par Jostoph, son casque sous le bras, suivie de Caïn et Gabriel, furent guidés par Ellel jusqu’à l'intérieur qui leur expliqua que le maître était dans le salon où il les attendait.
A la demande d’Hermine, Ellel fit sonner une clochette qui fit apparaître un vieux majordome voûté qui marchait à petits pas mais les regardait avec un sourire bienveillant. Hermine le reconnut immédiatement: c’était Carson, le majordome qu’elle avait toujours connu dans sa famille.
“ Dame Hermine, vous allez bien ? s’enquit-il après qu'elle l’ait salué.
- Eh bien ma foi, aussi bien qu’on puisse l'être ! répliqua-t-elle. C’est fou vous ne vieillissez pas!
- Oh vous êtes une flatteuse dame Hermine!
- Ecoutez mon vieux Carson, j'ai ici ma suite, enchaîna-t-elle en lui posant la main sur l’épaule. J’aimerais qu’ils bénéficient d’une chambre à eux. J’ai également mon page … Caïn, viens, s’il te plaît !”
Celui-ci resta un instant interdit, puis, attendant de voir ce qu’elle lui réservait, s’approcha.
“Qu’y a-t-il, Madame ? s’enquit Carson.
- Mon page a eu un petit problème avec son badge de citoyenneté, lui glissa-t-elle. Pourrions- nous faire quelque chose pour ça ?
- Oh ce n’est pas très protocolaire, dame Hermine, mais vous-même ne vous êtes jamais trop adonnée au protocole, n’est-ce pas, lui sourit-il, complice. Nous allons nous débrouiller, ne vous en faites pas !
- Vous êtes un élément en or, Carson, lui déclara-t-elle.
- Merci dame hermine ! fit-il avec un sourire. Sire CaÏn c’est ça ? vous pouvez me suivre, nous allons nous occuper de votre problème en priorité.”
Caïn, resplendissant de son nouveau titre suivit sans difficulté le majordome qui, le mena dans un bureau où un mage vint vérifier les enchantements portés sur lui. En effet, sur Elysion, la citoyenneté se déclarait par un enchantement magique à la naissance, qui pouvait être modifié au fur et à mesure de la vie. Cela tenait lieu d’annuaire comme d'état civil. Tous les Minosiens en avaient un, car c’était un peuple très discipliné. C’était d'ailleurs ce qui permettait leur système de nomination d’un souverain. Sur Eaque, c’était automatique, mais parfois certaines rares personnes passaient à travers les mailles du filet, et il y avait ainsi des trous dans l’état civil. Sur Rhadamanthe, en revanche, c’était plus rare; si officiellement chacun devait s’y plier il y avait si peu de postes administratifs, une telle défiance envers les autorités et autant d’enfants nés bâtards ou abandonnés que beaucoup de monde n’obtenaient jamais son enchantement. Caïn avait des enchantements sur lui, et vit tiquer les mages qui s'occupaient de lui, cependant rassurés par Carson qui leur assura qu’il était quelqu'un de confiance (ce dernier n’était cependant manifestement pas dupe du statut véritable de Caïn à en juger par le sourire qui ridait plus encore son visage fripé). Il ne fallut que quelques minutes à Caïn pour posséder un enchantement Eaquien, et il fut mené au salon pour rejoindre ses camarades d’aventure.
Lorsqu’il s'installa près de Gabriel, celui-ci s’enquit de son état et son ami le rassura. Gabriel lui frotta la tête, avant de se concentrer de nouveau sur Moritz Schwanthaler, le cousin d’Hermine qui les accueillait et qui venait d’entrer. C’était un homme d’environ le même âge qu’Hermine, qui portait un manteau long, ouvert sur une chemise échancrée. En voyant Hermine, il mit sa main sur son front en une posture affectée:
“Hermine tu es enfin de retour ! fit-il avec un ton exagérément investi. Comment vas-tu ?”
Face à lui, sa cousine prit une posture une peu étrange, tenant son marteau comme un roi aurait tenu une canne, dans une attitude très noble, reproduisant manifestement un jeu entre eux qui durait depuis toujours:
“Eh bien maintenant que je te vois, un peu mieux mon grand ! Enfin, te vois, c’est une façon de dire ! bougonna-t-elle.
- Ça me fait plaisir de te revoir ! lança t-il en faisant un pas en avant. Ça fait bien longtemps depuis que tu avais fui !
- Tu as toujours été aussi dramatique cher cousin ! rit-elle, en avançant elle aussi d’un pas. Je n’ai pas fui, je suis partie à l’aventure, nuance !
- Oh, tu sais depuis que j’ai hérité du commerce au décès de père, j’ai dû rentrer dans le moule … lui dit-il avec un ton très déçu, et avec un pas de plus vers elle.
- Mais tu sais très bien: le moule tu ne rentres pas dedans tu l’éclates ! répliqua-t-elle en progressant d’un pas supplémentaire.
- Oh hermine ! s'exclama-t-il en lui tombant dans les bras alors qu’il arrivait enfin à son niveau.
- La noblesse c'est quand même étrange, commenta discrètement Caïn à l’attention de Gabriel avec un air circonspect.
- J’ai de quoi écrire une chanson juste quand ils se disent bonjour! ajouta Jostoph en riant après que le Duveteux ait haussé les épaules."
Après avoir un instant discuté avec son cousin, toujours très exagéré dans ses poses et les intonations, Hermine lui présenta ses compagnons d'aventures comme son page, son apothicaire et son barde.
“Le fameux ! s'exclama Moritz en entendant le nom de Jostoph. Évidemment que je connais votre nom ! On connaît vos chansons sur Hermine jusqu’à la cour royale !
- C’est que je fais bien mon travail alors! répliqua le barde, flatté, alors qu’Hermine, qui savait bien que c’était faux, se taisait.
- Eh bien, Hermine, enchaina Moritz, puisque tu as tant de choses à me raconter, parlons- en autour d’un petit verre!
- Un petit verre?! Je t’ai connu plus ambitieux ! se moqua-t-elle
- Un petit verre ou plusieurs ! répliqua t-il en riant, sortant plusieurs shots d’un buffet. Carson! appela-t-il. Le rituel familial.”
Le vieux majordome, apparu de nulle part, semblait parfaitement savoir ce que cela signifiait. Il sortit d’un buffet des bouteilles, et aligna les petits verres en deux lignes égales, avant de les remplir. Et c’est ainsi qu’Hermine et Moritz se livrèrent à un concours de boissons rythmé par les encouragements et les commentaires de Jostoph, sous les yeux médusés de Caïn et Gabriel. Alors que Moritz faiblissait après plusieurs verres, visiblement ivre, Hermine titubait légèrement. Caïn se joignit à eux, et en but quatre, avant de tomber à la renverse, suivi de Moritz, alors qu’Hermine, titubante mais debout, avait devant elle cinq verres vides. Elle les empoigna tous les deux, et sortit, un homme sous chaque bras; Elle alla jusqu’à la cour, au centre de laquelle trônait une très belle fontaine glougloutante, dans laquelle elle les jeta, encouragée par Jostoph.
C’est pour trouver Caïn barbotant dans la fontaine que Gabriel revint de sa douche. Il s'était en effet éclipsé au second verre, et avait demandé à ce qu’on lui montre sa chambre, impatient de se rafraîchir. Lorsqu'on lui avait demandé s’il désirait autre chose il avait dressé une liste de plantes à aller lui chercher: il désirait refaire son stock, grandement impacté par ses aventures imprévues. Lorsqu’Ellel avait mentionné que, dans les marchés alentours les herbes devenaient un peu raes, le métier étant de plus en plus à risque, Gabriel s’était exclamé:
“Ne m’en parlez pas ! C’est comme ça que je me suis retrouvé dans le pétrin! avant de monter se laver."
Devant le spectacle peu glorieux de Moritz et Caïn, ivres dans la fontaine, Gabriel lâcha un soupir fatigué.
“Gabriel t’as vu moi aussi j’prend la douche ! lui lança Caïn, tout fier, ce qui arracha un sourire à son ami.”
Le Duveteux alla sortir le Tarima de la fontaine, tandis qu'Hermine faisait de même avec son cousin dessaoulé. Cependant, ceux-ci avaient l’air d’avoir apprécié la fontaine et décidèrent de retourner à l’eau, sous la surveillance de Gabriel.
“Regarde, Gabriel... J'suis une baleine… l’interpella Caïn en crachant de l’eau.”
Ils s’ébatirent un moment, alors que Jostoph, sur le côté, écrivait de nouvelles chansons qui seraient, il en était sûrs de grands succès (il envisageait alors de les envoyer à Alphine pour affirmer supériorité). Hermine, quant à elle, s’éclipsa: il lui fallait de nouvelles lunettes, et elle savait où en trouver.
Une fois Caïn dessoulé (grâce à une potion de Gabriel distribuée aussi à Moritz et Hermine), séché et reposé, il rejoignit les compagnons. Hermine était allée s'acheter des lunettes et était heureuse d’y voir enfin plus clair, alors que Jostoph montait un nouveau grand projet: il comptait mettre en place un Panthéon d’Hermine, la transformant en dame patronnesse des soiffards et taverniers, faisant de son foie une relique qui pourrait circuler d’auberge en auberge.
Re: Tabletop Elysion - groupe du vendredi - Campagne 1-Acte II
Lun 26 Avr 2021 - 10:27
Où l'on commence à enquêter
- CaïnTarima de son état mais complètement ignare en magie, il a préféré se tourner vers la rapine et la guerre lui a donné du boulot : Ferrailleur sur les champs de batailles, il passe après les batailles pour piller les corps de soldats laissés derrière avec des armes et ensuite revendre tout ce bel attirail contre de belles sommes.
- Gabrielun Duveteux candide ayant perdu son lien avec les personnes avec qui il travaillait comme coursier à cause de la guerre. Il a quelques connaissances en pharmacie car il amenait principalement des médicaments.
- Hermineune Clairvoyante et membre des Glaives, elle a un esprit particulièrement héroïque et empathique et souhaite amener le monde dans la bonne direction. Fille d’une famille noble, elle est souvent appelée Dame Hermine et dispose de ressources conséquentes (que ce soit de par son ascendance ou son affiliations aux Glaives). Porte si nécessaire une épaisse paire de lunettes pour compenser sa vue de taupe. Elle possède une armure artéfact, qui lui permet de lancer un défi à un adversaire si il est plus fort qu'elle. Elle renforce alors les capacités du porteur pour le mettre à niveau de son adversaire mais il lui devient strictement impossible de fuir le combat.
- Jostophun barde Télépathe qui s’est mis au service de Hermine, une vraie héroïne pleine de sous, contre rémunération. Il sait très bien qu’en restant aux côtés de la Dame, ils aura nombre d’histoires à raconter et cela le ravit. Il est né au village de Saintébert où les aventuriers vont rejoindre le Mathémagicien.
C’est assez rapidement une fois réunis que les aventuriers commencèrent à discuter des choses sérieuses. Ils en arrivèrent vite à cette conclusion: il allait falloir qu’ils se séparent, afin d’être plus efficaces. Gabriel et Caïn iraient donc à la bibliothèque en passant par la boutique d’apothicaire à la famille du Duveteux, tandis que Jostoph et Hermine écumeront les tavernes à la recherche d’infromations, puisque personne n’était intéressé pour entrer à la Cour. Une fois tous débarbouillés, rassasiés et changés, ils partirent donc du manoir de Moritz vers leurs buts respectifs.
C’est d’un bon pas que Caïn et Gabriel partirent vers la famille du Duveteux. La guerre avait tué les parents, auxquels Gabriel s’était Lié, et avaient laissé un garçon d’environ son âge, Hysope, une fille d’une dizaine d’années, Ansérien et enfin un petit dernier d’environ cinq ans, Asaret. Ils empruntèrent rapidement un portail, qui les mena vers un quartier commerçant duquel ils apercevaient encore l’immense tour du palais, bien loin du quartier de Moritz. Assez rapidement ils trouvèrent la maison bleue avec au rez de chaussée un magasin d’apothicaire dont on pouvait apercevoir l'intérieur par la baie vitrée de la devanture. A l’étage vivait la famille, et on pouvait y accéder par une petite porte, à droite de l’entrée du magasin. Cependant, c’est bien dans la boutique qu’entrèrent les deux compères. En effet, Gabriel se sentait coupable, et craignait qu’on ne veuille plus de lui après ce qu’il voyait comme un abandon, et il ne voulait pas s’imposer dans le foyer familial.
A l’intérieur de la modeste échoppe où flottait une odeur de plantes, il y avait déjà un client qui discutait au comptoir avec celui que Gabriel considérait comme son frère. Ce client était un homme aux longs cheveux bruns et à la peau mate, qui portait une ample tenue violette. Il semblait négocier le prix de cataplasmes en grandes quantités. Gabriel se fit le plus discret possible, en attendant que la conversation soit terminée, alors que Caïn allait fureter dans les rayonnages, avec ordre de ne rien voler.
C’est alors que le gérant de la boutique jetait un œil pour voir qui donc était entré dans son magasin que son regard tomba sur Gabriel, qui fit trois pas en avant. Instantanément, l’homme se figa et sembla s’embourber dans ses syllabes, perdant le fil de la conversation, alors que ses yeux s’écarquillaient. Il fit un signe de main, pour demander à Gabriel d’attendre, et écourta sa négociation, cédant au client qui s’en fut tout heureux, les bras chargés. Le jeune homme sortit de derrière son comptoir en bondissant par-dessus, et courut jusqu’à Gabriel, qu’il enlaça alors que le Duveteux commençait à pleurer de soulagement et de joie.
“Gabriel ! Où étais-tu ? On a cru qu'il s'était passé un truc avec la guerre, qu’on te reverrait plus jamais !”
Ce fut le point de départ de toute une série de questions dont il assaillit le Duveteux, très heureux de le retrouver. Gabriel fit cependant en sorte d’esquiver ses questions le plus possible, répondant que c’était une très longue histoire qu’il ne pouvait pas lui raconter immédiatement, ne voulant pas l’y mêler, et lui promettant de revenir les retrouver dès que tout ce dans quoi il s’était engagé serait réglé.
“Comment ça tu peux rien me dire ?! s'indigna Hysope. Si c’est grave on peut t'aider, on veut t’aider !
- C’est grave, et c’est pour ça que je ne peux pas t’en parler ! lui répliqua le Duveteux. Tu vois le jeune homme là bas ? ajouta-t-il en désignant Caïn qui farfouillait dans les rayons. Il est avec moi, je ne suis pas seul et je reviendrai promis
- … Il a pas l’air bien gaillard pourtant, commenta le jeune homme, mais je te fais confiance si c’est ce que tu dis!”
Lorsque Gabriel finit par lui poser une question à propos d’une maladie qui colorerait les ongles, le jeune homme tiqua, et examina sa main, sans pouvoir cependant relier ces symptômes à quoi que ce soit qu’il connaissait. Il promit de chercher, et Gabriel le remercia, avant de le serrer une dernière fois dans ses bras pour repartir vers la bibliothèque de l’Académie d’Hypnos.
Ils prirent un grand nombre de portails avant d’enfin arriver à leur destination. L’Académie était une véritable ville dans la ville. Seule Université d'Elysion, elle était absolument immense, et abritait des milliers d'étudiants, sans compter les professeurs et les chercheurs. Elle semblait toujours s'agrandir, en superficie comme en hauteur. C’était un véritable centre de savoirs, très protégé. Il y avait des centaines de parcours différents, sur des sujets parfois très précis, parfois très généraux. On pouvait y apprendre quelque chose de manuel, comme y rester très intellectuel. Il y avait une rentrée par mois, afin de permettre à chacun d’y venir, et faire en sorte qu’un trop grand flot de personnes n’arrive jamais en même temps. Elle était d’une architecture assez classique, en pierres, avec des bâtiments plutôt majestueux. Il y avait de très nombreuses bibliothèques, toutes gérées en réseau. Il se murmurait que toutes les bibliothécaires étaient des Aniformus Loutre issues d'une dynastie de bibliothécaires et documentalistes.
Malgré tout ça, il leur sembla en arrivant devant une des entrées qu’il y avait peu de monde: la plupart des étudiants étaient sans doute rentrés voir leurs familles en ces temps de guerre. Après s’être présentés à un des gardes, ils eurent droit à des autocollants visiteurs avec leur nom dessus à se coller sur la poitrine.
“Bonne visite ! J'imagine que vous savez où vous allez … et faites pas de grabuge hein ! leur lança l’homme alors qu’ils s’éloignaient.”
Malheureusement pour eux, ils ne savaient pas réellement où ils allaient, et se sentirent vite perdus dans l’immensité de l’Académie. Ils trouvèrent cependant un panneau comportant un plan à l’entrée, surmontée de flèches directionnelles (dont ils avaient le sentiment confus qu’elles avaient été trafiquées par des étudiants en manque de plaisanteries douteuses). Miraculeusement, ils réussirent à trouver la bibliothèque spécialisée dans les sujets sur lesquels ils avaient des recherches à faire: les religions et la théologie. Ils parvinrent même à s’y rendre sans se perdre !
Le lieu était séparé en plusieurs parties. Directement de chaque côté de l’entrée, on trouvait des toilettes, auxquelles on pouvait accéder aussi de l’intérieur de la bibliothèque. Ensuite, il y avait des petits portiques d’entrée. Les étudiants ne pouvaient entrer qu’avec leur carte; quant aux autres, ils devaient payer pour consulter la collection. Les deux amis s’acquittèrent de la somme due, et entrèrent dans les collections. A leur droite, il y avait une zone réservée aux étudiants pour leur travail, et, plus loin, un accès à une zone pour le personnel, où on devait très certainement pouvoir trouver une réserve et des archives, ainsi que des salles de repos. Face à eux s’étalaient plus d’étagères comprenant des livres qu’ils n’en avaient jamais vu. Sans rien demander à personne, ils partirent fouiller dans les étagères. Cependant, plus d'une heure après, peu habitués aux systèmes de classement, ils étaient toujours bredouilles, et durent se résoudre à aller demander de l’aide. C’est Caïn qui s'avança vers la bibliothécaire au comptoir, qui, un sourire sur le visage, lui demanda tout doucement, à voix basse:
“Oui, vous désirez ? Comment puis-je vous aider ?
- Bonjour, on cherche un livre avec éventuellement ce casque sur la couverture ou à l’intérieur, répondit-il sur le même ton en lui montrant le dessin du casque trouvé lors de leur enquête. Je sais qu’il y en a beaucoup ici mais si vous pouviez nous aider, nous vous en serions très reconnaissants !”
Elle regarda fixement le jeune homme, puis le motif du casque, avant d’attraper un énorme livre qu’elle se mit à feuilleter à une vitesse phénoménale, avant de soudain s’arrêter sur une page précise, un sourire triomphant sur le visage. D'une main experte, elle nota un certain nombre de références, avant de les tendre à Caïn qui les regarda, circonspect. Comprenant qu’il ne savait absolument pas ce que cela signifiait, elle décida de l'accompagner, et sortit de derrière le comptoir, se révélant plus petite que ce qu’il aurait cru. Elle le mena à travers les rayonnages tout en lui expliquant le système de classement. Elle lui montra quelques exemples, puis quand il eut compris, elle retourna à son poste.
Il se lança alors dans la recherche des ouvrages qui l'intéressaient, et trouva rapidement un certain nombre d’ouvrages où figurait le symbole du casque. Très vite, en les feuilletant, il se rendit compte qu'ils avaient tous un point commun: ils étaient tous traduits d'anciens langages par Barmond Edir. Ils les ramena rapidement à une table, avant de proposer à Gabriel de se partager le travail, et c’est ainsi qu’ils se lancèrent dans un long moment d’étude.
De leur côté, Jostoph et Hermine s’étaient dirigés vers le quartier général des Glaives, où Hermine comptait se renseigner sur les dernières actualités et aller à la pêche aux informations. Après avoir passé plusieurs portails, et munis d’une bonne bouteille d’alcool ainsi que d’un saladier qui servirait de casque à Jostoph (qui avait quant à lui acheté un panier garni, croyant à un banquet), ils arrivèrent dans un quartier dont il était difficile de dire s’il était mal famé ou très calme. En effet, ceux qui avaient des velléités d’y faire du grabuge avaient immédiatement affaire aux Glaives qui les remettaient à leur place de manière musclée. Ces mêmes Glaives n’étaient pas vraiment des tendres, et s’étaient peu à peu détachés des idéaux à la base de la formation de la guilde, faisant peu à peu régner sur le quartier la loi du plus fort. Les maisons semblaient d'ailleurs conçue pour résister à des tremblements de terre, alors qu’en réalité, c'étaient les Glaives eux-mêmes qui les faisaient trembler. Le local était organisé sur plusieurs niveaux, avec différents sous-sols servant de baraquements, salles d’armes ou salles d'entraînement. Hermine le savait, la décoration du quartier général des Glaives, quoique sommaire, se composait majoritairement de panneaux de bois. Ceux-ci forment des cloisons faciles à déplacer, permettant de découper des espaces.
Lorsqu’ils arrivèrent près de leur local, ils furent accueillis par une porte qui s’ouvrit brusquement sous la pression d'un homme propulsé à plein vitesse par un coup bien placé, qui atterrit sur le dos dans la rue, ses dents éparpillées autour de lui. De l'intérieur provenaient des cris et des bruits de chopes qui s’entrechoquaient. En entrant dans la pièce principale, ils trouvèrent un homme debout sur une table, ovationné et porté aux nues par ses comparses. Hermine le reconnut immédiatement: il s’agissait d’un gaillard qui aimait la bagarre, et communiquait par les poings. Il adorait mettre au défi les nouveaux: pour entrer dans la guilde, ils devaient le battre.
“Mais c’est quoi ce bordel ? Allez, en rang ! hurla Hermine en entrant. Et plus vite que ça!!”
Immédiatement, ils la reconnurent, et cela créa un certain chaos, sur fond sonore de parties d’armures s'entrechoquant. Personne ne s’attendait à cela: si chacun connaissait la force d’Hermine, elle était aussi connue pour être calme, peu bagarreuse, et très tolérante. Son coup de gueule en était d'autant plus impressionnant, faisant frissonner ceux qui avaient déjà eu affaire à elle. Une fois tout le monde au garde à vous devant elle, elle somma l’homme dehors de revenir, qui entra en se tenant la mâchoire.
“T’as rien à m’dire toi ! T’as rien à m’dire toi! lui fit-il.”
Un regard d’Hermine suffit cependant à le faire taire: s’il tenait à son honneur, il semblait assez piteux, et ne tenait manifestement pas à se prendre une seconde dérouillée, aussi alla-t-il se mettre dans le rang sans plus piper mot.
“Clotaire tu me présente au gamin ! ordonna-t-elle à celui qui se tenait le plus proche d’elle.
- Ecoute-moi bien sale gosse ! vociféra celui-là à l’adresse du garçon. Tu vas te calmer et tu parles pas comme ça à Hermine ! Ici si tu cherches des noises, tu vas te faire tabasser et tu vas pas comprendre parce que c’est pas du tout la même que l’autre bêta là, ajouta-t-il en désignant le butor qui l’avait flanqué dehors.T’as bien compris oui? termina-t-il en soulevant par le col le nouveau venu perdu face à ce revirement de situation.
- Oui ! Oui oui oui oui ! bafouilla le garçon.”
Il se mit au garde à vous ainsi, sans toucher le sol, clairement impressionné, et Clotaire le posa. Hermien le jugea sévèrement, et modifia la position de son menton.
"Messieurs, mesdames ! tonna ensuite Hermine. Un: qu’est ce que vous foutez encore ici alors qu’il y a la guerre à nos portes ? demanda-t-elle, déclenchant une vague de frissons dans les rangs. Deux: je suis contente de vous voir ! admit-elle, donnant lieu à des sourires apaisés. Trois: c’est ma tournée ! clama-t-elle, créant des ovations.”
Elle svait très bien que l’alcool permettrait de délier les langues, et, alors qu’elle envoyait un bleu chercher au trot de l’alcool, elle sourit à une femme dans l’assemblée, avant de se rapprocher d’elle. Après qu’elle se soit saluées, la femme, qui s’avérait être Hestia, sa mentor, la félicita d’avoir remis de l’ordre, et lui glissa avec un sourire:
“Tu seras peut-être contente de savoir que Gifuto devrait arriver en ville bientôt. Il n’est pas très organisé, mais il a envoyé une lettre, enfin, un chiffon plutôt, disant qu’il arrivait."
Cette nouvelle ravit Hermine. Gifuto Al Bedras n’était autre que le second élève d’Hestia, qui avait fait ses classes en même temps qu’Hermine. Ensemble, ils avaient fait les quatre cent coups, et avaient toujours été très complices, parfois amants. En permanence en compétition, ils n’avaient toujours pas réussi à déterminer qui d’entre eux était le meilleur, et c’était un combat qui n’était pas prêt d’être terminé, elle le savait. Hermine l’appréciait d’autant plus qu’elle le savait attachée comme elle l’était aux idéaux qui avaient jadis fait la grandeur des Glaives.
Encore ragaillardie par cette nouvelle, Hermine fit approcher Jostoph, qu’elle présenta à Hestia. Celle-ci serra si fort la main du barde qu’il en souffla de douleur malgré sa résistance. Après ça, la femme d’une cinquantaine d’années leur proposa de descendre dans les baraquements pour discuter plus tranquillement alors que le reste de la troupe s'arsouillait. Une fois en bas, ce fut Jostoph qui résuma à la mentor de sa maîtresse la situation dans laquelle ils se trouvaient avec force schémas et dessins reproduisant les motifs vus dans le labyrinthe. Malheureusement, Hestia n’en savait pas plus qu’eux, même si elle approuvait l’idée d’Hermine: il était tout à fait possible que, parmi les Glaives, quelqu'un ait entendu parler de quelque chose. Cependant, Hermine voulait aussi en savoir plus sur la cocatrice. sa présence dans le labyrinthe l'intriguait grandement, et elle espérait pouvoir remonter la piste de trafiquants d’animaux exotiques qui auraient pu vendre la bête à leurs ennemis. Si Hestia salua une nouvelle fois l’instinct de sa discipline, elle ne connaissait cependant personne qui aurait pu acheter ou vendre un tel animal. Par contre, elle connaissait des gens qui pouvaient en connaître d’autres intéressés par le marché des animaux exotiques, et mentionna à Hermine et Jostoph un certain Maverick qu’elle proposa de leur présenter.
“Au vu de la situation actuelle chez les Glaives, tu comprendras que je préfère te présenter à lui moi-même. En ce moment c’est un peu compliqué. Les factions qui se sont un peu divisées chez les Glaives, ceux qui sont là uniquement pour se battre, ceux qui cherchent la gloire, ceux qui veulent aider la veuve et l’orphelin, sont entrées de plus en plus en tension avec la guerre. Aujourd’hui, c’est difficile pour les Glaives de se faire confiance, et de s'entendre afin de se mettre d’accord sur une direction commune. C’est pour cela que je préfère être à tes côtés pour te présenter et établir une relation de confiance avant que tu ne lui poses des questions.
- Ça me va très bien, ne t’en fais pas, la rassura Hermine. Et puis, s’il est vraiment trop réticent, nous réglerons tout cela à la façon des Glaives, ajouta-t-elle avec un clin d'œil complice. ”
Sur ces bonnes paroles, Hestia lui promit de la tenir au courant de la venue de Maverick via un messager, et ils remontèrent dans la salle principale. Ils n’y restèrent pas cependant: Jostoph proposa d’aller prospecter dans les tavernes alors que sa maîtresse restait auprès des Glaives. Celle-ci s’y opposa, tenant à l’accompagner, et tous deux partirent, ayant pour projet de revenir lorsque le dénommé Maverick serait arrivé.
Jostoph mena donc sa maîtresse jusqu’à une taverne connue de lui, que de nombreux bardes aimaient beaucoup et fréquentaient régulièrement. Sur le chemin, Hermine remarqua des avis de recherche, et l’un d’eux lui sauta aux yeux: Corvus était dessiné dessus et recherché pour une altercation violente dans un camp Eaquien. Il avait manifestement fui ensuite. Près de lui, Jostoph reconnut Moleg le Troll recherché pour les mêmes raisons ainsi que les deux Effigies, Lorwyn et Hapeau (à qui on avait dessiné un affreux nez, lui qui n’en avait pas), avec les mêmes chefs d’accusation auxquels s’ajoutaient le terrorisme. En grimaçant, il présenta discrètement à sa maîtresse les compagnons de Corvus, les reliant aux aventures qu’il lui avait précédemment narrées. Puis, il enleva les affiches qu’il fourra dans sa besace comme s’il allait rafler la prime, tout en tentant de contacter Corvus mentalement. Malheureusement, celui-ci était très certainement trop loin de lui, et le Télépathe ne parvint pas à établir de contact. En se remettant en route, il se promit de faire de son mieux pour faire sauter la récompense associée à ses compagnons, peut-être lorsqu’ils seraient à la Cour.
Ils entendirent l’auberge avant de la voir: beaucoup de musique s’en échappait, confirmant que c’était bien là le lieu qu'ils cherchaient. La musique était un peu discordante: il y avait manifestement de la compétition dans l’air et c’était à qui chanterait le plus fort, sans se soucier de la justesse ou de s’accorder. Lorsqu’ils entrèrent, ils virent le regard du tavernier sur eux, qui se demandait manifestement pourquoi diable ils venaient alors qu'une cacophonie pareille était en train de faire fuir l’intégralité de sa clientèle.
Debout sur des tables, deux bardes se faisaient face. C’étaient eux qui jouaient si fort et si faux, et Jostoph reconnut avec étonnement Alphine torse nu et en kilt, qui avait manifestement décidé de prendre du muscle. Tranquillement, un sourire amusé aux lèvres, Jostoph mena Hermine jusqu’à une table, où ils s’assirent? Puis, il commença à chanter, directement dans la tête des gens. Ceux-ci semblèrent si étonnés qu’un instant la lutte entre Alphine et son concurrent se fit moins bruyante. C’est ce très court laps de temps que Jostoph choisit pour empoigner son luth, et se lancer dans un solo de luth. Si quelques personnes râlaient avant qu’il ne commence, et si l'aubergiste,voyant un troisième rival s’ajouter, avait pris un air dépité, tout ceci s’effaça comme par magie. Manifestement touché par une inspiration divine, c'est un solo absolument légendaire que livra le barde. Il en fit fumer les cordes de son instrument, rendant les gens fous de joie, qui se mirent à chanter, taper des mains et des pieds, l’ovationnant alors qu’il leur procurait des visions épiques. En face plus personne ne jouait, ce qui permit à Jostoph de jouer aussi sur leurs instruments, se transformant en homme-orchestre l’espace d’un instant. C’est au bout de quinze minutes d’une prestation transcendante qu’il finit par s’arrêter, sous les vivats et les jets d’argents, de fleurs, et de sous-vêtements (parfois à la propreté douteuse) dont un caleçon qui lui servit de couvre-chef. Il demanda un coup à boire qu’on s’empressa de lui servir et désigna un barde pour prendre sa suite. Ensuite, il descendit comme un prince de sa table,avec un clin d'œil à Alphine, qui l’avait si bien accompagné, pour aller rejoindre Dame Hermine à table.
C’est d’un bon pas que Caïn et Gabriel partirent vers la famille du Duveteux. La guerre avait tué les parents, auxquels Gabriel s’était Lié, et avaient laissé un garçon d’environ son âge, Hysope, une fille d’une dizaine d’années, Ansérien et enfin un petit dernier d’environ cinq ans, Asaret. Ils empruntèrent rapidement un portail, qui les mena vers un quartier commerçant duquel ils apercevaient encore l’immense tour du palais, bien loin du quartier de Moritz. Assez rapidement ils trouvèrent la maison bleue avec au rez de chaussée un magasin d’apothicaire dont on pouvait apercevoir l'intérieur par la baie vitrée de la devanture. A l’étage vivait la famille, et on pouvait y accéder par une petite porte, à droite de l’entrée du magasin. Cependant, c’est bien dans la boutique qu’entrèrent les deux compères. En effet, Gabriel se sentait coupable, et craignait qu’on ne veuille plus de lui après ce qu’il voyait comme un abandon, et il ne voulait pas s’imposer dans le foyer familial.
A l’intérieur de la modeste échoppe où flottait une odeur de plantes, il y avait déjà un client qui discutait au comptoir avec celui que Gabriel considérait comme son frère. Ce client était un homme aux longs cheveux bruns et à la peau mate, qui portait une ample tenue violette. Il semblait négocier le prix de cataplasmes en grandes quantités. Gabriel se fit le plus discret possible, en attendant que la conversation soit terminée, alors que Caïn allait fureter dans les rayonnages, avec ordre de ne rien voler.
C’est alors que le gérant de la boutique jetait un œil pour voir qui donc était entré dans son magasin que son regard tomba sur Gabriel, qui fit trois pas en avant. Instantanément, l’homme se figa et sembla s’embourber dans ses syllabes, perdant le fil de la conversation, alors que ses yeux s’écarquillaient. Il fit un signe de main, pour demander à Gabriel d’attendre, et écourta sa négociation, cédant au client qui s’en fut tout heureux, les bras chargés. Le jeune homme sortit de derrière son comptoir en bondissant par-dessus, et courut jusqu’à Gabriel, qu’il enlaça alors que le Duveteux commençait à pleurer de soulagement et de joie.
“Gabriel ! Où étais-tu ? On a cru qu'il s'était passé un truc avec la guerre, qu’on te reverrait plus jamais !”
Ce fut le point de départ de toute une série de questions dont il assaillit le Duveteux, très heureux de le retrouver. Gabriel fit cependant en sorte d’esquiver ses questions le plus possible, répondant que c’était une très longue histoire qu’il ne pouvait pas lui raconter immédiatement, ne voulant pas l’y mêler, et lui promettant de revenir les retrouver dès que tout ce dans quoi il s’était engagé serait réglé.
“Comment ça tu peux rien me dire ?! s'indigna Hysope. Si c’est grave on peut t'aider, on veut t’aider !
- C’est grave, et c’est pour ça que je ne peux pas t’en parler ! lui répliqua le Duveteux. Tu vois le jeune homme là bas ? ajouta-t-il en désignant Caïn qui farfouillait dans les rayons. Il est avec moi, je ne suis pas seul et je reviendrai promis
- … Il a pas l’air bien gaillard pourtant, commenta le jeune homme, mais je te fais confiance si c’est ce que tu dis!”
Lorsque Gabriel finit par lui poser une question à propos d’une maladie qui colorerait les ongles, le jeune homme tiqua, et examina sa main, sans pouvoir cependant relier ces symptômes à quoi que ce soit qu’il connaissait. Il promit de chercher, et Gabriel le remercia, avant de le serrer une dernière fois dans ses bras pour repartir vers la bibliothèque de l’Académie d’Hypnos.
Ils prirent un grand nombre de portails avant d’enfin arriver à leur destination. L’Académie était une véritable ville dans la ville. Seule Université d'Elysion, elle était absolument immense, et abritait des milliers d'étudiants, sans compter les professeurs et les chercheurs. Elle semblait toujours s'agrandir, en superficie comme en hauteur. C’était un véritable centre de savoirs, très protégé. Il y avait des centaines de parcours différents, sur des sujets parfois très précis, parfois très généraux. On pouvait y apprendre quelque chose de manuel, comme y rester très intellectuel. Il y avait une rentrée par mois, afin de permettre à chacun d’y venir, et faire en sorte qu’un trop grand flot de personnes n’arrive jamais en même temps. Elle était d’une architecture assez classique, en pierres, avec des bâtiments plutôt majestueux. Il y avait de très nombreuses bibliothèques, toutes gérées en réseau. Il se murmurait que toutes les bibliothécaires étaient des Aniformus Loutre issues d'une dynastie de bibliothécaires et documentalistes.
Malgré tout ça, il leur sembla en arrivant devant une des entrées qu’il y avait peu de monde: la plupart des étudiants étaient sans doute rentrés voir leurs familles en ces temps de guerre. Après s’être présentés à un des gardes, ils eurent droit à des autocollants visiteurs avec leur nom dessus à se coller sur la poitrine.
“Bonne visite ! J'imagine que vous savez où vous allez … et faites pas de grabuge hein ! leur lança l’homme alors qu’ils s’éloignaient.”
Malheureusement pour eux, ils ne savaient pas réellement où ils allaient, et se sentirent vite perdus dans l’immensité de l’Académie. Ils trouvèrent cependant un panneau comportant un plan à l’entrée, surmontée de flèches directionnelles (dont ils avaient le sentiment confus qu’elles avaient été trafiquées par des étudiants en manque de plaisanteries douteuses). Miraculeusement, ils réussirent à trouver la bibliothèque spécialisée dans les sujets sur lesquels ils avaient des recherches à faire: les religions et la théologie. Ils parvinrent même à s’y rendre sans se perdre !
Le lieu était séparé en plusieurs parties. Directement de chaque côté de l’entrée, on trouvait des toilettes, auxquelles on pouvait accéder aussi de l’intérieur de la bibliothèque. Ensuite, il y avait des petits portiques d’entrée. Les étudiants ne pouvaient entrer qu’avec leur carte; quant aux autres, ils devaient payer pour consulter la collection. Les deux amis s’acquittèrent de la somme due, et entrèrent dans les collections. A leur droite, il y avait une zone réservée aux étudiants pour leur travail, et, plus loin, un accès à une zone pour le personnel, où on devait très certainement pouvoir trouver une réserve et des archives, ainsi que des salles de repos. Face à eux s’étalaient plus d’étagères comprenant des livres qu’ils n’en avaient jamais vu. Sans rien demander à personne, ils partirent fouiller dans les étagères. Cependant, plus d'une heure après, peu habitués aux systèmes de classement, ils étaient toujours bredouilles, et durent se résoudre à aller demander de l’aide. C’est Caïn qui s'avança vers la bibliothécaire au comptoir, qui, un sourire sur le visage, lui demanda tout doucement, à voix basse:
“Oui, vous désirez ? Comment puis-je vous aider ?
- Bonjour, on cherche un livre avec éventuellement ce casque sur la couverture ou à l’intérieur, répondit-il sur le même ton en lui montrant le dessin du casque trouvé lors de leur enquête. Je sais qu’il y en a beaucoup ici mais si vous pouviez nous aider, nous vous en serions très reconnaissants !”
Elle regarda fixement le jeune homme, puis le motif du casque, avant d’attraper un énorme livre qu’elle se mit à feuilleter à une vitesse phénoménale, avant de soudain s’arrêter sur une page précise, un sourire triomphant sur le visage. D'une main experte, elle nota un certain nombre de références, avant de les tendre à Caïn qui les regarda, circonspect. Comprenant qu’il ne savait absolument pas ce que cela signifiait, elle décida de l'accompagner, et sortit de derrière le comptoir, se révélant plus petite que ce qu’il aurait cru. Elle le mena à travers les rayonnages tout en lui expliquant le système de classement. Elle lui montra quelques exemples, puis quand il eut compris, elle retourna à son poste.
Il se lança alors dans la recherche des ouvrages qui l'intéressaient, et trouva rapidement un certain nombre d’ouvrages où figurait le symbole du casque. Très vite, en les feuilletant, il se rendit compte qu'ils avaient tous un point commun: ils étaient tous traduits d'anciens langages par Barmond Edir. Ils les ramena rapidement à une table, avant de proposer à Gabriel de se partager le travail, et c’est ainsi qu’ils se lancèrent dans un long moment d’étude.
De leur côté, Jostoph et Hermine s’étaient dirigés vers le quartier général des Glaives, où Hermine comptait se renseigner sur les dernières actualités et aller à la pêche aux informations. Après avoir passé plusieurs portails, et munis d’une bonne bouteille d’alcool ainsi que d’un saladier qui servirait de casque à Jostoph (qui avait quant à lui acheté un panier garni, croyant à un banquet), ils arrivèrent dans un quartier dont il était difficile de dire s’il était mal famé ou très calme. En effet, ceux qui avaient des velléités d’y faire du grabuge avaient immédiatement affaire aux Glaives qui les remettaient à leur place de manière musclée. Ces mêmes Glaives n’étaient pas vraiment des tendres, et s’étaient peu à peu détachés des idéaux à la base de la formation de la guilde, faisant peu à peu régner sur le quartier la loi du plus fort. Les maisons semblaient d'ailleurs conçue pour résister à des tremblements de terre, alors qu’en réalité, c'étaient les Glaives eux-mêmes qui les faisaient trembler. Le local était organisé sur plusieurs niveaux, avec différents sous-sols servant de baraquements, salles d’armes ou salles d'entraînement. Hermine le savait, la décoration du quartier général des Glaives, quoique sommaire, se composait majoritairement de panneaux de bois. Ceux-ci forment des cloisons faciles à déplacer, permettant de découper des espaces.
Lorsqu’ils arrivèrent près de leur local, ils furent accueillis par une porte qui s’ouvrit brusquement sous la pression d'un homme propulsé à plein vitesse par un coup bien placé, qui atterrit sur le dos dans la rue, ses dents éparpillées autour de lui. De l'intérieur provenaient des cris et des bruits de chopes qui s’entrechoquaient. En entrant dans la pièce principale, ils trouvèrent un homme debout sur une table, ovationné et porté aux nues par ses comparses. Hermine le reconnut immédiatement: il s’agissait d’un gaillard qui aimait la bagarre, et communiquait par les poings. Il adorait mettre au défi les nouveaux: pour entrer dans la guilde, ils devaient le battre.
“Mais c’est quoi ce bordel ? Allez, en rang ! hurla Hermine en entrant. Et plus vite que ça!!”
Immédiatement, ils la reconnurent, et cela créa un certain chaos, sur fond sonore de parties d’armures s'entrechoquant. Personne ne s’attendait à cela: si chacun connaissait la force d’Hermine, elle était aussi connue pour être calme, peu bagarreuse, et très tolérante. Son coup de gueule en était d'autant plus impressionnant, faisant frissonner ceux qui avaient déjà eu affaire à elle. Une fois tout le monde au garde à vous devant elle, elle somma l’homme dehors de revenir, qui entra en se tenant la mâchoire.
“T’as rien à m’dire toi ! T’as rien à m’dire toi! lui fit-il.”
Un regard d’Hermine suffit cependant à le faire taire: s’il tenait à son honneur, il semblait assez piteux, et ne tenait manifestement pas à se prendre une seconde dérouillée, aussi alla-t-il se mettre dans le rang sans plus piper mot.
“Clotaire tu me présente au gamin ! ordonna-t-elle à celui qui se tenait le plus proche d’elle.
- Ecoute-moi bien sale gosse ! vociféra celui-là à l’adresse du garçon. Tu vas te calmer et tu parles pas comme ça à Hermine ! Ici si tu cherches des noises, tu vas te faire tabasser et tu vas pas comprendre parce que c’est pas du tout la même que l’autre bêta là, ajouta-t-il en désignant le butor qui l’avait flanqué dehors.T’as bien compris oui? termina-t-il en soulevant par le col le nouveau venu perdu face à ce revirement de situation.
- Oui ! Oui oui oui oui ! bafouilla le garçon.”
Il se mit au garde à vous ainsi, sans toucher le sol, clairement impressionné, et Clotaire le posa. Hermien le jugea sévèrement, et modifia la position de son menton.
"Messieurs, mesdames ! tonna ensuite Hermine. Un: qu’est ce que vous foutez encore ici alors qu’il y a la guerre à nos portes ? demanda-t-elle, déclenchant une vague de frissons dans les rangs. Deux: je suis contente de vous voir ! admit-elle, donnant lieu à des sourires apaisés. Trois: c’est ma tournée ! clama-t-elle, créant des ovations.”
Elle svait très bien que l’alcool permettrait de délier les langues, et, alors qu’elle envoyait un bleu chercher au trot de l’alcool, elle sourit à une femme dans l’assemblée, avant de se rapprocher d’elle. Après qu’elle se soit saluées, la femme, qui s’avérait être Hestia, sa mentor, la félicita d’avoir remis de l’ordre, et lui glissa avec un sourire:
“Tu seras peut-être contente de savoir que Gifuto devrait arriver en ville bientôt. Il n’est pas très organisé, mais il a envoyé une lettre, enfin, un chiffon plutôt, disant qu’il arrivait."
Cette nouvelle ravit Hermine. Gifuto Al Bedras n’était autre que le second élève d’Hestia, qui avait fait ses classes en même temps qu’Hermine. Ensemble, ils avaient fait les quatre cent coups, et avaient toujours été très complices, parfois amants. En permanence en compétition, ils n’avaient toujours pas réussi à déterminer qui d’entre eux était le meilleur, et c’était un combat qui n’était pas prêt d’être terminé, elle le savait. Hermine l’appréciait d’autant plus qu’elle le savait attachée comme elle l’était aux idéaux qui avaient jadis fait la grandeur des Glaives.
Encore ragaillardie par cette nouvelle, Hermine fit approcher Jostoph, qu’elle présenta à Hestia. Celle-ci serra si fort la main du barde qu’il en souffla de douleur malgré sa résistance. Après ça, la femme d’une cinquantaine d’années leur proposa de descendre dans les baraquements pour discuter plus tranquillement alors que le reste de la troupe s'arsouillait. Une fois en bas, ce fut Jostoph qui résuma à la mentor de sa maîtresse la situation dans laquelle ils se trouvaient avec force schémas et dessins reproduisant les motifs vus dans le labyrinthe. Malheureusement, Hestia n’en savait pas plus qu’eux, même si elle approuvait l’idée d’Hermine: il était tout à fait possible que, parmi les Glaives, quelqu'un ait entendu parler de quelque chose. Cependant, Hermine voulait aussi en savoir plus sur la cocatrice. sa présence dans le labyrinthe l'intriguait grandement, et elle espérait pouvoir remonter la piste de trafiquants d’animaux exotiques qui auraient pu vendre la bête à leurs ennemis. Si Hestia salua une nouvelle fois l’instinct de sa discipline, elle ne connaissait cependant personne qui aurait pu acheter ou vendre un tel animal. Par contre, elle connaissait des gens qui pouvaient en connaître d’autres intéressés par le marché des animaux exotiques, et mentionna à Hermine et Jostoph un certain Maverick qu’elle proposa de leur présenter.
“Au vu de la situation actuelle chez les Glaives, tu comprendras que je préfère te présenter à lui moi-même. En ce moment c’est un peu compliqué. Les factions qui se sont un peu divisées chez les Glaives, ceux qui sont là uniquement pour se battre, ceux qui cherchent la gloire, ceux qui veulent aider la veuve et l’orphelin, sont entrées de plus en plus en tension avec la guerre. Aujourd’hui, c’est difficile pour les Glaives de se faire confiance, et de s'entendre afin de se mettre d’accord sur une direction commune. C’est pour cela que je préfère être à tes côtés pour te présenter et établir une relation de confiance avant que tu ne lui poses des questions.
- Ça me va très bien, ne t’en fais pas, la rassura Hermine. Et puis, s’il est vraiment trop réticent, nous réglerons tout cela à la façon des Glaives, ajouta-t-elle avec un clin d'œil complice. ”
Sur ces bonnes paroles, Hestia lui promit de la tenir au courant de la venue de Maverick via un messager, et ils remontèrent dans la salle principale. Ils n’y restèrent pas cependant: Jostoph proposa d’aller prospecter dans les tavernes alors que sa maîtresse restait auprès des Glaives. Celle-ci s’y opposa, tenant à l’accompagner, et tous deux partirent, ayant pour projet de revenir lorsque le dénommé Maverick serait arrivé.
Jostoph mena donc sa maîtresse jusqu’à une taverne connue de lui, que de nombreux bardes aimaient beaucoup et fréquentaient régulièrement. Sur le chemin, Hermine remarqua des avis de recherche, et l’un d’eux lui sauta aux yeux: Corvus était dessiné dessus et recherché pour une altercation violente dans un camp Eaquien. Il avait manifestement fui ensuite. Près de lui, Jostoph reconnut Moleg le Troll recherché pour les mêmes raisons ainsi que les deux Effigies, Lorwyn et Hapeau (à qui on avait dessiné un affreux nez, lui qui n’en avait pas), avec les mêmes chefs d’accusation auxquels s’ajoutaient le terrorisme. En grimaçant, il présenta discrètement à sa maîtresse les compagnons de Corvus, les reliant aux aventures qu’il lui avait précédemment narrées. Puis, il enleva les affiches qu’il fourra dans sa besace comme s’il allait rafler la prime, tout en tentant de contacter Corvus mentalement. Malheureusement, celui-ci était très certainement trop loin de lui, et le Télépathe ne parvint pas à établir de contact. En se remettant en route, il se promit de faire de son mieux pour faire sauter la récompense associée à ses compagnons, peut-être lorsqu’ils seraient à la Cour.
Ils entendirent l’auberge avant de la voir: beaucoup de musique s’en échappait, confirmant que c’était bien là le lieu qu'ils cherchaient. La musique était un peu discordante: il y avait manifestement de la compétition dans l’air et c’était à qui chanterait le plus fort, sans se soucier de la justesse ou de s’accorder. Lorsqu’ils entrèrent, ils virent le regard du tavernier sur eux, qui se demandait manifestement pourquoi diable ils venaient alors qu'une cacophonie pareille était en train de faire fuir l’intégralité de sa clientèle.
Debout sur des tables, deux bardes se faisaient face. C’étaient eux qui jouaient si fort et si faux, et Jostoph reconnut avec étonnement Alphine torse nu et en kilt, qui avait manifestement décidé de prendre du muscle. Tranquillement, un sourire amusé aux lèvres, Jostoph mena Hermine jusqu’à une table, où ils s’assirent? Puis, il commença à chanter, directement dans la tête des gens. Ceux-ci semblèrent si étonnés qu’un instant la lutte entre Alphine et son concurrent se fit moins bruyante. C’est ce très court laps de temps que Jostoph choisit pour empoigner son luth, et se lancer dans un solo de luth. Si quelques personnes râlaient avant qu’il ne commence, et si l'aubergiste,voyant un troisième rival s’ajouter, avait pris un air dépité, tout ceci s’effaça comme par magie. Manifestement touché par une inspiration divine, c'est un solo absolument légendaire que livra le barde. Il en fit fumer les cordes de son instrument, rendant les gens fous de joie, qui se mirent à chanter, taper des mains et des pieds, l’ovationnant alors qu’il leur procurait des visions épiques. En face plus personne ne jouait, ce qui permit à Jostoph de jouer aussi sur leurs instruments, se transformant en homme-orchestre l’espace d’un instant. C’est au bout de quinze minutes d’une prestation transcendante qu’il finit par s’arrêter, sous les vivats et les jets d’argents, de fleurs, et de sous-vêtements (parfois à la propreté douteuse) dont un caleçon qui lui servit de couvre-chef. Il demanda un coup à boire qu’on s’empressa de lui servir et désigna un barde pour prendre sa suite. Ensuite, il descendit comme un prince de sa table,avec un clin d'œil à Alphine, qui l’avait si bien accompagné, pour aller rejoindre Dame Hermine à table.
Re: Tabletop Elysion - groupe du vendredi - Campagne 1-Acte II
Ven 10 Juin 2022 - 18:53
L'enquête continue !
- CaïnTarima de son état mais complètement ignare en magie, il a préféré se tourner vers la rapine et la guerre lui a donné du boulot : Ferrailleur sur les champs de batailles, il passe après les batailles pour piller les corps de soldats laissés derrière avec des armes et ensuite revendre tout ce bel attirail contre de belles sommes.
- Gabrielun Duveteux candide ayant perdu son lien avec les personnes avec qui il travaillait comme coursier à cause de la guerre. Il a quelques connaissances en pharmacie car il amenait principalement des médicaments.
- Hermineune Clairvoyante et membre des Glaives, elle a un esprit particulièrement héroïque et empathique et souhaite amener le monde dans la bonne direction. Fille d’une famille noble, elle est souvent appelée Dame Hermine et dispose de ressources conséquentes (que ce soit de par son ascendance ou son affiliations aux Glaives). Porte si nécessaire une épaisse paire de lunettes pour compenser sa vue de taupe. Elle possède une armure artéfact, qui lui permet de lancer un défi à un adversaire si il est plus fort qu'elle. Elle renforce alors les capacités du porteur pour le mettre à niveau de son adversaire mais il lui devient strictement impossible de fuir le combat.
- Jostophun barde Télépathe qui s’est mis au service de Hermine, une vraie héroïne pleine de sous, contre rémunération. Il sait très bien qu’en restant aux côtés de la Dame, ils aura nombre d’histoires à raconter et cela le ravit. Il est né au village de Saintébert où les aventuriers vont rejoindre le Mathémagicien.
Après la représentation incroyable de Jostoph le barde, ils s’assirent et furent servis par l'aubergiste, débordé par les tournées offertes au duo pour féliciter de la performance du barde. Le tenancier proposa à Jostoph de lui servir également moitié de chopes d’eau à chaque fois qu'on lui payait une tournée, tout en lui donnant la moitié des recettes, ce qui fut joyeusement accepté. Peu après, il furent rejoints par Alphine invité par Jostoph.
“Désolé pour l’odeur, j’ai beau me débarrasser de mes vêtements à chaque fois, l’odeur de cadavre me colle à la peau.
- Parlons-en ! rebondit Jostoph, quel choix de carrière audacieux (tout comme ton changement de look d’ailleurs).
- Alors figure-toi que c’est lié ! Il ne me restait que ça, en fait.
- Je suis persuadé que c’est ce qui restera de toi ! Bon alors, parle-nous de ta reconversion !
- Reconversion ? Quelle reconversion ? Je fais les deux à la fois quelle idée !”
Et c’est ainsi qu’au fil de la conversation ils apprirent non seulement qu’Alphine n’était ni très malin, ni très clairvoyant, mais surtout qu’il n’avait jamais été contrôlé aux portes de la ville d'Hypnos en revenant des champs de bataille. Ceci leur mit immédiatement la puce à l’oreille: il y avait qurelqu’un qui veillait à ce qu’il passe.
“ Bon, eh, parlons franc: ce que tu transportes sur ta charette ça se vend pas à la criée ! lui lança Jostoph. On te fait pas des offres deux pour le prix d’un ! A qui tu livres ça ?
- Ouh, non, j'ai une clause de confidentialité mon bon monsieur, opposa Alphine.
- Oh. Et combien pour casser le contrat, glissa Hermine avec un sourire de prédateur.”
Alphine se retourna afin de compter sur ses doigts, puis sortit de la poche de son kilt un papier sur lequel il griffona une somme qu’il tendit à Hermine. Celle-ci trouvant la somme élevée, elle envoya Jostoph l’embobiner, et avec succès: il palabra tant et si bien su’Alphine ploya, et enleva un zéro à la somme qu’il demandait.
“ Dis moi, Jostoph, glissa Hermine à son barde, Alphine est ton … ami ? Ton … Rival ?
- Oh un peu les deux ! Je voudrais l'aider à lancer sa carrière mais là on est un peu short niveau finances, faut se serrer la ceinture ! Mais je pense qu'on peut faire un effort pour Alphine.
- Dis moi Alphine, dit la noble en se tournant vers lui, tu as fini ta formation de barde ?
- Oui oui oui … Au rattrapage, mais je l’ai finie ! dit-il en regardant alternativement les deux personnes face à lui.
- Ecoute moi bien: en plus de ce prix-là pour casser ton contrat, je te propose un petit extra.
- Ce serait très gentil, merci beaucoup ! acquiesce Alpine.
- C’est mignon ! rit la noble, légèrement méprisante. Tu vas te rendre à telle adresse: il y a un bâtiment de guilde, ce n’est pas une taverne mais ça y ressemble beaucoup.”
Elle lui donna une heure et un jour pour le rendez-vous. Il devrait alors parvenir à tenir toute la soirée en tant que barde afin de gagner un grand respect. C’était bien évidemment l’adresse des Glaives, et elle se doutait bien qu’il risquait de se ridiculiser, mais lui n’y vit que du feu, et les remercia chaudement, des étoiles dans les yeux. Après cela, Jostoph donna à Alphine la bourse qui lui tendait Hermine, et prit entre quatre-yeux son collègue alors que sa patronne s’éloignait. C’est télépathiquement (et autour d’une choppe de bière) que se tint leur conversation suivante, par souci de discrétion. C’est ainsi que Jostoph apprit qu’Alphine ne connaissait pas l’identité de son employeur, mais qu’il avait pour consigne d’amener les charrettes au niveau des tuyaux qui permettaient d'irriguer la ville. Certains étaient en effet inutilisés, et c’était à ce niveau que l’échange se faisait. Deux hommes l’y attendaient, qui comptaient les cadavres.
“Je les ai entendus parler d’une histoire de banane verte. Ou peut-être une orange bleue !”
Jostoph trouvant cela étrange, il parvint à persuader Alphine de le laisser accéder à son souvenir de cet instant. Cependant, le souvenir lui-même était flou (peut-être d’ailleur car le barde en kilt avait déjà commencé à boire) et bien peu en ressortit, mis à part qu’en effet on parlait bien d'un fruit, et d’une couleur mais ni le bleu ni le vert, mais bien le rouge.
“Voilà pour ça, fit-il quand Jostoph sortit de son esprit, j’peux faire autre chose ?
- Oh bah puisque tu as si gentiment partagé un secret avec moi, je vais t’en partager un, glissa Jostoph avec un sourire. Dans mes dernières pérégrination, on a croisé un groupe de gens avec un potentiel de saga épique incroyable: les Fissda ! Je sais pas si tu connais, ajouta-t-il en lui projetant l’image mentale du casque.”
Malheureusement Alphine n'en avait jamais entendu parler, mais promit d'ouvrir l’oeil et d’écrire de meilleures histoires afin de se rapprocher de Jostoph qui semblait bien devenir son idole.
Pendant ce temps, Hermine récoltait tous les suffrages dans le bar, et chacun supputait sur la nature exacte de ses relations avec Jostoph, et elle semblait prendre un malin plaisir à confirmer chacune des rumeurs (créant ainsi la légende de Gigolostoph). Rapidement dès que Jostoph eut terminé son entretien avec Alphine, et après qu’Hermine ait glissé une bise à un jeune barde tombé en pâmoison, ils partirent rejoindre le manoir de Moritz, et leurs compagnons.
“Cataclop.”
Ce fut ce bruit fort incongru pour une bibliothèque, lent et résonnant qui fit relever la tête à Caïn et Gabriel, absorbés dans leurs études et contents d’être ensemble et d’avoir trouvé un début de piste. Ce qu’il aperçurent alors les stupéfia. Ce n’était autre que Corvus,
l’air complètement perdu, se demandant manifestement ce qu’il pouvait bien faire là.
“Eh Gabriel … glissa Caïn à son compère, est-ce que c’est le centaure qu'on connait ou est-ce qu’ils se ressemblent tous et c’est super raciste?”
Cette petite question fit se retourner Gabriel sans discrétion aucune, qui après avoir bien dévisagé le centre en question, confirma avec un signe de tête. Caïn l'interpella alors, s’attirant les regards furibonds des usagers de la bibliothèque qui n’appréciaient pas vraiment le bruit que faisaient ces hurluberlus dans leur havre de calme et de savoir. Ceci eut cependant l’effet escompté, et le centaure, manifestement surpris de les voir là, rejoint les deux amis. Rapidement, ils s'expliquent mutuellement les raisons de leur présence. Si nous connaissions déjà celles du duo, il est temps de découvrir celles du centaure. Il expliqua ainsi que s’il était là c’est car il avait eu l’occasion, lors de son périple avec l’autre moitié des aventuriers, de retrouver quelqu’un qu’il connaissait. Cependant, pour cela, il avait été forcé de se séparer d’eux. Il leur assura cependant que leurs amis allaient bien, n'étaient plus en danger, et leur confirma qu’il avait retrouvé celle qu’il cherchait, reliée à lui comme à la situation qu’ils affrontaient, qui l’hébergeait actuellement. Après cette petite explication, Gabriel et Caïn proposèrent à Corvus de les rejoindre dans leurs lectures et leurs recherches,ce à quoi il se plia sans problème. Il les informa ainsi que Barmond Edir était plutôt connu comme traducteur de mythologie et de légendes de l’Ancien Monde, mais complètement inconnu pour quoi que ce soit d’autre. Face à cette information, ils allèrent s’adresser à la bibliothécaire, afin d’obtenir une fiche sur cette homme, qu’elle leur fournit avec plaisir. Ils y découvrirent que cet homme était un théologien traducteur, ainsi que la liste de ses ouvrages. L’un d’eux alla en chercher une partie, tandis que les autres découvraient que l’homme était mort depuis des années, et enterré à Hypnos aux côtés d'autres Académiciens, puisqu’il y avait occupé une chaire des années durant. Forts de ces informations, ils décidèrent d’aller voir la maison de l'auteur afin d’y trouver des informations supplémentaires.
“Dame Hermine pourra peut-être l'acheter ! lança Caïn”
Cette phrase créa la surprise de de Corvus, pour qui Hermine était restée coincée avec la cocatrice dans le labyrinthe. Les deux autres lui expliquent qu’elle était revenue, avec quelques détails, avant de se replonger dans leurs lectures. Peu à peu, ils trouvèrent des informations, surtout grâce à Caïn qui lisait avec une vitesse extraordinaire (contrairement à ses camarades dont la lecture était laborieuse). Ils apprirent ainsi que le casque était en rapport avec une mythologie païenne datant d’avant la Nouvelle Pangée. Dans cette mythologie, les dieux semblaient contrôler les éléments et être honorés dnas l’immenses temples. Ce casque, nommé Cunée, représentait alors un dieu nommé Hadès, et lui permettait de se rendre invisble.
“Eh, Caïn, tu crois que ceux qu’on cherche pourraient s'appeler Les Fils d’Hadès ? demanda soudain Gabriel.
- Mmh, ça ferait sens ! C’est étonnant cette coïncidence avec la Lune noire d’Elysion !
- Oui c’est vrai ! Tu crois que ça a un rapport ? Et pourquoi avoir choisi le casque et pas la Lune si c’est le cas ?
- Oh bah tu sais s’ils devaient montrer leur lune à chaque fois hein, lança le voleur en ricanant.”
Malheureusement, le Duveteux ne comprit pas du tout ce jeu de mot, et, déçu, le Voyageur se renfrogna un peu, avant de se remettre à son étude. C'est un peu plus tard, après avoir renoncé à emprunter des livres qu’ils décidèrent de quitter la bibliothèque et de se rendre chez Moritz Schwantaler afin de rejoindre leurs amis. Le soleil se couchait donc alors qu’ils arrivaient à la porte, et après que Gabriel eut rassuré Corvus, qui craignait de briser des choses à l’intérieur, ils entrèrent pour trouver Hermine jetant son cousin, ivre, dans la fontaine. Celle-ci, n’ayant pas de lunettes, elle plissa les yeux, mains en visière, afin d’être sûr de ne pas le confondre avec quelqu’un d'autre. Après qu’ils se soient retrouvés et que chacun ait expliqué aux autres ce qu’il avait découvert, Chacun partit vaquer à ses occupations avant le repas, qui laissa à Hermine et Corvus le temps de s'expliquer sur ce qu’il leur était arrivé depuis qu'ils ne s’étaient pas vus. Corvus apprit ainsi qu’Hermine avait fièrement combattu la cocatrice, et avait du en boire les larmes. Depuis cette expérience, il lui semblait être légèrement différente, sans qu’elle ne puisse déterminer en quoi exactement. Quant à lui, Corvus leur relata les aventures vécues avec Moleg, Hapeau et Lorwyn, qui les avaient menés à la prison dont ils avaient pu s'échapper dans la confusion d’une bataille, mettant ainsi une prime sur leur tête. C’est à la suite de cette évasion qu’il avait pu suivre la piste de sa nièce Callie, retrouvée générale de l’armée. Lorsqu’il lui avait raconté son histoire, elle avait accepté de faire sauter sa prime, s’il la suivait à Hypnos, ce qu’il avait fait, et c’était ainsi qu’il avait retrouvé Gabriel et Caïn. S’ensuivit une nuit reposante pour tous,sauf Corvus, qui était allé dormir sous des couvertures, dans un belvédère, lequel avait sinistrement craqué deux fois lorsqu’il s’était appuyé sur lui. Il avait donc dormi à la belle étoile, non loin dudit belvédère que chacun avait pu découvrir tout tordu au réveil autour de pancakes et confitures étonnantes, telles que tomates verte, fleur de courgette et artichauts de Duca. Ce repas leur permit de faire le point sur leurs objectifs de la journée et c’est ainsi qu'ils se retrouvèrent quelques temps plus tard à l’Académie afin de trouver des informations supplémentaires sur Barmond Edir, afin d'avoir son adresse et pouvoir aller voir sa maison, tandis que Moritz, resté au manoir, devait trouver des informations sur qui pourrait bien payer pour des charrettes de cadavre. C’est donc nez à nez avec un Menu assis à un comptoir, plongé dans un livre, qu’on retrouve nos héros.
“ Ouais ? fit-il avec une voix de stentor.
- Excusez-nous de vous déranger nous sommes à la recherche de la maison d’un de vos anciens professeurs, aujourd’hui disparu, fit Jostoph, Barmond Edir.
- Ouh, ça me dit rien moi, mais chuis pas là depuis longtemps ! répliqua le Menu.
- Si vous me faites le coup du laissez-passer A38 j’me suicide ! protesta immédiatement le barde.
- J’vous ferai pas ce coup là, c’est pour éloigner les curieux ! lança leur interlocuteur, amusé.”
Ils le virent alors descendre de tiroirs en tiroirs à la force de ses bras, montrant une force étonnante pour un Menu. Ouvrant un tiroir, il finit par y trouver le dossier recherché, qu’il fit sauter dans les airs avant de se hisser de nouveau sur le bureau. Ouvrant le dossier, il leur montra l’adresse, puis:
“Eh mais, je connais ! Y a un super salon de massage qui a ouvert juste là!”
Et c’est sur cette capitale information que les compagnons apprirent que tout avait été détruit et reconstruit: ils ne trouveraient donc aucune information. Cependant, il avait dans le dossier le nom de Gredert Belgan, élève d’Edir, dont le Menu connaissait de nom: muni d’une mémoire d'éléphant, il avait suivi tous les cours et passé tous les diplômes de l’Académie. Une fois sortis du bureau, Gabriel ajouta que ce nom était dans les carnets de Thalivor, et ils décidèrent ainsi d’aller voir ce chercheur.
Joignant le geste à la parole, ils partirent retrouver Gredert Belgan. Ils parvinrent à accéder jusqu’à lui, mais cependant, il n’avait aucune information d’importance à leur donner. En discutant avec lui, ils comprirent cependant que tous les symboles croisés les menaient bien sur la piste d’hadès, dieu des Enfers de l’Ancien Monde. Ils en déduirent donc que la secte recherchée devait bel et bien s'appeler les Fils d’Hadès. L’homme leur promit de les tenir au courant s’il avait des nouvelles -mais à peine avaient-ils franchi la porte qu’il semblait déjà avoir oublié- et sembla cependant très intéressé par leurs ongles, sans pouvoir leur en dire plus.
peu satisfaits de cette rencontre en forme de chou-blanc, ils partirent chercher les plans des canalisations à une maison de uartier, et revinrent avec au manoir.
“Désolé pour l’odeur, j’ai beau me débarrasser de mes vêtements à chaque fois, l’odeur de cadavre me colle à la peau.
- Parlons-en ! rebondit Jostoph, quel choix de carrière audacieux (tout comme ton changement de look d’ailleurs).
- Alors figure-toi que c’est lié ! Il ne me restait que ça, en fait.
- Je suis persuadé que c’est ce qui restera de toi ! Bon alors, parle-nous de ta reconversion !
- Reconversion ? Quelle reconversion ? Je fais les deux à la fois quelle idée !”
Et c’est ainsi qu’au fil de la conversation ils apprirent non seulement qu’Alphine n’était ni très malin, ni très clairvoyant, mais surtout qu’il n’avait jamais été contrôlé aux portes de la ville d'Hypnos en revenant des champs de bataille. Ceci leur mit immédiatement la puce à l’oreille: il y avait qurelqu’un qui veillait à ce qu’il passe.
“ Bon, eh, parlons franc: ce que tu transportes sur ta charette ça se vend pas à la criée ! lui lança Jostoph. On te fait pas des offres deux pour le prix d’un ! A qui tu livres ça ?
- Ouh, non, j'ai une clause de confidentialité mon bon monsieur, opposa Alphine.
- Oh. Et combien pour casser le contrat, glissa Hermine avec un sourire de prédateur.”
Alphine se retourna afin de compter sur ses doigts, puis sortit de la poche de son kilt un papier sur lequel il griffona une somme qu’il tendit à Hermine. Celle-ci trouvant la somme élevée, elle envoya Jostoph l’embobiner, et avec succès: il palabra tant et si bien su’Alphine ploya, et enleva un zéro à la somme qu’il demandait.
“ Dis moi, Jostoph, glissa Hermine à son barde, Alphine est ton … ami ? Ton … Rival ?
- Oh un peu les deux ! Je voudrais l'aider à lancer sa carrière mais là on est un peu short niveau finances, faut se serrer la ceinture ! Mais je pense qu'on peut faire un effort pour Alphine.
- Dis moi Alphine, dit la noble en se tournant vers lui, tu as fini ta formation de barde ?
- Oui oui oui … Au rattrapage, mais je l’ai finie ! dit-il en regardant alternativement les deux personnes face à lui.
- Ecoute moi bien: en plus de ce prix-là pour casser ton contrat, je te propose un petit extra.
- Ce serait très gentil, merci beaucoup ! acquiesce Alpine.
- C’est mignon ! rit la noble, légèrement méprisante. Tu vas te rendre à telle adresse: il y a un bâtiment de guilde, ce n’est pas une taverne mais ça y ressemble beaucoup.”
Elle lui donna une heure et un jour pour le rendez-vous. Il devrait alors parvenir à tenir toute la soirée en tant que barde afin de gagner un grand respect. C’était bien évidemment l’adresse des Glaives, et elle se doutait bien qu’il risquait de se ridiculiser, mais lui n’y vit que du feu, et les remercia chaudement, des étoiles dans les yeux. Après cela, Jostoph donna à Alphine la bourse qui lui tendait Hermine, et prit entre quatre-yeux son collègue alors que sa patronne s’éloignait. C’est télépathiquement (et autour d’une choppe de bière) que se tint leur conversation suivante, par souci de discrétion. C’est ainsi que Jostoph apprit qu’Alphine ne connaissait pas l’identité de son employeur, mais qu’il avait pour consigne d’amener les charrettes au niveau des tuyaux qui permettaient d'irriguer la ville. Certains étaient en effet inutilisés, et c’était à ce niveau que l’échange se faisait. Deux hommes l’y attendaient, qui comptaient les cadavres.
“Je les ai entendus parler d’une histoire de banane verte. Ou peut-être une orange bleue !”
Jostoph trouvant cela étrange, il parvint à persuader Alphine de le laisser accéder à son souvenir de cet instant. Cependant, le souvenir lui-même était flou (peut-être d’ailleur car le barde en kilt avait déjà commencé à boire) et bien peu en ressortit, mis à part qu’en effet on parlait bien d'un fruit, et d’une couleur mais ni le bleu ni le vert, mais bien le rouge.
“Voilà pour ça, fit-il quand Jostoph sortit de son esprit, j’peux faire autre chose ?
- Oh bah puisque tu as si gentiment partagé un secret avec moi, je vais t’en partager un, glissa Jostoph avec un sourire. Dans mes dernières pérégrination, on a croisé un groupe de gens avec un potentiel de saga épique incroyable: les Fissda ! Je sais pas si tu connais, ajouta-t-il en lui projetant l’image mentale du casque.”
Malheureusement Alphine n'en avait jamais entendu parler, mais promit d'ouvrir l’oeil et d’écrire de meilleures histoires afin de se rapprocher de Jostoph qui semblait bien devenir son idole.
Pendant ce temps, Hermine récoltait tous les suffrages dans le bar, et chacun supputait sur la nature exacte de ses relations avec Jostoph, et elle semblait prendre un malin plaisir à confirmer chacune des rumeurs (créant ainsi la légende de Gigolostoph). Rapidement dès que Jostoph eut terminé son entretien avec Alphine, et après qu’Hermine ait glissé une bise à un jeune barde tombé en pâmoison, ils partirent rejoindre le manoir de Moritz, et leurs compagnons.
“Cataclop.”
Ce fut ce bruit fort incongru pour une bibliothèque, lent et résonnant qui fit relever la tête à Caïn et Gabriel, absorbés dans leurs études et contents d’être ensemble et d’avoir trouvé un début de piste. Ce qu’il aperçurent alors les stupéfia. Ce n’était autre que Corvus,
l’air complètement perdu, se demandant manifestement ce qu’il pouvait bien faire là.
“Eh Gabriel … glissa Caïn à son compère, est-ce que c’est le centaure qu'on connait ou est-ce qu’ils se ressemblent tous et c’est super raciste?”
Cette petite question fit se retourner Gabriel sans discrétion aucune, qui après avoir bien dévisagé le centre en question, confirma avec un signe de tête. Caïn l'interpella alors, s’attirant les regards furibonds des usagers de la bibliothèque qui n’appréciaient pas vraiment le bruit que faisaient ces hurluberlus dans leur havre de calme et de savoir. Ceci eut cependant l’effet escompté, et le centaure, manifestement surpris de les voir là, rejoint les deux amis. Rapidement, ils s'expliquent mutuellement les raisons de leur présence. Si nous connaissions déjà celles du duo, il est temps de découvrir celles du centaure. Il expliqua ainsi que s’il était là c’est car il avait eu l’occasion, lors de son périple avec l’autre moitié des aventuriers, de retrouver quelqu’un qu’il connaissait. Cependant, pour cela, il avait été forcé de se séparer d’eux. Il leur assura cependant que leurs amis allaient bien, n'étaient plus en danger, et leur confirma qu’il avait retrouvé celle qu’il cherchait, reliée à lui comme à la situation qu’ils affrontaient, qui l’hébergeait actuellement. Après cette petite explication, Gabriel et Caïn proposèrent à Corvus de les rejoindre dans leurs lectures et leurs recherches,ce à quoi il se plia sans problème. Il les informa ainsi que Barmond Edir était plutôt connu comme traducteur de mythologie et de légendes de l’Ancien Monde, mais complètement inconnu pour quoi que ce soit d’autre. Face à cette information, ils allèrent s’adresser à la bibliothécaire, afin d’obtenir une fiche sur cette homme, qu’elle leur fournit avec plaisir. Ils y découvrirent que cet homme était un théologien traducteur, ainsi que la liste de ses ouvrages. L’un d’eux alla en chercher une partie, tandis que les autres découvraient que l’homme était mort depuis des années, et enterré à Hypnos aux côtés d'autres Académiciens, puisqu’il y avait occupé une chaire des années durant. Forts de ces informations, ils décidèrent d’aller voir la maison de l'auteur afin d’y trouver des informations supplémentaires.
“Dame Hermine pourra peut-être l'acheter ! lança Caïn”
Cette phrase créa la surprise de de Corvus, pour qui Hermine était restée coincée avec la cocatrice dans le labyrinthe. Les deux autres lui expliquent qu’elle était revenue, avec quelques détails, avant de se replonger dans leurs lectures. Peu à peu, ils trouvèrent des informations, surtout grâce à Caïn qui lisait avec une vitesse extraordinaire (contrairement à ses camarades dont la lecture était laborieuse). Ils apprirent ainsi que le casque était en rapport avec une mythologie païenne datant d’avant la Nouvelle Pangée. Dans cette mythologie, les dieux semblaient contrôler les éléments et être honorés dnas l’immenses temples. Ce casque, nommé Cunée, représentait alors un dieu nommé Hadès, et lui permettait de se rendre invisble.
“Eh, Caïn, tu crois que ceux qu’on cherche pourraient s'appeler Les Fils d’Hadès ? demanda soudain Gabriel.
- Mmh, ça ferait sens ! C’est étonnant cette coïncidence avec la Lune noire d’Elysion !
- Oui c’est vrai ! Tu crois que ça a un rapport ? Et pourquoi avoir choisi le casque et pas la Lune si c’est le cas ?
- Oh bah tu sais s’ils devaient montrer leur lune à chaque fois hein, lança le voleur en ricanant.”
Malheureusement, le Duveteux ne comprit pas du tout ce jeu de mot, et, déçu, le Voyageur se renfrogna un peu, avant de se remettre à son étude. C'est un peu plus tard, après avoir renoncé à emprunter des livres qu’ils décidèrent de quitter la bibliothèque et de se rendre chez Moritz Schwantaler afin de rejoindre leurs amis. Le soleil se couchait donc alors qu’ils arrivaient à la porte, et après que Gabriel eut rassuré Corvus, qui craignait de briser des choses à l’intérieur, ils entrèrent pour trouver Hermine jetant son cousin, ivre, dans la fontaine. Celle-ci, n’ayant pas de lunettes, elle plissa les yeux, mains en visière, afin d’être sûr de ne pas le confondre avec quelqu’un d'autre. Après qu’ils se soient retrouvés et que chacun ait expliqué aux autres ce qu’il avait découvert, Chacun partit vaquer à ses occupations avant le repas, qui laissa à Hermine et Corvus le temps de s'expliquer sur ce qu’il leur était arrivé depuis qu'ils ne s’étaient pas vus. Corvus apprit ainsi qu’Hermine avait fièrement combattu la cocatrice, et avait du en boire les larmes. Depuis cette expérience, il lui semblait être légèrement différente, sans qu’elle ne puisse déterminer en quoi exactement. Quant à lui, Corvus leur relata les aventures vécues avec Moleg, Hapeau et Lorwyn, qui les avaient menés à la prison dont ils avaient pu s'échapper dans la confusion d’une bataille, mettant ainsi une prime sur leur tête. C’est à la suite de cette évasion qu’il avait pu suivre la piste de sa nièce Callie, retrouvée générale de l’armée. Lorsqu’il lui avait raconté son histoire, elle avait accepté de faire sauter sa prime, s’il la suivait à Hypnos, ce qu’il avait fait, et c’était ainsi qu’il avait retrouvé Gabriel et Caïn. S’ensuivit une nuit reposante pour tous,sauf Corvus, qui était allé dormir sous des couvertures, dans un belvédère, lequel avait sinistrement craqué deux fois lorsqu’il s’était appuyé sur lui. Il avait donc dormi à la belle étoile, non loin dudit belvédère que chacun avait pu découvrir tout tordu au réveil autour de pancakes et confitures étonnantes, telles que tomates verte, fleur de courgette et artichauts de Duca. Ce repas leur permit de faire le point sur leurs objectifs de la journée et c’est ainsi qu'ils se retrouvèrent quelques temps plus tard à l’Académie afin de trouver des informations supplémentaires sur Barmond Edir, afin d'avoir son adresse et pouvoir aller voir sa maison, tandis que Moritz, resté au manoir, devait trouver des informations sur qui pourrait bien payer pour des charrettes de cadavre. C’est donc nez à nez avec un Menu assis à un comptoir, plongé dans un livre, qu’on retrouve nos héros.
“ Ouais ? fit-il avec une voix de stentor.
- Excusez-nous de vous déranger nous sommes à la recherche de la maison d’un de vos anciens professeurs, aujourd’hui disparu, fit Jostoph, Barmond Edir.
- Ouh, ça me dit rien moi, mais chuis pas là depuis longtemps ! répliqua le Menu.
- Si vous me faites le coup du laissez-passer A38 j’me suicide ! protesta immédiatement le barde.
- J’vous ferai pas ce coup là, c’est pour éloigner les curieux ! lança leur interlocuteur, amusé.”
Ils le virent alors descendre de tiroirs en tiroirs à la force de ses bras, montrant une force étonnante pour un Menu. Ouvrant un tiroir, il finit par y trouver le dossier recherché, qu’il fit sauter dans les airs avant de se hisser de nouveau sur le bureau. Ouvrant le dossier, il leur montra l’adresse, puis:
“Eh mais, je connais ! Y a un super salon de massage qui a ouvert juste là!”
Et c’est sur cette capitale information que les compagnons apprirent que tout avait été détruit et reconstruit: ils ne trouveraient donc aucune information. Cependant, il avait dans le dossier le nom de Gredert Belgan, élève d’Edir, dont le Menu connaissait de nom: muni d’une mémoire d'éléphant, il avait suivi tous les cours et passé tous les diplômes de l’Académie. Une fois sortis du bureau, Gabriel ajouta que ce nom était dans les carnets de Thalivor, et ils décidèrent ainsi d’aller voir ce chercheur.
Joignant le geste à la parole, ils partirent retrouver Gredert Belgan. Ils parvinrent à accéder jusqu’à lui, mais cependant, il n’avait aucune information d’importance à leur donner. En discutant avec lui, ils comprirent cependant que tous les symboles croisés les menaient bien sur la piste d’hadès, dieu des Enfers de l’Ancien Monde. Ils en déduirent donc que la secte recherchée devait bel et bien s'appeler les Fils d’Hadès. L’homme leur promit de les tenir au courant s’il avait des nouvelles -mais à peine avaient-ils franchi la porte qu’il semblait déjà avoir oublié- et sembla cependant très intéressé par leurs ongles, sans pouvoir leur en dire plus.
peu satisfaits de cette rencontre en forme de chou-blanc, ils partirent chercher les plans des canalisations à une maison de uartier, et revinrent avec au manoir.
Re: Tabletop Elysion - groupe du vendredi - Campagne 1-Acte II
Ven 10 Juin 2022 - 18:58
Les tuyaux d'Eaque
- CaïnTarima de son état mais complètement ignare en magie, il a préféré se tourner vers la rapine et la guerre lui a donné du boulot : Ferrailleur sur les champs de batailles, il passe après les batailles pour piller les corps de soldats laissés derrière avec des armes et ensuite revendre tout ce bel attirail contre de belles sommes.
- Gabrielun Duveteux candide ayant perdu son lien avec les personnes avec qui il travaillait comme coursier à cause de la guerre. Il a quelques connaissances en pharmacie car il amenait principalement des médicaments.
- Hermineune Clairvoyante et membre des Glaives, elle a un esprit particulièrement héroïque et empathique et souhaite amener le monde dans la bonne direction. Fille d’une famille noble, elle est souvent appelée Dame Hermine et dispose de ressources conséquentes (que ce soit de par son ascendance ou son affiliations aux Glaives). Porte si nécessaire une épaisse paire de lunettes pour compenser sa vue de taupe. Elle possède une armure artéfact, qui lui permet de lancer un défi à un adversaire si il est plus fort qu'elle. Elle renforce alors les capacités du porteur pour le mettre à niveau de son adversaire mais il lui devient strictement impossible de fuir le combat.
- Jostophun barde Télépathe qui s’est mis au service de Hermine, une vraie héroïne pleine de sous, contre rémunération. Il sait très bien qu’en restant aux côtés de la Dame, ils aura nombre d’histoires à raconter et cela le ravit. Il est né au village de Saintébert où les aventuriers vont rejoindre le Mathémagicien.
A peine rentrés au manoir Schwantaler, un coursier arriva: Hermine, prise par des obligations noblières, devait partir, et c’est donc sans elle qu’ils étudièrent les plans des canalisations de la ville. Il se révéla que le tout était un immense labyrinthe difficilement déchiffrable, et qu’il leur manquait des informations pour savoir exactement où aller. Ils décidèrent donc d’aller retrouver une nouvelle fois Alphine à la taverne des bardes.
Celui-ci ne se trouvant pas dans le hall, Jostoph, après avoir été reçu sous les vivats et avoir refusé de chanter, demanda sa chambre, où il monta accompagné de ses compagnons. Dans le couloir du premier étage, où la chambre d’Alphine était la cinquième à droite, le barde entendit un petit air qu’il lui semblait connaître à propos de l’oeil d’un tigre, qui lui inspira une improvisation sur l’oreille du triton. Ceci fut manifestement entendu par l’interprète, qui s’interrompit, et quand la porte s’ouvrit, ils découvrirent Alphine, manifestement interrompu en plein exercice.
“ Dis-moi mon cher, lui dit immédiatement Jostoph, je me rends compte que j’ai oublié quelque chose hier soir ! J'aime qu'il y ait de la véracité dans mes chansons, et j'étais en train de gratouiller, de composer, quand soudain j’ai repensé à ton histoire et j’me suis dit “Zut où est-ce qu'il était exactement ?” Je me rappelle de l’image mais c'était où exactement ? J’ai besoin d’une rime, d’un vers !
- Ah et tu crois que je pourrais t'aider à composer ta chanson ? fit Alphine, yeux écarquillés.
- Oui ! Tu pourrais être crédité ! le séduisit Jostoph.
- Ah ! Alors dans ce cas oui, oui, oui évidemment ! Laisse-moi une seconde, j’vais retrouver, j’y suis pas allé qu’une fois, puis il m’a laissé un bout de papier !”
Il se mit alors à farfouiller dans son kilt, et soudain sortit triomphalement un papier d’un truc à compartiments. Jostoph s’en saisit, le remercia en le flattant dans le sens du poil, avant que les aventuriers ne s’éloignent.
Après qu’ils se soient interrompus pour manger, Corvus partit faire un détour chez le maréchal ferrant, lequel le regarda éberlué entrer.
“Oh beh c’est que c’est un beau monsieur et une belle bête ça eh ! lâcha-t-il.
- Bonjour monsieur ! J'imagine que je ne suis pas le genre de client que vous avez tous les jours, dit Corvus.
- Ah ben non hein les centaures c’est pas commun ! confirma l’artisan.”
Notre centaure favori lui expliqua alors l’objet de sa visite: il désirait une sorte de silencieux pour ses sabots, afin de ne pas se faire foudroyer du regard en bibliothèque. Le maréchal ferrant, manifestement toujours un peu surpris par ce client inhabituel s’en fut fouiller dans son atelier, interpellant un instant Corvus pour savoir sa pointure de sabots. Il finit par s’extraire, après moult fracas, de son arrière boutique, tenant dans sa main ce que l’on appelait usuellement des hipposandales, sorte de chausson silencieux pour sabots.
S’en suivit une scène d’anthologie, où l’artisan proposa à Corvus de l'aider à chausser cette nouveauté, sans trop savoir comment s’y prendre cependant. L’homme ayant une tendance à la flagornerie pour cacher son embarras (il ne savait d’ailleurs pas trop comment s’adresser à lui, comment désigner les parties de son corps: comme celles d’un homme, ou celles d’un cheval ?), Corvus se retrouva couvert de compliments alors qu’un homme bedonnant se tortillait à ses pattes pour lui enfiler des sandales, lui chatouillant les sabots au passage. Si le premier essai s’avéra un peu lâche, une fois resserrée la sandale se révéla parfaitement à sa taille.
“Oh bah ça vous va comme un charme monsieur ! s’exclama le maréchal ferrant. Qui aurait cru que je serais vendeur de chaussures un jour, moi ? Ca vous plaît, vous voulez un autre coloris ?”
Après avoir refusé cette généreuse proposition, Corvus paya son achat et s’en fut retrouver ses amis (non sans avoir promis à l’artisan de faire sa promotion auprès de ses semblables), son charisme fortement augmenté, tout comme sa discrétion (ce qui au vu de son apparence n’était pas gagné gagné). Lorsqu’ils eurent mangé ce qu’ils avaient pu trouver en boulangerie, ils rejoignirent le manoir, où ils exposèrent leur plan à Moritz.
“Mais ils sont dangereux, ces gens ! Vous avez un plan au moins ?” leur lança le cousin d’Hermine, manifestement un peu inquiet.
Ils lui expliquaient alors ce qu’ils envisageaient, et joignirent immédiatement la parole aux actes. Corvus dicta donc à Jostoph une lettre pour Calie, sa nièce, afin de pouvoir avoir, si le besoin s’en faisait sentir, le soutien de l’armée eaquienne; S’il resta très policé dans les termes qu'il employa, craignant que la jeune fille, fougueuse, ne se jette dans le tas et ne mette feu au tout s’il était trop clair sur la présence de criminels, il lui parla cependant de l’avancée de la lettre et de leur intention de la continuer dans les égouts, où ils pourraient peut-être avoir besoin d’aide. Dans la foulée, ils adressèrent également un message, bien plus détaillé, à Philomène, afin de la tenir au courant de leurs avancées et qu’elle aussi puisse leur envoyer du soutien. Ils lui demandèrent également des renseignements. Gabriel fut chargé de remettre les deux lettres, et les porta à qui pourrait les transmettre à un vitesse telle qu’elle serait sans doute notée bientôt dans plusieurs livres de records.
Une fois le Duveteux revenu, ils étudièrent tous ensemble le livre qu’ils s’étaient précédemment procuré. Sa couverture, faite d’un cuir noir, très neutre, avait subi les alterations du temps, et avait été nettement polie par de nombreuses main, de nombreuses lectures. Ils découvrirent, de par les subtilités du langage et les différentes écritures qui se superposaient et se succédaient que non seulement l’ouvrage était très ancien, mais qu'il avait eu différents auteurs lors de différentes époques. Très rapidement, ils trouvèrent des informations sur la génétique sur les différents continents, avec ses spécificités liées aux lieux. Pourtant, une chose paraissait étrange: pourquoi donc Hadès, la Lune Noire, était-elle mentionnée en premier ? Personne n’y avait jamais vécu, selon leurs connaissances. Pourtant, Corvus, qui était celui qui en connaissait le plus sur les légendes, maintenait qu’Hadès avait un rapport avec l’Ombre, puisque lui et ses armées seraient arrivés d’Hadès, et y auraient été enfermées après la défaite. Ce simple nom suffit à faire frissonner Gabriel. Pour tous les enfants d’Elysion, ou presque, l’Ombre avait toujours été présenté comme un croque-mitaine, et brandi pour effrayer les enfants désobéissants. Pourtant, aujourd’hui, plus grand monde ne pensait que c’était une menace réelle. Voir ainsi ce nom de légende mentionné avait de quoi être inquiétant. Afin de changer un peu les idées du Duveteux, que personne ne parvenait à vraiment rassurer, ils se penchèrent sur la carte des tuyaux de la ville. Si elle était difficile à suivre, il leur sembla pourtant que près de l’endroit qui les intéressait, un tuyau ne débouchait sur rien, comme s’il disparaissait dans un autre tuyau. En plus de l’entrée mentionnée par Alphine, ils en découvrirent également deux autres, permettant d’accéder à cette fameuse canalisation. Si l’une semblait sortir d’un mur sur une grand place, l’autre était apparemment une bouche d'égoût dans une petite rue. Il se décidèrent rapidement: il faudrait passer par les passages annexes dans la petite rue ou la place (Corvus confirma à Jostoph qu’il pourrait avoir de nouveau besoin de son aide pour surmonter son problème de claustrophobie). Ils décidèrent de préparer leur expédition, Gabriel mettant au point de nombreuses potions qui lui permirent à la fois de se distraire et de se sentir utile, et mangèrent un bon repas. Enfin, ils laissèrent un message à Hermine, lui expliquant sommairement mais avec efficacité, la situation, leur besoin de discrétion,et leur localisation approximative, afin qu’elle puisse les rejoindre éventuellement, une fois libérée de ses obligations.
Assez rapidement, ils se retrouvèrent à l'endroit voulu: sur la place vide, du fait de la nuit, face à ce qui ressemblait à un bâtiment de service désaffecté. Le long du mur courait un tuyau qui finissait par entrer dans le bâtiment. Au centre, une porte, évidemment fermée à clé. Jostoph prit les outils que CaÏn lui tendait et s’affaira sur la serrure, tandis que les autres faisaient le guet, tout en attirant l’attention loin de lui. Rapidement, un “clic” se fit entendre, et la porte s'ouvrit sans bruit, dévoilant un hall vide donnant sur un couloir comportant un petite escalier en colimaçon qui montait. En parallèle, il y avait le tuyau aperçu à l’extérieur. Très vite ils en repérèrent l’entrée, coincée par une manivelle volant, que Gabriel manipula sans difficulté, ouvrant une porte dans le tuyau. Après avoir plissé le nez en sentant l’odeur très forte d’égouts qui s’en échappait, ils sautèrent dans le tuyau, pour atterrir deux mètres plus bas, éclairés par la torche dont ils s’étaient munis. Dans l’air flottait une odeur désagréable d'égouts, d’eaux usées, et de métal mouillé. En pente douce, le tuyau se dirigeait vers les profondeurs de la ville et ils n’avaient d’autre choix que de le suivre. Ils avancèrent donc, sans grande discrétion, mais les sens éveillés, à l’aguet. C’est ainsi que Gabriel aperçut un mouvement, une ombre éclairée par la lumière blafarde de la Lune, vers l’entrée principale du tuyau dont ils s'approchent. Immédiatement, il avertit ses compagnons, qui s’immobilisèrent, alors que Caïn, activant sa magie, décida de partir en éclaireur. Passant discrètement la tête à l’angle du tuyau, il découvrit une silhouette, adossée au tuyau, à une dizaine de mètres de distance, vers l’entrée. Décidant, sur le conseil de ses compagnons, de l'assommer, il s’en approcha doucement, découvrant sa peau blafarde et les cheveux clairs, typiques des Darahs, avant d'empoigner la tête de l’homme et de la frapper contre le tuyau dans un “dong” retentissant, alors que l’homme s’amolissait dans ses bras, une expression de surprise douloureuse fixée sur son visage dévoilant des canines aussi pointues qui brillantes. Le Tarima resta un instant paralysé, écoutant tous les bruits afin de s’assurer que personne n’avait été alerté. Mais rien ne se fit entendre, et il prit le temps de fouiller l’homme, découvrant sur lui quelques bijoux précieux abîmés par le passage du temps, et deux dagues ornées de joyaux. Sans se poser plus de questions, il empocha le tout et après avoir vérifié le pouls de l’homme et paniqué, croyant l’avoir tué, il se souvint que c’était un Darah, sans pouls par définition, et il le traîna à l’écart par souci de discrétion avant de rejoindre ses compagnons, qui le félicitèrent. Redoublant de prudence, ils continuèrent à avancer, avant de se retrouver devant une porte, épaisse et très ouvragée, assez pour être jolie, très exactement à l’endroit où, sur le plan que Jostoph avait encore dans sa poche, le tuyau se terminait. Immédiatement, Caïn posa son oreille contre le battant, puis se recula avec un air dépité:
“Je n’entends rien, c’est du métal.”
Avec une grimace, Gabriel s’approcha, afin d’étudier un peu plus la décoration de la porte. Il y découvrit quatre personnages, qu’il identifia comme des Darahs avec le faciès élimé et leurs dents proéminentes formant la base d’un arbre généalogique qui remontait jusqu’en haut de la porte. Corvus de son côté informa ses compagnons que les Drahas, peuple de nuit, se divisaient en deux castes: les Nés-Darahs, à la fois rares et prestigieux, et les transformés. Il savait qu’ils avaient tendance à s’organiser en sociétés secrètes, actives la nuit, en parallèle de la vie des cités où ils résidaient. De nature secrète c’étaient des prédateurs, qui avaient besoin de sang frais pour survivre, et souvent très liés au monde de la nuit. Tout ceci n’expliquait en rien les cadavres: les Darahs avaient besoin de sang d’une personne encore vivante, sans quoi, cela relevait du suicide. Avec une grimace face à leur ignorance, ils ouvrirent la porte, non verrouillée, et virent dans un bâtiment souterrain. Caïn, discret, s’y engagea seul, le couloir devant lui menait un hall qui semblait être celui d’une auberge à très haut standing. Les convives semblaient n’être que des Darahs, vêtus de leurs plus beaux atours, rassemblés dans un décor chargé, des murs tendus de velours cramoisi aux motifs baroques aux tables brillantes sur lesquelles trônaient quelques victuailles fort peu ragoûtantes pour les aventuriers. Au-dessus de l’entrée, une superbe sculpture paraissait scintiller tant elle brillait. Elle représentait une pomme rouge, qui semblait flotter dans les airs par magie, et correspondait au nom de l’endroit, qu’ils entendirent: ils étaient à La Pomme Rouge.
“Tatatata où est-ce qu’on est tombés, sa mère ?!, lâcha fort peu élégamment Caïn.”
Celui-ci ne se trouvant pas dans le hall, Jostoph, après avoir été reçu sous les vivats et avoir refusé de chanter, demanda sa chambre, où il monta accompagné de ses compagnons. Dans le couloir du premier étage, où la chambre d’Alphine était la cinquième à droite, le barde entendit un petit air qu’il lui semblait connaître à propos de l’oeil d’un tigre, qui lui inspira une improvisation sur l’oreille du triton. Ceci fut manifestement entendu par l’interprète, qui s’interrompit, et quand la porte s’ouvrit, ils découvrirent Alphine, manifestement interrompu en plein exercice.
“ Dis-moi mon cher, lui dit immédiatement Jostoph, je me rends compte que j’ai oublié quelque chose hier soir ! J'aime qu'il y ait de la véracité dans mes chansons, et j'étais en train de gratouiller, de composer, quand soudain j’ai repensé à ton histoire et j’me suis dit “Zut où est-ce qu'il était exactement ?” Je me rappelle de l’image mais c'était où exactement ? J’ai besoin d’une rime, d’un vers !
- Ah et tu crois que je pourrais t'aider à composer ta chanson ? fit Alphine, yeux écarquillés.
- Oui ! Tu pourrais être crédité ! le séduisit Jostoph.
- Ah ! Alors dans ce cas oui, oui, oui évidemment ! Laisse-moi une seconde, j’vais retrouver, j’y suis pas allé qu’une fois, puis il m’a laissé un bout de papier !”
Il se mit alors à farfouiller dans son kilt, et soudain sortit triomphalement un papier d’un truc à compartiments. Jostoph s’en saisit, le remercia en le flattant dans le sens du poil, avant que les aventuriers ne s’éloignent.
Après qu’ils se soient interrompus pour manger, Corvus partit faire un détour chez le maréchal ferrant, lequel le regarda éberlué entrer.
“Oh beh c’est que c’est un beau monsieur et une belle bête ça eh ! lâcha-t-il.
- Bonjour monsieur ! J'imagine que je ne suis pas le genre de client que vous avez tous les jours, dit Corvus.
- Ah ben non hein les centaures c’est pas commun ! confirma l’artisan.”
Notre centaure favori lui expliqua alors l’objet de sa visite: il désirait une sorte de silencieux pour ses sabots, afin de ne pas se faire foudroyer du regard en bibliothèque. Le maréchal ferrant, manifestement toujours un peu surpris par ce client inhabituel s’en fut fouiller dans son atelier, interpellant un instant Corvus pour savoir sa pointure de sabots. Il finit par s’extraire, après moult fracas, de son arrière boutique, tenant dans sa main ce que l’on appelait usuellement des hipposandales, sorte de chausson silencieux pour sabots.
S’en suivit une scène d’anthologie, où l’artisan proposa à Corvus de l'aider à chausser cette nouveauté, sans trop savoir comment s’y prendre cependant. L’homme ayant une tendance à la flagornerie pour cacher son embarras (il ne savait d’ailleurs pas trop comment s’adresser à lui, comment désigner les parties de son corps: comme celles d’un homme, ou celles d’un cheval ?), Corvus se retrouva couvert de compliments alors qu’un homme bedonnant se tortillait à ses pattes pour lui enfiler des sandales, lui chatouillant les sabots au passage. Si le premier essai s’avéra un peu lâche, une fois resserrée la sandale se révéla parfaitement à sa taille.
“Oh bah ça vous va comme un charme monsieur ! s’exclama le maréchal ferrant. Qui aurait cru que je serais vendeur de chaussures un jour, moi ? Ca vous plaît, vous voulez un autre coloris ?”
Après avoir refusé cette généreuse proposition, Corvus paya son achat et s’en fut retrouver ses amis (non sans avoir promis à l’artisan de faire sa promotion auprès de ses semblables), son charisme fortement augmenté, tout comme sa discrétion (ce qui au vu de son apparence n’était pas gagné gagné). Lorsqu’ils eurent mangé ce qu’ils avaient pu trouver en boulangerie, ils rejoignirent le manoir, où ils exposèrent leur plan à Moritz.
“Mais ils sont dangereux, ces gens ! Vous avez un plan au moins ?” leur lança le cousin d’Hermine, manifestement un peu inquiet.
Ils lui expliquaient alors ce qu’ils envisageaient, et joignirent immédiatement la parole aux actes. Corvus dicta donc à Jostoph une lettre pour Calie, sa nièce, afin de pouvoir avoir, si le besoin s’en faisait sentir, le soutien de l’armée eaquienne; S’il resta très policé dans les termes qu'il employa, craignant que la jeune fille, fougueuse, ne se jette dans le tas et ne mette feu au tout s’il était trop clair sur la présence de criminels, il lui parla cependant de l’avancée de la lettre et de leur intention de la continuer dans les égouts, où ils pourraient peut-être avoir besoin d’aide. Dans la foulée, ils adressèrent également un message, bien plus détaillé, à Philomène, afin de la tenir au courant de leurs avancées et qu’elle aussi puisse leur envoyer du soutien. Ils lui demandèrent également des renseignements. Gabriel fut chargé de remettre les deux lettres, et les porta à qui pourrait les transmettre à un vitesse telle qu’elle serait sans doute notée bientôt dans plusieurs livres de records.
Une fois le Duveteux revenu, ils étudièrent tous ensemble le livre qu’ils s’étaient précédemment procuré. Sa couverture, faite d’un cuir noir, très neutre, avait subi les alterations du temps, et avait été nettement polie par de nombreuses main, de nombreuses lectures. Ils découvrirent, de par les subtilités du langage et les différentes écritures qui se superposaient et se succédaient que non seulement l’ouvrage était très ancien, mais qu'il avait eu différents auteurs lors de différentes époques. Très rapidement, ils trouvèrent des informations sur la génétique sur les différents continents, avec ses spécificités liées aux lieux. Pourtant, une chose paraissait étrange: pourquoi donc Hadès, la Lune Noire, était-elle mentionnée en premier ? Personne n’y avait jamais vécu, selon leurs connaissances. Pourtant, Corvus, qui était celui qui en connaissait le plus sur les légendes, maintenait qu’Hadès avait un rapport avec l’Ombre, puisque lui et ses armées seraient arrivés d’Hadès, et y auraient été enfermées après la défaite. Ce simple nom suffit à faire frissonner Gabriel. Pour tous les enfants d’Elysion, ou presque, l’Ombre avait toujours été présenté comme un croque-mitaine, et brandi pour effrayer les enfants désobéissants. Pourtant, aujourd’hui, plus grand monde ne pensait que c’était une menace réelle. Voir ainsi ce nom de légende mentionné avait de quoi être inquiétant. Afin de changer un peu les idées du Duveteux, que personne ne parvenait à vraiment rassurer, ils se penchèrent sur la carte des tuyaux de la ville. Si elle était difficile à suivre, il leur sembla pourtant que près de l’endroit qui les intéressait, un tuyau ne débouchait sur rien, comme s’il disparaissait dans un autre tuyau. En plus de l’entrée mentionnée par Alphine, ils en découvrirent également deux autres, permettant d’accéder à cette fameuse canalisation. Si l’une semblait sortir d’un mur sur une grand place, l’autre était apparemment une bouche d'égoût dans une petite rue. Il se décidèrent rapidement: il faudrait passer par les passages annexes dans la petite rue ou la place (Corvus confirma à Jostoph qu’il pourrait avoir de nouveau besoin de son aide pour surmonter son problème de claustrophobie). Ils décidèrent de préparer leur expédition, Gabriel mettant au point de nombreuses potions qui lui permirent à la fois de se distraire et de se sentir utile, et mangèrent un bon repas. Enfin, ils laissèrent un message à Hermine, lui expliquant sommairement mais avec efficacité, la situation, leur besoin de discrétion,et leur localisation approximative, afin qu’elle puisse les rejoindre éventuellement, une fois libérée de ses obligations.
Assez rapidement, ils se retrouvèrent à l'endroit voulu: sur la place vide, du fait de la nuit, face à ce qui ressemblait à un bâtiment de service désaffecté. Le long du mur courait un tuyau qui finissait par entrer dans le bâtiment. Au centre, une porte, évidemment fermée à clé. Jostoph prit les outils que CaÏn lui tendait et s’affaira sur la serrure, tandis que les autres faisaient le guet, tout en attirant l’attention loin de lui. Rapidement, un “clic” se fit entendre, et la porte s'ouvrit sans bruit, dévoilant un hall vide donnant sur un couloir comportant un petite escalier en colimaçon qui montait. En parallèle, il y avait le tuyau aperçu à l’extérieur. Très vite ils en repérèrent l’entrée, coincée par une manivelle volant, que Gabriel manipula sans difficulté, ouvrant une porte dans le tuyau. Après avoir plissé le nez en sentant l’odeur très forte d’égouts qui s’en échappait, ils sautèrent dans le tuyau, pour atterrir deux mètres plus bas, éclairés par la torche dont ils s’étaient munis. Dans l’air flottait une odeur désagréable d'égouts, d’eaux usées, et de métal mouillé. En pente douce, le tuyau se dirigeait vers les profondeurs de la ville et ils n’avaient d’autre choix que de le suivre. Ils avancèrent donc, sans grande discrétion, mais les sens éveillés, à l’aguet. C’est ainsi que Gabriel aperçut un mouvement, une ombre éclairée par la lumière blafarde de la Lune, vers l’entrée principale du tuyau dont ils s'approchent. Immédiatement, il avertit ses compagnons, qui s’immobilisèrent, alors que Caïn, activant sa magie, décida de partir en éclaireur. Passant discrètement la tête à l’angle du tuyau, il découvrit une silhouette, adossée au tuyau, à une dizaine de mètres de distance, vers l’entrée. Décidant, sur le conseil de ses compagnons, de l'assommer, il s’en approcha doucement, découvrant sa peau blafarde et les cheveux clairs, typiques des Darahs, avant d'empoigner la tête de l’homme et de la frapper contre le tuyau dans un “dong” retentissant, alors que l’homme s’amolissait dans ses bras, une expression de surprise douloureuse fixée sur son visage dévoilant des canines aussi pointues qui brillantes. Le Tarima resta un instant paralysé, écoutant tous les bruits afin de s’assurer que personne n’avait été alerté. Mais rien ne se fit entendre, et il prit le temps de fouiller l’homme, découvrant sur lui quelques bijoux précieux abîmés par le passage du temps, et deux dagues ornées de joyaux. Sans se poser plus de questions, il empocha le tout et après avoir vérifié le pouls de l’homme et paniqué, croyant l’avoir tué, il se souvint que c’était un Darah, sans pouls par définition, et il le traîna à l’écart par souci de discrétion avant de rejoindre ses compagnons, qui le félicitèrent. Redoublant de prudence, ils continuèrent à avancer, avant de se retrouver devant une porte, épaisse et très ouvragée, assez pour être jolie, très exactement à l’endroit où, sur le plan que Jostoph avait encore dans sa poche, le tuyau se terminait. Immédiatement, Caïn posa son oreille contre le battant, puis se recula avec un air dépité:
“Je n’entends rien, c’est du métal.”
Avec une grimace, Gabriel s’approcha, afin d’étudier un peu plus la décoration de la porte. Il y découvrit quatre personnages, qu’il identifia comme des Darahs avec le faciès élimé et leurs dents proéminentes formant la base d’un arbre généalogique qui remontait jusqu’en haut de la porte. Corvus de son côté informa ses compagnons que les Drahas, peuple de nuit, se divisaient en deux castes: les Nés-Darahs, à la fois rares et prestigieux, et les transformés. Il savait qu’ils avaient tendance à s’organiser en sociétés secrètes, actives la nuit, en parallèle de la vie des cités où ils résidaient. De nature secrète c’étaient des prédateurs, qui avaient besoin de sang frais pour survivre, et souvent très liés au monde de la nuit. Tout ceci n’expliquait en rien les cadavres: les Darahs avaient besoin de sang d’une personne encore vivante, sans quoi, cela relevait du suicide. Avec une grimace face à leur ignorance, ils ouvrirent la porte, non verrouillée, et virent dans un bâtiment souterrain. Caïn, discret, s’y engagea seul, le couloir devant lui menait un hall qui semblait être celui d’une auberge à très haut standing. Les convives semblaient n’être que des Darahs, vêtus de leurs plus beaux atours, rassemblés dans un décor chargé, des murs tendus de velours cramoisi aux motifs baroques aux tables brillantes sur lesquelles trônaient quelques victuailles fort peu ragoûtantes pour les aventuriers. Au-dessus de l’entrée, une superbe sculpture paraissait scintiller tant elle brillait. Elle représentait une pomme rouge, qui semblait flotter dans les airs par magie, et correspondait au nom de l’endroit, qu’ils entendirent: ils étaient à La Pomme Rouge.
“Tatatata où est-ce qu’on est tombés, sa mère ?!, lâcha fort peu élégamment Caïn.”
Re: Tabletop Elysion - groupe du vendredi - Campagne 1-Acte II
Ven 10 Juin 2022 - 18:59
Découverte de la Pomme Rouge
- CaïnTarima de son état mais complètement ignare en magie, il a préféré se tourner vers la rapine et la guerre lui a donné du boulot : Ferrailleur sur les champs de batailles, il passe après les batailles pour piller les corps de soldats laissés derrière avec des armes et ensuite revendre tout ce bel attirail contre de belles sommes.
- Gabrielun Duveteux candide ayant perdu son lien avec les personnes avec qui il travaillait comme coursier à cause de la guerre. Il a quelques connaissances en pharmacie car il amenait principalement des médicaments.
- Hermineune Clairvoyante et membre des Glaives, elle a un esprit particulièrement héroïque et empathique et souhaite amener le monde dans la bonne direction. Fille d’une famille noble, elle est souvent appelée Dame Hermine et dispose de ressources conséquentes (que ce soit de par son ascendance ou son affiliations aux Glaives). Porte si nécessaire une épaisse paire de lunettes pour compenser sa vue de taupe. Elle possède une armure artéfact, qui lui permet de lancer un défi à un adversaire si il est plus fort qu'elle. Elle renforce alors les capacités du porteur pour le mettre à niveau de son adversaire mais il lui devient strictement impossible de fuir le combat.
- Jostophun barde Télépathe qui s’est mis au service de Hermine, une vraie héroïne pleine de sous, contre rémunération. Il sait très bien qu’en restant aux côtés de la Dame, ils aura nombre d’histoires à raconter et cela le ravit. Il est né au village de Saintébert où les aventuriers vont rejoindre le Mathémagicien.
Caïn, abasourdi devant sa découverte, comprenant qu’il est tombé dans un repaire de Darahs, rebroussa doucement chemin, et rejoignit ses amis. Ceux-ci étaient très tendus: Gabriel, effrayé de la situation, craignait qu’en plus de tout, le garde assommé ne se réveille, là où Corvus était rendu encore plus nerveux par sa claustrophobie. Jostoph quant à lui ne put cacher son soulagement face au retour du jeune Tarima, lui qui était depuis quelques instants à le contacter via son lien télépathique, tout en n’osant pas s’y résoudre de peur de le déconcentrer et de mettre fin à sa discrétion, les trahissant tous du même coup.
“Je crois qu’on est juste tombés sur un bar clandestin de Darahs, les informa-t-il. Y a p’têtre un spectacle qui va commencer ils ont l’air d’attendre quelque chose, ajouta-t-il, avant de leur proposer d’y aller ensemble”.
Pourtant, ses compagnons, effrayés à l’idée que les Darahs aient faim, refusèrent, choisissant, puisque Caïn se sentait capable de le faire, de le laisser y aller seul, afin qu’il explore le lieu en toute discrétion, tout en restant en lien télépathique avec Jostoph. C’est donc ainsi qu’alors que Jostoph, Corvus et Gabriel s’enfonçaient, lumières éteintes dans le tunnel annexe afin de ne pas pouvoir être découverts par hasard, Caïn retourna dans la salle, s’attirant quelques regards surpris en ouvrant la porte: puisque son pouvoir le rendait invisible ou presque, on ne voyait qu’une porte qui s’ouvrait seule, comme agitée d’un courant d’air. S’immobilisant jusqu'à ce que les regards se détournent de lui, Caïn laissa passer quelques instants avant de reprendre son chemin. Doucement, il traversa la salle emplie de Darahs attablés, rasant les murs et faisant très attention à ne surtout rien cogner. Le sol, fait d’une sorte de pierre dure, assez lisse, semblait ne pas comporter de joints, et surtout, ne craquait pas sous se pas ce qu’il appréciait grandement. Il put également observer la décoration très chargée: de nombreux lustres à pampilles éclairaient la salle, assorties à des lampes de table qui créaient de petits espaces plus intimes. Au mur, la tapisserie d’un rouge profond, ornée de motifs baroques à circonvolutions faisait paraître la pièce plus petite qu’elle ne l’était. Au centre trônait un bar rond, où officiait un barman qui ne servait que des boissons rouges -le Tarima décida de ne pas se questionner sur le contenu des verres, et encore moins sur la provenance de ce contenu. Aux murs, il y avait quelques lampes, mais surtout beaucoup de décoration: des tableaux dans des cadres aux ornements chargés et brillants, des objets variés, certaines choses qui ressemblaient à des parchemins, sans qu’il ne parvienne à lire ce qu’il y avait écrit dessus. Il y avait deux portes dans la salle: la porte d’entrée, par laquelle il était passée, située à l’exact opposé d’une autre porte, très ouvragée, vers laquelle il se dirigeait tout droit. Doucement, il parvint à ouvrir la porte à laquelle il était arrivé, créant un nouveau petit moment de flottement: cela faisait peut-être tout de même beaucoup de courants d’air pour un lieu situé sous terre. Pourtant, très vite, cette attention se détourna, de nouveaux convives venant d’entrer. Il se faufila donc de l’autre côté de la porte avec un soupir de soulagement, pour se trouver dans un couloir qui se déroulait à sa droite comme à sa gauche, ses murs couverts d’une tapisserie couverte de motifs, avec ce qu’il crut identifier comme des rames noblières s‘étirant assez loin. A intervalles réguliers, il y avait des portes, avec des plaques numérotées. Pas de doute, il était bien dans ce qui ressemblait fort à un hôtel. Face à lui, une énorme porte à double battants, fermée par une barre, aussi imposante que impressionnante. A son sujet, Caïn n’avait aucun doute: il ne pourrait pas l’ouvrir, et ne voulait même pas tenter. Il obliqua vers sa droite, tenta de crocheter une serrure sans aucun succès: celle-ci semblait être très technique, et lui résista. Il cessa d’essayer juste avant de casser ses précieux outils, et se gratta la tête face à cette résistance inattendue, avant de décider de réessayer ailleurs, plus tard. Il continua son exploration, découvrant un couloir formant un carré semblant tourner autour de la pièce gardée par l’énorme porte à double battant. Aucune chambre ne donnait d’ailleurs de ce côté, toutes les portes étant situées en face de ce mystérieux espace. Les chambres semblaient être numérotées par ordre croissant à partir de la porte, en partant de 400. A l’angle suivant, il trouva un escalier en colimaçon. Il était en réalité sur un palier, qui lui permettait de monter comme de descendre, et il choisit de partir vers le haut. Au palier suivant, il sortit, et se retrouva dans un couloir en tous points semblable à celui qu’il venait de quitter. Surpris, il continua à monter, constatant le même schéma à chaque étage, si ce n’était qu’à chaque étage, la moquette semblait plus épaisse, la tapisserie plus brillante, les portes un peu plus éloignées, et l’énorme porte un peu plus ouvragée. Chaque étage avait son numéro de portes. Au bout du quatrième étage, il n’y avait plus d’escaliers, et il redescendit, allant jusqu’à deux étages inférieurs à celui du bar, où les escaliers s’arrêtèrent de nouveau. Là, les portes existaient aussi, mais n’étaient pas numérotées. De plus, il n’y avait pas de tapisserie sur les murs, pas de moquette au sol, pas d’ornements ni de chichis. Il lui semblait bien être à un étage de service. De nouveau, il se retrouva dans l’impossibilité d’ouvrir la moindre porte. Sentant qu’il commençait à fatiguer, il décida de remonter (non sans avoir soulagé sa vessie trop pleine dans un coin), et de rejoindre ses compagnons, lesquels discutaient, un peu nerveux, dans un tunnel isolé. Voyant revenir leur ami, ils sautèrent sur leurs pieds et sabots, et Gabriel se précipita vers Caïn, afin de le prendre dans ses bras, et de l’inspecter sous toutes les coutures, à la recherches de trous pouvant avoir été faits par des canines très affutées:
“Allons allons Gabriel, tu sais bien que la seule personne dont je suis mordu c’est Philomène hahaha !”
Voyant que sa blague était totalement tombée à plat, Caïn commença à expliquer en détail ses découvertes. A la lumière de son récit, une question demeurait pourtant: où donc les Darahs dissimulaient-ils les cadavres ? (et à quoi diable servaient-ils, puisqu'ils ne pouvaient boire que du sang frais ?) À partir de là, il fallut prendre une décision: partir ou rester ? Si Gabriel voulait partir, et emporter le garde ligoté afin qu’il réponde à leurs questions, c’est cependant l’autre option qui l’emporta, et ils allèrent s’asseoir à une table, faisant comme si c’était leur place naturelle et espérant, comme l’avait suggéré Jostoph, être plus dans un bar underground qu’un véritable bar à Darahs. Ils étaient la cible de toutes les attentions des convives, et très vite, le barman se dirigea vers eux, leur demandant sèchement s’il pouvait leur servir quelque chose: si Jostoph demanda un verre de leur meilleur vin rouge, Corvus et Gabriel demandèrent une grenadine, là où Caïn décida de rester à l’eau. Cependant, sous le regard noir du barman et sa grimace peu amène, accompagnée d’un coup de coude bien senti du barde, il demanda une bière, et il s’avéra qu’ils n’avaient que de la bière “aux fruits rouges”, ce qu’il accepta de mauvais gré. Après avoir promis que leur commande arriverait bientôt, le Darah s’éclipsa. Caïn maugréa: il était persuadé qu’ils allaient tenter de les transformer en Darahs, et remplacer son sang par du pipi. s’ensuivit un dialogue des plus loufoques avec Gabriel, qui leur attira tous les regards, alors que Gabriel faisait des grands sourires et de petits saluts à l’assemblée, là où Jostoph tentait d’ouvrir la conversation, affable, avec chaque personne qui les regardait, créant une scène absurde. C’est à cet instant que le barman revint vers eux avec un plateau chargé de quatre verres, qu'il déposa devant eux, en ouvrant ainsi la conversation:
“Et voilà ! Bon, c’est rare de voir des gens comme vous par ici !
- Comme nouuus ? demanda innocemment Caïn
- Des artistes vous voulez dire ! corrige Jostoph
- Oui, des artistes, c’est ça. Je pensais à des … colorés, lâcha-t-il, mais …
- Quelles sont ces insinuations ?
- Diurnes vous voulez dire? proposa Caïn
- Oui, voilà, diurnes ! confirma l’homme. Je peux vous aider à quelque chose ?
- Tout à fait mon brave ! Nous sommes des artistes qui cherchons le repos de l’âme et du corps, ainsi que de l’estomac ! Auriez-vous des chambres, où nous pourrions nous reposer et nous restaurer ?”
L’homme, qui était manifestement plus le tenancier du lieu que le barman, leur confirma qu'il leur restait des chambres de libre. Cependant, disait-il, l’endroit était huppé, et les chambres ne leur seraient sans doute pas accessibles, pour une question de prestige.
“Et ça, ça compte comme prestige ? l’interrompit Corvus, en montrant sa main aux ongles colorés.
- Je ne suis pas certain que vos goûts douteux en matière de vernis à ongle vous servent à quoi que ce soit ici, répliqua l’homme, sans remarquer le regard interloqué que Jostoph lançait au centaure.
- Et ça, ça vous dit quelque chose ? demanda soudain Caïn en faisant glisser, sur conseil de Gabriel, le badge à la cunée sur la table.”
Il y eut un moment de flottement, où l’homme, surpris, les regarda tour à tour, en clignant des yeux, puis il se reprit.
“Oui, tout à fait. Je comprends mieux les raisons de votre présence ici. Vous souhaitez entrer en contact avec … ? Ou peut-être … juste regarder ?”
Après un rapide échange de regards, les aventuriers optèrent pour la seconde option, et après une courbette un peu raide et leur avoir souhaité la bienvenue à la Pomme Rouge, l’homme s'éloigna, en promettant de leur trouver des chambres. Lorsqu'il eut disparu par la porte, qu’il ferma soigneusement derrière lui, Caïn renifla sa boisson, qui avait une odeur ferreuse. Dégoûté, il la repoussa sans y toucher, tandis que Jostoph comme Gabriel, révulsés par le contenu de leurs verres, les reposèrent. Corvus fut le seul à siroter un peu, par politesse. S’il n’y avait ni grenadine, ni vin, ni bière dans leurs verres, il était cependant intéressant de constater que, tout en étant nettement toutes à base de sang, les boissons avaient une consistance, une épaisseur, une couleur, peut-être même un goût pour les connaisseurs, très différents les unes des autres. Jostoph avait même pu constater que sa boisson était alcoolisée, comme un véritable verre de vin. Ils ne souhaitaient cependant pas vraiment en savoir plus, et échangèrent quelques regards un peu nerveux, alors même que le tenancier arrivait près d’eux. Il les invita à le suivre, et ils s’exécutèrent. Il les amena dans le couloir de son niveau:
“Vous êtes ici au quatrième étage. Evidemment, c’est le quatrième étage vers l'intérieur. Je vous invite à prendre ce couloir, fit-il avec un signe de la main. Vous trouverez des escaliers: n'hésitez pas vous pouvez monter deux étages vous vous retrouverez dans les chambres 201 à 216. Vous avez des places réservées dans les chambres 214 et 215. Je vous laisse, je dois surveiller les gens de l'autre côté, si vous avez besoin de quoi que ce soit, n’hésitez pas.”
Et sur ces mots, il les laissa seuls.
“Merci Gabriel pour ton idée de génie ! lui dit Caïn en lui ébouriffant les cheveux”
Surpris que leur coup de poker ait fonctionné, les aventuriers s’en furent vers leurs chambres, qu’ils trouvèrent non verrouillées. En entrant, ils découvrirent deux chambres communicantes spacieuses, munies de lits doubles au matelas épais, tendus de draps propres, avec un linge de lit raffiné. Le décor, toujours chargé, évoquait l'intérieur de maisons bourgeoises. Surpris de voir des fenêtres, ils tentèrent de tirer les rideaux, pour découvrir de la roche derrière, ce qui les étonna peut-être encore plus. Ils vérifièrent le contenu des tiroirs, vides, et du mini bar, où ils trouvèrent des sachets de billes rougeâtres tirant sur le noir. Lorsqu’ils identifièrent ceci comme des caillots de sang, ils les reposèrent, écoeurés. Dans la salle de bains en carreaux blancs, brillants, veinés de manière à ressembler à du marbre, ils découvrirent de quoi se laver avec des produits tout spécialement adaptés aux peaux sensibles et aux cheveux clairs. Tout ceci leur confirmait ce qu’ils craignaient: ils étaient bel et bien dans un repère de Darahs, lié en plus de ça à la secte qu’ils traquaient. Se posait à présent la question: maintenant qu'ils étaient là, que faire ?
“Et si on demandait à ce qu’on nous amène ceux qui se sont identifiés avec le même badge que nous ? suggéra le Duveteux. Comme pour faire une réunion !
- Ils risquent de nous demander des noms, et on ne sera pas capable de leur en donner, objecta Corvus.
- Je suis d’accord, renchérit Caïn. On a eu beaucoup de chance jusque là, et les cultistes doivent déjà être en ébullition avec nos évasions, et les soucis qu’on leur a causés. A mon avis, ils vont se méfier.”
Alors qu’ils parlaient, et que Jostoph approuvait en hochant la tête, on frappa à leur porte. Après un échange de regards, c’est Gabriel qui alla ouvrir, découvarnt une femme plutôt jeune, bien habillée, et très jolie, qu’il salua:
“Bonjour. J’ai cru comprendre que de nouveaux arrivants étaient à La Pomme Rouge ? je venais me présenter, je suis Eugénie, je suis à la chambre d’à côté, dit-elle, et après qu’ils l’eurent tous saluée, elle ajouta: Enchantée également ! C’est rare d’avoir de nouveaux voisins, ou colocataires, comme vous voudrez. Si vous avez des questions, n'hésitez pas. Et vous êtes … ?
- Je suis Chrideb, se présenta Caïn.
- Paul, enchanté, vraiment, lui dit Gabriel avec un sourire angélique.
- Je me nomme Alphine, lui confia Jostoph, et, la voyant tiquer, il ajouta: Je ne me mettrai pas torse nu pour vos beaux yeux, madame !
- Quant à moi, je m’appelle Mahal, termina Corvus.
- Eh bien de nouveau, un plaisir de vous rencontrer, dit-elle en souriant, et en entrant. Oh vous avez une plus belle vue que moi, il y a des gens chanceux par ici !”
Sa plaisanterie déclencha un rire nerveux de Caïn. Afin de le disimuler, c’est Jostoph qui prit la parole, et demanda à la jeune femme:
“Eugénie, c’est la première fois que nous venons ici comme vous le savez et nous ne voudrions pas manquer de respect à nos hôtes. Que pourriez-vous nous dire que l'étiquette de l'endroit, ses horaires, etc, histoire que nous ne commettions pas de faux pas ?
- Bien sûr je comprends ! dit-elle en souriant de plus belle. En plus ici c’est une bonne question à poser puisque l’étiquette est au cœur de moeurs. Imaginez-vous à la Cour: vous allez avoir un certain nombre de gens bien placés aristocratiquement, et chacun doit le respect à celui au-dessus de lui. C'est comme ça que ça s'est organisé ici également. Nous aimons ce qui est beau, et avons une tendance aux secrets, comme dans toute Cour, glissa-t-elle dans un sourire charmant. D’ailleurs, il y a parfois des portes qui communiquent entre les chambres afin de communiquer sans se montrer. Oh, évidemment, il faudra assister au banquet ! Lorsque vous entendrez les cloches et que la porte centrale sera ouverte ce sera le moment, vous aurez accès à celui de votre étage et des inférieurs”
Ils discutèrent encore un peu avec elle. Elle les informa de la régularité des dits banquets, et de l'impossibilité d’accéder aux étages du dessus sans y avoir été invités. Elle leur proposa également de les présenter à ceux qu’elles connaissent, ce qu’ils acceptèrent, puis se retira avec une semie-révérence après les avoir remerciés de leur accueil. Après son départ, Caïn attendit une dizaine de secondes avant d’ouvrir la porte constatant qu’il n’y avait personne, il la referma, soulagé, et la verrouilla, puis fit de même avec la porte de la chambre voisine, et toutes celles qui communiquaient avec les chambres qui n'étaient pas les leurs. Nerveux, ayant la sensation d’être en plein dans un nid de frelons, ils décidèrent de tenter de se reposer avant le banquet, afin d’être en forme au moment qui serait idéal pour continuer leur exploration. Ils se succédèrent à la douche, restant tous dans la même chambre avant de se coucher, discutant un peu.
“Je crois qu’on est juste tombés sur un bar clandestin de Darahs, les informa-t-il. Y a p’têtre un spectacle qui va commencer ils ont l’air d’attendre quelque chose, ajouta-t-il, avant de leur proposer d’y aller ensemble”.
Pourtant, ses compagnons, effrayés à l’idée que les Darahs aient faim, refusèrent, choisissant, puisque Caïn se sentait capable de le faire, de le laisser y aller seul, afin qu’il explore le lieu en toute discrétion, tout en restant en lien télépathique avec Jostoph. C’est donc ainsi qu’alors que Jostoph, Corvus et Gabriel s’enfonçaient, lumières éteintes dans le tunnel annexe afin de ne pas pouvoir être découverts par hasard, Caïn retourna dans la salle, s’attirant quelques regards surpris en ouvrant la porte: puisque son pouvoir le rendait invisible ou presque, on ne voyait qu’une porte qui s’ouvrait seule, comme agitée d’un courant d’air. S’immobilisant jusqu'à ce que les regards se détournent de lui, Caïn laissa passer quelques instants avant de reprendre son chemin. Doucement, il traversa la salle emplie de Darahs attablés, rasant les murs et faisant très attention à ne surtout rien cogner. Le sol, fait d’une sorte de pierre dure, assez lisse, semblait ne pas comporter de joints, et surtout, ne craquait pas sous se pas ce qu’il appréciait grandement. Il put également observer la décoration très chargée: de nombreux lustres à pampilles éclairaient la salle, assorties à des lampes de table qui créaient de petits espaces plus intimes. Au mur, la tapisserie d’un rouge profond, ornée de motifs baroques à circonvolutions faisait paraître la pièce plus petite qu’elle ne l’était. Au centre trônait un bar rond, où officiait un barman qui ne servait que des boissons rouges -le Tarima décida de ne pas se questionner sur le contenu des verres, et encore moins sur la provenance de ce contenu. Aux murs, il y avait quelques lampes, mais surtout beaucoup de décoration: des tableaux dans des cadres aux ornements chargés et brillants, des objets variés, certaines choses qui ressemblaient à des parchemins, sans qu’il ne parvienne à lire ce qu’il y avait écrit dessus. Il y avait deux portes dans la salle: la porte d’entrée, par laquelle il était passée, située à l’exact opposé d’une autre porte, très ouvragée, vers laquelle il se dirigeait tout droit. Doucement, il parvint à ouvrir la porte à laquelle il était arrivé, créant un nouveau petit moment de flottement: cela faisait peut-être tout de même beaucoup de courants d’air pour un lieu situé sous terre. Pourtant, très vite, cette attention se détourna, de nouveaux convives venant d’entrer. Il se faufila donc de l’autre côté de la porte avec un soupir de soulagement, pour se trouver dans un couloir qui se déroulait à sa droite comme à sa gauche, ses murs couverts d’une tapisserie couverte de motifs, avec ce qu’il crut identifier comme des rames noblières s‘étirant assez loin. A intervalles réguliers, il y avait des portes, avec des plaques numérotées. Pas de doute, il était bien dans ce qui ressemblait fort à un hôtel. Face à lui, une énorme porte à double battants, fermée par une barre, aussi imposante que impressionnante. A son sujet, Caïn n’avait aucun doute: il ne pourrait pas l’ouvrir, et ne voulait même pas tenter. Il obliqua vers sa droite, tenta de crocheter une serrure sans aucun succès: celle-ci semblait être très technique, et lui résista. Il cessa d’essayer juste avant de casser ses précieux outils, et se gratta la tête face à cette résistance inattendue, avant de décider de réessayer ailleurs, plus tard. Il continua son exploration, découvrant un couloir formant un carré semblant tourner autour de la pièce gardée par l’énorme porte à double battant. Aucune chambre ne donnait d’ailleurs de ce côté, toutes les portes étant situées en face de ce mystérieux espace. Les chambres semblaient être numérotées par ordre croissant à partir de la porte, en partant de 400. A l’angle suivant, il trouva un escalier en colimaçon. Il était en réalité sur un palier, qui lui permettait de monter comme de descendre, et il choisit de partir vers le haut. Au palier suivant, il sortit, et se retrouva dans un couloir en tous points semblable à celui qu’il venait de quitter. Surpris, il continua à monter, constatant le même schéma à chaque étage, si ce n’était qu’à chaque étage, la moquette semblait plus épaisse, la tapisserie plus brillante, les portes un peu plus éloignées, et l’énorme porte un peu plus ouvragée. Chaque étage avait son numéro de portes. Au bout du quatrième étage, il n’y avait plus d’escaliers, et il redescendit, allant jusqu’à deux étages inférieurs à celui du bar, où les escaliers s’arrêtèrent de nouveau. Là, les portes existaient aussi, mais n’étaient pas numérotées. De plus, il n’y avait pas de tapisserie sur les murs, pas de moquette au sol, pas d’ornements ni de chichis. Il lui semblait bien être à un étage de service. De nouveau, il se retrouva dans l’impossibilité d’ouvrir la moindre porte. Sentant qu’il commençait à fatiguer, il décida de remonter (non sans avoir soulagé sa vessie trop pleine dans un coin), et de rejoindre ses compagnons, lesquels discutaient, un peu nerveux, dans un tunnel isolé. Voyant revenir leur ami, ils sautèrent sur leurs pieds et sabots, et Gabriel se précipita vers Caïn, afin de le prendre dans ses bras, et de l’inspecter sous toutes les coutures, à la recherches de trous pouvant avoir été faits par des canines très affutées:
“Allons allons Gabriel, tu sais bien que la seule personne dont je suis mordu c’est Philomène hahaha !”
Voyant que sa blague était totalement tombée à plat, Caïn commença à expliquer en détail ses découvertes. A la lumière de son récit, une question demeurait pourtant: où donc les Darahs dissimulaient-ils les cadavres ? (et à quoi diable servaient-ils, puisqu'ils ne pouvaient boire que du sang frais ?) À partir de là, il fallut prendre une décision: partir ou rester ? Si Gabriel voulait partir, et emporter le garde ligoté afin qu’il réponde à leurs questions, c’est cependant l’autre option qui l’emporta, et ils allèrent s’asseoir à une table, faisant comme si c’était leur place naturelle et espérant, comme l’avait suggéré Jostoph, être plus dans un bar underground qu’un véritable bar à Darahs. Ils étaient la cible de toutes les attentions des convives, et très vite, le barman se dirigea vers eux, leur demandant sèchement s’il pouvait leur servir quelque chose: si Jostoph demanda un verre de leur meilleur vin rouge, Corvus et Gabriel demandèrent une grenadine, là où Caïn décida de rester à l’eau. Cependant, sous le regard noir du barman et sa grimace peu amène, accompagnée d’un coup de coude bien senti du barde, il demanda une bière, et il s’avéra qu’ils n’avaient que de la bière “aux fruits rouges”, ce qu’il accepta de mauvais gré. Après avoir promis que leur commande arriverait bientôt, le Darah s’éclipsa. Caïn maugréa: il était persuadé qu’ils allaient tenter de les transformer en Darahs, et remplacer son sang par du pipi. s’ensuivit un dialogue des plus loufoques avec Gabriel, qui leur attira tous les regards, alors que Gabriel faisait des grands sourires et de petits saluts à l’assemblée, là où Jostoph tentait d’ouvrir la conversation, affable, avec chaque personne qui les regardait, créant une scène absurde. C’est à cet instant que le barman revint vers eux avec un plateau chargé de quatre verres, qu'il déposa devant eux, en ouvrant ainsi la conversation:
“Et voilà ! Bon, c’est rare de voir des gens comme vous par ici !
- Comme nouuus ? demanda innocemment Caïn
- Des artistes vous voulez dire ! corrige Jostoph
- Oui, des artistes, c’est ça. Je pensais à des … colorés, lâcha-t-il, mais …
- Quelles sont ces insinuations ?
- Diurnes vous voulez dire? proposa Caïn
- Oui, voilà, diurnes ! confirma l’homme. Je peux vous aider à quelque chose ?
- Tout à fait mon brave ! Nous sommes des artistes qui cherchons le repos de l’âme et du corps, ainsi que de l’estomac ! Auriez-vous des chambres, où nous pourrions nous reposer et nous restaurer ?”
L’homme, qui était manifestement plus le tenancier du lieu que le barman, leur confirma qu'il leur restait des chambres de libre. Cependant, disait-il, l’endroit était huppé, et les chambres ne leur seraient sans doute pas accessibles, pour une question de prestige.
“Et ça, ça compte comme prestige ? l’interrompit Corvus, en montrant sa main aux ongles colorés.
- Je ne suis pas certain que vos goûts douteux en matière de vernis à ongle vous servent à quoi que ce soit ici, répliqua l’homme, sans remarquer le regard interloqué que Jostoph lançait au centaure.
- Et ça, ça vous dit quelque chose ? demanda soudain Caïn en faisant glisser, sur conseil de Gabriel, le badge à la cunée sur la table.”
Il y eut un moment de flottement, où l’homme, surpris, les regarda tour à tour, en clignant des yeux, puis il se reprit.
“Oui, tout à fait. Je comprends mieux les raisons de votre présence ici. Vous souhaitez entrer en contact avec … ? Ou peut-être … juste regarder ?”
Après un rapide échange de regards, les aventuriers optèrent pour la seconde option, et après une courbette un peu raide et leur avoir souhaité la bienvenue à la Pomme Rouge, l’homme s'éloigna, en promettant de leur trouver des chambres. Lorsqu'il eut disparu par la porte, qu’il ferma soigneusement derrière lui, Caïn renifla sa boisson, qui avait une odeur ferreuse. Dégoûté, il la repoussa sans y toucher, tandis que Jostoph comme Gabriel, révulsés par le contenu de leurs verres, les reposèrent. Corvus fut le seul à siroter un peu, par politesse. S’il n’y avait ni grenadine, ni vin, ni bière dans leurs verres, il était cependant intéressant de constater que, tout en étant nettement toutes à base de sang, les boissons avaient une consistance, une épaisseur, une couleur, peut-être même un goût pour les connaisseurs, très différents les unes des autres. Jostoph avait même pu constater que sa boisson était alcoolisée, comme un véritable verre de vin. Ils ne souhaitaient cependant pas vraiment en savoir plus, et échangèrent quelques regards un peu nerveux, alors même que le tenancier arrivait près d’eux. Il les invita à le suivre, et ils s’exécutèrent. Il les amena dans le couloir de son niveau:
“Vous êtes ici au quatrième étage. Evidemment, c’est le quatrième étage vers l'intérieur. Je vous invite à prendre ce couloir, fit-il avec un signe de la main. Vous trouverez des escaliers: n'hésitez pas vous pouvez monter deux étages vous vous retrouverez dans les chambres 201 à 216. Vous avez des places réservées dans les chambres 214 et 215. Je vous laisse, je dois surveiller les gens de l'autre côté, si vous avez besoin de quoi que ce soit, n’hésitez pas.”
Et sur ces mots, il les laissa seuls.
“Merci Gabriel pour ton idée de génie ! lui dit Caïn en lui ébouriffant les cheveux”
Surpris que leur coup de poker ait fonctionné, les aventuriers s’en furent vers leurs chambres, qu’ils trouvèrent non verrouillées. En entrant, ils découvrirent deux chambres communicantes spacieuses, munies de lits doubles au matelas épais, tendus de draps propres, avec un linge de lit raffiné. Le décor, toujours chargé, évoquait l'intérieur de maisons bourgeoises. Surpris de voir des fenêtres, ils tentèrent de tirer les rideaux, pour découvrir de la roche derrière, ce qui les étonna peut-être encore plus. Ils vérifièrent le contenu des tiroirs, vides, et du mini bar, où ils trouvèrent des sachets de billes rougeâtres tirant sur le noir. Lorsqu’ils identifièrent ceci comme des caillots de sang, ils les reposèrent, écoeurés. Dans la salle de bains en carreaux blancs, brillants, veinés de manière à ressembler à du marbre, ils découvrirent de quoi se laver avec des produits tout spécialement adaptés aux peaux sensibles et aux cheveux clairs. Tout ceci leur confirmait ce qu’ils craignaient: ils étaient bel et bien dans un repère de Darahs, lié en plus de ça à la secte qu’ils traquaient. Se posait à présent la question: maintenant qu'ils étaient là, que faire ?
“Et si on demandait à ce qu’on nous amène ceux qui se sont identifiés avec le même badge que nous ? suggéra le Duveteux. Comme pour faire une réunion !
- Ils risquent de nous demander des noms, et on ne sera pas capable de leur en donner, objecta Corvus.
- Je suis d’accord, renchérit Caïn. On a eu beaucoup de chance jusque là, et les cultistes doivent déjà être en ébullition avec nos évasions, et les soucis qu’on leur a causés. A mon avis, ils vont se méfier.”
Alors qu’ils parlaient, et que Jostoph approuvait en hochant la tête, on frappa à leur porte. Après un échange de regards, c’est Gabriel qui alla ouvrir, découvarnt une femme plutôt jeune, bien habillée, et très jolie, qu’il salua:
“Bonjour. J’ai cru comprendre que de nouveaux arrivants étaient à La Pomme Rouge ? je venais me présenter, je suis Eugénie, je suis à la chambre d’à côté, dit-elle, et après qu’ils l’eurent tous saluée, elle ajouta: Enchantée également ! C’est rare d’avoir de nouveaux voisins, ou colocataires, comme vous voudrez. Si vous avez des questions, n'hésitez pas. Et vous êtes … ?
- Je suis Chrideb, se présenta Caïn.
- Paul, enchanté, vraiment, lui dit Gabriel avec un sourire angélique.
- Je me nomme Alphine, lui confia Jostoph, et, la voyant tiquer, il ajouta: Je ne me mettrai pas torse nu pour vos beaux yeux, madame !
- Quant à moi, je m’appelle Mahal, termina Corvus.
- Eh bien de nouveau, un plaisir de vous rencontrer, dit-elle en souriant, et en entrant. Oh vous avez une plus belle vue que moi, il y a des gens chanceux par ici !”
Sa plaisanterie déclencha un rire nerveux de Caïn. Afin de le disimuler, c’est Jostoph qui prit la parole, et demanda à la jeune femme:
“Eugénie, c’est la première fois que nous venons ici comme vous le savez et nous ne voudrions pas manquer de respect à nos hôtes. Que pourriez-vous nous dire que l'étiquette de l'endroit, ses horaires, etc, histoire que nous ne commettions pas de faux pas ?
- Bien sûr je comprends ! dit-elle en souriant de plus belle. En plus ici c’est une bonne question à poser puisque l’étiquette est au cœur de moeurs. Imaginez-vous à la Cour: vous allez avoir un certain nombre de gens bien placés aristocratiquement, et chacun doit le respect à celui au-dessus de lui. C'est comme ça que ça s'est organisé ici également. Nous aimons ce qui est beau, et avons une tendance aux secrets, comme dans toute Cour, glissa-t-elle dans un sourire charmant. D’ailleurs, il y a parfois des portes qui communiquent entre les chambres afin de communiquer sans se montrer. Oh, évidemment, il faudra assister au banquet ! Lorsque vous entendrez les cloches et que la porte centrale sera ouverte ce sera le moment, vous aurez accès à celui de votre étage et des inférieurs”
Ils discutèrent encore un peu avec elle. Elle les informa de la régularité des dits banquets, et de l'impossibilité d’accéder aux étages du dessus sans y avoir été invités. Elle leur proposa également de les présenter à ceux qu’elles connaissent, ce qu’ils acceptèrent, puis se retira avec une semie-révérence après les avoir remerciés de leur accueil. Après son départ, Caïn attendit une dizaine de secondes avant d’ouvrir la porte constatant qu’il n’y avait personne, il la referma, soulagé, et la verrouilla, puis fit de même avec la porte de la chambre voisine, et toutes celles qui communiquaient avec les chambres qui n'étaient pas les leurs. Nerveux, ayant la sensation d’être en plein dans un nid de frelons, ils décidèrent de tenter de se reposer avant le banquet, afin d’être en forme au moment qui serait idéal pour continuer leur exploration. Ils se succédèrent à la douche, restant tous dans la même chambre avant de se coucher, discutant un peu.
Re: Tabletop Elysion - groupe du vendredi - Campagne 1-Acte II
Ven 10 Juin 2022 - 19:01
Le Banquet
- CaïnTarima de son état mais complètement ignare en magie, il a préféré se tourner vers la rapine et la guerre lui a donné du boulot : Ferrailleur sur les champs de batailles, il passe après les batailles pour piller les corps de soldats laissés derrière avec des armes et ensuite revendre tout ce bel attirail contre de belles sommes.
- Gabrielun Duveteux candide ayant perdu son lien avec les personnes avec qui il travaillait comme coursier à cause de la guerre. Il a quelques connaissances en pharmacie car il amenait principalement des médicaments.
- Hermineune Clairvoyante et membre des Glaives, elle a un esprit particulièrement héroïque et empathique et souhaite amener le monde dans la bonne direction. Fille d’une famille noble, elle est souvent appelée Dame Hermine et dispose de ressources conséquentes (que ce soit de par son ascendance ou son affiliations aux Glaives). Porte si nécessaire une épaisse paire de lunettes pour compenser sa vue de taupe. Elle possède une armure artéfact, qui lui permet de lancer un défi à un adversaire si il est plus fort qu'elle. Elle renforce alors les capacités du porteur pour le mettre à niveau de son adversaire mais il lui devient strictement impossible de fuir le combat.
- Jostophun barde Télépathe qui s’est mis au service de Hermine, une vraie héroïne pleine de sous, contre rémunération. Il sait très bien qu’en restant aux côtés de la Dame, ils aura nombre d’histoires à raconter et cela le ravit. Il est né au village de Saintébert où les aventuriers vont rejoindre le Mathémagicien.
Alors qu’ils se préparaient à aller au lit et que Corvus était toujours sous la douche, Hermine se matérialisa soudain dans la pièce, entre eux tous, vêtue de son armure de plaques complète. Après que l’émotion proche de la crise cardiaque provoquée par son apparition soudaine au milieu des aventuriers déjà tendus soit passée, elle leur expliqua qu’elle avait à l’aide de leur message, des données qu’elle avait retrouvées, et du lien qui l’unissait à Jostoph, réussi à déterminer leur position et compris qu'il se trouvait sous terre. Après avoir laissé un message aux Glaives au cas où il y aurait un problème, les prévenant qu’il y avait une bagarre plutôt garantie à cet endroit-là, elle était allée rejoindre un très bon magicien qui s’était spécialisé dans la téléportation contre finances, ce qui expliquait son arrivée soudaine.
Manifestement ravie de retrouver son gambison, sa tunique, son armure, bref, de se débarrasser de sa robe, elle était impatiente d'aller taper sur des gens, et ne put retenir une moue déçue lorsque Gabriel lui expliqua qu’actuellement ils étaient gentils,et allaient au banquet pacifiquement pour en savoir plus. Son agacement sembla augmenter quand Jostoph s’inquiéta: que dire lorsque inévitablement on leur demanderait comment diable Hermine avait bien pu arriver là ? Piquée, elle répliqua qu’elle ferait valoir son statut afin de faire taire les curieux et de couper court aux questions. Elle leur demanda ensuite de lui résumer leurs aventures pour arriver jusque là, ce à quoi ils se plièrent: ils lui parlèrent des tunnels, de la cunée sauf-conduit qui leur avait permis d’être bien placés, d’Eugénie, ainsi que du banquet. Ils précisèrent, à sa demande, qu’ils ne savaient pas du tout quelle caste sociale composait la secte recherchée, mais jusque-là, ils avaient vu des gens plutôt socialement bien placés en faire partie, via Thalivor, haute gardée, et Frôle-la-Mort, médecin. Ils lui exposèrent également leur plan: aller au banquet, pour en savoir plus et tenter de repérer des personnes avec le même sauf-conduit qu’eux. Si ses compagnons proposaient que Jostoph serve de distraction, en faisant tout un numéro de barde, celui-ci renâclait quelque peu: il craignait que ce soit le genre de banquet où l’on mangeait l’artiste à la fin, et il craignait aussi de ne pas pouvoir utiliser son pouvoir correctement s’il devait en plus se concentrer sur la musique à produire. Lorsque Hermine leur annonça que les Glaives étaient prévenus, et qu’ils risquaient donc de faire un raid, les yeux de son barde faillirent lui sortir de la tête: ils ne devaient pas détruire la planque, mais bien s’infiltrer, et sa maîtresse venait de mettre en danger tout leur plan ! Pourtant, c’était trop tard, et il fallait s’y résoudre et s’adapter.
Pour changer de sujet et dissiper la tension, Gabriel, absolument pas conscient du danger imminent, parla du banquet, et de boissons qu’on leur avait servies, se demandant si tout serait à l’avenant, et suggérant que les bières étaient au jus de cadavre. Ceci suffit à finir de retourner l’estomac déjà bien éprouvé du pauvre CaÏn, qui s’en fut vomir soudain, entrant comme un beau diable dans la salle de bains où se douchait Corvus. Pourtant, il y découvrit une bien étrange chose: si l’eau coulait encore, il n’y avait plus de centaure en vue. Paniqué, il s’en fut chercher les autres, qui arrivèrent en force dans la petite pièce humide (mais pas embuée, n’ayant que de l’eau froide à disposition, les Darahs étant insensibles aux variations de température), pour effectivement découvrir la disparition du centaure.
“Il est peut-être parti chercher un shampooing spécial centaure ?” suggéra le Duveteux, arguant qu’étant très grand il avait besoin de beaucoup de savon pour tout son corps.”
Ceci ne sembla pas convaincre les autres, et chacun commença à chercher une trappe, un passage, un interstice, un indice pouvant expliquer cette soudaine disparition, sans arriver à rien, faisant ainsi monter d’un cran leur nervosité. Alors que Caïn allait jeter un oeil dans le couloir, vide, en appelant doucement leur compagnon, Jostoph tenta de le contacter par sa télépathie, sans arriver au moindre résultat. Inquiets, ils s'entre-regardèrent. La disparition de Corvus changeait des choses, et ils hésitaient à présent sur la stratégie à suivre. Hermine suggérait qu’ils aillent explorer et capturent quelqu’un qui passait, l'assommer et l’interroger de façon musclée, tandis que Jostoph était bien plus d’avis à aller au banquet comme prévu, et à écouter, observer, quitte à fuir. Caïn et Gabriel se rangèrent à l’avis de Jostoph, et l’un d’eux suggéra même à Hermine de se débarrasser de son armure, et de la cacher afin d’être plus discrète. Celle-ci, piquée et remplie d’un dédain tout nobilier, lui répliqua qu’elle était en armure car elle aimait être en armure, et ne voyait pas de raison de s’en débarrasser. De plus, son vêtement indiquait son rang et sa caste, et ce ne serait pas trop ici, au vu de ce qu’ils lui avaient raconté. Le marteau pendant à sa ceinture lui donnait un air solennel, soutenait-elle, et ainsi, on les laisserait tranquilles. Puis n’y tenant manifestement plus, elle sortit de la chambre, malgré l’avis de ses compagnons, et alla faire un tour dans le couloir, tentant d’ouvrir plusieurs chambres, avant d’aller toquer, militaire et sévère, à la porte voisine de la leur, Gabriel un peu caché derrière elle, Jostoph patientant dans la chambre avec Caïn qui commençait à paniquer. Une jeune femme brune, aux cehveux tirés en un chignon ouvragé, et au viasge un peu rond, pomettes hautes et yeux brillant, la bouche en coeur rougie, un sourire avenant, leur ouvrit: c’était bien Eugénie, qui avait eu le temps de se changer, et revêtait une robe assez moulante.
“Bonjour. Je peux vous aider ?
- Bonjour, madame Eugénie, fit Hermine assez sèchement. Mes hommes, dit-elle en désignant Gabriel d’un regard rapide désignant bien que ce sont les siens, m’ont dit que vous les aviez accueillis, je voulais donc vous transmettre mes remerciements d’une part. D’autre part je crains que l’un d’eux, Corvus, ne se soit perdu dans cet établissement. Je sais que vous connaissez mieux les lieux que moi, sauriez-vous m’indiquer comment le retrouver ?
- Oh … Très heureuse de faire votre connaissance, madame …
- Hermine Adela Schwanthaler. Dois-je vous adresser un titre ?
- Enchantée. Vous pouvez m'appeler voisine, fit-elle avec un sourire innocent. Si vous le souhaitez, nous pouvons aller parler au personnel, peut-être auront-il vu votre ami ?”
Lorsque Hermine accepta, Eugénie sortit de la pièce, les laissant apercevoir un homme assis sur le lit, qui ne leur rendit par leur salut. Il semblait n’avoir d’yeux que pour la jeune femme, sans pour autant être décidé à la suivre. Puis elle ferma la porte, et fit signe à Hermine et Gabriel de la suivre. Ils descendirent les escaliers, se retrouvèrent dans le bar de l’entrée, où Eugénie s’appuya, lascive et suggestive, sur le bureau et bar du tenancier, afin de lui demander s’il n’avait pas vu Corvus, qu’Hermine précisa être le centaure du groupe, passer. Malheureusement l’homme ne l’avait pas vu depuis son entrée dans l'établissement, mais promit, en voyant l'impatience et l’agacement d’Hermine, qui tapotait le manche de son marteau, que sa maison étant respectable, contrairement à tout ce que l’on pouvait en penser à la surface, il ferait en sorte de le retrouver: les bagarres et les disparitions ne faisaient pas partie de ce que l’on tolérait ici, manifestement. Hermine le remercia, et lui donna un peu d’argent, pour le dédommager de sa peine, et se laissa raccompagner à sa chambre par Eugénie, toujours très affable. La Clairvoyante avait tenté de déterminer, grâce à ses aptitudes, si on lui mentait ou pas, mais n’avait rien senti de particulier, et continua à faire la conversation, un peu raide. Ainsi, Eugénie l’informa que le dîner serait dans une heure.
“Devons-nous nous attendre à une surprise ? lui demanda-t-elle
- Oh ! Uniquement de quoi vous divertir ! Car que serait un banquet sans quelques amusements, n’est-ce pas, dame Schwanthaler ?”
Hermine sourit, guindée, sans répondre, et continua la conversation distraitement jusqu'à retrouver sa chambre, où elle informa ses compagnons de ses progrès, avant de leur faire la leçon sur quels couverts utiliser, tout en les prévenant que durant le banquet, elle reprendrait tous les codes des nobles, risquant de les battre froids. Aucun de ses compagnons ne protestèrent, tous un peu sonnés manifestement. Soudain, on toqua à leur porte: c’était le tenancier, qui venait les informer que non seulement ils n’avaient pas de nouvelles de Corvus, mais également que le banquet commençait, ce qui leur fut confirmé par les sons de cloche. Ils refermèrent, se remémorèrent leur plan, puis sortirent. La lourde porte à double-battants s’était ouverte, et il se dégageait de la salle sur laquelle elle donnait une odeur doucereuse, un peu âcre. En entrant, ils se trouvèrent dans ce qui ressemblait à des gradins, disposés en cercles concentriques, un à chaque étage, de plus en plus resserrés, permettant à ceux du haut d’être plus nombreux … ou d’avoir plus de place comprirent-ils vite en voyant quelques personnes extrêmement bien mises au-dessus d’eux, et les gens de plus en plus serrés, excités, mal vêtus, vulgaires, en descendant, les pires se trouvant au plus proche de ce qui ressemblait à une grande arène. En contrebas de celle-ci, des grilles, qui pouvaient très certainement s’ouvrir pour laisser passer des combattants. En balayant leur étage du regard, ils comprirent que la drôle d’odeur qu’ils avaient sentie venait du repas qu'on leur servait: il y avait plusieurs buffets, composés uniquement de viande et de chairs crues, sanguinolentes, accompagnées de boissons toutes plus rouges les unes que les autres, entraînant le buffet dans un camaïeu d’écarlates, de pourpres, de magenta et de carmins. Il y avait cependnat un peu de fromage, qui, en teintes plus calires, de jaunes ou de oranges, se voyait particulièrement.
“Lorsque toute l’attention sera mobilisée par le contenu de l’arène, tu pourras t’éclipser.” glissa Hermine à Caïn, ignorant les regards tournés vers eux.
Ils détonnaient de l'ensemble des convives: habillées simplement, voire pauvrement au vu des tenues arborées à leur étage, ils semblaient de plus être bien les seuls à ne pas être des Darahs des environs, sans même compter l’armure d’Hermine, aussi brillante que bruyante, qui attirait l’attention plus encore, si c’était possible. La noble s’avança jusqu’à une table où était assise une femme, qui détala à sa vue, manifestement impressionnée et effrayée. Les aventuriers s’y installèrent, Hermine semblant dominer tout le monde du regard, dédaigneuse , et Caïn rouspétant contre le gros plumage de Gabriel, qui l’empêchait de voir quoi que ce soit. La noble se fit servir de la viande, qu’elle ne parvient pas à identifier (elle soupçonnait que ce soit humain) afin d’imiter le reste de convives, alors que son barde fabriquait avec une serviette un panonceau indiquant “Table d’Hermine”. En écoutant, en bavardant, ils apprirent qu'en effet, plus les convives résidaient haut, plus elles étaient prestigieuses, et plus le banquet qui leur était servi était raffiné. La rumeur courait que la chambre 007 accueillait beaucoup de femmes, la plupart du temps de passage, mais qu’une dame l’occupait actuellement. Si les convives les évitaient, cela ne les empêchait pas de les entendre, et de constater l’importance du paraître (au vu des atours exhibés, Caïn envisageait même de voler des bagues). Ils ne voyaient cependant pas Eugénie (Hermine remarqua d’ailleurs, un peu acide, qu’elle sembalit être le genre de femme à aimer arriver en dernier afin de se faire remarquer). Gabriel seul souriait à tous ceux qui croisaient son regard, là où ses compagnons, Hermine en tête, arboraient une mine fermée. Ce fut d’ailleurs le Duveteux souriant et son air naïf et content qui semblèrent attirer l’attention de celui qui se comportait comme la star du lieu.
En effet, un homme venait d’entrer au rez de chaussée, une femme sous chaque bras. Dès son apparition, les regards s’étaient tournés vers lui, et le rythme de conversations avait semblé changer. Parlant fort, il se dirigea vers une table, discuta, puis leva les yeux et croisa le regard de Gabriel, qui lui sourit et lui fit un petit coucou de la main. Il lui répondit par un clin d’oeil, et, soulevant ses bras des épaules des femmes, à qui il murmura à l’oreille, il les laissa sur place et disparut. Un instant plus tard, il fut près d’eux, et s’adressa tout particulièrement au Duveteux:
“ Je ne crois pas vous avoir déjà rencontré ici, lui dit-il avec un regard charmeur. Enchanté ! ajouta-t-il avec un baisemain qui provoqua un gloussement de Gabriel. On m’appelle Timin”
- Appelez-moi Paul, lui répondit le Duveteux, écarlate et manifestement flatté d’être au cœur de l’attention.”
Sans trop savoir pourquoi, Caïn se sentit tiquer devant cette scène. Personne ne le remarqua, et la conversation continua son cours, Timin flattant Gabriel. Il était apparemment un habitué du lieu, et, l’oeil brillant, il évoqua ce qui allait se passer dans l’arène, sans dire la nature de l'événement qui provoquait ainsi l’excitation. Cependant, lorsqu’il évoqua la possibilité d’emporter “Paul” avec lui, à l’étage au dessus pour lui offrir une meilleure vue, faisant de nouveau glousser Gabriel, il sembla que Caïn bondit entre eux:
“C’est elle qu’il faut consulter pour ça”, cracha-t-il presque en désigna Dame Hermine.
Celle-ci s’éclaircit la gorge, et demanda à Gabriel ce qu’il voulait faire, et lorsque celui-ci dit qu’il souhaitait aller avec l’homme, Hermine céda, non sans quelques conditions, qui firent dire à Timin:
"Évidemment, enfin, je ne vais pas le manger !”
Sa plaisanterie, combinée au ton que lequel cette phrase avait été dite, et son sourire si doux qu’il en était presque doucereux, fit rire jaune. Pourtant, Hermine ne lâcha pas l’affaire immédiatement:
“J’espère bien ! Vous avez l’air de bien connaître le lieu. Pourriez-vous m’indiquer sur qui parier ce soir ?”
En riant, il lui dit que, normalement, les paris se faisaient à l’entrée, mais que peut-être ferait-on une exception ce soir. Il leur expliqua que plus on était haut, plus on pariait élevé, et que souvent, on se choisissait un concurrent, sur lequel on tentait de rester pour toute la compétition. Les paris semblaient fonctionner par un système d’unités. Forte de ces informations, Hermine confia à Gabriel une bourse. Selon les estimations de la noble , c’était une somme honnête; en réalité, c’était ridiculement élevé. Elle conseilla au Duveteux de parier à l’étage avec sagesse, d’en profiter, et de saluer Eugénie s’il la voyait. Quant à elle, elle resterait profiter de sa table, avec ses hommes, déclara-t-elle, faisant comprendre d’un simple regard que tout le monde était sur son territoire. Timin ne sembla pas impressionné le moins du monde, et glissa un bras autour de l’épaule de Gabriel, à qui Caïn venait de souffler, inquiet, de faire attention à lui, et l’entraîna vers l’étage supérieur.
Le Tarima sans pouvoirs ne pouvait s’empêcher de chercher d regard son ami Duveteux, et lorsqu’il apparut à la rambarde du balcon supérieur, au bras de Timin et non loin de l'homme aperçu dans la chambre d’Eugénie, leur faisant un coucou de la main, il ne put retenir un soupir de soulagement, qui ne passa pas inaperçu auprès d’Hermine.
“J’ai tout à fait conscience que Gabriel n’est pas en sécurité là-haut, lui dit-elle sans qu’il ait ouvert la bouche. Cependant, cela nous ouvrira peut-être des portes inattendues, auxquelles nous n'aurions pas eu accès autrement. La candeur de Gabriel poussera peut-être Timin et d’autres à s’ouvrir à lui.
- Laisser Gabriel seul là-haut est complètement inconscient, Dame Hermine. Cet homme pourrait tout aussi bien lui dire qu’il y a un poisson multicolore sous la guillotine, et Gabriel irait de lui-même à placer son cou sous la lame qui le tuera !
- C’est bien pour ça que nous ne le lâcherons pas des yeux, lui glissa la noble.”
Au même instant, un gong retentit, suivie d’une voix magiquement amplifiée et légèrement distordue, si bien qu’il était difficile de savoir qui se cachait derrière.
“Le Duc vous souhaite la bienvenue au banquet de La Pomme Rouge comme tous les soirs ! Sachez que les paris sont ouverts à partir de maintenant si vous le souhaitez. Comme toujours il y aura trois rondes ce soir et vous pourrez parier autant que vous le souhaitez évidemment à chacune des rondes. Si vous avez de la chance vous repartirez peut-être avec un petit cadeau. Profitez bien du banquet ! Oh, au fait … je déclare les combats ouverts!”
Sur un tonnerre d’applaudissement et de cris d’excitation presque bestiaux provenant des étages inférieurs s’ouvrirent alors les grilles en bas de l’arène. Caïn ne put retenir une grimace dégoûtée en voyant ce qui en sortait: un demi-squelette rampait, petit à petit, vers l'intérieur de l’arène. Il fut suivi de plusieurs hommes au physique de soldat, mais sont quelque chose, dans la démarche, dans la manière de se déplacer, paraissait étrangement mou et tombant, presque désarticulé. Et peu à peu, l’arène se remplit ainsi, de personnes que la vie avait manifestement quittées depuis un certain temps, et qui pourtant, mus par une force inconnue, continuaient de s’animer. Des squelettes côtoyaient des personnes dont la peau tombait en lambeaux, des gens à qui il manquait un membre. Toutes les races étaient représentées, certains étaient même encore vêtus d'uniformes de toutes factions ou en civils.
“Je pillais les morts, mais au moins je les laissais en paix … et même là on me traitait de salaud ! s’exclama Caïn avec dégoût.
- Techniquement ils ont pas pillé les morts hein ! lui répliqua Jostoph dans une tentative pour cacher sa propre révulsion.
- Oui, c’est pire ils jouent avec ! piailla le jeune homme”
Près d’eux, ils entendaient parier.
“Je mets 3 sur le demi-squelette !
- 5 sur celui-là là-bas à qui il manque la peau !”
Et cela semblait continuer à l’infini, sans jamais préciser ce qui était parié. Dans un trait d’humour,; JOstoph proposa de parier la mimolette sur le demi-squelette, ce qui déclencha quelques rires.
Ils ignoraient qu’à l’étage où se trouvait Gabriel, c’était par dizaines que l’on pariait. Celui-ci, ne comprenant ni la logique de ces paris sur des morts tous plus amochés les uns que les autres, ni l'unité dans laquelle était formulés les paris, demanda quelques explications à son charmant guide.
“Oh ! J’aurais pensé que vous étiez au courant ! lui dit Timin. Nous prions ceux que nous avons déjà gagné, parmi ceux d’en bas, ajouta-t-il avec un sourire aux reflets carnassiers.”
Le Duveteux, qui avait prévu de parier avec ce que lui avait fourni Dame Hermine, fut décontenancé par cette révélation: ainsi, on pariait des gens, et non de l’argent, ici ? Ne pouvait-il pas participer aux festivités ? Voyant son trouble, son hôte lui proposa de lui avancer quelques paris.
“Vous pourrez me rembourser en nature, ajouta-t-il avec une certaine douceur.
- Oh ! Très bonne idée, j’adore la nature ! répliqua l’innocent Duveteux.”
Et, sur les conseils de Timin, il paria 15 sur le squelette, en parlant très fort. Il atteint son but, et ses compagnons d’aventures l'entendirent. Alors que Jostoph sortait ses feuilles de compte, trouvant la somme ridicule par rapport aux ressources allouées par Dame Hermine, Caïn, pétrifié, était horrifié que son ami se laisse aller à parier sur des combats de morts ramenés à la vie. Le gong retentit de nouveau, signifiant par un premier coup la fin du temps des paris. Au second coup, un étrange silence s’abattit soudain sur l'assemblée. Au troisième et dernier coup de gong, un souffle de vie sembla soudain s’emparer des concurrents jusque là étrangement immobiles, qui se jetèrent les uns sur les autres, commençant à s’entre dévorer, se lacérer, se mutiler, se détruire, se briser les os, dans une cacophonie de bruits dégoûtants. Une odeur affreuse, âcre, montrait peu à peu, s’intensifiant au fur et à mesure que la mêlée traînait en longueur. Dans les gradins, l’excitation montait crescendo au fur et à mesure que les concurrents diminuaient, et les cris des spectateurs se mêlaient sans harmonie aux bruits de bataille. Mus par une étrange fascination morbide que même leur dégout en parvenait pas à entraver, les aventuriers ne parvenaient pas à cesser de regarder le carnage (à l’exception d’Hermine, qui ne manifestait aucun intérêt pour le spectacle, et baillait ouvertement, montrant son ennui et son dédain). Alors que le spectacle durait en longueur, Gabriel en demanda la raison à son hôte:
“C’est extrêmement divertissant, vous ne trouvez pas ? C’est l’occasion de nouer des relations, comme on pourrait le faire au spectacle ou à l’opéra ! La ville est devenue si calme, si morne avec cette guerre … Il faut bien trouver d’autres moyens de s’amuser !
- Et vous nouez beaucoup de relations avec les Fils d’Hadès ? fit le Duveteux soudain, avec toute l'ingénuité dont il était capable,e t sans remarquer l’instant de flottement de son interlocuteur, mais également que quelques regards supplémentaires se posaient sur lui alors que l’air semblait soudain plus lourd, plus épais à cet étage.
- Eh bien … Ca a pu m’arriver de discuter avec certaines personnes qui j'imagine auraient pu en faire partie ! répliqua Timin en riant, toute trace d'hésitation disparue aussi vite qu’elle était venue, en caressant légèrement le bras du Duveteux toujours accroché à lui. Mais dans ce cas je vous retourne la question ! Connaissez-vous vous-même quelques-unes de ces personnes ? lui demanda-t-il avec une lueur presque carnassière dans les yeux contrastant avec la douceur de sa voix et des caresses sur le bras de Gabriel.
- Oui oui oui ! Notamment avec Thalivor, on a dormi chez elle plusieurs fois, vous savez ! approuva le jeune homme, sans percevoir le regard de l'homme près de lui, focalisé sur le spectacle en contrebas. C'est d'ailleurs grâce à elle qu’on est là, nous ne nous serions jamais rencontrés sans elle. Oh, regardez, le squelette se débrouille bien !
- Oh, dans ce cas … dit doucement Timin.”
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