[Archivé] Fête de la Couleur: la parade

Un arc en ciel qui pétait des paillettes. En voilà une idée. Ceci dit, pour remettre les gens des horreurs de la guerre, c’était peut-être là un moyen comme un autre.
Du moins, c’est ce que ce dit Aëlia en mettant le pied dessus, tentant de chasser les souvenirs de la Fête de la Couleur, deux ans plus tôt, lorsque Garmyr était encore près d’elle et que … Elle retint un soupir. Non, malheureusement, la blessure n’était pas encore refermée. Elle tentait pourtant, mais l’oublier s’avérait bien plus compliqué que prévu. Il y avait eu trop de souvenirs avec lui, sur une période pourtant très courte. Il s’était ancré dans chaque instant de sa brève vie, et il avait tout laissé en plan en partant. Elle avait eu le fin mot de l’histoire, largement plus tard, mais son cœur restait cet espèce de champ en jachère, ces friches un peu tristes mais où poussaient ici et là quelques fleurs sauvages. Et souvent, une odeur un évènement, un mot, une rue, lui renvoyaient en pleine tête l’image de l’homme-ours disparu dans les tréfonds de cette maudite planète. Elle avait bien espéré le retrouver lors de ses nombreux voyages, mais c’était bien peine perdue.
La cow-girl secoua la tête, ce qui fit bouger son chapeau, qu’elle remit. Le costume était composé de cuir retourné marron et camel, frangé par endroit, et d’une chemise blanche, ainsi que d'un joli foulard rouge. En fait, cela ne la changeait pas trop de son accoutrement quotidien, et elle passait de flibustier des eaux à mangeuse de terres. Elle portait aussi une lourde ceinture en travers de ses hanches, à laquelle pendait un revolver d’opérette. Aujourd’hui, elle n’était pas armée. 
Ce soir, elle irait au bal, sûrement, mais là, elle n'y pensait pas: l'amusement était le maître mot, et elle se laissa entraîner par le foule joyeuse.

Un grand rire échappa de la bouche très rouge d’Odéline. Ses bras tendus déployaient ses magnifiques ailes de papillon, très colorées, et presque tout à fait symétrique. Vêtue d’une sorte de combinaison violet foncée, elle serra contre elle le petit bout qu’était Noïa, qu’il avaient pour l’occasion déguisée en petite chenille très mignonne, avec un costume qui était composé d’une sorte de cagoule, puis d’un haut en forme de boule, et d’un bas un peu plus pointu. Cela laissait à l’enfant une certaine liberté de mouvement. La fillette riait aussi. Il fallait bien avouer qu’un vol à dos d’hippogriffe au-dessus d’un arc en ciel géant à tête de gros bonbon, ce n’était pas tous les jours …  Derrière elles, tenant Odéline comme Odéline tenait Noïa, il y avait Siffroy, qui avait pu se libérer de ses obligations de conseillers pour la journée. La jeune fille était très heureuse qu’ils soient ainsi tous rassemblés. Et dire que ça durerait jusqu’au soir !

Béhékine marchait tranquillement au milieu de la foule bigarrée en route sur ce pont très spécial.
L'ancien Esprit n'avait pas de tenue particulière, et s'était contenté de nettoyer ses habits de voyage ; sa gueule sortait assez de l'ordinaire pour correspondre à cette parade de toute façon. Dans cette foule costumée, il dépareillait un peu moins que d'ordinaire, mais il n'allait pas s'en plaindre.

Il marchait donc sur cet arc-en-ciel en s'amusant de la création magique, des gens qu'il voyait autour, de la situation toute entière même !
Il était vieux, et il était de bon humeur : il pouvait s'amuser de tout.

- Quelque part au-delà de l'arc-en-ciel ! Ha ! Les cons !

Le vieil homme avait, comme cité plus haut, en effet put se libérer de ses obligations de conseiller : Depuis que la Reine avait été libéré, la vie au Palais était redevenue bien plus tranquille. Il pouvait donc se permettre cette sortie en amoureux avec Odéline et le bébé arrivé dans leur vie depuis déjà un moment, abandonné par sa mère.
Sa jeune compagne s'étant déguisée en papillon- et le bébé en chenille gazouillante au passage-, le vieux Belgan était lui tout de vert vêtu, ne se faisant pas passer pour une feuille ou un buisson mais bien pour un chasseur de papillon ! Le chapeau rond et aux bords un peu large vert enfoncé sur sa tête, une paire de jumelles autour du coup et un habit presque militaire avec de grandes bottes en caoutchouc, Siffroy tenait dans sa main un immense filet dans lequel Odéline pouvait entrer.
Enfin bref, ils volaient donc à dos d'hypogriffe dans la plus grande des joies tout ensembles.