Elysion
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Kaïto
Kaïto
Elysionien.ne
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L'oiseau clandestin (PV Aëlia)  Empty L'oiseau clandestin (PV Aëlia)

Ven 11 Oct 2024 - 14:07
Je suis le voyageur égaré, le rêveur marchant sur la grève, porté par les vents, nourri par la bourrasque tel le faucon en voyage.

Les mots de l'ancien poème se dispersèrent en volute de nuage balayées par la bourrasque de ses ailes. Il était des nuits où le Lune fermait son oeil d'argent, à la fois bienveillant et complice, lui offrant l'obscurité clairsemée d'étoile pour muse et les vents pour compagnons. Des nuits où les ténèbres recouvraient le monde dans un épais manteau de songes et où les feux minuscules des demeures créaient un ciel inversé, reflet de son domaine échu sur terre. Des nuits où le voile entre les mondes se faisait aussi diaphane que l'obscurité était épaisse. C'était une de ces nuits là. Une nuit où tout devenait possible. Une nuit par laquelle les meilleures histoires se devaient de commencer.

Les bonnes histoires, Kaïto savait les reconnaître. Cela faisait des âges qu'il les recueillait, écoutant attentivement les murmures venus de la terre et de la mer et que les vents, joueurs, dérobaient. Celle qui commençait par cet étrange navire venu sillonner son ciel l'intriguait particulièrement. Louvoyant entre les nuages, il suivait avec légèreté le vaisseau qui échappait aux connaissances de son monde. Les siens avaient bien une nef volante mais ce n'était en rien le bâtiment de sa famille. Alors qui ? Comment ? Pourquoi ?

Les vents portaient les sons à ses oreilles, frôlant ses plumes et ébouriffant ses cheveux pour lui conter des voix inconnues et une langue totalement étrangère. Lui connaissait toutes les langues de son monde. Il ne les avait pas inventées, ce n'était pas son rôle, mais il les avait apprises. Celle-ci, il en était certain, ne tirait son origine d'aucun dialecte de son monde. Un sourire se dessina sur ses lèvres. Voilà qui était d'autant plus intriguant.

Ses ailes ployèrent et il se laissa descendre, profitant d'un nuage pour s'approcher du vaisseau et se poser en silence sur le mât. La vigie était descendue, probablement pour éviter de geler seule là haut, une aubaine pour lui. Dissimulé dans l'ombre, à la lisière des feux couverts, il observa cet équipage inconnu. Il identifia la capitaine à la façon dont les autres se comportaient vis à vis d'elle. Le navire semblait équipé pour se défendre mais ce n'était pas non plus un vaisseau de guerre. Des explorateurs ?

Cette éventualité soulevait de nombreuses questions. Où était leur point de passage ? D'où venaient-ils ? Que faisaient-ils ici ? Représentaient-ils une menace ? Qu'en était-il du monde dont ils étaient originaires ? Il fallait qu'il en ait le coeur net. Alors, il attendit que l'activité sur le pont se calme avec l'avancée de la nuit. Il pouvait patienter, le temps jouerait en sa faveur et la nuit rendrait lourdes les paupières des voyageurs. C'était son heure, celle où les lumières n'étaient plus que celles d'une ou deux lampe tempête et où les ombres rampaient sur le pont, magnifiées par les timides feux qui bravaient les ténèbres.

Son pied se posa sur le pont, à l'abri des regards. D'un léger geste de la main, il appela un nuage à lui, laissant sa délicate brume se répandre sur le pont, s'enrouler autour des mats et repartir sans laisser plus de trace qu'une vision fugace dans la mémoire des navigateurs. Une vision qui lui permit d'ouvrir une porte et de descendre une volée de marche de bois, veillant à ne pas faire de bruit pour descendre dans ce qu'il supposait être une cale. D'ici, il ne verrait pas grand chose mais cela lui permettrait d'écouter ce qu'il se passait au dessus et le vaisseau le mènerait de lui même jusqu'à son port d'attache.

Kaïto fureta un peu au milieu des caisses de provision. Il récupéra une pomme qu'il examina attentivement. Impossible de dire si elle était native d'ici ou non. D'autres que lui auraient pu le dire mais ce n'était pas son domaine. Ses ailes disparurent alors qu'il croquait dans le fruit et continuait son investigation. Ses pensées s'envolèrent un instant vers une conscience endormie, élan de tendresse pour une âme lointaine. S'il avait été près d'elle, il aurait effleuré sa joue et embrassé son front, lui souhaitant une bonne nuit.

*Dors, gente demoiselle, je m'en vais voir de quoi il retourne.*
Aëlia Delabost
Aëlia Delabost
Eaquien.ne
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Age : 35
Localisation : En mer, toujours, sur l'Envolée, peut-être pas pour toujours.

Votre personnage et ses relations
Date de naissance: 04/03/2754
Âge: 36
Branche(s): Télépathe
Lieu de vie: Hypnos
Occupation: Associée à LutherCorp et exploratrice de portails
Niveau de richesse: 7
Niveau de célébrité: 7
Relations principales:
Autres informations essentielles:

L'oiseau clandestin (PV Aëlia)  Empty Re: L'oiseau clandestin (PV Aëlia)

Dim 13 Oct 2024 - 12:39
Aëlia sourit en retrouvant le vert tendre et le gris doux des montagnes minosiennes, ornées de neige en leur sommet comme l'aurait fait un enfant sur un dessin. Même les lignes de crête étaient souples, l'œil y glissait. Parfois, l’exploratrice se demandait comme Minos avait résisté tant d’années, comment Minos tenait toujours debout: un si petit continent, peuplé de gens si gentils et bienveillants, parfois même naïfs, aux paysages semblables à d'illustrations d’ouvrages pour enfants, aurait dû tomber bien longtemps auparavant avec les sauvages Rhadamatiens et les avides Eaquiens comme voisins et pourtant … Pourtant, Minos était toujours là. Oui, évidemment,durant des siècles, le continent avait servi de grenier à blé pour tout Elysion, et avait été ponctionné par ses voisins. Mais depuis plus d’une décennie, Minso avait changé comme personne n’aurait pu l’imaginer, et pourtant, jamais ni Eaque ni Rhadamanthe n’avait eu l’audace de l’attaquer frontalement. Qu’est-ce qui justifiait cette immunité ? Quel pacte Beldura Glow avait-elle passé avec quelles puissances obscures ?
L’idée simplement de la frêle reine minosienne fricotant avec n’importe quelle puissance ésotérique suffit à déclencher un rire bref chez Aëlia, la sortant de sa réflexion. Non, ce n’était vraiment pas le genre de la Reine de Minos, et l’explication était sûrement bien plus simple, mais ce n’étaient pas là du tout les affaires d’exploratrice. Les yeux plissés par le rire, elle se détacha du gouvernail: la partie difficile était passée. Le portail avait été franchi, et tout son maigre équipage était rentré sain et sauf avec elle, sur leur nef volante signée LutherCorp. C’eût été mentir que de dire qu’elle n’avait pas hâte de retrouver son mari, mais il y avait d’autres priorités, et elle devait finir son travail.

Le portail était apparu quelques jours auparavant. Depuis la guerre, ces trous de ver surgissaient soudainement, à des endroits aléatoires. Heureusement, les maisons n’avaient pas encore été touchées … Peu à peu, sur Elysion, des équipes s’étaient formées afin de repérer ce scintillement si particulier, et l’alerte remontait très vite. Alors, le portail était étroitement surveillé par des équipes armées et différents continents, qui restaient à leur poste en permanence. Aëlia et son équipe arrivaient, entraient dans le portail, et pouvaient ressortir quelques heures comme des jours plus tard en fonction d'où ils tombaient. Pendant ce temps, le portail était toujours gardé, et il y avait toujours un Voyageur afin de le stabiliser si besoin.
Puis, une fois l'exploratrice inter-Mondes et son minuscule équipage revenus sur les terres d’Elysion, d’autres Voyageurs étaient dépêchés, et font en sorte de fermer le portail. Puis Aëlia allait faire son rapport aux souverains assemblés, ou à leurs représentants, et repartait vaquer à ses activités de co-administratrice de LutherCorp une fois sa paie empochée, en zigzagant entre les journalistes alors que des bouts de rapports paraissaient dans la presse.
C’était le même schéma depuis Rubéen 2789, et Aëlia ne s’en laissait pas. Elle adorait ce goût d’aventure dans sa vie, se délectant de ses trouvailles, de ses découvertes. Il y avait de la surprise permanente, du danger aussi, et de l’adrénaline à foison. En bref ? Tout ce qu’elle aimait !

Cette fois, elle avait eu la surprise de retrouver un monde qu’elle était persuadée d'avoir déjà croisé, mais dans un autre lieu, un autre temps. La nef s’était matérialisée en pleine mer, entre un archipel et un contient. Aëlia avait noté qu’ils avaient suivi des sirènes, femmes poissons ondoyantes dans les flots clairs pendant quelques mètres, avant de pénétrer dans une dense forêt donc la canopé avait caressé la coque alors qu’ils se dissimulaient dans les nuages le temps de trouver où se poser discrètement.
Une clairière, là !
Vite, la nef perdit de l’altitude, et soudain, se fondit dans le paysage. Merveilleux Luther, inventeur de génie, qui leur permettait de si facilement disparaître. Un sourire aux lèvres, comme toujours lorsqu’elle pensait à son mari, Aëlia fit signe à sa petite équipe: ils ajustèrent leur canon de bras, et leurs lunettes nasales, replacèrent leurs lunettes, finirent d'équiper leurs combinaisons avant de remettre leurs vêtements alors qu’elle dissolvait l’atmosphère protectrice d’Elysion enfermée dans une bulle autour du navire volant. Rien ne pouvait jamais leur garantir qu’ils étaient aptes à survivre dans les mondes dans lesquels ils arrivaient, et ils étaient donc toujours équipé. Les capteurs du navire leur permettaient de faire des centaines d'analyses avant de partir dans la nature; ainsi Aëlia savait que la pesanteur, identique, ne les écraserait pas. Elle savait aussi que cet air était respirable, même si leur tête risquait de tourner comme en haute montagne. Mais on n’était jamais trop prudents.
Une partie de l’équipage partit en forêt, l’autre resta sur la nef, s’envolant de nouveau. Le but ? cartographier et découvrir des espèces, faire des prélèvements. Rapidement, le navire revint: ils avaient repéré une ville.
Une fois à destination, Aëlia y découvrit un monde sauvage, une ville où constructions humaines et végétation se mêlaient dans une forme d’harmonie non étudiée. Parfois l’ombre d’un oiseau géant passant devant le Soleil de ce monde obscurcissait un peu la rue alors qu’ils croisaient un Alf, un Argileux Dur, ou un humanoïde dont ils ne parvenaient pas à identifier la Branche par rapport à celles d’Elysion. Plusieurs heures, ils se baladaient, dissimulés dans la foule, se perdant, explorant, découvrant un monde en paix, toujours différent du leur, tentant de compulser le plus d'informations possibles. Evidemment, le petit appareil de traduction, discrète technologie accolée à leur gorge, à peine plus grosse que la dernière phalange du petit doigt, les aidait bien: ainsi, ils pouvaient communiquer grâce au génie de Luther, toujours lui.
Il leur fallait être discrets, ne pas éveiller de soupçons. Et c’étaient bien pour cela qu’ils ne restaient jamais suffisamment longtemps pour être démasqués, pour ne pas passer pour de simples voyageurs un peu égarés. La seconde nuit tombait lorsque l’ensemble de l’équipage regagna la nef, sur la coque de laquelle ils découvrirent une chauve-souris géante qui se reposait.
Ils mangèrent, firent un point, et repartirent, survolant plaines, forêts et océans pour revenir à leur point d’arrivée et de départ, ce scintillement caractéristique d’un portail. La manœuvre était toujours délicate: il fallait s’assurer de revenir exactement comme on était arrivé, dans le même positionnement, afin de ne pas risquer de s’encastrer dans une montagne par exemple. Etonnamment, l’exploratrice ne pouvait s’empêcher de repenser à Kyril et son bateau volant alors qu’elle manoeuvrait/ Le kitsune n’imaginait sans doute pas qu'il influerait sur le destinée de la pirate à ce point, bon sang de bois vermoulu !
Et dans un dernier sourire, elle avait enfoncé la nef dans la carté, fonçant droit dans Elysion.

C’était après ça que les soucis commencèrent.

Comme toujours à l’arrivée, Aëlia était allée serrer des mains, taper des dos, avant de faire vider le navire. C’est à cette étape qu’un membre de l’équipage l’appela soudain. Un sourcil froncé, elle bondit sur le pont, souple, et suivit son homme jusque dans les cales.
En découvrant un homme vêtu de sombre qui dormait roulé en boule entre des caisses de victuailles, son autre sourcil rejoint le premier dans un froncement mécontent. Voilà qui n’était pas prévu. Elle n’avait jamais eu de passager clandestin, et n’avait pas prévu de commencer. Il ne fallait pas prendre les enfants de grands Rois pour des Testa Nubes sauvages !
Et comment diable était-il rentré cet énergumène ?? le navire était dissimulé, et surveillé en plus de ça ! De plus en plus agacée, peut-être plus encore par sa propre négligence que par la présence même de l’intrus, Aëlia soupira. Il avait de la chance d’être vivant, cet imbécile. Elle aurait eu l’air maligne avec un cadavre dans ses cales ! Ceci dit, elle aurait été prête à parier que la section de l’Académie dédiée à l’étude des mondes extérieur aurait été ravie … Retenant un frisson, elle grimaça quand même.
D’un signe, elle signifia à son matelot de s’éloigner, mais pas trop. Puis, elle récupéra sa gourde à sa ceinture, qu’elle ouvrit, et renversa sur l’inconnu.

On se réveille, la taupe velours d’un autre monde !

Normalement, il devrait la comprendre, grâce à ce petit miracle bricolé par Luther.

C’est pas très poli d'embarquer sans prévenir sur les bateaux des autres.” lança-t-elle à l’intrus, sur un ton un peu rigolard. “Vous avez de la chance qu’on soit des explorateurs honnêtes et pas du genre à jeter les clandestins par dessus le bastingage, sinon vous flottiez sans doute éternellement dans un vide interdimensionnel, voleur de pommes !

Un demi-sourire à fossettes apparaissait peu à peu sur le visage de l’ex-pirate alors que le bonhomme dévoilait ses yeux violets en se réveillant.

Je suis Aëlia Delabost, exploratrice inter-monde d’Elysion, où vous êtes actuellement rentré illégalement. Et vous, vous êtes qui ?”

Autant faire les présentations avant d’entamer les hostilités s’il devait y en avoir. D’autant que se faire réveiller par le contenu pas bien chaud d'une gourde ne devait pas être l’expérience la plus agréable d'une vie, mais Aëlia le savait: on ne touchait pas ce qui venait d’un autre monde sans combinaison de protection. Et elle n’avait plus de combinaison de protection.
Dans un coin de sa tête, elle tentait de se souvenir de la procédure pour ces cas-là. Elle n’avait jamais été très à cheval sur les règlements. Un vestige de sa vie de pirate, sans doute.

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Kaïto
Kaïto
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L'oiseau clandestin (PV Aëlia)  Empty Re: L'oiseau clandestin (PV Aëlia)

Hier à 10:20
Bouchée de pomme après bouchée de pomme, il explorait la cale, les sens aux aguets en dépit de sa curieuse nonchalance. Le navire craquait et grinçait, résonnait du pas des membres de l'équipage encore debout. Quant aux cales, elles contenaient surtout des vivres, des réserves d'eau douce mais rien de terriblement dangereux au premier abord. Un sourire étira ses lèvres quand il avisa une sorte de piège à souris ; d'un monde à l'autre, les soucis des navigateurs demeuraient les mêmes. Son exploration s'interrompit alors qu'il sentit le vaisseau volant en manoeuvre. Il ralentissait et virait de bord légèrement. Kaïto termina sa pomme et n'en garda que les pépins, songeant qu'il les ramènerait peut-être aux siens pour demander si cette pomme était étrangère à leur monde ou non. Il voyait déjà briller les regards de ceux qui voudraient étudier les minuscules pépins bruns. Probablement que tout l'or du monde ne pouvait rivaliser avec ces minuscules graines à leurs yeux.

Un vertige le pris. Le monde tangua soudainement et il se rattrapa à une caisse. Il cru d'abord à une brusque embardée du navire mais cette pensée fut vite balayée par la faiblesse qu'il ressentait tout à coup. Son coeur s'affolait dans sa poitrine, l'air lui manquait. Posant les yeux sur sa main appuyée contre le bois, il put constater sa pâleur et son reflet nacré, presque iridescent dans la pénombre. Que se passait-il ? Pourquoi son apparence lui échappait-elle ? était-ce le passage d'un monde à l'autre ? Probablement. Que pouvait-il y faire ? Son cerveau tournait à plein régime alors qu'il se sentait comme arraché à lui-même. Entre terreur et conscience, il se força à s'asseoir entre deux caisses et prit une profonde inspiration. L'air pénétra dans ses poumons, y circula, laissant passer l'oxygène dans son sang, puis repartit, exhalé par ses lèvres entrouvertes. Inspiration. Expiration. Le cycle commençait par une fraîcheur à ses narines, un parfum de pommes et de bois, puis se poursuivait au sein de son organisme. Son coeur s'apaisa peu à peu, tenu par sa respiration comme une main posée sur l'encolure d'une bête affolée. Ses mains reprirent une teinte de chair commune, un peu pâle comme il la préférait. Kaïto souffla une dernière fois et ferma les paupières, se roulant en boule pour échapper aux vertiges. Complice et protectrice, l'obscurité l'accueillit en son sein.


Des pas légers sur le bois, la délicatesse d'un courant d'air, à peine l'altération d'atmosphère liée à une porte ouverte. Un rai de lumière peut-être, sous mes paupières closes tandis qu'une présence furtive se rapproche. Le silence feutré des flocons tombant sur la neige déjà déposée. Une frimousse portant quelque chose de peut-être un peu trop lourd pour elle. Qu'as-tu donc encore inventé... ?

L'eau froide le cueillit et il bondit en se redressant.

"Bon sang Fennel, je t'ai déjà dit que la neige n'était pas une façon de réveiller les..."

Kaïto s'interrompit et cligna des yeux.

"Et... Vous n'êtes pas Fennel," constata-t-il.

Des boucles blondes, une allure à la fois fière et amusée, le regard brillant et libre des enfants du ciel et de la mer, Kaïto reconnut la capitaine du bâtiment alors qu'il remettait les lieux et les évènements en place dans son esprit. Il y avait derrière elle un matelot qui le considérait d'un oeil à la fois inquiet et intrigué et dont l'attitude indiquait clairement qu'il s'en remettait à sa supérieure pour la gestion de cette affaire. Les mots de la jeune femme le ramenèrent à la réalité de l'instant, à sa tête qui l'élançait et à cet étrange vertige qu'il ressentait encore quand bien même s'était-il atténué. Un fin sourire étira ses lèvres et une étincelle s'alluma dans l'améthyste de son regard.

"Veuillez me pardonner, vous êtes entrés clandestinement dans mon monde alors j'ai cru honorer une coutume locale," répondit-il en passant une main sur son visage pour l'essuyer un peu.

Son sourire s'élargit en entendant la mention d'honnêtes explorateurs comparée à l'habitude de jeter des passagers par dessus bord.

"J'aurais aimé les y voir, tiens."

Il se releva et montra ses mains vides, espérant par ce geste démontrer qu'il n'était pas armé ou du moins qu'il n'avait pas d'intention hostile, avec un peu de chance ce genre de mouvement devait avoir une signification similaire dans tous les univers. Il se sentait nauséeux et ne pas tituber lui demandait un effort colossal. Se serait-il écouté qu'il serait probablement resté lové en boule entre ces deux caisses pour y dormir trois jours durant. Dommage, c'était plein d'eau à présent. L'endroit ne semblait plus si attrayant. De plus, dormir en présence d'autant de gens semblait compromis. Kaïto s'était donc résolu à faire ce qu'il savait faire de mieux, donner le change et tacher de ne pas trop montrer qu'il n'était pas au mieux de sa forme.

Elysion, exploratrice inter-monde, autant d'informations toutes aussi intéressantes que l'identité de celle qui lui faisait face. Il s'intéressa d'ailleurs au curieux phénomène qui lui permettait de la comprendre parfaitement. Plus tôt, les voix sur le navire parlaient une langue complètement étrangère. Peut-être usait-elle d'un enchantement de communication ? L'eau goûtant en perle de ses mèches sombres, il la gratifia d'un sourire franc.

"Les mortels me connaissent sous le nom de l'Enaël mais vous pouvez m'appeler Kaïto, disons que je suis chargé de mission pour m'assurer que vous ne présentiez pas d'intention hostiles vis à vis de mon monde," répondit-il avec l'insolent aplomb d'une personne trempée.

Elle n'avait pas tendu la main pour la lui serrer, aussi ne le fit-il pas, ne voulant pas prendre le risque que ce soit mal interprété. La politesse inter-mondes était un domaine nouveau à développer.

"Qu'est-ce qu'une taupe velours ?" s'enquit-il.
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