- Adrien AgresteInvité
Je ne t'ai jamais oubliée
Lun 18 Déc 2023 - 11:11
- Avant propos:
Le personnage que je joue est Adrien Agreste, alias Chat Noir sur Miraculous Quest. Ceci est un futur alternatif que mon personnage aura qui ne verra jamais le jour, c'est juste pour le plaisir d'écrire que je le poste (et aussi parce qu'il est annonciateur d'un autre texte de la BaT que je compte écrire avec quelqu'un).
Petit contexte rapide (ou pas) :
- Adrien Agreste est Chat Noir depuis l'apparition des Miraculous à Paris (soit vers ses 18 ans) et sa première partenaire était Ladybug qui est Marinette Dupain-Cheng. Le jour, il est étudiant en fac de droit et la nuit, il est Chat Noir, super héros combattant le crime et les forces du mal (Le premier qui dit "croisement entre Batman et Daredevil" a droit à un cookie)
- Adrien a toujours tenu à maintenir son identité héroïque secrète. La seule et unique exception fut Théoxane, sa meilleure amie d'enfance qui par la suite est devenue sa colocataire dans une grande maison. C'est la personne en qui il a le plus confiance au monde. Dans la narration, elle est parfois appelée la Princesse Soleil, signe qu'elle a une grande importance dans la vie d'Adrien.
- Sa morale s'est vue mise à l'épreuve lors de son premier affrontement contre Papillon en personne, Ladybug avait été capturée et la seule possibilité qu'il a eu pour essayer de la libérer était d'utiliser son Cataclysme (pouvoir de destruction) sur l'allié que Papillon avait. S'en est suivi une longue période durant laquelle il n'a pu utiliser son propre pouvoir, de peur de basculer dans le côté obscur en tuant quelqu'un.
- Marinette Dupain-Cheng a par la suite perdu son Miraculous dans des circonstances que Chat Noir n'a jamais sues, bien qu'il suppose aujourd'hui qu'elle a vu Maître Fû, le gardien qui leur a confié leur bijou.
- Chat Noir a rencontré la jeune porteuse du Miraculous du Chien, débutante à l'époque et qui a eu droit à un baptême du feu explosif durant lequel elle a manqué de tuer son ennemi. A la suite de leur rencontre, le premier héros de Paris encore en activité a accepté de faire de la jeune Cerbéra son élève, son poulain, ce qui a permis au héros félin de remonter petit à petit la pente de sa dépression suite à la disparition de sa première alliée. Remontade de courte durée car au bout de quelques mois, Cerbéra, celle qu'il nommait affectueusement "Patte Orange" a été forcée de rompre leur partenariat et d'abandonner son Miraculous, non sans laisser à son ancien mentor une lettre d'adieu qu'il a toujours gardée à ses côtés. Il a tenu à lui répondre par une lettre déchirante signée "Patte Noire" et n'a jamais oublié la promesse qu'il lui a faite dedans.
- Ladybug a eu une remplaçante en la personne de Luckybug. Après des débuts difficiles, tumultueux, conflictuels, voire violents en tant que partenaire de Chat Noir, Luckybug a gagné son estime et son respect après d'innombrables efforts. La subtilité étant que Luckybug est sous son masque une jeune femme du nom d'Alice qui a gagné le coeur d'Adrien...
Je ne t'ai jamais oubliée
Adrien Agreste en solo
Adrien Agreste en solo
Ils avaient gagné. Chat Noir et Luckybug avaient réussi à vaincre Papillon et à récupérer son Miraculous si longtemps entre les mains de cet homme que le héros félin ne connaissait que trop bien. Vraisemblablement pas assez car il fut dévasté d'apprendre qu'il s'agissait de son propre père... Il avait réussi à contenir ses propres émotions afin de ne pas tomber dans le piège d'une akumatisation désespérée et à conserver son identité secrète. Il fut par ailleurs le seul porteur à avoir réussi à la garder durant cette bataille finale. Les Miraculous du Papillon et celui du Paon furent restitués à Maître Fu par Chat Noir en personne. Ils étaient juste sous son nez durant tant d'années. Quelle frustration avait-il pu avoir en apprenant qui les portait ! Hélas, Gabriel Agreste mourut pendant le combat. Adrien, sous son masque de héros de nuit n'avait malgré toute sa bonne volonté rien pu faire pour sauver son ennemi qui était pourtant son père qu'il aimait sincèrement.
Aujourd'hui orphelin, le jeune homme maintenant diplômé de son école de droit est à la tête de l'empire que son père avait autrefois bâti. Non pas en tant que mannequin, ça, il l'accordait volontiers à sa meilleure amie Théoxane, son égérie et autrefois collègue. Non pas en tant que styliste non plus. Cet honneur, il l'avait réservé à une autre de ses proches amies, Marinette Dupain-Cheng, une grande fan du travail des Agreste. Adrien avait parfaitement conscience qu'elle était la personne parfaite pour reprendre le flambeau et la plus disposée à représenter la marque pour le futur avec sa vision nouvelle de la mode. Devenu avocat, il avait préféré être au service juridique de l'entreprise familiale, en tant que juriste. Les mains libres, celui qu'on appelait autrefois le "prince de la ville" put prendre toutes les décisions qu'il désirait avec tous les moyens colossaux que lui offrait son statut d'hériter de la fortune de son père et de chef de la plus prestigieuse entreprise de Paris, voire selon certains, du monde entier.
Ce qu'il désirait, en l'occurrence, était de faire le bien autour de lui. Il a d'abord fait des donations à des associations de défense des animaux et des refuges, très reconnaissant auprès d'un d'entre eux pour avoir mis sur son chemin une chienne qui a toujours été là pour lui. Une border collie qu'il nomma Lélaps, en hommage à celle qu'il avait rencontrée en tant que Chat Noir. Cerbéra. Celle qu'il appelait parfois affectueusement la Lélaps parisienne, en référence au chien de la mythologie grecque pouvant rattraper n'importe qui et n'importe quoi. C'était bien le moins qu'il pouvait faire pour remercier le destin de l'avoir aidé dans toute cette noirceur, cette solitude qui grandissait petit à petit dans sa vie.
Adrien s'était rendu auprès de Maître Fû discrètement une fois la nuit tombée. Annulant sa transfomation, il frappa à sa porte et fut accueilli par les kwamis et le vieux maître qui lui avait fait confiance.
— Bonsoir Maître.
— Bonsoir, Chat Noir. Je suis ravi de te revoir.
Adrien s'installa après s'être respectueusement incliné. Le vieil homme lui proposa une tasse de thé qu'il accepta avec plaisir. Il savait qu'il en aurait pour longtemps. Ça ne durait jamais peu de temps quand il venait le voir depuis que le Miraculous du Papillon a été restitué. Il avait prétexté avoir du travail à faire afin de ne pas inquiéter Alice qui ne savait pas pour l'identité secrète de celui qui était devenu son mari. Il était par ailleurs couvert par Théoxane qui veillait au grain pour surveiller les arrières de son meilleur ami.
— Je fais de mon mieux pour rendre le monde meilleur, Maître, mais encore aujourd'hui, j'ai l'impression de ne pas faire assez.
— Est-ce que par hasard tu chercherais à soulager ton âme en rachetant les fautes que ton père a commises ?
— Je l'ignore, Maître. Peut-être un peu...
— Peut-être aussi est-ce le moyen que tu as trouvé pour faire ton deuil ?
— Peut-être. Il a fait beaucoup de mal autour de lui, moi le premier, d'ailleurs, mais il restait mon père. J'ai repris l'entreprise familiale, épousé la femme que j'aime, sauvé le monde en tant que Chat Noir, je contribue à le rendre meilleur en civil... Mais je me sens malgré tout incomplet.
— Il te reste encore un peu de chemin à parcourir avant de faire la paix avec l'esprit de ton père. Mais je suis sûr qu'il t'aimait et qu'il serait fier de voir le grand et bel homme que tu es devenu.
Il prit une gorgée du thé chaud qui coula le long de sa gorge dans une réconfortante cascade en lui. Le vieux maître avait trouvé les mots pour apaiser les doutes du jeune homme. Il hocha la tête, plutôt d'accord avec les propos du sage. Il observa le reflet de ses propres yeux dans le breuvage que la petite fumée blanche troublait quelque peu sa vue. Il marmonna quelques mots, perdu dans ses pensées.
— Papillon a été vaincu et je suis le premier à être soulagé, même s'il était en réalité... Bref.
Fû l'observa en silence, pensif. Il ne venait que lorsqu'il avait besoin de sa sagesse, mais ce soir-là, il ressentait que son besoin était peut-être plus fort que d'ordinaire. Adrien se reprit, sortant de ses pensées et prit la parole.
— Ce n'est pas pour cette raison que je suis venu vous voir. J'ai une faveur à vous demander, Maître. Une seule.
— Je suis toute ouïe.
Il chercha ses mots quelques instants en regardant le vieil homme dans les yeux. Il resta droit et après s'être concentré, formé ses phrases avec le plus grand soin, prit la parole d'un ton sérieux. Ce qu'il avait à lui demander n'avait rien d'habituel.
— Même si Papillon a été vaincu, d'autres porteurs pourraient vouloir prendre sa place, s'emparer des Miraculous de la Coccinelle et du Chat afin de faire un voeu pour réécrire la réalité. Mes années en tant que héros m'ont appris à toujours me méfier d'un ennemi qui pourrait surgir de nulle part. Et depuis quelques jours, mon instinct est en alerte. Tous les Miraculous n'ont pas disparu dans la dernière bataille, vous ne les avez pas tous récupérés... Je suis le dernier héros debout qui peut encore profiter de son anonymat. Mais aujourd'hui, je ne veux qu'un nom. J'ai besoin de connaître l'identité secrète de quelqu'un... Un ancien porteur.
Il avait prononcé sa demande avec la plus pure des sincérités. Son coeur était au clair avec cette décision et à ses yeux, elle était la meilleure. Le vieux maître observa son premier disciple et lui répondit calmement, conscient de l'urgence de peut-être devoir reformer de nouveaux porteurs qui pourront jouir de leur identité secrète sans crainte. Mais dubitatif, il se caressa la barbichette du bout des doigts.
— Je doute que recourir à Ladybug soit une très bonne idée, aujourd'hui, elle est...
— Non. Je ne pense pas à Ladybug...
— Oh ? Alors à qui penses-tu, dans ce cas ?
Adrien avait coupé son vieux maître pour la toute première fois. Il faisait fausse route. Ce n'était pas Ladybug qu'il souhaitait revoir le plus au monde. Bien qu'il y avait effectivement pensé. Mais il savait qu'il n'avait pas à connaître l'identité secrète de son homologue qui était porteuse du Miraculous de la Création. Fû ne lui aurait jamais dit, ne serait-ce que pour les protéger tous les deux. Néanmoins, la perspective de rendre son Miraculous à sa femme Alice pour faire revenir Luckybug lui avait déjà traversé l'esprit... Le jeune homme, après sa réflexion, sortit de la poche intérieure de son duffle coat un morceau de papier plié, quelque peu froissé et légèrement jauni par le temps. Il en avait lu mille fois le contenu. Il avait serré ce papier mille fois contre son coeur. Il s'est souvenu de son expéditeur mille fois. Fû laissa le jeune homme s'exprimer pour répondre à une question à laquelle il eut déjà la réponse, même avant qu'il n'ouvre la bouche.
— Elle. Je lui ai fait une promesse, Maître.
— Cette promesse là... Je me doutais bien qu'un jour, tu viendrais pour l'honorer.
Il fit s'approcher le blond et se baisser légèrement afin qu'il puisse poser sa main sur son épaule avec un sourire bienveillant sur ses lèvres. Il n'avait jamais agi de la sorte avec un de ses disciples porteurs. Peut-être était-ce parce qu'il était aujourd'hui le dernier Dans tous les cas, Adrien s'égara, la main serrant doucement le papier contre lui dont le contact cette fois-ci, était curieusement moins amer que d'habitude...
Trois semaines plus tard, Adrien avait pris rendez-vous avec la directrice de la clinique vétérinaire de Paris, Marthe Aile. Elle avait fait venir l'ensemble des personnes travaillant dans ces lieux. Le jeune homme avait donc profité de la présence de tout le monde pour faire un discours. Il n'aimait pas ça, d'ordinaire. Mais ce jour-là, il était plus serein, plus heureux, de bonne humeur. Il était même venu avec sa chienne qui restait fièrement assise à son pied. Après une longue introduction, Adrien fit sa déclaration à l'assemblée.
— C'est pourquoi j'ai décidé de faire un don de cinq cent mille euros à la clinique vétérinaire de Paris pour donner un maximum de moyens à l'équipe qui fait tout pour soigner nos compagnons à quatre pattes tous les jours.
L'annonce du montant du don n'avait pas fini d'interpeller l'équipe. Adrien prit quelques instants pour temporiser, laisser l'information passer et en profiter pour prendre son souffle et son temps, comme lui avait conseillé Zoé durant ses cours particuliers. Il poursuivit.
— Sachez avant toute chose que je vous fais don de cette somme non pas pour mon image ou pour laver la réputation de mon nom. Je ne suis pas non plus un playboy philantrope milliardaire qui veut se faire bien voir, je me sens réellement concerné par votre combat et j'ai un inestimable respect pour votre métier. Ainsi, je veux que vous puissiez disposer des meilleures technologies et des moyens les mieux adaptés pour travailler. Vous êtes des héros et je veux faire de mon mieux pour vous aider. Sans vous, je n'aurais peut-être pas eu la chance d'avoir ma chienne dans ma vie et vous avez peut-être contribué à ce que nos routes se croisent un jour à un moment où j'avais besoin de l'amour d'un animal. Merci à vous du fond du coeur.
Alors qu'on l'applaudissait, Adrien, d'un geste des deux mains, modestement, leur fit signe de ne pas le faire. Les applaudissements, c'étaient eux qui les méritaient et le jeune homme frappa dans ses mains à s'en rougir les paumes, le sourire aux lèvres. Un peu plus tard, il ne resta plus que la directrice, les vétérinaires et Adrien lui-même dans la pièce. Il rejoignit le groupe alors que Marthe Aile prit la parole.
— Donc Maître Agreste, comme vous l'avez demandé dans mon bureau tout à l'heure, j'ai demandé à ce que chaque vétérinaire de la clinique reste un instant afin que vous puissiez savoir qui profitera de votre don en premier lieu.
— Merci beaucoup, Madame Aile, je vous en suis très reconnaissant.
Adrien s'avança et fit face à une jeune femme brune avec un noeud rouge dans les cheveux. Il lui serra la main en entendant son nom.
— Voici donc le Docteur Dubois...
— Enchanté Docteur Dubois !
Il lui fit un geste de la tête poli et souriant. Son regard se porta ensuite sur un grand gaillard habillé élégamment et légèrement pâle. Les deux hommes se serrerrent la main.
— Le Docteur Troislunes...
— Pardon, Docteur qui ?
— Vous pouvez m'appeler Yann.
— Ah ! Enchanté, Docteur Yann.
Il poussa un rire. Il avait déjà entendu ce nom quelque part. Peut-être était-ce lui qui s'était occupé du chat de Théoxane lors d'un épisode de maladie ? Très probablement. Son regard se porta ensuite sur une blonde aux yeux bleus avec de petites pommettes. Il lui sourit avec sympathie et serra sa main à son tour.
— Le Docteur Li...
— Viens chez oim quand tu veux !
— "Chez oim" ? J'apprécie beaucoup l'invitation, mais je suis marié, j'ai peur que ça ne soit déplacé !
— Mais c'est pas vrai, vous l'avez fait, Docteur Li, vous n'avez donc aucune limite pour gagner votre pari ?
— Pardon ?
— Je parle du bar en bas de la rue, "Chez oim", je vous invitais à aller y boire un verre quand vous le voulez !
— Mais quelle bonne idée ! Nous y irons tous ensemble à l'occasion, alors.
Il quitta la blonde des yeux avant de poser son regard sur une autre femme qui semblait plus jeune que les trois docteurs précédents. D'un geste de la tête, il la salua.
— Le Docteur Béléa...
— Enchanté, Docteur.
Puis il arriva à la hauteur de la dernière vétérinaire. Il ne put réprimer un sourire bien plus grand, plus heureux, les yeux pétillants. C'était elle. Il avait reconnu son regard, la flamme dans ses grands yeux bleus barrés par sa longue chevelure rose. Elle était devenue vétérinaire. Elle sauvait des vies, pour le bien d'autrui. Il était fier d'elle. Son poulain... Il n'eut même pas besoin d'entendre les présentations. Il connaissait son nom...
— Et le Docteur Everdeen.
— Bonjour.
— Bonjour Docteur...
Comme un symbole, la border collie s'approcha d'elle, lui faisant la fête, la reniflant. Adrien laissa sa phrase en suspens en la voyant toucher la tête de la chienne du bout de ses doigts. Les deux Lélaps étaient réunies. Il termina sa phrase en prononçant son nom, contenant son émotion comme il put.
— Everdeen...
— Tu es toute pipou, toi, comment est-ce que tu t'appelles, dis-moi..?
Adrien, pris par ses émotions, sentit le miel envahir son coeur. Elle s'était adressée à la chienne avec une douceur qu'il se rappelait avoir perçue chez elle à l'époque. Cerbéra... Il prit la parole pour répondre à la question qu'elle avait posée, la sachant pour lui.
— Elle s'appelle Lélaps.
— Oh, vous êtes un amateur de la mythologie grecque ?
— Disons ça comme ça... Elle a su retrouver en moi la lumière qui était très profondément enfouie à une sombre période de ma vie quand elle y est entrée. Je trouvais ce nom plein de sens.
— J'aime beaucoup cette histoire, puis c'est très original. Voyez ma chienne par exemple, je l'ai appelée Thémis. Regardez, j'ai une photo d'elle...
Adrien était aux anges en regardant avec politesse la photo d'un magnifique golden retriever et de la jeune femme avec un grand sourire jusqu'aux oreilles qui lui fit plaisir à voir. Son implication dans sa relation avec son chien était si belle, si pure qu'il ne put s'empêcher de faire le parallèle avec sa propre relation avec Lélaps. Plusieurs minutes s'écoulèrent pendant lesquelles ils eurent une conversation très cordiale à ce propos et Adrien exposa son idée.
— Et si nous allions tous ensemble dans ce fâmeux "chez oim" pour célébrer tout ça ?
L'invitation n'avait pas besoin d'être prononcée une seconde fois. Tous répondirent avec plaisir positivement, le Docteur Everdeen la première, pour le plus grand plaisir d'Adrien...
Bien plus tard, après avoir rassuré son épouse par message, le jeune homme, en bon gentleman, raccompagna la demoiselle qu'il avait connue à l'époque. Tenant la laisse de Lélaps bien fermement, il s'autorisa à prolonger la conversation qu'il avait entamée chez oim. C'était par ailleurs un lieu où il faisait bon vivre, la bonne ambiance régnait. Ils avaient fort peu bu, Adrien n'ayant jamais vraiment tenu l'alcool, s'était contenté d'une limonade et ne se fit par ailleurs même pas juger pour ça. Il s'y sentit comme chez lui, entouré par les médecins qu'il était venu voir et qui semblaient déjà faire partie de lui, de sa vie. Le Docteur Everdeen, qui avait troqué sa blouse pour son blouson civil engagea la conversation une fois seule dehors avec Adrien.
— Merci encore pour votre généreux don, Monsieur Agreste. Pardon, dois-je plutôt vous appeler Maître Agreste ?
— N'en faites rien ! Rien de tout ça, Docteur, vous pouvez m'appeler Adrien.
— D'accord, alors merci encore pour votre généreux don, Adrien.
— Ce n'est rien, vous faites déjà tant pour les animaux, pour leurs propriétaires, c'est bien le minimum que je puisse faire pour vous, Docteur Everdeen.
— Vous savez, Adrien, si je peux vous appeler comme ça, vous pouvez m'appeler Artémis...
— Artémis ? On en revient à la mythologie grecque !
Ils passèrent dans une ruelle étroite peu éclairée à la tombée de la nuit. Ils étaient seuls... Adrien eut un petit sourire. Leurs rendez-vous se faisaient la nuit...
— Puis-je me permettre de vous demander comment vous en êtes venue à vouloir vous consacrer à soigner les animaux ?
— Il ne m'a jamais effleuré que j'aurais quelque chose à offrir... Une façon de jouer un rôle.
— Mais le destin en a décidé autrement, n'est-ce pas..?
— Oui. J'ai eu un tournant dans ma vie où j'ai vu la souffrance d'autrui, la fragilité de la vie, qui ne tient parfois qu'à un fil... Ou à un doigt. Ou à une simple pensée. Une simple décision... Pour une infinité de conséquences compliquées. Excusez-moi, Adrien, j'étais perdue dans mes pensées !
— Ne vous en faites pas, Artémis. Je vous comprends tellement...
— Vraiment ?
— Bien plus que vous ne pouvez l'imaginer, croyez-moi...
Le vent souffla, comme pour donner une intensité aux propos du jeune homme qui surveilla les alentours une dernière fois. Il ferma les yeux quelques secondes et après une profonde et silencieuse respiration, s'adressa à la demoiselle.
— Un instant, Artémis, vous avez quelque chose dans vos cheveux. Vous permettez ?
Il avança lentement son bras droit, prêt à saisir délicatement le petit objet qui serait l'intrus dans la chevelure rose de la jeune femme. Elle le regarda approcher sa main, reculant légèrement la tête en voyant arriver droit sur elle les doigts d'Adrien qui se vit faire le même geste qu'autrefois dans la même tenue qu'autrefois... L'index et le majeur du jeune homme, entre passé et présent se posèrent en douceur au milieu du front d'Artémis qui écarquilla les yeux, bouche bée. Son coeur avait raté un battement. Elle vit le blond lui sourire, des étoiles plein ses yeux vert émeraude, quelques larmes perlant au coin des yeux. Elle le revit. Le même héros qu'elle avait rencontré alors qu'elle doutait. À ce fâmeux tournant de sa vie... Chat Noir. Deux mots parvinrent à quitter sa gorge, dans un faible murmure.
— Patte Noire..?
Pour toute réponse, le jeune homme mit la laisse de sa chienne à son poignet et sortit de la poche intérieure de son manteau la lettre qu'elle lui avait écrite. Les yeux noyés par des larmes ne demandant qu'à couler, il lui répondit en montrant la correspondance.
— Je ne t'ai jamais oubliée... Patte Orange.
— Patte Noire...
La distance entre eux s'était brusquement réduite. La jeune femme l'avait pris dans ses bras. Adrien l'accueilla dans les siens, laissant ses larmes de joie couler... Il prit la parole, lui murmurant à l'oreille.
— Je t'ai promis qu'une fois Papillon vaincu, j'allais tout mettre en oeuvre pour te retrouver. Et c'est ce que j'ai fait...
— Quand j'ai appris que Papillon a été démasqué, j'ai su. J'ai su que ce n'était plus qu'une question de temps...
— Tu m'as manqué... Tellement manqué...
— Je n'ai jamais réussi à t'oublier non plus...
Il se revit sur la Tour Eiffel à l'enlacer comme à l'époque. Son poulain. Son amie... Adrien desserra légèrement son étreinte pour regarder son ancienne élève dans les yeux, le regard tendre. Ils étaient réunis. Sa promesse avait été tenue.
— Je ne suis pas venu seul. J'ai amené quelqu'un avec moi qui était impatient de te revoir...
C'était le moment. Il sortit de la poche d'Adrien une petite boule lumineuse orange qui se dressa entre eux. Lorsqu'elle s'estompa, la lumière nimba les yeux d'Artémis qui n'était pas au bout de ses surprises en voyant la petite créature apparaître.
— Surprise !!
— Baark !
Le kwami du chien ne se fit pas prier pour faire un câlin à son ancienne porteuse. Adrien vit les larmes de joie d'Artémis couler à ces retrouvailles alors qu'il essuyait les siennes du bout des doigts. Il laissa quelques instants s'écouler, puis, le sourire aux lèvres, prit la parole.
— J'ai quelque chose à te demander. Quelque chose de très important...
— Je t'écoute ?
— J'aurais aimé te demander ça sur la Tour Eiffel, mais tant pis, c'est une demande qui sera très bien où qu'elle soit faite... Je sais que ça peut-être un trop grand changement dans ta vie et je comprendrais que tu refuses. Après tout, tu as peut-être changé de vie, tu as peut-être quelqu'un, tu t'es peut-être rangée, maintenant, mais... Est-ce que tu accepterais de...
— Oui ?
Il sortit de sa poche droite une boîte octogonale en bois, noire et rouge arborant le symbole des gardiens. Cette boîte, Artémis la reconnaissait. Et son contenu aussi. Un collier ras-du-cou noir et orange qu'elle avait elle-même porté à l'époque. Adrien lui tendit solennellement la boîte avant de prendre une voix calme, apaisée mais sérieuse.
— Artémis Everdeen... Voici le Miraculous du Chien. En ma qualité de dernier héros de Paris, je t'offre l'opportunité de retrouver ce qui était autrefois tien et de façon définitive. Si tu le désires, Cerbéra pourrait être de retour et tu auras la garde de Baark de qui tu ne seras jamais plus séparée... Acceptes-tu de redevenir l'héroïne que tu n'as jamais cessé d'être ?
— C'est vrai ?!
Pour seule réponse, il hocha positivement la tête. Son sourire n'avait jamais été plus beau, plus heureux, plus sincère qu'à cet instant précis où Artémis comprit ce qu'il lui avait proposé. Elle prit délicatement la boîte de la main d'Adrien et en toucha le Miraculous. Elle l'avait retrouvé. Et il n'était plus question de l'abandonner. Elle le mit à son cou, silencieusement, le vent frais de la nuit caressant sa nuque. Cerbéra était de retour.
— Oui. Compte sur moi, mentor !
— Une dernière chose...
— Quoi donc ?
— Tu n'es plus mon élève, maintenant... Mais ma partenaire.
Elle était prête. Même si Papillon avait été vaincu par Luckybug et Chat Noir, une partie de la victoire finale était aussi dûe à Cerbéra, même si elle n'avait pas été physiquement présente. Elle était cependant la motivation qu'avait le héros félin pour mettre un terme aux agissements de l'ennemi de Paris. Il aurait tout fait pour la retrouver et il l'avait fait. Artémis regarda la chienne d'Adrien et fit alors le rapprochement.
— Ce nom... Tu l'as appelée comme tu m'appelais ?
— Pour que je n'oublie jamais de tout faire pour te retrouver. C'était ma manière de te garder près de moi, même après ta lettre et qui faisait moins mal qu'elle.
— Je suis désolée d'avoir dû partir, je ne le voulais pas.
— Je sais. Et je te remercie de m'avoir laissé cette lettre. Je ne voulais pas vivre la perte de quelqu'un une seconde fois comme Ladybug qui a disparu sans laisser de traces ni de nouvelles...
— Je ne pouvais pas partir sans te dire au revoir...
— Mais je suis revenu te chercher...
Les deux partenaires retrouvés rirent ensemble, heureux de s'être retrouvés. Enfin. C'est alors que la nuit avancée incitait la jeune femme à rentrer chez elle plus vite. Adrien la raccompagna jusqu'à la porte de son immeuble puis après une dernière embrassade, prit congé de son amie, de Baark, et se mit en route à son tour pour retrouver sa maison. Il était apaisé. Même mieux que ça. En paix avec lui-même.
Il entra chez lui sans grand bruit, détachant la laisse de Lélaps qui alla tout de suite rejoindre le salon où se trouvaient Alice et Théoxane qui guettaient son retour. Adrien apparut dans l'encadrement de la porte du salon après avoir rangé son manteau et rejoignit les deux femmes de sa vie.
— Ah, Adrien !
— Bonsoir, mon coeur ! Ça s'est bien passé ?
Il les embrassa l'une après l'autre, un sourire aux lèvres. Il répondit à la question de son épouse après s'être installé sur son fauteuil préféré.
— Oui, très bien. C'est comme si...
Il prit quelques instants pour respirer calmement et après s'être remémoré toute sa journée, tout ce qu'il avait fait, poursuivit.
— Comme si j'avais retrouvé des vieux amis...
Son visage était lumineux. Il n'était plus seul. Il avait auprès de lui sa meilleure amie, sa femme, sa chienne... Et maintenant, il avait retrouvé sa partenaire. Il l'avait fait. Il était heureux...
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