[Archivé] Le grondement dans le désert [Rust]

Le vent soufflait avec force dans le désert Phobos. Douceline, agenouillée dans le sable, à la recherche de quelques plantes rares, leva la tête pour observer les effets de ce souffle sur le désert dans lequel elle se trouvait. Voir une créature aussi frêle dans un décor aussi hostile semblait être une anomalie de la nature. La jeune femme remit son capuchon sur sa tête pour se protéger des envolées du sable. Une tempête se levait.

Elle était venue ici pour trouver quelques herbes pour créer des antidotes pour les autres Réprouvés. Elle ne pouvait pas se trouver derrière chacun d'eux à chaque instant alors elle laissait à leur disposition des potions pour qu'ils puissent se soigner quand elle n'était pas là.

Elle se releva et fit tomber du bas de sa robe blanche, le sable qui s'y était logé. Elle commença à s'avancer dans le désert, ayant l'impression de s'enfoncer dans les dunes à chaque pas. Puis il y eut un bruit. Un bruit tonitruant. Attrapant de ses mains son chaperon pour qu'il reste en place, elle tourna la tête pour en déceler l'origine. Elle vit une ombre arrivant à toute allure vers elle et surtout, vers la tempête de sable. Elle connaissait ce bruit de moto et elle sembla reconnaître l'aura qui se dégageait de cette ombre à la vitesse incroyable.

« Rust ? »

Que pouvait-il bien faire là ? Elle resta un moment interdite, se doutant qu'il ne l'entendrait pas mais peut être qu'il s'arrêterait.

Rust se baladait de village horrible en village terrible, roulant sur sa bécane, demandant aux gens si ils avaient un truc à manger ou quelque chose y ressemblant, il n'avait rien mangé depuis des jours et des jours alors certes il était immortel mais si il n'avait rien pour se nourrir, son estomac pouvait gronder et il le sentait tout de même vide !
Les gens dans chacun de ces villages avaient à peine assez d'argent pour s'acheter de la nourriture pour eux alors ils lui riaient au nez, et lui il se moquait d'eux dans leur dos. Juste dans leur dos car il avait commencé par en insulter quelques uns et au bout de trois, le type s'était retourné et lui en avait collé une. Toujours affamé et souffrant sacrément du visage, il avait alors décidé d'arrêter de gueuler aux gens qui passaient qu'ils n'étaient que de pauvres déchets.

- Bordel !

Avec sa petite stature il ne pouvait effrayer personne ici, même les enfants étaient trop musclés pour qu'il leur vole leurs sucettes et si jamais ils étaient chétifs, un type passaient derrière pour le plaquer au sol et le tabasser avant de garder son bien volé au gamin pour le garder. Il n'arrivait à rien et ça le mettait dans une rage folle, car un jour il savait qu'il serait à la tête d'une armée et dirigerait, c'était ce qu'un étrange oracle aux cheveux roses lui avait it des années auparavant ou quelque chose de ressemblant.

Etant sûr de ne rien trouver par ici, il se dit qu'aussi paradoxal que ça puisse paraître, il trouverait peut-être un peu de nourriture dans le désert ou alors, tel un vautour il détrousserait un mourant. Alors il renfourcha sa moto, fit rugir le moteur
plus fort que son estomac et s'élança dans le sable où elle roulait sans problème.
C'est alors qu'il aperçut la plus belle chose qu'il ait vu depuis un long moment : Une immense tempête de sable, celle qui lui rendrait son bonheur d'être un mort et dans laquelle il savait qu'il allait se jeter pour s'amuser. Les sensations fortes avaient toujours été le divertissement qu'il préférait, il partit droit vers ces immenses vagues de sable fin, de pierres et de vent qui étaient si caractéristiques de ce Désert.
Il commença a hurler en accélérant, souhaitant se rapprocher aussi vite que possible de cette gigantesque source d'éclate où il pourrait se sentir avoir la classe. Il passa à côté d'une nana qui se jetait sur lui avec une cape rouge à qui il ne fit pas attention, elle sembla lui adresser un mot mais il n'entendit rien, le son étouffé par son cri.

Quelques minutes plus tard, il pénétrait dans la tempête à pleine vitesse et décollait du sol, faisant fi de la gravité sur sa bécane.

Évidemment, il ne s'arrêta pas. On parlait de Rust, celui qui fonçait droit vers la tempête de sable, et qui n'allait pas regarder à côté de lui, tant il était absorbé par son objectif.

Douceline laissa échapper un rire face à la désinvolture de ce réprouvé, qui était sans doute le plus...excentrique d'entre tous. Mais elle ne lui en tenait pas rigueur. A une époque lointaine, on décrivait aussi son frère bien aimé de cette manière.

Mais elle n'allait pas le laisser partir si facilement. Après tout, lui et sa bécane pourraient facilement l'aider à traverser cette tempête de sable. Guettant le moment où il passa juste à côté d'elle, la jeune femme se mit à courir et s'appuya sur un petit rocher qui passait par là pour sauter sur la moto. Elle attrapa avec force la taille de Rust pour ne pas tomber.

Il allait à une vitesse incroyable, son immortalité lui enlevant la crainte de la mort, et la demoiselle cacha ses yeux dans le cou de son conducteur pour se protéger des grains de sable qui les entourait.

Le mort-vivant n’avait pas prévu d’éviter la tempête, après tout il avait enjambé son engin uniquement pour foncer vers celle-ci, en quête de sensations extrêmes. Un étrange poids, certes léger mais soudain était tombé sur son dos et l’arrière de sa moto alors qu’il allait vitesse grand V vers les gigantesques tornades de sable.
Dans son rétroviseur –Même dans un monde fantastique bientôt dominé par le mal, toujours avoir un rétroviseur et faire attention sur la route les enfants !- Il entrevit une rideau blanc brisé par le sable volant.
UNE FEMME SUR SA BECANE !?
Son hurlement  de joie mêlée à la folie d’approcher une tempête se mua en un hoquet pitoyable de surprise quand il se rendit compte d’une chose aussi inhabituelle.

-ALORS POUPEE ? ON VEUT FAIRE UN P’TIT TOUR ? ON EST COMPLETEMENT FOLLE ?

Elle pouvait bien s’accrocher autant qu’elle voulait, de toute façon il ne ralentirait pas.  Jamais il n’aurait arrêté sa course vers des joies inexplorées pour une femme, qui plus est dont ile ne voyait pas le visage. Avec sa chance c’était un laideron ! M’enfin si c’en était pas un, il aurait peut-être pût tenter le coup pour une nuit ? Ses joues rosirent alors qu’un sourire lubrique se dessinait sur son visage.

Soudainement Rust sembla remarquer qu'il y avait une jeune fille accrochée à lui, à l'arrière de sa moto. En entendant ses propos, Douceline comprit qu'il ne l'avait pas reconnu. Elle eut envie de rire. Le réprouvé ne calma pas sa vitesse et le vent eut raison de la capuche qui protégeait le visage de la jeune femme. Il allait peut-être la reconnaître finalement ! Quoique...Cela aurait impliqué qu'il regarde derrière lui ou dans son rétroviseur, bref, qu'il ne regarde pas devant lui et cela lui semblait problématique au vu de la situation.

« Rust...C'est moi, Douceline. »

N'ayant pas envie de crier, la demoiselle avait collé sa bouche à l'oreille du jeune homme pour être sûre qu'il l'entende. La moto faisait un bruit infernal à cette vitesse. Sa voix était étonnamment calme au vu de l'étrange situation dans laquelle elle se trouvait. Ils fonçaient droit vers la tempête alors la jeune femme raffermit sa prise sur la taille de Rust. Il n'y avait pas d'ombre pour la sauver ici alors autant jouer la carte de la sécurité.

Elle aurait bien aimé lui demander comment il était arrivé ici, les réprouvés avaient généralement mieux à faire que de se balader dans les déserts. Mais les discussions attendraient que le conducteur ait bien voulu ralentir la vitesse de son engin et, surtout, qu'il se soit décidé à sortir de là.

L’engin sur lequel les deux personnages étaient juchés cahotait fortement et les roues avaient des soubresauts en quittant le sol par intermittence. Rust pensait avec délice que si il ne tuait pas sa compagne en roulant en plein milieu de cette mer de sable, il lui proposerait sûrement de faire des choses dégoûtantes.
Le bruit du moteur emplissait l’air quand il sentit un souffle chaud à son oreille et une voix étrangement calme. Envoûtante ? Langoureuse sûrement ? En tout cas il n’avait rien compris à ce qu’elle avait dit mais voilà un résumé du message qui venait de traverser son cerveau de part en part.

Oh putain ça y est j’ai un ticket !?! Merde c’est génial !

Maintenant, il avait un vrai souci. Tout autour de la monture et des deux intrus, les grains de sables voltigeaient à une vitesse assez rapide pour être douloureux quand ils heurtaient la peau. Et il avait derrière lui une mortelle langoureuse sûrement prête à lui faire plein de choses ! Avec de beaux cheveux blonds de ce qu’il pouvait apercevoir dans son rétroviseur, mais c’était tout ce qu’il voyait encore une fois.
Et cette fameuse conquête avait une sacrée probabilité de mourir si il continuait comme il était parti. Sans avoir besoin de trop de temps pour choisir, il soupira et s’appuya en avant sur sa moto pour la bloquer autant que possible et mis le pied au plancher. Virant à tribord, ils sortirent rapidement de la zone dangereuse et quand ils furent assez loin, il décéléra.
Finissant par s’arrêter, il se retourna, un sourire triomphant sur le visage et espérant que les grains de sable n’auraient pas plus abimé le visage de celle qui devait déjà être une laideronne. Puis il tomba des nues

Sans trop que la demoiselle n'ait le temps de comprendre, la moto ralentit dans un vrombissement atroce et finit par s'arrêter. Douceline prit le parti de descendre du véhicule pour épousseter sa robe et son chaperon. Elle ne prêta pas attention à l'air ahuri de Rust et secoua doucement ses longs cheveux blonds pour en faire tomber les grains de sable sournoisement bloqués parmi quelques mèches. Une fois qu'elle eut fini, elle se tourna vers son unique interlocuteur et lui posa un baiser sur la joue.

« Merci de m'avoir aidé à traverser la tempête. »

Pour autant, l'endroit où ils étaient arrêtés n'était guère plus avenant. Il n'y avait que des dunes de sable à perte de vue, sous une chaleur écrasante, sans le moindre signe de vie à l'horizon. La tempête était loin, pour l'instant, et seules quelques brises brûlantes venaient parfois agiter le bas de la robe de la reprouvée. Rien de très agréable, en somme.

« Qu'est ce que tu viens faire par ici ? »

Son regard accrocha celui de Rust et sa voix, bien que calme, ne pouvait dissimuler son étonnement.

Fiché sur sa moto, Rust roulait des yeux en face de Douceline. Qu'est-ce qu'une de ses "soeurs" faisait là ? Ses pupilles voyageait aux quatre coins de ses yeux, cherchant une échappatoire dans le paysage désertique. Des dunes, des dunes et encore des dunes, quelle merde ! Il fût pris de tremblement et ses genoux vibrèrent contre le chassis de son engin, produisant de rapides "tocs" à répétition. Il avait pensé avoir un ticket ? Pas pour le paradis en tout cas ! Il ne connaissait pas bien Douceline mais il savait que les autres Réprouvés étaient des brutes sans fois ni lois et se détestaient sûrement autant qu'il les détestait.
Elle lui demanda ce qu'il venait faire par ici et son regard croisa celui de sa "soeur", pendant une seconde il y resta accroché, tentant de tenir la bride à ses yeux vagabonds. Puis il se sentit basculer.Doucement, sur le côté. D'abord il eut l'impression qu'il tombait dans les pommes, le temps semblait avoir ralenti et il eut le temps de se demander ce qu'il se passait et d'éplucher quelques possibilités avant de se retrouver coincé avec une jambe sous la moto. Qui avait basculé. Avec lui. La honte.

Il tira rapidement sa jambe hors du piège, déchirant au passage contre un angle son pantalon et une partie de sa jambe. Serrant les dents il se releva en claudiquant et en regardant vers le bas, n'osant pas lever les yeux vers Douceline. I lavait froid et chaud à la fois, la sueur perlait sur ses tempes -Dans le désert ça paraissait normal- mais ses jambes jouaient des castagnettes moins fort que quand il était juché sur la moto.
Il marmonna servilement des excuses comme quoi "En tout cas, il ne venait pas sur le territoire d'un autre Réprouvé pour y imposer sa domination" et recommença à laisser ses yeux se balader. D'eux même ils suivirent les courbes de son interlocutrice. Il les ferma sèchement. Il allait se faire dépecer vivant ou pire ! Se faire dépecer vivant n'était pas ce qui faisait le plus mal au final !

Douceline, un sourire fiché sur le visage, regarda son interlocuteur se pencher petit à petit. De plus en plus. Jusqu'à tomber dans le sable, sa moto lui bloquant la jambe. Elle ne bougea pas d'un pouce pour venir à son aide. Il était un Réprouvé, elle savait très bien qu'il arriverait à se sortir de là tout seul. Sa maladresse lui fit néanmoins échapper un petit rire de compassion. Mais rapidement son coeur se serra en voyant que Rust avait déchiré non seulement une partie de son pantalon mais aussi de sa jambe. Elle n'aimait pas voir un Réprouvé blessé car,  pour elle, c'était son frère qui était bloqué à travers eux.

Sans lui poser de questions, elle se pencha légèrement vers lui, passant sa main devant la blessure qui commença à se refermer.

"Cela cicatrisera rapidement si tu n'y touches pas."

Elle dut tendre l'oreille pour entendre ce qu'il marmonna entre ses dents. Se méfiait-il donc à ce point d'elle pour se justifier ainsi de sa présence? Elle lui faisait donc si peur que ça? Cette pensée la fit de nouveau sourire. Il était impossible pour Douceline d'inspirer la peur. Elle n'avait en tête que le bien-être de chacun des Réprouvés. Et, surtout, celui de son cher frère.

"Tu n'as pas à t'inquiéter, cet endroit n'est pas mon territoire. Je venais juste chercher quelques ingrédients."

Une idée lui vint alors en tête.

"Je ne sais pas pour toi mais moi je ne connais pas du tout ce désert. Avec ta moto, il nous serait sans doute facile de l'explorer, qu'en penses tu?"

Alors qu'il avait les yeux fermés et tentait toujours de s'excuser, il sentit un souffle d'air et une onde chaude parcourir sa jambe qui le faisait souffrir. La douleur disparut très rapidement et en y hasardant un regard, il vit que la blessure s'était pas mal estompée aussi. Et voilà maintenant qu'elle lui racontait qu'il n'avait pas à s'inquiéter face à elle. Mon oeil oui ! Il connaissait bien le genre des Réprouvés et les bassesses auxquelles ils pouvaient s'adonner. Surtout Hölle et Eve ...
Un frisson lui parcourut l'échine.

Alors qu'il s'apprêtait à baisser humblement la tête pour remercier la Réprouvé en face de lui -Remercier un Réprouvé ? C'était le début de quelle blague ça ?- Elle lui adressa un sous-entendu à peine voilé sur l'exploration du désert. C'était bien ça ! Encore une manipulatrice, et maintenant qu'elle était en position dominante, elle pouvait lui demander ce qu'elle voulait. Et il allait obéir de peur de souffrir. Malheureusement pour lui, sa réputation était faite auprès de ses frères, il était facile de faire ployer le pauvre Rust.

Il eut un rire acide, un peu chevrotant et s'inclina bien bas - au point de s'en faire craquer quelques articulations - en déblatérant:

-Bien sûr ma soeur ! L'idée me paraît même excellente, nous pourrions même découvrir des choses intéréssantes perdues dans ce désert... Comme l'idée est de toi tu garderais bien sûr ce que tu veux! Je vais relever ma monture...

En relevant la tête, il ne souriait pas. Il avait trop peur pour ça, trop d'obséquiosité lui avait parfois valu de sacré cicatrices. Du coin de l'oeil, il aperçut par hasard une ombre passer en haut d'une dune... Qui ici ? Un Phabien ?
Il s'empressa d'aller relever difficilement la moto, passa sa main sur la selle pleine de sable et s'écarta pour laisser une éventuelle place à Douceline. Il monterait après elle.

-Après toi.

Une fois qu'elle serait montée, ils démarreraient en vitesse pour expédier cette tâche avant qu'il se fasse écharper.

(Tu peux PG du voyage si tu veux !)