[Terminé] Papillonage. [Libre]

Elle le regarda s'acharner encore plus sur l'animal, et soupira. Peut-être ne pouvait-elle rien y faire, finalement. Pour l'instant du moins. Un sourire en coin s'épanouit sur son visage quand elle songea que peut-être, elle l'énervait autant que lui-même le faisait. C'était probable, en effet.

-Tu peux éviter d'en faire de la purée ? ricana Ari. Je doute de pouvoir le sauver après.

Elle déposa son couteau et assaisonna rapidement les bêtes déjà prêtes pour les disposer au dessus des flammes. La lumière du jour avait déjà pas mal décliné, et la fraîcheur tombait en même temps. Il commençait à faire la nuit et la Lune, large croissant argenté, serait bientôt le seul éclairage en dehors du feu de leur camp de fortune. L'ange sourit à nouveau en levant le visage vers le ciel, les yeux grand ouverts.

Seul le crépitement des flammes meublait la conversation. La soirée promettait d'être silencieuse et calme.

Grimm jeta la carcasse de l'anial brutalement dépecé dans le feux, attendit cinq minutes et plongea rapidement le bras dans le feu pour récupérer la viande. Il grignota les quelques parties comestible et recommença sur un autre. Il ne prêtait aucune attention à Ari. Il mangeait comme à son habitude un peu sur chaque. Le temps noircissait toujours plus et de menaçant nuage commençaient à pointer le bout de leurs nez...

-Grimloth... T'es irrécupérable, non ?

Ari se frappa le front du plat de la main, secouant la tête d'un air consterné.

-Tu ne dois vraiment jamais fréquenter personne... Je me trompe ?

La question semblait plus rhétorique qu'autre chose. La jeune femme trempa les lèvres dans sa tisane pour en vérifier la température et retira les plantes des deux récipient. Elle tendit une tasse de liquide fumant à son comparse.

-Tiens. Bois ça au lieu de chipoter avec ta viande.

Elle récupéra une des carcasses mal curées et planta joyeusement les dents dans la viande chaude.

-Goûte ça, aussi.

Ellle découpa un morceau de viande sur un des lapins préparés par ses soins et se pencha vers Grimm pour le lui tendre, les doigts juste devant son visage.

Elle l’enguirlandait encore. Elle lui avait posé une tasse de tisane devant lui et lui tendait une morceau de viande sous le nez. Grimm ferma les yeux avec un air renfrogné, il se tourna à moitiés et tourna presque le dos à Ari, cepandant, il attrapa le bout de viande et le dévora. Il se retourna prestement vers Ari, la viande était délicieuse, il en était presque choqué. Il n'avait pas rouvert les yeux mais il la devinait. Elle lui tendait le lapin, Grimm ne se fit pas prier il l'attrapa et le dévora. Les nuages se firent plus menaçant encore, Grimm ouvrit les yeux, dégaina son épée et s'envola un peu plus haut pour définir quand la pluie arriverait. Il réfléchit un instant il comptait bien ne ps rester sous la pluie. Il planta son épée dans un arbre et le fendit en deux, l'arbre tomba des deux cotés de son épée. Il regarda droit devant lui, une petite grotte montrait le bout de son nez. Grimm se retourna vers le feu, attrapa une branche et partit explorer la caverne. Elle était longue d'à peine cinq mètres, complètement hors d'atteinte de la pluie mais complètement glaciale. Elle faisait cinq mètres sur cinq avec un genre de pilonne naturel en son centre. Il ressortit, jeta la branche dans le feu et découpa en gros morceau l'arbre fendu. Il rentra toutes les branches feuillues et retira les feuilles, il posa ces dites feuilles au fond de la caverne pour faire un matelas végétal, il pris un gros morceau de tronc pour faire le feu dessus, il déposa des grosses pierres autour du bout de tronc, et des branches dessus, il fut un trou en dessous sur les quatre coté pour l’approvisionnement en air et l'alluma. Il ressortit et tendit la mains à Ari sans la regarder.

Arilith ne put s'empêcher de s'amuser du comportement du démon. Elle le regarda manger le lapin avec un air attendri, contente de voir que le repas lui plaisait. Elle-même mangea avec entrain.

Le voyant ensuite partir, elle en déduisit que le mauvais temps allait les faire bouger. Elle éteignit le feu, récupéra ses gobelets et les raccrocha ensemble pour les mettre à sa ceinture. Elle ramassa ensuite le sac de Grimloth et le mit sur son épaule en l'attendant.

Le voir revenir vers elle quelques instants plus tard lui procura un étrange soulagement qu'elle balaya aussitôt de ses pensées. Cependant elle ne put s'empêcher de tiquer lorsqu'il lui tendit sa main. Elle la fixa, pétrifiée, puis se décida et la prit avec une certaine gêne. Ce geste lui était presque inconnu : en dehors de ses parents durant son enfance, elle n'avait jamais tenu la main de personne ainsi, à part pour tirer quelqu'un d'un mauvais pas. La tiédeur de sa peau contre la sienne produisit un frisson qui descendit le long de sa colone vertébrale. Cette sensation lui était horriblement agréable.

Elle suivit donc Grimm jusqu'à la grotte. En entrant, elle examina les lieux d'un coup d'oeil. Plafond haut de deux mètres, quelques trous qui seraient parfaits pour évacuer la fumée. Elle remarqua l'installation pour le feu, puis le tapis de feuilles. Elle réussit cette fois-ci à s'empêcher de sourire.

-Comment as-tu déniché cet endroit ?

Grimm qui était face à elle et détourna regard pour pousser sa réflexion...

- Je suppose qu'on a eu de la chance...

Grimm mis quelques secondes à se rendre compte de ce qu'il venait de dire. Il se mit à rougir immédiatement et lui tourna immédiatement le dos, il marcha jusqu'à coté du tas de feuilles et le pointa du doigt.

- Ton lit.

Il retourna à l'entrée de la caverne, s'adossa au mur et se laissa glisser, il était assis les jambes pliées, les coudes posés dessus et le regard perdu en face de lui. La pluie ommençait à tomber et un éclair retentit à l'extérieur.

- Je suppose qu'on a eu de la chance...

Ari sourit intérieurement. Il venait de prononcer une de ses plus longues phrases depuis leur rencontre. Le voyant rougir, elle se rendit réellement compte de sa timidité.

- Ton lit.

-"Mon" lit ? Mais ?...

Elle le regarda s'asseoir à l'entrée de la grotte en haussant un sourcil. Décidément, cet homme était vraiment singulier. L'orage à l'extérieur attira l'ange, qui vint s'asseoir face à Grimloth, détournant suffisamment le visage pour ne pas le déranger avec son regard. Elle commençait à faire attention à ce genre de détails sans même s'en rendre compte.

Le vent nocturne, apportant la fraîcheur de la pluie avec lui, s'insinua sous ses vêtements et la glaça jusqu'aux os. Elle frissonna et se recroquevilla contre la paroi de la grotte en s'entourant de ses bras. Partir de Thésée sans son long, lourd et chaud manteau était tout simplement stupide. Elle avait cependant vu pire et devrait faire sans. Elle se concentra sur l'orage en fermant les yeux, se délectant de cette étrange musique qui résonnait dans tout son être.

Grimm sentait qu'elle était frigorifiée, il était en train de faire le guet pour ne pas qu'on les attaques dans la nuit, il eut alors une idée. Il sortit sous la pluie battante, il découpa une grosse et lourde planche dans des reste de tronc, il ramena sa massive planche et la bloqua dans l'entrée de la caverne. Quand il fut l'intérieur, sans penser une seconde à Ari, il retira son haut qui s'apparentait à un genre de veste longue, il était torse nu et ses cheveux faisait ruisseler la pluie sur son corps.

- La chaleur ne s'en iras plus.

Grimm fixait directement cette ange, il était exaspéré de devoir rendre la caverne confortable pour elle, mais il voulait qu'elle cesse de parler et il espérait que ça suffirait.

La jeune femme le regarda faire, se demandant ce qui avait bien pu lui passer par la tête. Elle comprit quand il bloqua la l'entrée. Le froid cessa de l'importuner. Surtout quand ce fichu démon retira son haut, fichtrement attirant avec ses cheveux dégoulinants d'eau. Le regard d'Ari s'attarda sur sa peau, sur ses muscles. Elle se sentit violemment rougir, d'autant plus qu'il était tourné vers elle.

Elle remonta son écharpe jusque sur son nez et se leva d'un bond pour aller s'asseoir près du feu, tournant le dos à Grimm.

-Merci, bafouilla-t-elle, sa voix tremblante étouffée par le lainage qui couvrait sa bouche.

Grimm regarda dans sa direction, mission accomplie, il l'avait enfin fait se taire, même s'il ne comprenait pas les subtilités de ce miracle. Il s'assit en face d'elle autour du feu et vit qu'elle était totalement rouge pivoine. Grimm s'approcha d'elle, se mit à genoux devant elle, écarta les cheveux de son front, y posa la mains et dit.

- Ton front est chaud et tu es toute rouge... Tu vas bien ?

Il se doutait qu'il allait le regretter mais de toutes façon, il aurait du mal à expliquer la mort d'un ange dans la grotte où il s'était abrité.

Il ne savait vraiment pas ce qu'il faisait cet imbécile. S'agenouiller devant elle pour prendre sa température...

- Ton front est chaud et tu es toute rouge... Tu vas bien ?

Arilith baissa honteusement les yeux en rentrant la tête dans les épaules.

-Depuis quand tu te soucies de moi à ce point ? Je vais bien...

Elle saisit sa main, voulant l'enlever de son front, mais se ravisa en sentant sa fraîcheur par rapport à sa peau. Elle garda simplement la sienne dessus en fermant les yeux, malgré sa gêne grandissante.

-Ça fait du bien, avoua-t-elle à contrecœur.

Ce qu'elle appréciait le plus, c'était simplement ce contact. Elle finit tout de même par ôter la main de Grimloth de son visage, la serrant légèrement entre ses doigts l'espace d'un instant. Puis elle secoua la tête et se cacha au creux de ses bras croisés.

Grimm se faisait repousser, il n'avait pas pour habitude d'être gentil, mais qu'elle le repousse comme ça ne lui avait pas vraiment plus, surtout après avoir aimé le contact de sa mains. Sans vraiment savoir pourquoi, il sentait toujours quelques choses de familier chez elle. Il repens à sa façon de se déplacer mais se ravisa de croire qu'elle fut ne serait-ce qu'une seconde une marchombre. Cependant elle pouvait faire apparaitre et disparaitre ses ailes à volontés...

- Qui t'as enseigné l'art du marchombre ?

Il c'était assis à moins d'un mètre d'elle et la fixait droit dans les yeux, même si elle ne le regardait pas encore.

Arilith releva aussitôt la tête. Tout d'abord méfiante, elle fronça les sourcils, puis les yeux verts de Grimm eurent raison de son hésitation.

-Il s'appelle Irahiem.

Elle ne put s'empêcher de détourner un peu le regard, très gênée par le souvenir du contact du démon et par son torse-nu.

-Je suppose donc que je ne m'étais pas trompée en pensant que tu es un marchombre...

Elle osa un regard vers Grimloth. Ses cheveux séchaient lentement, malgré la chaleur du feu. Elle ôta son écharpe et vint près de lui, puis déposa l'étoffe sur sa tête pour le sécher en le frictionnant avec douceur. Tandis qu'elle faisait ceci, elle s'abstint regarder ailleurs que ses propres mains.

-Je ne veux pas que tu attrapes froid par ma faute, se sentit-elle obligée de se justifier.

Grimm accepta le séchage de cheveux avec plaisir, cependant, il allait avoir de bonnes et de mauvaises nouvelles pour elle.

- Irahiem... C'était mon élève il y a longtemps... Il est décédé l'année dernière de vieillesse...

Grimm appréhendait la réaction d'Ari, c'était un ange après tout, ils sont plus en clin à subir leurs émotions, Irahiem était la seule personne qui connaissait Grimm complètement, la seule qui savait lire entre les lignes et le calmer si besoin était, c'était comme son petit frère.

Les yeux d'Arilith s'ouvrirent plus grand. Elle allait d'abord se réjouir de la première nouvelle, mais la deuxième lui fit l'effet d'un seau d'eau glacé. Elle ne dit pas un mot pendant plusieurs minutes, fixant droit devant elle comme si elle pouvait voir au travers de son comparse. Puis ses épaules s'affaissèrent. Elle ne verrait plus son maître, cet homme avait qui elle avait passé tant de temps, cet homme qui avait pris le temps de déchiffrer chaque parcelle de son âme, y compris les plus infimes traces d'ombre.

-Pardonne-moi d'avance... murmura-t-elle.

Lentement, tremblante, elle vint se blottir près de Grimloth. Elle avait impérativement besoin de se raccrocher à quelque chose, à quelqu'un pour ne pas se laisser aller à pleurer. Ari se recroquevilla contre Grimm. Peu importait qu'il la repousse ou non, elle ne pouvait pas s'en empêcher. Le visage blême, elle leva les yeux vers lui un bref instant, puis vint poser son front au creux de sa clavicule. Aucune larme ne coula tant elle ferma les yeux avec force.

Grimm ne la repoussa pas, il se souvenait du gosse de dix ns qu'il avait recueillit et formé, il n'allait pas se laisser tomber das la dépression alors qu'il avait déjà fait son deuil. Grimm se tourna lentement, passa souplement sa jambe sur son coté, il était à présent face à elle, il passa ses bras autours d'elle, elle était à présent dans un grand cocon protecteur formé de Grimm et de tout son corp, elle avait le visage sur son torse, il sentait bien qu'elle se forçait de ne pas laisser la peine l'envahir, bizarrement, ça brisait le cœur de Grimm.

- Il seras mort à deux-cent vingt ans, de vieillesse, laissant derrière lui une grande descendance. Je ne sais pas si ça peut te réconforter, je regrette de ne jamais avoir répondu à ses appels quand sa famille s'était formée. Après tout, il était ma seule famille vraiment à moi.

La voix de Grimm habituellement fade et neutre, se distingua d'un petit brun de tristesse, il ressentait des regrets, un Démon qui regrette... A cette pensée, il se lamenta.

- Je suis pitoyable...
- Si tu veux pleurer... Ne te retiens pas.

Grimm ferma les yeux et baissa son visage vers l'apprentie de son propre apprenti.

-Grimm... murmura-t-elle doucement avant que sa voix s'étouffe dans sa gorge.

Elle entoura sa taille de ses bras, les mains à plat sur son dos. Quelques larmes perlèrent au coin de ses yeux, dévalant ses joues rougies. Ainsi protégée par le démon, respirant son odeur, goûtant à la douceur de sa peau, elle se sentait loin de tout. Elle l'étreignit plus fort, laissant ses pleurs détremper le torse de son compagnon.

Elle laissa sa tristesse s'envoler ainsi, en silence, le dos parfois secoué par des spasmes et les membres tremblants. Elle se calma peu à peu. Le contrecoup de la nouvelle fut étrangement atténué par la présence rassurante de Grimloth. Même après que ses yeux aient séché, Ari resta contre lui, en calmant sa respiration saccadée. Elle déplaça légèrement sa tête, calant son oreille contre la peau de Grimm, se laissant bercer un peu par les battements de son coeur.

-Ça ira...

Elle le serra tendrement contre elle un instant, frottant brièvement sa joue contre la sienne, puis lui laissa le choix de briser leur étreinte.

Grimm était passé complètement à coté de la possibilités de briser l'étreinte, il se contenta de reculer son visage, et de sécher les larmes sur ses joues encore humides, son regard était pleins de compassion et bienveillant...

- Je suis vraiment pathétique...

Il ramena son visage à lui, posa sa tête sous son menton pour une dernière bouffée de chaleur vivante, puis, après quelques minutes, il se leva, ouvrit son gros sac, il sortit une légère couverture qui état un genre de drap un peu plus épais, et une grosse et chaude couverture, la première fut posée sur les feuilles, l'autre sur le tout mais à moitiés pliée.

- Tu devrais venir te coucher.

Grimm revint s'asseoir prêt du feu sans rien dire.

Les bons sentiments qu'elle lut dans les yeux de Grimm, tandis qu'il essuyait ses joues, lui remuèrent les entrailles. Elle se sentit fondre dans ses bras, la tête sous son menton. Elle s'accrocha un peu à lui, jusqu'à ce qu'il se lève.

- Tu devrais venir te coucher.

Touchée par tant d'attentions, et vraiment peu fatiguée, elle alla attraper la couverture la plus épaisse et revint près du feu. Elle s'assit près de Grimloth, passa le tissu sur ses épaules et les siennes, et le referma sur eux deux. Leurs bras se frôlaient à peine.

-J'irai plus tard.

Sans son écharpe, désormais trempée, pour cacher une partie de son visage, Ari se sentait presque vulnérable. Elle rentra à nouveau la tête dans les épaules et se perdit dans la contemplation des flammes. Elle comprenait le désir qu'il devait avoir de ne pas parler, et à l'instant, elle ne souhaitait pas non plus entamer une discussion. Sa bouche était pâteuse, ses paupières la brûlaient, ses cheveux en bataille lui tombaient devant les yeux par grosses mèches. Et son coeur battait si fort qu'elle s'attendait à tout moment à le voir sortir de sa cage thoracique...

Arilith décida qu'après tout, il n'allait pas la massacrer pour si peu, alors elle se rapprocha de lui et posa sa joue sur son épaule. C'était plus agréable, elle se sentait moins tourmentée. Mais étrangement, son coeur faisait encore plus des siennes.

Grimm avait le regard perdu dans les flammes, il se rappelait ces trente années d'entrainement, les entrainements de Marchombre ne durent pas si longtemps, mais il avait du l'apprivoiser avant tout ça, puis finalement quand l'entrainement fut finit, Grimm disparut. Il regrettait et regretterait toujours d'avoir ce devoir de Marchombre. Ari le tira de sa rêverie quand elle passa la couverture sur ses épaules et qu'elle vint poser sa joue sur son épaule. Grimm passa son bras dans son dos et laissa sur sa hanche, il tira un peu sur elle. Ils étaient à présent totalement collés. Grimm posa sa tête sur celle d'Ari et ferma lui même les yeux.

Le bras qu'il passa dans son dos la surprit, mais pas autant que la façon dont il l'attira à lui par la hanche. Sa tête vint reposer sur la sienne. Ari se laissa emporter par cet élan de douceur. Elle passa un bras sur son ventre, les doigts caressant furtivement sa peau au passage. Elle passa l'autre bras dans son dos et joignit ses deux mains sur son côté, puis elle décala légèrement sa tête pour placer son nez au creux du cou de Grimloth. Elle inspira longuement cette odeur chaude et apaisante qui commençait même à lui devenir familière. Son nez froid et sa bouche tiède frôlaient la gorge de Grimm.

Elle n'avait pas l'habitude d'être ainsi dans les bras de quelqu'un : ça ne lui était pour ainsi dire jamais arrivé à part étant petite, quand ses parents la prenaient sur leurs genoux et qu'elle s'accrochait à eux comme une bienheureuse. Elle ne s'était jamais sentie aussi proche de quelqu'un, encore moins d'un homme, surtout aussi beau et aussi horripilant. Oh il l'horripilait toujours, oui, mais son corps pressé contre le sien la désarmait aisément.

Sans vraiment s'en rendre compte, elle déposa un baiser sur cette peau attirante et vulnérable qu'elle avait tout près des lèvres. Quand elle en prit conscience, elle voulut se reculer et récupéra rapidement ses deux bras, fuyant ceux du démon.

-Je suis désolée Grimm, pardon !

Elle se sentait vraiment, vraiment honteuse. Surtout qu'au fond, elle n'avait qu'une envie, et c'était de recommencer. La façon dont il l'avait horripilé dès le départ était peut-être simplement due au charme qu'il avait exercé aussitôt sur sa personne, et qu'elle avait voulu nier de par leur opposition ange/démon...

Elle s'accrochait à Grimm ce qui provoquait en lui des émotion contradictoires, premièrement, il a détesté ça, il préférait toujours être seul, ans attaches et sans personne à côtoyer. D'un autre coté, sa présence remplissait un vide béant qui grandissait un peu plus chaque années depuis qu'il était seul et totalement seul. Cette chaleur bénéfique, le contact de la peaux sur la sienne, sentir le souffle hésitant et apaisé d'une personne sur son cou, cette sensation si agréable et bénéfique que lui procurait cet intime moment de chaleur où seul n'est concerné que la peine et le réconfort.

C'est alors qu'elle lui déposa un baiser sur le cou... Encore une fois, deux possibilités auraient été à envisager, premièrement, la fuite immédiate de Grimm, ou alors, l'étreinte chaleureuse et passionnée de ce démon... Bah voilà aucune des deux ne seras la bonne HAHAH ! Grimm à succombé à sa timidités, il était devenu rouge pivoine, il était complètement tétanisé...

Quand il reprit ses esprits, son cœur battait comme un forcené. Il ne comprenait pas bien cette réaction physique, cependant quand elle s'éloigna et qu'il ne sentit plus sa chaleur sur sa peau, il l'a rattrapa et la ramena à lui. Il l'a plaqua toute entière contre lui, il respirait le parfum de ses cheveux et dans cet autre moment chaleureux, il se souvenu de sa famille, celle qui l'avait recueillis deux cent quatre vingt-dix ans auparavant. La chaleurs du contact, la chaleur de la famille, la chaleur d'une possible amitiés... Puis en dernière pensée, la chaleur d'un possible amour...

Ari se sentit coupable lorsqu'elle vit le démon virer au cramoisi. Cependant, elle ne put s'empêcher de le trouver irrésistiblement attachant. Le voir ainsi paralysé amenait des tas de questions qu'elle se hâta d'effacer de son esprit.

Elle voulut se libérer de son bras mais à sa grande surprise, il l'attira avec force contre lui, la plaquant contre son corps. Ce fut à son tour d'être tétanisée, le souffle coupé par sa réaction. Elle ne mit pourtant pas longtemps à réagir, le serrant dans ses bras. L'ange sentait Grimm respirer profondément, le nez dans ses cheveux. C'était déroutant. Elle passa timidement la main dans les siens, défaisant doucement les nœuds qu'elle avait pu y mettre en les lui séchant. La couverture ayant glissé, elle l'attrapa d'une main et la ramena tant bien que mal sur la peau nue de son comparse. Elle ferma les yeux, les joues rosies, en soupirant d'aise. La chaleur de leur étreinte se propageait même à l'intérieur de son corps, le coeur de Grimm battant tout contre elle, en écho au sien.

De l'autre main, elle se mit à parcourir son dos. Elle dessina du bout des doigts la courbe de ses omoplates, effleura les deux bosses à l'emplacement de ses ailes, suivit la ligne de sa colonne vertébrale... La douceur du moment eut raison d'Arilith, et elle s'endormit bientôt, sans pouvoir lutter contre la fatigue.

Ari venait de s'endormir sur Grimm, celui-ci n'avait pas sommeil, la tempête dehors était dissuasive, mais il avait déjà pris sa décision. Il l'a prise dans ses bras et la coucha sur la couverture du matelas de feuilles, il posa la couverture sur son corps. Il marchait en direction du feu, il attrapa quelques branches et le raviva un peu, il durerait toute la nuit et une bonne partie de la journée. Grimm enfila sa veste et sa ceinture, il s'ébouriffa les cheveux et pris la direction de la porte. C'est alors qu'il fut devant la porte qu'il fit quelque chose qu'il ne pensait ne jamais faire, il se retourna et observa cette jeune Marchombre dormir. Son regard était légèrement embué de tristesse, sans savoir pourquoi, quelque chose lui tiraillait l'estomac et lui déchirait le cœur. Avant de partir, il fit demi-tour, s'agenouilla à coté d'Ari, et, déposa un pendentif qu'il portait. Grimm prit la roue de la porte, la passa et la referma. Il partit en direction d'Hypnos sous la tempête sans se retourner.

Il avait marché toute la nuit et avait laissé des traces partout derrière lui, il lui offrait l’opportunité de le retrouver, il ne pouvait pas faire autrement que de lui donner une chance sans vraiment comprendre pour quel caprice il le faisait. Tout ce qu'il savait, c'est qu'il le faisait. Il marcha toute la journée, et au levé du soir, il fut à l'entrée d'Hypnos. C'est ainsi qu'il commença la recherche de sa cible. Il laissait toujours des traces seulement perceptibles aux marchombres, mais il était totalement invisible pour les autres, comme une ombre, ou une brise, il ne se fait pas repérer ni même sentir.

Il arriva devant une grande battisse, l'homme qu'il devait tuer était juste-là devant lui. Il était complètement ivre et tentait d'ouvrir la porte. Grimm ne dégaina pas son épée, il s'avança, passa sa mains sous son mentons, l'autre sur le dessus de son crâne, il lui brisa la nuque d'un coup sec, il le coucha aux pieds des escaliers, pour les gardes peu scrupuleux d'Hypnos, il serait tombé et se serait brisé la nuque.

Il prit ensuite route vers la taverne la plus proche pour passer la nuit. Il y resterait une semaine pour attendre Ari, si elle voulait le rejoindre, c'est là qu'elle le trouverait.

Lorsqu'elle se réveilla, seule et couverte, Arilith se redressa vivement. Elle tourna la tête, regarda tout autour d'elle. Tout ce qu'elle put voir fut un pendentif, déposé à côté d'elle sur sa couche. Elle le prit délicatement, l'observa un instant.

Étouffant un cri de rage, elle se leva sans plus attendre. Elle passa le collier à son cou et sortit, furieuse de s'être fait éconduire de la sorte. Elle allait le retrouver, même s'il fallait pour cela des jours ou des semaines de recherches, mais elle le retrouverait ! Le poids familier de son sabre dans son dos la rassura, ainsi que tous ses autres "outils" dissimulés dans ses vêtements.

En sortant de la grotte, Ari se mit aussitôt en quête de traces, n'espérant pourtant pas en trouver étant donné qu'elle avait affaire à un marchombre. Lorsqu'elle en découvrit plusieurs à la suite, elle commença à tiquer. Était-ce un piège ? Voulait-il qu'elle le retrouve ? Cet énergumène était décidément un véritable masochiste ! La jeune femme resserra les lacets de ses bottes, entoura son cou de son écharpe, et entreprit de suivre la piste. Il devait être environ dix heures.

Au fur et à mesure qu'elle trouvait les signes laissés par Grimloth, l'ange put deviner qu'il s'était dirigé vers Hypnos. Elle marcha donc d'un bon pas, courant parfois, s'arrêtant à peine pour vérifier qu'elle suivait la bonne route. Quand elle atteignit la ville, il était déjà tard. Les gardes la regardèrent suspicieusement lorsqu'elle se présenta à l'entrée, mais elle les rassura en découvrant son visage; ils la connaissaient bien, même s'ils faisaient partie des cadets de la garnison.

Une fois entrée, elle pensa que sa tâche allait largement se compliquer. Grimm avait très bien pu arrêter là les indices, ou mieux les dissimuler, juste histoire de se moquer d'elle. La seule complication qu'elle rencontra, pourtant, fut de devoir éviter les quelques troupes de fêtards qui l'auraient dérangé. Elle n'avait pas envie de se mesurer à des hommes ivres, même si elle savait pouvoir s'en tirer sans difficulté puisque Irahiem lui avait souvent imposé ces situations comme entraînement.

Elle dut reconnaître que les marques avaient été judicieusement placées, et introuvables pour quiconque n'aurait pas su quoi chercher. C'était un travail digne d'un marchombre, même s'il n'était pas dans leurs habitudes de baliser leur parcours... Arilith arriva finalement devant une taverne. Elle eut une moue dédaigneuse tandis que sa frustration du matin-même se muait à nouveau en colère.

Après ça, je doute qu'il essaie de me refaire ce coup-là un jour... ricana-t-elle intérieurement.

L'ange entra, à peine remarquée par le tavernier. Elle balaya la salle d'un coup d’œil et vit aussi Grimloth. La serveuse qui s'approchait pour lui demander, à tout hasard, s'il voulait quelque chose, fut prise de court par l'arrivée d'Arilith. Cette dernière attrapa le jeune homme par l'épaule, d'une prise ferme, sans lui accorder un regard.

-Permettez que je vous l'emprunte un moment ? Il revient, dit-elle à la serveuse avec un sourire rassurant.

Elle lui glissa une petite pièce dans la main et entraîna son comparse dehors. À peine la porte fut-elle fermée que Grimm reçut une gifle magistrale pour seule explication. Ari avait les joues rougies par l'indignation.