Eclats d'émotions - La Ballade des cimetières - Chapitre 4 - Alliés et corruption à Hypnos
Vous pouvez lire les résumés de leurs précédentes aventures: https://elysionearth.forumgratuit.org/t1297-les-doigts-colores-la-ballade-des-cimetieres-chapitre-3-dans-le-temple#14021
Voici donc un résumé du scénario du groupe qui joue le mardi, séance par séance. Bonne lecture !
Vous pouvez y retrouver:
Hermine: une Clairvoyante et membre des Glaives, elle a un esprit particulièrement héroïque et empathique et souhaite amener le monde dans la bonne direction. Fille d’une famille noble, elle est souvent appelée Dame Hermine et dispose de ressources conséquentes (que ce soit de par son ascendance ou son affiliations aux Glaives). Porte si nécessaire une épaisse paire de lunettes pour compenser sa vue de taupe. Elle possède une armure artéfact, qui lui permet de lancer un défi à un adversaire si il est plus fort qu'elle. Elle renforce alors les capacités du porteur pour le mettre à niveau de son adversaire mais il lui devient strictement impossible de fuir le combat.
Jostoph: un barde Télépathe qui s’est mis au service de Hermine, une vraie héroïne pleine de sous, contre rémunération. Il sait très bien qu’en restant aux côtés de la Dame, ils aura nombre d’histoires à raconter et cela le ravit. Il est né au village de Saintébert où les aventuriers vont rejoindre le Mathémagicien.
Caïn: Tarima de son état mais complètement ignare en magie, il a préféré se tourner vers la rapine et la guerre lui a donné du boulot : Ferrailleur sur les champs de batailles, il passe après les batailles pour piller les corps de soldats laissés derrière avec des armes et ensuite revendre tout ce bel attirail contre de belles sommes.
Gabriel: un Duveteux candide ayant perdu son lien avec les personnes avec qui il travaillait comme coursier à cause de la guerre. Il a quelques connaissances en pharmacie car il amenait principalement des médicaments.
Re: Eclats d'émotions - La Ballade des cimetières - Chapitre 4 - Alliés et corruption à Hypnos
La revenante
- CaïnTarima de son état mais complètement ignare en magie, il a préféré se tourner vers la rapine et la guerre lui a donné du boulot : Ferrailleur sur les champs de batailles, il passe après les batailles pour piller les corps de soldats laissés derrière avec des armes et ensuite revendre tout ce bel attirail contre de belles sommes.
- Gabrielun Duveteux candide ayant perdu son lien avec les personnes avec qui il travaillait comme coursier à cause de la guerre. Il a quelques connaissances en pharmacie car il amenait principalement des médicaments.
- Hermineune Clairvoyante et membre des Glaives, elle a un esprit particulièrement héroïque et empathique et souhaite amener le monde dans la bonne direction. Fille d’une famille noble, elle est souvent appelée Dame Hermine et dispose de ressources conséquentes (que ce soit de par son ascendance ou son affiliations aux Glaives). Porte si nécessaire une épaisse paire de lunettes pour compenser sa vue de taupe. Elle possède une armure artéfact, qui lui permet de lancer un défi à un adversaire si il est plus fort qu'elle. Elle renforce alors les capacités du porteur pour le mettre à niveau de son adversaire mais il lui devient strictement impossible de fuir le combat.
- Jostophun barde Télépathe qui s’est mis au service de Hermine, une vraie héroïne pleine de sous, contre rémunération. Il sait très bien qu’en restant aux côtés de la Dame, ils aura nombre d’histoires à raconter et cela le ravit. Il est né au village de Saintébert où les aventuriers vont rejoindre le Mathémagicien.
Lorsque Gabriel s’éveilla au bout de quelques jours, il fut mis au courant de la situation par Caïn, le tarima incapable de magie reconverti en ferrailleur des champs de bataille, qui avait veillé sur lui tout ce temps. Durant le séjour ils ne se séparèrent que très peu. Gabriel refusait de se lier avec les autres personnes présentes à la forteresse, mais allait parfois prendre des leçons de soin auprès des songeurs, et il profita donc de ce séjour pour parfaire ses connaissances et augmenter ses compétences. Durant ces moments là, Caïn, lui, faisait le tour de la Citadelle, tentant –sans succès- d’y trouver quelque chose de valeur, mais en a aussi profité pour prendre les conseils de drague d‘Hapeau, et de Jostoph, avec qui il a discuté de sa très chère Philomène. Notre barde, lui, toujours très perturbé par la disparition de sa patronne Dame Hermine, avait mis un certain temps avant de digérer les évènements vécus les jours précédents, et avait ensuite décidé de chercher le plus d’informations possibles sur ce qu’ils vivaient (entre deux compositions autour de leurs formidables aventures). En conséquence de quoi, il avait passé énormément de temps à la bibliothèque des Songeurs. Évidemment, il n’oubliait pas de tisser des liens avec le reste des aventuriers, mais c’est très certainement avec Corvus, le centaure, qu’il a le plus discuté. En effet, celui-ci, malgré un faible niveau de lecture, était tout aussi perturbé que le barde à l’idée d’être manipulé par une force supérieure, et était bien incapable de faire confiance aux aventuriers qui les avaient rejoints, ne pouvant pas savoir à quel point ils étaient, ou non, fidèles à Rhadamanthe. Il faisait cependant tout pour paraître détendu. Il ne croyait pas du tout à l’aide de Philomène, persuadé qu’elle ne la leur avait pas apportée de gaieté de cœur. Inquiet également pour Hermine, mais surtout rongé d’angoisse sur le destin de sa nièce, se demandant s’il ne ferait pas mieux de simplement la chercher, il s’est donc isolé avec Jostoph à la bibliothèque, aidant le barde à passer au crible les ouvrages de la bibliothèque afin d’en apprendre plus sur ceux qui dirigeaient ce qui ressemblait à un complot.
De son côté, l’Effigie Lorwyn, terroriste écologiste Gaïen convaincu, avait fait en sorte de profiter de moments de complicité avec son oiseau loin des instants troublés de la guerre. Il avait donc passé le plus clair de son temps à dos de hibou, à parcourir de nuit de grandes distances, ce qui lui permit également de repérer les environs. Assez impatient de pouvoir reprendre sa route vers la destruction d’Eaque, il s’était assez peu mêlé au reste des aventuriers, et surtout pas à la petite entreprise d’Hapeau, qui l’agaçait sans qu’il ne détienne aucune preuve. Son complice, en effet, avait une nouvelle lubie : avec l’aide de Moleg, il allait créer une bière pour les Effigies à base de levure –ces fameuses levures qu'il pouvait produire. Ceci lui permit de se détourner d’une évidence qui l’inquiétait : il y avait des traîtres au sein même des gaïens. Entre deux séances de complicité avec son oiseau Arzyan, il avait donc consacré toute son énergie à créer une bière avec l’aide du troll. Ceci s’est cependant soldé sur un demi échec : la bière est certes passable, mais pas comestible pour les Effigies. Moleg, quant à lui, outre ces expérimentations, a été un peu grognon, rendu irritable par son foie réparé. Il a donc proposé une pinte à chaque fois qu’il croisait quelqu’un, buvant sans aucun doute plus que de raison. Il s’est cependant rendu compte que la guérison de ses organes filtrateurs semblait avoir eu un impact positif sur son usage de la magie, et notamment sur les formes de pierre, qu'il maîtrise de mieux en mieux. Il a passé beaucoup de temps en cuisine, où il a pas mal croisé Gabriel, et appris de nouvelles recettes.
De son côté Moradund, un peu mis de côté par le reste du groupe suite à ses agissements précédents, avait préféré suivre l’appel du combat qu’il sentait en contrebas, et avait filé avant les autres, non sans avoir auparavant raconté des tonnes d’histoires d’arènes à Ferlia. Celle-ci avait mis du temps à se remettre des nombreuses aventures qu’elle avait vécues, et à cesser de se méfier de tous les aventuriers présents. Une fois ceci passé, elle s’était montrée sympathique envers tous, apprenant à connaître les nouveaux venus, et allant plus loin dans ses relations avec ceux qu'elle connaissait déjà. Curieuse de nature, elle a posé énormément de questions, que ce soit à ses compagnons ou aux Songeurs. Tout au long du séjour, elle a pris soin de noter tout ce qu'elle apprenait dans un carnet.
C’est une vingtaine de jours après leur arrivée que ce quotidien commença à changer. Ce jour-là, Jostoph fut pris à part par un Songeur, qui lui confia une lettre lui annonçant l’arrivée de Dame Hermine, rédigée par elle-même. Le barde, extatique à l’idée du retour de sa maîtresse, vers qui il avait, en vain, tendu son esprit tous les jours, partagea sa joie avec ses compagnons, et fonça lui préparer lit et plat préféré, recommencé chaque jour, pour chaque repas.
Ceci sembla aussi sonner la fin du repos et il fut alors décidé qu’ils ne pourraient rester tous ensemble. Ainsi après de nombreux débats, le choix fut fait de laisser Lorwyn, Hapeau, Corvus et Moleg retrouver la piste d’Alphine, la barde rival de Jostoph charrieur de cadavres, qui pourrait très certainement avoir des choses à leur révéler. Tous quatre partirent donc vers les champs de bataille des plaines d’Eaque, restant en contact avec leurs compagnons par le réseau de Philomène.
Le débat afin d’arriver à cette décision avait été long, chacun proposant sa piste. Il avait ainsi été envisagé de partir sur les traces de la société secrète, ou sur celles d’Ea. Les contacts du carnet avaient tous été passés au crible, et l’attention avait été retenue par le chercheur Gredert Belgan. Cependant toutes ces pistes furent abandonnées, en raison de la nature hétéroclite et fort peu discrète de leur groupe, mais également de l’avis de recherche posé sur les terroristes gaïens dans la capitale. Il était évident que trois d’entre eux avaient une connaissance parfaite des plaines eaquiennes, et il semblait donc logique qu’ils se dirigent vers cet objectif. le charrieur de cadavres, ils le sentaient, pouvait être relié aux informations données par frôle la Mort, et donc, à la société secrète. Pour Corvus, c’était également un moyen de récupérer des informations sur sa nièce via des tribus centaurs sur le chemin, et c’est grâce à cet argument qu’il outrepassa ses craintes et décida de se joindre à l’aventure.
Ainsi, une fois décidé, ils envoyèrent un message à Philomène, afin de l'informer de leur choix, et de lui demander si une bataille ou une escarmouche se préparait dans les jours à venir sur Eaque. En effet, qui disait bataille, disait morts, qui disait morts, disait cadavres, et où trouver un charrieur de cadavres ailleurs que sur un champ de bataille jonché de macchabées ? Une demie journée plus tard ils furent fixés: au Nord Ouest, sous 4 jours, une bataille aurait lieu. Elle les félicitait de leur piste maligne, et les exhortait à se dépêcher afin d’y être à temps. Ainsi, tous quatre partirent et laissèrent sur place leurs amis après des adieux rapides, et quelques effusions (surtout de la part de Caïn, ce petit sentimental). Au crépuscule ils se mirent en route, laissant à la Citadelle Ferlia, Jostoph, Caïn et Gabriel. Très vite, Ferlia fut recontactée par Philomène: celle-ci avait pour elle très précisément une mission qu’elle devrait effectuer seule. Il fut donc convenu que la jeune femme partirait seule de la Forteresse, et rejoindrait périodiquement ses camarades entre deux missions, toujours en contact avec eux via le réseau secret qui leur était proposé.
Quelques jours plus tard, on frappa aux portes de la Forteresse, et Jostoph put tomber dans les bras d’Hermine, dont il testa immédiatement la résonance de l’armure. Trouvant manifestement que celle-ci sonnait trop creux, et sans réellement laisser le temps aux Songeurs d’examiner la nouvelle venue, il l’emmena, presque de force, au réfectoire, où il l’attabla devant son fameux plat favori, chaud et fumant préparé pour elle par les soins de son fidèle et dévoué barde.
Alors qu’elle se restaurait, il lui raconta, sur un rythme soutenu et alors qu'autour d’eux venaient s'attabler leurs nouveaux compagnons et quelques Songeurs, l'intégralité de leurs aventures, mais aussi de leurs découvertes. Il lui confirma ainsi l’honnêteté d’Emmet, et lui annonça la défection de Moradund, ce qui sembla soulager la noble dame. Il évoqua également l'histoire des ongles colorés, et exprima ce qu’il lui avait semblé comprendre: la prochain ongle à se colorer, serait le majeur, et il serait coloré en bleu. Selon lui, ils allaient à ce moment- là être extrêmement triste (il envisageait d’ailleurs nombre chansons paillardes pour les égayer).
C’est également lors de cet échange qu’elle évoqua ce dont elle se souvenait. En réalité, c’était assez flou. Après avoir vaincu la cocatrice, elle avait, comme mue par un instinct surhumain, traversé plus de la moitié du continent, vêtue de son armure complète, pour retrouver son barde. Elle aurait été bien incapable d’expliquer comment exactement elle avait défait le monstre, ou la manière dont elle avait pu s’extraire du labyrinthe et échapper aux cultistes, ni même comment elle s’était nourrie durant tout ce temps, et pourtant, elle était là, avec eux. Elle ne mentionna pas cependant le changement intérieur qu’elle ressentait, comme si ce qu'elle avait vécu l’avait indéfinissablement transformée sans qu'elle puisse l'expliquer, ni le fait qu’elle se sentait plus sombre, plus sceptique, et bien moins enjouée et idéaliste qu'elle n’avait pu l’être, se rapprochant de la noble qu’elle avait été, s'éloignant de la Glaive aventurière. Elle ne dit pas non plus que l’avalanche d'informations sous laquelle Jostoph l’ensevelissait ne lui permettait pas de tout comprendre: sa sagacité était suffisante pour savoir qu’ils allaient bientôt repartir et qu’alors elle pourrait revenir à sa guise sur tout ce dont elle avait besoin.
Elle eut tout de même droit à une présentation dans les règles de Jotsoph à Caïn, dont le métier de ferrailleur des champs de bataille semblait la dégoûter, puis à Gabriel. Dame Hermine ayant perdu ses lunettes, elle s’approcha beaucoup de Caïn et Gabriel, plissant très fort les yeux afin de les voir, et remarquant que Caïn n’avait pas l’air d’un rhadamantien. Cette remarque sembla agacer Gabriel qui lui souffla dans le nez, faisant s’ébrouer Hermine, qui s’excusa et expliqua son problème, refusant cependant les soins que lui proposait Gabriel pour retrouver la vue, arguant que cela avait déjà été tenté sans succès par de nombreux spécialistes, y compris les Songeurs -sans préciser pourtant que c’était une caractéristique due à sa branche. Ce refus mura un peu plus le Duveteux dans son silence et sa bouderie. Sans du tout se rendre compte de la vexation de son nouveau compagnon, Hermine proposa à Caïn de parler de leur situation aux autorités eaquiennes, manifestement touchée par son engagement auprès des enfants, et persuadée que quelque chose pouvait être fait sans impliquer le garçon dans la guerre. Cependant, celui-ci refusa tout net, arguant qu’il avait confiance en Philomène, ce qui déclencha des protestations énergiques de Gabriel. Considérant manifestement qu’il n’y avait pas grand chose d’autre à tirer de ces deux-là, Hermien se tourna ensuite vers le mathémagicien, qui était lui aussi toujours présent, avec qui elle engagea la conversation vers ce que lui voulaient ceux qui l’avaient capturé. Après un bref instant de confusion, il lui expliqua que lorsqu'il avait tenté de trouver la source de la malédiction, il avait signalé leur position, et permis de remonter jusqu’à lui. Suant à grosses gouttes, manifestement inquiet par l’air inquisiteur et agacé de la femme en armure face à lui, il ajouta en balbutiant qu’il avait déjà dit tout ce qu’il savait, manifestement sincère. Gabriel, qui s’était glissé derrière lui, lui tapota l’épaule, réconfortant, alors que Caïn lançait à Hermine, taquin:
“C’est pas bien d’effrayer les p’tits vieux !”
Celle-ci l’ignora cependant, comme elle avait ignoré ses regards gourmands sur son armure magique, car elle s‘était déjà attelée à la rédaction d’une missive afin de faire communiquer aux autorités eaquiennes, en passant par sa famille, cette information cruciale: dans les plaines Enéides, une secte liée à l’armée rhadamnatienne enlevait et ensorcellait des gens qui semblaient tout à fait innocents et sans aucun lien entre eux.
Venait alors pour eux le moment de décider quoi faire. Le débat fut âpre: Gabriel n’avait manifestement qu'une seule envie: celle de partir sans ses deux nouveaux compères, loin de cette mission, ce à quoi Caïn se refusait: ils s’étaient engagés auprès de Rhadamanthe, et il devait nourrir sa famille. Il était évident que le Duveteux considérait qu’il ne pouvait faire confiance à personne, très affecté par les précédentes traîtrises, et même les arguments de Jostoph, qui les avait sortis de la pyramide, ne purent suffire à la convaincre (il argumenta d’ailleurs qu’il était endormi et n’avait rien vu: le barde aurait très bien pu lui mentir, pour ce qu’il en savait !). C’est pourtant le barde qui rebondit sur une situation d’Hermine et les tira d’affaire: une ligne fut ajoutée sur le testament d'Hermine, attestant que celle-ci donnerait de l’argent à Caïn, pour sa famille. La noble suggéra également de faire de Caïn quelque chose de plus respectable qu’un pilleur de cadavres, tandis que Jostoph suggérait de renommer l'orphelinat après elle et d’y mettre Alphine comme clown. Hermine versa d’ailleurs une avance confortable à Caïn, qui ravit le Tarima. Celui-ci se déclara d’ailleurs son serviteur à vie ! Ceci permit de décider de leur destination: en effet Gabriel suivait Caïn, et celui-ci suivait Hermine, qui était aussi suivie de Jostoph. Leur choix se porta donc sur Hypnos: en effet, là-bas, ils pourraient tout à la fois aller se renseigner en bibliothèque autour de la secte, tenter d’en trouver les financeurs (après tout, les cocatrices ne se trouvaient pas partout), et suivre les pistes trouvées dans le carnet de Thalivor menant à Hypnos. Tout le monde accepta, y compris Gabriel qui boudait toujours, accusant cette fois Hermine de lui piquer des idées, ce que personne n'avait pu confirmer ou infirmer, personne n’ayant entendu le Duveteux, à part pour râler, depuis bien longtemps. Cependant, s’il ne l’exprimait pas, il était tout de même heureux à l’idée de retrouver son continent, sa ville, et de pouvoir présenter ce qu’il lui restait de famille à Caïn. Il fut décidé qu’ils resteraient encore une journée de plus à la Forteresse. En effet, il leur fallait un peu de temps pour préparer leurs bagages, et des vivres; de plus, les Songeurs tenaient à examiner Hermine, et à ce qu’elle se repose.
Sur cette dernière journée, Caïn resta longtemps avec Gabriel, afin qu’il cesse de bouder. Le Duveteux, lui, prépara de quoi manger, boire, des remèdes variés et de quoi se couvrir pour affronter la saison froide qui arrivait à grands pas. Hermine quant à elle écrivit des lettres, afin de prévenir de son retour, mais également de pouvoir se loger, et de préparer son retour à la cour. Elle contacta également les Glaives, afin de connaître les dernières nouvelles stratégiques de la capitale. Jostoph quant à lui, enthousiaste à l’idée de retrouver un contexte urbain et des nobles, rassembla ses notes en sifflotant avant de préparer le voyage et son intendance. Hermine, fatiguée, lui avait en effet fait part de son souhait d'entamer ses économies pour voyager en calèche de relai en relai, et il incombait à son fidèle barde d’organiser tout ceci.
Leur dernière soirée se déroula de manière calme et conviviale, permettant déjà de créer quelques liens. Hermine se montra d’ailleurs en vêtements de lin, sans son armure, ce qui était plus que rare.
Re: Eclats d'émotions - La Ballade des cimetières - Chapitre 4 - Alliés et corruption à Hypnos
Alcool et artichauts
- CaïnTarima de son état mais complètement ignare en magie, il a préféré se tourner vers la rapine et la guerre lui a donné du boulot : Ferrailleur sur les champs de batailles, il passe après les batailles pour piller les corps de soldats laissés derrière avec des armes et ensuite revendre tout ce bel attirail contre de belles sommes.
- Gabrielun Duveteux candide ayant perdu son lien avec les personnes avec qui il travaillait comme coursier à cause de la guerre. Il a quelques connaissances en pharmacie car il amenait principalement des médicaments.
- Hermineune Clairvoyante et membre des Glaives, elle a un esprit particulièrement héroïque et empathique et souhaite amener le monde dans la bonne direction. Fille d’une famille noble, elle est souvent appelée Dame Hermine et dispose de ressources conséquentes (que ce soit de par son ascendance ou son affiliations aux Glaives). Porte si nécessaire une épaisse paire de lunettes pour compenser sa vue de taupe. Elle possède une armure artéfact, qui lui permet de lancer un défi à un adversaire si il est plus fort qu'elle. Elle renforce alors les capacités du porteur pour le mettre à niveau de son adversaire mais il lui devient strictement impossible de fuir le combat.
- Jostophun barde Télépathe qui s’est mis au service de Hermine, une vraie héroïne pleine de sous, contre rémunération. Il sait très bien qu’en restant aux côtés de la Dame, ils aura nombre d’histoires à raconter et cela le ravit. Il est né au village de Saintébert où les aventuriers vont rejoindre le Mathémagicien.
La nuit approchant, ils s’arrêtèrent à un relai. Celui-ci avait sans doute dû être joli, mais semblait aujourd’hui se décrépir peu à peu. Pourtant, la cheminée fumait, et, après en avoir fait le tour sans avoir vu qui que ce soit, ils frappèrent. A l’intérieur, une cavalcade se fit entendre, et la porte s’ouvrit sur un homme essoufflé, mais manifestement ravi de voir du monde.
“ Bonjour chers cli...voyageurs ! J’espère que nos maigres hospices pourront vous être agréables! leur dit l’homme bedonnant aux yeux vairons face à eux.
- Je ne voudrais pas présumer, émit Hermine, mais je suppose que vous avez de la place pour cette nuit pour des voyageurs fatigués?
- Evidemment ! déclara-t-il, ravi. Nous avons toujours de la place pour des cli..voyageurs !”
Il s’effaça afin de les laisser entrer tout en s'excusant du sous-effectif: depuis le début de la guerre, il était le seul à gérer le relai et à y travailler. Dès qu’ils furent entrés, il les invita à s'asseoir alors que lui-même allait se chargeait de leurs bagages pendant que leur cocher s’occupait des chevaux. En allant prendre leur table, ils constatèrent qu’en effet, ils étaient seuls; pire la salle semblait ne pas avoir été occupée depuis longtemps.
“ Les temps sont durs pour les relais mon bon ami, l’interpella Hermine. Est-ce la guerre qui fait ça?
- Oui ! Les gens n’osent pas trop voyager, et mes employés sont eux-mêmes partis rejoindre la capitale et se mettre en sécurité, expliqua-t-il avec un air de dépit.
- Ah, on peut plus compter sur le personnel de nos jours ! Intervint Jostoph en lançant regard appuyé au cocher qui rougit.
- Oh, je les comprends, vous savez … Mais ici c’est chez moi et je ne peux pas partir ! Ce relai a une grande histoire, il est dans ma famille depuis des millénaires !
- Oh ! fit Hermine, amusée. Et a-t-il un nom ce relai ?
- Oui, madame ! Le relai de Ducat -c’est mon nom ! fi-il, tout fier, alors que Jostoph faisait un signe d’ignorance à sa maîtresse: il n’en avait jamais entendu parler.
- Et … Avez-vous une spécialité culinaire ? lui demanda Caïn, dont le regard furetait partout sans se poser sur rien.
- Eh bien quand nous avions encore un chef pour officier dans ce relai, il s’agissait des pommes de terre farcies au poisson, leur dit l’homme. Je sais c'est étonnant, ajouta-t-il face à leurs mines surprises, mais tout le monde sortait ravi ! Les gens en parlaient autour d’eux, et on m’a souvent dit, avec un ton un peu particulier: “Vous ferez nos compliments au chef!” !
- Et quelles épices mettiez-vous pour assaisonner ce fameux plat de poisson ? s’enquit Jostoph.
- Du poivre ! Beaucoup de poivre !
- Patates poisson poivre ! Le triple “P” ! claironna le barde, très fier de sa trouvaille.
- Oh c’est une bien belle façon de le dire monseigneur ! Ce sera le nouveau nom de ce plat au retour de notre chef ! s’enthousiasma l’homme
- Est-ce que je peux vous conseiller un petit ajout sur ce “Triple P” pour le compléter: un petit fromage de Sainthébert, c’est divin vous verrez ! proposa Jostoph
- Oh mais vous êtes de Sainthébert!
- Mais Jostoph, y a pas de “p” dans ton fromage, on peut pas l’ajouter au triple “p”! objecta Caïn
- Eh bien on l’appellera le Psainthébert, peu importe ! répliqua le barde. Ou le “Triple p sur son lit de Sainthébert” !”
Jostoph promit alors de mettre en contact l’homme et son village afin de créer ce plat, alors qu’Hermine allait vérifier la carriole. Ceci sembla rappeler à leur hôte ses devoirs, et il leur proposa de leur servir à boire avant que d’aller chercher leurs bagages. Jostoph demanda une bière, tout comme Hermine. Caïn voulait un jus de fruits, mais malheureusement, il apparut que c’était impossible: tous les arbres fruitiers avaient été rasés par une attaque magique, aussi, impossible de faire du jus de fruits qui n’existaient plus. Il se rabattit donc lui aussi sur de la bière, alors que Gabriel commandait un chocolat chaud qui arriva aromatisé à la cannelle, aussi épais que riche et sucré. Hermine demanda également de quoi manger et l’homme leur promit un ragoût dès qu’il aurait monté les bagages, en s’excusant par avance de ses piètres talents de cuisinier. Et très vite, ils le virent en effet faire des allers-retours, chargés de bien trop de bagages à la fois, qui le faisaient à chaque fois trébucher et jurer. Ces jurons, originaux, firent rire Gabriel plus d’une fois. Le Duveteux préparait en même temps un anti-poison préventif, car comme Jostoph l’avait fait remarquer, si l’homme était mauvais cuisinier, et en plus de ça, mal approvisionné à cause de la guerre, ils risquaient fort d’attraper des vers, ou une quelconque autre maladie ! Tous en prirent une dose, et Gabriel mit ce qui restait dans sa besace, juste avant que Ducat ne revienne chargé d’assiettes fumantes remplies de ce qu’il présenta comme sa spécialité, seul plat sur lequel il ait jamais été félicité: un râgout de boeuf aux pommes de terre et à l’artichaut sautés aux échalotes et à l’huile d’olive.
Si le plat était mauvais tous firent illusion, et ils permirent au cuisinier, revenu vers eux après avoir préparé leurs chambres, de se rengorger de fierté face à leurs compliments, sentiment qui augmenta encore lorsque Jostoph lui proposa de graver quelques rimes à son honneur et célébrant son talent de cuisinier quelque part dans le relai, avant de s’enquérir de l’histoire du relai afin d’en faire une chanson.
“En réalité, ce relai vient de lointains ancêtres qui étaient au départ agriculteurs et pas du tout tenanciers ! expliqua-t-il, manifestement content d’avoir quelqu’un à qui raconter cette histoire. Ils ont planté et planté des artichauts, légume qui existe depuis extrêmement longtemps. Ils auraient planté le premier champ d’artichauts d’Elysion après l'effondrement de l’Ere précédente vous savez ! Le relai s’est monté en jouissant de la réputation d’avoir les premiers et seuls artichauts d’Elysion, rendez-vous compte ! Ils poussent encore d'ailleurs: vous avez pu les déguster. N’est-ce pas qu’ils sont très bons ? Puis, bon, ça a évolué, moi je pensais pas avoir des grands talents de chef, mais dans ma famille on cuisine tous très bien les artichauts. Et on sait très bien les faire pousser d’ailleurs ! se rengorgea-t-il.
- C'est bien dommage qu'ils sachent pas les préparer alors, glissa, moqueur, Caïn à gabriel, sans être entendu de Ducat.
- Pourquoi vous avez pas appelé ça le relai de l'artichaut alors ? demanda Hermine, créant un silence et un air ahuri du tenancier. Personne n’y a pensé c’est ça ?
- Oui exactement, personne n’y a pensé ! fit Ducat, comme surpris de ce constat terrible."
Après ça, les voyageurs purent investir leurs chambres. Ils en avaient réservé une pour leur cocher. Caïn s’endormit dans les ailes de Gabriel avec qui il partageait sa chambre, et, dans
la chambre d’à côté, Jostoph chanta à Hermine sa berceuse jusqu’à ce qu’elle sombre dans le sommeil. La noble fut cependant réveillée au coeur de la nuit par un étrange bruit. Dehors, on chantait. Sans réveiller Jostoph qui ronflait, elle attrapa son marteau sous son lit et s’approcha de la fenêtre pour découvrir Ducat qui, au clair de Lune, chantait pour ses artichauts. Avec un sourire, elle repartit se coucher, mais lutta longtemps pour se rendormir.
Ils passèrent une bonne nuit dans une literie de qualité et repartirent le lendemain frais et dispos après un petit déjeuner à base d'artichauts braisés.
Ce fut plusieurs heures plus tard (qui permirent à Hermine,assommée par un somnifère demandé à Gabriel, de finir sa nuit) que la calèche ralentit dans des hoquets. En sortant la tête, ils virent que devant eux s’allongeait une file de personnes qui patientaient devant une des arches qui signalait l’entrée d’Hypnos. Celles-ci semblaient posées au milieu des plaines, assez loin de la ville. Il ne fallait cependant pas s’y tromper: un bouclier magique les reliait et empêchait de passer quiconque n’était pas contrôlé à l’entrée, en particulier en ces temps de guerre. Le seul moyen d’entrer dans Hypnos était de passer par les Arches, qui faisaient office de portail et permettaient de se rendre où on le souhaitait dans la capitale.
“ Sortez vos papiers ! prévint Jostoph, ce qui sembla inquiéter Caïn, Rhadamantien.
- Normalement si mon courrier est bien arrivé, soit un membre des Glaives soit un membre de ma famille nous attend pour nous faire passer ! le rassura Hermine, avant de sortir se montrer."
La file était cependant aussi immense que bigarrée. Près d’eux, il y avait un vendeur de choux qui tentait de se faire de l’argent et une famille aux cheveux longs avec un accent très marqué, où tous les hommes portaient une moustache imposante qui transportaient des fruits séchés dans le cariole (elle supposa qu’ils venaient du quartier Cabrel, dont l’origine du nom avait été perdue, mais dont les membres avaient pour particularité de rester à jeun en Josephien). Pourtant, une silhouette semblait fendre la foule du peu que voyait Hermine, et très vite elle entendit:
“Dame Hermine ! Dame Hermine!”
Jostoph désigna à sa maîtresse la jeune fille, qu’elle salua.
“Je suis là pour vous faire couper les files, et ne pas passer après toutes ces personnes. Quelqu'un de votre rang ne devrait pas attendre ! êtes-vous nombreux ? s’enquit-elle.
- Il y a moi, mon cocher et trois de mes gens ! lui répliqua Hermine
- Très bien ! Dans ce cas, venez passez sur le côté ! proposa-t-elle en faisant un signe au cocher.”
La calèche se mit en branle, et passa en coupe-file, provoquant nombre protestations de personnes indignées du traitement de faveur réservé aux nobles.
“Je suis Ellel, valet de la famille Schwanthaler, j’escorte Dame Hermine Adela Schwanthaler et ses suivants, se présenta la jeune orque au strabisme convergent une fois à l’Arche.”
Si les gardes vérifièrent leur identité, ils les laissèrent passer sans faire de difficultés après avoir inspecté l’intérieur de la calèche sans apercevoir CaÏn qui semblait s’être fondu dans le décor. Ils allèrent jusqu’aux Voyageurs qui géraient le portail, et Ellel donna l’adresse de son maître, le cousin d’Hermine, Moritz. Grâce à ce moyen de transport, ils furent en un clignement d'œil en plein Hypnos, dans un quartier rupin pas très éloigné du palais. De là, la jeune servante les mena à travers les rues pavées jusqu’au manoir de son maître. Ils croisèrent beaucoup de monde, surtout comparé au quasi désert des plaines dont ils venaient de sortir. Hypnos était une ville qui fourmillait en permanence, et où énormément de choses se jouaient. Ils passèrent devant énormément de commerces, et durent parfois se frayer un chemin difficilement à travers la foule aux murmures ébahis, interrogateurs ou indignés face à leur manière de passer en force avec leur calèche, ce qui augmenta encore l’agacement d’Hermine, vraiment loin d’être heureuse d’être de retour. A l’inverse, Jostoph était ravi à l’idée de retrouver la ville, un bon lit, des draps frais et de la nourriture de qualité, alors que Gabriel était extatique à l’idée d’être enfin de retour non loin de chez lui là où Caïn regardé partout, intrigué, et venant pour la première fois dans la plus grosse ville d’Elysion.
Au bout d’un moment ils s’arrêtèrent devant le portail d’une maison qui paraissait cossue, et une fois celui-ci ouvert, ils entrèrent avec la calèche dans la cour intérieure à l'avant de la maison. Alors qu’ils descendaient, des valets vinrent s’occuper de leurs bagages avec force courbettes. Hermine guidée par Jostoph, son casque sous le bras, suivie de Caïn et Gabriel, furent guidés par Ellel jusqu’à l'intérieur qui leur expliqua que le maître était dans le salon où il les attendait.
A la demande d’Hermine, Ellel fit sonner une clochette qui fit apparaître un vieux majordome voûté qui marchait à petits pas mais les regardait avec un sourire bienveillant. Hermine le reconnut immédiatement: c’était Carson, le majordome qu’elle avait toujours connu dans sa famille.
“ Dame Hermine, vous allez bien ? s’enquit-il après qu'elle l’ait salué.
- Eh bien ma foi, aussi bien qu’on puisse l'être ! répliqua-t-elle. C’est fou vous ne vieillissez pas!
- Oh vous êtes une flatteuse dame Hermine!
- Ecoutez mon vieux Carson, j'ai ici ma suite, enchaîna-t-elle en lui posant la main sur l’épaule. J’aimerais qu’ils bénéficient d’une chambre à eux. J’ai également mon page … Caïn, viens, s’il te plaît !”
Celui-ci resta un instant interdit, puis, attendant de voir ce qu’elle lui réservait, s’approcha.
“Qu’y a-t-il, Madame ? s’enquit Carson.
- Mon page a eu un petit problème avec son badge de citoyenneté, lui glissa-t-elle. Pourrions- nous faire quelque chose pour ça ?
- Oh ce n’est pas très protocolaire, dame Hermine, mais vous-même ne vous êtes jamais trop adonnée au protocole, n’est-ce pas, lui sourit-il, complice. Nous allons nous débrouiller, ne vous en faites pas !
- Vous êtes un élément en or, Carson, lui déclara-t-elle.
- Merci dame hermine ! fit-il avec un sourire. Sire CaÏn c’est ça ? vous pouvez me suivre, nous allons nous occuper de votre problème en priorité.”
Caïn, resplendissant de son nouveau titre suivit sans difficulté le majordome qui, le mena dans un bureau où un mage vint vérifier les enchantements portés sur lui. En effet, sur Elysion, la citoyenneté se déclarait par un enchantement magique à la naissance, qui pouvait être modifié au fur et à mesure de la vie. Cela tenait lieu d’annuaire comme d'état civil. Tous les Minosiens en avaient un, car c’était un peuple très discipliné. C’était d'ailleurs ce qui permettait leur système de nomination d’un souverain. Sur Eaque, c’était automatique, mais parfois certaines rares personnes passaient à travers les mailles du filet, et il y avait ainsi des trous dans l’état civil. Sur Rhadamanthe, en revanche, c’était plus rare; si officiellement chacun devait s’y plier il y avait si peu de postes administratifs, une telle défiance envers les autorités et autant d’enfants nés bâtards ou abandonnés que beaucoup de monde n’obtenaient jamais son enchantement. Caïn avait des enchantements sur lui, et vit tiquer les mages qui s'occupaient de lui, cependant rassurés par Carson qui leur assura qu’il était quelqu'un de confiance (ce dernier n’était cependant manifestement pas dupe du statut véritable de Caïn à en juger par le sourire qui ridait plus encore son visage fripé). Il ne fallut que quelques minutes à Caïn pour posséder un enchantement Eaquien, et il fut mené au salon pour rejoindre ses camarades d’aventure.
Lorsqu’il s'installa près de Gabriel, celui-ci s’enquit de son état et son ami le rassura. Gabriel lui frotta la tête, avant de se concentrer de nouveau sur Moritz Schwanthaler, le cousin d’Hermine qui les accueillait et qui venait d’entrer. C’était un homme d’environ le même âge qu’Hermine, qui portait un manteau long, ouvert sur une chemise échancrée. En voyant Hermine, il mit sa main sur son front en une posture affectée:
“Hermine tu es enfin de retour ! fit-il avec un ton exagérément investi. Comment vas-tu ?”
Face à lui, sa cousine prit une posture une peu étrange, tenant son marteau comme un roi aurait tenu une canne, dans une attitude très noble, reproduisant manifestement un jeu entre eux qui durait depuis toujours:
“Eh bien maintenant que je te vois, un peu mieux mon grand ! Enfin, te vois, c’est une façon de dire ! bougonna-t-elle.
- Ça me fait plaisir de te revoir ! lança t-il en faisant un pas en avant. Ça fait bien longtemps depuis que tu avais fui !
- Tu as toujours été aussi dramatique cher cousin ! rit-elle, en avançant elle aussi d’un pas. Je n’ai pas fui, je suis partie à l’aventure, nuance !
- Oh, tu sais depuis que j’ai hérité du commerce au décès de père, j’ai dû rentrer dans le moule … lui dit-il avec un ton très déçu, et avec un pas de plus vers elle.
- Mais tu sais très bien: le moule tu ne rentres pas dedans tu l’éclates ! répliqua-t-elle en progressant d’un pas supplémentaire.
- Oh hermine ! s'exclama-t-il en lui tombant dans les bras alors qu’il arrivait enfin à son niveau.
- La noblesse c'est quand même étrange, commenta discrètement Caïn à l’attention de Gabriel avec un air circonspect.
- J’ai de quoi écrire une chanson juste quand ils se disent bonjour! ajouta Jostoph en riant après que le Duveteux ait haussé les épaules."
Après avoir un instant discuté avec son cousin, toujours très exagéré dans ses poses et les intonations, Hermine lui présenta ses compagnons d'aventures comme son page, son apothicaire et son barde.
“Le fameux ! s'exclama Moritz en entendant le nom de Jostoph. Évidemment que je connais votre nom ! On connaît vos chansons sur Hermine jusqu’à la cour royale !
- C’est que je fais bien mon travail alors! répliqua le barde, flatté, alors qu’Hermine, qui savait bien que c’était faux, se taisait.
- Eh bien, Hermine, enchaina Moritz, puisque tu as tant de choses à me raconter, parlons- en autour d’un petit verre!
- Un petit verre?! Je t’ai connu plus ambitieux ! se moqua-t-elle
- Un petit verre ou plusieurs ! répliqua t-il en riant, sortant plusieurs shots d’un buffet. Carson! appela-t-il. Le rituel familial.”
Le vieux majordome, apparu de nulle part, semblait parfaitement savoir ce que cela signifiait. Il sortit d’un buffet des bouteilles, et aligna les petits verres en deux lignes égales, avant de les remplir. Et c’est ainsi qu’Hermine et Moritz se livrèrent à un concours de boissons rythmé par les encouragements et les commentaires de Jostoph, sous les yeux médusés de Caïn et Gabriel. Alors que Moritz faiblissait après plusieurs verres, visiblement ivre, Hermine titubait légèrement. Caïn se joignit à eux, et en but quatre, avant de tomber à la renverse, suivi de Moritz, alors qu’Hermine, titubante mais debout, avait devant elle cinq verres vides. Elle les empoigna tous les deux, et sortit, un homme sous chaque bras; Elle alla jusqu’à la cour, au centre de laquelle trônait une très belle fontaine glougloutante, dans laquelle elle les jeta, encouragée par Jostoph.
C’est pour trouver Caïn barbotant dans la fontaine que Gabriel revint de sa douche. Il s'était en effet éclipsé au second verre, et avait demandé à ce qu’on lui montre sa chambre, impatient de se rafraîchir. Lorsqu'on lui avait demandé s’il désirait autre chose il avait dressé une liste de plantes à aller lui chercher: il désirait refaire son stock, grandement impacté par ses aventures imprévues. Lorsqu’Ellel avait mentionné que, dans les marchés alentours les herbes devenaient un peu raes, le métier étant de plus en plus à risque, Gabriel s’était exclamé:
“Ne m’en parlez pas ! C’est comme ça que je me suis retrouvé dans le pétrin! avant de monter se laver."
Devant le spectacle peu glorieux de Moritz et Caïn, ivres dans la fontaine, Gabriel lâcha un soupir fatigué.
“Gabriel t’as vu moi aussi j’prend la douche ! lui lança Caïn, tout fier, ce qui arracha un sourire à son ami.”
Le Duveteux alla sortir le Tarima de la fontaine, tandis qu'Hermine faisait de même avec son cousin dessaoulé. Cependant, ceux-ci avaient l’air d’avoir apprécié la fontaine et décidèrent de retourner à l’eau, sous la surveillance de Gabriel.
“Regarde, Gabriel... J'suis une baleine… l’interpella Caïn en crachant de l’eau.”
Ils s’ébatirent un moment, alors que Jostoph, sur le côté, écrivait de nouvelles chansons qui seraient, il en était sûrs de grands succès (il envisageait alors de les envoyer à Alphine pour affirmer supériorité). Hermine, quant à elle, s’éclipsa: il lui fallait de nouvelles lunettes, et elle savait où en trouver.
Une fois Caïn dessoulé (grâce à une potion de Gabriel distribuée aussi à Moritz et Hermine), séché et reposé, il rejoignit les compagnons. Hermine était allée s'acheter des lunettes et était heureuse d’y voir enfin plus clair, alors que Jostoph montait un nouveau grand projet: il comptait mettre en place un Panthéon d’Hermine, la transformant en dame patronnesse des soiffards et taverniers, faisant de son foie une relique qui pourrait circuler d’auberge en auberge.
Re: Eclats d'émotions - La Ballade des cimetières - Chapitre 4 - Alliés et corruption à Hypnos
Où l'on commence à enquêter
- CaïnTarima de son état mais complètement ignare en magie, il a préféré se tourner vers la rapine et la guerre lui a donné du boulot : Ferrailleur sur les champs de batailles, il passe après les batailles pour piller les corps de soldats laissés derrière avec des armes et ensuite revendre tout ce bel attirail contre de belles sommes.
- Gabrielun Duveteux candide ayant perdu son lien avec les personnes avec qui il travaillait comme coursier à cause de la guerre. Il a quelques connaissances en pharmacie car il amenait principalement des médicaments.
- Hermineune Clairvoyante et membre des Glaives, elle a un esprit particulièrement héroïque et empathique et souhaite amener le monde dans la bonne direction. Fille d’une famille noble, elle est souvent appelée Dame Hermine et dispose de ressources conséquentes (que ce soit de par son ascendance ou son affiliations aux Glaives). Porte si nécessaire une épaisse paire de lunettes pour compenser sa vue de taupe. Elle possède une armure artéfact, qui lui permet de lancer un défi à un adversaire si il est plus fort qu'elle. Elle renforce alors les capacités du porteur pour le mettre à niveau de son adversaire mais il lui devient strictement impossible de fuir le combat.
- Jostophun barde Télépathe qui s’est mis au service de Hermine, une vraie héroïne pleine de sous, contre rémunération. Il sait très bien qu’en restant aux côtés de la Dame, ils aura nombre d’histoires à raconter et cela le ravit. Il est né au village de Saintébert où les aventuriers vont rejoindre le Mathémagicien.
C’est d’un bon pas que Caïn et Gabriel partirent vers la famille du Duveteux. La guerre avait tué les parents, auxquels Gabriel s’était Lié, et avaient laissé un garçon d’environ son âge, Hysope, une fille d’une dizaine d’années, Ansérien et enfin un petit dernier d’environ cinq ans, Asaret. Ils empruntèrent rapidement un portail, qui les mena vers un quartier commerçant duquel ils apercevaient encore l’immense tour du palais, bien loin du quartier de Moritz. Assez rapidement ils trouvèrent la maison bleue avec au rez de chaussée un magasin d’apothicaire dont on pouvait apercevoir l'intérieur par la baie vitrée de la devanture. A l’étage vivait la famille, et on pouvait y accéder par une petite porte, à droite de l’entrée du magasin. Cependant, c’est bien dans la boutique qu’entrèrent les deux compères. En effet, Gabriel se sentait coupable, et craignait qu’on ne veuille plus de lui après ce qu’il voyait comme un abandon, et il ne voulait pas s’imposer dans le foyer familial.
A l’intérieur de la modeste échoppe où flottait une odeur de plantes, il y avait déjà un client qui discutait au comptoir avec celui que Gabriel considérait comme son frère. Ce client était un homme aux longs cheveux bruns et à la peau mate, qui portait une ample tenue violette. Il semblait négocier le prix de cataplasmes en grandes quantités. Gabriel se fit le plus discret possible, en attendant que la conversation soit terminée, alors que Caïn allait fureter dans les rayonnages, avec ordre de ne rien voler.
C’est alors que le gérant de la boutique jetait un œil pour voir qui donc était entré dans son magasin que son regard tomba sur Gabriel, qui fit trois pas en avant. Instantanément, l’homme se figa et sembla s’embourber dans ses syllabes, perdant le fil de la conversation, alors que ses yeux s’écarquillaient. Il fit un signe de main, pour demander à Gabriel d’attendre, et écourta sa négociation, cédant au client qui s’en fut tout heureux, les bras chargés. Le jeune homme sortit de derrière son comptoir en bondissant par-dessus, et courut jusqu’à Gabriel, qu’il enlaça alors que le Duveteux commençait à pleurer de soulagement et de joie.
“Gabriel ! Où étais-tu ? On a cru qu'il s'était passé un truc avec la guerre, qu’on te reverrait plus jamais !”
Ce fut le point de départ de toute une série de questions dont il assaillit le Duveteux, très heureux de le retrouver. Gabriel fit cependant en sorte d’esquiver ses questions le plus possible, répondant que c’était une très longue histoire qu’il ne pouvait pas lui raconter immédiatement, ne voulant pas l’y mêler, et lui promettant de revenir les retrouver dès que tout ce dans quoi il s’était engagé serait réglé.
“Comment ça tu peux rien me dire ?! s'indigna Hysope. Si c’est grave on peut t'aider, on veut t’aider !
- C’est grave, et c’est pour ça que je ne peux pas t’en parler ! lui répliqua le Duveteux. Tu vois le jeune homme là bas ? ajouta-t-il en désignant Caïn qui farfouillait dans les rayons. Il est avec moi, je ne suis pas seul et je reviendrai promis
- … Il a pas l’air bien gaillard pourtant, commenta le jeune homme, mais je te fais confiance si c’est ce que tu dis!”
Lorsque Gabriel finit par lui poser une question à propos d’une maladie qui colorerait les ongles, le jeune homme tiqua, et examina sa main, sans pouvoir cependant relier ces symptômes à quoi que ce soit qu’il connaissait. Il promit de chercher, et Gabriel le remercia, avant de le serrer une dernière fois dans ses bras pour repartir vers la bibliothèque de l’Académie d’Hypnos.
Ils prirent un grand nombre de portails avant d’enfin arriver à leur destination. L’Académie était une véritable ville dans la ville. Seule Université d'Elysion, elle était absolument immense, et abritait des milliers d'étudiants, sans compter les professeurs et les chercheurs. Elle semblait toujours s'agrandir, en superficie comme en hauteur. C’était un véritable centre de savoirs, très protégé. Il y avait des centaines de parcours différents, sur des sujets parfois très précis, parfois très généraux. On pouvait y apprendre quelque chose de manuel, comme y rester très intellectuel. Il y avait une rentrée par mois, afin de permettre à chacun d’y venir, et faire en sorte qu’un trop grand flot de personnes n’arrive jamais en même temps. Elle était d’une architecture assez classique, en pierres, avec des bâtiments plutôt majestueux. Il y avait de très nombreuses bibliothèques, toutes gérées en réseau. Il se murmurait que toutes les bibliothécaires étaient des Aniformus Loutre issues d'une dynastie de bibliothécaires et documentalistes.
Malgré tout ça, il leur sembla en arrivant devant une des entrées qu’il y avait peu de monde: la plupart des étudiants étaient sans doute rentrés voir leurs familles en ces temps de guerre. Après s’être présentés à un des gardes, ils eurent droit à des autocollants visiteurs avec leur nom dessus à se coller sur la poitrine.
“Bonne visite ! J'imagine que vous savez où vous allez … et faites pas de grabuge hein ! leur lança l’homme alors qu’ils s’éloignaient.”
Malheureusement pour eux, ils ne savaient pas réellement où ils allaient, et se sentirent vite perdus dans l’immensité de l’Académie. Ils trouvèrent cependant un panneau comportant un plan à l’entrée, surmontée de flèches directionnelles (dont ils avaient le sentiment confus qu’elles avaient été trafiquées par des étudiants en manque de plaisanteries douteuses). Miraculeusement, ils réussirent à trouver la bibliothèque spécialisée dans les sujets sur lesquels ils avaient des recherches à faire: les religions et la théologie. Ils parvinrent même à s’y rendre sans se perdre !
Le lieu était séparé en plusieurs parties. Directement de chaque côté de l’entrée, on trouvait des toilettes, auxquelles on pouvait accéder aussi de l’intérieur de la bibliothèque. Ensuite, il y avait des petits portiques d’entrée. Les étudiants ne pouvaient entrer qu’avec leur carte; quant aux autres, ils devaient payer pour consulter la collection. Les deux amis s’acquittèrent de la somme due, et entrèrent dans les collections. A leur droite, il y avait une zone réservée aux étudiants pour leur travail, et, plus loin, un accès à une zone pour le personnel, où on devait très certainement pouvoir trouver une réserve et des archives, ainsi que des salles de repos. Face à eux s’étalaient plus d’étagères comprenant des livres qu’ils n’en avaient jamais vu. Sans rien demander à personne, ils partirent fouiller dans les étagères. Cependant, plus d'une heure après, peu habitués aux systèmes de classement, ils étaient toujours bredouilles, et durent se résoudre à aller demander de l’aide. C’est Caïn qui s'avança vers la bibliothécaire au comptoir, qui, un sourire sur le visage, lui demanda tout doucement, à voix basse:
“Oui, vous désirez ? Comment puis-je vous aider ?
- Bonjour, on cherche un livre avec éventuellement ce casque sur la couverture ou à l’intérieur, répondit-il sur le même ton en lui montrant le dessin du casque trouvé lors de leur enquête. Je sais qu’il y en a beaucoup ici mais si vous pouviez nous aider, nous vous en serions très reconnaissants !”
Elle regarda fixement le jeune homme, puis le motif du casque, avant d’attraper un énorme livre qu’elle se mit à feuilleter à une vitesse phénoménale, avant de soudain s’arrêter sur une page précise, un sourire triomphant sur le visage. D'une main experte, elle nota un certain nombre de références, avant de les tendre à Caïn qui les regarda, circonspect. Comprenant qu’il ne savait absolument pas ce que cela signifiait, elle décida de l'accompagner, et sortit de derrière le comptoir, se révélant plus petite que ce qu’il aurait cru. Elle le mena à travers les rayonnages tout en lui expliquant le système de classement. Elle lui montra quelques exemples, puis quand il eut compris, elle retourna à son poste.
Il se lança alors dans la recherche des ouvrages qui l'intéressaient, et trouva rapidement un certain nombre d’ouvrages où figurait le symbole du casque. Très vite, en les feuilletant, il se rendit compte qu'ils avaient tous un point commun: ils étaient tous traduits d'anciens langages par Barmond Edir. Ils les ramena rapidement à une table, avant de proposer à Gabriel de se partager le travail, et c’est ainsi qu’ils se lancèrent dans un long moment d’étude.
De leur côté, Jostoph et Hermine s’étaient dirigés vers le quartier général des Glaives, où Hermine comptait se renseigner sur les dernières actualités et aller à la pêche aux informations. Après avoir passé plusieurs portails, et munis d’une bonne bouteille d’alcool ainsi que d’un saladier qui servirait de casque à Jostoph (qui avait quant à lui acheté un panier garni, croyant à un banquet), ils arrivèrent dans un quartier dont il était difficile de dire s’il était mal famé ou très calme. En effet, ceux qui avaient des velléités d’y faire du grabuge avaient immédiatement affaire aux Glaives qui les remettaient à leur place de manière musclée. Ces mêmes Glaives n’étaient pas vraiment des tendres, et s’étaient peu à peu détachés des idéaux à la base de la formation de la guilde, faisant peu à peu régner sur le quartier la loi du plus fort. Les maisons semblaient d'ailleurs conçue pour résister à des tremblements de terre, alors qu’en réalité, c'étaient les Glaives eux-mêmes qui les faisaient trembler. Le local était organisé sur plusieurs niveaux, avec différents sous-sols servant de baraquements, salles d’armes ou salles d'entraînement. Hermine le savait, la décoration du quartier général des Glaives, quoique sommaire, se composait majoritairement de panneaux de bois. Ceux-ci forment des cloisons faciles à déplacer, permettant de découper des espaces.
Lorsqu’ils arrivèrent près de leur local, ils furent accueillis par une porte qui s’ouvrit brusquement sous la pression d'un homme propulsé à plein vitesse par un coup bien placé, qui atterrit sur le dos dans la rue, ses dents éparpillées autour de lui. De l'intérieur provenaient des cris et des bruits de chopes qui s’entrechoquaient. En entrant dans la pièce principale, ils trouvèrent un homme debout sur une table, ovationné et porté aux nues par ses comparses. Hermine le reconnut immédiatement: il s’agissait d’un gaillard qui aimait la bagarre, et communiquait par les poings. Il adorait mettre au défi les nouveaux: pour entrer dans la guilde, ils devaient le battre.
“Mais c’est quoi ce bordel ? Allez, en rang ! hurla Hermine en entrant. Et plus vite que ça!!”
Immédiatement, ils la reconnurent, et cela créa un certain chaos, sur fond sonore de parties d’armures s'entrechoquant. Personne ne s’attendait à cela: si chacun connaissait la force d’Hermine, elle était aussi connue pour être calme, peu bagarreuse, et très tolérante. Son coup de gueule en était d'autant plus impressionnant, faisant frissonner ceux qui avaient déjà eu affaire à elle. Une fois tout le monde au garde à vous devant elle, elle somma l’homme dehors de revenir, qui entra en se tenant la mâchoire.
“T’as rien à m’dire toi ! T’as rien à m’dire toi! lui fit-il.”
Un regard d’Hermine suffit cependant à le faire taire: s’il tenait à son honneur, il semblait assez piteux, et ne tenait manifestement pas à se prendre une seconde dérouillée, aussi alla-t-il se mettre dans le rang sans plus piper mot.
“Clotaire tu me présente au gamin ! ordonna-t-elle à celui qui se tenait le plus proche d’elle.
- Ecoute-moi bien sale gosse ! vociféra celui-là à l’adresse du garçon. Tu vas te calmer et tu parles pas comme ça à Hermine ! Ici si tu cherches des noises, tu vas te faire tabasser et tu vas pas comprendre parce que c’est pas du tout la même que l’autre bêta là, ajouta-t-il en désignant le butor qui l’avait flanqué dehors.T’as bien compris oui? termina-t-il en soulevant par le col le nouveau venu perdu face à ce revirement de situation.
- Oui ! Oui oui oui oui ! bafouilla le garçon.”
Il se mit au garde à vous ainsi, sans toucher le sol, clairement impressionné, et Clotaire le posa. Hermien le jugea sévèrement, et modifia la position de son menton.
"Messieurs, mesdames ! tonna ensuite Hermine. Un: qu’est ce que vous foutez encore ici alors qu’il y a la guerre à nos portes ? demanda-t-elle, déclenchant une vague de frissons dans les rangs. Deux: je suis contente de vous voir ! admit-elle, donnant lieu à des sourires apaisés. Trois: c’est ma tournée ! clama-t-elle, créant des ovations.”
Elle svait très bien que l’alcool permettrait de délier les langues, et, alors qu’elle envoyait un bleu chercher au trot de l’alcool, elle sourit à une femme dans l’assemblée, avant de se rapprocher d’elle. Après qu’elle se soit saluées, la femme, qui s’avérait être Hestia, sa mentor, la félicita d’avoir remis de l’ordre, et lui glissa avec un sourire:
“Tu seras peut-être contente de savoir que Gifuto devrait arriver en ville bientôt. Il n’est pas très organisé, mais il a envoyé une lettre, enfin, un chiffon plutôt, disant qu’il arrivait."
Cette nouvelle ravit Hermine. Gifuto Al Bedras n’était autre que le second élève d’Hestia, qui avait fait ses classes en même temps qu’Hermine. Ensemble, ils avaient fait les quatre cent coups, et avaient toujours été très complices, parfois amants. En permanence en compétition, ils n’avaient toujours pas réussi à déterminer qui d’entre eux était le meilleur, et c’était un combat qui n’était pas prêt d’être terminé, elle le savait. Hermine l’appréciait d’autant plus qu’elle le savait attachée comme elle l’était aux idéaux qui avaient jadis fait la grandeur des Glaives.
Encore ragaillardie par cette nouvelle, Hermine fit approcher Jostoph, qu’elle présenta à Hestia. Celle-ci serra si fort la main du barde qu’il en souffla de douleur malgré sa résistance. Après ça, la femme d’une cinquantaine d’années leur proposa de descendre dans les baraquements pour discuter plus tranquillement alors que le reste de la troupe s'arsouillait. Une fois en bas, ce fut Jostoph qui résuma à la mentor de sa maîtresse la situation dans laquelle ils se trouvaient avec force schémas et dessins reproduisant les motifs vus dans le labyrinthe. Malheureusement, Hestia n’en savait pas plus qu’eux, même si elle approuvait l’idée d’Hermine: il était tout à fait possible que, parmi les Glaives, quelqu'un ait entendu parler de quelque chose. Cependant, Hermine voulait aussi en savoir plus sur la cocatrice. sa présence dans le labyrinthe l'intriguait grandement, et elle espérait pouvoir remonter la piste de trafiquants d’animaux exotiques qui auraient pu vendre la bête à leurs ennemis. Si Hestia salua une nouvelle fois l’instinct de sa discipline, elle ne connaissait cependant personne qui aurait pu acheter ou vendre un tel animal. Par contre, elle connaissait des gens qui pouvaient en connaître d’autres intéressés par le marché des animaux exotiques, et mentionna à Hermine et Jostoph un certain Maverick qu’elle proposa de leur présenter.
“Au vu de la situation actuelle chez les Glaives, tu comprendras que je préfère te présenter à lui moi-même. En ce moment c’est un peu compliqué. Les factions qui se sont un peu divisées chez les Glaives, ceux qui sont là uniquement pour se battre, ceux qui cherchent la gloire, ceux qui veulent aider la veuve et l’orphelin, sont entrées de plus en plus en tension avec la guerre. Aujourd’hui, c’est difficile pour les Glaives de se faire confiance, et de s'entendre afin de se mettre d’accord sur une direction commune. C’est pour cela que je préfère être à tes côtés pour te présenter et établir une relation de confiance avant que tu ne lui poses des questions.
- Ça me va très bien, ne t’en fais pas, la rassura Hermine. Et puis, s’il est vraiment trop réticent, nous réglerons tout cela à la façon des Glaives, ajouta-t-elle avec un clin d'œil complice. ”
Sur ces bonnes paroles, Hestia lui promit de la tenir au courant de la venue de Maverick via un messager, et ils remontèrent dans la salle principale. Ils n’y restèrent pas cependant: Jostoph proposa d’aller prospecter dans les tavernes alors que sa maîtresse restait auprès des Glaives. Celle-ci s’y opposa, tenant à l’accompagner, et tous deux partirent, ayant pour projet de revenir lorsque le dénommé Maverick serait arrivé.
Jostoph mena donc sa maîtresse jusqu’à une taverne connue de lui, que de nombreux bardes aimaient beaucoup et fréquentaient régulièrement. Sur le chemin, Hermine remarqua des avis de recherche, et l’un d’eux lui sauta aux yeux: Corvus était dessiné dessus et recherché pour une altercation violente dans un camp Eaquien. Il avait manifestement fui ensuite. Près de lui, Jostoph reconnut Moleg le Troll recherché pour les mêmes raisons ainsi que les deux Effigies, Lorwyn et Hapeau (à qui on avait dessiné un affreux nez, lui qui n’en avait pas), avec les mêmes chefs d’accusation auxquels s’ajoutaient le terrorisme. En grimaçant, il présenta discrètement à sa maîtresse les compagnons de Corvus, les reliant aux aventures qu’il lui avait précédemment narrées. Puis, il enleva les affiches qu’il fourra dans sa besace comme s’il allait rafler la prime, tout en tentant de contacter Corvus mentalement. Malheureusement, celui-ci était très certainement trop loin de lui, et le Télépathe ne parvint pas à établir de contact. En se remettant en route, il se promit de faire de son mieux pour faire sauter la récompense associée à ses compagnons, peut-être lorsqu’ils seraient à la Cour.
Ils entendirent l’auberge avant de la voir: beaucoup de musique s’en échappait, confirmant que c’était bien là le lieu qu'ils cherchaient. La musique était un peu discordante: il y avait manifestement de la compétition dans l’air et c’était à qui chanterait le plus fort, sans se soucier de la justesse ou de s’accorder. Lorsqu’ils entrèrent, ils virent le regard du tavernier sur eux, qui se demandait manifestement pourquoi diable ils venaient alors qu'une cacophonie pareille était en train de faire fuir l’intégralité de sa clientèle.
Debout sur des tables, deux bardes se faisaient face. C’étaient eux qui jouaient si fort et si faux, et Jostoph reconnut avec étonnement Alphine torse nu et en kilt, qui avait manifestement décidé de prendre du muscle. Tranquillement, un sourire amusé aux lèvres, Jostoph mena Hermine jusqu’à une table, où ils s’assirent? Puis, il commença à chanter, directement dans la tête des gens. Ceux-ci semblèrent si étonnés qu’un instant la lutte entre Alphine et son concurrent se fit moins bruyante. C’est ce très court laps de temps que Jostoph choisit pour empoigner son luth, et se lancer dans un solo de luth. Si quelques personnes râlaient avant qu’il ne commence, et si l'aubergiste,voyant un troisième rival s’ajouter, avait pris un air dépité, tout ceci s’effaça comme par magie. Manifestement touché par une inspiration divine, c'est un solo absolument légendaire que livra le barde. Il en fit fumer les cordes de son instrument, rendant les gens fous de joie, qui se mirent à chanter, taper des mains et des pieds, l’ovationnant alors qu’il leur procurait des visions épiques. En face plus personne ne jouait, ce qui permit à Jostoph de jouer aussi sur leurs instruments, se transformant en homme-orchestre l’espace d’un instant. C’est au bout de quinze minutes d’une prestation transcendante qu’il finit par s’arrêter, sous les vivats et les jets d’argents, de fleurs, et de sous-vêtements (parfois à la propreté douteuse) dont un caleçon qui lui servit de couvre-chef. Il demanda un coup à boire qu’on s’empressa de lui servir et désigna un barde pour prendre sa suite. Ensuite, il descendit comme un prince de sa table,avec un clin d'œil à Alphine, qui l’avait si bien accompagné, pour aller rejoindre Dame Hermine à table.
Re: Eclats d'émotions - La Ballade des cimetières - Chapitre 4 - Alliés et corruption à Hypnos
L'enquête continue !
- CaïnTarima de son état mais complètement ignare en magie, il a préféré se tourner vers la rapine et la guerre lui a donné du boulot : Ferrailleur sur les champs de batailles, il passe après les batailles pour piller les corps de soldats laissés derrière avec des armes et ensuite revendre tout ce bel attirail contre de belles sommes.
- Gabrielun Duveteux candide ayant perdu son lien avec les personnes avec qui il travaillait comme coursier à cause de la guerre. Il a quelques connaissances en pharmacie car il amenait principalement des médicaments.
- Hermineune Clairvoyante et membre des Glaives, elle a un esprit particulièrement héroïque et empathique et souhaite amener le monde dans la bonne direction. Fille d’une famille noble, elle est souvent appelée Dame Hermine et dispose de ressources conséquentes (que ce soit de par son ascendance ou son affiliations aux Glaives). Porte si nécessaire une épaisse paire de lunettes pour compenser sa vue de taupe. Elle possède une armure artéfact, qui lui permet de lancer un défi à un adversaire si il est plus fort qu'elle. Elle renforce alors les capacités du porteur pour le mettre à niveau de son adversaire mais il lui devient strictement impossible de fuir le combat.
- Jostophun barde Télépathe qui s’est mis au service de Hermine, une vraie héroïne pleine de sous, contre rémunération. Il sait très bien qu’en restant aux côtés de la Dame, ils aura nombre d’histoires à raconter et cela le ravit. Il est né au village de Saintébert où les aventuriers vont rejoindre le Mathémagicien.
“Désolé pour l’odeur, j’ai beau me débarrasser de mes vêtements à chaque fois, l’odeur de cadavre me colle à la peau.
- Parlons-en ! rebondit Jostoph, quel choix de carrière audacieux (tout comme ton changement de look d’ailleurs).
- Alors figure-toi que c’est lié ! Il ne me restait que ça, en fait.
- Je suis persuadé que c’est ce qui restera de toi ! Bon alors, parle-nous de ta reconversion !
- Reconversion ? Quelle reconversion ? Je fais les deux à la fois quelle idée !”
Et c’est ainsi qu’au fil de la conversation ils apprirent non seulement qu’Alphine n’était ni très malin, ni très clairvoyant, mais surtout qu’il n’avait jamais été contrôlé aux portes de la ville d'Hypnos en revenant des champs de bataille. Ceci leur mit immédiatement la puce à l’oreille: il y avait qurelqu’un qui veillait à ce qu’il passe.
“ Bon, eh, parlons franc: ce que tu transportes sur ta charette ça se vend pas à la criée ! lui lança Jostoph. On te fait pas des offres deux pour le prix d’un ! A qui tu livres ça ?
- Ouh, non, j'ai une clause de confidentialité mon bon monsieur, opposa Alphine.
- Oh. Et combien pour casser le contrat, glissa Hermine avec un sourire de prédateur.”
Alphine se retourna afin de compter sur ses doigts, puis sortit de la poche de son kilt un papier sur lequel il griffona une somme qu’il tendit à Hermine. Celle-ci trouvant la somme élevée, elle envoya Jostoph l’embobiner, et avec succès: il palabra tant et si bien su’Alphine ploya, et enleva un zéro à la somme qu’il demandait.
“ Dis moi, Jostoph, glissa Hermine à son barde, Alphine est ton … ami ? Ton … Rival ?
- Oh un peu les deux ! Je voudrais l'aider à lancer sa carrière mais là on est un peu short niveau finances, faut se serrer la ceinture ! Mais je pense qu'on peut faire un effort pour Alphine.
- Dis moi Alphine, dit la noble en se tournant vers lui, tu as fini ta formation de barde ?
- Oui oui oui … Au rattrapage, mais je l’ai finie ! dit-il en regardant alternativement les deux personnes face à lui.
- Ecoute moi bien: en plus de ce prix-là pour casser ton contrat, je te propose un petit extra.
- Ce serait très gentil, merci beaucoup ! acquiesce Alpine.
- C’est mignon ! rit la noble, légèrement méprisante. Tu vas te rendre à telle adresse: il y a un bâtiment de guilde, ce n’est pas une taverne mais ça y ressemble beaucoup.”
Elle lui donna une heure et un jour pour le rendez-vous. Il devrait alors parvenir à tenir toute la soirée en tant que barde afin de gagner un grand respect. C’était bien évidemment l’adresse des Glaives, et elle se doutait bien qu’il risquait de se ridiculiser, mais lui n’y vit que du feu, et les remercia chaudement, des étoiles dans les yeux. Après cela, Jostoph donna à Alphine la bourse qui lui tendait Hermine, et prit entre quatre-yeux son collègue alors que sa patronne s’éloignait. C’est télépathiquement (et autour d’une choppe de bière) que se tint leur conversation suivante, par souci de discrétion. C’est ainsi que Jostoph apprit qu’Alphine ne connaissait pas l’identité de son employeur, mais qu’il avait pour consigne d’amener les charrettes au niveau des tuyaux qui permettaient d'irriguer la ville. Certains étaient en effet inutilisés, et c’était à ce niveau que l’échange se faisait. Deux hommes l’y attendaient, qui comptaient les cadavres.
“Je les ai entendus parler d’une histoire de banane verte. Ou peut-être une orange bleue !”
Jostoph trouvant cela étrange, il parvint à persuader Alphine de le laisser accéder à son souvenir de cet instant. Cependant, le souvenir lui-même était flou (peut-être d’ailleur car le barde en kilt avait déjà commencé à boire) et bien peu en ressortit, mis à part qu’en effet on parlait bien d'un fruit, et d’une couleur mais ni le bleu ni le vert, mais bien le rouge.
“Voilà pour ça, fit-il quand Jostoph sortit de son esprit, j’peux faire autre chose ?
- Oh bah puisque tu as si gentiment partagé un secret avec moi, je vais t’en partager un, glissa Jostoph avec un sourire. Dans mes dernières pérégrination, on a croisé un groupe de gens avec un potentiel de saga épique incroyable: les Fissda ! Je sais pas si tu connais, ajouta-t-il en lui projetant l’image mentale du casque.”
Malheureusement Alphine n'en avait jamais entendu parler, mais promit d'ouvrir l’oeil et d’écrire de meilleures histoires afin de se rapprocher de Jostoph qui semblait bien devenir son idole.
Pendant ce temps, Hermine récoltait tous les suffrages dans le bar, et chacun supputait sur la nature exacte de ses relations avec Jostoph, et elle semblait prendre un malin plaisir à confirmer chacune des rumeurs (créant ainsi la légende de Gigolostoph). Rapidement dès que Jostoph eut terminé son entretien avec Alphine, et après qu’Hermine ait glissé une bise à un jeune barde tombé en pâmoison, ils partirent rejoindre le manoir de Moritz, et leurs compagnons.
“Cataclop.”
Ce fut ce bruit fort incongru pour une bibliothèque, lent et résonnant qui fit relever la tête à Caïn et Gabriel, absorbés dans leurs études et contents d’être ensemble et d’avoir trouvé un début de piste. Ce qu’il aperçurent alors les stupéfia. Ce n’était autre que Corvus,
l’air complètement perdu, se demandant manifestement ce qu’il pouvait bien faire là.
“Eh Gabriel … glissa Caïn à son compère, est-ce que c’est le centaure qu'on connait ou est-ce qu’ils se ressemblent tous et c’est super raciste?”
Cette petite question fit se retourner Gabriel sans discrétion aucune, qui après avoir bien dévisagé le centre en question, confirma avec un signe de tête. Caïn l'interpella alors, s’attirant les regards furibonds des usagers de la bibliothèque qui n’appréciaient pas vraiment le bruit que faisaient ces hurluberlus dans leur havre de calme et de savoir. Ceci eut cependant l’effet escompté, et le centaure, manifestement surpris de les voir là, rejoint les deux amis. Rapidement, ils s'expliquent mutuellement les raisons de leur présence. Si nous connaissions déjà celles du duo, il est temps de découvrir celles du centaure. Il expliqua ainsi que s’il était là c’est car il avait eu l’occasion, lors de son périple avec l’autre moitié des aventuriers, de retrouver quelqu’un qu’il connaissait. Cependant, pour cela, il avait été forcé de se séparer d’eux. Il leur assura cependant que leurs amis allaient bien, n'étaient plus en danger, et leur confirma qu’il avait retrouvé celle qu’il cherchait, reliée à lui comme à la situation qu’ils affrontaient, qui l’hébergeait actuellement. Après cette petite explication, Gabriel et Caïn proposèrent à Corvus de les rejoindre dans leurs lectures et leurs recherches,ce à quoi il se plia sans problème. Il les informa ainsi que Barmond Edir était plutôt connu comme traducteur de mythologie et de légendes de l’Ancien Monde, mais complètement inconnu pour quoi que ce soit d’autre. Face à cette information, ils allèrent s’adresser à la bibliothécaire, afin d’obtenir une fiche sur cette homme, qu’elle leur fournit avec plaisir. Ils y découvrirent que cet homme était un théologien traducteur, ainsi que la liste de ses ouvrages. L’un d’eux alla en chercher une partie, tandis que les autres découvraient que l’homme était mort depuis des années, et enterré à Hypnos aux côtés d'autres Académiciens, puisqu’il y avait occupé une chaire des années durant. Forts de ces informations, ils décidèrent d’aller voir la maison de l'auteur afin d’y trouver des informations supplémentaires.
“Dame Hermine pourra peut-être l'acheter ! lança Caïn”
Cette phrase créa la surprise de de Corvus, pour qui Hermine était restée coincée avec la cocatrice dans le labyrinthe. Les deux autres lui expliquent qu’elle était revenue, avec quelques détails, avant de se replonger dans leurs lectures. Peu à peu, ils trouvèrent des informations, surtout grâce à Caïn qui lisait avec une vitesse extraordinaire (contrairement à ses camarades dont la lecture était laborieuse). Ils apprirent ainsi que le casque était en rapport avec une mythologie païenne datant d’avant la Nouvelle Pangée. Dans cette mythologie, les dieux semblaient contrôler les éléments et être honorés dnas l’immenses temples. Ce casque, nommé Cunée, représentait alors un dieu nommé Hadès, et lui permettait de se rendre invisble.
“Eh, Caïn, tu crois que ceux qu’on cherche pourraient s'appeler Les Fils d’Hadès ? demanda soudain Gabriel.
- Mmh, ça ferait sens ! C’est étonnant cette coïncidence avec la Lune noire d’Elysion !
- Oui c’est vrai ! Tu crois que ça a un rapport ? Et pourquoi avoir choisi le casque et pas la Lune si c’est le cas ?
- Oh bah tu sais s’ils devaient montrer leur lune à chaque fois hein, lança le voleur en ricanant.”
Malheureusement, le Duveteux ne comprit pas du tout ce jeu de mot, et, déçu, le Voyageur se renfrogna un peu, avant de se remettre à son étude. C'est un peu plus tard, après avoir renoncé à emprunter des livres qu’ils décidèrent de quitter la bibliothèque et de se rendre chez Moritz Schwantaler afin de rejoindre leurs amis. Le soleil se couchait donc alors qu’ils arrivaient à la porte, et après que Gabriel eut rassuré Corvus, qui craignait de briser des choses à l’intérieur, ils entrèrent pour trouver Hermine jetant son cousin, ivre, dans la fontaine. Celle-ci, n’ayant pas de lunettes, elle plissa les yeux, mains en visière, afin d’être sûr de ne pas le confondre avec quelqu’un d'autre. Après qu’ils se soient retrouvés et que chacun ait expliqué aux autres ce qu’il avait découvert, Chacun partit vaquer à ses occupations avant le repas, qui laissa à Hermine et Corvus le temps de s'expliquer sur ce qu’il leur était arrivé depuis qu'ils ne s’étaient pas vus. Corvus apprit ainsi qu’Hermine avait fièrement combattu la cocatrice, et avait du en boire les larmes. Depuis cette expérience, il lui semblait être légèrement différente, sans qu’elle ne puisse déterminer en quoi exactement. Quant à lui, Corvus leur relata les aventures vécues avec Moleg, Hapeau et Lorwyn, qui les avaient menés à la prison dont ils avaient pu s'échapper dans la confusion d’une bataille, mettant ainsi une prime sur leur tête. C’est à la suite de cette évasion qu’il avait pu suivre la piste de sa nièce Callie, retrouvée générale de l’armée. Lorsqu’il lui avait raconté son histoire, elle avait accepté de faire sauter sa prime, s’il la suivait à Hypnos, ce qu’il avait fait, et c’était ainsi qu’il avait retrouvé Gabriel et Caïn. S’ensuivit une nuit reposante pour tous,sauf Corvus, qui était allé dormir sous des couvertures, dans un belvédère, lequel avait sinistrement craqué deux fois lorsqu’il s’était appuyé sur lui. Il avait donc dormi à la belle étoile, non loin dudit belvédère que chacun avait pu découvrir tout tordu au réveil autour de pancakes et confitures étonnantes, telles que tomates verte, fleur de courgette et artichauts de Duca. Ce repas leur permit de faire le point sur leurs objectifs de la journée et c’est ainsi qu'ils se retrouvèrent quelques temps plus tard à l’Académie afin de trouver des informations supplémentaires sur Barmond Edir, afin d'avoir son adresse et pouvoir aller voir sa maison, tandis que Moritz, resté au manoir, devait trouver des informations sur qui pourrait bien payer pour des charrettes de cadavre. C’est donc nez à nez avec un Menu assis à un comptoir, plongé dans un livre, qu’on retrouve nos héros.
“ Ouais ? fit-il avec une voix de stentor.
- Excusez-nous de vous déranger nous sommes à la recherche de la maison d’un de vos anciens professeurs, aujourd’hui disparu, fit Jostoph, Barmond Edir.
- Ouh, ça me dit rien moi, mais chuis pas là depuis longtemps ! répliqua le Menu.
- Si vous me faites le coup du laissez-passer A38 j’me suicide ! protesta immédiatement le barde.
- J’vous ferai pas ce coup là, c’est pour éloigner les curieux ! lança leur interlocuteur, amusé.”
Ils le virent alors descendre de tiroirs en tiroirs à la force de ses bras, montrant une force étonnante pour un Menu. Ouvrant un tiroir, il finit par y trouver le dossier recherché, qu’il fit sauter dans les airs avant de se hisser de nouveau sur le bureau. Ouvrant le dossier, il leur montra l’adresse, puis:
“Eh mais, je connais ! Y a un super salon de massage qui a ouvert juste là!”
Et c’est sur cette capitale information que les compagnons apprirent que tout avait été détruit et reconstruit: ils ne trouveraient donc aucune information. Cependant, il avait dans le dossier le nom de Gredert Belgan, élève d’Edir, dont le Menu connaissait de nom: muni d’une mémoire d'éléphant, il avait suivi tous les cours et passé tous les diplômes de l’Académie. Une fois sortis du bureau, Gabriel ajouta que ce nom était dans les carnets de Thalivor, et ils décidèrent ainsi d’aller voir ce chercheur.
Joignant le geste à la parole, ils partirent retrouver Gredert Belgan. Ils parvinrent à accéder jusqu’à lui, mais cependant, il n’avait aucune information d’importance à leur donner. En discutant avec lui, ils comprirent cependant que tous les symboles croisés les menaient bien sur la piste d’hadès, dieu des Enfers de l’Ancien Monde. Ils en déduirent donc que la secte recherchée devait bel et bien s'appeler les Fils d’Hadès. L’homme leur promit de les tenir au courant s’il avait des nouvelles -mais à peine avaient-ils franchi la porte qu’il semblait déjà avoir oublié- et sembla cependant très intéressé par leurs ongles, sans pouvoir leur en dire plus.
peu satisfaits de cette rencontre en forme de chou-blanc, ils partirent chercher les plans des canalisations à une maison de uartier, et revinrent avec au manoir.
Re: Eclats d'émotions - La Ballade des cimetières - Chapitre 4 - Alliés et corruption à Hypnos
Les tuyaux d'Eaque
- CaïnTarima de son état mais complètement ignare en magie, il a préféré se tourner vers la rapine et la guerre lui a donné du boulot : Ferrailleur sur les champs de batailles, il passe après les batailles pour piller les corps de soldats laissés derrière avec des armes et ensuite revendre tout ce bel attirail contre de belles sommes.
- Gabrielun Duveteux candide ayant perdu son lien avec les personnes avec qui il travaillait comme coursier à cause de la guerre. Il a quelques connaissances en pharmacie car il amenait principalement des médicaments.
- Hermineune Clairvoyante et membre des Glaives, elle a un esprit particulièrement héroïque et empathique et souhaite amener le monde dans la bonne direction. Fille d’une famille noble, elle est souvent appelée Dame Hermine et dispose de ressources conséquentes (que ce soit de par son ascendance ou son affiliations aux Glaives). Porte si nécessaire une épaisse paire de lunettes pour compenser sa vue de taupe. Elle possède une armure artéfact, qui lui permet de lancer un défi à un adversaire si il est plus fort qu'elle. Elle renforce alors les capacités du porteur pour le mettre à niveau de son adversaire mais il lui devient strictement impossible de fuir le combat.
- Jostophun barde Télépathe qui s’est mis au service de Hermine, une vraie héroïne pleine de sous, contre rémunération. Il sait très bien qu’en restant aux côtés de la Dame, ils aura nombre d’histoires à raconter et cela le ravit. Il est né au village de Saintébert où les aventuriers vont rejoindre le Mathémagicien.
Celui-ci ne se trouvant pas dans le hall, Jostoph, après avoir été reçu sous les vivats et avoir refusé de chanter, demanda sa chambre, où il monta accompagné de ses compagnons. Dans le couloir du premier étage, où la chambre d’Alphine était la cinquième à droite, le barde entendit un petit air qu’il lui semblait connaître à propos de l’oeil d’un tigre, qui lui inspira une improvisation sur l’oreille du triton. Ceci fut manifestement entendu par l’interprète, qui s’interrompit, et quand la porte s’ouvrit, ils découvrirent Alphine, manifestement interrompu en plein exercice.
“ Dis-moi mon cher, lui dit immédiatement Jostoph, je me rends compte que j’ai oublié quelque chose hier soir ! J'aime qu'il y ait de la véracité dans mes chansons, et j'étais en train de gratouiller, de composer, quand soudain j’ai repensé à ton histoire et j’me suis dit “Zut où est-ce qu'il était exactement ?” Je me rappelle de l’image mais c'était où exactement ? J’ai besoin d’une rime, d’un vers !
- Ah et tu crois que je pourrais t'aider à composer ta chanson ? fit Alphine, yeux écarquillés.
- Oui ! Tu pourrais être crédité ! le séduisit Jostoph.
- Ah ! Alors dans ce cas oui, oui, oui évidemment ! Laisse-moi une seconde, j’vais retrouver, j’y suis pas allé qu’une fois, puis il m’a laissé un bout de papier !”
Il se mit alors à farfouiller dans son kilt, et soudain sortit triomphalement un papier d’un truc à compartiments. Jostoph s’en saisit, le remercia en le flattant dans le sens du poil, avant que les aventuriers ne s’éloignent.
Après qu’ils se soient interrompus pour manger, Corvus partit faire un détour chez le maréchal ferrant, lequel le regarda éberlué entrer.
“Oh beh c’est que c’est un beau monsieur et une belle bête ça eh ! lâcha-t-il.
- Bonjour monsieur ! J'imagine que je ne suis pas le genre de client que vous avez tous les jours, dit Corvus.
- Ah ben non hein les centaures c’est pas commun ! confirma l’artisan.”
Notre centaure favori lui expliqua alors l’objet de sa visite: il désirait une sorte de silencieux pour ses sabots, afin de ne pas se faire foudroyer du regard en bibliothèque. Le maréchal ferrant, manifestement toujours un peu surpris par ce client inhabituel s’en fut fouiller dans son atelier, interpellant un instant Corvus pour savoir sa pointure de sabots. Il finit par s’extraire, après moult fracas, de son arrière boutique, tenant dans sa main ce que l’on appelait usuellement des hipposandales, sorte de chausson silencieux pour sabots.
S’en suivit une scène d’anthologie, où l’artisan proposa à Corvus de l'aider à chausser cette nouveauté, sans trop savoir comment s’y prendre cependant. L’homme ayant une tendance à la flagornerie pour cacher son embarras (il ne savait d’ailleurs pas trop comment s’adresser à lui, comment désigner les parties de son corps: comme celles d’un homme, ou celles d’un cheval ?), Corvus se retrouva couvert de compliments alors qu’un homme bedonnant se tortillait à ses pattes pour lui enfiler des sandales, lui chatouillant les sabots au passage. Si le premier essai s’avéra un peu lâche, une fois resserrée la sandale se révéla parfaitement à sa taille.
“Oh bah ça vous va comme un charme monsieur ! s’exclama le maréchal ferrant. Qui aurait cru que je serais vendeur de chaussures un jour, moi ? Ca vous plaît, vous voulez un autre coloris ?”
Après avoir refusé cette généreuse proposition, Corvus paya son achat et s’en fut retrouver ses amis (non sans avoir promis à l’artisan de faire sa promotion auprès de ses semblables), son charisme fortement augmenté, tout comme sa discrétion (ce qui au vu de son apparence n’était pas gagné gagné). Lorsqu’ils eurent mangé ce qu’ils avaient pu trouver en boulangerie, ils rejoignirent le manoir, où ils exposèrent leur plan à Moritz.
“Mais ils sont dangereux, ces gens ! Vous avez un plan au moins ?” leur lança le cousin d’Hermine, manifestement un peu inquiet.
Ils lui expliquaient alors ce qu’ils envisageaient, et joignirent immédiatement la parole aux actes. Corvus dicta donc à Jostoph une lettre pour Calie, sa nièce, afin de pouvoir avoir, si le besoin s’en faisait sentir, le soutien de l’armée eaquienne; S’il resta très policé dans les termes qu'il employa, craignant que la jeune fille, fougueuse, ne se jette dans le tas et ne mette feu au tout s’il était trop clair sur la présence de criminels, il lui parla cependant de l’avancée de la lettre et de leur intention de la continuer dans les égouts, où ils pourraient peut-être avoir besoin d’aide. Dans la foulée, ils adressèrent également un message, bien plus détaillé, à Philomène, afin de la tenir au courant de leurs avancées et qu’elle aussi puisse leur envoyer du soutien. Ils lui demandèrent également des renseignements. Gabriel fut chargé de remettre les deux lettres, et les porta à qui pourrait les transmettre à un vitesse telle qu’elle serait sans doute notée bientôt dans plusieurs livres de records.
Une fois le Duveteux revenu, ils étudièrent tous ensemble le livre qu’ils s’étaient précédemment procuré. Sa couverture, faite d’un cuir noir, très neutre, avait subi les alterations du temps, et avait été nettement polie par de nombreuses main, de nombreuses lectures. Ils découvrirent, de par les subtilités du langage et les différentes écritures qui se superposaient et se succédaient que non seulement l’ouvrage était très ancien, mais qu'il avait eu différents auteurs lors de différentes époques. Très rapidement, ils trouvèrent des informations sur la génétique sur les différents continents, avec ses spécificités liées aux lieux. Pourtant, une chose paraissait étrange: pourquoi donc Hadès, la Lune Noire, était-elle mentionnée en premier ? Personne n’y avait jamais vécu, selon leurs connaissances. Pourtant, Corvus, qui était celui qui en connaissait le plus sur les légendes, maintenait qu’Hadès avait un rapport avec l’Ombre, puisque lui et ses armées seraient arrivés d’Hadès, et y auraient été enfermées après la défaite. Ce simple nom suffit à faire frissonner Gabriel. Pour tous les enfants d’Elysion, ou presque, l’Ombre avait toujours été présenté comme un croque-mitaine, et brandi pour effrayer les enfants désobéissants. Pourtant, aujourd’hui, plus grand monde ne pensait que c’était une menace réelle. Voir ainsi ce nom de légende mentionné avait de quoi être inquiétant. Afin de changer un peu les idées du Duveteux, que personne ne parvenait à vraiment rassurer, ils se penchèrent sur la carte des tuyaux de la ville. Si elle était difficile à suivre, il leur sembla pourtant que près de l’endroit qui les intéressait, un tuyau ne débouchait sur rien, comme s’il disparaissait dans un autre tuyau. En plus de l’entrée mentionnée par Alphine, ils en découvrirent également deux autres, permettant d’accéder à cette fameuse canalisation. Si l’une semblait sortir d’un mur sur une grand place, l’autre était apparemment une bouche d'égoût dans une petite rue. Il se décidèrent rapidement: il faudrait passer par les passages annexes dans la petite rue ou la place (Corvus confirma à Jostoph qu’il pourrait avoir de nouveau besoin de son aide pour surmonter son problème de claustrophobie). Ils décidèrent de préparer leur expédition, Gabriel mettant au point de nombreuses potions qui lui permirent à la fois de se distraire et de se sentir utile, et mangèrent un bon repas. Enfin, ils laissèrent un message à Hermine, lui expliquant sommairement mais avec efficacité, la situation, leur besoin de discrétion,et leur localisation approximative, afin qu’elle puisse les rejoindre éventuellement, une fois libérée de ses obligations.
Assez rapidement, ils se retrouvèrent à l'endroit voulu: sur la place vide, du fait de la nuit, face à ce qui ressemblait à un bâtiment de service désaffecté. Le long du mur courait un tuyau qui finissait par entrer dans le bâtiment. Au centre, une porte, évidemment fermée à clé. Jostoph prit les outils que CaÏn lui tendait et s’affaira sur la serrure, tandis que les autres faisaient le guet, tout en attirant l’attention loin de lui. Rapidement, un “clic” se fit entendre, et la porte s'ouvrit sans bruit, dévoilant un hall vide donnant sur un couloir comportant un petite escalier en colimaçon qui montait. En parallèle, il y avait le tuyau aperçu à l’extérieur. Très vite ils en repérèrent l’entrée, coincée par une manivelle volant, que Gabriel manipula sans difficulté, ouvrant une porte dans le tuyau. Après avoir plissé le nez en sentant l’odeur très forte d’égouts qui s’en échappait, ils sautèrent dans le tuyau, pour atterrir deux mètres plus bas, éclairés par la torche dont ils s’étaient munis. Dans l’air flottait une odeur désagréable d'égouts, d’eaux usées, et de métal mouillé. En pente douce, le tuyau se dirigeait vers les profondeurs de la ville et ils n’avaient d’autre choix que de le suivre. Ils avancèrent donc, sans grande discrétion, mais les sens éveillés, à l’aguet. C’est ainsi que Gabriel aperçut un mouvement, une ombre éclairée par la lumière blafarde de la Lune, vers l’entrée principale du tuyau dont ils s'approchent. Immédiatement, il avertit ses compagnons, qui s’immobilisèrent, alors que Caïn, activant sa magie, décida de partir en éclaireur. Passant discrètement la tête à l’angle du tuyau, il découvrit une silhouette, adossée au tuyau, à une dizaine de mètres de distance, vers l’entrée. Décidant, sur le conseil de ses compagnons, de l'assommer, il s’en approcha doucement, découvrant sa peau blafarde et les cheveux clairs, typiques des Darahs, avant d'empoigner la tête de l’homme et de la frapper contre le tuyau dans un “dong” retentissant, alors que l’homme s’amolissait dans ses bras, une expression de surprise douloureuse fixée sur son visage dévoilant des canines aussi pointues qui brillantes. Le Tarima resta un instant paralysé, écoutant tous les bruits afin de s’assurer que personne n’avait été alerté. Mais rien ne se fit entendre, et il prit le temps de fouiller l’homme, découvrant sur lui quelques bijoux précieux abîmés par le passage du temps, et deux dagues ornées de joyaux. Sans se poser plus de questions, il empocha le tout et après avoir vérifié le pouls de l’homme et paniqué, croyant l’avoir tué, il se souvint que c’était un Darah, sans pouls par définition, et il le traîna à l’écart par souci de discrétion avant de rejoindre ses compagnons, qui le félicitèrent. Redoublant de prudence, ils continuèrent à avancer, avant de se retrouver devant une porte, épaisse et très ouvragée, assez pour être jolie, très exactement à l’endroit où, sur le plan que Jostoph avait encore dans sa poche, le tuyau se terminait. Immédiatement, Caïn posa son oreille contre le battant, puis se recula avec un air dépité:
“Je n’entends rien, c’est du métal.”
Avec une grimace, Gabriel s’approcha, afin d’étudier un peu plus la décoration de la porte. Il y découvrit quatre personnages, qu’il identifia comme des Darahs avec le faciès élimé et leurs dents proéminentes formant la base d’un arbre généalogique qui remontait jusqu’en haut de la porte. Corvus de son côté informa ses compagnons que les Drahas, peuple de nuit, se divisaient en deux castes: les Nés-Darahs, à la fois rares et prestigieux, et les transformés. Il savait qu’ils avaient tendance à s’organiser en sociétés secrètes, actives la nuit, en parallèle de la vie des cités où ils résidaient. De nature secrète c’étaient des prédateurs, qui avaient besoin de sang frais pour survivre, et souvent très liés au monde de la nuit. Tout ceci n’expliquait en rien les cadavres: les Darahs avaient besoin de sang d’une personne encore vivante, sans quoi, cela relevait du suicide. Avec une grimace face à leur ignorance, ils ouvrirent la porte, non verrouillée, et virent dans un bâtiment souterrain. Caïn, discret, s’y engagea seul, le couloir devant lui menait un hall qui semblait être celui d’une auberge à très haut standing. Les convives semblaient n’être que des Darahs, vêtus de leurs plus beaux atours, rassemblés dans un décor chargé, des murs tendus de velours cramoisi aux motifs baroques aux tables brillantes sur lesquelles trônaient quelques victuailles fort peu ragoûtantes pour les aventuriers. Au-dessus de l’entrée, une superbe sculpture paraissait scintiller tant elle brillait. Elle représentait une pomme rouge, qui semblait flotter dans les airs par magie, et correspondait au nom de l’endroit, qu’ils entendirent: ils étaient à La Pomme Rouge.
“Tatatata où est-ce qu’on est tombés, sa mère ?!, lâcha fort peu élégamment Caïn.”
Re: Eclats d'émotions - La Ballade des cimetières - Chapitre 4 - Alliés et corruption à Hypnos
Découverte de la Pomme Rouge
- CaïnTarima de son état mais complètement ignare en magie, il a préféré se tourner vers la rapine et la guerre lui a donné du boulot : Ferrailleur sur les champs de batailles, il passe après les batailles pour piller les corps de soldats laissés derrière avec des armes et ensuite revendre tout ce bel attirail contre de belles sommes.
- Gabrielun Duveteux candide ayant perdu son lien avec les personnes avec qui il travaillait comme coursier à cause de la guerre. Il a quelques connaissances en pharmacie car il amenait principalement des médicaments.
- Hermineune Clairvoyante et membre des Glaives, elle a un esprit particulièrement héroïque et empathique et souhaite amener le monde dans la bonne direction. Fille d’une famille noble, elle est souvent appelée Dame Hermine et dispose de ressources conséquentes (que ce soit de par son ascendance ou son affiliations aux Glaives). Porte si nécessaire une épaisse paire de lunettes pour compenser sa vue de taupe. Elle possède une armure artéfact, qui lui permet de lancer un défi à un adversaire si il est plus fort qu'elle. Elle renforce alors les capacités du porteur pour le mettre à niveau de son adversaire mais il lui devient strictement impossible de fuir le combat.
- Jostophun barde Télépathe qui s’est mis au service de Hermine, une vraie héroïne pleine de sous, contre rémunération. Il sait très bien qu’en restant aux côtés de la Dame, ils aura nombre d’histoires à raconter et cela le ravit. Il est né au village de Saintébert où les aventuriers vont rejoindre le Mathémagicien.
“Je crois qu’on est juste tombés sur un bar clandestin de Darahs, les informa-t-il. Y a p’têtre un spectacle qui va commencer ils ont l’air d’attendre quelque chose, ajouta-t-il, avant de leur proposer d’y aller ensemble”.
Pourtant, ses compagnons, effrayés à l’idée que les Darahs aient faim, refusèrent, choisissant, puisque Caïn se sentait capable de le faire, de le laisser y aller seul, afin qu’il explore le lieu en toute discrétion, tout en restant en lien télépathique avec Jostoph. C’est donc ainsi qu’alors que Jostoph, Corvus et Gabriel s’enfonçaient, lumières éteintes dans le tunnel annexe afin de ne pas pouvoir être découverts par hasard, Caïn retourna dans la salle, s’attirant quelques regards surpris en ouvrant la porte: puisque son pouvoir le rendait invisible ou presque, on ne voyait qu’une porte qui s’ouvrait seule, comme agitée d’un courant d’air. S’immobilisant jusqu'à ce que les regards se détournent de lui, Caïn laissa passer quelques instants avant de reprendre son chemin. Doucement, il traversa la salle emplie de Darahs attablés, rasant les murs et faisant très attention à ne surtout rien cogner. Le sol, fait d’une sorte de pierre dure, assez lisse, semblait ne pas comporter de joints, et surtout, ne craquait pas sous se pas ce qu’il appréciait grandement. Il put également observer la décoration très chargée: de nombreux lustres à pampilles éclairaient la salle, assorties à des lampes de table qui créaient de petits espaces plus intimes. Au mur, la tapisserie d’un rouge profond, ornée de motifs baroques à circonvolutions faisait paraître la pièce plus petite qu’elle ne l’était. Au centre trônait un bar rond, où officiait un barman qui ne servait que des boissons rouges -le Tarima décida de ne pas se questionner sur le contenu des verres, et encore moins sur la provenance de ce contenu. Aux murs, il y avait quelques lampes, mais surtout beaucoup de décoration: des tableaux dans des cadres aux ornements chargés et brillants, des objets variés, certaines choses qui ressemblaient à des parchemins, sans qu’il ne parvienne à lire ce qu’il y avait écrit dessus. Il y avait deux portes dans la salle: la porte d’entrée, par laquelle il était passée, située à l’exact opposé d’une autre porte, très ouvragée, vers laquelle il se dirigeait tout droit. Doucement, il parvint à ouvrir la porte à laquelle il était arrivé, créant un nouveau petit moment de flottement: cela faisait peut-être tout de même beaucoup de courants d’air pour un lieu situé sous terre. Pourtant, très vite, cette attention se détourna, de nouveaux convives venant d’entrer. Il se faufila donc de l’autre côté de la porte avec un soupir de soulagement, pour se trouver dans un couloir qui se déroulait à sa droite comme à sa gauche, ses murs couverts d’une tapisserie couverte de motifs, avec ce qu’il crut identifier comme des rames noblières s‘étirant assez loin. A intervalles réguliers, il y avait des portes, avec des plaques numérotées. Pas de doute, il était bien dans ce qui ressemblait fort à un hôtel. Face à lui, une énorme porte à double battants, fermée par une barre, aussi imposante que impressionnante. A son sujet, Caïn n’avait aucun doute: il ne pourrait pas l’ouvrir, et ne voulait même pas tenter. Il obliqua vers sa droite, tenta de crocheter une serrure sans aucun succès: celle-ci semblait être très technique, et lui résista. Il cessa d’essayer juste avant de casser ses précieux outils, et se gratta la tête face à cette résistance inattendue, avant de décider de réessayer ailleurs, plus tard. Il continua son exploration, découvrant un couloir formant un carré semblant tourner autour de la pièce gardée par l’énorme porte à double battant. Aucune chambre ne donnait d’ailleurs de ce côté, toutes les portes étant situées en face de ce mystérieux espace. Les chambres semblaient être numérotées par ordre croissant à partir de la porte, en partant de 400. A l’angle suivant, il trouva un escalier en colimaçon. Il était en réalité sur un palier, qui lui permettait de monter comme de descendre, et il choisit de partir vers le haut. Au palier suivant, il sortit, et se retrouva dans un couloir en tous points semblable à celui qu’il venait de quitter. Surpris, il continua à monter, constatant le même schéma à chaque étage, si ce n’était qu’à chaque étage, la moquette semblait plus épaisse, la tapisserie plus brillante, les portes un peu plus éloignées, et l’énorme porte un peu plus ouvragée. Chaque étage avait son numéro de portes. Au bout du quatrième étage, il n’y avait plus d’escaliers, et il redescendit, allant jusqu’à deux étages inférieurs à celui du bar, où les escaliers s’arrêtèrent de nouveau. Là, les portes existaient aussi, mais n’étaient pas numérotées. De plus, il n’y avait pas de tapisserie sur les murs, pas de moquette au sol, pas d’ornements ni de chichis. Il lui semblait bien être à un étage de service. De nouveau, il se retrouva dans l’impossibilité d’ouvrir la moindre porte. Sentant qu’il commençait à fatiguer, il décida de remonter (non sans avoir soulagé sa vessie trop pleine dans un coin), et de rejoindre ses compagnons, lesquels discutaient, un peu nerveux, dans un tunnel isolé. Voyant revenir leur ami, ils sautèrent sur leurs pieds et sabots, et Gabriel se précipita vers Caïn, afin de le prendre dans ses bras, et de l’inspecter sous toutes les coutures, à la recherches de trous pouvant avoir été faits par des canines très affutées:
“Allons allons Gabriel, tu sais bien que la seule personne dont je suis mordu c’est Philomène hahaha !”
Voyant que sa blague était totalement tombée à plat, Caïn commença à expliquer en détail ses découvertes. A la lumière de son récit, une question demeurait pourtant: où donc les Darahs dissimulaient-ils les cadavres ? (et à quoi diable servaient-ils, puisqu'ils ne pouvaient boire que du sang frais ?) À partir de là, il fallut prendre une décision: partir ou rester ? Si Gabriel voulait partir, et emporter le garde ligoté afin qu’il réponde à leurs questions, c’est cependant l’autre option qui l’emporta, et ils allèrent s’asseoir à une table, faisant comme si c’était leur place naturelle et espérant, comme l’avait suggéré Jostoph, être plus dans un bar underground qu’un véritable bar à Darahs. Ils étaient la cible de toutes les attentions des convives, et très vite, le barman se dirigea vers eux, leur demandant sèchement s’il pouvait leur servir quelque chose: si Jostoph demanda un verre de leur meilleur vin rouge, Corvus et Gabriel demandèrent une grenadine, là où Caïn décida de rester à l’eau. Cependant, sous le regard noir du barman et sa grimace peu amène, accompagnée d’un coup de coude bien senti du barde, il demanda une bière, et il s’avéra qu’ils n’avaient que de la bière “aux fruits rouges”, ce qu’il accepta de mauvais gré. Après avoir promis que leur commande arriverait bientôt, le Darah s’éclipsa. Caïn maugréa: il était persuadé qu’ils allaient tenter de les transformer en Darahs, et remplacer son sang par du pipi. s’ensuivit un dialogue des plus loufoques avec Gabriel, qui leur attira tous les regards, alors que Gabriel faisait des grands sourires et de petits saluts à l’assemblée, là où Jostoph tentait d’ouvrir la conversation, affable, avec chaque personne qui les regardait, créant une scène absurde. C’est à cet instant que le barman revint vers eux avec un plateau chargé de quatre verres, qu'il déposa devant eux, en ouvrant ainsi la conversation:
“Et voilà ! Bon, c’est rare de voir des gens comme vous par ici !
- Comme nouuus ? demanda innocemment Caïn
- Des artistes vous voulez dire ! corrige Jostoph
- Oui, des artistes, c’est ça. Je pensais à des … colorés, lâcha-t-il, mais …
- Quelles sont ces insinuations ?
- Diurnes vous voulez dire? proposa Caïn
- Oui, voilà, diurnes ! confirma l’homme. Je peux vous aider à quelque chose ?
- Tout à fait mon brave ! Nous sommes des artistes qui cherchons le repos de l’âme et du corps, ainsi que de l’estomac ! Auriez-vous des chambres, où nous pourrions nous reposer et nous restaurer ?”
L’homme, qui était manifestement plus le tenancier du lieu que le barman, leur confirma qu'il leur restait des chambres de libre. Cependant, disait-il, l’endroit était huppé, et les chambres ne leur seraient sans doute pas accessibles, pour une question de prestige.
“Et ça, ça compte comme prestige ? l’interrompit Corvus, en montrant sa main aux ongles colorés.
- Je ne suis pas certain que vos goûts douteux en matière de vernis à ongle vous servent à quoi que ce soit ici, répliqua l’homme, sans remarquer le regard interloqué que Jostoph lançait au centaure.
- Et ça, ça vous dit quelque chose ? demanda soudain Caïn en faisant glisser, sur conseil de Gabriel, le badge à la cunée sur la table.”
Il y eut un moment de flottement, où l’homme, surpris, les regarda tour à tour, en clignant des yeux, puis il se reprit.
“Oui, tout à fait. Je comprends mieux les raisons de votre présence ici. Vous souhaitez entrer en contact avec … ? Ou peut-être … juste regarder ?”
Après un rapide échange de regards, les aventuriers optèrent pour la seconde option, et après une courbette un peu raide et leur avoir souhaité la bienvenue à la Pomme Rouge, l’homme s'éloigna, en promettant de leur trouver des chambres. Lorsqu'il eut disparu par la porte, qu’il ferma soigneusement derrière lui, Caïn renifla sa boisson, qui avait une odeur ferreuse. Dégoûté, il la repoussa sans y toucher, tandis que Jostoph comme Gabriel, révulsés par le contenu de leurs verres, les reposèrent. Corvus fut le seul à siroter un peu, par politesse. S’il n’y avait ni grenadine, ni vin, ni bière dans leurs verres, il était cependant intéressant de constater que, tout en étant nettement toutes à base de sang, les boissons avaient une consistance, une épaisseur, une couleur, peut-être même un goût pour les connaisseurs, très différents les unes des autres. Jostoph avait même pu constater que sa boisson était alcoolisée, comme un véritable verre de vin. Ils ne souhaitaient cependant pas vraiment en savoir plus, et échangèrent quelques regards un peu nerveux, alors même que le tenancier arrivait près d’eux. Il les invita à le suivre, et ils s’exécutèrent. Il les amena dans le couloir de son niveau:
“Vous êtes ici au quatrième étage. Evidemment, c’est le quatrième étage vers l'intérieur. Je vous invite à prendre ce couloir, fit-il avec un signe de la main. Vous trouverez des escaliers: n'hésitez pas vous pouvez monter deux étages vous vous retrouverez dans les chambres 201 à 216. Vous avez des places réservées dans les chambres 214 et 215. Je vous laisse, je dois surveiller les gens de l'autre côté, si vous avez besoin de quoi que ce soit, n’hésitez pas.”
Et sur ces mots, il les laissa seuls.
“Merci Gabriel pour ton idée de génie ! lui dit Caïn en lui ébouriffant les cheveux”
Surpris que leur coup de poker ait fonctionné, les aventuriers s’en furent vers leurs chambres, qu’ils trouvèrent non verrouillées. En entrant, ils découvrirent deux chambres communicantes spacieuses, munies de lits doubles au matelas épais, tendus de draps propres, avec un linge de lit raffiné. Le décor, toujours chargé, évoquait l'intérieur de maisons bourgeoises. Surpris de voir des fenêtres, ils tentèrent de tirer les rideaux, pour découvrir de la roche derrière, ce qui les étonna peut-être encore plus. Ils vérifièrent le contenu des tiroirs, vides, et du mini bar, où ils trouvèrent des sachets de billes rougeâtres tirant sur le noir. Lorsqu’ils identifièrent ceci comme des caillots de sang, ils les reposèrent, écoeurés. Dans la salle de bains en carreaux blancs, brillants, veinés de manière à ressembler à du marbre, ils découvrirent de quoi se laver avec des produits tout spécialement adaptés aux peaux sensibles et aux cheveux clairs. Tout ceci leur confirmait ce qu’ils craignaient: ils étaient bel et bien dans un repère de Darahs, lié en plus de ça à la secte qu’ils traquaient. Se posait à présent la question: maintenant qu'ils étaient là, que faire ?
“Et si on demandait à ce qu’on nous amène ceux qui se sont identifiés avec le même badge que nous ? suggéra le Duveteux. Comme pour faire une réunion !
- Ils risquent de nous demander des noms, et on ne sera pas capable de leur en donner, objecta Corvus.
- Je suis d’accord, renchérit Caïn. On a eu beaucoup de chance jusque là, et les cultistes doivent déjà être en ébullition avec nos évasions, et les soucis qu’on leur a causés. A mon avis, ils vont se méfier.”
Alors qu’ils parlaient, et que Jostoph approuvait en hochant la tête, on frappa à leur porte. Après un échange de regards, c’est Gabriel qui alla ouvrir, découvarnt une femme plutôt jeune, bien habillée, et très jolie, qu’il salua:
“Bonjour. J’ai cru comprendre que de nouveaux arrivants étaient à La Pomme Rouge ? je venais me présenter, je suis Eugénie, je suis à la chambre d’à côté, dit-elle, et après qu’ils l’eurent tous saluée, elle ajouta: Enchantée également ! C’est rare d’avoir de nouveaux voisins, ou colocataires, comme vous voudrez. Si vous avez des questions, n'hésitez pas. Et vous êtes … ?
- Je suis Chrideb, se présenta Caïn.
- Paul, enchanté, vraiment, lui dit Gabriel avec un sourire angélique.
- Je me nomme Alphine, lui confia Jostoph, et, la voyant tiquer, il ajouta: Je ne me mettrai pas torse nu pour vos beaux yeux, madame !
- Quant à moi, je m’appelle Mahal, termina Corvus.
- Eh bien de nouveau, un plaisir de vous rencontrer, dit-elle en souriant, et en entrant. Oh vous avez une plus belle vue que moi, il y a des gens chanceux par ici !”
Sa plaisanterie déclencha un rire nerveux de Caïn. Afin de le disimuler, c’est Jostoph qui prit la parole, et demanda à la jeune femme:
“Eugénie, c’est la première fois que nous venons ici comme vous le savez et nous ne voudrions pas manquer de respect à nos hôtes. Que pourriez-vous nous dire que l'étiquette de l'endroit, ses horaires, etc, histoire que nous ne commettions pas de faux pas ?
- Bien sûr je comprends ! dit-elle en souriant de plus belle. En plus ici c’est une bonne question à poser puisque l’étiquette est au cœur de moeurs. Imaginez-vous à la Cour: vous allez avoir un certain nombre de gens bien placés aristocratiquement, et chacun doit le respect à celui au-dessus de lui. C'est comme ça que ça s'est organisé ici également. Nous aimons ce qui est beau, et avons une tendance aux secrets, comme dans toute Cour, glissa-t-elle dans un sourire charmant. D’ailleurs, il y a parfois des portes qui communiquent entre les chambres afin de communiquer sans se montrer. Oh, évidemment, il faudra assister au banquet ! Lorsque vous entendrez les cloches et que la porte centrale sera ouverte ce sera le moment, vous aurez accès à celui de votre étage et des inférieurs”
Ils discutèrent encore un peu avec elle. Elle les informa de la régularité des dits banquets, et de l'impossibilité d’accéder aux étages du dessus sans y avoir été invités. Elle leur proposa également de les présenter à ceux qu’elles connaissent, ce qu’ils acceptèrent, puis se retira avec une semie-révérence après les avoir remerciés de leur accueil. Après son départ, Caïn attendit une dizaine de secondes avant d’ouvrir la porte constatant qu’il n’y avait personne, il la referma, soulagé, et la verrouilla, puis fit de même avec la porte de la chambre voisine, et toutes celles qui communiquaient avec les chambres qui n'étaient pas les leurs. Nerveux, ayant la sensation d’être en plein dans un nid de frelons, ils décidèrent de tenter de se reposer avant le banquet, afin d’être en forme au moment qui serait idéal pour continuer leur exploration. Ils se succédèrent à la douche, restant tous dans la même chambre avant de se coucher, discutant un peu.
Re: Eclats d'émotions - La Ballade des cimetières - Chapitre 4 - Alliés et corruption à Hypnos
Le Banquet
- CaïnTarima de son état mais complètement ignare en magie, il a préféré se tourner vers la rapine et la guerre lui a donné du boulot : Ferrailleur sur les champs de batailles, il passe après les batailles pour piller les corps de soldats laissés derrière avec des armes et ensuite revendre tout ce bel attirail contre de belles sommes.
- Gabrielun Duveteux candide ayant perdu son lien avec les personnes avec qui il travaillait comme coursier à cause de la guerre. Il a quelques connaissances en pharmacie car il amenait principalement des médicaments.
- Hermineune Clairvoyante et membre des Glaives, elle a un esprit particulièrement héroïque et empathique et souhaite amener le monde dans la bonne direction. Fille d’une famille noble, elle est souvent appelée Dame Hermine et dispose de ressources conséquentes (que ce soit de par son ascendance ou son affiliations aux Glaives). Porte si nécessaire une épaisse paire de lunettes pour compenser sa vue de taupe. Elle possède une armure artéfact, qui lui permet de lancer un défi à un adversaire si il est plus fort qu'elle. Elle renforce alors les capacités du porteur pour le mettre à niveau de son adversaire mais il lui devient strictement impossible de fuir le combat.
- Jostophun barde Télépathe qui s’est mis au service de Hermine, une vraie héroïne pleine de sous, contre rémunération. Il sait très bien qu’en restant aux côtés de la Dame, ils aura nombre d’histoires à raconter et cela le ravit. Il est né au village de Saintébert où les aventuriers vont rejoindre le Mathémagicien.
Alors qu’ils se préparaient à aller au lit et que Corvus était toujours sous la douche, Hermine se matérialisa soudain dans la pièce, entre eux tous, vêtue de son armure de plaques complète. Après que l’émotion proche de la crise cardiaque provoquée par son apparition soudaine au milieu des aventuriers déjà tendus soit passée, elle leur expliqua qu’elle avait à l’aide de leur message, des données qu’elle avait retrouvées, et du lien qui l’unissait à Jostoph, réussi à déterminer leur position et compris qu'il se trouvait sous terre. Après avoir laissé un message aux Glaives au cas où il y aurait un problème, les prévenant qu’il y avait une bagarre plutôt garantie à cet endroit-là, elle était allée rejoindre un très bon magicien qui s’était spécialisé dans la téléportation contre finances, ce qui expliquait son arrivée soudaine.
Manifestement ravie de retrouver son gambison, sa tunique, son armure, bref, de se débarrasser de sa robe, elle était impatiente d'aller taper sur des gens, et ne put retenir une moue déçue lorsque Gabriel lui expliqua qu’actuellement ils étaient gentils,et allaient au banquet pacifiquement pour en savoir plus. Son agacement sembla augmenter quand Jostoph s’inquiéta: que dire lorsque inévitablement on leur demanderait comment diable Hermine avait bien pu arriver là ? Piquée, elle répliqua qu’elle ferait valoir son statut afin de faire taire les curieux et de couper court aux questions. Elle leur demanda ensuite de lui résumer leurs aventures pour arriver jusque là, ce à quoi ils se plièrent: ils lui parlèrent des tunnels, de la cunée sauf-conduit qui leur avait permis d’être bien placés, d’Eugénie, ainsi que du banquet. Ils précisèrent, à sa demande, qu’ils ne savaient pas du tout quelle caste sociale composait la secte recherchée, mais jusque-là, ils avaient vu des gens plutôt socialement bien placés en faire partie, via Thalivor, haute gardée, et Frôle-la-Mort, médecin. Ils lui exposèrent également leur plan: aller au banquet, pour en savoir plus et tenter de repérer des personnes avec le même sauf-conduit qu’eux. Si ses compagnons proposaient que Jostoph serve de distraction, en faisant tout un numéro de barde, celui-ci renâclait quelque peu: il craignait que ce soit le genre de banquet où l’on mangeait l’artiste à la fin, et il craignait aussi de ne pas pouvoir utiliser son pouvoir correctement s’il devait en plus se concentrer sur la musique à produire. Lorsque Hermine leur annonça que les Glaives étaient prévenus, et qu’ils risquaient donc de faire un raid, les yeux de son barde faillirent lui sortir de la tête: ils ne devaient pas détruire la planque, mais bien s’infiltrer, et sa maîtresse venait de mettre en danger tout leur plan ! Pourtant, c’était trop tard, et il fallait s’y résoudre et s’adapter.
Pour changer de sujet et dissiper la tension, Gabriel, absolument pas conscient du danger imminent, parla du banquet, et de boissons qu’on leur avait servies, se demandant si tout serait à l’avenant, et suggérant que les bières étaient au jus de cadavre. Ceci suffit à finir de retourner l’estomac déjà bien éprouvé du pauvre CaÏn, qui s’en fut vomir soudain, entrant comme un beau diable dans la salle de bains où se douchait Corvus. Pourtant, il y découvrit une bien étrange chose: si l’eau coulait encore, il n’y avait plus de centaure en vue. Paniqué, il s’en fut chercher les autres, qui arrivèrent en force dans la petite pièce humide (mais pas embuée, n’ayant que de l’eau froide à disposition, les Darahs étant insensibles aux variations de température), pour effectivement découvrir la disparition du centaure.
“Il est peut-être parti chercher un shampooing spécial centaure ?” suggéra le Duveteux, arguant qu’étant très grand il avait besoin de beaucoup de savon pour tout son corps.”
Ceci ne sembla pas convaincre les autres, et chacun commença à chercher une trappe, un passage, un interstice, un indice pouvant expliquer cette soudaine disparition, sans arriver à rien, faisant ainsi monter d’un cran leur nervosité. Alors que Caïn allait jeter un oeil dans le couloir, vide, en appelant doucement leur compagnon, Jostoph tenta de le contacter par sa télépathie, sans arriver au moindre résultat. Inquiets, ils s'entre-regardèrent. La disparition de Corvus changeait des choses, et ils hésitaient à présent sur la stratégie à suivre. Hermine suggérait qu’ils aillent explorer et capturent quelqu’un qui passait, l'assommer et l’interroger de façon musclée, tandis que Jostoph était bien plus d’avis à aller au banquet comme prévu, et à écouter, observer, quitte à fuir. Caïn et Gabriel se rangèrent à l’avis de Jostoph, et l’un d’eux suggéra même à Hermine de se débarrasser de son armure, et de la cacher afin d’être plus discrète. Celle-ci, piquée et remplie d’un dédain tout nobilier, lui répliqua qu’elle était en armure car elle aimait être en armure, et ne voyait pas de raison de s’en débarrasser. De plus, son vêtement indiquait son rang et sa caste, et ce ne serait pas trop ici, au vu de ce qu’ils lui avaient raconté. Le marteau pendant à sa ceinture lui donnait un air solennel, soutenait-elle, et ainsi, on les laisserait tranquilles. Puis n’y tenant manifestement plus, elle sortit de la chambre, malgré l’avis de ses compagnons, et alla faire un tour dans le couloir, tentant d’ouvrir plusieurs chambres, avant d’aller toquer, militaire et sévère, à la porte voisine de la leur, Gabriel un peu caché derrière elle, Jostoph patientant dans la chambre avec Caïn qui commençait à paniquer. Une jeune femme brune, aux cehveux tirés en un chignon ouvragé, et au viasge un peu rond, pomettes hautes et yeux brillant, la bouche en coeur rougie, un sourire avenant, leur ouvrit: c’était bien Eugénie, qui avait eu le temps de se changer, et revêtait une robe assez moulante.
“Bonjour. Je peux vous aider ?
- Bonjour, madame Eugénie, fit Hermine assez sèchement. Mes hommes, dit-elle en désignant Gabriel d’un regard rapide désignant bien que ce sont les siens, m’ont dit que vous les aviez accueillis, je voulais donc vous transmettre mes remerciements d’une part. D’autre part je crains que l’un d’eux, Corvus, ne se soit perdu dans cet établissement. Je sais que vous connaissez mieux les lieux que moi, sauriez-vous m’indiquer comment le retrouver ?
- Oh … Très heureuse de faire votre connaissance, madame …
- Hermine Adela Schwanthaler. Dois-je vous adresser un titre ?
- Enchantée. Vous pouvez m'appeler voisine, fit-elle avec un sourire innocent. Si vous le souhaitez, nous pouvons aller parler au personnel, peut-être auront-il vu votre ami ?”
Lorsque Hermine accepta, Eugénie sortit de la pièce, les laissant apercevoir un homme assis sur le lit, qui ne leur rendit par leur salut. Il semblait n’avoir d’yeux que pour la jeune femme, sans pour autant être décidé à la suivre. Puis elle ferma la porte, et fit signe à Hermine et Gabriel de la suivre. Ils descendirent les escaliers, se retrouvèrent dans le bar de l’entrée, où Eugénie s’appuya, lascive et suggestive, sur le bureau et bar du tenancier, afin de lui demander s’il n’avait pas vu Corvus, qu’Hermine précisa être le centaure du groupe, passer. Malheureusement l’homme ne l’avait pas vu depuis son entrée dans l'établissement, mais promit, en voyant l'impatience et l’agacement d’Hermine, qui tapotait le manche de son marteau, que sa maison étant respectable, contrairement à tout ce que l’on pouvait en penser à la surface, il ferait en sorte de le retrouver: les bagarres et les disparitions ne faisaient pas partie de ce que l’on tolérait ici, manifestement. Hermine le remercia, et lui donna un peu d’argent, pour le dédommager de sa peine, et se laissa raccompagner à sa chambre par Eugénie, toujours très affable. La Clairvoyante avait tenté de déterminer, grâce à ses aptitudes, si on lui mentait ou pas, mais n’avait rien senti de particulier, et continua à faire la conversation, un peu raide. Ainsi, Eugénie l’informa que le dîner serait dans une heure.
“Devons-nous nous attendre à une surprise ? lui demanda-t-elle
- Oh ! Uniquement de quoi vous divertir ! Car que serait un banquet sans quelques amusements, n’est-ce pas, dame Schwanthaler ?”
Hermine sourit, guindée, sans répondre, et continua la conversation distraitement jusqu'à retrouver sa chambre, où elle informa ses compagnons de ses progrès, avant de leur faire la leçon sur quels couverts utiliser, tout en les prévenant que durant le banquet, elle reprendrait tous les codes des nobles, risquant de les battre froids. Aucun de ses compagnons ne protestèrent, tous un peu sonnés manifestement. Soudain, on toqua à leur porte: c’était le tenancier, qui venait les informer que non seulement ils n’avaient pas de nouvelles de Corvus, mais également que le banquet commençait, ce qui leur fut confirmé par les sons de cloche. Ils refermèrent, se remémorèrent leur plan, puis sortirent. La lourde porte à double-battants s’était ouverte, et il se dégageait de la salle sur laquelle elle donnait une odeur doucereuse, un peu âcre. En entrant, ils se trouvèrent dans ce qui ressemblait à des gradins, disposés en cercles concentriques, un à chaque étage, de plus en plus resserrés, permettant à ceux du haut d’être plus nombreux … ou d’avoir plus de place comprirent-ils vite en voyant quelques personnes extrêmement bien mises au-dessus d’eux, et les gens de plus en plus serrés, excités, mal vêtus, vulgaires, en descendant, les pires se trouvant au plus proche de ce qui ressemblait à une grande arène. En contrebas de celle-ci, des grilles, qui pouvaient très certainement s’ouvrir pour laisser passer des combattants. En balayant leur étage du regard, ils comprirent que la drôle d’odeur qu’ils avaient sentie venait du repas qu'on leur servait: il y avait plusieurs buffets, composés uniquement de viande et de chairs crues, sanguinolentes, accompagnées de boissons toutes plus rouges les unes que les autres, entraînant le buffet dans un camaïeu d’écarlates, de pourpres, de magenta et de carmins. Il y avait cependnat un peu de fromage, qui, en teintes plus calires, de jaunes ou de oranges, se voyait particulièrement.
“Lorsque toute l’attention sera mobilisée par le contenu de l’arène, tu pourras t’éclipser.” glissa Hermine à Caïn, ignorant les regards tournés vers eux.
Ils détonnaient de l'ensemble des convives: habillées simplement, voire pauvrement au vu des tenues arborées à leur étage, ils semblaient de plus être bien les seuls à ne pas être des Darahs des environs, sans même compter l’armure d’Hermine, aussi brillante que bruyante, qui attirait l’attention plus encore, si c’était possible. La noble s’avança jusqu’à une table où était assise une femme, qui détala à sa vue, manifestement impressionnée et effrayée. Les aventuriers s’y installèrent, Hermine semblant dominer tout le monde du regard, dédaigneuse , et Caïn rouspétant contre le gros plumage de Gabriel, qui l’empêchait de voir quoi que ce soit. La noble se fit servir de la viande, qu’elle ne parvient pas à identifier (elle soupçonnait que ce soit humain) afin d’imiter le reste de convives, alors que son barde fabriquait avec une serviette un panonceau indiquant “Table d’Hermine”. En écoutant, en bavardant, ils apprirent qu'en effet, plus les convives résidaient haut, plus elles étaient prestigieuses, et plus le banquet qui leur était servi était raffiné. La rumeur courait que la chambre 007 accueillait beaucoup de femmes, la plupart du temps de passage, mais qu’une dame l’occupait actuellement. Si les convives les évitaient, cela ne les empêchait pas de les entendre, et de constater l’importance du paraître (au vu des atours exhibés, Caïn envisageait même de voler des bagues). Ils ne voyaient cependant pas Eugénie (Hermine remarqua d’ailleurs, un peu acide, qu’elle sembalit être le genre de femme à aimer arriver en dernier afin de se faire remarquer). Gabriel seul souriait à tous ceux qui croisaient son regard, là où ses compagnons, Hermine en tête, arboraient une mine fermée. Ce fut d’ailleurs le Duveteux souriant et son air naïf et content qui semblèrent attirer l’attention de celui qui se comportait comme la star du lieu.
En effet, un homme venait d’entrer au rez de chaussée, une femme sous chaque bras. Dès son apparition, les regards s’étaient tournés vers lui, et le rythme de conversations avait semblé changer. Parlant fort, il se dirigea vers une table, discuta, puis leva les yeux et croisa le regard de Gabriel, qui lui sourit et lui fit un petit coucou de la main. Il lui répondit par un clin d’oeil, et, soulevant ses bras des épaules des femmes, à qui il murmura à l’oreille, il les laissa sur place et disparut. Un instant plus tard, il fut près d’eux, et s’adressa tout particulièrement au Duveteux:
“ Je ne crois pas vous avoir déjà rencontré ici, lui dit-il avec un regard charmeur. Enchanté ! ajouta-t-il avec un baisemain qui provoqua un gloussement de Gabriel. On m’appelle Timin”
- Appelez-moi Paul, lui répondit le Duveteux, écarlate et manifestement flatté d’être au cœur de l’attention.”
Sans trop savoir pourquoi, Caïn se sentit tiquer devant cette scène. Personne ne le remarqua, et la conversation continua son cours, Timin flattant Gabriel. Il était apparemment un habitué du lieu, et, l’oeil brillant, il évoqua ce qui allait se passer dans l’arène, sans dire la nature de l'événement qui provoquait ainsi l’excitation. Cependant, lorsqu’il évoqua la possibilité d’emporter “Paul” avec lui, à l’étage au dessus pour lui offrir une meilleure vue, faisant de nouveau glousser Gabriel, il sembla que Caïn bondit entre eux:
“C’est elle qu’il faut consulter pour ça”, cracha-t-il presque en désigna Dame Hermine.
Celle-ci s’éclaircit la gorge, et demanda à Gabriel ce qu’il voulait faire, et lorsque celui-ci dit qu’il souhaitait aller avec l’homme, Hermine céda, non sans quelques conditions, qui firent dire à Timin:
"Évidemment, enfin, je ne vais pas le manger !”
Sa plaisanterie, combinée au ton que lequel cette phrase avait été dite, et son sourire si doux qu’il en était presque doucereux, fit rire jaune. Pourtant, Hermine ne lâcha pas l’affaire immédiatement:
“J’espère bien ! Vous avez l’air de bien connaître le lieu. Pourriez-vous m’indiquer sur qui parier ce soir ?”
En riant, il lui dit que, normalement, les paris se faisaient à l’entrée, mais que peut-être ferait-on une exception ce soir. Il leur expliqua que plus on était haut, plus on pariait élevé, et que souvent, on se choisissait un concurrent, sur lequel on tentait de rester pour toute la compétition. Les paris semblaient fonctionner par un système d’unités. Forte de ces informations, Hermine confia à Gabriel une bourse. Selon les estimations de la noble , c’était une somme honnête; en réalité, c’était ridiculement élevé. Elle conseilla au Duveteux de parier à l’étage avec sagesse, d’en profiter, et de saluer Eugénie s’il la voyait. Quant à elle, elle resterait profiter de sa table, avec ses hommes, déclara-t-elle, faisant comprendre d’un simple regard que tout le monde était sur son territoire. Timin ne sembla pas impressionné le moins du monde, et glissa un bras autour de l’épaule de Gabriel, à qui Caïn venait de souffler, inquiet, de faire attention à lui, et l’entraîna vers l’étage supérieur.
Le Tarima sans pouvoirs ne pouvait s’empêcher de chercher d regard son ami Duveteux, et lorsqu’il apparut à la rambarde du balcon supérieur, au bras de Timin et non loin de l'homme aperçu dans la chambre d’Eugénie, leur faisant un coucou de la main, il ne put retenir un soupir de soulagement, qui ne passa pas inaperçu auprès d’Hermine.
“J’ai tout à fait conscience que Gabriel n’est pas en sécurité là-haut, lui dit-elle sans qu’il ait ouvert la bouche. Cependant, cela nous ouvrira peut-être des portes inattendues, auxquelles nous n'aurions pas eu accès autrement. La candeur de Gabriel poussera peut-être Timin et d’autres à s’ouvrir à lui.
- Laisser Gabriel seul là-haut est complètement inconscient, Dame Hermine. Cet homme pourrait tout aussi bien lui dire qu’il y a un poisson multicolore sous la guillotine, et Gabriel irait de lui-même à placer son cou sous la lame qui le tuera !
- C’est bien pour ça que nous ne le lâcherons pas des yeux, lui glissa la noble.”
Au même instant, un gong retentit, suivie d’une voix magiquement amplifiée et légèrement distordue, si bien qu’il était difficile de savoir qui se cachait derrière.
“Le Duc vous souhaite la bienvenue au banquet de La Pomme Rouge comme tous les soirs ! Sachez que les paris sont ouverts à partir de maintenant si vous le souhaitez. Comme toujours il y aura trois rondes ce soir et vous pourrez parier autant que vous le souhaitez évidemment à chacune des rondes. Si vous avez de la chance vous repartirez peut-être avec un petit cadeau. Profitez bien du banquet ! Oh, au fait … je déclare les combats ouverts!”
Sur un tonnerre d’applaudissement et de cris d’excitation presque bestiaux provenant des étages inférieurs s’ouvrirent alors les grilles en bas de l’arène. Caïn ne put retenir une grimace dégoûtée en voyant ce qui en sortait: un demi-squelette rampait, petit à petit, vers l'intérieur de l’arène. Il fut suivi de plusieurs hommes au physique de soldat, mais sont quelque chose, dans la démarche, dans la manière de se déplacer, paraissait étrangement mou et tombant, presque désarticulé. Et peu à peu, l’arène se remplit ainsi, de personnes que la vie avait manifestement quittées depuis un certain temps, et qui pourtant, mus par une force inconnue, continuaient de s’animer. Des squelettes côtoyaient des personnes dont la peau tombait en lambeaux, des gens à qui il manquait un membre. Toutes les races étaient représentées, certains étaient même encore vêtus d'uniformes de toutes factions ou en civils.
“Je pillais les morts, mais au moins je les laissais en paix … et même là on me traitait de salaud ! s’exclama Caïn avec dégoût.
- Techniquement ils ont pas pillé les morts hein ! lui répliqua Jostoph dans une tentative pour cacher sa propre révulsion.
- Oui, c’est pire ils jouent avec ! piailla le jeune homme”
Près d’eux, ils entendaient parier.
“Je mets 3 sur le demi-squelette !
- 5 sur celui-là là-bas à qui il manque la peau !”
Et cela semblait continuer à l’infini, sans jamais préciser ce qui était parié. Dans un trait d’humour,; JOstoph proposa de parier la mimolette sur le demi-squelette, ce qui déclencha quelques rires.
Ils ignoraient qu’à l’étage où se trouvait Gabriel, c’était par dizaines que l’on pariait. Celui-ci, ne comprenant ni la logique de ces paris sur des morts tous plus amochés les uns que les autres, ni l'unité dans laquelle était formulés les paris, demanda quelques explications à son charmant guide.
“Oh ! J’aurais pensé que vous étiez au courant ! lui dit Timin. Nous prions ceux que nous avons déjà gagné, parmi ceux d’en bas, ajouta-t-il avec un sourire aux reflets carnassiers.”
Le Duveteux, qui avait prévu de parier avec ce que lui avait fourni Dame Hermine, fut décontenancé par cette révélation: ainsi, on pariait des gens, et non de l’argent, ici ? Ne pouvait-il pas participer aux festivités ? Voyant son trouble, son hôte lui proposa de lui avancer quelques paris.
“Vous pourrez me rembourser en nature, ajouta-t-il avec une certaine douceur.
- Oh ! Très bonne idée, j’adore la nature ! répliqua l’innocent Duveteux.”
Et, sur les conseils de Timin, il paria 15 sur le squelette, en parlant très fort. Il atteint son but, et ses compagnons d’aventures l'entendirent. Alors que Jostoph sortait ses feuilles de compte, trouvant la somme ridicule par rapport aux ressources allouées par Dame Hermine, Caïn, pétrifié, était horrifié que son ami se laisse aller à parier sur des combats de morts ramenés à la vie. Le gong retentit de nouveau, signifiant par un premier coup la fin du temps des paris. Au second coup, un étrange silence s’abattit soudain sur l'assemblée. Au troisième et dernier coup de gong, un souffle de vie sembla soudain s’emparer des concurrents jusque là étrangement immobiles, qui se jetèrent les uns sur les autres, commençant à s’entre dévorer, se lacérer, se mutiler, se détruire, se briser les os, dans une cacophonie de bruits dégoûtants. Une odeur affreuse, âcre, montrait peu à peu, s’intensifiant au fur et à mesure que la mêlée traînait en longueur. Dans les gradins, l’excitation montait crescendo au fur et à mesure que les concurrents diminuaient, et les cris des spectateurs se mêlaient sans harmonie aux bruits de bataille. Mus par une étrange fascination morbide que même leur dégout en parvenait pas à entraver, les aventuriers ne parvenaient pas à cesser de regarder le carnage (à l’exception d’Hermine, qui ne manifestait aucun intérêt pour le spectacle, et baillait ouvertement, montrant son ennui et son dédain). Alors que le spectacle durait en longueur, Gabriel en demanda la raison à son hôte:
“C’est extrêmement divertissant, vous ne trouvez pas ? C’est l’occasion de nouer des relations, comme on pourrait le faire au spectacle ou à l’opéra ! La ville est devenue si calme, si morne avec cette guerre … Il faut bien trouver d’autres moyens de s’amuser !
- Et vous nouez beaucoup de relations avec les Fils d’Hadès ? fit le Duveteux soudain, avec toute l'ingénuité dont il était capable,e t sans remarquer l’instant de flottement de son interlocuteur, mais également que quelques regards supplémentaires se posaient sur lui alors que l’air semblait soudain plus lourd, plus épais à cet étage.
- Eh bien … Ca a pu m’arriver de discuter avec certaines personnes qui j'imagine auraient pu en faire partie ! répliqua Timin en riant, toute trace d'hésitation disparue aussi vite qu’elle était venue, en caressant légèrement le bras du Duveteux toujours accroché à lui. Mais dans ce cas je vous retourne la question ! Connaissez-vous vous-même quelques-unes de ces personnes ? lui demanda-t-il avec une lueur presque carnassière dans les yeux contrastant avec la douceur de sa voix et des caresses sur le bras de Gabriel.
- Oui oui oui ! Notamment avec Thalivor, on a dormi chez elle plusieurs fois, vous savez ! approuva le jeune homme, sans percevoir le regard de l'homme près de lui, focalisé sur le spectacle en contrebas. C'est d'ailleurs grâce à elle qu’on est là, nous ne nous serions jamais rencontrés sans elle. Oh, regardez, le squelette se débrouille bien !
- Oh, dans ce cas … dit doucement Timin.”
Re: Eclats d'émotions - La Ballade des cimetières - Chapitre 4 - Alliés et corruption à Hypnos
Le combat de gladiateurs
- CaïnTarima de son état mais complètement ignare en magie, il a préféré se tourner vers la rapine et la guerre lui a donné du boulot : Ferrailleur sur les champs de batailles, il passe après les batailles pour piller les corps de soldats laissés derrière avec des armes et ensuite revendre tout ce bel attirail contre de belles sommes.
- Gabrielun Duveteux candide ayant perdu son lien avec les personnes avec qui il travaillait comme coursier à cause de la guerre. Il a quelques connaissances en pharmacie car il amenait principalement des médicaments.
- Hermineune Clairvoyante et membre des Glaives, elle a un esprit particulièrement héroïque et empathique et souhaite amener le monde dans la bonne direction. Fille d’une famille noble, elle est souvent appelée Dame Hermine et dispose de ressources conséquentes (que ce soit de par son ascendance ou son affiliations aux Glaives). Porte si nécessaire une épaisse paire de lunettes pour compenser sa vue de taupe. Elle possède une armure artéfact, qui lui permet de lancer un défi à un adversaire si il est plus fort qu'elle. Elle renforce alors les capacités du porteur pour le mettre à niveau de son adversaire mais il lui devient strictement impossible de fuir le combat.
- Jostophun barde Télépathe qui s’est mis au service de Hermine, une vraie héroïne pleine de sous, contre rémunération. Il sait très bien qu’en restant aux côtés de la Dame, ils aura nombre d’histoires à raconter et cela le ravit. Il est né au village de Saintébert où les aventuriers vont rejoindre le Mathémagicien.
“ … si vous êtes des amis de Thalivor, vous méritez un traitement tout spécial, finit-il, en caressant tendrement Gabriel qui le regardait, charmé. C’est cependant étonnant: elle ne m’a jamais parlé de vous !
- Oh c’est normal: cela fait longtemps, puis nous ne sommes pas très proches, elle nous a simplement hébergés quelques fois !
- Dans ce cas, évidemment … Oh regardez, Gabriel, le squelette sur lequel vous aviez parié se débrouille bien ! Vous ne voudriez pas retenter ? Vous savez, quand nos champions sont les meilleurs, il faut en profiter !”
Et c’est ainsi que Gabriel se retrouva à relancer sa mise, alors qu'une Darah fendait la foule jusqu'à ses amis, qui faisaient semblant d’être absorbés dans le match auquel ils ne comprenaient rien, invectivant qui de droit et faisant autant de bruit que tout le monde.
“Bonsoir, leur glissa la femme soudain dans leur dos alors qu’Hermine était en pleine discussion avec d’autres Darhas non loin. Comment cela se fait-il que vous ne soyiez pas avec les Beriache, là-haut ?
- Nous préférons être au cœur de l’action ! lui répliqua Luther.
- Dans ce cas, nous pourrions être encore plus prêt de l’action et descendre un peu plus dans les étages. Je peux vous guider si vous le désirez … proposa l'inconnue.
- Je préfère ne pas trop m’éloigner de Gabriel, le connaissant il pourrait même essayer de descendre pour soigner les squelettes ! refusa Caïn.
- Ah! émit l’inconnue, une lueur d’intérêt dans les yeux. Vous êtes proches ?
- … Un peu comme de la famille j’imagine ?
- Très bien, eut-elle l’air d’approuver. Si cela vous va, j’ai peut-être des choses qui pourraient vous intéresser. Suivez-moi, demanda-t-elle en commençant à s’éloigner.”
Caïn la suivit alors que Jostoph restait sur place afin de surveiller Hermine, tout en entretenant une connexion télépathique avec son compagnon. La femme guida le Tarima jusque dans une loge au même étage, où elle s’assit alors qu’un étrange singe venait se lover dans ses bras. Elle fit signe au jeune homme de faire de même, et engagea la conversation. Caïn lui expliqua rapidement comment lui et Gabriel étaient devenus si proches, lorsque soudain, elle lui demanda avec un sourire presque espiègle:
“ Et donc c’est ce qui vous a amené aux Fils d’Hadès ?
- Hein ? Qui ? Quoi ? paniqua Caïn.
- Ceux à qui appartient le médaillon que vous avez montré pour entrer.
- Ah oui, c’est … déglutit difficilement le Tarima. C’est une histoire particulière en fait mais je ne suis pas sûr d’avoir le droit d’en parler …
- Votre ami pourtant risque fort de parler, suggéra-t-elle. Vous n’avez pas peur de ça ?
- Oh il n’est pas très doué mais tout de même il ne ferait pas ça !
- Ça doit être pour ça qu’il a dit que vous êtes lié à Thalivor n’est-ce pas ? souffla-t-elle en souriant.”
Cette révélation glaça Caïn, qui ne sut que répondre, craignant soudain de s’être jeté dans la gueule du loup.
“Ne vous inquiétez pas, reprit la femme. Je suis probablement ici la pire ennemie de Timin Beriache et je suis là pour vous aider. Je me nomme Üria Noll, et Timin Beriache est mon frère jumeau depuis des siècles. Nous descendons tous deux du Duc, fondateur de la Pomme Rouge, comme Lufta Katz et Dekur Fenrir. Nous sommes les quatre branches directrices de ce lieu, et certaines, je vous l’annonce, sont pourries jusqu'au cœur. Timin est arrivé à la tête du lieu il y a plusieurs années, et depuis, il règne en maître, sans partage, en faisant agir ici les plus noires des sphères. Votre ami, là-haut, est sous son hypnose, et il ne court aucun danger tant qu’il ne tente pas d’en sortir. Vous, par contre … Personnellement, je n’ai jamais pu supporter mon frère, il est extrêmement arrogant. Le temps n’a rien arrangé.
- Oh cet air de famille ne se voit pas tant que ça … hésita Caïn.”
C’est assez rapidement qu’elle lui proposa de les aider à protéger Gabriel, et de les faire sortir entier du lieu, en échange de leur aide pour bouleverser les rapports de force et renverser l’autorité des Beriache. Le Tarima sans pouvoirs demanda plus d'explications, et apprit ainsi que les Beriache avaient auprès d’eux la branche des Katz, qui leur servaient de milice, là où les Fenrir semblaient n'avoir juré allégeance qu’aux fondateurs de la Pomme Rouge. Uria en savait peu sur les Fils d’Hadès, mais elle pouvait affirmer qu’ils semblaient toujours recruter les Darahs, sans doute en basant leur choix sur leur origine. Elle n’en dit cependant pas plus, coupée par le gong et enjoignit Caïn à retourner auprès de ses compagnons afin de ne pas attirer l’attention, lui assurant que les siens sauraient les trouver et les aider.
Pendant ce temps, Jostoph n’avait cessé d'invectiver les morts-vivants, faisant à lui tout seul un mini-spectacle. Sans être repéré, il parvenait dans le même temps à écouter ce qui se passait du côté d’Hermine, qui était entourée de Darahs qui semblaient vouloir leur proposer de les transformer afin qu’ils deviennent eux-mêmes habitués du club. Sa maîtresse semblant s’en sortir avec efficacité, il n’intervint pas, concentré sur sa couverture dans cette périlleuse mission.
Au son du gong, toutes les créatures cessèrent soudain de bouger, la bataille se stoppa net, et après un petit instant de flottement, toutes repartirent dans l’autre sens, avalées par les portes ouvertes. Le temps de payer était arrivé, et tout autour d’eux, ils voyaient les Darahs faire des échanges. Une sorte de ferveur montait: les paris reprenaient, le second round allait commencer !
Jostoph de son côté, trouva que le moment était tout à fait adapté pour pousser la chansonnette, et dégaina son luth, racontant en vers les événements du premier round, donnant à chaque combattant un petit surnom. Cette représentation fit fureur, et peu à peu, l'ambiance s’électrisa autour de lui: les Darahs semblaient ravis de reconnaître leurs champions ! Il sentait son auditoire aussi conquis qu’il était ivre, et entendaient les paris reprendre à bon train, comme boostés par son chant. Lui avait décidé qu’il était toujours là pour le sport, et ne pariait pas.
Caïn de son côté, venait de se faire aborder: un Darah inconnu lui avait tendu des jetons, qu’il avait pris, en lui divulguant un message cryptique:
"Pour les Noll, n’hésitez pas à parier.”
Immédiatement après avoir dit cela, il tourna les talons et s’éloigna, puis, semblant remarquer que le tarima était interdit, il stoppa sa progression, regarda vers le haut, montrant presque l’emplacement de Timin et Gabriel au-dessus d’eux.
“Essayez contre eux pour voir.”
Cain, surpris, le vit disparaître dans la foule, et regarda les jetons dans sa main. Tous n'étaient pas identiques, mais tous semblaient faits de métal, siglés d'une manière différente (on y trouvait un squelette, une humanoïde auquel il manquait un bras, un animal avec une patte de moins …). Certains étaient dotés d’un liseré doré. Tout en se demandant bien qui pouvait être l’artisan qui avait confectionné ces étranges jetons, il décida de parier sur un mort-vivant avec encore de la chair sur les os, imaginant que le muscle serait plus puissant que les os. Son choix se porta sur un combattant aux vêtements en lambeaux, un peu caché derrière d’autres, et il misa tout sur lui. Le gong retentit, et les combattants se remirent en mouvement.
A l’étage, Gabriel, déçu, constatait sa défaite. Avec moins de cadavres qu’au départ, il était endetté auprès de Timin. Pourtant, celui-ci l’observait avec un air doux et séducteur qui fit battre des cils au Duveteux rougissant alors que le Darah lui caressa le bras, remontant ensuite vers sa nuque, lui procurant moult petits frissons. Le chef des Beriache lui proposa de lui fournir plus de cadavres afin qu’il puisse parier à nouveau, et Gabriel accepta, pariant le montant suffisant à éponger sa dette, charmé par la galanterie de cet homme.
“Votre ami est très doué artistiquement ! commenta Timin en parlant de Jostoph. Lui aussi est ami avec Thalivor ?
- Non, je lui en ai parlé parce que je l’aime bien, mais il ne la connaît pas. Par contre c’est avec son fils qu’on a un peu moins d’acquaintances …
- Ah oui Ithreb quelle histoire ! rit le Darah. Nous partageons tous cet avis mais difficile de faire entendre raison à une mère folle amoureuse de son fils.
- Oui, soupira Gabriel, et puis on est des Ailés opposés et c’est un peu compliqué.
- Mais d’ailleurs, puisque vous mentionnez votre branche, avez-vous déjà trouvé votre lien mon cher Gabriel ?
- Je … Je l’ai p-perdu sur le champ de bataille, il était médecin de guerre et n’est jamais revenu se mit à sangloter le Duveteux, immédiatement cajolé par Timin qui lui caressait le dos en lui donnant un mouchoir.
- Si vous êtes intéressé, les Darahs durent … longtemps, lui susurra-t-il sans cesser de le câliner, avec une gentillesse digne d’un Albusien. Ils sont forts, endurants et résistants, vous ne risqueriez rien.
- Je … On ne se connaît pas depuis assez longtemps mais vous êtes sur ma liste … bredouilla Gabriel.
- Vous me flattez Gabriel, après tout entre Fils d’Hadès il faut bien s’entraider lui susurra-t-il à l’oreille. D’ailleurs, vous ne m’avez pas raconté, comment vous êtes entrés chez les Fils d’Hadès ?
- Oh je ne sais pas trop je n’ai pas trop compris ! Thalivor nous a donné ce médaillon et depuis je crois qu’on en est !
- Ah ! Eh bien alors vous pouvez encore nous rejoindre. Voulez-vous savoir comment ?
- Ça implique des bisous ? Vous pouvez me raconter un petit peu, ou c’est interdit ?
- Evidemment … Vous êtes-vous déjà fait sucer ? Le sang évidemment Gabriel, précisa-t-il en voyant les yeux du Duveteux s’écarquiller.
- Non pas vraiment, non, c’est pas trop dans les coutumes que j’ai pu avoir jusqu'à présent bredouilla Gabriel.
- Oh c’est fort dommage ! Vous savez, c’est extrêmement agréable, une véritable exaltation pour le sucé comme le suceur.
- Peut-être un autre jour, parce que là j’ai pas pris ma douche !
- Votre fluide vital est toujours propre Gabriel, c’est bien là le principal, lui sourit le Darah. C’est ce fluide que vous devrez utiliser pour entrer parmi nous.
- Bah euh j'aimerais bien en parler à mes amis d’abord …
- Vos amis ? Enfin, qu’avez-vous besoin de vos amis si je suis là ? lui glissa Timin lui l’embrassant juste sous l’oreille.”
Impossible de résister à un tel charme pour Gabriel, qui eut la sensation de se liquéfier dans les bras du sublime Darah qui semblait tant l’aimer. Il était toujours dans ses bras lorsque retentit le gong signalant le commencement du second round.
Au son du gong, Jostoph improvisa une petite musique de suspense, tout en étant rapidement briefé télépathiquement par Caïn de la situation. La Tarima fit quelques erreurs de nom, transformant par exemple les Noll en Kohl, mais Jostoph comprit l’essentiel: l’endroit était infesté mais ils avaient des alliés. Pourtant le plus urgent n’était pas pour lui de renverser les Beriaches ou de contempler le combat, non: il fallait libérer Gabriel, auquel il tenta de se lier par télépathie. Immédiatement en entrant dans son esprit, il sentit une sorte d’opposition, comme un blocage dû à une autre présence hostile qui ne voulait pas le laisser entrer. Immédiatement un bras de fer s'enclencha, prenant comme armes les pensées de Gabriel. Le barde sentit le Duveteux perturbé, flatté de l’attention témoignée par Timin Beriache. Soudain, entre deux souvenirs et une attaque d’alchimie, le combat mental sembla monter en puissance: le dernier round s’enclenchait, et Jostoph refusait de lâcher l’affaire. Pourtant, il se trouva éjecté d’un seul coup de l’esprit de son ami, et alors qu'il retrouvait son équilibre comme après avoir reçu un coup au ventre, il aperçut Gabriel s’effondrer. Caïn, qui l’avait vu aussi, se précipita pour sortir, mais fut bloqué à l'entrée par le groupe de Darahs qui parlait précédemment à Hermine. Le barde lança un regard plein de sens à sa maîtresse, qui commença à entretenir les hommes afin de les distraire tandis que Caïn tentait de les corrompre en leur donnant son jeton de pari.
“Si le zombie sur lequel j’ai parié gagne, les gains sont pour vous !”
Du coin de l'œil le Tarima vit le Darah qui lui avait confié les jetons, soudain réapparu, lui faire discrètement non de la tête, mais il décida de l’ignorer. Voyant pourtant que les Darahs costauds n’avaient pas l’air très convaincus, il tente son va-tout et fonça tête baissée afin de se faufiler entre eux. Contre toute attente, il parvint à se glisser entre les colosses et fonça ventre à terre dans le couloir, deux hommes à mes trousses, afin de retrouver Gabriel.
De leur côté, Jostoph et Hermine étaient peu à peu encerclés. Le barde tentait de distraire tout le monde, sans grand succès, afin de reporter l'attention sur le combat en contrebas. De son côté, Hermine occupait les colosses de son côté, quand elle lança soudain avec une assurance folle:
“Eh bien ma foi, mes amis et moi avons des paris à placer et pour ça il nous faut monter que vous le vouliez ou non ! D’ailleurs, si vous ne voulez pas en répondre à votre supérieur il va nous falloir laisser monter !”
Cela ne suffit manifestement pas à convaincre celui qui leur bloquait la route, mais il paraissait troublé lorsqu’arriva un nouvel interlocuteur, qu’ils connaissaient déjà: c’était l’homme qu’ils avaient vu dans la chambre d’Eugénie.
“Je peux vous aider ? demanda-t-il d’un ton légèrement mielleux à Jostoph et Hermine.
- Nous voulons faire paris plus importants, et pour cela il faut qu’on monte pour voir des personnes plus importantes et parier avec elles, lança le barde, mais ce monsieur a décidé de faire du zèle sur cette soirée et de nous empêcher de passer ! Mon compagnon est déjà monté et je vous assure nous avons toutes les accréditations, appuya-t-il.
- Ce n’est pas comme ça que ça se passe ici, rétorqua le nouveau venu avec un petit rire. Je n’ai pas entendu parler d'accréditation. Vous êtes logés à cet étage, et ne pouvez monter plus haut, c’est ainsi. Je m'excuse que des membres et ma famille se soient montrés désagréables avec vous, mais ils suivent les règles. Par contre, ajouta t-il avec un sourire de prédateur, on va dire que nous pouvons faire un échange de bons procédés: je suis assoiffé. Vous accepteriez d’échanger avec moi une petite faveur pour que je vous fasse monter ? Juste quelques gouttes évidemment!”
Jostoph n’était pas sans savoir que les Darahs pouvaient hypnotiser plus facilement s’ils avaient mordu leurs proies, mais il ne voyait aucune autre issue de secours …
“Si vous voulez bien on fera ça dans le couloir à l’abri des regards indiscrets ! céda-t-il.”
Et, après avoir attrapé un verre et un couteau propre, il laissa passer l’homme devant lui pour procéder au paiement.
Pendant ce temps, Caïn, à bout de souffle, était arrivé en haut sans être rattrapé par les colosses, qu’il avait poussés plusieurs fois vers l’arrière. Il se précipita vers la porte l’ouvrir, et ce fut une douche froide. Ni Timin ni Gabriel n’étaient là. Pourtant, il n’y avait qu’un seul escalier, et il était dedans ! Comment avaient-ils pu disparaître ainsi ? C’était impossible ? Les yeux lançant des éclairs, l’adrénaline et la crainte faisant trembler tout son corps, il prit à parti le Darah le plus proche:
"Beriache et ses compagnons ! Où sont-ils allés ?!”
Re: Eclats d'émotions - La Ballade des cimetières - Chapitre 4 - Alliés et corruption à Hypnos
Jostoph
Un barde Télépathe qui s’est mis au service de Hermine, une vraie héroïne pleine de sous, contre rémunération. Il sait très bien qu’en restant aux côtés de la Dame, ils aura nombre d’histoires à raconter et cela le ravit. Il est né au village de Saintébert où les aventuriers vont rejoindre le Mathémagicien.
Caïn
Tarima de son état mais complètement ignare en magie, il a préféré se tourner vers la rapine et la guerre lui a donné du boulot : Ferrailleur sur les champs de batailles, il passe après les batailles pour piller les corps de soldats laissés derrière avec des armes et ensuite revendre tout ce bel attirail contre de belles sommes.
Gabriel
Un Duveteux candide ayant perdu son lien avec les personnes avec qui il travaillait comme coursier à cause de la guerre. Il a quelques connaissances en pharmacie car il amenait principalement des médicaments.
Corvus
Un Centaure, conteur de sa tribu qui est parti à la recherche de sa nièce du genre assez va-t-en guerre et à priori partie rejoindre le côté d’Eaque dans la guerre pour défendre leurs terres. Il a aperçut par le passé un combat de Moradund dans l’arène et a des tendances claustrophobiques. Si on passe derrière lui, il met un coup de talon.
Alors que Jostoph tout en dressant d’importantes barrières mentales, voyait l’homme vu plus tôt dans la chambre d’Eugénie porter à ses lèvres d’un air carnassier un verre de son sang, le Darah s’interrompit de manière soudaine. Une ombre sembla passer dans son regard alors qu’il portait une main à sa tempe, puis il se reprit et regarda le barde avec dans son regard un mélange d’agacement et de résignation, tout en reposant le verre de sang sur un guéridon.
“Ecoutez, je crois que vous allez monter sans avoir à payer, annonça-t-il au barde.
- Ah bah ça c’est pratique ! s’enthousiasma ce dernier.
- Vous m’en direz tant ! ironisa le Darah en le menant vers les escaliers d’un pas vif.”
Jostoph le suivit, mais, avant de sortir, versa le contenu du verre de sang dans une petite flasque qu’il garda sur lui. Sachant les pouvoirs d’hypnose des Darahs, il craignait quelque peu que n’importe quel Darah boive un verre de son sang qui traîne et ne développe sur lui une forme de pouvoir ! Sans le savoir, Jostoph emprunta exactement le même chemin que Caïn, jusqu’à se retrouver devant une lourde porte de bois massif très ouvragée, que la Darah lui ouvrit, un air fatigué et un peu déçu sur le visage.
Gabriel, de son côté, était dans la chambre de Timin, assis en tailleurs sur le lit de ce dernier. Le Darah séducteur était, lui, lascivement étendu sur le lit, vêtu d’un pan de soie à peine drapé. Il jaugeait du regard le Duveteux, prévoyant de manière assez nette où planter ses crocs, et soudain, il tendit la main vers le Duveteux qu’il tira avec tendresse jusqu’à lui … Avant de s’arrêter, le regard légèrement dans le vide, une main s’envolant à sa tempe. Puis, il poussa un soupir retentissant en claquant la langue, quelque part entre délectation et agacement.
“Mon petit Gabriel, nous allons remettre ça à plus tard, lui déclara-t-il en lui caressant la joue.
- C’est parce que j’ai pas pris ma douche ?
- C’est parce que c’est quelqu’un d’important qui te demande. Allez, suis-moi, lui intima-t-il en lui prenant la main.”
Rapidement ils sortirent dans le couloir, où Gabriel découvrit deux Darahs qui gardaient la porte de Timin. Ils traversèrent le couloir et le Darah ouvrit la porte de bois massif, aux nombreux motifs, qui leur faisait face:
“Mère, je vous l'ai amené comme vous demandiez.” annonça-t-il avec un soupir.
Ailleurs, Corvus ouvrit les yeux pour découvrir une jeune fille à la peau très pâle, aux cheveux blancs qui le regardait avec intensité malgré une expression placide. Impossible pour lui de se souvenir de comment il était arrivé là, ou de qui elle était. Il avait commencé à faire couler l’eau de sa douche, et soudain … le noir. Une force intense, une poigne impressionnante, quelque chose qui le tire, puis, plus rien jusqu’à découvrir cette fille.
“Qui êtes-vous?” coassa-t-il, sa voix rendue fluette par la panique.
Sans lui répondre, la jeune fille ne détacha pas son regard de lui, puis, soudain:
“Calme-toi.”
Sa voix était dénuée d’émotions, mais il y avait une certaine brutalité dans sa manière de dire ces mots, quelque chose de strict aussi. Cela eut, sans trop de surprise, plutôt l’effet inverse sur le centaure: sentant la panique monter de plus en plus, et extrêmement mal à l’aise de cette proximité forcée, il tenta de s'éloigner. Cela n’était pas facilité par l’aspect menu de la jeune fille, qu’il craignait de blesser, ou par l'ameublement de la pièce, qu’il avait peur d’abîmer. Le voyant s'éloigner, elle le saisit dans le bras, avec une force qui cloua sur place l’hybride.
“Reste.” lui ordonna-t-elle sèchement, sans pour autant n’exercer aucun pouvoir d’hypnose sur lui.
De manière assez soudaine, alors que jusque-là, elle ne détournait pas les yeux de Corvus, la jeune fille cessa soudain de le regarder, avant de replanter ses pupilles sur lui, sans jamais le lâcher.
“Viens.” lâcha-t-elle.
Et, sans que le centaure ne puisse réagir, elle le souleva. Le corps de cheval de Corvus dans les bras, elle se mit alors à courir, traversant la chambre, sortant dans le couloir, montant les escaliers en colimaçon, puis arrivant devant une lourde de bois massif devant laquelle elle le déposa en douceur. Sonné par cet événement plus qu’étrange, plus qu’inattendu, le centaure était fort capable de réagir, aussi c’est elle qui toqua à la porte, qui s’ouvrit.
“Vas-y, entre.” lui dit-elle, tout en reculant un peu.
Caïn, enfin, était entré dans la pièce centrale en haut de l’escalier, et avait saisi par le col le garde à qui il s’était adressé, et le secouait en répétant sa question. L’homme tenta de se dégager:
“Qu'est-ce que vous faites ? Lâchez-moi!” s'écria-t-il, un éclair d’agressivité dans les yeux.
De plus en plus agacé, le Tarima galvanisé par l’idée de Gabriel en danger renforça sa poigne, et traîna l’homme jusqu’à la rambarde, contre laquelle il l’appuya, faisant déjà basculer son corps en partie dans le vide, vers le combat de morts-vivants qui se déroulait dans l’arène en contrebas.
“Lâchez-moi, vous n'avez aucun droit ici ! protesta le garde en tentant de se dégager, et en crachant au visage du Tarima.
- Soit tu me dis où ils sont, soit je te lâche parmi les morts-vivants ! cracha Caïn, d’un ton menaçant.
- Calmez-vous donc,enfin, intervint une voix de femme alors que le Darah, regard plein de morgue, avait l’air tout à fait prêt à se laisser tomber.”
Se retourna vivement, CaÏn découvrit alors leur voisine de chambre, Eugénie.
“Est ce que vous savez où sont Beriache et ses compagnons ? l'interpella-t-il. Où a-t-il emmené mes amis ?
- Ne vous en faites pas pour votre ami. Lâchez simplement ce petit: il ne fait que protéger sa portée, lui dit-elle, se voulant rassurante. Votre ami va bien, il arrive.
- Comme ça il arrive ? Il est où ? reprit Caïn, absolument pas rassuré.
- Laissez-lui juste quelques secondes.”
Et alors qu’Eugénie lui disait cela, d’une voix parfaitement calme, tout à fait bien installée dans son fauteuil, une des quatre porte sur les quatre murs de la pièce s'ouvrit et Jostoph entra.
“Jostoph ! Je sais pas où est Gabriel ! l’nterpela immédiatement Caïn.
- Mesdames, messieurs j’ai bien l’intention de récupérer mon camarade et non sucé s’il vous plaît !!”
Et, alors même qu’il disait cela …
“Mère, je vous l'ai amené comme vous demandiez.”
Et Gabriel entra dans la pièce, main dans la main avec Timin. Voyant cela, Caïn lâcha le garde sans plus se préoccuper du côté duquel il retomberait, et se précipita vers son ami afin de le prendre dans ses bras tout en tentant de l’éloigner du Darah. Celui-ci lui lança un regard mauvais, puis lâcha la main de Gabriel avec un sourire narquois alors que Caïn entraînait le Duveteux.
Au même instant, une troisième porte s’ouvrir, et c’est Corvus qui entra. En le voyant, Eugénie se leva, et tapa dans ses mains, attirant ainsi toute l’attention sur elle.
“Les enfants, laissez-nous un instant, mes invités et moi, afin que nous puissions discuter tranquillement.”
Et à ces mots, les portes de fermèrent doucement, une à une, avalant jusqu’à Timin qui protestait déjà, un doigt en l’air: “Mais Maman ...!” et nos aventuriers se retrouvèrent seuls avec Eugénie. Déjà, Caïn demandait à Gabriel s’il avait été mordu.
“Ben, non, il était gentil ! protesta Gabriel, innocemment.
- Oui, Gabriel, il était gentil, soupira Caïn, mi-agacé par la naïveté de son ami, mi-assuré qu’il n’ait rien.”
Jostoph, de son côté, tentait d’entrer en communication télépathique avec Corvus, qui, la croupe contre la porte semblait ne chercher qu’à sortir, et vite. Pourtant, le télépathe n'arrivait qu’à entendre la panique complète de son compagnon, qui prenait absolument toute la place, l'empêchant de répondre aux paroles rassurantes du barde. Celui-ci changea donc de stratégie, et commença à fredonner dans la tête de son ami tout en gratouillant sa harpe, l’aidant par toute une technique télépathique à, peu à peu, revenir à lui.
“Approchez-vous donc, vous êtes mes invités ici; nous n'allons pas discuter de part et d'autres de la pièce ! Avez-vous aimé ce début de soirée ? leur demanda Eugénie.
- C’était … particulier, répondit Caïn, qui faisait un mur de son corps entre Gabriel et tout Darah qui aurait pu avoir l’intention d’approcher le Duveteux.
- C’était intéressant, renchérit Jostoph. Mais dites-moi Madame Maman notre voisine à qui avons-nous l’honneur ?
- Vous avez affaire en tous cas à la maîtresse des lieux, dit-elle avec un petit sourire face à ce trait d’humour. Je m’appelle Eugénie, ajouta-t-elle en tendant sa main à Jostoph, qui lui fit un baisemain. N’en voulez pas trop à mes petits, ils sont parfois un peu compliqués. Pardon aussi à vous pour votre ami, Caïn, je ne voulais pas que qui que ce soit soit brusqué, mais Timin est parfois un peu difficile, mais il est aussi le plus prolifique de mes enfants. Il faut jouer avec ses qualités pour aimer ses défauts, conclut-elle dans un sourire presque contrit.
- A ce sujet quand vous dites que vous êtes leur mère, c’est biologique, émotionnel ...? s’enquit Caïn
- Littéral ! s’amusa-t-elle. Tout à la fois, si vous préférez.
- Eh bien félicitations ! s’exclama Jostoph. Monsieur Papa a l'air prolifique !
- N’en parlons pas, Monsieur Papa n’est pas là, je suis la seule à gérer le foyer, éluda Eugénie. Mais vous avez rencontré la jumelle de Timin, ma fille Üria. J'imagine qu’elle vous a parlé ? Elle adore parler de la rivalité avec son frère.
- Ouiiiiiii … grinça Caïn, prudent, ne sachant trop sur quel pied danser et craignant un peu les répercussions de quelques traits d’humour mal placé.
- Comme vous vous en doutez, les interactions au sein de la Pomme Rouge sont parfois compliquées: nous sommes dans un espace clos, nous sommes toujours à la maison, et cette proximité ne permet pas toujours à tous d’être à l’aise, soupira la Darah. Je suis très heureuse de vous avoir parmi nous, et de recevoir des gens de l'extérieur qui pourraient mettre un coup de pied dans la fourmilière ici, de quoi motiver mes enfants et les pousser à sortir de leur zone de confort … ce que vous avez déjà fait en arrivant sans le savoir. Mais dites-moi, si ce n'est pas indiscret, que faites-vous ici ? s’enquit-elle.”
A cet instant, une petite panique s’empara de nos aventuriers: ils étaient rentrés en se faisant passer pour des Fils d’Hadès, avaient ensuite donné de faux noms à Eugénie lors de leur rencontre, qu’ils avaient si vite improvisés qu’ils les avaient oubliés presque instantanément, et Dame Hermine avait ensuite allègrement grillé leur couverture. Après quoi, pris dans le tourbillon des événements, ils s’étaient plusieurs fois interpellés à voix haute par leurs vrais noms. Autant dire que pour la discrétion, ils pouvaient repasser, et que Chrisdeb, Alphine, Paul et Mahal avaient fait long feu, mais restait la question de la confiance qu’ils pouvaient accorder à cette femme, et de ce qu’ils pouvaient réellement lui dire. Après quelques échanges rapides par télépathie, ils finirent par faire leur choix:
“Madame Eugénie, ou madame Maman, commença Jostoph
- Appelez-moi simplement Eugénie, l’interrompit-elle.
- Bien, reprit le barde. Nous sommes là pour assister au spectacle et, sur vos conseils, au banquet, mais ça a tourné un peu court.
- Ce que vous avez vu vous a-t-il au moins plu ? s’enquit-elle dans un sourire.
- Oh bah oui, oui c’était plutôt sympa ce banquet, hésita Caïn.
- Et, le combat de mes tout-petits vous a plu aussi ? demande-t-elle en montrant vers le gouffre.
- Oh bah oui on a bien rigolé ! s’exclama Jostoph.
- Eh bien, Alphine, contente que ça vous ait plus ! J’ai connu un Alphine moi aussi, lors de mes sorties ! glissa-t-elle dans un sourire.
- Ah un grand barde j’imagine ! s’exclama Jostoph
- Un grand barde, oui, avec une légère tendance à finir torse nu lors de ses solos, insista-t- elle.
- Oh, mais comme je vous l'ai dit, comptez pas sur moi pour me mettre torse nu ! protesta Jostoph.
- Evidemment, évidemment, je trouve simplement … fascinant toutes ces similitudes et toutes ces références. A moins que vous ne le connaissiez et que vous portiez juste le même nom, que vous soyez des homonymes par le plus grand des hasards ?
- Ah, vous savez, le hasard, madame ! éluda le barde
- Facétieux hasard, sourit la Darah. Enfin, ce qui est certain, c’est que vous avez déjà eu une influence, à sa façon, bénéfique sur mes petits. Et j’aimerais que vous continuiez.
- Vous voulez qu’on leur apprenne à faire quoiiii ? demanda Gabriel
- Je voudrais que vous soyez le coup de pied au cul qui les sorte de leur zone de confort, affirma-t-elle.
- C’est pas très gentil, les coups de pied au cul, soupira Gabriel.
- On peut les renvoyer dans leurs chambres si vous voulez, ça leur fera les pieds, proposa Jostoph.”
Eugénie fit alors remarquer qu'elle venait très précisément de le faire. Après uen rapide discussion les aventuriers acceptèrent son marché: faire bouger la Pomme Rouge, contre des informations. Ainsi, Eugénie entreprit de leur exposer les dynamiques qui sous-tendaient ce lieu bien particulier.
Elle avait fondé ce lieu, et avait eu quatre enfants, tous nés-Darah, comme elle. Ces quatre enfants, les jumeaux premier-nés Timin Beriarch et Üria Noll, le tempétueux Lüfta Katz et la timide Dekür Fenrir, avaient toujours vécu à la Pomme Rouge et avaient chacun formé une lignée. Chaque habitant de la Pomme Rouge était donc lié à un des quatre Darahs, et, par conséquent, indirectement à Eugénie.
Ces quatre lignées, cependant, s'entendaient plus ou moins bien, suivant les relations entre les quatre frères et soeurs; en effet, une compétition s’était installée dès l’enfance entre les jumeaux qui poursuivaient le même but mais avec des idéaux et méthodes si éloignés qu’ils en étaient irréconciliables dans leurs ambitions. Il y avait donc entre les lignées Beriache et Nöll une certaine animosité qui se traduisait par une compétition permanente et des conflits parfois violents. En effet, chacun voulait faire de La Pomme Rouge un endroit indépendant, mais là où Timin était prêt à tout pour devenir plus puissant, quitte à s’associer avec des gens parfois dangereux, Üria avait pour ambition de faire de la Pomme Rouge un groupe autogéré, puissant par lui-même et pour lui-même.
Luftä, de son côté, était celui à la plus grande lignée (et fut ainsi surnommé “le plus grand darahtiseur” par Jostoph). Très admiratif de son aîné, il s’était toujours rangé de son côté, le suivant aveuglément, et ainsi, les lignée Beriache et Kätz s’entendaient très bien, laissant de côté les Nöll, qui avaient un sentiment d’exclusion assez important.
Dekür, enfin, était décrite par Eugénie comme l’archétype de la fille à maman: elle ne parlait pas à ses frères et soeurs, mais uniquement à Eugénie elle-même. Mettant rarement le nez dehors, elle n’avait presque aucun descendant et passait ses journées en solitaire, sans réellement participer à la vie du lieu ou de la famille.
La maîtresse des lieux attendait donc des aventuriers qu’ils bousculent les habitudes de ses enfants: peu importent qu'attisent ou résolvent les conflits, après tout, le chaos de la tempête pouvait nettoyer ce qui n’avait plus à être, et permettre de reconstruire sur quelque chose de neuf ! Pour Eugénie, seul le résultat comptait bien plus que les méthodes employées.
“Vous en avez marre des ados boutonneux, c’est ça ? Vous voulez qu’ils dégagent de la maison ? ironisa Hostoph.
- Timin n’a jamais eu de bouton, pas un seul, soupira Eugénie. Mais leur départ pourrait être bénéfique pour tous, moi y comprise, admit-elle.
- Mais … Vous n’avez pas peur des conséquences que cela pourrait avoir sur eux ? demanda Caïn, un peu surpris.
- Oh, vous savez, plusieurs se détestent déjà, et sont coincés dans ce statut quo depuis tellement d’années … Ça n'apporte que l'inertie, la lenteur, rien, le vide. J’ai envie qu’ils grandissent, et cela passera peut-être par voir ce qu'il y a à l'extérieur du cocon. Honnêtement, peu importe ce que je dis, cela ne changera pas grand-chose. Ainsi, peu importe ce que vous faites, j'ai envie de dire, tant que vous faites quelque chose, je pense qu'il y aura des réactions, et c’est là ce que je cherche. Vous avez le champ libre, conclut-elle en souriant.”
C’est à cet instant que Corvus ouvrit la bouche, pour la première fois depuis son entrée dans cette pièce:
“Qui est la jeune fille aux cheveux blancs ?
- … Vous voulez parler de Dekhür ? demanda Eugénie.
- C’est elle qui m’a enlevé, signala le centaure. Et elle m’a soulevé jusque ici …
- Comment ? C’est très inhabituel de sa part … s’étonna la Darah. Enfin, cela corrobore mon propos: votre simple présence suffit déjà à modifier toutes les dynamiques ici, imaginez ce que cela pourrait donner si vous le faisiez volontairement !
- Nous, on s'embête à te chercher, Corvus, et toi, tu prends du bon temps ! ironisa Jostoph.
- Et en plus, il s'est fait soulever ! renchérit Caïn.”
Si eugénie avait l’air de beaucoup s’amuser, ces remarques parurent aggraver encore le stress de Corvus, qui se tut à nouveau, alors que Jostoph reprenait (en se retenant de chambrer plus encore son compagnon sur la touche manifeste qu’il avait avec cette Darah !):
“C’est d’accord de notre côté; il m’est de toute façon impossible de refuser une faveur à une mère solitaire, que dis-je, une mère courage comme vous !
- Oh, avant que je n’oublie, les revenants , dans l’arène … Ils n’ont aucun lien avec mes enfants. Ils sont directement liés à moi: j’ai quelques notions de nécromancie, précisa-t-elle tout sourire.
- Ah mais c’est des VRAIS cadavres ?! s’ébahit alors Gabriel, au désarroi de Caïn.
- Tout à fait, confirma-t-elle. Ils font partie de … disons, l'expérience à ciel ouvert, ou plutôt fermé, que je mène.
- Et, avec quels buts ? s’enquit Jostoph.
- Oh, ça c’est un secret bien gardé, répondit-elle, mystérieuse. Mais ce sont des buts tout à fait égoïstes et personnels, rien de lié à une grande cause ou un groupuscule, je peux vous l'assurer ! C’est pour moi. Cela dit, j'utilise les moyens nécessaires pour y arriver, et c’est d'ailleurs souvent pour m'aider dans ces travaux que mes enfants entrent en compétition. Mais je vous le répète, nul besoin de prendre parti, je n’attends de vous que vous secouiez un peu les choses. Si vous avez besoin de moi, je serai ici, ou bien dans ma chambre à ce même étage. Avez-vous besoin d’autres informations ?
- Oui ! dit Gabriel, s’approchant soudain très proche de la Darah et lui montrant ses ongles. Est-ce que ça vous est déjà arrivé ici à vous quelque chose comme ça ?”
Eugénie marqua un temps d’arrêt, une hésitation, peut-être pour la toute première fois. Puis, elle se sait de la main du Duveteux, l’examina, avant de lâcher:
“C’est … possible. J’aurais besoin de vérifier avant de vous l’assurer, mais il est possible que cela m’évoque quelque chose, en effet.”
Son ton était un peu hésitant, mais Gabriel ne se laissa pas déstabiliser. Il lui proposa donc qu’ils suivent ses instructions et sèment le chaos à la Pomme Rouge, alors qu'elle se renseignait; après quoi, elle pourrait leur fournir des réponses à leurs questions. Après qu’elle eut accepté dans un sourire presque attendri par tant de simplicité énoncée, il fut temps pour les aventuriers de se concerter: quoi faire, à présent ?
“Gabriel, tu as bien compris que c’est pas un vrai coup de pied au cul, hein ? C’est métaphorique ! précisa Caïn.
- Roh oui, ça va hein ! protesta le Duveteux, pourtant peu sûr de ce qu’il fallait faire.”
Il fut vite décidé cependant qu’il était temps de mettre de l’eau dans le gaz entre Lufta et Timin, et d’en profiter pour attiser les tensions avec Üria. Pour Caïn, le but était clair: il fallait que Timin sorte grand perdant de toute cette affaire ! D'ailleurs, quand Gabriel demanda s’il devait retourner faire des câlins au beau Darah, c’est un sèchement que le Tarima refusa. Pourtant, l’idée du Duveteux était loin d’être mauvaise: la séduction était en effet leur meilleur atout !
“J’ai une idée ! Et si j’allais parler au petit frère de Timin ? ça pourrait le rendre jaloux, il avait l’air de beaucoup m’aimer !”
A la grande surprise de ses compagnons, ce n’était pas une mauvaise idée. Une fois d’accord sur ce plan, que Corvus prit la décision d’aller tenter de discuter avec Dekür, accompagné par Jostoph, et Gabriel lui donna une potion d'apaisement avant qu’il ne sorte. A peine leurs amis dehors, Caïn et Gabriel allèrent demander à Eugénie de leur fournir des ingrédients pour confectionner une potion, sans préciser que c’était une potion de séduction, ce qu’elle accepta sans peine, leur indiquant simplement d’attendre là.
Dans le couloir, Dekür était adossée au mur, le visage inexpressif. Quand Corvus, accompagné de Jostoph, sortit, elle tourna la tête vers lui. Le centaure se rapprocha alors, le plus calmement possible:
“Bonjour, lui dit-il. Je crois qu’on ne s’est pas présentés. Je suis Corvus.”
Puis, il lui tendit la main. Elle le regarda un instant, puis saisit sa main, et la serra sans aucun naturel et même avec une certaine maladresse, témoignant de son manque d'habitude.
“Je suis Dekür, déclara-t-elle simplement, en le regardant droit dans les yeux.”
Il y eut un silence.
Est-ce c’est toi qui m’as amené dans ta chambre par magie ? lui demanda le centaure.
-Non. Pas par magie.”
De nouveau, un silence.
“Mais pourquoi … Est-ce que tu voulais me parler ? s’enquit-il.
-Non.”
Puis, un silence. Pourtant, Corvus voyait que peu à peu, les épaules de Dekür semblaient se dénouer, comme si elle était à l’aise au fur et à mesure qu’ils ne se parlaient pas.
“Je suis sûr qu'elle demande un poney depuis toute petite mais elle s'attendait pas à ce que le poney parle…” se disait Jostoph in petto, contemplant cet étrange échange sans rien dire, un petit sourire aux lèvres.
Sans rien dire, Corvus s’assit près de Dekür, qui l'imita en silence. Elle le regardait fixement, et soudain, elle se mit à regarder autour d’elle. Elle vit Jostoph, se retourna vers Corvus:
“ Ttu … euh … Tu joues d’un instrument ? lui demanda-t-elle dans une inédite tentative de faire la conversation.
- Non, j’ai jamais été très doué avec la musique, lui expliqua le centaure.. Mon truc à moi, ce sont plutôt les histoires.
- Ah. Les histoires, répéta-t-elle d’un ton neutre. Tu m’en racontes une ?”
Surpris par cette demande, il réfléchit un instant, puis accepta, lui contant la légende du Palais MIrage. Dekür l’écouta sagement, sans ciller, le regard droit sur lui. Etonnamment, alors que son visage restait extrêmement inexpressif, son regard, lui, brûlait de passion. Et, quand le centaure arriva à la fin de son histoire, elle fronça les sourcils.
“T’as d’autres histoires?”
Jostoph dans un sourire, fit un clin d'œil à Corvus alors que la porte de la salle s’ouvrait, laissant passer Gabriel et Caïn, les bras plein d’ingrédients et menés par un Darah.
“Je vois que vous vous débrouillez très bien Corvus ! Si vous restez ici, je vais aller voir les deux autres, lança mentalement le barde au conteur.
- Oui. Je crois que j’ai compris comment ça marche, accepta-t-il, avant de reprendre, à voix haute, s’adressant à Dekür alors que ses compagnons s’éloignaient: Je veux bien te raconter des histoires, il n'y a pas de soucis, mais j'aurais quelques questions aussi à te poser.”
La Darah le regarda en silence quelques secondes puis:
“Ça me parait juste. Une histoire, pour une question.
- Très bien. Une histoire, une question. Es-tu déjà sortie de cet endroit ? s’enquit-il.
- Oui un peu, juste un peu, quand mère demande, ça m’est arrivé. Quand il faut, disons, un travail qui nécessite une personne très forte.
- J’ai remarqué que tu étais très forte. C'est très impressionnant la manière dont tu m’as porté, la complimenta-t-il.”
Elle hocha la tête, sans répondre, alors qu’il commençait sa seconde histoire.
De leur côté, Gabriel et Caïn, rejoints par Jostoph, se dirigeaient vers les cuisines, où ils confectionnèrent deux potions de séduction. Le Darah qui les y avait menés, missionné par Eugénie pour leur servir de guide, les mena ensuite jusqu’à Lufta à leur demande: il était temps que les choses sérieuses commencent !
Le plan était fin prêt: Gabriel et Jostoph devaient joindre leurs efforts pour attirer l'attention de Lufta, alors que Caïn verserait la potion dans le verre du Darah. Simple et efficace, il suffirait ensuite d’étaler l’amour de Gabriel et Lufta devant Timin pour que tout cela s’embras(s)e !
“Ca va foirer hein ? dit Caïn par télépathie à Jostoph, alors qu’ils entraient dans la salle où était le chef des Kätz.
- Evidemment, ça va foirer, et ce sera glorieux.
- Au moins on sortira d’ici avec un bang !
- Ce sera peut-être un bang métaphorique pour Gabriel !” conclut le barde, qui savait qu’ils avaient toujours comme solution de repli de faire appel à Dame Hermine, partie rejoindre les Glaives qui se tenaient prêts à intervenir à leur signal: ils ne risquaient pas grand-chose, n’est-ce pas ?
Lufta se trouvait de l’autre côté de la salle, séparé d’eux par l’espace de l’arène, et était attablé avec un autre Darah à qui il expliquait quelque chose de manière très sérieuse. Gabriel le rejoignit à tire d’ailes, passant au-dessus de l’arène et manquant de peu de se prendre dans l’oeil un fémur volant projeté par les gladiateurs en contrebas grâce à une esquive qui lui valut quelques acclamations des spectateurs. Jostoph et Caïn quant à eux, le rejoignent à pieds. Les voyant arriver, Lufta interrompit sa conversation, plaquant sur son visage un sourire de circonstances malgré un éclat d'agacement dans ses yeux.
“Alors, c’était bien la discussion avec Maman ? les interpella-t-il. Qu'est-ce que vous me voulez ?
- Monsieur Lufta ! Je vous dois un verre et on n’a pas fini de discuter tout à l’heure ! lança Jostoph. Bon, ce ne sera pas mon sang, cette fois-ci, mais on peut toujours boire un peu, hmm ?”
En parlant, Jostoph avait chassé l’individu avec qui le chef des Kätz discutait.
“Vous êtes certain que vous ne voulez pas partager une Branche ? Tout le monde peut devenir un Darah, vous savez, proposa Lufta, alors que Gabriel lui posait une main sur le bras et lui déclarait, soudain très proche, battant des cils:
- Oh que vous avez de beaux yeux … lui déclara-t-il en lui faisant un baisemain.
- Ouh, celui-là voudrait apparemment partager plus qu’une Branche.”, commenta le Darah avec une légère grimace tout en saisissant la coupe dans laquelle Caïn avait, subrepticement, versé la potion de séduction.
Et soudain, après à peine une gorgée, il y eut dans ses yeux un éclat, un éclair et il se saisit de la main de Gabriel.
“Vous êtes certain que vous ne voudriez pas partager ma Branche ? Je vous assure qu'être Darah apporte de nombreux avantages, et nous pourrions vivre longtemps ensemble …
- Mais et votre frère qu’en penserait-il ? opposa alors Gabriel dans un élan mélodramatique.
- Oh non ! se lamenta Lufta. C’est vrai que Timin est là, que Timin et vous … Oh non ! Qui a voulu de là-haut que le Darah aime le Duveteux ? Ecoutez … se reprit-il: Timin comprendra que c’est plus fort que lui, plus important ! Ne pensons pas à Timin, pas ce soir, au moins un instant, oublions-le ! Quel est votre nom ?
- Ce que vous voudrez !
- Oh mon ange ! Cela vous sied si bien ! Je vous appellerai mon ange désormais !
- Oh mon amour, s’il faut prier, je prierai, s'il faut se battre, je me battrai ! Nous devons l’annoncer à tout le monde, y compris votre mère ! Pourquoi devrions-nous payer le droit de nous aimer ? l’encouragea Gabriel.
- Ah, ma mère ! Écoutez c’est ce soir ou jamais ! Si on ressent quelque chose comme ça, il faut agir !
- Il faut le dire à toute votre famille ! Tant pis si ça dérange qu’un Duveteux aime un Darah !
- Si nous devons l’annoncer à toute notre famille, alors annonçons le en bonne et due forme !”
Et soudain, il posa un genou à terre, et sortit d’une poche intérieure un anneau rougeâtre, qui semblait être fait de sang solidifié et dont pulsait de la magie, que Jostoph supposa être un anneau vibrant hypnotique.
“Epousez-moi, mon ange !
- Le … Le mariage ? Mais à combien d’hommes avant moi as-tu dit “Epouse-Moi!” ?
- Jamais, mon ange, jamais !
- Je ne pourrai accepter tant que votre mère n’aura pas donné son accord ! opposa Gabriel, repliant les doigts de Lufta sur l'anneau et repoussant sa main.
- Alors … Mes Kätz, allez annoncer la bonne nouvelle ! Que tout le monde sache et que tout le monde vienne, que tout le monde soit témoin de notre union à mon ange et à moi ! Faites le tour de toutes les pièces, faites le tour de tous les étages: ce soir, nous festoyons !”
Et soudain, la salle était pleine de Darahs jalupates, fiers comme des coqs, qui se dispersèrent comme une volée de moineaux joyeux à l’annonce de leur chef, partant dans les couloirs, les étages, annonçant à tout trac: “Lufta se marie ! Venez, venez tous ! Lufta se marie avec son ange !!”. Voyant le plan leur échapper, Jostoph et Caïn échangèrent un regard inquiet, alors que Gabriel donna un coup de coude au Tarima, avec un grand clin d’oeil, comme pour lui dire “Tu vois, ça marche !” et son ami lui répondu par un pouce levé pas convaincu. Dans le même temps, Lufta s’était levé, Gabriel à son bras et déjà il commençait à monter jusqu’à sa mère, le Duveteux au bras, suivi par Jostoph et Caïn, et précédé d’une cohorte de Darahs chantants (“Un mariage pour un amour sincère, et un Darah charmant pour lui plaire …”) et ayant déniché les Grands Rois savaient où des pétales de fleurs à lancer. C’est donc cette première vision aussi musicale qu’énergique qui saisit Corvus, l’interrompant dans une histoire qu’il contait à Dekür. Avant cette sixième histoire, il avait appris d’elle qu’elle sortait rarement de cet endroit, uniquement pour des missions pour sa mère, les seules qu’elle faisait. Elle travaillait seule, et lui avait dit qu’ilk était le premier des Centaures qu’elles croisait. Elle lui avait aussi avoué avoir déjà entendu parler des Fils d’Hadès, mais sans en dire plus, aussi, il n’était pas beaucoup plus avancé.
“Mais euh … comment ils connaissent la chanson ? Ça arrive souvent ce genre de spectacles dans les couloirs ? demanda-t-il à Dekür.
- Non. Et ça comptait comme une question, lui dit-elle.
- Tu es dure en affaires … constata le pauvre Centaure en se levant.”
La Darah eut un petit sourire à cette réplique, alors que Jostoph en passant les alpaguait “Allez, venez, on marie Gabriel !”, jouant la marche nuptiale au luth près d’un Caïn manifestement très angoissé. Corvus, sourcils légèrement froncés, se joignit à la procession: de par ses quelques connaissances sur les Darah, il savait que ces actes défiaient toutes les coutumes de cette Branche fort secrète et à la vie éternelle, dont la pureté du sang revêtait une importance toute capitale. Le télépathe percevant manifestement son inquiétude, lui lança dans sa tête:
“On gère ! On va presque marier Gabriel, mais on gère ! Si tout se passe bien, ça va bien se passer, sinon … je sais pas !
- Oh. D’accord. Bon courage !”
Et Corvus, restant avec Dekür regarda passer le cortège des plus étranges.
“Mère, vous … Vous connaissez mon ange ?.” demanda Lufta, très droit face à sa mère
Cependant, il avait l’air de commencer à hésiter, et Jostoph le ragaillardit d’une petite musique télépathique qui sembla lui donner un coup de fouet.
“Mère, je viens vous demander votre accord:je souhaite … épouser cette personne !” annonça-t-il très fort.
Eugénie, c’était évident, ne s’attendait pas cela. Un instant interdite, elle regarda successivement son fils, puis il Duveteux à son bras qui lui faisait de grands clins d’oeil, et enfin le reste des aventuriers aux expressions plus variées qu’un nuancier.
“Eh bien dans ce cas, célébrons ! Ce soir il y a bal ! Je donne officiellement ma bénédiction pour que mon fils Lufta épouse ce jeune homme ! s’exclama-t-elle Viens dans mes bras, mon nouveau fils ! fit-elle ouvrant les bras dans lesquels Gabriel se précipita en lui glissant:
- C’est bien ce que vous vouliez, hein ?
- C’est plus que tout ce que j’espérais, gloussa-t-elle en lui caressant la tête, avant de le lâcher alors que Lufta se tournait vers Timin, et déclarait:
- Timin, mon frère, mon meilleur ami, veux-tu bien être mon témoin ?”
Le choc fut très net sur le chef des Beriache, très certainement explicable par la surprise face à cette demande (certes inattendue, et des moins naturelles: Jostoph venait en effet de donner cette idée saugrenue à Lufta !) mais également par la colère de voir cette splendide opie blanche lui échapper. Tournant les talons, il s’apprêtait à sortir en claquant la porte lorsque soudain, une petite voix de fraya un chemin dans son esprit: “Mais enfin ! C’est quand même vous l’aîné ! Quel manque de respect, vous n’allez pas laisser faire ça !”. Et soudain, il vit volte-face, mit un pied sur la rambarde, et annonça avec une intonation des plus dramatiques:
“Mon frère, si aujourd’hui tu annonces officiellement ton mariage avec cet homme, j’annonce que tout partenariat, toute amitié entre nos lignées est terminé et à jamais ! Je ne veux plus entendre parler de toi, je ne veux plus que tu m'approches, et ne compte pas sur moi pour être présent aux inepties que tu mets en place ici ! Beriache, avec moi !”
Et à ces mots, il sortit, suivis de toute sa lignée sous les sourires de provocation des Nöll. Gabriel se jeta alors sur Lufta:
“Je ne veux pas vous coûter votre frère ! Partez à sa poursuite et vite ! supplia le Duveteux.
- Ah ! Mais si mon frère n’est pas capable d’accepter notre union, ce n’est plus mon frère !” déclare-t-il en lui saisissant le visage à deux mains.
Et les jeunes fiancés s'embrassèrent avec passion sous les vivats, alors que Caïn se détournait.
“Et maintenant, célébrons !” déclara Eugénie.
Voyant sortir des Darahs et entendant les vivats, Corvus finit par entrer dans la pièce après que Dekür l’y ait autorisé et qu’il ait promis de revenir finir les histoires. C’est donc légèrement médusé qu’il vit Lufta mettre un genou à terre, déclarant:
“Mon ange, veux-tu m'épouser ?
- Oh mais ai-je vraiment le choix ? demanda Gabriel. Oui !”
Et, sous les vivats de joie des Darahs rassemblés, Lufta passa au doigt de Gabriel l’anneau rouge alors même que Caïn sortait. A cet instant, le Duveteux entendit dans son esprit la voix d’Eugénie:
“Bienvenue dans la famille, angelot.”
Alors il se tourna vers elle, un peu surpris, mais avec un grand sourire, qu’elle lui rendit sans un mot de plus tandis que Gabriel sentait monter en lui une petite inquiétude: et si le plan marchait un peu trop et qu’il ne parvenait pas à s’en sortir ? Des yeux, il cherchait Caïn, sans parvenir à le trouver alors que déjà, les Darahs commençaient à danser, chantant leur envie d’amour, surtout après minuit.
De son côté, JOstoph avait réussi à entrer en contact télépathique avec Üria Noll après un échange de regards:
“Est-ce que c'est pas votre moment, pour prendre la place des Beriaches ? lui suggéra-t-il.
- Merci pour votre aide, répliqua-t-elle avec un sourire à son intention. Je saurai en profiter en effet, mais pour le moment laissons son heure de gloire à mon frère.”
Et sur cet échange, Jostoph sortit avec plaisir de l’esprit de la Darah, trop inquiet de ce qu’il pourrait bien y trouver. Le barde était étonnamment content que leur plan fonctionne, même s’il ne savait pas trop où ils allaient arriver comme ça. Il sourit à Corvus qui se sentait mieux depuis qu’il avait pris son rôle de conteur, mais avait un peu de mal à comprendre l’idée finale derrière le plan, lui qui pensait plutôt continuer à enquêter. Tous deux cependant avaient noté la disparition de Caïn, lequel, dans le couloir, tentait de comprendre pourquoi donc la réussite du plan lui plaisait aussi peu, pourquoi ça tiraillait si fort, si douloureusement en lui. Que se passait-il donc ?
Re: Eclats d'émotions - La Ballade des cimetières - Chapitre 4 - Alliés et corruption à Hypnos
Jostoph
Un barde Télépathe qui s’est mis au service de Hermine, une vraie héroïne pleine de sous, contre rémunération. Il sait très bien qu’en restant aux côtés de la Dame, ils aura nombre d’histoires à raconter et cela le ravit. Il est né au village de Saintébert où les aventuriers vont rejoindre le Mathémagicien.
Caïn
Tarima de son état mais complètement ignare en magie, il a préféré se tourner vers la rapine et la guerre lui a donné du boulot : Ferrailleur sur les champs de batailles, il passe après les batailles pour piller les corps de soldats laissés derrière avec des armes et ensuite revendre tout ce bel attirail contre de belles sommes.
Gabriel
Un Duveteux candide ayant perdu son lien avec les personnes avec qui il travaillait comme coursier à cause de la guerre. Il a quelques connaissances en pharmacie car il amenait principalement des médicaments.
Corvus
Un Centaure, conteur de sa tribu qui est parti à la recherche de sa nièce du genre assez va-t-en guerre et à priori partie rejoindre le côté d’Eaque dans la guerre pour défendre leurs terres. Il a aperçu par le passé un combat de Moradund dans l’arène et a des tendances claustrophobiques. Si on passe derrière lui, il met un coup de talon.
“Si nous nous marions, il doit y avoir un banquet ! Kätz ! Nous sortons trouver des volontaires !”
C’était Lufta qui venait de clamer ceci à ses troupes. Puis se tournant vers Gabriel à qui il saisit les mains, il ajouta:
“Je ne voudrais pas voir mon époux trop tôt, cela porte malheur … Quand je reviendrai, nous festoierons et nous nous marierons. C’est ce soir ou rien !”
Et à ces mots, il partit, les Kätz avec lui qui claquaient des doigts et se déplaçaient en rythme, manifestement heureux. Ceci vida la pièce, qui se retrouva silencieuse en un instant. Après quelques secondes de flottement, Eugénie s’approcha de Gabriel.
“Mon petit, nous devrions aller vous préparer, j'imagine, lui dit-elle. Si cela vous va, je m’occuperai de vous pour cette préparation.
- Euh oui, mais est-ce que je peux m’entretenir avec mes camarades ? demanda le Duveteux, hésitant.
- Evidemment. Prenez tout votre temps.”
Et ainsi, le jeune homme mit un bras sous celui de Jostoph, et tout en faisant signe à Corvus de les suivre, il entraîna le barde dans le couloir où ils rejoignirent Caïn, qui avait le visage sombre, les yeux dans le vide.
“Bon, du coup ça a marché hein … Peut-être un peu trop bien, fit Gabriel.
- Ouais … félicitations, je suppose, marmonna le Tarima.
- Félicitations Gabriel c’était incroyable ! s’enthousiasma le télépathe de son côté.
- Incroyable, ouais, c’est le mot, maugréa Caïn, nettement moins heureux de la tournure des choses.”
Pourtant, lorsque Gabriel leur annonça qu'il avait l’intention de profiter du temps en seul à seule avec Eugénie pour la questionner, et qu’il espérait bien que, durant ce temps, ses compagnons d'infortune réussiraient à trouver une solution pour lui permettre d’échapper à ce mariage qui ne lui faisait nullement envie, le visage de son ami ferrailleur s’illumina soudain.
“Ah bah oui, oui, on va faire ça ! Hein les gars ! s’exclama-t-il. Comment ? Jostoph ! Je sens que t’as des idées !
- Bon, y a peut-être un coup à tenter au niveau de Timin, admit ce dernier, et en tout dernier recours on peut envoyer un signal à Dame Hermine, et faire débarquer les Glaives. On en profitera pour s’éclipser.
- Ce serait bien si on pouvait éviter ! intervint le Duveteux. Si on arrive à créer du lien avec la pomme rouge, peut-être qu'ils pourront nous donner des informations plus tard. Et puis, moi je les aime bien, ils sont gentils … ajouta-t-il.
- Gabriel, va vraiment vraiment vraiment falloir qu’on mette les choses au point ! glissa Caïn, un peu inquiet de voir que son ami était toujours aussi naïf.
- Tant d'innocence et de machiavélisme dans une seule personne, soupira Jostoph, éberlué.”
Après que Corvus leur eut appris ce que lui avait confié Dekür, et que Jostoph lui ait proposé d’en faire sa cavalière pour le mariage (non sans un certain amusement), Gabriel déclara qu’il était temps qu’il rejoigne Eugénie.
“Je vais le rejoindre; trouvez un plan et sortez-moi de là les copains !”
Et il entra dans la chambre d’Eugénie, après avoir rencontré quelques difficultés pour ouvrir la porte, la poignée étant différente de ses habitudes. Restant dans le couloir, ses compagnons en profitèrent pour élaborer un plan: si Üria et Dekür n’avaient pas l’air de faire grand cas du mariage, il y avait cependant assez clairement un coup à jouer au niveau de Timin. Ils avaient très certainement assez de temps devant eux pour allumer la mèche ! Dès que Dekür à la demande de Corvus, leur eut indiqué la direction des appartement de Timin, ils allèrent y toquer … pour se retrouver nez à nez avec deux gardes Darah manifestement pas disposés à les laisser entrer.
“Notre Père ne veut pas vous parler !
- Il en va de l'honneur des Beriache ! leur opposa Jostoph. Vous ne pouvez pas votre lignée être éclipsée comme ça !
- Il me semble pourtant que c'est bien votre groupe qui est en train de venir et de poser problème à notre lignée ! répliqua le garde.
- Mais enfin ! Vous imaginez bien que notre camarade a eu la main forcée par Lufta: cela fait des années que ce cancrelat envie Timin ! s’enflamma le barde. Il a tout simplement trouvé le moyen de lui planter un couteau dans le dos et il s’en est saisi ! Et songez bien qu’il avait tout calculé: la réaction de Timin va coûter aux Beriache leur place au sein de la Pomme Rouge, pour mieux être remplacés par les Kätz, c’est évident !”
A ce discours, les gardes s’entre-regardaient régulièrement, et l’un d’eux finit par articuler, comme réfléchissant encore:
“C’est vrai qu’il y a toujours eu de l’eau dans le gaz entre ces deux-là … Luftha était toujours à suivre Timmy, mais... On sentait bien qu'il y avait quelque chose qui sentait pas bon là-dessous !
- Lufta a loufFé trop fort cette fois ! glissa Jostoph.
- Bien envoyé ! lui glissf un garde.
- Vous devriez peut-être placarder ce genre de truc un petit peu partout, déjà ! leur suggéra le barde.
- Très bonne idée ! En attendant, je vais voir ce que je peux faire pour vous. Vous avez raison, on devrait peut-être pas se laisser éclipser par les Kätz …”
Et il se faufila dans la pièce. Quelques secondes plus tard c’est Timin lui-même, regard noir et verre d’alcool à lma main qui vint leur ouvrir.
“Les amis de mon frère me veulent quelque chose ? demanda-t-il, peu amène.
- On a besoin de votre aide, et vous avez besoin de la nôtre, lui affirma le barde.
- Je ne suis pas sûr de vous suivre, je ne vois pas à quel moment j'aurais besoin de l'aide de personne comme vous, cracha le Darah avec un reniflement de dédain.
- Si ça ne vous embête pas, faites qu'on discute à l'abri des oreilles indiscrètes, notamment les oreilles de Katz qui pourraient traîner de ci de là, proposa Jostoph.”
S’il fallut encore argumenter un peu, Timin finit par les laisser entrer, non sans lancer un “Et attention où vous mettez vos sabots vous, les tapis sont tout neuf !” en allant se resservir un verre.
“Une saine réaction, commenta Jostoph, manifestement amusé.
- Il n’y a que ça qui soit adapté à la situation. Mon propre petit frère, la chair de ma chair ! Je m’étais toujours attendu au pire de sa part, mais me voler ma proie comme ça ! pesta-t-il, faisant tiquer Caïn.
- Il nous a volé notre compagnon, comme à vous ! argua le barde, pas déstabilisé.
- Vous m’en direz tant, ironisa Timin. Et donc vous venez discuter pour trouver une solution ?
- Oui, il nous semble que les choses vont un peu vite … commença Caïn.
- Vous savez, on a remarqué tout de suite qu'entre vous et votre frère, il y avait des trucs pas très nets ! Il a l'air de vous suivre, mais en même temps, clairement, il est envieux: ça se voyait qu'il avait de l'ambition, qu'il était dévoré par la jalousie et qu'il rêvait de prendre votre place ! démontra Jostoph. Et là, je pense que ce soir, il a trouvé l'occasion parfaite … On est passé à côté de lui et de suite, il a abordé notre camarade. Avec ces talents que vous avez, vous autres, Darahs, qui sont, ma foi, parfaitement admirables, vous imaginez bien qu'il l'a fait craquer de suite ! Immédiatement, il a vu l'occasion de vous faire du mal, de vous planter un couteau dans le dos … mais ça, vous allez quand même pas le laisser faire !
- Je n’aurais jamais cru que lui qui me suivait comme un petit chiot se retournerait et me mordrait ! pesta Timin. Enfin, je ne pense pas qu’il ait l'étoffe d’un leader …
Ce qui me pose problème, c’est la morsure, le couteau dans le dos !
- C’est important d’apprendre au chiot qui vous a mordu de vous respecter, sinon il continuera à vous mordre de plus en plus fort ! suggéra le barde avec un sourire.
- Vous avez des idées ? demanda Timin, manifestement toute ouïe. Parce que j'apprécie tout particulièrement le genre d'idées que vous proposez actuellement.”
Jostoph lui proposa alors de s’opposer au mariage au moment fatidique, arrivait alors suspendu à un rideau pour interrompre la cérémonie et voler au secours de Gabriel, attrapant le Duveteux pour le hisser loin de cette union. Ainsi, ils pourraient mettre Gabriel à l’abri.
“C’est très beau tout cela, mais … m’attaquer à mon frère pendant son mariage ? Je vous avoue que je n’ai pas eu besoin de vous pour y penser. Quant à mettre Gabriel à l’abri, je préférerais personnellement garder cette friandise près de moi. Mais allons-y, imaginons que nous fassions ce que vous proposez, admit-il, se resservant un verre. Une fois votre petit ami extradé du mariage, vous vous enfuyez la queue entre les jambes comme les grands héros que vous êtes et on ne vous revoit plus jamais ici, c’est bien ça ? ironisa-t-il. Mais pourtant, nous allons être amenés à nous revoir, n’est pas ? J’ai cru comprendre par votre cher ami que nous avions des … fréquentations communes. Alors, dites-moi,de quel groupe faites-vous partie, parmi les nôtres ?”
Sentant l’étau se resserrer, les aventuriers échangèrent un regard. Puis:
“Ce ne sont pas des informations que nous pouvons dévoiler au premier venu, opposa Corvus.
- Ah ? Et moi qui croyais que nous étions en plein échange de bons procédés et gagnions la confiance des uns des autres ! Ce n’est pas ce à quoi je m’attendais, me voilà déçu. Enfin, peu importe, nous n’avons pas besoin d’être amis, n’est-ce pas ? conclut-il avec un sourire carnassier. Partenaires temporaires cela suffira j’imagine.
- En fonction de comment ça se passe ce soir, je pourrais peut-être réécrire une petite balade sur comment les Beriaches ont repris le pouvoir ! proposa Jostoph. Alors évidemment, je ne mettrai pas forcément les noms, il faut quand même garder un petit peu le secret, un petit peu le mystère, mais …
- Je préférais me passer d’une ballade écrite par vous, je craindrais qu’elle ne soit un peu vulgaire pour nous, l’interrompit le Darah en le toisant, méprisant.
- Roh, allez, même vous, vous savez que vous aimez ma musique, le taquina le barde. Hein, vous le savez, hein, hein ?
- J’ai vu et entendu pire barde, admit Timin. Celui de ma mère, entre autres, que je préférais ne jamais revoir ! Non pas qu'il s’en souvienne, Mère y a veillé. Je ne sais pas qu’elle lui trouve … Enfin, bref, à choisir, je préfère en effet que ce soit vous que cet … Alphine, conclut-il dans un soupir.”
A ce nom, les aventuriers échangèrent un regard amusé.
“Enfin, revenons à nos Menomeurs. Imaginons que vous partiez avec votre ami et que je me batte à mort avec mon frère. Suite au mariage, l'un d'entre nous meurt dans de terribles souffrances. Ce serait grandiose, évidemment, mais je n’en sors jamais grand gagnant, même si c’est mon frère qui périt: j’y perds mon lieutenant, après tout, constata Timin.
- Et qu'est-ce qui pourrait vous convaincre de vous lancer dans ce plan, du coup ? lui demanda le centaure.
- Oh, juste une petite faveur de rien du tout. Rien de trop grand, qui qui ne puisse vous mettre en danger ou blesser qui que ce soit évidemment … Un simple pacte de sang, et vous me donnez un coup de main quand j’en ai besoin glissa-t-il dans un sourire.
- Ça consiste en quoi exactement ? On vous donne notre sang et on ne peut pas aller à l'encontre du pacte qu'on a fait ? s’enquit Caïn.
- … Sinon la mort dans d’atroces souffrances, bla, bla, bla. Quelque chose du genre, oui, acquiesça Timin, toujours souriant.”
Très vite, Jostoph tenta de détourner cette idée, faisant mille propositions à Timin. Il était barde de terrain, que diable, et fort habitué à gérer des papiers par exemple, et pouvait lui faire sa comptabilité, ou sa déclaration aux impôts. Pourtant, le Darah refusa chacune de ses idées, jusqu’à ce que …
“C’est d’accord. C’est moi qui passerai le pacte, intervint Caïn.”
A ces mots un immense sourire étira les lèvres de Timin, alors que Jostoph se tournait vers son compagnon, tout en l’enguirlandant copieusement mentalement malgré un grand sourire de façade:
“Mais enfin, t’es malade, qu’est-ce que tu fais ?
- Il y tient à son pacte, on ne récupèrera pas Gabriel sinon ! Il est sous ma responsabilité, c’est moi qui ferai le pacte. Qu’est-ce que tu veux faire de toute façon ?
- J'ai techniquement encore une armée qui attend de débouler dans cette taverne !
- Tu veux vraiment faire débarquer les Glaives ici ?
- Ecoute, s’il n’y a pas le choix …
- Ce n’est qu’une faveur, Jostoph, ce sera sans doute quelque chose dans mes cordes de toute façon.”
Et à ces mots, Caïn déposa la main dans celle que lui tendait Timin. Alors, le Darah porta le poignet du Tarima à sa bouche, et il planta ses crocs. Dans un frisson, Caïn sentit qu’il aurait suffi d’un instant pour que quelque chose se répande en lui, mais déjà, Timin relâchait sa main.
“Evidemment, je ne voudrais pas vous assécher. Marché conclu, messieurs ! Attendez-vous à une grande bataille ce soir ! clama-t-il tout en leur désignant la porte sans se départir de son sourire, manifestement beaucoup plus guilleret qu’à leur arrivée.”
Ils sortirent alors que le Darah se resservait un verre. A l’extérieur, alors qu'une autre porte s’ouvrait, Caïn demanda à ses compagnons de ne rien dire à Gabriel à propos du pacte de sang: il ne voulait pas que leur compagnon s’inquiète, ou se sente redevable, tout ce qui comptait était de le sortir de là. Acquiesçant, Corvus lui tendit un bandage afin de cacher sa plaie.
Le Duveteux, de son côté, avait été sommé par Eugénie de se déshabiller: comme c’était la tradition, il n’avait pas le choix et s'exécuta, en profitant pour lui demander s’ils chamboulaient assez les choses à son goût. .
“C’est très bien, c’est même parfait ! répondit-elle. Je comptais justement en parler avec vous. Non, non mais non, mais pas ça ! s’interrompit-elle en le voyant se déshabiller intégralement. Roh chéri vous êtes terrible, gardez le bas, enfin le dessous !” dit-elle en mettant sa main devant ses yeux.
Alors que Gabriel renfilait ses sous-vêtements, elle se dirigea vers sa commode, dont elle sortit ce qui semblait être des peaux avec des huiles, dans lesquelles elle trempa ses mains. Elle lui fit signe de s’asseoir et alors qu’il s'exécutait, elle passa derrière lui, et commença à lui masser les épaules.
“Du coup, vous avez eu le temps de vous renseigner sur la question que je vous ai posée ? lui demanda-t-il.
- J’ai besoin d’encore un peu de temps, et je voulais justement en parler avec vous, lui répondit-elle. Désolée de répondre à votre question par une autre question, mais, est-ce que vous comptez vraiment vous marier à Lufta ?
- Est-ce que cela est vraiment important ? commença à paniquer Gabriel.
- Oui, ça l’est tout particulièrement.
- Est-ce que vous accepteriez réellement qu’il m’épouse ? demanda alors le Duveteux.
- Eh bien, si vous l'épousez, vous ferez partie de la famille. Cela vous imposera un jour, peut-être pas aujourd'hui, sauf si vous le souhaitez, peut-être pas demain, mais plus tard, de devenir l'un des nôtres et je serais très heureuse de vous compter parmi les membres de ma famille pour tout vous dire, lui confia-t-elle. Vous avez répondu avec une vitesse et des techniques impressionnantes à ma demande de mettre un peu de sel dans la vie de la Pomme Rouge. Si vous faites partie de la famille, peut-être que je pourrais vous confier quelques petites choses de plus que je n'aurais pas tendance à dire à qui que ce soit d'autre. Peut-être que vous seriez intéressé par le fait d'avoir la milice personnelle Kätz à vos ordres, après tout, c’est la place que vous briguez si vous vous mariez à Lufta.
- C’est à dire que … On travaille bien en équipe avec mes camarades. Tout seul, je ne suis pas sûr de valoir grand chose … bafouilla-t-il tout en continuant à être massé et sans pour autant se détendre, ayant la désagréable sensation d’être un gigot que l’on prépare.
- Oh... En tout cas, ce serait vraiment un heureux événement de vous avoir dans la famille, mon chéri, mais si vous ne souhaitez pas rester, c'est vous qui décidez. Si vous souhaitez cependant continuer, malgré votre statut marital, à courir les rues et mener à bien vos objectifs, je pourrais intercéder dans la discussion avec mon fils pour qu'il vous laisse…”
Interpellé, Gabriel se retourna. Pourrait-il divorcer, s’il acceptait ? A cette proposition, Eugénie soupira. La mère sembla prendre le relais de la stratége lorsqu’elle lui expliqua qu’au vu des sentiments que semblait ressentir son fils, qu’ils soient réels ou induits comme le lui avoua Gabriel, elle voulait lui éviter toute souffrance. Ainsi, elle préférait que Gabriel, s’il n'aimait pas Lufta et ne comptait pas rester à ses côtés, refuse immédiatement l’union, comme un pansement que l’on arracherait, plutôt que lui créer de faux-espoirs. Evidemment, cela amplifia encore le déchirement du Duveteux.
“Madame Eugénie, commença-t-il, avant de se raviser et de lui demander: Puis-je vous appeler Maman ?
- Oui mon chéri, allez-y.
- Maman, est-ce que ce mariage serait vraiment bénéfique pour votre famille ? N’y perdrions nous pas tous au bout d’un moment ? lui demanda-t-il, sincèrement concerné.
- Si jamais je vous disais que cela serait bénéfique et vous démontrais en quoi, envisageriez-vous de continuer ? lui demanda-t-elle.”
La curiosité de Gabriel piquée, elle entama pour lui un grand récit, tout en le drapant dans de grands voiles blancs après s'être lavé les mains.
“Ce que je vais vous dire là, reste évidemment entre nous. Seuls les Né-Darahs les plus haut placés connaissent ce que je m'apprête à vous raconter. Mon petit, avez-vous déjà entendu parler de ce qu’a été l’Ombre, et de la Guerre de l’Ombre, même si nombreux sont ceux qui diront qu’il s’agit de contes ? Eh bien, avant guerre de l’Ombre, avant l’Ombre, les Darahs n’existaient pas. Nous sommes... Comment dire ça ? Nous sommes le produit de... Je ne sais pas si nous pouvons parler d'une expérience, d'un heureux hasard, mais… En tout cas, ce sont des pouvoirs conférés par l'ombre à l'un de ces lieutenants qui a donné naissance aux Darahs. Ce sont ces pouvoirs extrêmement puissants qui ont donc été capables de créer une nouvelle branche. Plusieurs d'entre nous tiennent à honorer la créatrice, honorer celle qui a formé notre branche, qui nous a donné naissance, pas forcément en suivant les idéaux qui étaient véhiculés il y a de cela des siècles, mais chacun à notre façon.
- … Ça veut dire quoi ? s’enquit Gabriel, sous le choc.
- Ça veut dire qu’à mon tour j’essaie ici de créer une nouvelle branche. Pour honorer la façon dont nous sommes apparus sur Elysion, je voudrais faire de même. C’est ce en quoi consistent les missions de mes petits: ils m'apportent ce dont j’ai besoin pour donner naissance à cette nouvelle branche, et je pense que votre union potentielle avec Lufta pourrait créer assez de mouvement pour me permettre d’accéder au but, conclut-elle. J’aimerais que nous collaborions à ce propos, et vous avoir dans la famille serait un vrai plus pour que je sois totalement ouverte à collaborer avec vous. Je vous dis ça pour vous convaincre, mais le choix reste vôtre, évidemment.”
Le sourire doux sur son visage avait tout pour inspirer confiance, mais Gabriel restait tiraillé: que pourrait-il bien leur apporter, par les Grands Rois ?
“Gabriel, j’ai cru comprendre que vous aviez un lien d'une façon ou d'une autre avec les amis de l'un de mes fils ?
- Oui, couina Gabriel, soudain très inquiet.
- Puis-je me permettre de vous demander quel est-il, ce lien ? Êtes-vous des alliés, des ennemis, des partenaires temporaires ?
- Ça dépend des jours, y a des jours où on est copains, y a des jours où on est pas copains, éluda le Duveteux.
- Je vais avoir besoin d'une réponse plus … stable que ça, s’amusa Eugénie.
- Bah c'est-à-dire qu’au départ on s'entendait bien ! puis j’ai été torturé et on s’est moins bien entendus … Et là on en est à un stade de neutralité je suppose ? réfléchit-il à haute voix.”
Sa réponse amusa manifestement la Darah qui lui révéla qu’elle en était au même stade de neutralité avec les Fils d’Hadès. Elle avait besoin de ce qu’ils avaient aussi envisageait-elle de s’associer avec eux afin de pouvoir faire main basse sur ce qu’ils convoitaient. Cependant, s’il lui était possible de le prendre par la force, alors elle était d’autant plus intéressée. Gabriel, pourtant, ne parvenait pas à se décider. Il décida alors de tenter d’avoir un peu plus d’informations sur ses doigts colorés, ce qu’elle lui promit s’il décidait de collaborer avec elle: après tout elle lui avait déjà donné beaucoup d’informations et montré plus que patte blanche, qui pourrait lui en vouloir d’avoir encore quelques secrets ? Puis, elle lui signala qu’il était prêt et l’invita à se mirer.
Gabriel se découvrit alors vêtu d’une sorte de toge vaporeuse et blanche, qui le mettait en valeur d’une manière qu’il n’aurait jamais imaginée.
“Madame Maman, je suis très beau, et ça m’inspire confiance.
- Ah !
- Mais …
- Ah.
- J’ai peur pour mes amis.
- Peur qu’il leur arrive malheur ici, ou peur qu’il leur arrive malheur dehors ? s’enquit-elle.”
Le Duveteux exposa alors ses craintes, et après qu’elle lui eut juré de garantir sa sécurité et celle de chacun de ses amis dans la limite de son pouvoir dans La Pomme Rouge et à l’extérieur, il accepta sa proposition d’alliance, ce qui prit la forme d’un baiser d’Eugénie sur la main de Gabriel. Pourtant, lorsqu’Eugénie lui demanda s’il comptait, de fait, épouser son fils, Gabriel éclata soudain en larmes. Immédiatement, celle-ci le prit contre elle, lui caressant doucement la tête afin de le réconforter alors qu’il lui expliquait qu’il ne pouvait pas se décider ainsi: il avait besoin de temps, pour pouvoir réfléchir. Et puis, s’il en savait plus sur cet étrange phénomène autour de ses doigts, cela ne pourrait que l’aider, enlevant un peu à sa confusion ! Dans un soupir, Eugénie prit la parole.
“Cela s’entend, mon petit. séchez vos larmes, et venez avec moi. Je ne pense pas que cela répondra à toutes vos questions, mais… je vous montrerai la réponse que je peux vous apporter pour le moment. Au moins, vous aurez une information en plus et nous chercherons les autres ensemble.”
Et c’est ainsi qu’en ouvrant la porte afin de sortir dans le couloir, ils arrivèrent sur Jostoph, Caïn et Corvus, qui sortaient de chez Timin.
“Fichtre, Gabriel, tu es magnifique ! s'exclama Jostoph en l’apercevant.
- Merci Jostoph !
-Oui magnifique, c’est le mot, maugréa Caïn.
- Merci Caïn.
- Approchez, vous aussi, approchez donc, leur dit Eugénie en les faisant entrer dans la pièce centrale. Voulez-vous descendre par vous-même, ou voulez-vous que je vous aide ? demanda-t-elle en passant un pied par-dessus la balustrade.”
Du fond du puits, un bruit entre le sifflement et le raclement se fit entendre. Peu à peu, des os, sans doute une partie de cage thoracique, apparurent, lévitant du fond de l’arène pour venir se poser sous le pied d’Eugénie qui s’y appuya. Peu à peu, d’autres plateformes apparurent alors que la Darah regardait vers le bas. Si Gabriel décida d’utiliser ses ailes pour atteindre le fond du puits, ses compagnons empruntèrent l’escalier en colimaçon qui s’était matérialisé. Le long de la descente, Gabriel tint la main, puis le bras de Caïn.
Une fois en bas, les morts-vivants s'écartèrent doucement pour les laisser passer. Abominations, boursouflures, amputés, osseux, charognes, tout cela faisait du bruit, un sacré remue-ménage, mais bien moins que les os qui leur avaient servi d’escaliers qui retombaient en pluie de craquements, certains se brisant sous le choc. Les menant à travers l’arène, vers les bords de celle-ci, cachés par les balcons, Eugénie prit la parole:
“Avant la Grande Brisure, avant que le monde ne change, il y a quelques écrits qui sont restés de...pratiques qui pouvaient être considérées comme barbares. Dans certains pays, on mettait des insectes empoisonnés dans une urne, puis on les laissait se dévorer les uns les autres. Alors, le dernier survivant qui avait dévoré tous les autres et avait survécu était l'épitome du poison que vous recherchiez, et plus il y avait d’insectes venimeux, plus cela était vrai. Je ne sais pas si c’est vrai, ou si cela fonctionnait, évidemment, mais c'est un peu en inspiration de ces traditions que j'ai monté cet endroit tout en bas,” expliqua-t-elle en désignant l’arène d'un geste. “Mon idée était simple: qu'en mettant les uns contre les autres des revenants sur un temps aussi long que possible, j'osais espérer que quelque chose finirait par arriver au dernier survivant. Et, contrairement à tout ce que j’imaginais, c'est même le plus petit, le plus faible et le plus frêle qui a fini par avoir droit à quelque chose, et c’est là que votre question entre en scène, Gabriel.” conclut-elle avec un sourire, alors que d’un geste du bras, elle faisait s’ouvrir une grande porte d’os.
Dans cette pièce, il y avait des morts-vivants, au repos, mais tous un peu agressifs. Certains restaient près des murs, d’autres dans leurs cages, mais nombreux étaient ceux qui se cognaient la tête contre les murs ou le sol, certains claquaient des dents, ou se servaient de leurs propres os pour faire du bruit. dans cette cacophonie, tout seul dans un coin, fixant le mur, un petit squelette assis et silencieux.
“Mon petit ?”
A cet appel d’Eugénie, il releva la tête, la tourna vers eux, puis se leva et vint les rejoindre, dévoilant un physique absolument pas impressionnant, et un air étonnamment doux, surtout pour un squelette.
“Monte ta main, pour voir.” lui demanda Eugénie en douceur.
Après une légère hésitation, il leva sa main. Les aventuriers y découvrirent alors un pouce rouge, et un index vert, identique aux leurs, à l'exception que c’était l’os directement qui était coloré. Sans plus réfléchir, Jostoph tenta d’entrer en contact télépathique avec l’étonnante créature. Sans aucune difficulté, il parvint à se glisser dans son esprit, découvrant avec surprise un être sentient, avec une conscience primitive, embryonnaire, mais présente.
“Salut !” lui dit le barde, mentalement.
Aucune réponse dans l’esprit du petit être, mais … “Clac clac” firent ses dents. Jostoph, se demandant si c’était bien là la réponse qu’il imaginait, projeta dans l’esprit du squelette une image de lui-même avec un air gentil, lui faisant coucou de la main. Et là, le squelette leva la main, et lui rendit son salut. Laissé sans voix par cette réaction, Jostoph entrouvrit la bouche alors que le squelette se rapprochait d’Eugénie à qui il prit la main, tout en faisant tout à coup coucou à Corvus, lui montrant ses doigts, lequel lui répondit alors que Jostoph intimait l’image au petit squelette de Corvus qui donnait un grand coup de sabot alors qu’on passait derrière lui, tout en lui montrant qu’il ne fallait surtout, surtout, surtout pas faire ça.
“Clac clac.”
Puis, il se tourna vers Caïn et Gabriel, à qui il fit également coucou en montrant ses doigts, ce à quoi les compères répondirent, tout en se resserrant l’un contre l’autre de l’autre bras. Corvus comme Jostoph avaient la conscience aiguë d’être possiblement face à une nouvelle forme de vie, différente des Revenants, différente des Revenus, une nouvelle Branche. Et cette nouvelle forme de vie faisait à présent un câlin à Eugénie, qui lui frottait le crâne doucement.
“Madame Eugénie, c'est vous qui l'avez créé ou il a fini par apparaître ici ? finit par s’enquérir Jostoph.
- C'est moi qui l'ai réveillé d'entre les morts comme les autres ici présents, mais par contre, ce semblant de vie, cet esprit naissant...Ce n'est pas de mon fait, et c'est venu avec les couleurs au bout de ses phalanges: ça lui a donné une conscience. Je ne sais pas quel est ce mélange de magie, je ne sais pas ce qui s'est passé exactement, mais c'est la chose la plus proche du début d'une nouvelle Branche qui ait foulé le sol de la Pomme Rouge à ce jour. Pour l'instant, je ne lui ai pas donné de nom, précisa-t-elle, mais je voulais vous le présenter. Il est lui-même comme vous visiblement affecté par cette magie, et je pense qu'en apprendre plus sur cette magie, et sur lui, permettra peut-être de comprendre ce qui se passe.”
Un instant, la Darah eut l’air d'hésiter, regardant la créature, puis elle ajouta:
“Et puis, pour être tout à fait honnête, et puisque vous avez parlé du fait de vouloir continuer à barouder en extérieur, très honnêtement … J'aurais aimé que vous l’ameniez avec vous, loin de la Pomme Rouge, loin des Darahs, et...J’aurais voulu qu'il découvre l'extérieur. Il passe son temps à fixer les murs, ici, et il a l'air plein d'un ennui très profond … ça me peine de le voir comme ça.”
Sous le choc de ces révélations, les aventuriers ne réagirent pas immédiatement, malgré les “coucou” de la main à répétition du petit être. Puis, le barde du rendit son salut, et lui serra la main, que le squelette serra en retour alors que Caïn faisait de son mieux pour ne pas vomir.
“Est-ce que tu as un nom, mon grand ? lui demanda Jostoph.
- Clac clac.
- C’est pas bien pratique ça, clac clac. Eh claquette ça sonne mieux !
- Je m'étais dit que peut-être il choisirait lui-même son nom, mais… s’interposa Eugénie.
- Clac clac.
- … Si Claquette lui plaît je …
- Ça te plaît ? lui demanda Jostoph.
- Clac clac.”
Cela pouvant tout et rien dire, ils décidèrent de le baptiser Claquette, au moins provisoirement, pour des raisons pratiques. Puis, Corvus se tourna vers Eugénie.
“Les autres résidents de la Pomme Rouge sont-ils au courant de son existence ? lui demanda-t-il. Et pourquoi voulez-vous que nous l’emmenions ?
- Personne n’est au courant, non, et c’est justement pour cela que j’aimerais qu’il parte avec vous, aussi déchirant que ce soit pour moi, lui répondit la Darah. Je préférerais qu'il s'éloigne des influences de la Pomme Rouge, et qu'il découvre le monde de façon plus... naïve, disons, qu'il voit vraiment l'extérieur, pas juste ce que nous avons envie de lui montrer. Vous cherchez vous-même à comprendre ce qui vous arrive et peut-être que lui-même comprendra petit à petit ce qui lui arrive grâce à vous ? Cela fait environ un mois qu’il est éveillé, mais son apprentissage est rapide.”
Les compagnons s’entre-regardèrent: un mois, c’était pile la durée depuis laquelle ces étonnantes couleurs étaient apparues sur leurs doigts, pile le temps depuis leur première crise et cet éveil dans les Plaines … Dans son sac, Jostoph prit des castagnettes qu’il tendit à Claquette, tout en lui envoyant une image mentale de comment faire des castagnettes.
“C’est comme clac clac, mais avec les mains. Essaie !”
Et en effet, Claquette essaya, dans un flagrant manque de rythme qui suffit à mettre des étoiles dans les yeux de Jostoph, définitivement fasciné.
“On va voir le monde ! Je vais lui apprendre la musique, à ce petit ! s’exclama le barde, qui avait alors tout oublié du mariage et de la dette de sang envers Timin, et même tout oublié des Fils d’Hadès, de Philomène, de leur mission.
- … Je suppose que cela veut dire que vous êtes d’accord ? demanda alors Eugénie. Tu vas beaucoup t’amuser mon petit ! ajouta-t-elle à l’adresse de Claquette.
- Je pense que vous n'auriez pas proposé, j'aurais demandé, lui avoua Jostoph, et vous n'auriez pas voulu, j'aurais échafaudé un plan pour l'embarquer quand même.
- Très bien, je vous aurais retrouvé, je vous aurais éviscéré pour m'avoir enlevé mon petit, mais on aurait fait comme ça, lui répondit Eugénie dans un sourire.
- Quelle conversation amusante ! intervint Caïn, manifestement tendu devant la tournure des choses.
- Qui ne ferait pas de même ? plaisanta Jostoph, nettement plus détendu que son compagnon. Ça aurait été une superbe course poursuite ! Si vous voulez j'aurais même pu chanter une petite chanson en honneur de cette histoire avant de me faire éviscérer !
- Ils sont pas très normaux nos nouveaux amis, glissa discrètement Gabriel à Caïn tout en lui serrant la main.”
Ils arrivèrent très vite à un accord: il faudrait déguiser Claquette, afin qu’il ne déclenche pas de panique, mais les aventuriers partiraient bel et bien avec lui. De son côté, Eugénie se chargerait d’expliquer à Lufta que la fête ne serait qu’une fête de fiançailles, Gabriel ayant besoin du temps. Le Duveteux était chargé de transmettre sa réponse définitive le plus rapidement possible à Eugénie, avec qui il pouvait dorénavant communiquer par télépathie grâce à l’anneau à son doigt, et ils partiraient après la fête. Alors qu’Eugénie reformait l’escalier d’os, Jostoph envoya à Claquette une image où il les suivait. Celui-ci se plaça alors entre Eugénie et Corvus, faisant clairement très attention à ne pas passer derrière le centaure, ce à quoi Jostoph réagit en lui envoyant une image mentale de lui, deux pouces en l’air avec le sourire. Et Claquette reproduisit ce geste, ses orbites vides braqués sur Jostoph, avant qu’ils ne montent.
Et peu à peu, ils gravirent les étages, quand soudain un darah ivre restant à un balcon les interpella:
“Ah il a gagné le gros lot ce squelette !”
Eugénie se tourna alors vivement vers lui, et le foudroya du regard. Puis, d’une poche, elle sortit une poudre, qu’elle souffla sur le malheureux, lequel bleuit soudain et s’effondra, mort.
“Il est … couina Caïn, complètement paniqué.
- Mort. Mais seulement pour quatre heures, ne vous en faites pas ! Vous le reverrez sans doute, lui expliqua Eugénie en toute décontraction avant de continuer à monter.”
Une fois en haut, Eugénie leur confia Claquette, comme promis, et leur proposa de se reposer en attendant la fête. Avant qu’elle ne les quitte pour rejoindre sa chambre, Gabriel lui dit:
“Merci, Maman Eugénie.
- Avec plaisir, mon chéri, lui répondit-elle en lui passant une main sur la joue.”
Evidemment, aucun d’eux ne se rendit compte que Caïn s’étouffait à chaque mot. Il était cependant temps pour Gabriel d’expliquer à ses compagnons tout ce qu’il avait appris, mais avant cela, le Duveteux demanda à un des Darahs de faction de leur apporter de la nourriture dans leur chambre: après tout il ne fallait pas que le fiancé s’effondre d'inanition en pleine fête ! Les deux hommes, des Kätz, partirent au trot, alors que Corvus, sorti dans le couloir et ayant aperçu Dekür demanda à Jostoph d’amener Claquette. C’est donc tous les aventuriers qui suivirent, assistant à cet échange, un peu intrigués par cette fille qui aimait tant Corvus et faisait le même gabarit que le petit squelette.
“Dekür, je voulais te présenter le petit bonhomme qui est là. C’est un peu ton demi-frère.” lui dit Corvus.
Claquette se planta devant la Darah, et lui fit coucou de la main en lui montrant ses doigts colorés, alors qu’elle le toisait de haut en bas. Puis, elle se tourna vers Corvus, pas intéressée pour un sou par le squelette.
“Vous avez d’autres histoires à me raconter ? lui demanda-t-elle.
- Eh, il est plus intéressant que vos frères actuels ! protesta Jostoph.
- C’est pas très difficile, répliqua-t-elle, toujours aussi neutre.
- Dekür je veux bien te raconter une histoire, reprit Corvus, mais je vais avoir besoin d’aide pour trouver des vêtements pour Claquette.
- D’accord.”
Et c’est ainsi que Corvus lui raconta l’histoire d'un croque-mitaine aux cheveux blancs, Dekür (et Claquette, à qui Jostoph traduisait cela en images mentales), pendus à ses lèvres. Lorsqu’il eut terminé, la Darah regarda Claquette.
“Je vais avoir des vêtements pour lui, attendez une seconde.”
Puis, elle partit au trot. Deux minutes plus tard, ils entendirent des bruits de choc dans l’escalier, puis virent émerger Dekür, ou plutôt, les pieds de Dekür derrière une armoire.
“Servez-vous, moi je ne porte que des robes blanches, ça c’est des cadeaux de Maman.”
Après l’avoir remerciée, ils choisirent parmi toutes les tenues sublimes, d’excellente facture et témoignant de nombreuses époques traversées contenues par l'armoire, une longue cape noire à capuchon, ainsi qu’une écharpe colorée et des gants pour Claquette, à qui ils enfilèrent également un loup afin de finir de masquer son visage. Ainsi dissimulé, il passait pour en adolescent maigrelet, et non plus pour un squelette animé.
“Merci encore Dekür. Tu as besoin d’aide pour redescendre l’armoire ? lui proposa Corvus.
- Non. dit-elle, repartant au trot avec son armoire.”
Ils entendirent quelques chocs dans l’escalier, signe que le meuble se cognait aux angles, mais cela cessa assez vite. Les aventuriers descendirent alors dans leur chambre où les attendait un repas qu’ils partagèrent en partageant le récit de tout ce qui leur était arrivé et en tentant de remettre les choses à plat.
“Tu n’as pas envie de devenir un Darah je suppose ?” finit par demander Caïn à Gabriel pendant que Jostoph tendait un verre d’eau à Claquette.
Alors que Claquette portait le verre à sa bouche, Gabriel secoua la tête.
“Dans ce cas, la question est réglée, tu ne deviendras pas un Darah.” conclut Caïn alors que l’eau traversait la cage thoracique de Claquette, formant une flaque au sol.
“On s’est quand même bien mis dans la merde, commenta Caïn juste avant qu'on vienne les chercher.
- On va grave s’en sortir, Eugénie a dit qu’on pouvait partir avec Claquette ! répliqua Gabriel.
- Oh bah oui, alors, si on peut partir avec Claquette, y a plus de problèmes !” ironisa le Tarima en sortant de la salle.
En montant fêter les fiançailles, passant entre les Kätz qui dansaient en claquant des doigts, vite imités par Claquette, Caïn se montra plus qu’acide dans ses tentatives de réconforter Gabriel, lequel vit très vite au visage malheureux de Lufta que sa mère près de lui lui avait annoncé la nouvelle.
“Mon ange, j’ai cru comprendre que vous deviez encore courir les routes …” soupira le Darah. “Je ne veux pas vous couper les ailes évidemment, nous nous marierons quand vous le pourrez.” conclut-il dans un soupir, attrapant les mains de Gabriel, et les serrant amoureusement, sans remarquer le rire de Jostoph devant ce jeu de mot involontaire.
Le barde tenta d’ailleurs d’expliquer à Claquette la raison de son hilarité, lui envoyant mentalement l’image d’un Gabriel sans ailes, et le barde riant à ses côtés. Cependant, le petit squelette attrapa une dague, et le barde se dit qu’il valait peut-être mieux attendre pour l’humour, décidé à ne pas quitter son protégé d'une semelle pour la soirée afin de s’assurer qu’il ne fasse pas de bêtises. Pourtant, entre deux claquements de castagnettes sans rythme, le petit protégé du barde avait aperçu des Darahs jouer au jeu du couteau, et il les imita, piquant entre ses doigts la dague, plutôt lentement, mais sans jamais se toucher (ce qui, admettons-le, était sans doute facilité par son absence de chair.).
La soirée quant à elle battait son plein. Une musique magique résonnait partout, et un grand banquet était à disposition des convives. Il fallait cependant noter que nombre d’entre eux préféraient se régaler des fameux “volontaires” ramenés par les Kätz: des Elysionniens, masqués, qui se laissaient lascivement sucer le sang.
“Ces personnes veulent rejoindre les Kätz, mon ange comme beaucoup. J'espère que, d'ailleurs, qu'un jour, quand vous le voudrez, ce soir même, si vous le souhaitez, nous pourrions faire de vous l'un des nôtres, mon ange, proposa Lüfta à Gabriel.
- Réservons ça pour notre nuit de noce, répliqua-t-il en lui caressant la joue. J’ai tant à régler dans ce monde …
- Oui, répliqua le Darah qui avait soudain un peu de mal à parler, très ému. je vous attendrai le temps qu’il faudra !”
Autour d’eux, des danses traditionnelles Darahs commençaient, avec des mouvements vifs ponctués de lancers de cimeterres et d'acrobaties qui fascinèrent un instant nos aventuriers. Très vite, Gabriel demanda à Lufta de lui montrer quelques mouvements, et l’amoureux éperdu s’exécuta sans s’offusquer des pieds du Duveteux qui écrasaient les siens à intervalle régulier et douloureux.
Jostoph, de son côté, surveillant toujours Claquette, s’était approché de ce qui ressemblait fort à du vin. Constatant cependant à l’odeur qu’il y avait des relents ferreux typiques du sang, il grimaça, et laissa son verre de côté.
“Bah vous goûtez pas le Vin de Minuit ? lui lança un Darah ivre près de lui
- Il est un peu ferreux à mon goût ! opposa le barde
- Eh mais c’est vrai vin hein, il est juste arrosé au sang et fermenté à la lumière de la Lune, protesta son interlocuteur.
- Vous en avez pas du pas coupé au sang ? demanda Jostoph, amusé.
- Bah euh non pourquoi on aurait ça ? répliqua l'ivrogne incrédule.
- Je me dirais bien, soupira Jostoph, en sortant de sa manche une flasque d’alcool de fromage dont il but une lampée. Vous en voulez ? proposa-t-il à son interlocuteur, qui accepta, avant de s'étouffer avec.
- C’est fort votre truc ! Kessecékça ? fit-il en toussant.
- Vous connaissez le Saint Hébert ? demanda Jostoph en souriant malicieusement. Bah c’est du Saint Hébert fermenté !
- Quoi ? Mais le Saint Hébert c’est du fromage, c’est déjà fermenté, jusqu'où vous allez pour que ça soit liquide ? s’ébaubit l’ivrogne.”
Après quelques échanges alcoolisés, dont une dégustation d’un Château SirJacques déniché par le Darah absolument immonde (objectivement le pire vin jamais goûté par Jostoph), le Darah, décidé à pouvoir apprécier cette liqueur fromagère, partit chercher du sang avec laquelle la couper et ne revint jamais.
Corvus, de son côté, dégustait les pommes très très rouges qui parsemaient le banquet, alors que Caïn chaperonnait Gabriel tout en luttant contre ses pulsions de chapardage (il réussit d'ailleurs à subtiliser quelques bijoux, y compris un collier à un volontaire qui se faisait lascivement sucer le sang dans le cou). Le pauvre Tarima écarquilla plusieurs fois les yeux durant la soirée, mais ils faillirent lui sortir des orbites lorsqu’un Kätz, portant un toast, appela Gabriel Beau-Papa.
Ses émotions n’étaient pourtant que fort peu intenses par rapport à celles traversées par Timin. Le frère de Lufta était arrivé au milieu de la soirée, le regard noir: il avait attendu longtemps une cérémonie qui n’était jamais venue, et s’était fait voler sa vengeance et la vedette !
“Quand le mariage aura lieu, je serai là.” marmonna-t-il à mi-voix.
Puis, un tonneau d’alcool subtilisé sous le bras, il tourna les talons, faisant claquer sa cape, ténébreux et ivre. On ne le revit plus de la soirée qui s’éteignit peu à peu alors que les Darahs, ivres ou fatigués, s'endormaient ou partaient dans les chambres.
Après avoir dit au revoir à Dekür, nos aventuriers, guidés par Eugénie, profitaient de ces moments pour prendre la poudre d’escampette. Ils descendirent donc retrouver le hall d’entrée par lequel ils étaient arrivés un peu plus de vingt-quatre heures plus tôt. Jostoph, sur le chemin, ouvrit malicieusement toutes les portes, riant sous cape de son méfait et bien peu intéressé par ce qu’elles pouvaient cacher.
Au moment de sortir, Claquette regarda sa mère, et lui fit un signe, deux pouces en l’air, avant de s’engouffrer dans le tunnel à la suite de Jostoph, se dirigeant vers la surface.
“C’était une sacrée aventure, les autres ne nous croiront jamais quand on leur racontera !” lança Caïn.
Peu à peu, l’air se faisait plus frais, plus vivifiant. Après une longue marche dans les tunnels des égouts, c’est une aube d’or et de lavande qui les accueillit dans les rues d’Hypnos.
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- Eclats d'émotions - La Ballade des cimetières - Chapitre 3 - Dans le temple
- Eclats d'émotions - La Ballade des cimetières - Chapitre 5 - Hadès et Kaïros
- Eclats d'émotions - Mourir pour des idées - Chapitre 4 - Dans les affres de la guerre au coeur des Plaines