[Terminé] Courses d'obstacles dans Crannsliabh - Jeux Olympiques 2784, Epreuve 2

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Il y avait, à l’orée de la forêt, près de chez Esteban, de grands gradins, et une ligne blanche. Là se trouvait le départ de la course. Les concurrents étaient alignés, s’étiraient, s’échauffaient, ou sautillaient sur place, prêts à s’élancer pour braver les milles dangers de la périlleuse forêt du bout du monde. Face à eux, un mur de végétaux.
Au fur et à mesure de leur parcours, ils pourraient retrouver, à des endroits précis balisant le chemin, ces mêmes gradins, tous aussi pleins les uns que les autres. Des spectateurs s’étaient amassés, très excités à l’idée de pénétrer dans la forêt de toutes les légendes. Bien évidemment le parcours tracé ne s’aventurait pas loin entre les arbres, ne permettant en rien d’atteindre la partie mangrove où vivaient les Kabellstanks. les obstacles dressés l'avaient été avec l’aide des Gwezenntud, et la course prendrait au moins trois heures au plus farouche et endurant des concurrents.
Les Gwezenntud avaient principalement apporté leur aide pour pouvoir superviser l’utilisation des ressources et empêcher les gens de l’Extérieur d’abîmer leurs terres. A côté de ça ils étaient très peu à être venus assister à l’évènement, boudant l’utilisation de leur forêt comme un terrain de jeu. Les seuls présents étaient là pour surveiller que personne ne causait de problèmes.

Il y aurait là murs de lianes, branches folles, trous recouverts de branches, obstacles invisibles, bêtes sauvages, et bien d’autres encore; la forêt paraîtrait bien vivante, animée par les Dizanvezel, et nombre d’entre eux allaient devoir lutter contre la végétation qui tenterait de les bloquer. Le parcours n’était pas conçu pour tuer, cependant, et il y avait des Soigneurs tout le long, discrets. Cependant, qui recourait à de l’aide était automatiquement disqualifié; il était considéré qu’il avait abandonné, vaincu par les obstacles de Crannsliabh.
Aucune attaque directe d’un participant sur un autre n’était autorisé. Par contre aucune règle ne restreignait l’utilisation du décor et des obstacles naturels pour ralentir les autres.

L’épreuve était sur le point de commencer, chaque participant se mit bien à sa place, face au rideau végétal qui bloquait pour le moment tout le monde. Un compte à rebours commença à être énoncé, magiquement augmenté pour que tous l’entendent.
Soudain, comme si les lianes qui tenaient le mur en haut avaient été tranchées, tout le mur s’effondra et sembla disparaître directement dans le sol, se volatilisant en laissant uniquement feuilles et pétales dans les airs. Alors que la fin de la barrière se dissipait, le compte à rebours atteignait zéro.

“PARTEZ !”

Béhékine laissa les autres concurrents partir devant, comptant sur ses instincts de prédation pour le motiver à les pourchasser s'ils semblaient le fuir.
Tapahari lui jeta un regard circonspect auquel il répondit d'un hochement de tête entre deux coups de langues sur sa patte, et la chamane partit dans la course. Il était probable qu'elle finirait loin devant lui, mais le démon comptait surtout s'amuser dans cette course, aux dépens des autres participants surtout.
Il finit par s relever, nonchalant, puis s'étira en baillant, son postérieur levé haut vers le ciel, sa langue sortant de sa gueule et ses babines se retroussant sur ses crocs. Le Démon bestial se mit finalement en route, au petit trot. Il se savait suffisamment gros pour ne pas trop être inquiété par les pièges adaptés aux créatures bipèdes.
Sa taille était aussi un handicap dans la jungle, car il manquait de place pour se faufiler entre les obstacles naturels, devant le plus souvent escalader, ou forcer carrément le passage à grands coups de cornes ou de griffes.

Après quelques minutes plutôt tranquilles, Béhékine inspira à fond et se mit à souffler un véritable nuage de brume qui grandit, grandit, s'étira à perte de vue jusqu'à recouvrir l'essentiel du parcours de l'épreuve dans une masse blanchâtre et cotonneuse qui étouffait les sons, cachait les obstacles et rendait les distances difficiles à mesurer.
Sur la fin de son expiration, le Démon cracha aussi cinq boules brumeuses plus compactes, qui ne tardèrent pas à prendre la forme de petits diablotins, parodies bipèdes et déformées de son apparence monstrueuse.

- Allez vous amuser les garçons. Faites leur peur, mais ne les touchez pas. Sauf toi Bob, je veux te garder avec moi.
- Screeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeee !

Aussitôt dit, aussitôt fait, les quatre créatures foncèrent au devant du chemin, se mêlant au brouillard environnant pour traquer et surprendre les autres participants, pour les gêner dans leur progression. Ce n'était pas souvent qu'ils pouvaient ainsi se faire remarquer, alors ils comptaient bien en profiter !
Le dénommé Bob resta avec Béhékine et grimpa sur son dos, où ses grands yeux noirs se mirent à observer les environs, et les angles morts du Démon bestial.

Le compte à rebours atteignit zéro et ce fut la cavalcade, les plus pressés partant en sprint, tandis que les plus expérimentés prenaient immédiatement leur rythme de course.
Tapahari n'était dans aucun des deux cas. Elle resta un instant en arrière, pour jeter un regard surpris à son mentor qui finissait sa toilette comme si de rien n'était. Il lui sourit, et elle se décida finalement à partir dans la course.
La jungle lui rappelait des souvenirs de l'Expédition - une majorité étant heureux - et elle sentait déjà l'esprit-animal en elle s'agiter, comme s'il savait ce qu'elle avait prévu de faire. Mais se métamorphoser sous le regard d'un public ou des autres participants lui était toujours très difficile.
Sans doute une mauvaise habitude prise, à force de mois passés à cacher ce don découvert durant l'Expédition...

Elle courut donc dans la jungle, pieds nus, sa robe ample pas très adaptée, pendant plusieurs minutes, sachant pertinemment qu'elle n'irait pas au bout de la course ainsi.
Puis, un banc de brume sortit de nulle part, et le monde se réduisit aux quelques mètres autour d'elle, le sentier cessant d'exister derrière elle, n'apparaissant qu'à une court distance juste devant elle.
Dans cette bulle amie, elle était seule. Ou du moins, elle pouvait prétendre l'être.
Tapahari sourit, puis souhaita revêtir une forme agile, endurante, rapide, et pouvoir se jouer de tous les obstacles.
Le monde tourna sur lui-même, elle fut aveugle et sourde pendant un instant...
Lorsque ses sens lui revinrent, elle fit jouer ses grandes oreilles et partit en courant sur le sentier. Le serval était le deuxième félin le plus rapide, juste derrière le guépard et, si les obstacles de la jungle ne lui permettaient pas d'exploiter tout le potentiel de ses muscles, elle allait déjà bien plus vite. Ses grandes oreilles lui permettaient de repérer les autres participants bien avant d'être en vue dans cette brume, et elle en dépassa beaucoup ainsi, éclair de fourrure fauve tachetée et rayée de noir sur le bord du chemin.

Ce fut aussi son ouïe qui la sauva sans doute, en entendant des cris de douleur devant elle. Elle freina, juste à temps pour esquiver une liane qui bougeait plus vite qu'un végétal normal. Tapahari fut bien vite assaillie de tous côtés par des lianes qui bougeaient comme des fouets dans sa direction.
Heureusement que l'Expédition lui avait donnée de l'entrainement pour ce genre de situations ! La chamane avait reconnue l'oeuvre des Dizanvezel avec les lianes, les êtres immatériels vivant dans les plantes les animant pour corser la course.
De bonds en bonds, d'esquives en esquives, elle finissait par faire du surplace.

Soudain, quatre diablotins apparurent atour d'elle dans la brume, semblant sortir de nulle part. Ils se mirent aussitôt à courir en tous sens autour des lianes, faisant milles grimaces et cabrioles, projetant des feuilles mortes et de la terre partout, si bien que les végétaux animés ne tardèrent pas à laisser la chamane tranquille pour s'attaquer aux nouveaux-venus.
Tapahari en profita pour s'échapper et reprendre la course.
Elle remercierait chaleureusement son mentor et ses garçons à la fin de l'épreuve, ça oui !

- Mrrrraaaaaaa !

Aëlia était encore fatiguée de son épreuve de l’avant veille, et se maudissait elle-même de s’être bêtement inscrite à deux épreuves d’affilée. Elle avait trente ans bon sang de moine, trente ans ! Il fallait qu’elle comprenne qu’elle ne récupérerait plus pareil, plus aussi vite ! Elle se sentait encore moulue et courbaturée; elle se demandait d’ailleurs si elle n’avait pas pu attraper froid avec ces bêtises de glace là. Quant à la plante de ses pieds, elle était toujours douloureuse. Quelle idiote d’avoir voulu marcher sur de la glace avec les pieds recouverts d’eau salée ! Elle s’en maudissait encore, même après avoir payé un Songeur à prix d’or et avoir appliqué des cataplasmes, elle avait encore la peau toute mâchée. Pour faire une course d’obstacles, ce n’était pas vraiment idéal …
Cette fois-ci, elle ne regarda qu’un seul des autres concurrents. Une sorte d’énorme monstre cornu, qui la fit frissonner. Avait-il vraiment le droit de concourir ? Sans doute, puisqu’il était là, mais elle espérait fort ne pas se retrouver nez à nez avec cette chose. Puis le départ sonna, et elle s’élança, à son propre rythme, dans la forêt.
Elle en avait tant et tant entendu parler, de cette forêt … Depuis qu’elle était petite, les marins racontaient des légendes sur les bateaux, et nombre d’entre elles concernaient Crannsliabh, la forêt vivante plus grande qu’Hypnos, plus haute qu’une montagne, qui engloutissait les bateaux, qui absorbait la lumière, qui tuait les intrus … Elle n'avait pas voulu s’y frotter lors de l’Expédition, d’autant qu’elle avait à cette époque d’autres chats à fouetter. Mais aujourd’hui, c’était le bon moment.
la texture du sol qu’elle foulait n’avait rien à voir avec ce à quoi elle était habituée, et elle devait faire attention à où elle mettait les pieds pour ne pas se tordre une cheville, ou se retourner un genou. Elle avait ouvert son esprit au maximum, et entendait autour d’elle un bruit de pensées diffus. Ceci lui permettait de se repérer, certes, mais aussi de se préparer, d'anticiper les obstacles que les autres traversaient déjà, d’absorber leurs techniques, de comprendre leurs échecs pour ne pas les reproduire. Elle put passer ainsi plusieurs obstacles -une énorme butte, un rideau de lianes vivantes, des tunnels boueux)sans trop de peine, mais soudain, autour d’elle l'ambiance changea. Il y avait un brouillard surnaturel qui envahissait peu à peu l’espace. Au moment où elle crut voir la brume bouger, elle se prit un coup en pleine tête, giflée par une liane.

*Bon sang de bois vermoulu !*

Et la voilà à sautiller sur place, esquiver, glisser, tomber, se relever, tenter d’avancer tant bien que mal, à l'aveugle, en se débarrassant à la fois des lianes agressives, dans lesquels ils étaient nombreux à s’empêtrer, et du brouillard qui rendait tout plus froid, plus difficile car moins visible. Ce brouillard, bon sang, ce brouillard, d’où venait-il ? Et pourquoi était-elle persuadée de le voir bouger ?

*Peut-être car il bouge vraiment ?*

Le brouillard semblait habité, et cela ne tarda pas à se confirmer: un diablotin sembla en jaillir sous ses yeux, venant gêner sa progression.

Ah mais !!!

Elle le balança dans le décor, pour immédiatement se retrouver avec un second du même genre collé à elle. Elle s’en débattit, et continua à avancer sur le chemin, tentant d’éviter les branches. Il lui fallut beaucoup d’endurance pour arriver à continuer à avancer; il lui fallut traverser des petits fleuves, ramper, grimper, sans parler des nombreuses esquives à effectuer. Et toujours ces petits monstres ! et les moustiques ! Elle avait la sensation de passer l’intégralité de l’épreuve à se donner de grandes claques pour les écraser.

Béhékine s'auréola de flammes lorsque les lianes s'agitèrent de façon menaçante vers lui, et la vue du feu qui le protégeait dissuada les végétaux animés de s'approcher davantage.
Le Démon sourit et poursuivit son chemin sur la même allure, un petit trot un brin nonchalant, laissant les flammes se dissiper après s'être suffisamment éloigné des lianes. Il écarta un tronc d'un coup de cornes, bondit par-dessus une fosse, rampa dans une crevasse comme les autres participants - ceux qui s'y trouvaient encore eurent sûrement la peur de leur vie en voyant son corps monstrueux se contorsionner vers eux avec moult grognements - bref, il progressait bien.
Tout en avançant, il continuait à fournir des efforts pour maintenir la brume sur le chemin de l'épreuve et pour surveiller de loin ce que faisaient ses garçons, où en était Tapahari...

Screechy se faisait engueuler par Bitey et Itchy, car il était réapparu trop près d'une participante et l'avait percutée à la jambe, désobéissant du même coup à l'ordre donné de ne pas toucher les concurrents. Ses "Screeeeeeeeeee !" indignés s'entendaient de très loin, ajoutant à l'effet inquiétant des cinq diablotins et de la brume surnaturelle.
Béhékine se mit à rire, inspira à fond... et laissa échapper un immense rugissement de toute la force de ses poumons, créant l'illusion d'un prédateur très mécontent qui se mettait en chasse !
Par son Nom véritable, qu'est-ce qu'il pouvait s'amuser !

Le serval courait comme le vent, ses longues pattes fines la propulsait à grande vitesse entre les obstacles de la course, naturels ou non. Tapahari se sentait exulter, gagnée par l'enthousiasme de l'esprit-animal en elle qui lui prêtait son corps et ses instincts. Les participants à l'épreuve commençaient à se faire rare sur sa route mais, avec la brume qui l'entourait, elle ignorait si c'était car ils étaient encore loin devant elle, ou si par miracle elle les avait tous dépassés.
Entendant du bruit au-dessus d'elle, la chamane-serval leva les yeux mais elle ne vit rien. Pendant un instant, il lui avait semblé entendre comme des crissements de griffes sur un tronc au-dessus d'elle.

Son attention tournée vers le haut, elle ne vit pas le tas de branchages assez suspicieux placé devant elle... mais elle le remarqua bien dès qu'elle passa au travers pour tomber dans une fosse emplie d'eau !
Pourtant, sa chute s'arrêta net, lorsque quelque chose la saisit au collet, la faisant se balancer tel un chaton.

- Mrrrrraaaaa ?

C'était étrange, car être tenue ainsi lui détendait tous les muscles, si bien qu'elle n'était pas certaine de pouvoir bouger si elle le voulait. Elle fut bien vite remontée et, une fois déposée au sol et libérée, elle découvrit son sauveur qui lui souriait de toutes ses dents. C'était Scratchy.
La créature de brume tapa dans ses mains griffues et hypertrophiées en effectuant une petite danse.
Tapahari se sentit rougir sous sa fourrure : son mentor faisait vraiment tout pour veiller sur elle !
Incapable de parler, elle vint tout de même frotter son museau contre celui du diablotin sauveteur en guise de remerciement. Ce dernier parut surpris et la repoussa après quelques secondes, l'enjoignant à reprendre la course - tout du moins ce fut ce qu'elle interpréta devant ses mimiques - avant de disparaître dans la brume environnante.
La chamane se secoua puis repartit dans le sentier, prenant garde où elle posait les pattes cette fois.

Bon sang, mais qu’est ce que c’était donc que ce cri ? Il y avait quelque chose à leurs trousses ? Les organisateurs n’avaient pas prévenu que c’était une course poursuite et non plus une course d'orientation ! Elle sentait son sang battre un peu plus fort à ses tempes, alors qu’elle faisait son maximum pour rester concentrée.

*Bordel, et en plus je suis mal armée comme tout ! Quelle gourde ! J’aurais dû m’en douter qu’en venant ici il y aurait une couille dans le pâté !! Eh mais ... *

Elle venait de se rappeler de la grosse bête vue sur la ligne de départ. Et si …?

*Nooooooon ! Eh, quoique … Nooooooooooooooon … Ils n’auraient asp engagé un concurrent pour nous flipper et corser, hein ?*

Cela lui semblait assez absurde, et elle continua à courir, tentant de ne pas s’épuiser. C’était d’ailleurs peine perdue: entre les obstacles, la brume, les bruits, et son incapacité à s’orienter dans un tel environnement, additionnés aux autres concurrents, Aëlia fut vite à bout de souffle, et manqua deux ou trois fois de se rompre les chevilles. Ainsi, lorsqu’enfin elle passa la ligne d’arrivée, elle se sentit plutôt satisfaite, et se promit à elle-même de ne pas retourner de si tôt dans cette maudite forêt.

A mesure que la course avançait, Tapahari ralentissait son allure. Son corps de serval était certes rapide, mais elle s'essoufflait très vite. Galoper sur toute la durée de l'épreuve était utopique, et elle se contenta bientôt d'alterner trot agile avec marche rapide pour reprendre des forces.
Son allure s'était assez ralentie pour que quelques concurrents finissent par la dépasser, surpris de voir ce fauve de bonne taille sur le chemin.

Au moins, elle put concentrer son attention sur le sentier et se prévenir de tomber dans un autre piège...
Enfin, la ligne d'arrivée se profila, et ce fut un serval épuisé qui la franchit. Sa transformation ayant été visible et transmise à tous les spectateurs par ses étranges machineries volantes, on la reconnut comme participante de l'épreuve, si bien qu'elle put attendre d'avoir récupérée un peu avant de chercher à reprendre forme humaine.
Cela tombait bien, car elle en profita pour tourner ses oreilles immenses vers le sentier de la course, attentive au moment où elle entendrait son mentor arriver.

Plus il avançait, et plus il se sentait d'humeur joyeuse.
Il poussait les participants à continuer à avancer, comme un berger sadique, un instructeur de régiment retors, les menaçant de ses griffes, de ses crocs, de ses cornes pour les faire continuer. De concurrent, il était passé voiture-balai !
De fait, il s'amusait tellement qu'il riait de façon presque hystérique lorsque lui et son petit groupe franchirent la ligne d'arrivée. Béhékine savait maintenant, d'où Bitey et Scratchy tenaient leur esprit joueur et leur penchant pour les blagues effrayantes ! Cela faisait très longtemps qu'il ne s'était pas amusé ainsi en provoquant la peur !
Bon, il était certain qu'il n'était pas dans le haut du classement, mais il n'en avait cure !
D'une pensée distraite, il dissipa le brouillard qui avait envahi la jungle.
Le Démon fut très vite rejoint par un certain félin fauve tacheté et rayé de noir, et il baissa la tête pour frotter son museau contre le dos de la chamane métamorphosée.

- Scratchy m'a dit que tu avais eu quelques difficultés sur le chemin, hmmm ?
- Mrrrrrraaaaaaaa !

La protestation de Tapahari fit partir Béhékine dans un grand rire, signe de son extrême bonne humeur, le son très similaire au rugissement qu'il avait poussé dans la jungle pour faire peur aux autres participants.

Un retard considérable était a rattraper, le gorille n'étant pas excessivement à l'aise sur terrain plat, aussi en profita-t-il pour épargner son souffle  et prendre le temps de sangler -pour ne pas dire d'encastrer- Lisa dans le dos de son armure à l'aide de liane et autre liens tressées auparavant. Une fois le premier arbre gravit, la cadence prit une envolée fulgurante. Si quelques lianes se montrèrent agressive, quelques coups de dents du gorille et des coups du poignard que lisa agitait comme une folle sur le dos de son oncle, firent rapidement place nette.
Plus vite. Plus loin. Plus large. La progression de Nao continuait de s’accélérer au même rythme que l’agrandissement de son sourire: Il était en terrain connu.
Après tout ces mois au sol, la plupart du temps, tout ce temps à suivre le rythme des humains sur les pavés inconfortables. Il pouvait sentir chaque branche qu'il effleurait, chaque feuille qu'il bousculait, chaque vie qui tournoyait et s'écartait sur la route du missile de fourrure et de métal qui parcourait les frondaisons.
Soudainement l'architecture arboricole changea, le gorille ne s'en inquiéta guerre et s'en amusa même un peu:
-Lisa, attention ta tête...
L'intéressé rangea son poignard et se plaqua contre l'armure de son oncle adoptif, s’agrippant de toutes ses petites forces au poignées de cuir que ce dernier avait fait ajouter pour elle. Confirmant l'impression du primate, des tressage de branche de diverses tailles vinrent apparaître ci et là formant murs et obstacles. Nao les traversa sans autre forme de procès, éclatant de rire lorsqu'un éclatement provoqua des petits bruits stridents, comme une bête contrarié qu'on ai dévasté son nid. Les paillements furent rapidement suivi par un cri bien plus imposant, venant de bien plus bas. Voyant qu'il n'était pas le seul a s'amuser autant dans ce nouvel environnement, le gorille laissa un hurlement lui échapper tandis qu'il continuait sa rapide progression vers l'orée de la forêt et la ligne d'arrivée. Lisa éclata de rire avec son oncle, enjouée que ce dernier se plaise en ces lieux. Elle allait sans doute revoir régulièrement l'amusant vieux monsieur qui tenait l'auberge à l'orée des bois.