[Terminé] Jeux Olympiques : Jour 14, Boxe

Le ring était installé en plein centre de la ville sur la grand-place, un ring banal, sans fioriture, typique de la boxe, un peu surélevé, des cordes sur les côtés, un tabouret dans deux des coins, opposés. Cette épreuve serait un tournoi, pas forcément égal, tous pouvaient y entrer à la base et les adversaires étaient définis aléatoirement de façon à ce que les deux plus doués puissent se battre dans le tout premier match.
Les deux premiers participants montaient sur le ring, deux péquenauds, complètement inconnus de tous.

Participants : Sorga, Kyril, Siffroy, Garmyr

Le combat des deux péquenauds n'avait pas énormément duré, le premier
avait trébuché sur une racine que l'autre d'en face lui avait placé dans
les pieds. Un dryade apparemment. Cependant l'autre venait de se
relever pour placer un uppercut sous le menton du légume tandis que
celui-ci armait un crochet du droit. Ce fut un magnifique double k.o.
Ils ne devaient pas s'attendre à tomber tout de suite sur quelqu'un de
son niveau.

Garmyr de son coté se trouvait au bar attendant son
verre, il venait tout juste de retrouver une sobriété normale, qu'il
tentait déjà de retomber en ébriété. Au moment où son verre de rhum
arriva devant lui, il le souleva et l'avala d'un trait. Il grimpa sur le
ring sans changer de tenue il jeta son, manteau sur le bords du ring où
se trouvait le tabouret qui tomba au contact avec le vêtement. Le
premier adversaire de Garmyr faisait bien trois mètres de plus que lui
en long et au moins deux mètres en large. Décidément il passait son
temps à croiser des demi-géants.

- Pourquoi adversaire de Brandir si petit, Brandir vas tuer petit avec petit doigt, Brandir veut adversaire à sa taille !

Garmyr le fixa et inclina la tête sur le coté en le fixant.

- Je serais pas si sure de moi si j'étais toi.

Le demi-géant le fixa avec un air désolé.

- Toi petit être bien stupide.

Garmyr ne dit plus rien, appuyé sur les cordes attendant la cloche de départ.

* Ding ding *

C'était
partis, Garmyr fit un pas vers le géant qui écrasa son poing sur le
crâne de Garmyr qui n'avait même pas réagis. Du sang commença à couler
sur son visage. L'impact avait été suffisamment fort pour trouer la
peau. Le demi-géant avait un visage de pardon jusqu'à ce qu'il remarque
que Garmyr n'avait pas bougé d'un poil, et que le sang qui coulait sur
le visage de Garmyr n'était pas seulement le siens. Mais aussi celui de
son propre poing... Garmyr sourit.

- Stupide hein ?

Garmyr
recula son poing droit, arma toute la force de son bras dans un
prochain coup, son biceps se bonda dévoilant ses vrais muscles. Et dans
un Ghihi magistral, Garmyr frappa l'ennemi en pleins ventre. Celui-ci ne
comprenait pas vraiment ce qu'il se passait, il ressentait d'abords une
douleurs aigüe dans le poing, puis dans le ventre, il ne sentait plus
le sol sous ses pieds mais sentait le vent dans ses cheveux, il ne se
sentait pas se rapprocher de la tribune de derrière le ring que le
public avait rapidement évacué à la vue du demi-géant décollant de ses
pieds. Il s'écrasa dans un fracas sur les banc des tribunes, détruisant
une petite partie des tribunes derrière lui. Garmyr se retourna avança
et attrapa son manteau, il le ré-enfila et la seconde avant qu'il ait
quitté la ring, la cloche résonna et le jury annonça.

*DING DING DING* Garmyr vainqueur !

Garmyr n'avait même pas pris la peine de nettoyer le sang de son front qu'il était déjà au bar en train de commander à boire.

Siffroy n'en pouvait plus, les Minosiens, trop gentils dans tous les Jeux, s'arrêtaient cueillir des pâquerettes au milieu de tout et ne permettraient jamais à la planète de gagner ! C'était une véritable hécatombe en plus de quoi quelques Rhadamantiens intelligents et surtout vicieux avaient pris le goût d'abîmer les gentils messieurs entre les épreuves et de tricher afin de gagner.
Si il s'était promis de ne pas participer , c'était tant pis, en voyant venir la boxe, il s'était levé de sa tribune et était parti entrer, s'inscrire pour le combat sur le ring au dernier moment.

Il connaissait cette épreuve, il y avait déjà participé et il savait que les combats se terminaient à une vitesse hallucinante par différence de force et que donc l'épreuve allait très très vite, surtout qu'il n'y avait pas tant de participants que ça, les gens ayant peur de se faire mal. Il pouvait économiser sa greffe hors de ses combats alors avant de se montrer sur le ring, il l'activa. Ainsi on ne le reconnaîtrais pas.

C'est le jeune Siffroy Belgan qui se présenta torse nu sur le ring quand son premier combat commença: 25 ans, un corps déjà entraîné, gardant son expérience et ses connaissances du vieux lui, parfaitement en forme, c'était une faculté qu'il savait de sa greffe, en changeant d'age, ils se débarrassait de tout ses problèmes de corps même les pires, il pouvait être amputé d'un bras, il le retrouverait pour une heure en utilisant sa greffe. Son adversaire était de taille normale, semblant plutôt agile, sûr de lui aussi, trop sûr de lui.
La cloche sonna, Siffroy se mit en position de boxeur, un jeu de jambes et il se retrouva vite devant son adversaire qui eut le réflexe de décoher une rapide droite, Siffroy était dés le début aves ses poings devant son visage, il arrêta l'attaque d'un bras et lança l'autre, toucha la pointe du sternum, détruisant le souffle de son adversaire, il ne s'arrêta pas là, -dans un combat il était sans pitié, son entrainement Marchombre lui avait appris à l'être- il attrapa la tête piquant vers le sol de son adversaire, la colla sur le dis sol et attrapa son bras en un tour de main, lui faisant une clé, il implora pitié, Siffroy ne le lâcha pas jusqu'au coup de cloche final.

*DING DING DING* Siffroy vainqueur

Il sortit du ring, désactiva sa greffe: il lui restait 59 minutes avant d'être à court, à ce rythme là il lui en resterait pour aller se promener en ville après l'épreuve.

Odéline avait assisté au combat les yeux encore plus brillants que d’habitude. Il avait beau avoir été très court, il fut pour elle une énorme source de tensions, et une impressionnante hécatombe pour ses ongles.
Elle avait été très impressionné&e de voir Siffroy jeune et beau ainsi, très efficace aussi. Elle ne l’avait jamais vu, ni imaginé, si rapide et sauvage. Où avait-il appris tout cela ? Elle ne le savait pas, et sa voix restait obstinément muette. Il faudrait qu’elle lui pose elle-même ses questions.
Mais l’épreuve n’était pas terminée. Siffroy n’avait plié qu’un de ses concurrents, il en restait encore quelques uns avant la victoire finale, dont elle était persuadée qu’elle reviendrait de façon naturelle à son champion personnel. Elle fut de ceux qui applaudirent le plus fort, et se fendit même d’un sonore sifflement, doits dans la bouche –allez savoir où elle avait appris cela-.

Dans les vestiaires, seul, Sorga finissait de se préparer, à la fois physiquement et mentalement, à cette épreuve des JO qu'il savait difficile.
Il ignorait qui serait son adversaire, bien sûr, et il sentait le stress monter alors qu'il finissait d'enrouler autour de ses doigts - et surtout autour de ses griffes ! - des bandelettes de tissu blanches. Sa nervosité n'avait rien à voir avec celle ressentie durant l'épreuve de combat qui avait eu lieu dans le Désert, face à la multitude de monstres : c'était l'idée de se confronter seul à seul avec un adversaire qui lui donnait le trac.
Après tout, l'homme-lézard avait tout le temps préféré fuir les conflits, de peur de se faire définitivement rejeté par les gens s'il avait été un va-t-en guerre. Les rares fois où il s'était battu, c'était parce qu'il n'avait pas su ou pu trouver d'issues différentes. Hors, son travail auprès de la Reine avait doucement éveillé en lui le désir d'apprendre à faire front, à se battre.
Pour protéger la monarque.

C'était ce qui l'avait poussé à faire face autrefois à Milosh, dans les couloirs du palais. C'était aussi pour cela qu'il prenait de temps en temps des cours auprès du maître d'armes de la garde, pour apprendre à manier sa lance. Son frère lui avait en quelque sorte, montré la voie, la dernière fois qu'il s'était rendu dans le tombeau familial.
Sorga s'aperçut que ce ne serai pas contre un autre qu'il se battrait une fois sur le ring... mais contre lui-même.
Il sourit, amusé.
Un organisateur de l'épreuve vint le chercher, et l'homme-lézard inspira à fond avant de se mettre en route.

Il eut du mal à s'acclimater du changement de niveau sonore entre les vestiaires presque silencieux et la foule bruyante autour du ring.
Le dernier match venait de se terminer - l'homme-lézard fut surpris de voir descendre en vainqueur le conseiller Siffroy ! - et, après un instant, on lui fit signe de monter à son tour sur le ring.
Ce fut à ce moment qu'il découvrit pour la première fois son adversaire :

- Toi ?!
- Toi ?!

Milosh et Sorga se regardèrent, stupéfaits par la présence de l'un et de l'autre.
Le cuisinier travaillant au Palais et vouant à Sorga une inexplicable jalousie frôlant la haine fut le premier à se reprendre et à sourire d'un air mauvais :
- C'est une bonne surprise, l'écailleux. Te foutre une raclée devant tous ces gens promet du bon !

Sorga sourit à son tour, bien décidé à ne plus se laisser faire :
- Quoi ? Mais tu n'as ni poignard, ni copains musclés pour te couvrir ! Commet pourrais-tu te battre dans ces conditions ?

La cloche sonna, et les deux ennemis se jetèrent l'un sur l'autre sans une once de stratégie ou de finesse.
Le combat dura longtemps et fut acharné, tant les deux se rendaient coup pour coup - avec parfois une symétrie qui frôlait le ridicule - sans vouloir reculer ne serait-ce que d'un pas devant son adversaire.
L'homme-lézard exultait : Milosh était l'adversaire parfait pour son combat ! Le métamorphe était un condensé de tout ce qu'il avait fui jusqu'alors, tout ce qu'il voulait maintenant combattre.

Au bout du vingt-sixième round, l'un et l'autre n'étaient plus que bleus et traces de coups : ils chancelaient, à moitié inconscients, et leurs frappes ne valaient plus grand chose.
Rassemblant ses dernières forces, Sorga mit tout le poids de son corps dans un coup de poing monumental qui vint s'écraser sur le visage de Milosh.
Le métamorphe venant de faire peu ou prou la même chose, les deux s'écroulèrent.

Sorga entendait l'arbitre compter, mais la voix qu'il savait proche lui donnait l'impression de se trouver à une longue distance.
Ses yeux discernaient des formes floues, sans aucun détails.
Il était étendu sur le dos, mais il se sentait tellement léger qu'il aurait pu être en train de flotter dans une eau délicieusement tiède.
- J'a... j'abandonne !
Stupeur.
L'arbitre dut faire répéter un Milosh presque inconscient mais encore suffisamment pour sembler lucide, et délibérer un moment avec ses aides pour décider quoi faire.
Ce n'était pas souvent qu'on avait un double-KO, et encore moins souvent qu'on avait un abandon dans ces cas-là !

Pourtant, Sorga finit par être déclaré vainqueur.
Les deux adversaires sortirent du ring sur une civière pourtant.
L'homme-lézard ne comprenait plus rien.

Dans son coin du ring, Kyril attendait son adversaire.
Il chantait aussi, à voix basse, trop basse sans doute pour que la foule de spectateurs l'entende bien.
Les gens commentaient toujours le dernier match, survenus il y avait quelques minutes à peine.
Le kitsune attendait, le regard vagabond.

Soudain, son adversaire grimpa sur le ring, face à lui.
Une femme, à la taille fine, vêtue d'une armure légère de cuir et de métal. Ses cheveux noirs, longs étaient détachés et elle avait d'assez jolis - mais durs - yeux verts.
Après avoir observé un court instant le kitsune immobile, elle entreprit de se défaire de son armure, finissant en tunique de soie simple.
L'expression sévère, elle noua ses cheveux en un chignon serré.

Kyril, qui l'avait jusque là observé sans bouger, plissa les yeux une seconde devant le mouvement des mains de cette femme.
Pendant une seconde, on aurait dit...
L'arbitre monta à son tour sur le ring et ordonna aux deux combattants de s'approcher. Kyril secoua la tête ; quelle pensée ridicule !
Après une explication ennuyeuse sur les règles du combat - que Kyril ponctua de "Sssshhh" à intervalles très réguliers - le duel commença.

Et quel étrange combat !
Kyril avait certes le droit de se servir de ses pouvoirs - ce qui aurait vite mis fin au duel - mais cette femme était tout le temps sur lui, usant presque exclusivement de ses pieds pour frapper, tant et si bien qu'il devait toujours être concentré sur l'esquive sans pouvoir préparer sa télékinésie. Après s'être pris deux-trois coups de pied dans les dents, il grogna et oublia ses pouvoirs pour foncer dans le tas.
Il lui sauta dessus, gueule ouverte, prêt à mordre.
Elle parvint à dévier les crocs en passant un bras sous le museau du kitsune, mais elle tomba en arrière sous le poids de l'animal.
Les deux adversaires roulèrent au sol, Kyril cherchant à se libérer des bras pour mordre, la femme jouant une nouvelle fois de ses jambes pour bloquer le kitsune dans une prise.

Sentant qu'elle avait l'avantage du nombre de membres, Kyril se contorsionna et roula pour s'éloigner d'elle.
Il fit face, grognant toujours, babines retroussées.
Soudain, il se figea et son grognement mourut d'une façon pathétique dans sa gorge : pendant une seconde, les yeux de son adversaire lui étaient apparus bleus.
Bleus, comme ceux de sa Dame.
Un visage sévère, comme celui de sa Dame.
Un chignon, comme celui que portait toujours sa Dame.
Bam !

Le pied qui vint s'écraser sur sa tempe et le projeter sur le côté ramena Kyril à la réalité.
Sonné, il secoua la tête, parvint à esquiver un deuxième coup.
Les yeux bels et bien verts de la femme le fixaient, concentrés, tandis qu'elle continuait à le harceler.
Perturbé par ce qu'il avait cru voir, le kitsune n'était plus vraiment dans le combat, ce qui lui coûta deux trois bleus supplémentaires.
Soudain, de frustration, il se força à rassembler ses pouvoirs et infligea à son adversaire une poussée télékinétique qui l'envoya bouler dans les cordes. Malgré le mal de crâne qui commençait déjà à poindre, Kyril fonça vers la femme étendue sur le ventre, prêt à la mordre à la nuque pour en finir.
Elle releva brusquement la tête et défia Kyril du regard.
Un regard aux yeux d'un bleu pur.

Les crocs du kitsune claquèrent dans le vide.
Il recula, effrayé soudain par son adversaire, ne désirant plus que la fuir.
La femme se releva, surprise par le comportement de ce décidément drôle d'animal. Elle interrogea l'arbitre du regard. Le match pouvait-il continuer ?
Confus, Kyril sombrait de plus en plus dans la panique totale : c'était maintenant le visage sévère de sa Dame qu'il voyait et, sous ses cheveux blonds, l'éclat bleu de ses yeux accusateurs intensifiaient la douleur qui lui brûlait le crâne.
Il se sentait minuscule, indigne, honteux, sous ce regard fantomatique. Un gémissement de plus en plus aigu sortait de sa gorge, ses oreilles étaient aplaties sur sa tête et ses trois queues de renard tentaient comiquement de se relier entre ses jambes.

La femme fit un pas dans sa direction et Kyril fit brusquement demi-tour, sautant du ring pour s'enfuir en courant dans la foule qui s'écarta à son passage, disparaissant à toute vitesse dans les rues.
Stupéfaction.
Silence.
D'une voix hésitante, l'arbitre finit tout de même par déclarer la femme vainqueur du combat.