BàT Epreuve 5 avec Marie-Suzanne

Marie-Suzanne:

Lexique:

Marie-Suzanne réfléchissait à comment sortir de cette salle dans laquelle elle était enfermée. Un petit lit sobre, une armoire et une commode en bois, un bureau et une chaise en plastique, c’était tout ce qui composait cette chambre. Les murs étaient blancs, le plafond et le sol étaient gris. (Cette chambre me dit quelque chose…) En vain, elle avait fouillé partout dans la salle, cherchant un moyen d’en sortir. Elle avait ouvert l’armoire et y a vu les vêtements. Ces habits étaient encore propres. Ils appartenaient à une fille, probablement plus jeune qu’elle. Mais il y en avait très peu, et c’était à peine si elle en voyait avec des couleurs. Les habits les plus colorés que la princesse pouvait trouver composaient apparemment un uniforme. (Pour une école, non ?) Cette chambre peu décorée, peu meublée, peu colorée, peu vivante… Plus elle la regardait, plus elle compatissait pour la pauvre fille dormant ici. (Cette chambre, on l’a vue quelque part, n’est-ce pas ?) Je n’ai pas envie de répondre à cette question. (Pourquoi… Oh…)

Marie-Suzanne ne comprenait pas comment elle était arrivée ici. Elle avait d’abord pensé que c’était un coup maléfique d’Arkatas, qui la retenait prisonnière dans cette salle. Mais à ce qu’elle savait, Arkatas n’était nulle part dans l’Esquisse et n’aurait pas pu utiliser sa magie pour la téléporter ailleurs. De plus, si Arkatas était dans l’Esquisse, comment aurait-il pu la repérer ? Et si Arkatas la repérait et pouvait la téléporter, alors il l’aurait emmenée dans une prison ou dans une salle lugubre. Pourquoi l’aurait-il emmené dans une chambre de petite fille ? (Si elle savait…)

En regardant par la fenêtre, il était aisé de comprendre qu’elle ne se trouvait plus dans l’Esquisse. Dans ce monde-ci, le ciel était rose avec des images variées. Mais là où elle était, le ciel était bleu comme celui de Licornia. Toutefois, ce n’était pas non plus le ciel de Licornia. A Licornia, il y avait deux soleils, un vert et un violet. Ce soleil-là était jaune. Aussi, les nuages auraient été violets, roses ou rouges, pas blancs. En revanche, elle avait entendu que le ciel de la Terre pouvait ressembler à ça. Était-elle sur Terre ? Si oui, elle avait trouvé la sortie de l’Esquisse que les Sorteurs cherchaient tant. Mais comment a-t-elle pu aller sur Terre ? Elle avait beau chercher dans ses souvenirs, elle n’arrivait pas à s’en rappeler.

Elle voulait sortir d’ici mais la porte était verrouillée, les fenêtres aussi. Elle craignait ce que les personnes vivant en ces lieux pourraient penser. Elle s’imaginait à leur place, rentrant chez eux pour y découvrir une inconnue. Pourraient-ils croire que quelque chose ou quelqu’un l’avait téléportée en ces lieux ? Et si elle était chez une famille importante, qu’est-ce qu’ils pourraient lui faire ? Elle avait essayé d’utiliser sa magie pour se sortir de là, mais comme dans l’Esquisse, sa corne ne faisait que luire.

Elle entendit une porte s’ouvrir, puis des bruits de pas. Elle hésitait entre se cacher ou se montrer et s’excuser envers eux. Puis la porte de la chambre s’ouvrit, laissant place à une fille brune de près de 11 ans. L’inconnue s’immobilisa soudain en voyant Marie-Suzanne.

« Marie-Suzanne ?
- Que…
La brune regarda derrière elle, ferma la porte derrière elle puis lui fit la révérence.
- Si vous saviez comme je suis ravie de vous rencontrer, Votre Altesse !
- Merci beaucoup. Mais là j’ai un problème…
- Surtout que c’est moi qui vous ai créée !
Marie-Suzanne regarda la petite fille avec confusion.
- Ah oui, vous ne le savez pas…
- Qu’est-ce que tu veux dire, par « je vous ai créée » ? Tu es une petite fille, et nous ne sommes pas du même monde.
- Oh, vous l’avez remarqué… Je peux montrer quelque chose ?
- Euh… Oui, tu peux.
La petite fille sortit son ordinateur de son sac, l’ouvrit et y ouvrit les fichiers dans lesquels on pouvait lire les aventures de Marie-Suzanne.
- C… Comment connais-tu mes aventures ?
- Je les ai écrites.
- Tu écris ma biographie ?
- Non, en fait, vous êtes mon héroïne de romans.
Elle lui montra d’autres fichiers, notamment celles préparant des personnages et l’univers de Licornia. Marie-Suzanne eut du mal à le croire. Elle se demandait si elle était réelle. Et si elle ne l’était pas, elle ne comprenait pas comment elle avait pu vivre ce qu’elle avait vécu. Dépassée par ce qu’elle venait d’apprendre, elle mit un peu de temps avant de parler.
- Donc… Arkatas qui a envahi mon royaume et tué mes parents, c’est toi ?
- Oui… Désolée, il me fallait un enjeu, à mon histoire. Mais ne vous inquiétez pas, Arkatas sera renversé et vos parents ressuscités.
- Mais… Tu réalises ce qui nous est arrivé ? Mes parents sont morts, j’ai failli avoir la corne coupée, et mon peuple est devenu soit esclave soit fugitif !
- Je pensais que vous étiez fictifs…
- Et ce qui m’est arrivée à l’Esquisse, c’est de ton fait, aussi ?!
- Quoi…
- Réponds à ma question !
- De quoi vous parlez ?
- Tu ne comprends pas ?
- Non…
Marie-Suzanne lut en diagonale les fichiers montrés par la petite fille. Aucune mention de l’Esquisse, de la Ville, des Sorteurs, de sa perte de pouvoir…
- C’est vrai que tu n’as rien écrit là-dessus, murmura-t-elle.
Elle ne comprenait pas alors comment cela a pu lui arriver. Elle se demandait quelle sorcellerie pourrait permettre cela.
Soudain, un adolescent un peu plus âgé qu’elles ouvrit la porte.
- Léo, je t’avais dit de toquer à la porte ! râla la petite fille.
- J’ai entendu des bruits bizarres, dit-il d’un air intrigué, avant de se tourner vers Marie-Suzanne. Tu es qui, toi ? Et qu’est-ce que tu fais dans la chambre d’Anne ?
(C’est moi ou il me dit un truc ?) Hum…
- Je suis Marie-Suzanne de Licornia, et…
- Ah, tu as invité une copine à se déguiser, Anne ? Pourquoi pas… Mais les parents sont au courant, au moins ?
- Non, répondit Anne.
Léo soupire.
- Bon… Faites gaffe, ok ? »
(C… C’est ma voix, ça ?) Oui, c’est bien la tienne. (Attends, j’ai été humain, moi aussi ?)