[Archivé]Le Bal [sp Isaac] [Sexy - 16]

De l'eau avait coulé sous les ponts depuis la « petite » intervention d'Isaac au château d'Elysée auprès de la reine Beldura. Après quelques casses dans des banques de Minos pour se faire un peu d'argent de poche, il était retourné sur Cruor pour voir comment se portait le marché noir, là où il menait la plupart de ses activités étant jeune. Qui plus est, sa tête avait fini par être mise à prix à Minos et il savait que personne ne viendrait le déranger à ce propos à Rhadamante. Il avait du à cette nouvelle époque, qu'il n'avait pas pu voir évoluer mais qu'il commençait à apprécier...Pour plusieurs raisons. Il sentait que tout son corps s'était parfaitement régénéré désormais, même si cela avait pris du temps. Seule sa main droite ne cessait de le faire souffrir quand il ne sortait pas sa griffe. Ce soir ne faisait pas exception à la règle. Heureusement, il avait passé une partie de la soirée seul, pouvant laisser sortir sa griffe à sa guise.

Un membre du marché noir l'avait invité à un bal mondain qui, à l'heure actuelle, n'avait de mondain que le nom. Les hommes étaient soûls, les femmes aussi d'ailleurs...La salle était dans un désordre rare et une odeur âpre emplissait la pièce. Isaac était arrivé tard, au moment où la foule était la plus grisée avant la chute. Il avait dansé avec quelques jeunes filles et avait bu plusieurs verres. Mais il en fallait avant de renverser ce mètre 95. Il était partie s’aérer sur une des terrasses de la maison, la chaleur étant plus que présente dans la salle de bal. Maintenant, il regardait d'un air moqueur les derniers invités s'effondraient, une coupe de champagne à la main et sa chemise blanche légèrement ouverte sur son torse, avec ce sourire qui le caractérisait si bien.

Il se pensait seul à ce moment de la soirée, la nuit était déjà bien avancé. Pourtant, il constata rapidement qu'il ne l'était pas. Surtout au moment où une belle main fine remonta le long de son torse tandis qu'il sentait des doigts se perdre dans sa chevelure. Voilà une approche au moins directe. Il laissa échapper un rire aux paroles de la jeune femme, trouvant sa voix très envoûtante. Sa propre main vint s'emparer avec une délicatesse rare de celle de cette inconnue, paraissant géante à côté de ces doigts d'une finesse magnifique. Il se retourna élégamment, pour lui faire face, sans lâcher sa main. Elle était d'une beauté...démoniaque. Habillée d'une robe noire qui la mettait parfaitement en valeur sous tous les angles, ses longs cheveux noirs tranchaient avec sa peau nacrée. Elle apparaissait petite et presque fragile à côté de l'Arma mais son attitude et surtout ses yeux émeraude dans lesquels Isaac avait plongé son regard ambré démontraient qu'elle ne devait pas être un ange. Faisant galamment un baise-main à cette belle étrangère, il continua à lui sourire, sans la lâcher du regard.

« Quel homme sensé pourrait vouloir échapper à une demoiselle aussi charmante que vous ? »

Fascinante : c'était le mot qui lui correspondait le mieux. Elle  avait du en faire tourner des têtes de jeunes imbéciles à qui les moindres jolis minois provoquent une fougue aussi puissante qu'éphémère. Isaac se disait que, s'il l'avait connue dans ses jeunes années, il lui aurait sans doute couru après, avec toute la passion que peut avoir un adolescent. Mais il avait appris à être patient avec l'âge et à résister au charme fou que dégagent les jeunes filles, aussi entreprenantes soient elles. Enfin, si cette demoiselle lui sautait dessus, il n'allait pas non plus se débattre. Mais il aurait bien cerné un peu plus le personnage, voir qui était le diable qui se cachait derrière ce visage d'ange. Quand il la regardait dans les yeux, il avait l'impression de voir deux beautés différentes : la première d'une pureté angélique, si l'on s'attardait sur ses traits fins et sa peau diaphane, et la deuxième beaucoup plus malicieuse, quand l'on se noyait dans ses yeux verts et que l'on entendait sa voix chaude et sensuelle. Un dualisme intéressant.

« Je l'étais, jusqu'à ce que vous m'apportiez votre charmante compagnie. Je suis arrivé trop tard pour profiter de la fête...Enfin, je suppose... »

Son ton était volontairement ambigu. Il avait lâché sa main pour croiser les siennes derrière son dos. Malgré cette phrase à double sens, il laissait une légère distance entre elle et lui encore une fois volontairement. Il se concentrait pour bien la regarder dans les yeux et ne pas s'égarer sur ses lèvres tentantes et les courbes de son corps, qu'elle avait parfaitement mis en valeur. Après tout, il n'était pas n'importe qui, il n'était pas comme ces sacs à vin qui roulaient sur le sol de la maison où ils se trouvaient. Et il mettait un point d'honneur à bien le lui faire comprendre.

Isaac laissa échapper un rire léger à l'entente de sa première remarque. Apparemment, ils avaient tous les deux la même idée sur comment allait se terminer cette soirée. Mais ne nous pressons pas : ils avaient encore toute la nuit devant eux. Et, s'il avait parfois tendance à être impatient, il se demandait ce qu'il en était pour la jeune femme. Il la regarda faire un signe pour que les instruments se mettent à jouer. Une danse. Une valse, plus précisément. Il sourit. Elle était maligne. Lui refuser une telle danse aurait été d'une discourtoisie qui ne lui ressemblait pas. Attrapant délicatement sa main fine, il se rapprocha d'elle, un peu plus proche que ce qu'aurait souhaité la bienséance. Néanmoins, il ne pensait pas que cette inconnue allait le lui reprocher. Il posa sa main libre dans le dos de la jeune femme, veillant à ne pas l'égarer vers des formes plus attrayantes, bien que la tentation soit grande : les meilleurs plaisirs sont ceux que l'on met du temps à obtenir.

Il semble inutile de préciser qu'Isaac savait danser. En revanche, il fut surpris de la grâce et de l'agilité de sa cavalière. Si le décor avait été différent, il aurait presque pu avoir l'impression d'être retourné cent ans en arrière, à une époque où les bals étaient beaucoup plus fréquents, même dans un lieu aussi malfamé que Cruor. Il savourait ce moment. Il en aurait presque oublié sa main d'Arma, qui recommençait à lui faire souffrir le martyr. Néanmoins, la main en question était actuellement dans le dos de la demoiselle, ce n'était donc clairement pas le moment de vouloir mettre fin à cette douleur lancinante. Il se pencha vers elle, la forçant à se rapprocher de lui.

« Vous êtes une formidable cavalière. » lui murmura-t-il à l'oreille, d'une voix suave, qui laissait peu de doutes sur les pensées qu'il pouvait avoir en tête à l'heure actuelle.

Elle était proche de lui. Et ses lèvres étaient proches des siennes. Très proches. Il jubilait intérieurement à l'idée qu'elle ait les mêmes plans que lui. Clairement, il n'allait pas passer la nuit seul. Quoi de mieux pour fêter sa résurrection ? Néanmoins...Et s'il la faisait un peu languir ? Il aurait pu l'embrasser tout de suite mais, parfois, prendre son mal en patience pouvait donner un résultat...explosif. Il lui glissa un regard malicieux et son sourire s'était étiré. Peut-être n'allait-il pas résister aussi longtemps qu'il ne l'espérait. La main qu'il avait d'abord laissé dans le dos de la jeune femme avait lentement, mais sûrement, glissé jusqu'à sa taille fine qu'il enserrait sans violence. Il devait garder son calme sinon cette histoire allait s’accélérer plus vite que prévu...

« Je vous en prie, appelez moi Isaac. » lui répondit-il.

De toute façon l'Arma se doutait qu'ils allaient rapidement devenir très proches. Finalement, il se redressa, s'éloignant de ces yeux et de cette bouche très tentante. Sa main, elle, ne quitta pas la taille où elle était posée. Un bruit de bouteille se brisant sur le sol lui fit à peine tourner la tête. Soudain, il réalisa dans quel endroit malsain ils se trouvaient. Pour le coup maintenant, il n'y avait plus aucun rescapé et les derniers invités dormaient tous lamentablement. En effet, la bouteille brisée venait de glisser de la main d'un ivrogne qui s'était assoupi sur une chaise et dont le visage rougi prévoyait un réveil laborieux...Il se retourna vers son interlocutrice, qu'il avait au final à peine quitter des yeux.

« Si nous allions prendre l'air ? Je trouve que la chaleur est étouffante ici... »

Évidemment, c'était la pièce qui lui donnait chaud.

Avant qu'il ait eu le temps de réagir, son interlocutrice avait déjà glissé hors de son étreinte. Isaac regarda la jeune femme, dont il ignorait toujours le nom, allait chercher une pochette. De toute façon, il n'avait pas forcément besoin de connaître son nom pour faire ce qu'il avait prévu de faire, même si cela aurait sans douté été plus civilisé. Elle prit la direction de la sortie et il lui emboîta le pas. Son regard se perdit sur le dos de la demoiselle, dont les vêtements dévoilaient tout ce qu'il y avait à dévoiler. Plus le temps passait, plus il avait envie de lui arracher le peu de tissu qui recouvrait ce corps frêle. Mais il n'en fit rien, pour l'instant du moins. En quelques pas, il était à côté d'elle. Malheureusement pour lui, l'air des rues de Cruor n'était pas plus frais que celui de la maison d'où ils sortaient. Cela était peut-être même pire. Entre les ivrognes, les mendiants, les filles de joie et les vendeurs de substances pas forcément très nettes, rien ne donnait envie de s'éterniser bien longtemps.

Il se rappela à quel point la robe de la jeune femme était échancrée et il lui trouva soudain bien du courage d'être habillée comme ça dans une ville comme Cruor. Au vu de la population qui grouillait, elle risquait l'agression à chaque seconde. Si elle avait été seule, du moins. Sa voix mélodieuse arriva à ses oreilles et il tourna la tête pour chercher son regard émeraude. Elle lui proposa d'aller chez lui. Excellente idée ; Il avait déjà peu de doutes sur le tournant qu'allait prendre cette soirée mais il était ravi de constater qu'elle était visiblement sur la même longueur d'ondes que lui...Même si, là aussi, il avait peu de doutes sur ce point. Et si elle se montrait finalement réticente, il ne doutait absolument pas de ses capacités de persuasion.

« Avec plaisir. Je vous suis. » lui répondit-il, avec une voix trop calme pour être honnête.

Alors qu'il marchait à côté d'elle, il vint placer son bras autour de la taille frêle, sa main juste au dessus de ses hanches. Cependant, il ne chercha pas à la serrer contre lui. S'il avait fait, il n'était pas sûr qu'il se serait contenter de cette petite étreinte jusqu'à ce qu'ils arrivent à la maison de son accompagnatrice.

La maison de la jeune femme était, au bas mot, atypique. Isaac avait presque eu du mal à croire qu'on puisse trouver de telles demeures en plein Cruor. Il ne réagit pas en voyant la porte s'ouvrir toute seule. En fait, il n'en avait pas grand chose à faire. Dans ce monde, où la magie était monnaie courante, voir une porte s'ouvrir sans que personne ne la pousse n'avait rien de bien exceptionnel. Il suivit sa très charmante hôte, jetant un simple regard poli à la décoration. Cette dernière laissait suggérer que la demoiselle ne faisait clairement pas partie de la basse caste de Rhadamante. Elle lui demanda de patienter quelques instants et il en profita pour admirer la vue que lui offrait la porte-fenêtre. Un sourire étira ses lèvres lorsque l'Arma entendit le bruit de l'eau s'écoulant dans une baignoire. La soirée s'annonçait...mouvementée.

Il tenta de ne pas avoir un pas trop pressé lorsqu'elle l'appela. Il fallait bien qu'il se fasse désirer un peu. La fermeture de sa robe était coincée ? Avec un sourire en coin, Isaac s'approcha de la jeune femme. Il était toujours prêt à rendre service...Surtout ce genre de service, en fait. Sans que cela ne le surprenne, la fermeture se détacha sans aucun problème, faisant dégringoler la robe aux pieds de la demoiselle et dévoilant sa peau nue. Ah, sa peau...La lumière tamisée conférait un aspect très intime à la pièce alors voir son corps d'aussi près, en plus...Il admira ses courbes parfaites et huma le parfum délicat de sa peau. Enfin, il la vit entrer dans le bain. Elle le fixait. Il savait très bien ce que ce regard voulait dire. D'un coup de talon, il avait déjà enlevé ses chaussures. Sans la quitter des yeux, il déboutonna sa chemise, dévoilant un torse pâle, à la musculature fine. Si on s'approchait assez près, on pouvait y apercevoir plusieurs cicatrices, un ton plus clair que sa carnation naturelle. En tout il y en avait quatre-vingt. Un « charmant » souvenir des circonstances de son décès. Rapidement, pantalon et sous-vêtement vinrent rejoindre les chaussures et la chemises posées au sol. Heureusement, la baignoire était grande et il put s'y glisser avec une certaine aisance, même s'il savait que sa taille allait l'empêcher de se mouvoir sans provoquer un tsunami. L'eau était à une température très agréable. La mousse cachait ce qu'il y avait à cacher, même si la pudeur ne faisait guère partie des vertus d'Isaac.

Du bout des doigts, il vint caresser la joue de la jeune femme. Sa main glissa ensuite le long de son cou, pianota oisivement sur sa clavicule pour ensuite continuer sa chute le long de ses côtes.

« Êtes vous toujours aussi directe avec vos invités ou suis-je un privilégié ? »

La réponse lui importait peu et n'aurait pas vraiment d'influence sur la suite du programme. Mais il aimait bien faire croire qu'il était un minimum civilisé en faisant la conversation.

Le sourire de l'Arma s'agrandit en sentant les doigts de la jeune femme entrer en contact avec sa peau. Il appréciait énormément cette sensation, ses cicatrices n'étant plus sensibles depuis longtemps maintenant. Il écouta d'une oreille distraire ce que lui disait son interlocutrice, juste pour pouvoir être capable de lui répondre. Elle lui lança un regard qui appelait à la débauche. Elle avait vraiment des yeux magnifiques. Mais, pour le genre d'homme comme Isaac, la beauté des yeux n'était qu'une plus-value sur la marchandise...Ou la proie, peu importe. Il se pencha un peu plus, pour se rapprocher de la demoiselle sans risquer de vider la baignoire.

« Mon charme n'est rien comparé au vôtre. »

Il formulait généralement ce genre de phrases pour attraper les jeunes gazelles innocentes qui se faisaient de plus en plus rares dans les rues de Cruor. Mais il était totalement conscient qu'il n'avait pas en face de lui une de ces oies blanches au regard pur et rapidement effrayé, une de celles qui rougit au moindre compliment et qui pense que l'amour, c'est tellement romantique et merveilleux. Elles étaient ses préférés car il suffisait d'une seule nuit pour leur faire perdre tout leur espoir et leur foi en la gente masculine. Mais les femmes fatales comme la demoiselle qu'il tenait contre lui l'émoustillaient tout autant. Il savait qu'il n'avait guère besoin de ce genre de formules avec elle mais les habitudes ont la vie dure. De sa main libre, il vint écarter les cheveux de la jeune femme, dont il ignorait toujours le nom, pour dévoiler son cou. Sa nuque dégageait un parfum délicat et exquis. Il se rapprocha jusqu'à ce que ses lèvres puissent entrer en contact avec sa peau nue. Son autre main continua tranquillement sa descente en caressant ses hanches voluptueuses. Les baisers qu'il déposait d'abord délicatement dans cou, commençaient à se faire plus insistants. Sa main glissa jusqu'à la cuisse de son interlocutrice, sur laquelle il s'attarda volontairement. Qui va sauter sur l'autre en premier ? Les paris sont ouverts, messieurs dames !

La belle Eden n'aurait pas à attendre longtemps pour que le Revenu craque. Sans crier gare, il la plaqua contre lui, la forçant à l'embrasser...même si "forcer" est peut être un bien grand mot dans ce genre de circonstances. De son dos, les mains d'Isaac glissèrent vers le torse de la jeune femme. Alors que leurs langues s’entremêlaient, que leurs corps se collaient l'un à l'autre, il caressa la joue de la jeune femme, dernier acte romantique qu'il aurait du reste de la soirée.

Car, en effet, ça ne sera que le lendemain matin que ses doigts vinrent effleurer doucement la peau de la demoiselle, étendue à côté de lui dans un lit immense. Ils n'avaient pas beaucoup dormi cette nuit. Mais le jour devait être levé depuis une heure déjà et Isaac se disait qu'il était temps pour lui de retourner chez lui. Passant sa main dans sa longue chevelure pour les chasser de son visage, il se leva et partit à la recherche de ses vêtements, échoués dans la salle de bain. Une fois sa chemise en main et son pantalon remis sur ses jambes, il retourna dans la chambre. Il écarta un peu les rideaux, laissant passer un fin trait de lumière dans la pièce, pour observer comment se portait Cruor ce matin. La ville avait la même agitation que d'habitude. Il constata que les soulards qui divaguaient dans la rue hier soir étaient désormais allongés d'une manière misérable à même le sol.

Ne pouvant s'empêcher de mépriser ces gens qu'il trouvait imbéciles, il fit retomber le rideau, replongeant la pièce dans l'obscurité. Il enfila ensuite sa chemise et commença à la boutonner, guettant le réveil de son hôte d'un soir.

Lorsqu’elle ouvrit un œil, un rai de soleil passait par le rideau entrouvert par son client de la nuit. Nuit délicieuse au passage. Elle le distinguait en contre-jour, et sourit, avant de refermer les yeux, lascive. Quelques minutes plus tard, elle ouvrit les deux yeux, et s’étira un peu avant de lui sourire, rayonnante de beauté dès le matin, surnaturelle. Aucune femme n’était si belle le matin. Aucune n’avait ces cheveux bien coiffés, parfaitement ordonnés en belles ondulations, ces yeux si bien réveillés, sans marque de fatigue, ni de sommeil, cette peau fraîche. Elle lui fit un sourire ravageur dans l’obscurité, puis se leva, attrapa un déshabillé de soie et dentelle sur un fauteuil, qu’elle enfila tout en allant vers lui, alors que les rideaux s’ouvraient doucement sous l’action de la magie de la belle tarima. Nue en dessous de ce tissu brillant qui soulignait avantageusement ses courbes, elle se remit  sur ses genoux, comme elle y était la veille, dans le bain, et mit n doigt sur le bouton qu’il était en train de fermer, l’empêchant de continuer son œuvre.
 
-          Tu es pressé ?
 
Son sourire, son ton, sa pose, tout laissait entendre ses intentions. Elle retenait rarement ses clients, mais aujourd’hui, elle n’avait normalement rien au programme. Alors ma foi, pourquoi ne pas en profiter encore un peu ?

Soudain, la porte s’ouvrit. Elle se retourna, restant pourtant sur lui.

Angel Dust avait été réveillé tôt ce matin. L’Ombre avait appelé. Inferno avait une mission pour aujourd’hui, une toute nouvelle mission. Et il devait la prévenir, et y prendre part. Il s’était rapidement préparé, se vêtant tout de noir et de Kevlar, comme toujours, glissant sur lui ses armes, comme toujours. Il savait qu’hier elle n’était pas rentrée seule, mais habituellement, ses clients ne restaient pas la nuit. De fait, il utilisa tranquillement son passage secret, et entra.
 
-          H…
 
Il interrompit le Hölle qu’il allait dire, signalant immédiatement la teneur de la mission, en voyant l’homme sur lequel elle était assise. Il cligna des yeux, et impassible, dit :
 
-          Eden. Du boulot.
 
Elle lui sourit. Son sourire était incroyable, ses yeux étaient incroyables, ses cheveux étaient incroyables, son corps était incroyable, son esprit était incroyable. Tout chez elle était hors-norme. N’importe qui la voyait tombait sous sa coupe sensuelle. Il n’avait jamais encore rien vu lui résister. Et lorsqu’il la voyait ainsi, il comprenait. Evidemment, lui, c’était différent. Lui, il n’était plus vraiment comme eux : âmes et cœurs vendus, jetés, brûlés, appartenant à l’Ombre, cette femme était juste son  supérieur hiérarchique, à laquelle pourtant il ne devait pas d’obéissance absolue.
Elle se leva, passant sa jambe par-dessus l’homme qu’elle embrassa, mutine.
 
-          Mmmh, manifestement c’est moi qui  suis pressée. J’ai passé une nuit … délicieuse. Tu peux revenir quand tu veux.
 
Angel se retint de secouer la tête. Cette femme était incroyable. Incroyable. Son sourire, sa voix, tout. Puis, il vit l’homme, et serra les dents.
Incroyable, mais un sacré mauvais goût.

Elle disparut dans la salle de bains, sûrement pour s’habiller, les laissant face à face. Angel croisa les bras, silencieux, adossé au chambranle de la porte.

Décidément, Eden savait s'y prendre. La motivation d'Isaac pour partir venait de disparaitre à la seconde où la jeune demoiselle s'était repositionnée sur ses genoux. Elle était aussi amusante que charmante. Alors qu'il envisageait déjà de la faire basculer sur ce lit qui semblait les appeler...La porte s'ouvrit. Au meilleur moment, évidemment. Isaac soupira, laissant la belle jeune fille se relever et l'embrasser.

"Je reviendrai vite, ne t'en fais pas. De toute façon, tu recevras rapidement de mes nouvelles par le messager." lui répondit-il, narquois. Il allait sans doute demander une robe à Savio. Ou peut-être irait-il voir le joaillier. Ou les deux. Cela dépendrait de son humeur.  

Son regard tomba ensuite sur celui qui les avait interrompu et il eut une furieuse envie de rire. C'était le gamin impertinent qu'il avait croisé chez la Reine de Minos. Une beauté, elle aussi, quoique bien plus innocente. Enfin...Il se souvenait toujours que ce gosse n'avait aucun humour donc il était inutile qu'il s'attarde à discuter avec lui. Se relevant et finissant de boutonner sa chemise, il se dirigea ensuite vers la porte où se tenait Monsieur le Glaçon. En passant à côté de lui, il ne put s'empêcher de lui envoyer une phrase, sur un ton très ironique.

"Comme le monde est petit."

Sortant de la chambre, il descendit avec rapidité les escaliers pour se diriger vers la sortie. Cruor et le travail au marché noir l'attendaient sans doute déjà avec impatience. Il espérait qu'il n'aurait pas trop de contrats aujourd'hui, il n'était pas d'humeur à se "tuer" au travail.

[Monsieur le Glaçon … Tellement lui putain x)]


Elle s’était éclipsée derrière son paravent, et l’avait entendu partir, avec un éclat de rire. Lorsqu’elle sortit, elle s’était changée, et avait attaché ses cheveux. Elle ne portait presque aucun maquillage, mais celui qu’elle portait suffisait à la rendre plus ravissante encore. Elle sourit à Angel, remettant d’un geste la chambre en place. Il n’y avait plus de traces du passage d’Isaac ici.
Elle voyait le chien de garde de l’Ombre serrer les dents.
 
-          Joli garçon. Tu le connais n’est-pas ?
 
Elle s’approcha de lui, et lui passa les doigts sur la mâchoire.
 
-          Intéressant, qui plus est. Je ne sais pas encore lequel de vous deux je préfère, tu sais.
 
Elle lui fit un clin d’œil, et se retourna, avant de partir vers la porte.
 
-          Allez au boulot, Dust ! Le chaos nous appelle.
 
Evidemment, elle ne l’avait pas vu lever les yeux au ciel. Il la rejoint rapidement. Il gardait son masque de marbre. Elle l’embrassa.
 
-          Oh, ça va, Dust, déride-toi. Si je commence à me préoccuper de tes inimités personnelles lorsque je choisis mes proies … Promis, on aura du bon temps après la mission.
 
Elle lui fit un clin d’œil, se doutant pourtant d’à quel point cette proposition indécente lui glissait dessus comme l’eau sur les plumes d’un canard. Elle secoua la tête, et ils sortirent.