L'épopée disparue [pv Senea]

Flake volait déjà depuis des jours, son plumage était sévèrement abîmé à cause de ses multiples assaut sur la tempête intraversable qui entourait à présent le dragon qu'était devenu son maître. Impuissant il s'était résigné au bout de longs mois ou année, il ne savait plus. Il volait droit devant lui, laissant la montagne dans son dos sans réellement savoir ce qu'il cherchait. Comme s'il confiait au vent le pouvoir de lui permettre de trouver la solution qu'il lui fallait pour pouvoir enfin retourner auprès de celui qui lui avait donné la vie. Volant la nuit, se reposant la journée, il manqua de peu de finir dans l'estomac de quelques prédateurs. Se reposant discrètement sur les navires qui voguaient toujours, sur ces flots. Quand il arriva en Hypnos finalement, il se reposait sur les toits, les plus hauts pour ne pas se faire attaquer par quelconque personne ou animal affamé. Après quelques jours à voler de nuit, il arriva finalement à l'académie, se rapprochant de la chambre qu'ils occupaient avant la guerre. Elle avait été évidemment réassignée. La tristesse de voir qu'ils avaient été oubliés, remplacés lui fit perler quelques petites larmes au coin des yeux. Il se remit alors à voler, laissant le hasard décider de la prochaine étape.

Quelques mois passèrent encore alors qu'il survivait tant bien que mal, la blancheur de son plumage avait été terni par la suie des cheminée et ses plume s'étaient abîmés au point qu'il commençait à avoir du mal à voler parfois. Un jour, alors qu'il était perché sur un toit au dessus d'une allée passante, il remarqua une silhouette connu... Celle d'une femme. Au moment où il déploya ses ailes pour aller la voir de plus près, un chat saisit dans sa gueule l'aile gauche du majestueux volatile. La douleur perçante et la chaleur du liquide rougeâtre qui tachait et se mélangeait avec la crasse accumulée le priva de la dernière choque qu'il pouvait faire s'envoler. Cet instant d'inattention allait lui couter la vie avant même qu'il puisse retrouver Snow. Flake se débattit autant qu'il pu, mettant tout les coups de becs qu'il pouvait sur son assaillant, celui-ci ne lâchait pas prise, poussé par la faim et enivré par le gout métallique du liquide qui lui coulait dans la bouche. Ils finirent tout deux par chuter une dizaine de mètres plus bas. Le chat avait alors lâché prise pour se rattraper sur une bordure plus haut alors que flaque lui tentait tant bien que mal de ralentir sa chute. Mais il les voyait, la moitiés des plumes de son aile blessée voletaient au dessus de lui. Il essayait de lutter contre la douleur dans une tentative désespérée pour ralentir sa chute mais rien n'y fut. Du coin de l’œil il vit le sol se rapprocher un poil trop vite pour pouvoir se poser sans bobo. Il sentait la présence de la femme un peu avant que le sol ne réclame sa carcasse brisée. Il était en vie mais très mal en point quand il perdit conscience à cause de la perte de son sang...

C’était une belle et chaude journée de Danien. Le soleil, encore haut dans le ciel, ne tarderait pourtant pas à se coucher, et Senea se baladait dans les rues de la capitale alors qu'elle rentrait d’une visite à son père. Sa maison de repos était loin de chez elle, et elle ne faisait jamais tout le trajet à pied, mais souvent, elle en parcourait un tronçon, entre deux portails. Cela lui permettait d’explorer un peu Hypnos, ou de redécouvrir des quartiers qu’elle aimait.
Alors qu’elle flânait dans une allée, elle entendit le bruit d’une bagarre entre animaux, à laquelle elle ne prêta pas vraiment attention jusqu'au moment où un hibou des neiges ensanglanté lui tomba presque dessus fort mal en point. Son premier réflexe fut de se dire:

*Oh pauvre bête ! Il faudrait que quelqu'un l’emmène chez le vétérinaire !*

Puis, une seconde vague de pensées surnageant soudain:

*C’est quand même étonnant, un hibou en plein jour. Et pire, un hibou des neiges, si loin des montagnes, et en pleine saison chaude !*

Puis, se baissant pour rattraper l’animal sanguinolent, tout sembla connecter, comme si la chaleur avait un peu ralenti son cerveau habitué au froid:

*Bon sang ! Flake ?! Flake, ici ? Mais alors … Snow … Non, non, Flake d’abord.*

Grommelant un peu dans son empressement, elle ramassa le volatile, se tâchant les mains au passage de son sang, et avisa le portail le plus proche, qui la ramena à l’Académie, sur la partie du campus où on étudiait les animaux. Là, Senea emmena Flake dans un repaire d’étudiants vétérinaires, qui se firent un plaisir de le prendre en charge et de l’examiner sous toutes les coutures, avant de lui rendre un oiseau vivant aux bobos pansés qui se remettait dans son sommeil des blessures subies. Elle avait un certain nombre de consignes car l'oiseau, en plus d’être épuisé, était très maigre et avait perdu beaucoup de sang, ce sur quoi s’ajoutait quelques os un peu abîmés. Bref, le rapace n’était pas au mieux de sa forme; et il demeurait pour les apprentis vétérinaires le mystère de savoir comment diable il s’était retrouvé là en pleine journée de Danien.
A cela, Senea n’apporta aucune réponse, et reprit avec Flake un portail direction chez elle, où elle lui aménagea un nid de fortune dans une boîte avec des tissus et des brindilles, ainsi qu’une couverture, de l’eau et des aliments fournis par les généreux vétérinaires. Une fois tout ceci réglé, elle se lava les mains, et mit dans le papier de linge sale ses vêtements tâchés de sang. Une fois changée, elle revint vers l’oiseau posé sur sa table de travail, où elle reprit ses travaux artistiques en cours en attendant qu’il se réveille. Elle ne parlait pas oiseau, mais ne pouvait pas vraiment croire que le hibou des neiges familier du disparu Snow lui était tombé dessus par hasard. Flake devrait donc se faire comprendre !

Flake se sentait plus paisible, il sentait la douleur et somnolait depuis ce qui semblait être des heures. Il n'était qu'à demi conscient sur tout le voyage et allées venues chez le vétérinaire. Finalement il avait réussit à dormir et se réveilla tranquillement dans un nid tout à fait cosy. Premier réflexe, sans se lever, il observa distraitement son environnement et regarda longuement Senea absorbée par son travail. Finalement le rapace se redressa doucement et but une longue lampée d'eau, il releva la tête pour tout faire descendre dans son estomac avec un hululement de contentement. Prudemment sans déployer ses ailes, Il sautilla doucement vers la femme se plaçant devant elle, la regardant intensément dans les yeux comme pour essayer de communiquer comme il le faisait avec Snow. Senea pourrait croire que l'oiseau était en train de faire un duel de regard tant son air sérieux était fixe. Flake plissa graduellement les yeux de plus en plus et commença à pousser un "mmmmmmh" de plus en plus fort comme s'il essayait d'invoquer une concentration d'une profondeur presque méditative...

Après de longues minutes l'oiseau soupira et détourna le regard perdu dans ses pensées. Une idée illumina alors son regard. Il commença à sautiller sur place un air visiblement satisfait. Il se lança alors dans de grands mimes qui paraissaient très claire pour un hibou. De son aile valide, il pointa ses plumes vers le ciel légèrement de biais, il essayait de représenter une montagne avec un hululement long et calme, puis, il s'agita frénétiquement autour de l'endroit où se trouvait l'aile auparavant, il essayait de mimer la tempête qui se trouvait autour de la montagne et cette fois il poussa des petits cris de longueurs variables. Puis pour finir, il mima le vol, agrandissant un peu plus le désordre qu'il causait déjà sur la table de travail, il faisait mine de voler vers son deuxième mime avant de se dandiner comme un danseur de tango et de s'écrouler en poussant un son qui se termina par un soupir. Flake se releva et réprima une forte envie de saluer son publique. Il reprit sa profonde contemplation du regard de la femme espérant qu'elle ait comprit ce qu'il essayait de dire.

La concentration la fuyait. Elle avait fait en sorte de se persuader, des mois durant, que Snow était décédé afin de ne pas entretenir l’espoir qui avait failli la détruire avec Oigean. Et il fallait admettre qu’il y avait de grandes chances qu’il soit mort: la guerre était finie depuis deux ans, et le nombre de “disparus” retrouvés était très faible, et faiblissait de plus en plus alors qu’on s’éloignait de la date de la Bataille Finale. On ne l’avait jamais revu, alors qu’il était assez connu, et assez reconnaissable. Personne manifestement n’avait eu de signe de vie de sa part. Alors, elle tentait de se faire l’idée que oui, il était mort, sans trop démêler ce que ça lui inspirait: après tout, elle avait eu tellement à gérer, de la mort de son frère à celle d’un de ses amis en passant par le placement de son père en maison de retraite, sans même compter ses études et son travail, et encore moins tous les changements du monde lui-même !
Et puis, cela lui permettait de ne pas avoir à trop penser à sa relation avec Snow, qui n’était pas des mieux définies.
Mais l’irruption de Flake bousculait tout. Ca ne pouvait pas être un hasard que le rapace lui soit tombé dessus, se disait-elle. Si Snow était mort, Flake, son familier, serait sans doute mort aussi. Et pourtant, il paraissait bien mal en point …
En bref, Senea avait du mal à empêcher ses pensées de tourbillonner sans cesse, et son travail ne lui offrait qu’un maigre échappatoire. D’ailleurs n’était-ce pas les yeux de Snow qu’elle était en train de dessiner à ce projet de statue pour le Nouveau Temple ?

*Rah, sors de mon esprit, mage de malheur !*

Elle commençait à grommeler lorsqu’un hululement attira son attention.

“Oh tu es réveillé, toi ? Coucou Flake !” sourit-elle alors qu’il sautillait vers elle.

Puis il se mit à plisser très fort les yeux, en faisant un bruit proche de celui produit par ceux qui faisaient de la méditation dans les parcs.

“... Ca va mon grand ? Tu as besoin de quelque chose ?” lui demanda-t-elle, sans obtenir de réponse.

*En même temps, c’est un oiseau. Ce serait étrange qu’il te cause.*

En guise de réponse, il abandonnant le son lancinant et se mit à sautiller sur place avant de se lancer dans une fort charmante petite danse.

*Mais enfin qu’est ce qu’il fiche ?*

En tous cas, il paraissait clair à Senea qu’il tentait de lui communiquer quelque chose.

*Ou alors, je deviens complètement folle ?*

Repoussant cette idée, elle se concentra sur ce que faisait la bête, sans parvenir à comprendre grand chose à son agitation. Pourtant, elle était persuadée qu’il tentait de lui dire quelque chose, et quelque chose d’important à propos de Snow, mais tout ce qu’elle comprenait c’est qu’il était en train de bordéliser son bureau. Elle fronça les sourcils, tordit le nez.

“Bon, tu es très bon danseur mais je comprends rien. Attends là, j’ai une idée.”

Et elle partit vers une bibliothèque dont elle sortit un gros ouvrage qu’elle vit poser sur la table. C’était un atlas, qu’elle ouvrit sur la carte du monde.

“Tu veux me parler de Snow, c’est ça ? Où est-il ?”

Flake, elle l’espérait, savait lire une carte. Il pourrait lui montrer en général sur une carte, puis elle irait chercher la carte détaillée de cette zone dans l’atlas. Après quoi, ils pourraient emprunter un portail vers le lieu concerné, et retrouver le disparu. Simple et limpide. A condition que Flake sache lire une carte et sache où était Snow. Ce qui n'était pas tout à fait garanti.
Sinon, elle se laisserait tirer par la manche …

Finalement Flake aurait pu saluer son public quand elle lui fit part de son talent pour la danse puis partit chercher un lourd livre. Elle l'ouvrit sur une carte que Flake se mit immédiatement à étudier comme aurait pu le faire Snow.. Elle lui demanda ensuite s'il voulait lui indiquer où se trouvait Snow, visiblement, elle comprenait le fond de ce qu'il essayait de faire comprendre malgré la forme. Il poussa des petits cris de joie en sautillant en guise de réponse. Il se concentra alors sur l'ouvrage. L'observant avec attention, son air était très proche de celui que Snow pouvait avoir quand il était plongé dans ses recherches ou absorbé dans un roman. Il resta intensément concentré quand à un moment, sa tête tourna toute seule, très lentement pour regarder Senea. Les yeux plissé l'air sérieux, il l'a regarda dans les yeux quelques instant avant de lâcher un [g]"Heeh"[/g] déconfit. En effet, ses yeux s'écarquillèrent et sa tête s'inclina sur le coté. Visiblement imiter Snow dans ses moindre faits et gestes ne suffisait pas pour comprendre ce qui se trouvait sous ses yeux...

Flake frappa plusieurs fois le livre de son bec à des endroits aléatoire et commença alors à s'agiter, faisant les cents pas à travers le bureau en levant bien les pieds et en poussant des petits cris comme s'il essayait de parler. C'était une nouvelle fois du mimétisme de son "maître". Quand Snow n'arrivait pas à trouver la solution d'un problème, il s'était découvert que de faire les cents pas en réfléchissant à voix haute l'aidait beaucoup. Flake eut alors une idée. Il revint vers le livre et commença à battre de l'aile devant pour tourner les pages. Quand finalement il l'a vit, en gros sur une image. La montagne voisine de celle ou Snow avait élu domicile. Flake sautilla de joie et frappa l'image de son bec. Puis, il se souvint d'une émotion que Snow avait ressentit avec la femme. Il le savait en détresse et se devait de faire passer le message. Il se mit alors à fredonner un air qui se trouvait dans la mémoire de Snow, que Flake avait vu bien des lunes auparavant. C'était une scène étonnante que de voir un rapace fredonner une berceuse avec autant de précision. Cette berceuse que Senea avait chanté à l'homme quand il était effrayé par la foudre...

Senea regarda le rapace sautiller, plisser des yeux, gigoter et piailler … mais clairement pas lire une carte.

*Senea, c’est un piaf. Tu t’attendais à quoi ? Ce n’est pas Snow, juste son oiseau.*

Elle se sentait un peu découragée, quand soudain, Flake se mit à faire ventilateur avec son aile, tournant les pages avant de s’arrêter devant une image.

“Oh …” murmura Senea, se saisissant alors de l’atlas, et regardant la légende afin de retrouver la localisation de la montagne. Alors qu’elle faisait cela, Flake se mit à faire de la musique, fredonnant un air doux, qui fit frissonner Senea. Elle tendit la main vers Flake, lui gratouilla le haut de la tête. “Il ne va pas bien, mais il est vivant, c’est ça ? Il est est dans cette montagne, ou pas loin …”

Soupirant sa dernière phrase, elle ne peut s’empêcher de grimacer en se rendant compte que c’était sur les pics déchirés de Rhadamanthe. Evidemment, ça ne pouvait être simple.

“Bon. On y va, c’est ça l’idée je suppose ?” dit-elle en souriant à Flake. “Laisse-moi juste me préparer pour ce genre d’expédition.”

Et elle partit récupérer un sac à dos, où elle fourra de quoi se protéger lorsqu’on voulait se reposer, une lampe, et du matériel de randonnée un peu sommaire que son père avait gardé de ses jaunes années. De son côté, elle enfila des vêtements pratiques, dont une ceinture à compartiments où elle accrocha une gourde, une dague, une lampe, et quelques petits artifices pour repousser d'éventuelles bêtes sauvages. Elle finit en s’équipant de chaussures solides, et attacha à son sac une veste à capuche; Certes, elle ne craignait pas réellement le froid, mais enfin, il valait mieux être prudent: si on allait en montagne, il pouvait y avoir d’autres obstacles. Dans un éclair de lucidité, elle prit aussi des lunettes de soleil, puis alla remplir sa gourde et prendre de quoi manger et ce que lui avaient donné les vétérinaires. Après quoi, elle tressa ses cheveux rapidement et sourit au hibou.

“Allez mon grand c’est parti. On va prendre un portail près d'ici qui nous emmènera au plus près du pic que tu m’as montré, et ensuite … Tu me guideras jusqu’à Snow ok ? Et on verra ce qu’on pourra faire, tous les deux.”

Elle n’aurait pas parié qu’il comprenait absolument tout ce qu’elle lui disait, mais enfin, il paraissait la comprendre suffisamment pour la suivre et ne pas rester dedans alors qu’elle fermait sa porte à clé après avoir laissé un petit mot expliquant son absence à l’intérieur.

*Bon sang Snow, si à cause de toi je loupe le travail et je me fais virer tu vas regretter de ne pas avoir vraiment disparu.*

Et en deux temps trois mouvement (ce malgré l’inquiétude manifeste de gardien du portail de voir une fille si jeune et pas bien équipée partir en montagne en pleine nuit), ils furent en pleine montagne, sur un sentier balisé et éclairé. Devant eux, plusieurs pics, donc celui repéré par Flake sur l’atlas, voyaient leur silhouette sombre se détacher sur le ciel encore plus sombre. C’était saisissant de beauté inquiétante, et Senea fronça le nez devant cette constatation. Elle n’avait pas spécialement besoin de s’aventurer vers des choses inquiétantes, elle avait assez à faire comme ça. Ceci dit, elle n’allait pas rebrousser chemin. Elle s’arracha à sa contemplation du ciel étoilé, s’étonnant qu’il soit si différent du ciel hypnosien, et se tourna vers Flake.

“A toi de jouer. Je te suis.”

Il ne neigeait pas, mais ils étaient entourés de neige, et l’air était froid à cause de l’altitude. En bref, Senea était dans son élément. Elle risquait de l'être un peu moins si el rapace volait de pics en pics ou se trompait de route. Elle regrettait déjà d'avoir oublié sa boussole, varie erreur de débutante. A sa décharge, elle était débutante.

Flake observa la femme alors qu'elle se préparait pour le voyage intrigué. Généralement Snow n'était pas aussi minutieux en préparations, il pouvait en général se dépatouiller avec sa magie peu importe la solution. Elle lui dit qu'il était temps d'y aller, lui demandant de la guider et qu'il improviseraient au fur et à mesure, Flake leva l'aile en l'air et s'exclama joyeusement d'un petit cru aigu. Il lui fit signe qu'il voulait lui monter dessus en agitant une de ses pattes, quand elle comprit il s'installa en position douilette sur son épaule, faisant ressortir son plumage comme s'il allait dormir. Il ne craignait pas le froid mais appréciait d'être au chaud. Impassible le temps de la route pour le portail, ses yeux s'écarquillèrent quand il observa les pics écharpés et inquiétants où avait élu domicile Snow.

En pleine contemplation, Senea tourna sa tête vers le hibou qui pointa son aile valide en direction du sentier. Ce que la femme ne voyait pas, c'est qu'un des pics était manquant. Derrière la montagne de l'image, se trouvait normalement un autre colossal rocher encore plus pointus, mais de cette distance et à cause de la tempête magique qui l'entourait... Le lieux de résidence était invisible à l’œil nu. Pourtant il était bien là, Flake devinait la forme de celui-ci, surplombant en partie les autres mastodontes rocheux nappés de neige.

Flake laissa la femme suivre le sentier un certain temps et on distinguait de mieux en mieux cette tempête déferlante qui semblait extrêmement localisé. Le seul problème c'était qu'il n'y avait pas de sentier qui y menaient. Se tenant à la femme avec ses pattes et battant de son aile valide, Flake déscendit de la femme et marcha quelques mètres devant elle avant de lui faire face. Il se tourna vers la montagne, pointa son aile vers celle-ci et tourna son regard vers celui de Senea pour voir si elle comprenait. Fort heureusement Flake se souvenait qu'il y avait des rocher assez facile à escalader et des chemins creusés par l'érosion naturelle qui faciliterait grandement leurs escalade. Mais la tempête ne se laisserait probablement pas faire. Flake espérait que ses pouvoirs suffiraient à les protéger, ou que l'éssence de la femme calmerait ce déluge neigeux...

Rapidement, Flake tendit son aile valide, ce que Senea comprit comme un “Suis ce sentier”, et elle s’exécuta. L’avantage, c’était tout de même que ce sentier était éclairé: Senea n’avait pas besoin d’utiliser sa lampe, qu’elle devinait confusément être utile pour la suite de l’opération. Elle ne parlait pas, laissant ses pensées déferler au rythme déterminé de sa marche.
Elle ne pouvait s’empêcher de penser à ce qu'elle était en train de faire: foncer tête baissée pour venir en aide à un ancien “amant”. Ce n’était pas vraiment son genre, et pourtant, elle avait déjà aidé Snow plusieurs fois. ce garçon était assez particulier, plutôt à part. Elle savait qu’il n’avait pas beaucoup de liens, qu’il était peu sociable, et peut-être était-ce pour cela qu’elle l’aidait si facilement: elle avait la sensation que si elle ne le faisait pas, personne d’autre ne le ferait à sa place. Cela l’embêtaiat toujours un peu, cra elle avait la sensation que le jeune homme était plus attaché à elle qu’elle ne l'était à lui (et plus attiré par elle qu'elle ne l’était par lui …), et se figurait entre eux un grand lien, une grand histoire dont elle n’avait de son côté aucun indice (à part la similarité entre leurs pouvoirs, évidemment).
Au fur et à mesure qu’ils avançaient, il semblait à Senea qu'elle voyait une sorte de brouillard de neige, en face. Evidemment, c’est vers là que Flake, sautillant, pointa son aile, lui confirmant ce qu'elle avait déjà un peu deviné: Snow était quelque part dans le maelstrom, et il y avait de bonnes chances pour que cette tempête ne soit pas naturelle. Elle grommela, enfila une veste et des gants, alluma sa lampe, et sortit sentier:

“Évidemment. Allez, c’est parti.”

Et joignant le geste à la parole, elle avança vers la montagne où la neige se déchainait. Après un bon moment de randonnée et d'escalade, où elle se retrouva à faire pousser des crampons de glace sous ses chaussures (et à maudire Snow), elle finit par se retrouver au bord de la tempête. Celle-ci n’avait rien de naturel: il n’y avait pas assez de vent et de neige ailleurs pour qu'elle le soit. Senea était persuadée que ce qu’ils cherchaient, elle et Flake était au centre. Le jour se levait et il ne restait plus qu'à passer.

“Bon, toi, tu restes avec moi. Tu fais peser ton poids vers le côté où je dois aller.” proposa-t-elle à Flake en mettant des lunettes. “Moi, je m’occupe de nous faire avancer.” conclut-elle.

Et elle forma autour d’elle une bulle de glace qui leur permit, faisant bouclier, de se protéger contre les vents contraires et blizzards givrants qui les fouettaient. Grommelant d’abondance, elle avança ainsi pendant ce qui lui parut une éternité, devant parfois faire des pauses, renforcer son bouclier, reprendre de l’air. Flake la guidait régulièrement, et elle sentait ses serres dans son épaule, sans que cela lui fasse mal. De toute façon, ce qu'elle faisait lui demandait tellement de concentration qu'elle ne sentait plus grand chose.

*Type à la noix.*

Lorsqu’enfin ils émergèrent de cet espèce d’enfer blanc, elle tomba à genoux, pour reprendre son souffle, se demandant si elle était devenue sourde. L’intérieur de la tempête hurlait, hurlait, et là soudain, plus rien. Il neuigeait à peine, mais tout était blanc. Elle n’était plus vraiment capable de dire la différence entre ciel, terre, haut, bas, droite et gauche. Elle n'était pas certaine, d’ailleurs, de ne pas risquer de tomber en marchant tant elle ne pouvait pas jurer de la présence ou de l’absence du sol.
Pourtant, il y avait quelque chose de très visible,quelques mètres plus haut: un palais de glace, bleuté, transparent, brillant, qui ressemblait étonnamment au vieux bâtiment de l'Académie.

*Subtil … Au moins, je ne me suis pas trompée !*

Elle prit un instant, assise au sol pour contempler ce qui se trouvait devant elle, et se défaire de l’étonnante sensation qu’elle rêvait. Puis, elle ôta sa veste, ses lunettes, ses gants. Il n’y avait plus de vent, ni de neige, ni rien qui risquait de tomber et de la lacérer ici: elle n’en avait plus besoin. Elle plia calmement tout ça, et remit ses affaires dans son sac. Elle but un peu d’eau, s’accorda de manger un peu. Autant puiser dans ses ressources magiques,luttant contre la magie de Snow, l’avait fatiguée. Il n'était pas temps de dormir, mais elle ne rechignait pas à recharger ses batteries, avant de s’attaquer à ce qu’elle sentait être un gros morceau: débusquer Snow, lui faire arrêter la tempête, l’aider, et le ramener.

“Oui, on y va Flake.” sourit-elle au rapace à qui elle venait de donner à manger, en se relevant. Elle s’épousseta, rassembla ses affaires, remit Flake sur son épaule, et se mit en marche.

La montée jusqu’au palais n’était pas très difficile, mais suffisamment pour de nouveau lui donner soif, et une fois en haut, elle se retourna pour regarder ce qu’elle avait laissé en contrebas. La trace de ses pas dans la neige était bien la seule preuve de la réalité de la scène, dont l’éclairage avait déjà changé: le lever de soleil déployait toutes ses palettes à l'extérieur.

*Ca aurait sans doute fait une belle aquarelle.*

Elle monta la volée de marches qui la séparaient de la porte. Celle-ci était fermée, et Senea ne se posa pas plus de questions: elle était polie, alors elle toqua. Sans qu’elle sache si c’était un procédé magique, ou bien si elle avait simplement poussé la porte en toquant, ladite porte s’entrouvrit, et Senea finit de la pousser pour entrer prudemment dans un grand hall ressemblant toujours à celui du vieux bâtiment de l’Académie.
Elle fit quelques pas, qui résonnèrent énormément, puis lança:

“Snow ? C’est Senea … je suis avec Flake, il m’a guidée. Snow ?”

Flake obéissait et guidait la femme tant bien que mal, n'ayant qu'une sorte de sensation lointaine, comme si le lien qui les unissait auparavant s'amenuisait d'heures en heures. Il la laissa faire autant de pause qu'elle avait besoin et la sentait somme toute... Assez contrariée. Une fois le bouclier de neige tumultueux passé, elle se laissa tomber à genoux pour reprendre son souffle. Les yeux de Flake s'émerveillèrent devant ce paysage si familier mais pourtant si différent. L'oiseau de blanc vêtu resta avec la femme ne s'aventurant pas à explorer sans elle, il se laissa même tenter par une petite collation, le plus difficile était déjà fait. Passé un moment elle reprit la marche remettant le noble volatile sur son épaule. Intimidé Flake se blottissait contre son oreille. Quand ils atteignirent la porte, Flake se fit alors le plus petit possible, la tête emmitouflée dans ses plumes. Senea parla alors et la seule réponse qu'ils reçurent fut le retour de l'écho de leurs propre voix.

L'intérieur était décoré de dizaines de portraits incomplets, où on voyait en majorité des femmes portant la peaux très pales, souvent habillée de majestueuses robes bleutées couvertes d'écailles. Les traits du visage paraissaient toujours très fins, digne d'une beauté des temps passé, mais le points commun, c'était le défaut qui se répétait à l'identique sur chacune d'elles. Les yeux étaient toujours manquants, comme, oubliés. SI l'on s'aventurait un peu plus loin, dans le fond, on pouvait entendre des notes de musiques, comme faites à la harpe, des notes familières que Senea allait forcément reconnaitre. Plus on s'enfonçait dans cet imposante bâtisse gelée, les portraits ressemblaient de plus en plus à Senea, les trait s'affirmaient, mais on pouvait facilement deviner que le sujet n'était plus le même. Mêlés au sons de la harpe on pouvait entendre un bruit de respiration rauque, comme si un courant d'air régulier, plus tiède que l'on aurait cru dans cet endroit, très calme, apaisé, comme endormis.

Enfin, tout au bout, se trouvait une immense double porte suffisamment ouverte pour que la femme puisse s'y glisser sans la toucher. Derrière se trouvait la salle de bal tel que Senea l'avait décorée le soir où les deux mages de glace s'étaient rencontrés. On pouvait aussi deviner que les sons de la harpe provenait exactement de cet endroit précis, ainsi que les bruits de sommeil. Au milieu de la salle de bal se trouvait une immense créature blanche et bleutés, couverte d'écailles avec périodiquement de fourrure que l'on devinait d'une extrême douceur. Les ailes étaient repliées comme une couverture sur le corps, la tête posée sur ses pattes croisée, et la queue qui faisait presque deux fois le tour de la salle. La créature dormait profondément, la harpe près de son visage et une toile près de celle-ci qui semblait dépeindre les rêves de la bête ailée.

Flake était blotti contre son oreille, et la tête dans ses propres plumes. Senea se permit de le gratouiller doucement, afin de le rassurer un peu, alors qu’elle embrassait du regard l’étrange contenu du hall. Il y avait une répétition étourdissante au mur de portraits de femme blonde vêtue de bleu, sans yeux, qui la firent frissonner. Elle espérait que c'était une autre, car se voir ainsi, sans expression, sans visage, était assez inquiétant et elle ne voulait pas penser aux implications de cette obsession. Pourtant, elle suivit les portraits dans le palais de glace, guidée par eux comme par les notes de harpe qui évoquaient leurs rencontres. Peu à peu, les portraits lui ressemblaient, mais avec un je-ne-sais-quoi de différent qui la faisait un peu frissonner et qu'elle préféra ignorer, se concentrant plutôt sur cet étrange bruit, lourd et régulier.

*Une … respiration ?*

Elle avançait d’un pas régulier, sans hésiter, mais prudemment en longeant les murs. Elle ne savait pas si Snow était du genre à piéger ses créations. Il lui aurait semblé étonnant que quiconque d’autre qu'elle et lui parviennent à accéder à ce palais, mais elle préférait tout de même se prémunir contre les mauvaises surprises. Pourtant, l’écho de ses pas se perdait tant elle était seule.
Lorsqu’elle arriva face à une double porte ouverte, elle caressa de nouveau Flake.

“J’ai l'impression qu’on arrive au bout, mon grand …” lui murmura-t-elle avant de souplement se glisser entre les deux battants.

De l’autre côté elle découvrit une exacte réplique de la salle de bal telle qu'elle était le soit de leur première rencontre, ce qui la toucha, la surprit, et la fit un peu grimacer. Il faudrait peut-être qu’elle ait une petite discussion avec Snow …
Cependant, ce n’était pas le plus étonnant. Ce qui était extraordinaire c'était bien l’énorme créature ailée endormie, recouverte d’écailles et de fourrure, qui était couchée là.

*Un dragon … de glace ?*

Senea fruissonna, et s’avança, le son de ses pas claquant un peu, sans surpasser ni la respiration paisible du reptile, ni le son de la harpe. Près de l’animal, une toile, qui se remplissait seule.

*C'est de là que viennent les tableaux alors … Mais qui les accroche ?*

Elle continua sa progression dans la salle, jusqu'à s’approcher du dragon. Il ne fallait pas être un génie pour deviner qu’il s’agissait là de Snow. Après tout, il n’y avait manifestement que le dragon dans le palais, et le dit apalis était rempli de portraits d’elle, ou d’une femme qui lui ressemblait, et d’indices autour de Snow, et de sa relation avec Snow. De plus, elle avait déjà vu Snow se transformer, au moins en partie, et cette forme expliquait un certain nombre d’étrangetés. Elle ne s’expliquait pas, cependant, pourquoi il était là, endormi au milieu d’une tempête. Aussi, il devrait le lui expliquer … En espérant qu’il la reconnaisse.
La jeune femme se plaça face à l’énome tête du dragon, posa sa main sur son immense museau, le caressant, et dit, avec douceur:

“Snow … Snow, c’est moi, Senea. Flake m’a guidée jusqu'à toi, on est là tous les deux pour te voir. Snow, réveille-toi …”

Elle n’avait pas vraiment peur, mais cela pouvait changer très vite en fonction des réactions du dragon. En attendant, elle était à hauteur de son regard, et parlait d'une voix douce, avec des gestes tendres, comme il était d’usage pour réveiller quelqu’un qu’on appréciait. Elle continuerait jusqu'à ce qu'il ouvre l’oeil, sans aucune doute.

Songeant au passé, à des temps plus facile, endormis d'un sommeil de plomb, il se voyait pourtant danser avec cette femme qu'il avait rencontré cette nuit là. De la neige commença à doucement tomber dans la salle où ils se trouvait alors qu'une voix douce se faisait entendre à ses oreilles. "Senea?" s'était-il fait la réflexion. La peinture se terminait alors, elle représentait le visage souriant de Senea, maintenue dans des bras, visiblement en train de valser avec quiconque se trouvait à la première personne. Le sourire immortalisé à jamais. Flake se mit à ululer doucement, inquiet de ne voir aucun signe de réveil de la créature. Mais était-ce un rêve? Vraiment? Les paupières du dragon vibrèrent légèrement avant de s’entrebâiller très légèrement. La respiration de la bête était toujours aussi calme même si une longue inspiration qui supposait un réveil replissait ses long poumons. La musique s'était interrompu et les ailes se dépliaient doucement. Comme s'il ne se souvenait plus de pourquoi ses ailes se trouvaient sur son corps. La paupière s'ouvrit quelques centimètres de plus mais le regard était aussi vide qu'une eau cristalline. "Senea? Est-ce un rêve?" se fit-il la réflexion alors que son regard se voulait de moins en moins vitreux.

Le regard qui se trouvait sur la femme se détourna vers la harpe et vers la peinture. L’ouvre ainsi achevé se fit alors transporter par quelques flocons qui passaient par là pour les poser sur un mur de la salle où quelques peintures se trouvaient déjà dans cette même pièce. On pouvait observer divers personnages que Snow avait déjà rencontré. Notamment les camarades de promotion de Senea, ou plus simplement, Jonas. Un long soupir s'échappa des narines de la bête, une senteur aussi fraiche que la brise d'hiver anima de nouveau les cordes de ma harpe qui s'était tue. Les yeux se refermaient graduellement alors que les premières notes de la berceuse que Senea lui eut chanté arrivaient. Les ailes qui s'étaient très doucement déliées se repliaient sur le corps de la créature qui sombrait de nouveau dans le sommeil. Paisible comme une nuit de clair de lune se reflétant sur un parterre de neige vierge.

Flake tourna la tête vers Senea et poussa de nouveau un léger ululement inquiet avait de coller son front sur la joue de la femme. Malgré leurs profond lien, il ne comprenait pas pourquoi son sommeil était aussi lourd. Un nouveau cadre se matérialisa, fait de neige et de glace, une légère brume s'en dégageant avant de commencer à dépeindre une image floue, lointaine, définitivement onirique. Le dragon avait déjà retrouvé les bras de Morphée et celui-ci lui proposait déjà une nouvelle songe...

De la neige commençait à tomber alors que Senea parlait au dragon, lequel finit par entrouvrir les yeux alors que la musique s’arrêtait. Dans un soupir, il déplia les ailes, la regard d’un oeil vide, avant d’aller vers la harpe, la peinture. Celle-ci dut alors transportée au mur par quelques flocons, ce qui fit sourire Senea. Il répondait sans le vouloir à sa question, alors qu'elle faisait tout pour ne pas se concentrer sur son propre visage souriant ce soir de bal. Se voir ainsi en peinture était très étrange, sans compter certains de ses camarades de promotion qui paraissent étonnamment décalés dans ce décor; et elle reprit ses caresses sur le museau de l'énorme reptile. Malheureusement, cela parut avoir l’effet inverse de ce qu’elle recherchait: Snow paraissait se rendormir alors que la harpe reprenait la berceuse qu’elle avait fredonnée ce soir d’orage. Elle soupira, laissa aller sa tête contre le crâne démesuré. Bon sang, comme elle aurait aimé dormir elle aussi. Quelle heure était-il ? Depuis combien de temps n'avait-elle pas dormi, et dans combien de temps devait-elle être au travail ? Elle avait passé la nuit à batailler pour retrouver ce dragon paresseux, et à présent, elle luttait pour ne pas se rouler en boule et s’endormir contre lui elle aussi.
Flake, par son hululement inquiet, la réveilla un peu, et elle se secoua. Un sourcil froncé, elle vit un nouveau cadre se matérialiser, commencer à dépeindre une nouvelle image.

“Snow,” répéta-t-elle. “Snow, réveille-toi, s'il te plaît. Je sais que tu es fatigué, on l’est tous, mais s’il te plaît, réveille-toi. Si tu veux, tu pourras dormir chez moi, une fois rentrés. Il faut qu’on parte d'ici, Snow, s’il te plaît. Ce n’est pas un rêve, je suis là, Snow, réveille-toi, s’il te plaît.”

Elle lui caressait la tête, le nez, le gratouillait, y compris derrière les oreilles, ou ce qui en tenait lieu, afin de le sortir de sa torpeur. Elle n’avait pas envie d’employer des méthodes plus radicales, ne sachant pas vraiment à quel point Snow contrôlait ou pas la bête - le réveiller de manière brutale aurait été risquer de se retrouver face à sa colère, et elle ne pensait pas pouvoir en réchapper. Elle n’avait pas non plus envie d’employer des méthodes de contes de fées, ni d’abandonner. Et elle l’aurait bien réveillé par l’appel du ventre, mais elle ne savait pas ce qu’il mangeait (et quand bien même, elle aurait eu de belles difficultés à s’en procurer).

“Allez, Snow, s’il te plaît. Flake est blessé, tu lui manques … Il est venu me chercher pour que je l’emmène jusqu'à toi, il a pris tous les risques, réveille-toi, s’il te plaît, Snow. Tu ne peux pas le laisser plus longtemps ! On est inquiets, Snow, réveille-toi, dis-moi quelque chose !”

Alors que son ton se faisait plus pressant, ses gestes plus appuyés, elle déposa un premier baiser au dessus de l’oeil du dragon, ce qu’elle supposait être son front.

“Allez, petite marmotte, réveille-toi, s’il te plaît, rentrons à Hypnos …”

Le rêve lui paraissait encore plus réel cette fois, il se précisait bien plus vite qu'à l'accoutumée. Il voyait une scène avec deux personnes, mais en vue extérieure. L'image que les pinceaux dépeignaient commençaient avec une sous couche flou où deux silhouette se distinguaient. Snow se voyait, face à Senea. Elle l'appellait par son prénom, lui demandant de se réveiller, reconnaissant sa fatigue, lui proposant de dormir chez elle, lui implorant de quitter ces lieux. La peinture se mit alors à illustrer dans le fond un mur blanchâtre... Elle lui disait que ce n'était pas un rêve, pourtant tout du point de vue, à cette idée saugrenue qu'elle aurait pu le retrouver dans sa forteresse de solitude lui intimait qu'il était bien endormis. Il sentait ses douces caresse sur son front, les grattouilles et autres geste d'affections.

Elle l'implora une nouvelle fois, lui expliquant que Flake était blessé. Le hibou apparut au sol aux pieds des deux protagonistes de la peinture, le plumage maculé de diverses taches rouges et visiblement mal en point. Le dragon déglutit alors que le rêve semblait prendre une tournure moins agréable. Il visualisait Flake abimé et épuisé. La respiration de la bête s'accéléra légèrement. alors qu'un éclair semblait se peindre dans le fond à travers une vitre. Puis, il sentit un baiser sur son front qu'il vit sur les deux personnages de son rêve. Sa respiration sembla se calmer alors qu'il entendait la voix de Senea lui demander de se réveiller de nouveau. Lui demandant de rentrer en Hypnos.

C'était étrange, ses rêves ou ses cauchemars n'avaient généralement pas autant de détails, il étaient souvent des fragments de souvenirs qui lui revenaient à l'esprit. Etait-ce un rêve alors, il sentait bien une forme de chaleur. Dans le fond de la peinture sur le mur, on pouvait observer que des cadres sombres, inquiétants se faisaient peindre sur le mur blanchâtre. EN observant bien, on pouvait observer que c'était le mur le plus éloigné derrière la bête. Les multiples cadres agencés comme un puzzle où il manquait certaines pièces affichaient une fresque dépeignant une créature draconique frappé par la foudre, les regard vide, visiblement tuée sur le coup. La bête poussa un long soupir et sans ouvrir les yeux, les lèvres se déplacèrent douvement. Une voix caverneuse quitta alors l’œsophage du dragon.

"Tu es vraiment là, n'est-ce pas?"

L'oeil de la créature s'ouvrit doucement, comme s'il était soucieux de connaitre la vérité. Il vit alors la femme, proche de lui. Dans un geste d'une lenteur léthargique, le dragon cherchait Flake. Ses aile se délièrent de nouveau et sa queue se déplia doucement. Il observa l'aile abimé de son familier, mais mis quelques instants avant de comprendre ce qu'il regardait. Comme s'il avait toujours un doute sur son réveil. La bête poussa un long soupir alors que le cou se redressait doucement jusqu'à-ce que l'énorme tête surplombe la femme et l'oiseau. Le dragon souffla doucement sur l'oiseau qui se mit alors directement à battre des ailes comme s'il n'avait jamais rien eu. Puis, il tourna la tête vers la peinture et comprit que son rêve avait été influencé par la réalité. On voyait Senea offrir un baiser d'une douceur infini sur le front de Snow. Dans un soupir, il souffla la peinture qui partit rejoindre la précédente. Il referma les yeux et reposa doucement sa tête sur ses mains.

"Vous n'auriez pas dû venir... Je ne trouve plus le corps que j'avais avant. Je ne peux pas revenir à l'académie... Ou à Hypnos..."

Snow ouvrit doucement son oeil pour regarder Senea. Il se doutait que cette réponse ne lui conviendrait probablement pas, mais il lui devait bien son attention après toute la route qu'elle avait faite, et la dangereuse tempête qu'elle avait dû braver pour le rejoindre. Mais s'il y 'avait bien une personne qui pouvait l'atteindre malgré tout le mal qu'il s'était donné pour s'exclure, c'était bien elle.

La toile peignait toujours, seule, au fur et à mesure de ce que Senea disait, lorsque soudain, une voix résonna. celle du dragon, manifestement, qui la fit intégralement vibrer tant elle était caverneuse. Et comme pour vérifier ce qu'il venait de dire, il ouvrit un œil, toujours vitreux qui les parcourut lentement du regard, elle et Flake. Snow, si c'était bien lui, ne semblait pas réellement réaliser où il se trouvait, ni s'il était éveillé ou toujours endormi. Jusqu'à ce que, soudainement, il soigne Flake. Senea, surprise, eut un mouvement de recul, avant de lui sourire, en caressant le volatile. Après avoir soufflé sur la peinture afin qu'elle s'envole, il reposa la tête sur ses pattes, referma les yeux.

*Ah, non, pas encore !*

Pourtant, il ne se rendormit pas, leur parlant. Elle lui sourit, alors qu’il la regardait à présent.

“Bien sûr que si, on devait venir. Snow, la guerre est terminée depuis deux ans. Ca fait deux ans que tu as disparu. J’avais perdu espoir. C’est Flake qui m'a menée jusqu’à toi, car … Car il voulait qu’on te retrouve. On a escaladé une montagne et bravé une tempête. Donc, maintenant qu’on est là, on ne repartira pas sans toi. Peu importe que tu fasses un mètre quatre-vingt et des brouettes ou dix mètres d’envergure. Tu n’es ni le premier, ni le dernier dragon d’Elysion, et même si je ne comprends pas bien comment j’ai pu louper ça avant, on va rentrer, et te trouver une place.”

Elle le caressa doucement, embrassa ce qui aurait sans doute été sa joue, à la commissure des lèvres peut-être, s’il avait été humain.

“Je me doute que ça ne doit pas être facile. Que tu es fatigué, que tu as peur, peut-être, et que tu as sans doute souffert. Mais on va réussir à retrouver ton corps, si c’est ce que tu souhaites. Ce doit être une histoire de transformation, vu ce que j’ai vu de toi jusqu’à présent. Et tu peux aussi rester sous forme de dragon. Tant que tu cesses de te cacher au coeur d’un maelström de neige, ça me convient.” conclut-elle dans un sourire amusé.

Il écoutait attentivement la femme, ne la quittant pas des yeux, elle lui révélé que ça faisait deux ans et qu'elle avait perdu espoir. Deux ans déjà? Le temps passe vite quand on dort visiblement. Sa perception s'était altérée de nouveau. Elle insista de nouveaux sur le fait de le ramener à Hypnos, à la maison. Elle le caressait doucement et déposa même un léger baiser à la commissure de ses lèvres ce qui électrisa tout son poil. S'il avait pu avoir la chair de poule sur ses écailles alors il l'aurait eu. Elle reprit alors, reconnaissant sa fatigue, cette peur qui l'avait poussé à s'isoler, sa souffrance de ne pas savoir qui il était. Elle semblait l'accepter tel qu'il était et même respecter sa décision s'il voulait rester une bête. Visiblement elle semblait trouver les mots juste pour capter l'attention du dragon qui sortait de sa léthargie. Il le sentait, il avait besoin d'elle et c'était surement pour ça qu'il avait dormi aussi longtemps. Il se demandait si finalement il n'attendait pas que cette femme le retrouves.

"Que veux-tu dires quand tu dis que tu avais perdu espoir?"

L’œil de Snow était ouvert normalement et fixait la femme. Qu'est-ce qui l'avait poussée à venir le chercher ici? Pourquoi avait elle autant de facilité à l'accepter en temps que tel. Cette idée le réconfortait, lui faisait chaud au cœur. Pendant un instant on aurait pu croire qu'il était en train de sourire. Puis son regard se voilà de nouveau quand il vit son reflet dans les grands yeux de la femme. Il avait vraiment manqué d'un chose dans sa vie, et cette chose était représentée sans visage, sans regard partout dans le couloir, cette chose c'était sa mère. Il en savait pas qui il était et c'était, il fallait l’admettre, bien plus facile de dormir...

La bête se laissait cajoler, et semblait peu à peu sortir de sa léthargie, s’éveille de mieux en mieux alors qu’elle lui parlait. D’ailleurs, il avait les idées suffisamment en place pour la questionner sur ses propres paroles, ce qui la fit sourire malgré l'œil surdimensionné qui la fixait. Elle connaissait bien ce regard, mais pas à cette taille … Pour un peu, elle aurait presque pu croire qu’il lui souriait. Mais les dragons ne peuvent pas sourire, n’est-ce pas ? Pourtant, le regard se voila de nouveau, devenant un peu lointain, comme si Snow replonger soudain en lui-même. Afin d’éviter le risque qu’il se rendorme, elle répondit à sa question:

“Je veux dire que je commençais à croire que tu étais réellement mort, que je ne reverrai plus.” Elle lui caressa la tête. “A admettre que la guerre m’avait pris plus que je ne voulais le croire.”

De nouveau, elle lui posa un baiser, au même endroit, peut-être plus proche des lèvres, ou des babines que la fois précédente (le plus proche d’elle, il fallait aussi l’admettre).

“C’est impressionnant ce que tu as fait ici. J’ai du mal à croire que tu es resté là, rêvant, pendant deux ans …” Fit-elle, songeuse. “Pauvre Flake, il a dû avoir si peur …” ajouta-t-elle. Puis, elle se redressa après un regard vers l’oiseau, plus décidée. “S’il te plaît, rentre avec moi. Arrête la tempête, et rentre avec moi. Si tu as envie de redevenir humain, je suis sûre qu’on réussira à trouver la solution." lui dit-elle.

Elle jeta ensuite un regard autour, tournant un peu sur elle-même. Elle avait la sensation que ce lieu cachait des choses, des clés pour découvrir des secrets. Elle percevait bien les subtilités des différents tableaux, les différences entre ce qu'ils représentaient, de la femme sans visage aux scènes de liesse en passant par ce qui ressemblait à un chute, une déchéance, une bataille mortelle. Elle se retourna vers Snow.

"Ou bien, il y a autre chose ici, que tu veux faire, ou régler ?” demanda-t-elle avec douceur.

Elle le croyait mort, mais surtout, la phrase suivante le laissa pensif. Ce qu'il comprenait c'est quelle l'aurait perdu lui aussi pendant la guerre? Son poul s'accéléra un peu se demandant ce que cela voulait réellement dire. Mais ça lui intimait aussi qu'elle avait plus souffert que d'apparence. Le baiser un peu plus près de ses babines le ramena à la réalité alors que son cœur s'accélérait d'autant plus. Elle le complimenta ensuite sur sa création onirique, puis le réprimanda pour Flake ce qui le fit réaliser que depuis tout ce temps cette sensation que quelque chose manquait, c'était son familier. Puis elle se redressa un air décidé sur le visage. Elle lui demanda d'arrêter le tempête, de rentrer une nouvelle fois avec elle, qu'ils trouveraient une solution pour sa forme humaine. Et même si l'idée lui paraissait très alléchante et qu'il souhaitait que sa vie redevienne comme avant... Il savait que ça ne serait pas si simple. Senea commença à observer les environs, elle se focalisait même sur toutes ces peinture qu'il gardait dans son dos pour ne pas les voir. Mais il le savait que tôt ou tard il devrait s'y confronter. Il ne l'avait pas quitté de l'oeil quand elle lui demanda s'il avait encore quelque chose à régler ici. Décidément la perspicacité de la femme l'impressionnait. le bords de ses babines se relevèrent doucement, visiblement bloqué par un manque de muscle zygomatiques inhérents à la morphologie des dragons. Il redressa sa tête de toute la longueur de son cou, changeant de position pour redresser son torse et ses épaules. Sans se retourner il ferma les yeux.

"J'avais besoin d'un espace connu pour me réfugier... Mais c'était impossible de retourner à l'académie... Je n'avais pas réalisé que Flake n'avait pas réussit à me suivre...

Snow soupira, il ouvrit doucement les yeux pour avancer son visage vers Senea, et du bout de son museau, il l'a poussa vers l'immense fresque de fragments incomplète. Il ne la regarda que très brièvement avant de fermer les yeux et de poser son menton sur le sol derrière Senea. Dans cette position elle aurait presque pu s'asseoir sur son museau.

"Je pense que cette fresque est mon premier souvenir. Du jours où je suis né... Et je pense que ça représente la mort de ma mère... Ai-je vraiment une forme humaine? Ou est-ce un sort qu'elle m'aurait lancé avant de périr foudroyée..."

Il y avait quelques détails sur la fresque qui paraissait incongrus, les reflets violacés presque roses sur les écailles blanchâtres qui laissait supposé que la foudre qui l'avait frappé n'était pas d'origine naturelle, ou cette genre de minuscule pointe noire qu'on pouvait observer dans le plus lointain coin en bas à droite. Mais ce qui attirait vraiment l’œil c'était la vitre de l’âme de la dragonne, visiblement éteinte à tout jamais... Snow restait immobile, les yeux fermés. Il voulait laisser la femme avoir le courage qu'il n'avait pas et inspecter l’œuvre macabre...

Manifestement, elle avait visé juste: il lui restait des choses à régler ici. Impressionnée lorsqu’il se redressa, elle recula légèrement afin de pouvoir continuer à le regarder, lui,, sans être bloquée par un mur d’écailles. Elle espérait soudain que le côté dragon n’était pas agressif, car sinon, elle était morte, au vu de sa taille: il ne ferait qu’une bouchée d’elle. Mais apparemment, c’était bien Snow avec sa personnalité habituelle qui se tenait devant elle sous cette forme. A priori, et à moins qu'il ait une montée de libido soudaine, elle n’avait pas trop à s’inquiéter. Dissimulant un sourire amusé à cette idée alors qu'il avait les yeux fermés, elle avait déjà retrouvé un visage plus neutre quand il rouvrit les yeux vers elle avant de la pousser du museau vers l’immense fresque murale jusque là située derrière lui.
Très sombre, elle représentait des moments qui paraissent très durs, mais que Senea avait du mal à situer dans le temps. Pourtant, avec l'explication de Snow, tout devint plus clair. Le dragon frappé par la foudre violacée ou rosée aux yeux vitreux n’était autre que la mère de Snow; de ce qu’en pouvait déduire Senea, celle-ci était décédée sur el ocup. Senea, poussée par Snow s'approchait de plus en plus, et lorsqu’il cessa de la faire bouger (quelle force ! et quel froid ! Elle pouvait sentir un vent froid à travers ses vêtements), elle posa une main tendre sur le museau de Snow de nouveau au sol. Puis, elle fit quelques pas, s’approchant des tableaux, afin de les regarder de plus près. Il y avait quelque chose d’étrange à leurs propos. Une sorte de flou, d’imprécision, et en même temps quelque chose de tranchant. Si cela venait d’un souvenir, c’était plutôt normal, mais elle se demandait comment diable il avait acquis cette capacité à matérialiser ses souvenirs de cette manière.
Étudiant la lumière, la composition, elle bougea légèrement, se plaçant très certainement là où était Snow lui-même au moment du drame. De là, la fresque faisant un peu plus sens. Certains éléments se recoupaient, et certaines proportions étranges s'expliquent. Plissant légèrement les yeux, elle tendit la main vers le tableau, qu'elle découvrit étonnamment lisse sous la pulpe de ses doigts. Pourtant, en progressant, il lui paraissait sentir de toutes petites pointes en approchant du centre du tableau, comme si l’air y était électrique et que cette électricité avait abondé dans la peinture. Passant sur la dragonne, elle fut surprise d'avoir la sensation du relief des écailles sous ses doigts.

*Comment fait-il ça ?!*

Suivant les lignes du tableau, traçant des axes invisibles à l'oeil mais qui pourtant faisaient sens, elle finit par lui dire:

“C’est étonnant … J’ai l’impression que la lumière vient de cette épine tout en bas à droite. Comme si la foudre ne venait pas du ciel, mais du sol.”

Continuant à regarder et à réfléchir, elle reprit:

“Ca expliquerait l’étrangeté de la couleur: je n’ai jamais vu de foudre violette sur Elysion. A moins que tu ne viennes d’un autre monde, elle est peut-être artificielle ? En tous cas, on ne voit pas son impact sur ton tableau, mais, si on continue les lignes, j'imagine qu'elle a frappé hors champ, sur la hanche, environ ?”

Se rendant compte de ce qu’elle était en train d’analyser, elle soupira, revint vers lui:

“Pardon,” lui dit-elle en lui caressant la tête. “Ce n’est pas à moi de détailler ce genre de choses … Mais ton tableau est intriguant, surtout si c’est un souvenir aussi vieux. Il est étonnamment précis pour un souvenir, et en même temps, des éléments paraissent étranges, comme cette pluie en arrière-plan. Ou est-ce de la brume ? En tous cas, je n'aurais pas imaginé ça, plutôt de la neige, comme tu sembles lié à la glace. Peut-être que ce n’était pas le cas de tes parents ?”

Elle s’assit près de lui, se mettant dans le creux de son cou, à la jointure entre le cou et la tête. Puis elle passa un bras sur lui, le caressant, se plaçant de manière à avoir le même point de vue que lui sur le tableau.

“Tu sais, moi aussi j’ai perdu ma mère à la naissance. Il faisait très froid, et elle est morte gelée. Notre père a dû briser son ventre pour nous en sortir. On était vivants, par je ne sais quel miracle. Je ne me souviens pas d’elle. Je pense qu’Oigean non plus ne s’en souvenait pas. Enfin, ça a beau être différent, on est toi et moi orphelin de mère depuis la naissance et liés à la glace. C’est tout de même surprenant …” ajouta-t-elle dans un sourire. “Quoi qu’il en soit, si ta forme humaine est un sort qui t'a été lancé, il a été bien lancé, et je suis contente que ça ait été fait quelle qu’en soit la raison. Au moins, on aura pu se rencontrer !” sourit-elle en posant un baiser sur les écailles du creux de son cou.

A croire qu’elle s’était tout de même un peu attachée à l’homme de glace. Ou bien, c'était le soulagement qui parlait ...

“Tu penses qu’elle aurait pu vouloir te dissimuler en te donnant forme humaine ? Ou bien que tu es plutôt une sorte d’Aniformus Dragon, sans que ta forme draconnique ne te soit apparue avant récemment ? Peut-être que c’est plutôt ce qui s’est passé: l'accès à ta forme draconnique aurait été bloqué … Ca expliquerait cette fois où tu es arrivé au Temple à demi-transformé …” réfléchissait-elle à voix haute. “Pardon. Je me permets des suppositions, alors que je ne sais pas ce qui s’est passé, ni même comment tu t’es retrouvé ici.” s’excusa-t-elle en se rendant compte de ce qu'elle disait. “Si ça se trouve, ça n’a rien à voir …”

Cependant, elle connaissait bien une autre Aniformus qui avait eu quelques soucis dans ses changements de forme. Elle n'était pas certaine cependant d'avoir très envie de les mettre en contact, et s'abstint de mentionner Tapahari.

Senea avait beaucoup de questions mais surtout des observations intéressantes. La foudre venait du sol. Elle avait une couleur étrange... Peut-être un sort? Elle avait été frappée à la hanche, donc le tir était soit hasardeux, imprécis... Elle s'excusa puis reprit en parlant du fond, de cette pluie, ou brume, bruine onirique et mystérieuse qui nuisait à la netteté de l'image. De la neige? En tout cas quelque chose qui évoquait le froid. Elle s'assit près de son cou lui qui avait toujours les yeux fermés. Il sentait de la chaleur quand elle passa son bras sur lui, quand elle le caressa. Il se doutait qu'elle cherchait à avoir le même point de vue que lui, mais il n'avait pas le courage d'ouvrir les yeux et d'observer cet instant qui l'avait privé de savoir qui il était, privé d'une figure maternelle... Elle lui raconta alors ses premiers jours. Elle avait aussi perdu sa mère, dans la glace et les éclats de celle-ci. Elle ajouta à la cocasserie de leurs situations très similaires. Il entendait son sourire dans sa voix... Elle ajouta que quoi qui l'ait rendu humain, lui avait permit de le rencontrer ce qui lui réchauffa le cœur. Quel était cet étrange sentiment qui le traversait. Il sentit alors le baiser sur son cou, pourtant ses écailles n'étaient pas très sensibles, mais cette douce électricité se diffusa dans son corps, chaleureuse et agréable. Elle lui demanda alors si il pensait que sa mère aurait pu vouloir le dissimuler avec un sort, ou que sa branche était surement plus riche, mais ça lui paraissait improbable. Toutes ses informations fourmillaient dans sa tête dans un brouhaha assourdissant. Snow posa ses pattes sur son museau comme aurait pu le faire un petit chiot qui se cachait pour s'endormir.

"Je ne sais pas... Je... Peut-être... Mais si... Non ça me parait improbable..."

Snow ouvrit doucement les yeux, retira doucement ses mains pour observer l’œuvre macabre. Il ne l'avait vu que par fragments, et la découvrait pour la première fois dans sa presque entièreté. Il sentait qu'il devait rester sur cette montagne. Il avait été attiré à cet endroit exacte parce qu'il était en quête de réponse. En quête d'un abri. Comme si son âme répondait à cet endroit. Snow tourna lentement la tête pour observer le visage de la femme.

"Ne sens-tu pas... Comme... Une forme de réconfort... Ici?"

Il ne s'expliquait pas cette sensation, c'était une émotion forte, comme celle qu'elle lui faisait sentir à chaque baiser mais... Différente, comme plus crus... Plus diffuse. Plus étrange...

Snow était manifestement perturbé, inquiet, et elle n’en rajouta pas, se contentant de le caresser doucement lorsqu’il enfouit son museau dans ses pattes. Elle comprenait aisément qu’il se retrouvait forcé à replonger dans un ensemble de souvenirs difficiles, et donc, qu’il était quelque peu en difficultés … Surtout après des années à les fuir et deux ans au moins à hiberner en solitaire ! Senea se voulait aussi réconfortante que possible. Pourtant, lorsqu’il lui demanda si elle ne ressentait pas cette même émotion dans cet endroit, elle ne put s'empêcher de froncer légèrement les sourcils. Du réconfort, ici ? Non, elle n’en voyait pas. Pas du tout. Elle était contente de l’avoir retrouvé, de le savoir vivant, mais elle trouvait l’endroit froid et inquiétant, presque menaçant. Le fait qu’il se situe au cœur des montagnes Rhadamantiennes n’aidait absolument pas, sans parler des portraits sans visages, et de la sensation de répétition, de miroir …

“Sincèrement, pas du tout. Au contraire même … Mais si c’est ton cas, tant mieux, Snow.” ajouta-t-elle. “Tu te souviens de comment, voire de pourquoi, tu es arrivé ici ?”

Elle ne voyait pas d’autre moyen de l’aider à résoudre son changement de forme et les mystères qui entouraient ce lieu que par la compréhension de ce qui l’avait amené là.

Visiblement elle ne se sentait pas à sa place ici contrairement à cette sensation familière qu'il ressentait. Il posa un œil songeur sur la femme. "Peut-être devrais-je identifier la source de cette sensation... C'est probablement quelque chose dans les environs plus qu'une raison émotionnelle profonde..." Se dit-il. Son regard devint vitrux alors qu'il fermait de nouveaux les yeux. Sa respiration ralentit alors graduellement, d'extérieur on aurait pu croire qu'il tombait de nouveau dans le sommeil mais non, il entrait dans une profonde concentration presque méditative. Son nez se redressa doucement alors que son faciès bestiale émergeait de ses mains pour se relever. Humant l'air, son nez tourna de façon cyclique, comme un prédateur en quête de son prochain repas. Il ressentait à présent une forme de magie, il devait la ressentir depuis le début, mais sans réellement s'en rendre compte. Peut-être était-ce la source de pouvoir qui lui permettait à ses rêves de se matérialiser, même à sa magie d'âtre aussi puissante et endurante... Bon pour la casbah gelée les températures extrêmes de la zone suffiraient à la maintenir intacte mais tout de même. Son nez se baissa doucement vers le sol. Il ressentait une source qui raisonnait avec chacune de ses fibres internes. Qui le galvanisait, le rechargeait... Il ouvrit les yeux et chercha la femme du regard. Il l'a retrouva assez rapidement.

"Tu ne ressens pas cette magie sous nos pieds... Pattes...!?"

Snow se releva doucement et s'étira de tout son long, cela faisait des mois qu'il n'avait pas bougé d'un poil. Il en pu même retenir un long bâillement d'épuisement comme si rien que le simple fait de se mouvoir lui prenait une quantité colossale d'énergie. Puis, à l'image d'un chien, il posa son arrière train, le buste droit dans une magnifique position "assit!".

"Il y a une source de magie qui semble correspondre avec moi... Je ne saurais pas te l'expliquer mais peut-être arriverais-je à te la faire sentir..."

Snow baissa alors la tête vers la femme comme pour coller son front au sien, et à l'image de ce qu'il avaient fait des années auparavant, il ouvrit sa magie à la femme qui serait vraisemblablement la seule au monde à pouvoir répondre à cette invitation. De toutes façon il ne voulait personne d'autre. Si elle acceptait l'invitation elle pourrait probablement sentir ce "caillot" de magie glaciale qui se trouvait une vingtaine de mètres sous leurs pieds.

Senea l'observa se plonger soudain dans une sorte de méditation ondoyante, un peu circonspecte. c'était un peu inattendu, et si elle aurait dû s'habituer aux réactions parfois étonnantes de Snow, le voir avoir ces réactions sous forme en plus de dragon n'aidait pas du tout à calmer ses surprises. A vrai dire, elle était fatiguée et avait un peu faim, ce qui ne devait pas aider. Bref, toujours était-il que Snow sembla trouver ce qu'il cherchait, lui faisant part d'une magie sous eux, très certainement dans les profondeurs de la montagne. Elle haussa un sourcil, puis de concentra.

Non, vraiment, elle ne sentait rien. Elle allait lui en faire part lorsqu'il se leva soudain, manifestement épuisé par cet effort qu'il n'avait peut-être pas fait depuis plusieurs années, et s'assit, bien droit, presque canin. Baissant la tête vers elle, il lui expliqua qu'il voulait lui faire sentir ce qu'il sentait, cette magie, sous eux qu'il ressentait si profondément.
Senea le regarda, un instant, se demandant si c'était vraiment une bonne idée. Leur partage magique avait toujours été si ... intense qu'elle craignait qu'à présent qu'il semblait avoir gagné en puissance sous cette nouvelle forme, il ne la carbonise involontairement ou ne la rende ivre de pouvoir, addict à ces sensations, incapable de se passer de lui. Oui, mais ... Elle était là. Si elle était venue, c'était pour le retrouver, pour comprendre. Et cette histoire de magie semblait être une clé importante, très importante même.
Elle lui sourit, posa une main de chaque côté de sa gueule, comme elle l'aurait fait pour approcher son visage d'elle et l'embrasser s'il avait été humain, et mit son front contre celui du dragon, prête à embarquer.

Son esprit était ouvert à celui de la femme, et c'était probablement la magie de ces lieux qui pourraient lui ouvrir la porte de ses songes. D'un' certaine façon, la pensée de retomber dans ses limbes oniriques lui paraissait beaucoup moins incertain voir effrayants à deux. Avant même qu'il ne s'en rende compte, la magie des lieux venait de le saisir de nouveaux. Une nouvelle toile vint alors s'installer non loin d'eux. Les couleurs étaient bien plus chaleureuses que toutes les autres peintures, Du orange, du rouge, mais diffus, presque flou, comme si la couleurs traversait une forme de liquide visqueux, gélatineux. comme un e épaisse couche chaude et agréable. Snow sentait le liquide sur chacune des parties nues de son corps. Cette sensation était chaleureuse, agréable presque, réconfortante. Il entendit alors deux voix, lointaine, comme si elles traversaient un fin mur. L'une des deux était d'une douceur infinie, la voix d'une femme dans la fleur de l'age, qui avait comme, un petit truc en plus, la façon dont elle parlait fit accélérer le pouls du dragon.

"Crains-tu vraiment pour la sureté de mon nid?"Fit-elle d'un ton inquiet.

Une silhouette féminine apparut alors. Malgré le fait que ce ne soit qu'une ombre sur cette toile orangée, l'on devinait qu'elle portait une chevelure, longue; comme si ses cheveux tombaient en cascade jusque sur ses chevilles. Les mains près du visage, jointe comme une prière. Une seconde silhouette gigantesque apparut alors. C'était une tête immense avec de grandes cornes au sommet du crâne et une au bout du nez.

"Nous ne somme pas en sécurité ici, je refuse que notre lignée s'arrête ici." Répondit-il doucement d'une voix profondément rauque et caverneuse.

La femme se tourna alors vers Snow et posa une main sur la toile. Snow avança sa main vers celle posée sur cette étrange et fine pellicule. Ses doigts étaient bleus, couverts d'écailles et fini de serres crochus. La main de la femme s'illumina alors et quand celle de Snow devint humaine, celle de la femme devint immense et bestiale.

"C'est trop tard, ils arrivent!" Hurla la voix masculine. "Prends le et part le plus vite possible!"
"-Mais père!" répondit la voix qui avait gagnée en coffre et en saturation.
"Protège mon petit-fils Millana. Puisses-tu me retrouver dans l'après vie." Répondit-il empreint d'émotion.

La queue de la dragonne saisit Snow et décolla tandis qu'on entendait l'autre dragon hurler un puissant cri de guerre. Tout menait alors à ce moment fatidique, cette toilé immense qui se trouvait dans la salle. Snow savait ce qui arrivait, ce moment qu'il ne souhaitait pas regarder en face. Ce moment qui brisait jusqu'à son âme. Snow se recroquevilla sur lui même le visage enfoui dans ses mains les yeux fermés à en être plissés. S'il avait oublié jusqu'à sa propre essence, c'était clairement dû à traumatisme... L'orage commençait alors à se faire entendre autour de ses files parois qui le protégeait de l'air extérieur.

Senea sentait, oui, l’esprit de Snow ouvert à elle, et elle sentait sa magie se lier à la sienne. Elle sentait la puissance de Snow, comme un fauve en sommeil, si forte, presque écrasante. Elle sentait sa propre magie, prête à lâcher les rennes, à se noyer dans cet océan de puissance. Senea ralentit, serra les rennes, le plus possible. Si elle commençait à s’abreuver à cette source, elle s’engagerait sur une pente glissante, elle en était certaine. Il y avait tellement de sensations étranges, différentes, dans cet échange, qu’elle ne remarqua pas immédiatement la sensation de barrière, de mur de glace contre lequel elle se heurtait. Et pourtant, c’était bien cela. Snow comme elle n’étaient pas télépathes, et cette fois, rien ne filtrait, pas de souvenirs, pas de sensations. Ce n'était pas leur spécialité, après tout, et il était possible que le fait que Senea restait le contrôle et la méfiance n’aide pas du tout à cet échange. Et pourtant, en ouvrant les yeux, elle aperçut près d’eux, du coin de l’oeil, cette toile, qui se remplissait. Mais là aussi, cela semblait être vu à travers une vitre mal dépolie, quelque chose de légèrement déformant. Sans lâcher Snow, sans cesser de le toucher, elle regarda la toile, qui apportait tant d'informations, qui paraissait vivante, mouvante. Une succession de scènes y voyaient le jour, dans un ensemble de couleurs un peu étranges, chaudes et sombres à la fois, comme salies et délavées à la fois. Senea voyait les silhouettes, les imaginait parler, mais n’entendait pas de voix. C’était inutile, cependant: les images se suffisaient à elle-même, et n’avaient pas besoin de plus pour qu’elle comprenne qu’elle assistait aux derniers instants de la mère de Snow, et à la mise en place du sort qui avait maintenu ce dernier sous forme humaine si longtemps.
Cette sensation duffuse se cofnirma lorsqui’elle le sentit se recroquviller, comme un enfant malgré son immensité, son énorméité, yeux scellés soudain, se dégageant de l’étreinte de la jeune femme, peut-être aps tout à fait vlonatirement. En dehors, SEnea entendait l’orage qui commençait à gronder, et elle se sentait elle-même un peu fatiguée. Il ne fallait pas qu’elle cède cependant, ni à la peur de l’orage, ni à l’envie de dormir, elle le savait, sinon, ils seraient tous les deux coincés ici. Elle n’était pas idiote, et savait qu’ils étaient dans ce palais de légende, et que celui-ci n’attendait que de l’endormir.

Foutues beuveries d’étudiants.

Doucement, elle s’accroupit, et se mit à la hauteur du visage démesuré du dragon. Doucement, elle caressa ses pattes griffues, celles qui recouvraient son visage crispé.

“Snow …” lui murmura-t-elle. “Snow, ne te rendors pas. Je suis là, et on va quitter cet endroit. C’est cet endroit qui fait tout ressortir, et tu as besoin de t’en éloigner pour pouvoir tout intégrer. C’est … C’est énorme ce qui vient de t’arriver, tu imagines ? Une guerre, et soudain, des décennies de souvenirs qui reviennent, et une identité à recréer, une branche à découvrir. Snow, je suis persuadée que tu as besoin de temps, et ce n’est pas ce palais qui te le laissera. Pars avec moi, rentrons. C’est très dur, Snow, et tu manques à Flake, si tu savais ! Tu redécouvres tout ce que tu as oublié, et ce lieu a déterré des traumatismes que tu ignorais même avoir … Laisse-nous t’aider. Laisse-moi t’accompagner … J’ai perdu ma mère moi aussi, j’ai perdu mon frère, moi aussi, je me découvre, moi aussi, je perds mon père peu à peu, et changé de vie une première fois déjà. Je ne peux pas dire que cela s’approche de ce que tu vis, mais on peut peut-être essayer de s’appuyer un peu l’un sur l’autre, en bons amis ? Je ne veux pas te laisser Snow, je ne veux pas t’abandonner. Ça va aller, tu vas réussir à affronter tout cela. Je te promets que le temps aide, quand on se souvient.”

Sa voix était douce, et elle lui dosait cela dans un murmure rassurant, très proche de son oreille, sans cesser de le caresser, les pattes, les visage au fur et à mesure, peut-être que celui-ci se détendait. Assise contre lui, tout près de sa gueule, il n’aurait eu qu’un mouvement à faire pour ne faire d’elle qu'une bouchée, et pourtant, elle n’avait pas peur. Elle était impressionnée, mais elle n’avait pas peur.

Les premiers éclaire battaient les nuages et fendaient l'air en silence Cette vive lumière qui transperçait la toile d'une vive lumière violacée Les couleurs chaleureuses laissaient place au un bleu nuit veiné de violet. La silhouette imposante de la dragonne, dessinée comme une tâche d'encre indélébile obscurantiste toute la partie de droite. Le rêve devenait cauchemar, celui qu'il avait déjà eu tant de fois depuis qu'il se trouvait dans ce palais. Il entendit alors sa voix, celle de la femme, qui se tenait près de son corps immense qui sombrait peu à peu dans le sommeil. L'implorant de ne pas se laisser aller dans le rêve. Mais s'endormir était tellement plus simple que d'avoir à gérer la cruelle réalité qui lui avait volé sa vie. Il l'entendait sans la comprendre. Seulement des mots par-ci par-là Elle avait perdu mère, frère et bientôt père. Elle ne voulait pas l'abandonner. Pourtant, Snow sombrait de plus en plus, s'approchant inexorablement vers le moment fatidique où la foudre allait frapper Il l'a sentait, si près de son visage, les mots qu'il avait comprit résonnaient dans son esprit. Il tenta alors de refaire surface, mais il était si profondément enfoncé dans l'abysse, il avait coulé comme une pierre, face à la lumière qui s'estompait peu à peu que remonter lui paraissait impossible. Pourtant et faiblement, il commença à vouloir nager vers le ciel. Agitant ses mains, ne sentait même pas son corps se mouvoir, ne voyant pas son corps se mouvoir. Son esprit se mit alors à se débattre frénétiquement, relâchant doucement tout ce leste qui le tirait vers le fond. Il tendit sa main vers la lumière; et par un jeu d'ombre, il l'a vit enfin. Cette forme si près de son visage qui n'attendait que son réveil. Peu à peu le corps qui était devenu frêle et humain, reprenait doucement forme draconique, épaisse, lourde, puissante, sa carrure gagnait en taille et en énergie.

"Hmmm...!"

Laissa-t-il échapper alors que son son œil s'ouvrait peu à peu et que son niveau d'énergie semblait remonter. Il re-faisait surface, quittant ce gouffre abyssal qui était en train de l'aspirer. Senea avait raison, il était grand temps de partir, il savait plus ou moins ce qu'étais ce lieu, il l'avait cherché sans le chercher, et l'avait trouvé sans le vouloir, Luttant pour ouvrir les yeux, il commença à se mouvoir, tentant de sortir de sa torpeur. Mais cette léthargie le maintenait fermement. Il poussa un long grognement alors que son cou de se redressait doucement, ses yeux à demi ouverts cherchait une meilleure option pour sortir. Il trouva la femme des yeux et l'invita à lui grimper sur le dos... Quand elle y serait enfin montée, alors il usera de toute l'énergie qu'il a à disposition pour sortir et prendre son envol pour quitter cette prison onirique qui avait beaucoup trop d'effet sur lui.