- SorgaElysionien.ne
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Votre personnage et ses relations
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Une histoire de Porte
Dim 28 Mar 2021 - 18:49
Chapitre 1 :
Stéphane était un homme simple.
Il appréciait les routines bien calibrées, détestait les surprises, et il supportait la solitude sans peine. Son travail de gardien de la Porte Divine lui convenait donc tout à fait.
Entré dans les ordres dès sa majorité, il était resté simple moine acolyte. Sa capacité à parfaitement respecter les rituels et sa hiérarchie - ainsi que son absence totale d'ambition sans doute - lui avait valu d'être nommé à la très spéciale et recluse position de gardien de la Porte Divine.
Depuis sept ans, il veillait sur l'artefact vieux de plusieurs siècles, vivait dans le sanctuaire construit tout autour. Il allumait les bougies, récitait les prières quotidiennes, maintenait la propreté absolue des lieux. L'air était filtré, il ne recevait aucune visite - en dehors de celle du Saint, une fois l'an à la journée du Départ - et sa nourriture lui était livrée par le biais d'un sas servant de point d'entrée unique au sanctuaire.
Il bénéficiait d'une loge avec tout le confort souhaitable et d'un accès privilégié à la librairie numérique de l’Église. Il pouvait écrire à quiconque, évidemment, et avait ainsi régulièrement des nouvelles de sa famille.
Il regrettait un peu de la voir peu compréhensive sur son choix de vie et le devoir qu'il accomplissait. Sa mère, surtout, lui reprochait à demi-mots de gâcher ainsi sa vie « enterré comme il était » à tourner en rond dans les soixante mètres carrés du sanctuaire.
Mais Stéphane était un homme pieux, et simple. Pour lui, il n'y avait pas plus belle responsabilité ni plus grand honneur que de veiller sur la porte créée par Dieu pour quitter ce monde en promettant son retour par cette même porte. C'était un honneur qu'il partageait seulement avec la lignée de ses prédécesseurs et le Saint, chef suprême de l’Église.
Il appréciait cette vie et la routine délicieusement confortable qui allait avec.
Stéphane était aussi très fier de ne jamais avoir eu de soucis d'aucune sorte en sept ans, depuis que le sas s'était refermé sur lui.
Jusqu'à ce matin.
C'était en s'habillant après sa toilette - malgré son isolement il tenait à garder une hygiène irréprochable - qu'il s'était soudain figé sur place. L'idée même lui paraissait invraisemblable mais c'était bien une voix qu'il entendait en provenance de la chapelle ! Mais il n'avait certainement pas de visites de prévue aujourd'hui...
Pieds nus et sa chemise à moitié boutonnée seulement, Stéphane se précipita jusqu'à l'entrée du lieu sacré... où il s'arrêta net avant de pousser un cri de frayeur !
Son regard était passé sur les murs de marbre blanc richement gravés sans vraiment les voir, pour découvrir la femme qui se tenait tout à côté de la Porte Divine et qui lui tournait le dos en inspectant la relique. Il ne vit surtout qu'une masse détachée de cheveux noirs, un peu en bataille, et la silhouette fine dans une robe au tissu sombre.
Ce n'était pourtant pas elle qui lui avait fait pousser un cri de frayeur - même si la voir toucher les piliers de la Porte Divine lui donnait envie de crier au sacrilège - mais ce qui se trouvait entre elle et lui.
La chose, grande comme un cheval, avait un corps reptilien aux écailles rouges et dorées, des membres puissants, une longue queue se terminant par une pointe osseuse, un cou large supportant une tête au long museau, l'arrière du crâne protégé par une multitude de cornes de différentes tailles.
Des yeux d'ambre le fixaient sans ciller et les lèvres légèrement retroussées de la bête dévoilaient des crocs grands comme sa main.
Stéphane se sentait comme plongé dans une eau glacée devant cette bête. Il aurait pu croire à un tour, une supercherie comme un déguisement - même si l'absurdité de voir ce genre de choses arriver ici avec une intruse en prime lui faisait un nœud au cerveau - mais ce n'était pas tout : la créature avait aussi une paire d'ailes membraneuses attachées au dos, à moitié dépliées même comme pour l'avertir de ne pas approcher davantage.
Son esprit analytique lui disait que cette anatomie ne collait pas avec le reste du monde animal, qu'un reptile ne pouvait pas avoir quatre pattes et une paire d'ailes - il nota qu'une fois dépliées entièrement elles devaient avoir une envergure de cinq mètres, sinon plus - mais déjà une autre voix se mêlait à la première pour souffler une autre idée dans son esprit, provenant d'une époque où il ne s’intéressait pas encore à l’Église. C'était une idée absurde mais qui progressait rapidement en pulvérisant sa rationalité déjà mise à mal par la situation et sa peur.
C'était un dragon qu'il avait sous les yeux.
Un dragon, comme dans les contes de fées.
C'était impossible.
La créature gronda et il sursauta, le son grave et roulant comme le tonnerre faisant vibrer tous ses os. Le bruit alerta la femme qui se retourna d'un coup. Elle se contenta de sourire en le découvrant :
- Oh. Bonjour ! Navrée de débarquer à l'improviste. On ne t'a pas réveillé au moins ?
Secoué par le côté irréel de la scène, Stéphane sentait que son pauvre cerveau baignait dans de la mélasse. Il ouvrit et referma la bouche plusieurs fois, incapable d'organiser ses pensées, encore moins de formuler une réponse pour cette femme qui venait de lui faire des politesses.
Cette dernière eut l'air de s'amuser de son silence. Elle eut un étrange rire - « Huhu » - en tapotant son nez du bout de l'index puis elle s'éloigna de la Porte Divine pour venir se placer aux côtés du dragon. La bête grondait toujours, mais elle se tut dès que la femme posa une main sur son épaule.
La voir aussi calme autour de la créature qui n'était pas censée exister fut le déclic dont Stéphane avait besoin pour finalement réussir à bégayer :
- Que... Qui êtes-vous ? Comment êtes-vous... ?
Il tourna brièvement la tête vers la lourde porte blindée de l'autre côté de la chapelle, servant d'entrée sécurisée pour le sanctuaire : toutes les sécurités étaient en place. Ce qui voulait dire que ses visiteurs n'étaient pas passés par là pour entrer. Seulement, il n'y avait pas d'autre accès. Hormis...
Un long frisson lui parcourut l'échine et il tourna la tête vers la Porte Divine cette fois. Se pouvait-il que ces intrus... ?
- Rassure-toi, nous sommes entrés sans prendre de porte.
La femme semblait avoir deviné à quoi il pensait, et lui souriait d'un air qu'il ne pouvait qualifier que comme malicieux. Après un instant où Stéphane sentait que son cerveau avait de nouveau des ratés, elle poursuivit :
- Moi, c'est Maeko, et voici Lampion. Si tout va bien, on n'aura pas à rester longtemps. Tu es le gardien, c'est ça ?
Stéphane était un homme simple.
Il appréciait les routines bien calibrées, détestait les surprises, et il supportait la solitude sans peine. Son travail de gardien de la Porte Divine lui convenait donc tout à fait.
Entré dans les ordres dès sa majorité, il était resté simple moine acolyte. Sa capacité à parfaitement respecter les rituels et sa hiérarchie - ainsi que son absence totale d'ambition sans doute - lui avait valu d'être nommé à la très spéciale et recluse position de gardien de la Porte Divine.
Depuis sept ans, il veillait sur l'artefact vieux de plusieurs siècles, vivait dans le sanctuaire construit tout autour. Il allumait les bougies, récitait les prières quotidiennes, maintenait la propreté absolue des lieux. L'air était filtré, il ne recevait aucune visite - en dehors de celle du Saint, une fois l'an à la journée du Départ - et sa nourriture lui était livrée par le biais d'un sas servant de point d'entrée unique au sanctuaire.
Il bénéficiait d'une loge avec tout le confort souhaitable et d'un accès privilégié à la librairie numérique de l’Église. Il pouvait écrire à quiconque, évidemment, et avait ainsi régulièrement des nouvelles de sa famille.
Il regrettait un peu de la voir peu compréhensive sur son choix de vie et le devoir qu'il accomplissait. Sa mère, surtout, lui reprochait à demi-mots de gâcher ainsi sa vie « enterré comme il était » à tourner en rond dans les soixante mètres carrés du sanctuaire.
Mais Stéphane était un homme pieux, et simple. Pour lui, il n'y avait pas plus belle responsabilité ni plus grand honneur que de veiller sur la porte créée par Dieu pour quitter ce monde en promettant son retour par cette même porte. C'était un honneur qu'il partageait seulement avec la lignée de ses prédécesseurs et le Saint, chef suprême de l’Église.
Il appréciait cette vie et la routine délicieusement confortable qui allait avec.
Stéphane était aussi très fier de ne jamais avoir eu de soucis d'aucune sorte en sept ans, depuis que le sas s'était refermé sur lui.
Jusqu'à ce matin.
C'était en s'habillant après sa toilette - malgré son isolement il tenait à garder une hygiène irréprochable - qu'il s'était soudain figé sur place. L'idée même lui paraissait invraisemblable mais c'était bien une voix qu'il entendait en provenance de la chapelle ! Mais il n'avait certainement pas de visites de prévue aujourd'hui...
Pieds nus et sa chemise à moitié boutonnée seulement, Stéphane se précipita jusqu'à l'entrée du lieu sacré... où il s'arrêta net avant de pousser un cri de frayeur !
Son regard était passé sur les murs de marbre blanc richement gravés sans vraiment les voir, pour découvrir la femme qui se tenait tout à côté de la Porte Divine et qui lui tournait le dos en inspectant la relique. Il ne vit surtout qu'une masse détachée de cheveux noirs, un peu en bataille, et la silhouette fine dans une robe au tissu sombre.
Ce n'était pourtant pas elle qui lui avait fait pousser un cri de frayeur - même si la voir toucher les piliers de la Porte Divine lui donnait envie de crier au sacrilège - mais ce qui se trouvait entre elle et lui.
La chose, grande comme un cheval, avait un corps reptilien aux écailles rouges et dorées, des membres puissants, une longue queue se terminant par une pointe osseuse, un cou large supportant une tête au long museau, l'arrière du crâne protégé par une multitude de cornes de différentes tailles.
Des yeux d'ambre le fixaient sans ciller et les lèvres légèrement retroussées de la bête dévoilaient des crocs grands comme sa main.
Stéphane se sentait comme plongé dans une eau glacée devant cette bête. Il aurait pu croire à un tour, une supercherie comme un déguisement - même si l'absurdité de voir ce genre de choses arriver ici avec une intruse en prime lui faisait un nœud au cerveau - mais ce n'était pas tout : la créature avait aussi une paire d'ailes membraneuses attachées au dos, à moitié dépliées même comme pour l'avertir de ne pas approcher davantage.
Son esprit analytique lui disait que cette anatomie ne collait pas avec le reste du monde animal, qu'un reptile ne pouvait pas avoir quatre pattes et une paire d'ailes - il nota qu'une fois dépliées entièrement elles devaient avoir une envergure de cinq mètres, sinon plus - mais déjà une autre voix se mêlait à la première pour souffler une autre idée dans son esprit, provenant d'une époque où il ne s’intéressait pas encore à l’Église. C'était une idée absurde mais qui progressait rapidement en pulvérisant sa rationalité déjà mise à mal par la situation et sa peur.
C'était un dragon qu'il avait sous les yeux.
Un dragon, comme dans les contes de fées.
C'était impossible.
La créature gronda et il sursauta, le son grave et roulant comme le tonnerre faisant vibrer tous ses os. Le bruit alerta la femme qui se retourna d'un coup. Elle se contenta de sourire en le découvrant :
- Oh. Bonjour ! Navrée de débarquer à l'improviste. On ne t'a pas réveillé au moins ?
Secoué par le côté irréel de la scène, Stéphane sentait que son pauvre cerveau baignait dans de la mélasse. Il ouvrit et referma la bouche plusieurs fois, incapable d'organiser ses pensées, encore moins de formuler une réponse pour cette femme qui venait de lui faire des politesses.
Cette dernière eut l'air de s'amuser de son silence. Elle eut un étrange rire - « Huhu » - en tapotant son nez du bout de l'index puis elle s'éloigna de la Porte Divine pour venir se placer aux côtés du dragon. La bête grondait toujours, mais elle se tut dès que la femme posa une main sur son épaule.
La voir aussi calme autour de la créature qui n'était pas censée exister fut le déclic dont Stéphane avait besoin pour finalement réussir à bégayer :
- Que... Qui êtes-vous ? Comment êtes-vous... ?
Il tourna brièvement la tête vers la lourde porte blindée de l'autre côté de la chapelle, servant d'entrée sécurisée pour le sanctuaire : toutes les sécurités étaient en place. Ce qui voulait dire que ses visiteurs n'étaient pas passés par là pour entrer. Seulement, il n'y avait pas d'autre accès. Hormis...
Un long frisson lui parcourut l'échine et il tourna la tête vers la Porte Divine cette fois. Se pouvait-il que ces intrus... ?
- Rassure-toi, nous sommes entrés sans prendre de porte.
La femme semblait avoir deviné à quoi il pensait, et lui souriait d'un air qu'il ne pouvait qualifier que comme malicieux. Après un instant où Stéphane sentait que son cerveau avait de nouveau des ratés, elle poursuivit :
- Moi, c'est Maeko, et voici Lampion. Si tout va bien, on n'aura pas à rester longtemps. Tu es le gardien, c'est ça ?
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Le désir de protéger est comme une flamme.
Qui réchauffe l'âme en temps de paix.
Qui s'embrase à la moindre menace.
Qui pourrait incinérer même le ciel pour défendre l'être aimé.
Ne laissant que des cendres.
Qui réchauffe l'âme en temps de paix.
Qui s'embrase à la moindre menace.
Qui pourrait incinérer même le ciel pour défendre l'être aimé.
Ne laissant que des cendres.
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