[Terminé] Froid du désert, froid des gens (PV)

Lun 13 Jan 2020 - 14:18

Rubéen 2785; Cruor, Rhadamanthe.

Huit heures et déjà debout. C'est solon, aujourd'hui, et donc c'est journée libre. Autant en profiter pour aller faire un tour de ronde. Je m'habille en vitesse avant de sortir de la chambre qu'Andrew m'a prêté. J'ai l'impression qu'il fait plus froid que d'habitude, en cette période de l'année. Mais quelque part, je me dis que c'est juste mon imagination. Peut-être parce que chaque cellule de mon corps préfère la sécurité d'une chambre chauffée que la ruelle sombre et froide qui était sienne auparavant. Mais ça me met mal à l'aise d'accepter l'offre d'Andrew. Je sais qu'il fait ça uniquement pour moi, mais j'aime pas ça. Mais de toute façon, j'ai pris ma décision et il le sait parfaitement. Je ressortirai lorsqu'il fera meilleur. Hors de question abuser de son hospitalité. Et je n'utilise la chambre que pendant la nuit.
Après avoir attrapé le lourd manteau prêté par le maître forgeron - j'en achèterai un avec ma prochaine paye, quitte à remanger la nourriture empoisonnée de la femme - je sors finalement de la maison. Brrr... L'air est glacial. Je préfère quand il fait trop chaud.
Comme à mon habitude, je regarde chaque miroir avant de m'engager dans une ruelle. Ici, j'ai l'avantage de connaître parfaitement leur emplacement et d'avoir un coup d'avance. Mais plus loin, il faudra que je fasse attention. Cruor est une ville désagréable. Un jour, j'embarquerai sur un bateau pour quitter Rhadamanthe. Mais j'ai des choses à finir ici.
Une ruelle de passée. Deux. Trois. Pour l'instant, il n'y a pas un chat. C'est bizarre. Mais c'est pas plus mal. Il faut que j'aille acheter quelques bricoles pour la forge. J'ai eu des idées, mais du coup il faut les trouver. Enfin, on va déjà voir ce qu'on peut trouver. Et pour ça, heureusement que j'ai une carte gravée dans la tête !
« Hé gamin, c'est pas un endroit pour les gosses. »
Je me retourne brusquement. La vache, il m'a fait peur... Je l'avais pas entendu arriver. Je LES avais pas vus. Mais je connais ce genre de visage. Ils vont pas me laisser avant d'avoir ce qu'ils veulent.
« Oh euh... Désolé... Je m'en vais... »
Je tente alors de m'éloigner, mais une grosse paluche sur mon épaule m'arrête. Bon...
« D'abord, tu vas me donner ton argent, ok ? »
Évidemment.

03/10/2752

D’abord, tu vas me donner ton argent.

La voix était froide glaciale même. L’homme se retourna surpris. Evidemment, il ne l’avait pas entendu arriver. On ne l’entendait jamais arriver.
La veille, Angel était parti de chez Eden dans l’après-midi. Il avait quelques missions à terminer -d’ailleurs si on le regardait très attentivement, il y avait une minuscule tâche de sang sur sa manche droite. Il avait aussi de la DAD à livrer. Lorsqu’il avait terminé toutes ces tâches, il avait pris le chemin du retour./ Il était encore très tôt, et il faisait extrêmement froid, mais marcher ne le dérangeait pas. Au contraire: cela lui permettait d’être seul, de profiter du silence. A ces heures, il n’était qu’une ombre parmi d’autres ombres, et il était prêt à parier qu’on douterait même de l’avoir aperçu.
L’homme qu’il avait tué cette nuit, lui, n’avait même pas vu son visage. Il n’avait pu percevoir que l’éclat de ses yeux, et le brillance du verre empoisonné.
Il avait un pas assez tranquille, souple. Ses vêtements en faisaient pas de bruit, ses chaussures non plus. Il n’était que silence. Un silence qui faisait attention aux endroits où se posaient ses pieds: la nuit avait disposé du verglas un peu partout.
Le corps de la femme à qui il avait coupé la gorge devait déjà être froid, très froid. Sans doute la mare de sang sous elle, celle qui vallait au tueur cette petite tâche de sang, avait-elle déjà gelé. Elle ne serait que plus compliquée à retrouver, et plus compliquée à extraire de l’endroit où il l’avait laissée. Il soupira. Elle s’était défendue. C’était rare. Ca ne rendait pas pour autant son métier plus excitant: il avait toujours le dessus.
Il arrivait dans un quartier plus proche de chez lui, lorsque soudain, il vit du coin de l’oeil une silhouette connue.

*Tiens, tiens.*

L’homme lui devait de l’argent, aussi, il leur emboîta le pas à lui, ainsi qu’à ses acolytes. C’étaient de déprimants personnages, et Angel le savait. Le plus grand lui devait de l’argent depuis des mois. La somme n’était pas énorme, aussi le tueur avait-il eu d’autres chats à fouetter -quoiqu’il se soit promis de s’en occuper-, mais l’homme se baladait sous son nez.
Il roula des yeux lorsqu’ils s’en prirent à ce qui n’était manifestement qu’un gamin des rues. Bien sûr. malhonnêtes et lâches, un ramassis de tout ce que Rhadamanthe pouvait produire de meilleur. Il continua à s’approcher en silence, rapidement, et mis à terre les deux acolytes en un battement de paupières d’un coup sec derrière la nuque. Ils s’en relèveraient, a priori. Puis, avec un certain plaisir sadqiue, il fit subir à l’homme le sort qu’il faisait subir au gosse.
La surprise se lut dans les yeux du type, et se transforme en peur lorsqu’il le reconnut. La peur devint très vite de la terreur lorsqu’il se rendit compte que ses deux copains ne bougeaient plus. Pourtant, aucune bourse ne sortait.

Maintenant. Et tu sais très bien ce qui t’attend, si tu ne me paies pas.

Il n’avait même pas pris la peine de voiler sa menace. Ses yeux sang avaient un éclat sombre très inquiétant.

Je … je n’ai rien à vous donner.

Le visage d’Angel se fit plus froid encore. L’homme comprit immédiatement ce qui allait se passer, et commença à s'agiter sous la poigne de fer du tueur.

Non, non pitié ! Je ferai ce que vous voulez !

Angel fronça les sourcils, sembla presque hésiter un instant. Puis il sortit d’une poche invisible ce qui ressemblait à une carte de visite. Il la confia à l’homme, qui médusé, put y lire une adresse, et tout un ensemble de signes qu’il en comprit pas.

Rends-toi là-bas. Tu y effaceras ta dette. Ne t'avise pas de te défiler, ou je te trouverai.

La menace, de nouveau, n’était pas formulée, mais n’en avait pas besoin pour être terrifiante. Son attitude, son ton, sa voix suffisaient. L’homme émit un couinement lorsqu’il le lâcha, et fila à toute allure. Angel put remarquer une tache sombre sur son pantalon, ce qui expliquait l’odeur âcre de la ruelle. L’homme se dirigeait tout droit vers bien pire qu’une mort dans une ruelle, et il n’en avait aucune idée. Il allait tomber dans la Toile de la Veuve Noire. C’est au moment de tourner les talons qu’il remarqua quelqu’un d’autre dans la ruelle. Le gamin.

Qu’est-ce que tu fais encore ici ?

Mer 15 Jan 2020 - 22:48

C'est un mouvement derrière l'homme qui attire mon regard avant même de faire un geste. Mais lui qui est trop proche de moi m'empêche de voir quoique ce soit. Pourtant, le corps de l'homme qui tombe n'est pas inaudible et la main qui se pose sur son épaule n'est pas invisible. Le type n'a même pas eu le temps de se retourner qu'un autre homme, aux yeux rouge sang, était arrivé, complètement silencieux. Autant... Autant pour les types avant, j'étais tellement perdu dans mes pensées que je ne les avais pas entendu, autant lui... Lui c'était vraiment un niveau au dessus.
Enfin. Le nouvel homme ordonne à l'autre de lui donner son argent, en usant la même phrase que le précédent. Et je vous avoue que l'ironie de la situation me fait sourire.
Puis la menace de l'homme aux yeux de sang me fait ravaler mon sourire. Heureusement qu'elle n'est pas pour moi. Je regarde du coin de l'œil la ruelle qui continue. Je pourrais m'en aller, laisser ces hommes régler leurs affaires - puisque c'est ce qu'ils font - mais quelque chose m'en empêche. Je ne pourrais pas dire quoi, mais je ne peux pas - ou ne veux pas - bouger. Alors j'observe en silence leur discussion. On dirait que celui qui a voulu me voler a des comptes à régler à celui aux yeux de sang. Et lui n'a pas l'air commode. Hormis la couleur de ses yeux, son visage est froid et ses menaces sous-entendues sont pourtant très claires. En fait... C'est un homme de Cruor. Pas le même genre que ceux que je croise habituellement, il est... Encore un level au dessus. Tout chez lui semble... C'est une tâche de sang sur son épaule ? Bizarrement, ça colle au personnage... Enfin. Andrew dit toujours que l'habit ne fait pas le moine. Et aussi que cette phrase perd une grande partie de son sens lorsqu'on se trouve à Cruor.
Finalement, l'homme aux yeux de sang relâche l'autre qui s'enfuit à toute vitesse. Je le suis du regard avec une moue. Il faisait son gros dur avant, mais maintenant on dirait un rat qui abandonne ses deux sbires sans la moindre peine...
« Qu’est-ce que tu fais encore ici ? »
Je me retourne en direction de l'autre. Oups. J'aurais peut-être dû m'enfuir... Pourtant je reste là, planté comme un clou. Et une émotion neutre sur le visage. Je n'essaie même pas de jouer la peur. Avec ce que je viens de voir, j'ai le sentiment que ça ne pourra pas vraiment m'aider face à lui. Peut-être même qu'il n'aime pas cette émotion. D'ailleurs, l'a-t-il déjà ressentie ? Peut-être étant gosse mais... Même là rien n'est sûr.
« Je... Je ne sais pas. J'aurais pu m'enfuir, mais non. Mais merci. C'était peut-être que pour sa dette que vous avez fait ça, mais en tout cas, merci. »
J'espère qu'il est pas du genre à s'énerver parce qu'on le remercie...

03/10/2752

L’enfant ne semblait pas effrayé, et Angel ne sut déterminer s’il trouvait cela complètement stupide, ou bien extrêmement perspicace. Il ne s’y attarda cependant pas, et ne put donc pas trancher entre ces deux opinions (quoiqu’il eut certainement décidé qu’il était perspicacement stupide ou stupidement perspicace). Lorsque le gamin le remercia, il le toisa d’un air dur. Son regard n’exprimait cependant pas grand chose.

Je n’aide personne.

Son ton était froid et détaché. Il se tourna pour partir, mais une pensée le retint soudain.

Quel âge tu as ?

Il y avait deux choses qui avaient soulevé cette interrogation.
Tout d’abord, il avait 8 ans lorsqu’il fut arraché à ses parents. Il fut alors formé cinq ans en tant qu’Arma et mercenaire, et avait alors perdu toute innocence. Il était déjà plus dangereux que les types qu’il venait d’effrayer sans aucun doute. Aussi, il avait du mal à imaginer qu’un gamin si grand puisse être si vulnérable. Comment pouvait-il ne pas savoir se défendre, accepter d’être une proie si facile ?
D’autre part, il avait eu une pensée fugace. Il était père. Il n’avait jamais vu son enfant, mais savait que c’était une fille, et qu’elle avait environ six ans (Nathalia était tout juste enceinte lors de sa disparition, le calcul était simple). Cependant, pour lui, cela n’évoquait rien. Il n’avait jamais fréquenté d’enfant. Six ans était pour lui une durée mais ne correspondait ni à un stade de développement, ni à une taille, comme son enfant n’avait pas de visage, ou de voix. Un instant, il s’était demandé si elle était comme ce gosse, faible.

Dim 19 Jan 2020 - 14:25

Son air dur me fait frissonner. Oui, bon, je sais que mes pouvoirs me sauveront - encore - mais il est quand même vachement effrayant ce type. Cela dit, j'essaie de ne pas broncher.
« Je n’aide personne. »
Alors qu'il fait demi-tour, je laisse un sourire en coin se dessiner sur mon visage. Ça, je l'avais deviné. Je fais partie intégrante de la définition de "personne". Avec ou sans moi, il aurait agressé ces mecs. L'autre lui doit de l'argent, mais il va le faire payer d'une autre manière. Mais ça ne me regarde pas. En tout cas, je ne sais pas pourquoi, mais j'ai tendance à croire que ce type aurait mieux fait de lui donner son argent. Cet homme... Il a l'assurance calme du mec qui peut tuer n'importe qui. Qui peut te faire manger tes pieds sans même te casser en deux... Enfin, c'est peut-être qu'une impression, mais bon...
« Quel âge tu as ? »
Cette fois, c'est une interrogation qui fait place sur mon visage. Pourquoi il veut savoir ça ? C'est bizarre, mais cette fois je n'arrive pas à comprendre. Mais bon... Je suis resté, alors je me dois de lui répondre.
« J'ai dix-sept ans, monsieur. »
Je reste incapable d'ajouter quoi que ce soit à cela. Une quinte de toux me surprend sans prévenir. Douloureuse, certes, mais j'ai vu pire. Elle est juste normale celle-là, pas comme certaines... Un sourire contrit fait suite à la toux, incapable de mieux. J'ai - peut-être à tort - le sentiment que ça ne l'intéressera pas.

03/10/2752

Dix-sept ans ? Angel doit lutter pour ne pas laisser son visage refléter la surprise mêlée de dédain qu’il ressent à cet instant. Dix-sept ans …
L’année de ses dix-sept ans, il était un mercenaire accompli, un Arma Homnium à part entière. Il faisait déjà partie des meilleurs, réputé pour son efficacité, son sang-froid, son absence totale d’empathie ou de curiosité. Il avait déjà tué des dizaines de gens. Il avait déjà commis son unique bavure, qui courait encore à l’heure qu’il était et se permettait même ne le narguer en devenant une personnalité publique. Tant pis, ses commanditaires étaient morts depuis longtemps -il s’en était lui-même chargés pour ceux que Saralondë n’avait pas éliminés au fil du temps. L’année de ses dix-sept ans, il avait plus de sang sur les mains que beaucoup d’habitants d’Elysion, et il n’en avait aucun remords. L’année de ses dix-sept ans, il avait commis un de ses rares bonnes actions, et à la demande de son frère, il avait libéré une fillette de son tortionnaire. Une fillette qui, depuis, était devenue Reine. L’année de ses dix-sept ans, il avait perdu le seul repère qu’il avait dans le monde, son seul ancrage à l’humanité, qui avait préféré sauter d’une falaise plutôt que continuer à vivre dans un monde aussi sombre alors que lui-même était si pur. L’année de ses dix-sept ans, il avait rencontré le vieux Belgan et découvert des capacités encore insoupçonnées. L’année de ses dix-sept ans avait révolutionné sa vie, avait tout changé, mais l’année de ses dix-sept ans, il était déjà un homme redoutable, bien loin de ce qu’il avait devant lui. Il avait du mal à croire que celui qu’il avait alors considéré comme un enfant n’avait que dix-sept ans, tant cela ne pouvait recouvrir aucun réalité pour lui.
Il lui était impossible de le comparer à son enfant. La fillette ne pouvait pas être plus de deux fois (presque trois fois !) plus petite, plus de deux fois plus faible. Elle serait morte depuis longtemps, d’une part. Et elle avait hérité de lui, de son sang, de ses gènes. De sa mère aussi, et même s’il détestait Nathalia, et que cette haine froide, de désir de faire souffrir était teinté de douleur et de mépris, il savait reconnaître qu’elle n’était pas une femme faible. Elle n’était pas forte non plus, pas solide, en tous cas pas à ses yeux. Elle était trop instable, elle alisasit à ses émotions une trop grande place dans sa vie, c’était son seul prisme. Il l’avait brisée, plusieurs fois, s’en était amusé, souvent. Mais tous deux n’avaient pu donner naissance à une chose si faible, si molle, si vulnérable que ce qu'il avait face à lui. C’était impossible, inenvisageable.
Il toisa le gamin.

Tu devrais changer de continent. Ici les gens aiment jouer avec les plus faibles. Tu fais partie des jouets.

C'était dit comme une constatation, pas même comme un conseil, mais l’accent mis sur le mot jouer n’avait rien de rassurant. Cela n’évoquait ni l’amusement, ni l’enfance. Cela évoquait des rues sombres, des courses-poursuites, des terreurs, des cris, et de la torture. Les mots changeaient de sens en fonction de qui les utilisait.

Mar 28 Jan 2020 - 10:23

Je ne saurais dire ce à quoi pense ce type, mais je suis prêt à parier que ça n'est rien de bien gentil envers moi. Mais ça ne me fait rien. Pas seulement parce que j'ai l'habitude, mais aussi, un peu, parce que j'ai l'impression que, de toute façon, cet homme pense du bien de très peu de gens. Et que dans tous les cas possibles et imaginables, je ne ferai jamais partie de ces gens. Cruor, Rhadamanthe... Les gens ici sont plus axés sur la loi du plus fort que sur l'égalité des forces. Mais je le sais, ça fait dix-sept années que je vis ici.
Aussi, lorsque le gars me toise, je reste neutre.
« Tu devrais changer de continent. Ici les gens aiment jouer avec les plus faibles. Tu fais partie des jouets. »
Étrangement, cette phrase me fait sourire. Et j'aurais presque pu en rire, si je n'avais pas eu un self-control suffisamment développé pour m'en empêcher. C'est marrant quand même. Ce type me toise et juste après il me conseille de partir. J'suis quoi au juste ? Un mioche trop faible pour être éliminé et pas assez pour rester ici ? Dans tous les cas, rien qui ne puisse se vanter d'être intéressant, je suppose.
« Ça fait dix-sept ans que je vis à Rhadamanthe, dont presque dix ans à Cruor, monsieur. Je connais les Rhadamanthiens et leur façon de vivre, de traiter les autres. Pourtant j'suis toujours en vie. Je n'ai certes pas l'intention de rester ici indéfiniment, mais c'est surtout par curiosité du monde extérieur que je veux partir. Vivre ici... C'est tout ce que j'ai connu, j'vois pas le problème. »
Après tout, j'ai résisté à une maladie qui aurait dû me tuer et... Elle vient d'où cette maladie ? Ah oui, d'ici. Et tous ces types qui m'ont menacé, qui ont tenté de me tuer, cru qu'ils avaient un mort de plus sur la conscience... J'ai l'habitude maintenant. J'accepte toujours les conseils, par principe. Mais celui-là... C'est bizarre. On dirait qu'il me prend pour... Enfin, son conseil tient plutôt du mépris, après réflexion.

03/10/2752

Cette fois Angel regarde le gamin de manière bien plus directe. Il ne manque pas d’assurance, pour lui répondre ainsi. D’habitude, les gens s’enfuient le plus vite possible en le voyant. Lui est là, il reste. Et il l’écoute, lui parle lui répond. Manifestement san se rendre compte qu’il pourrait finir démembré en un instant, empoisonné, des éclats de verre et d’acier fichés dans tout le corps, la carotide trouée, les yeux crevés, le cerveaux troué par une balle. Toutes ces considérations ne semblent pas atteindre le gosse de dix-sept ans face à lui, et cela fait un effet étrange au tueur.
Depuis son retour d’entre les corps son corps a suffisamment évolué, aidé par la DAD et ses heures de musculation, pour clamer son statut de machine de guerre. Un regard suffit souvent à dissuader les plus faibles, et si sa composition de s’en est pas chargée ses yeux sanglants finissent généralement le travail. Là, non. Ce gosse n’est pas rassuré, mais il n’a pas l’air assez effrayé pour s’enfuir, et ne semble pas non plus retenu par la peur, ni prêt à se faire dessus au vu du ton de sa voix.
Voilà qui était intéressant.
Cependant l’idée de partir pour découvrir le monde extérieur ne put qu’amuser Angel. Cet enfant n’avait pas l’air de savoir que l’Ombre était là, prête à recouvrir ce monde, et qu’un jour tout serait à son image. Il n’y aurait plus besoin de voyager. Et cet enfant en serait sans doute pas là pour le découvrir: seuls les forts resteraient, car seuls eux seraient en mesure de survivre, seuls eux mériteraient de vivre. Il ne dit rien, pourtant, n’exprima rien.

Ca fait donc dix-sept ans que tu luttes pour survivre alors qu’ailleurs, tu ne serais pas poursuivi ni menacé au quotidien. Bravo.

Il y avait très clairement de l’ironie dans ces félicitations. Si on l’observait bien, il y avait quelques détails qui avaient bougé sur son masque d’impassibilité, laissant deviner l’ombre d’un sourire. Pourtant, il se retourna, et commença à partir. Si l’enfant était étonnant, il ne l’intéressait pas assez pour rester à bavasser.

[Si tu as une idée de rebondissement je te laisse faire ! Wink

sinon, en effet, Angel part.]

[Ahah, alors j'ai une petite idée, on va voir si ça marche Razz

]

L'homme m'observe désormais de manière plus directe, comme si j'avais - je ne sais pas - attirer un peu son attention. Je ne sais toujours pas ce qu'il se passe dans sa tête et je ne peux qu'admirer le fait qu'il puisse rester aussi impassible, ou du moins garder un masque impassible sur le visage. Ici, les gens cèdent facilement à la haine et au dédain. Et ça se voit sur leurs visages, qui se déforment dans certains rictus dégoûtants. Enfin, il est carrément d'un niveau au dessus, lui. Hormis le fait qu'il ait l'air d'une machine à tuer et ses yeux de sang, il leur est supérieur en tout point. Le genre de personnes effrayantes, à condition d'avoir peur de la mort. Peut-être qu'au fond, c'est ça qui l'a intrigué. Je ne dirai pas qu'il ne me fait pas peur. C'est dit et redit, il n'est pas le genre d'homme avec une apparence douce. Mais au fond, ce n'est qu'une peur rationnelle envers un homme qui pourrait me casser en deux comme une brindille. Si je n'avais pas une capacité de régénération hors du commun. Donc au final... J'suis moins une chochotte que le type qu'il a fait fuir. D'ailleurs... Je repense à un miroir, et à Andrew. On est hors de la zone de sa surveillance, mais la ruelle que ce type a empruntée est dans celle-ci. À l'heure qu'il est, il est peut-être dans un sale état. Je n'y avais pas réfléchi plus tôt, mais c'est vrai que si j'avais fuit dans l'autre sens, j'aurais pu m'en débarrasser facilement. À condition qu'Andrew m'ait vu les fuir.
« Ca fait donc dix-sept ans que tu luttes pour survivre alors qu’ailleurs, tu ne serais pas poursuivi ni menacé au quotidien. Bravo. »
Je retourne la tête dans la direction de l'homme juste avant que l'ombre de son sourire ne disparaisse et qu'il ne retrouve son masque. J'ai bine noté l'ironie dans sa voix, mais je souris tout de même. Il a bien résumé la situation. Je le vois alors tourner les talons et je penche la tête surpris. Il s'en va ? Un mince sentiment de déception traverse mon regard alors qu'il passe au dessus des deux hommes pour retourner dans la ruelle de l'homme qui a fuit après s'être pissé dessus. J'observe la ruelle, avant de faire quelques pas dans sa direction, en évitant les hommes. Si Andrew m'a surveillé, alors le type d'avant n'est peut-être même plus de ce monde. Mais je ne sais pas s'il va prendre ce type là pour un ennemi. Il risquerait de vouloir s'en prendre à lui, et je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Dans ce cas... Vaut mieux qu'il parte dans une autre ruelle, ou que je l'accompagne le temps qu'Andrew se rende compte qu'il ne m'a pas agressé. Et que mieux, il m'a même aidé, bien que ça n'ait pas été voulu. Et pour ça, je ne souhaite pas attirer de litige entre lui et Andrew. Je continue alors ma marche, qu'il a sûrement remarqué, avant de lui dire :
« Euh... Si vous voulez absolument continuer par ici, laissez-moi vous accompagner. Je... Je ne sais même pas si l'homme de tout à l'heure est encore en vie... Et celui qui a fait ça risquerait de vouloir vous attaquer, à cause de moi. Je n'ai pas peur pour vous, mais plutôt pour lui, et j'aimerai autant que vous ne l'abîmiez pas. »
Je n'ai pas menti une seule fois, sa carrure viendrait à bout de celle d'Andrew sans problème et malheureusement, ses pouvoirs ont des limites... Et j'ai comme le sentiment que ce type ne sera pas affecté par eux, car hors des capacités d'Andrew.

03/10/2752

Il avait déjà enjambé les deux hommes et était prêt à disparaître au coin de la ruelle lorsqu’il entendit derrière lui des bruits de pas, légers et rapides, comme un trottinement. Il n’y avait aucun doute possible, c’était bien le gamin, qui vint se placer à sa hauteur, alors qu’il franchissait l’angle de la venelle.

*Qu’est ce qu’il veut, encore ?*

Angel ne cessa pas de marcher pour autant d’un pas décidé, ignorant manifestement le petit cafard des rues qui restait près de lui. Cependant, il repéra très vite des éclats de lumière, des reflets, de bizarreries. C’était discret, mais présent. Il fallait une certaine habitude et une attention accrue pour le remarquer. Il fronça les sourcils. Associé à l’avertissement du garçon, c’était étrange -même si le gamin semblait avoir conscience que l’homme face à lui était plus fort que la personne qui avait pu faire peur au couard d’avant, ou bien lui vouloir du mal.

Qui nous surveille ?

Sa voix était aussi glaciale et détachée que d’habitude. Il n'avait pas fait de commentaire quant au sort de l’homme qui avait fui, ni quant à l’altruisme que manifestait le garçon, surprenant pour un Rhadamantien pur jus -mais ce gosse pouvait-il réellement être vu comme un Rhadamantien pur jus à ce stade ? Pas sûr.

Mar 17 Mar 2020 - 11:34

Je vois le type observer les alentours, toujours de manière détachée. Je ne sais pas ce qu'il cherche, peut-être un indice de la présence d'Andrew. A-t-il vu les miroirs ? Aucune idée.
« Qui nous surveille ? »
Sa voix n'a pas changé. Un vague sourire en coin se dessine sur mon visage. Il est toujours aussi froid et glacial dans toutes les journées qui passent ? Même avec ses proches ? Ça doit être assez bizarre.
« Quelqu'un qui veille sur moi. »
Je ne vais quand même pas lui dire toute la vie d'Andrew, quand même. Ni où il vit, ni son nom, ni son adresse. Je ne suis pas stupide.
« Ça ne vous ennuie pas trop pour l'autre type ? Je ne sais pas ce que vous lui avez prévu mais... Il y a peu de chances pour qu'il puisse le faire. »
Je n'ai même pas observé l'homme. Si je l'avais fait, Andrew n'aurait pas pu voir mon nouveau sourire. Il sait que je ne crains normalement rien. Enfin, lui croit que je ne crains rien. Moi, je ne suis pas vraiment sûr, mais je préfère le rassurer. De toute manière, ce type est peut-être puissant, pourtant je n'ai pas peur. Folie, stupidité ? Ou simplement une foi aveugle envers ses capacités... ? On pourrait dire que c'est peut-être un peu de tout ça. Mais, je ne suis pas grand chose, il n'a aucun intérêt à m'attaquer. Même niveau argent, j'ai pas grand chose sur moi. Je ne prends toujours que le strict nécessaire, au cas où je croiserai des voleurs. C'est une habitude, et elle le restera probablement toujours.

03/10/2752

Le gamin ne lui donna pas de réponse réellement satisfaisante, rien qu’Angel n’ait pas déjà déduit. Cependant il comprit que, sauf sous la menace, il n’obtiendrait pas d’autres informations, et à vrai dire, il n’y accordait pas suffisamment d’importance -cette surveillance ne concernant alnifstement qu’un qaurtier précis et le danger ne s'appliquant qu'à ceux autour du gosse- pour se fatiguer à faire montre de ses talents de persuasion (somme toute très efficaces cependant).
Lorsqu’il lui demanda s’il n’était pas ennuyé pour le type qu’il avait fait fuir et qui était, à en croire l’enfant, mort à présent, Angel se contenta de hausser les épaules.

Non. Et quelqu’un d’autre pourra payer pour lui.

Il trouvait toujours un moyen pour récupérer son dû. Et Eden n'était pas femme à laisser filer une proie. A tous les deux, ils étaient d’une efficacité redoutable dans beaucoup de domaines, dont ceux de retrouver les mauvais payeurs et de recruter pour le Ténébreux. A y penser, il aurait presque souri. Cependant, cette expression ne vint pas sur son visage. Eden n’était pas une femme qui le faisait rêver. Eden était son quotidien. Eden était son humiliation, sa peine, sa douleur, son maître, son bourreau, son patron, sa maîtresse. Il était à son entière disposition, jour et nuit, et pourtant il savait qu’il n’était rien pour elle. Rien d’autre en tous cas que quelque chose d’utile. Un meuble pratique, un jouet un peu lassant, un animal de compagnie parfois vaguement agaçant. Rien, en tous cas qui relevait de l'attachement. Même lorsqu’ils se touchaient, s’embrassaient, s’embrasaient, il n’y avait aucune tendresse, aucun attachement. Il y avait une forme de violence, et à la fois une certaine distanciation. Chacun se servait de l’autre, et chacun en avait conscience. Ils n’étaient pas un couple, pas même un duo.
Ses pensées revinrent au présent, dans la rue, avec le gamin. Gamin qui ne semblait pas du tout effrayé par le tueur. Angel ne dit rien. Il pouvait l’effrayer s’il le souhaitait. Il ne savait pas pourquoi il n’avait pas peur, mais il n’avait pas besoin qu’il ait peur, donc cela lui importait peu.

Mar 31 Mar 2020 - 0:18

L'homme ne semblait toujours rien ressentir, et finalement, c'est assez étrange comme sensation. Enfin...
« Non. Et quelqu’un d’autre pourra payer pour lui. »
J'opine du chef. Ben oui, c'est pourtant évident. Il y a toujours quelqu'un pour payer pour les autres. Enfin, dans ce genre de menaces. C'est ça, de travailler à plusieurs, dans le fond. Moi, personne ne paiera mes gaffes. Sauf peut-être Andrew mais... J'm'en voudrais de l'attirer dans une telle situation. Enfin, de toute façon ça n'arrivera pas. Je n'emprunte d'argent à personne, je ne tue personne et je ne vole personne. Donc... Pas de problèmes !
Je jette un oeil vers le type et son regard froid. C'est drôle quand même. Il a l'air de ce genre de personne qui tue des gens pour l'argent... Ou pour autre chose. Je ne saurais dire d'où ça vient, mais j'ai l'impression que ce n'est pas tout à fait ça. Disons que cette aura qui émane de lui... Me susurre que je n'ai qu'un pied dans la rivière. Je ne sais pas pourquoi, mais c'est comme si les buts qui entourent cet homme sont encore mille fois plus grands. Qu'il ne vise pas que l'argent, mais autre chose, que je n'arrive pas à déterminer. J'l'ai su dès le début. C'est pas un type comme un autre. Sa force dégage une aura glaciale, qui pourrait en - et qui en a - paralysé plus d'un. Le genre de type qu'il vaut mieux avoir comme allié que comme ennemi. Moi à côté... Je ne suis qu'un petit vermisseau qui ne mérite même pas qu'il puisse user de sa force. Et puis, fort heureusement, je ne lui dois rien. Entre nous... Si ça avait été le cas, je crois que me rendre à l'adresse indiquée aurait signé mon arrêt de mort.
Minute... Est-ce que c'était le cas pour ce type aussi ? Je n'ai même pas besoin d'observer l'homme une nouvelle fois pour avoir ma réponse. Ce ne serait même pas étonnant qu'il l'ait emmené à la morgue. Et sans même le savoir, Andrew aurait accompli ses buts. Enfin... C'est pas comme si ça allait me gêner, faut bien l'avouer.
Je finis par m'arrêter à un croisement entre deux ruelles.
« Bien, je crois que nos chemins se séparent ici. Vous pouvez continuer votre chemin tranquillement, mon ami ne s'en prendra pas à vous. »
J'incline la tête, comme un salut poli. Après tout, je n'ai pas grand chose à faire d'autre. Je pense que je vais rentrer à la maison et que je ferai mon achat une autre fois... J'ai eu assez d'émotions pour aujourd'hui et je ne souhaite pas retomber sur une autre bande de bouffons. surtout si les autres se sont réveillés.

[Je ne sais pas continuer une discussion à l'aveugle servira à grand chose XD Donc soit t'as une idée, soit ils se séparent x)]

03/10/2752

[Je pense qu’en effet ils vont se séparer haha, quitte à se recroiser un jour ! Wink

]

Ils progressèrent un instant en silence. Si Angel avait toujours été mutique, le gamin ne semblait pas non plus être des plus bavards, et ne faisait pas la conversation pour deux, ce qui était bien loin de déranger le tueur à gages. A un croisement, la garçon s’arrêta, et lui proposa de continuer leurs routes séparément. Angel se contente d’hocher la tête en le regardant, tourna les talons et s’éloigna.
Il ne se retourna pas, évidemment, même s’il s’interrogeait tout de même sur ce fameux “ami” et ses capacités qui lui semblaient bien étranges, ainsi que cette manie de surveillance manifeste, avec tous ces miroirs … C'était étrange et intrigant, et il se demandait qui pouvait bien être le protecteur de l’enfant, quelles étaient ses capacités et ses motivations. En tous cas, il n’en doutait pas: il avait dû sortir le gamin qu’il venait de croiser d’un bon nombre de faux pas, sinon celui-ci ne serait sans doute plus en vie, au vue de sa physionomie. Il garda ce mystère dans un coin de son esprit pour des jours d’ennuis, et se dirigea tranquillement jusqu'à son domicile.

[Fin pour moi du coup ! tu veux poster un dernier message, ou j’archive ? Wink

]

L'homme s'éloigna sans un mot et je l'observe discrètement. Un petit sourire se dessine sur mon visage, avant de continuer mon chemin. Ce type est bizarre, mais au moins, il m'aura évité une perte d'argent. Même si ça n'était pas son objectif. J'aimerais bien avoir autant de chance, tous les jours. Ou avoir un très gros chien. Ou une autre bestiole. Qui pourrait au moins dissuader ces types. Quitte à employer la manière forte. Ou juste... Juste avoir des pouvoirs pour me défendre ! C'est bien d'être presque immortel, mais ça ne fait pas tout.
Je me retourne dans la direction où l'homme est parti mais il n'est déjà plus là. Une part de moi envie ce type et sa force. Même s'il n'a peut-être pas de cellules régénérantes, il n'en a pas besoin. Il peut tout faire sans elles. Mais... Si j'étais aussi puissant que lui, tout en gardant mes cellules... Je pourrais faire tellement de choses ! Je ne pense pas être pour autant capable de faire de Rhadamante un pays où il fait bon vivre mais... Peut-être au moins améliorer les conditions de vie des gens ?
Je me retourne avant de continuer mon chemin en direction de la maison d'Andrew. C'est inutile d'y penser, puisque je ne serai jamais aussi fort que cet homme. Je ne peux déjà même pas courir plus de dix minutes sans me mettre à souffler comme un bœuf alors... Ça ? C'est juste totalement impossible.

Finalement, mes pas m'emmènent jusqu'à chez Andrew, et j'entre, sans toquer.
« Je suis rentré ! »
Une voix quelque part me signifie que cette nouvelle n'était pas inconnue, et que, bien au contraire, il le savait déjà. Alors que j'enlève mes chaussures, le visage d'Andrew apparaît dans l’entrebâillement d'une porte.
« Grimmjow. Essaie de plus recroiser la route de cet homme. »
Et il disparaît, sans m'expliquer pourquoi. Je hausse les épaules, sans vraiment comprendre. De toute manière, c'est pas comme si je choisissais toujours les gens que je rencontrais....

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