[Archivé] Le clapotis des vagues et la musique de la fête [Fête de la Créativité 2790]

Il y avait des barques, décorée de petites lumières, et une sorte d'estrade de bois, très grande, sur laquelle on trouvait un bar, qui servait aussi des petites choses à manger. Près du bar, chaises et tables, mais également un espace pour les musiciens qui passeraient par là. Le reste de l'espace était dévolu à la danse, et de nombreux couples évoluaient sur la piste, accompagnés de groupes ou de danseurs seuls qui se déhanchaient en rythme. Le clapotis de la mer et des vagues était à peine perceptible, mais il était là, agréable et doux dans cette nuit de début Corona.
Habituellement, Senea travaillait pour Cathleen Asmodée le soir de la Créativité, mais aujourd'hui, le show avait été fait en journée, afin de en pas concurrencer le concert du soir (dont elle avait conçu quelques décors, d'ailleurs) (et de ne pas être concurrencé par lui). Ainsi, elle était disponible ce soir. Elle s'était dit qu'elle allait rejoindre ses amis de l'Académie, mais s'était permis, avant, de déambuler un peu dans Hypnos, profitant de l'ambiance tout à fait à part de cette fête. Cela faisait des années qu'elle ne s'était pas retrouvée du côté des spectateurs: depuis son entrée à l'Académie, elle participait activement à la fête, et cela avait redoublé depuis qu'elle avait été embauchée au Temple. Elle avait écouté avec attention les flonflons des différents groupes présents, et jeté un œil, plus ou moins attentif, aux oeuvres présentées. Ses pas l'avaient menée en divers lieux au fur et à mesure que la journée avançait, reculant le moment de rejoindre ses amis qui lui avaient communiqué un emploi du temps approximatif. A présent que le soleil se couchait, en pleine Golden Hour, donc, elle s'était retrouvée en passant de portails en portails, à l'extérieur de la ville, tout près de la mer Orphée, et s'était dit qu'elle allait en profiter pour un fois. De toute façon, ils viendraient là, à un moment ou à un autre, c'était indiqué dan leur planning.
L'air marin lui rappelait agréablement Tapahari, et tant qu'il y avait de l'eau, Senea se sentait toujours étrangement chez elle. Elle sortait rarement de la ville à ce point, tout en restant si proche: on apercevait encore les limites d'Hypnos, et pourtant, autour, il n'y avait presque plus de bâtiments. La sensation de calme était aussi ressourçant que fascinante. La jeune femme s'était attablée sur un avancement de l'esplanade sur pilotis, et avait commandé un cocktail léger. Un moment elle avait regardé les danseurs, puis, irrésistiblement attire par l'eau, elle avait laissé sac à mains et chaussures sur sa chaise, suffisamment près d'elle pur qu'ils ne puissent pas entré subtilisés, et s'était assise, pieds nus sur le bord du ponton comme plein d'autres gens, laissant la mer lui léger parfois les orteils au gré des vagues, des embruns humidifiant régulièrement ses jambes. Elle voyait toujours les danseurs, savourait toujours la musique, tout comme sa boisson qu'elle sirotait régulièrement.
Ses amis finiraient bien par arriver, et pendant ce temps, elle pouvait profiter de la fête et du coucher de soleil.

Lunafreya venait d’arriver à la fête de la Créativité, elle voyait tous ces danseurs en solo ou en duo s’amuser au rythme de la musique et elle en fut émerveillée. Normalement, elle aurait dû s’occuper de son krakdent, qui avait mangé un chuchoteur blessé qu’un jeune Créateur lui avait donné le matin même, mais l’appel de la fête était trop grand et elle l’avait laissé à sa tante. Elle n’avait pas été à la fête de la Créativité depuis trop longtemps. A chaque fois, elle était beaucoup trop fatiguée à cause des cours qu’elle donnait à l’Académie, et de ces élèves qui préféraient discuter entre eux que de l’écouter. Maintenant qu’elle n’était que professeure remplaçante elle avait beaucoup plus la force et le temps d’aller faire la fête. Une ancienne élève qu’elle appréciait beaucoup lui avait demandé de la rejoindre ici et bizarrement elle avait accepté. Là voilà à attendre, raide comme panneau que son élève arrive.
En l’attendant, elle décida de regarder les œuvres présentées. Il y en avait de très belle, pleines de couleur, et qui inspirait à Lunafreya un sentiment de chaleur. D’autres étaient plus abstraites. Un jour il faudrait qu’elle participe à un concours, peut-être celui de peinture, mais elle n’avait rien peint depuis plus de cinq ans, elle ne risquerait pas de gagner, celui de chant est impossible puisqu’elle chante comme une casserole. En somme être juste spectateur est aussi une très bonne chose. La mer était juste à côté, Lunafreya se mit à penser qu’elle pourrait faire trempette dans l’eau cinq minutes avant que son élève n’arrive, mais cette idée fut vite retirée de son esprit, elle et l’eau était une trop grande histoire d’amour, mettez là dans l’eau et une heure plus tard elle y sera toujours. Elle s’apprêtait à continuer son chemin afin de prendre quelque chose à boire, mais elle remarqua une silhouette féminine assise face à la mer.
Elle ressemblait trait pour trait à son élève. Et dire que Lunafreya pensait qu’elle allait arriver en retard, elle devait être là depuis un bon moment à l'attendre ! Elle marche d’un pas pressé vers elle et pose ses deux mains sur ses épaules et se penche sur le côté pour la regarder.

« Coucou toi ! »

Elle se rendit compte de son erreur trop tard, ce n’était pas du tout son élève ! Mais pour son excuse, Lunafreya devait bien se l’avouer qu’elles se ressemblaient beaucoup de dos.

Soudain, deux mains fines se posèrent sur ses épaules dénudées, et la saluant et … Senea piqua un fard. Elle n’avait eu aucun mal à reconnaître cette fine brune à la longue chevelure brillante et aux yeux d’un violet profond et intense, tout simplement car elle avait déjà piqué un fard lors de leur première rencontre.
Mme Lunafreya Iantoris était professeur de langues à l’Académie ? Comment Senea le savait-elle ? Car une de ses amies suivait son cours, et qu’alors que celle-ci discutait avec sa professeure dans une des allées, Senea était allée les saluer de manière très familière, leur faisant la bise à toutes les deux sans réaliser qu’elle était en train de traiter une professeure comme une égale. Quelle idée en même temps d’être prof aussi jeune ! Toujours était-il que l'enseignante lui avait fait remarquer son erreur (un peu sèchement peut-être), et que Senea avait terriblement rougi, peut-être plus que jamais, avant de s’excuser platement en bafouillant puis de s’éclipser.
Manifestement, les rôles s’étaient inversés, mais Senea ne se sentait pas vraiment plus à l’aise. Très rouge, elle bondit sur ses pieds, se dégageant ainsi des mains de l’enseignante, et tout en lui tendant sa main libre, déclara en souriant:

“Disons que ça nous met à égalité !  Je ne sais pas si vous vous rappelez de moi, ceci dit: je suis Senea, une amie d’Eowen, une de vos anciennes élèves. Nous nous étions … disons rencontrées alors que je vous avais prise pour une élève. J’en suis encore désolée.” conclut-elle avec un sourire d’excuses.

Elle enchaîna en désignant ce qui les entourait:

“Vous venez profiter de la fête, vous aussi ?”

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