[Archivé] Une mignonne thérapie [sp Beldura]

Dim 17 Nov 2019 - 17:28

-Pas d'autorisation, pas d'autorisation... Je leur en ficherai, moi, des autorisations !

Zel marche d'un pas rapide et colérique, ce qui n'est pas du tout dans ses habitudes. La raison ce cet énervement est assez simple. Voulant accéder aux archives de la bibliothèque, les gérants de l'établissement lui en avait interdit l'accès, arguant qu'il devait bénéficier d'une autorisation spécifique en trois exemplaires pour y pénétrer. Et sur les trois exemplaires, Zel en possédait tout juste zéro.

-Pourquoi est-ce qu'il faudrait des autorisations pour aller aux archives, d'abord ?! C'est pas comme si j'allais y mettre le feu ! Ou voler quelque chose ! Je veux juste des informations inaccessibles au public, c'est pas... Rôh et zut...

La colère du jeune Voyageur s'estompe très rapidement, s'éloignant d'un Zel peu habitué à cette émotion comme de l'huile fuyant de l'eau. Ça n'empêche pas le jeune homme se grommeler de nombreuses grossièretés, la moitié apprises auprès de Xerxès, l'autre auprès d'Aëlia (et des insultes de pirates mélangées aux vulgarités d'un Daraah forment un spectacle auditif très particulier).
Au bout d'un moment, tout de même, le garçon, enfin calmé, s'aperçoit qu'il est entré dans le jardin du palais, qui jouxte la bibliothèque.

"C'est joli," pense très simplement l'Aniformus.

Quoi de mieux qu'un endroit aussi beau pour chasser les mauvaises pensées ?

-Je pourrai toujours obtenir une autorisation... Si je demandais à Séléné, par exemple, peut-être qu'elle pourrait m'aider...

Comme toujours quand il pense à l'Alf, Zel se met à sourire béatement. Sa mauvaise humeur totalement envolée, il se met en quête d'un banc pour poser ses petites fesses et reposer ses jambes.

"En voilà un... mais il est déjà pris."

En effet, sur le banc le plus proche, se tient une jeune femme, tête baissée. Zel aperçoit une femme qu'il prend tout d'abord pour Nathalia. Mais une fois la rousseur des cheveux dépassée, il se rend compte qu'il ne s'agit pas de son amie. Son visage est plus pâle, les traits plus dessinés. Elle semble plus grande, aussi. Bon, pour Zel, tout le monde ou presque paraît grand, mais tout de même.

"Bon, je vais simplement trouver un autre banc pour ne pas la déranger, et..."

Par hasard, son regard croise celui de l'inconnue. Ses yeux...

"Bah mince, j'ai jamais vu des yeux aussi tristes !"

Le regard de la jeune femme s'est déjà détournée, comme celui de toute personne qui capte un mouvement, lève les yeux par réflexe mais retourne bien vite à ses pensées. Pourtant, en cette fraction de seconde, Zel a perçu une tristesse intense dans le regard de la jeune femme.

"... C'est pas mes oignons, n'est-ce pas ? C'est pas bien de s'immiscer dans la vie privée des gens, comme ça. Elle a ses soucis, et il vaut mieux la laisser pour qu'elle les résolve. Yup, je vais me détourner, chercher un autre banc et regarder les fleurs... Juste... continuer..."

Le Voyageur regarde le chemin qu'il vient d'emprunter. Puis la jeune femme. Puis le chemin. Et puis...

-Et puis zut...

Poussant un soupir, le Voyageur s'approche du banc, se demandant comment il va bien pouvoir aborder la jeune femme.
Sauf que le destin est farceur, surtout envers Zel. Tout à ses pensées, le garçon ne fait plus attention à ses pieds et...

-AÏE !

Le Voyageur se retrouve le nez dans la poussière, les pieds encore emberlificotés l'un dans l'autre.

-Mrgrgr... Aëlia m'avait dit que ça finirait par m'arriver...

Se trainant à moitié, il rejoint le banc. Heureusement, à part sa dignité, rien ne semble blessé.

-Désolé, dit-il à l'intention de la jeune femme. C'était pas très artistique...

Il rigole tout en s'époussetant. Et soudain, il réalise : cette chute lui donne l'occasion rêvée !

-Merci le destin, grommelle-t-il. Je m'appelle Zel. Zel Sayren. Alchimiste, ajoute-t-il tout haut. Et vous l'avez vu, acrobate raté à mes heures perdues.

30/06/2758

La charge paraissait moins lourde que lors de sa dernière rencontre inopinée dans les jardins, mais la jeune Reine ne s’en rendait pas encore compte. Elle ne se rendait pas encore compte qu’elle avait déjà commencé à remonter la dure pente sur laquelle elle avait tant glissé. En peu de temps, elle avait perdu sa dame de compagnie, son unique ami, son fiancé, et la paix dans son royaume. Son royaume. Il lui fallait se rendre à l’évidence, elle avait enfin accepté pleinement son rôle, l’assumait, et ne tentait plus de s’en défaire en permanence. Pour autant, elle ne l'aimait pas, et avait régulièrement besoin de pauses loin du bruit, des querelles, des flagorneries, des sourires faux, et des ambitions personnelles.
Ces pauses s’étaient révélées réellement nécessaires depuis qu’Isaac était parti. De manière soudaine, elle n’avait absolument plus personne sur qui s’appuyer, plus personne pour l’aider et alléger le poids pesant sur ses épaules. Régulièrement, donc, elle s'octroyait une disparition, une respiration. Les jardins, ou la bibliothèque étaient ses lieux favoris. C’était suffisamment grand pour qu’on en puisse pas la trouver trop facilement, suffisamment proche pour qu’elle n’inquiète personne, et elle connaissait suffisamment el lieux pour ne pas se sentir en danger. Discrète par nature, elle n’était que rarement remarquée, d’autant que l’on ne s’attendait pas toujours à croiser la reine ainsi seule. La plupart du temps, ceux qui la reconnaissaient n'osaient d’ailleurs pas l’aborder.
Ce jour-là, bien couverte, elle profitait des derniers rayons de soleil dans l’air froid. Evidemment le climat minosien était toujours assez doux, comparé à celui de Rhadamanthe par exemple, mais les températures avaient tout de même chuté, et elle serrait autour d'elle les pans d’un châle sur sa robe doublée. Elle avait fermé les yeux légèrement et laissé la brise soulever sa chevelure, quelques mèches lui caressant le visage, lorsqu’elle entendit des pas et des grommellements. Elle ouvrit les yeux, et ils rencontrèrent ceux d’un jeune homme roux aux cheveux en bataille. Elle détourna, comme à son habitude, le regard de manière quasi immédiate, mais il y eut un grand bruit et un cri.
Elle sursauta assez violemment, et immédiatement eut un mouvement de panique, vite suivi par une esquisse de mouvement pour aider le garçon, qui avait réagi plus vite qu’elle, et se traînait jusqu'à elle, avant de s’asseoir sur le banc à ses côtés. Il ne semblait pas blessé, ni même souffrir de sa chute. Il en semblait pas non plus se rendre compte de la personne à qui il s’adressait avec le plus grand des naturels, et un quotient sympathie non négligeable. Lorsqu’il se présenta, elle ne put retenir un sourire.

Enchantée, Zel. Je suis Beldura Glow. Vous ne vous êtes pas fait mal ?

Sa voix était très douce, et sa bonté semblait transparaitre sur son visage fatigué. On trouvait encore une certaine tristesse au fond de son regard, amis quelque chose de plus léger s’y mêlait.

Enchantée, Zel. Je suis Baildurah Gleau. Vous ne vous êtes pas fait mal ?

Zel prend un pose rassurante, un poing sur la hanche, l'autre bras levé et un grand sourire sur le visage :

-C'est bon, ça va. J'maîtrise.

L'impression est néanmoins un peu gâchée par la poussière et les petites griffures sur son visage. Le jeune homme attrape un pan de sa cape dans lequel il crachote pour se débarbouiller un tant soit peu.

-J'ai l'habitude, continue-t-il en s'essuyant. J'ai été marin sur un bateau de pirates, on tombe souvent. Et j'ai fait partie de l'expédition de Crannsliabh, c'était assez boueux aussi. Et j'ai pris de sacrés coups lors des jeux olympiques de cette année.

A se souvenir, Zel frémit un peu mais se reprend vite. Il n'est pas là pour parler de lui.

-Et vous, ça va ? Qu'est-ce que vous faites comme ça, toute seule, dans ce jardin ? Il est joli, je dis pas, mais c'est plutôt le genre d'endroit où on va entre amoureux, non ? Mais peut-être qu'il doit vous rejoindre et que je suis de trop ?

30/06/2758

Le garçon face à elle avait l’air sûr de lui, et absolument pas bouleversé ou inquiet de sa chute. Son, attitude était cependant un peu contradictoire avec ce qu’elle voyait de lui: il était couvert de poussière, et son visage était un peu griffé. Elle ne put s’empêcher de penser au fait que désinfecter ceci ne serait sans doute pas du luxe. Ce n’était absolument pas grave, bien sûr, mais elle savait qu’une blessure tout à fait bénigne pouvait s’infecter très vite tout de même si on y faisait pas assez attention. Ce garçon, au vu de ses propos, paraissait à la fois fort imprudent, et fort maladroit. Les deux associés devaient donner un joli cocktail. Elle ne put empêcher un nouveau sourire de venir hanter son visage, quelque peu gâché par une grimace de dégoût lorsqu’il tenta de se nettoyer avec sa propre salive dans sa cape déjà peu reluisante. En plus d’être imprudent et maladroit, il ne semblait pas très au fait des règles d’hygiène …
A l’évocation du Tournoi, elle frissonna. Cela avait fait partie des épreuves auxquelles elle n’avait pas pu assister, car elle n’était à ce moment-là pas capable de tenir debout, clouée au lit par le désespoir. Cependant, les challengers le plus remarqués lui avaient été présentés, et il lui semblait vaguement se souvenir en effet d’un petit garçon dans le tournoi général, mais rien d’autre ne lui revenait.
Zel continua cependant à parler, et il apparut très vite qu’en plus d’être imprudent, maladroit, peu au fait des règles d’hygiène, non seulement il ne savait pas à qui il s’adressait, mais en plus il semblait singulièrement manquer de tact. A la mention de couple, elle pâlit, avec la sensation qu’on venait de la poignarder. Elle allait un peu mieux, certes, mais jusque là, personne n’avait jamais évoqué Isaac ou ses amours devant elle -à croire que l'expérience avait calmé les ardeurs des marieuses de ses conseillers-, ce qui l’arrangeait bien, évidemment.
Elle tenta de se reprendre, en toussotant, et en tenant ses mains entre elles pour stopper le léger tremblement qui s’en était emparé.

Je … non. Il n’y a pas de “il”. Ou de “elle”, d’ailleurs. Je … prends l’air.

Sa voix manquait terriblement d’assurance.

Et vous, Zel, vous venez retrouver quelqu’un ? Vous avez du en rencontrer du monde avec toutes vos aventures ! Tenez, un mouchoir, pour vous nettoyer un peu.

Son sourire était doux, mais en suffisait pas à dissimuler la peine dans ses yeux. Elle lui tendait un mouchoir blanc, brodé et parfumé. Il portait le sigle de la monarchie, évidemment, et ses initiales. Cela serait toujours plus propre que sa cape.

La pâleur soudaine du visage de Baildurah n'échappe pas au jeune Voyageur.

"J'ai fait une boulette ?" pense-t-il.

Je … non. Il n’y a pas de “il”. Ou de “elle”, d’ailleurs. Je … prends l’air, dit la jeune femme d'une voix tremblante.

-Ah... C'est... c'est bien. De prendre l'air, répond un Zel gêné.

Et voilà, ça avait bien commencé, et il a fallu qu'il fiche tout en l'air. Bravo.

Et vous, Zel, vous venez retrouver quelqu’un ? Vous avez du en rencontrer du monde avec toutes vos aventures ! Tenez, un mouchoir, pour vous nettoyer un peu.

Se nettoyer ? Ah, oui, la chute. Zel remercie la jeune femme d'une petite voix et attrape le tissu. Alors qu'il va s'essuyer, il remarque le sigle sur brodé sur le mouchoir. Il l'a déjà vu quelque part... C'est... ce sont pas les armoiries royales ?

"Oh, elle doit travailler au palais," se dit le jeune homme. "Ils sont sympas de donner des mouchoirs aussi beaux aux employés !"

Satisfait de son explication, Zel s'essuie tout en répondant à l'employée royale :

-Moi ? Non, non... Je voulais entrer dans les archives de la bibliothèque, mais il paraît qu'il faut une autorisation spéciale... Et un simple vagabond comme moi a peu de chance d'en avoir. Donc je... je suis tout seul.

Le jeune homme approche le mouchoir de son nez pour souffler dedans avant de se souvenir qu'il ne s'agit pas du sien. Il l'éloigne, presque à regret - c'est qu'il sent bon, ce tissus !

-Mais oui, j'ai rencontré beaucoup de monde ! Des pirates, des soldats, des inventeurs, Sélé... des ambassadeurs... Des amis !

Le garçon laisse passer un court silence avant de reprendre :

-Dites... Je suis désolé... J'ai bien vu que ma question vous a ennuyé, tout à l'heure. Xerxès dit que je parle trop... et il a sûrement raison. Je... J'ai vu que vous aviez l'air triste, et j'ai voulu vous remonter le moral, mais je m'y suis mal pris... comme d'habitude. Si je vous embête, vous pouvez le dire.

Zel esquisse un sourire penaud. De temps en temps, il vaut mieux balancer la vérité et espérer que tout ira pour le mieux. Et sinon... eh bien tant pis, au moins, il aura essayé.

30/06/2758

Elle le vit très gêné, mais il ne sembla pas se laisser démonter, et enchaîna avec la liste des gens qu’il avait rencontrés. Elle sourit lorsqu’il sembla s'emmêler les pinceaux, mais en releva pas. Son allusion à la bibliothèque, et à ses archives, cependant, l’intrigua. Elle sourit aussi, voyant qu’il était tiraillé entre l’envie de se moucher la peur manifeste de ruiner el joli tissu parfumé. Avant qu’elle n’ait pu dire quoi que ce soit, cependant, il s’excusa. Il avait la sensation d’être de trop, d’avoir fait une gaffe, de l’avoir attristée. Et il en semblait très préoccupé, très embêté. A ses paroles, elle devina que ceci lui arrivait souvent, et qu’au fond, ça le rendait malheureux.
Il était rare, très rare, que l’on se préoccupe de ce qu’elle ressentait. On se préoccupait de ce qu’elle faisait, de ce qu’elle disait, de ce qu’elle montrait, de ce qu’elle envisageait. Parfois, on se préoccupait de ce qu’elle pensait. Il lui semblait que la dernière fois que l’on s’était inquiété de ce qu’elle ressentait était lointaine, très lointaine. Cela devait remonter à quand Sorga était encore là, qu’il faisait attention à ce qu'elle ressentait, qu’il savait décrypter les émotions qu’il lui procurait dans chacune de ses actions, qu’il faisait tout pour la ménager, al protéger. Isaac ne faisait pas ça, ou différemment. face à cette constatation terrible -il fallait que ce soit un jeune garçon vagabond qui fasse attention à ce qu’elle, Reine de Minos, ressentait pour que quiconque s’en préoccupe-, les larmes lui montèrent aux yeux. Très vite, elles coulèrent sur ses joues, et s’en rendant compte, elle tenta très vite de les essuyer -peine perdue, elle les étala plus qu’autre chose- et de se reprendre.

Pardon je … Je ne suis pas habituée à ce qu’on fasse … Attention à ce que je ressens.

Elle soupira. Sa voix tremblait beaucoup, et elle sortit de sa poche un autre mouchoir -on lui en garnissait ses vêtements, en ce moment- et s’en tamponna le visage. Cela limita les dégâts, mais ses yeux restèrent rougis et brillants.

Vous pouvez rester, évidemment, vous ne me dérangez pas, bien au contraire.

Elle lui sourit doucement. Si elle avait été quelqu’un de plus à l’aise, elle l’aurait très certainement serré dans ses bras, mais elle en était bien incapable.

En réalité, je préfère même que vous restiez. C’est difficile de me remonter le moral, justement, mais vous avez réussi à me faire sourire plusieurs fois depuis votre entrée en scène jusqu’à maintenant.

Elle eut un rire léger, un peu gêné.

Je pense qu’un grand nombre de personnes pourraient considérer cela comme déjà une très belle victoire.

De nouveau, elle lui sourit.

Je ne sais pas qui est Xerxès, mais par contre, je peux vous dire qu’il vaut parfois mieux trop parler que ne rien dire. Enfin … Qu’est ce que vous vouliez voir dans ces archives ?

Elle savait très bien pourquoi l’accès aux archives était restrictif: il y avait là-bas des informations confidentielles, d'une part, et surtout des documents fragiles, très fragiles. Tout le monde ne pouvait pas y avoir accès, car sinon, ce serait la porte ouverte aux dégradations, même involontaires. Cependant, s’il y avait bien une personne qui pouvait ouvrir toutes les portes à Zel, c'était bien elle.

Mer 15 Jan 2020 - 20:18

La jeune femme fixe Zel quelques secondes. Le jeune homme ne sait trop où se mettre, hésitant même à prendre la fuite sur ses petites jambes. Quand tout à coup :

"Elle... Elle pleure ?"

Ah ! Zut ! Non ! Merde ! Elle pleure ! Aaaaah !
Zel regarde autour de lui, l'air paniqué et battant des bras, espérant que personne ne le voit en train de faire pleurer une femme - un acte ignoble qui mériterait la peine de mort, selon ce qu'il a entendu dire çà et là. Néanmoins :

Pardon je … Je ne suis pas habituée à ce qu’on fasse … Attention à ce que je ressens.

Zel cesse de bouger, sans trop comprendre. Qu'est-ce qu'elle veut dire par là ?

Vous pouvez rester, évidemment, vous ne me dérangez pas, bien au contraire.

Elle... Elle sourit ?

En réalité, je préfère même que vous restiez.

C'est... C'est un ange ! Zel se retient de pleurer à son tour. Cette femme est l'une des plus bonne et gentille qu'il lui a été donné de rencontrer.

C’est difficile de me remonter le moral, justement, mais vous avez réussi à me faire sourire plusieurs fois depuis votre entrée en scène jusqu’à maintenant. Je pense qu’un grand nombre de personnes pourraient considérer cela comme déjà une très belle victoire.

Le Voyageur a le même rire gêné que la jeune femme. Au fond de lui, il est soulagé. Visiblement, son erreur lui a été pardonnée. Son sourire se fait de nouveau franc. Mais Baildurah n'a pas fini :

Je ne sais pas qui est Xerxès, mais par contre, je peux vous dire qu’il vaut parfois mieux trop parler que ne rien dire. Enfin … Qu’est ce que vous vouliez voir dans ces archives ?

Hum ? Les archives ? Oh oui, les archives !

-Oh, euh... Rien de très important... Enfin, pour moi, c'est important, mais c'est surtout personnel... Je veux pas dire que je veux pas en parler, mais c'est quelque chose qui n'intéresse certainement que moi...

Mais après tout...

-Bon... En fait, je suis à la recherche de mondes parallèles... Ce sont des lieux proches de nous mais qu'on ne peut atteindre, même en marchant ou en volant le plus loin possible. Un peu comme... comme le reflet d'un miroir. On m'a dit que la bibliothèque du palais possède certainement les informations dont j'ai besoin, mais... Bah, elles sont visiblement dans les archives, cachées au yeux des gens. Je sais pas pourquoi...

Tout à coup, le visage du Voyageur s'illumine :

-Peut-être que c'est la reine de Minos qui a scellé ces informations ! Elle veut garder les autres mondes pour elle toute seule ! Ça risque d'être dangereux, Baildurah, ajoute-t-il à l'intention de la jeune femme. Si tu m'aides, nous risquons d'être accusés de coup d'état !

30/06/2758

Beldura ne vit pas la manière dont la regardait le garçon (cette espèce de fascination merveilleuse teintée de culpabilité), par contre, elle vit son regard s’illuminer lorsqu’elle lui parla des archives, et cela la fit sourire. Il avait l’air vraiment habité, et très décidé à la fois, tout en ne sachant manifestement pas du tout qui elle était. Il y avait un côté charmant à cette fraîcheur -même s’il aurait peut-être fallu que Beldura s’inquiète plus du fait que son visage ne soit pas connu de ses sujets-, un peu désarmant. Cependant, lorsqu’il évoqua les mondes parallèles, son regard se voila.
Cela lui rappelait toujours Garmyr. Elle avait appris à ses dépens l'existence de ces fameux mondes parallèles, et s’en serait bien passée, il fallait l’admettre. Trois ans plus tôt, il s’était invité via sa porte dimensionnelle dans ses appartements et l’avait téléportée dans son cimetière personnel. Elle y avait fait une crise de panique d'une intensité rare, et il avait été forcé de la ramener dans sa chambre. Elle avait détesté ces retrouvailles, détesté les propos qu’il avait eu le culot de lui tenir. Elle l’avait trouvé rude, impoli, ombrageux, orgueilleux, détestable, et manipulateur. Mais le fait était qu’elle en savait déjà un peu sur les mondes parallèles, aussi ne marqua-t-elle pas spécifiquement de temps de surprise lorsque Zel les mentionna. De plus, en tant que reine, on lui en avait déjà parlé, quoiqu’elle refuse de les considérer comme une menace.
Elle rit lorsqu’il mentionna le coup d’état. Comment elle, souveraine aux pleins pouvoirs, aurait-elle pu être accusée de coup d’état ? L'idée était charmante et ridicule. La candeur du garçon l’attendrissait tout à fait.

Haha peut-être ! On peut tenter d’y aller, si vous le souhaitez. Peut-être que nous parviendrons à entrer.

Elle savait qu’ils y parviendraient, évidemment. On ne lui refusait pas ces accès-là. Elle se leva, essuya sur son visage les dernières traces de larmes, et lissa un peu sa robe chaude en tissu vert, qui avait des faux plis dus à sa station assise prolongée. Elle resserra autour d’elle son châle et lui sourit, prête à partir.

A moins que vous ne préfériez vous nettoyer et vous restaurer avant ?

C’était une proposition qui lui paraissait censée.

Je pense d'ailleurs connaître quelqu’un qui a un rapport avec ces mondes parallèles sur lesquels vous voulez avoir plus d’éléments. Il s'appelle Garmyr, et il voyage entre eux. Je ne sais cependant pas comment le contacter …

Jeu 23 Jan 2020 - 16:03

Baildurah se met à rire. Zel ne sait pas trop ce qu'il y a de drôle. Un coup d'état, c'est pas une blague !

Haha peut-être ! On peut tenter d’y aller, si vous le souhaitez. Peut-être que nous parviendrons à entrer.

Le jeune homme hoche la tête d'un air déterminé. Il faudrait préparer un plan de bataille. Peut-être qu'elle pourrait détourner l'attention des gardes pendant qu'il se faufile, puis il ferait un grand bruit à l'intérieur des archives, pour être à son tour la diversion pour qu'elle puisse rentrer... Ou alors, ils pourraient se camoufler et-

A moins que vous ne préfériez vous nettoyer et vous restaurer avant ?

Zel se fige. Son estomac, non. Un petit bruit proche de celui du grouinement de cochon se fait entendre.

-C'est... pas une mauvaise idée... Tu connais un endroit où manger dans le coin ?

De quoi est-ce qu'il a envie ? Des pommes de terre, avec un peu de sel... et la sauce qu'il a préparé avec ces champignons qu'il a trouvé l'autre jour... Avec un peu de lapin, peut-être.

Je pense d'ailleurs connaître quelqu’un qui a un rapport avec ces mondes parallèles sur lesquels vous voulez avoir plus d’éléments.

Oui, du lapin, ou peut-être de la volaille... Du poulet ou de...
Une seconde, qu'est-ce qu'elle a dit ?

Il s'appelle Garmyr, et il voyage entre eux. Je ne sais cependant pas comment le contacter…

La main de Zel fuse vers son carnet. Il lui suffit d'une fraction de seconde pour l'ouvrir à la page où il note les informations qu'il trouve.

-Baildurah... Guârmïr... voyage entre les mondes... marmonne-t-il en même temps qu'il écrit. Est-ce que tu sais comment il faisait ? Xerxes m'a parlé de quelques moyens de transport entre les mondes, mais j'ai jamais pu avoir la confirmation de leur efficacité... Faut dire qu'une armorie, ça bouge pas beaucoup.

30/06/2758

L’air déterminé de Zel à entrer dans la bibliothèque, et particulièrement aux archives avait quelque chose d’extrêmement déterminé qui la fit sourire un peu plus largement. Ce garçon était vraiment mignon, au sens le plus pur du terme. Cependant, il marqua un arrêt lorsqu’elle lui proposa de manger, ponctué par un bruit de son estomac, manifestement affamé. Elle s’en était douté au vu de son allure, et avait eu raison: il avait faim. C’était une sensation si désagréable, la faim, qu’elle ne la souhaitait à absolument personne. Il posa ensuite une question à la fois très judicieuse, et à laquelle elle n’avait pas pensé. Bêtement. Manger, oui, mais où ?
Sortir du palais était tout bonnement impossible, en tous cas, pas sans escorte. La guerre était en cours. Elle était une cible à la fois facile et reconnaissable, c’était prendre un risque inutile pour elle aussi bien que pour le jeune Zel. De plus, sa disparition allait déclencher une vague de panique dans le palais, alors que sa déambulation dans les rues avait toutes les chances de provoquer des émeutes, des rassemblements. De plus, elle risquait de mettre très mal à l'aise le restaurateur choisi. Bref, impossible de sortir du palais.
Il fallait donc rester dans l’enceinte du palais. Cependant, le garçon ne s’était pas encore rendu compte de qui elle était, et cette révélation risquait de gâcher quelque peu les choses. S’ils allaient dans la salle à manger du palais, cela ne pourrait pas passer inaperçu: les petits plats y étaient toujours mis dans les grands, et Zel et elle pourraient manger à plusieurs mètres d’intervalle, chacun à un morceau de la table. Elle n’osait imaginer se glisser dans les cuisines et demander un quelconque plat: cela déclencherait une panique sans nom, et serait extrêmement méchant envers les pauvres gens qui y travaillaient.
Il ne lui restait que bien peu d’options, et ses épaules s’affaissèrent un peu, alors même qu’elle souriait toujours.

Venez, je répondrai à toutes vos questions quand nous aurons trouvé de quoi manger.

Elle lui sourit, et fit quelques pas. Elle cherchait quelqu’un en réalité, qu’elle trouva rapidement.

Louise ! Bonjour.

La jeune femme semblait toujours très impressionnée que la Reine s’adresse ainsi à elle, même après dix ans à son service. Elle baissa un peu les yeux, et murmura un “Majesté” qui était impossible à entendre, mais que Beldura connaissait bien.

Nous voudrions déjeuner ce jeune homme et moi. Pensez-vous que l’on puisse avoir un panier des cuisines ? Rien de compliqué, s’il vous plaît vraiment, ce qu’il reste des précédents repas ira très bien. Dites-leur bien que je ne veux pas qu’ils cuisinent quoi que ce soit, qu’ils ne s’embêtent surtout pas.

Elle assortit ses propos d’un sourire doux.

Nous serons dans la petite verrière, celle où il n’y a que deux places. Oh, et s’il vous plaît, pourrais-je avoir un peu de désinfectant ?

La jeune fille approuva, et fila. Beldura se tourna vers Zel.

Venez, nous serons plus à l’aise s’il y a une table et des chaises.

Elle le guida ainsi à travers les jardins, pas bien longtemps car c’était assez proche, jusqu’à une toute petite salle attenante aux serres. Il y avait beaucoup de végétaux à l'intérieur, des plantes luxuriantes. Il y régnait des températures douces, et une odeur spécifique. La salle était hexagonale, toute en verre et en métal. La vue donnait à la fois sur les jardins, tout en étant coupée par quelques plantes pour l’aspect privé, et sur les serres selon le même procédé. Au centre, il y avait une table et deux fauteuils confortables. On y trouvait également, en retrait, une petite bibliothèque, et dans un autre coin, un chevalet. Tout en le guidant, elle lui avait un peu parlé de Garmyr.

Je ne sais pas grand chose du procédé malheureusement. Je crois qu’il a désormais le pouvoir de matérialiser une grande porte noire, qui lui sert de portail vers d’autres dimensions. Je crois qu’il la maîtrise, mais que parfois elle lui joue des tours.

Il y avait eu un petit silence durant lequel elle avait réfléchi un instant, avant de reprendre d’une voix douce, malgré son coeur serré:

Je pense que pour le contacter, les plus à même de vous aider seront sans doute monsieur Siffroy Belgan, que je sais assez lié à Garmyr, ainsi peut-être qu’Aëlia Merirosvo, sa fiancée je crois, qui vit sur un bateau … L’escapade, peut-être ?

Cela faisait à présent des années qu’elle n’avait rien su d’Aëlia, ni de l’évolution de sa relation à Garmyr. Mais elle savait très bien que le plus à me^me de contacter Garmyr de tous les êtres n'était plus de ce monde, et cette pensée la ravageait, sans qu'elle ne le dise.

Nous voilà arrivés. Installez-vous, je vous en prie.

Elle lui désigna les deux fauteuils.

Venez, je répondrai à toutes vos questions quand nous aurons trouvé de quoi manger.

Zel manque un court instant de protester, mais il se ravise. Ce ne serait pas poli et s'il a bien une qualité, c'est la patience. En plus, il a faim.
Baildurah interpelle une femme qui semble s'appeler Lhou-Ïze. Les domestiques semblent avoir de bonnes relations, ici, parce qu'elle accepte sans sourciller. Alors qu'elle se détourne, Zel lance un "Merci !" aussi joyeux que plein de sa candeur habituelle. Puis, le duo partent en direction d'un endroit pour manger.

Je ne sais pas grand chose du procédé malheureusement. Je crois qu’il a désormais le pouvoir de matérialiser une grande porte noire, qui lui sert de portail vers d’autres dimensions. Je crois qu’il la maîtrise, mais que parfois elle lui joue des tours.

Zel note tout ce que lui dit Baildurah. Son crayon va si vite sur le papier qu'un peu plus et une odeur de brûlé s'en dégagerait.

Je pense que pour le contacter, les plus à même de vous aider seront sans doute monsieur Ssifhrhoye Bêllguane, que je sais assez lié à Ghârrmïïr, ainsi peut-être qu’Aëlia Merirosvo, sa fiancée je crois, qui vit sur un bateau … L’escapade, peut-être ?

Zel interrompt sa scription. Il a dîné avec Ssifhrhoye et Heaudailyne quelques six mois plus tôt. Et maintenant qu'elle le dit, c'est vrai que Heaudailyne a mentionné ce Ghârrmïïr ! Mais il était si préoccupé par ce qu'elle lui disait sur Kìrrill qu'il l'avait complètement zappé !
Mais bien entendu, c'est le second nom qui fait le plus écho chez le garçon :

-Aëlia ? Je savais pas qu'elle connaissait quelqu'un qui vient d'un autre monde ! Mais elle ne m'en a jamais parlé, donc je suppose qu'elle était pas au courant... Par contre, je crois pas qu'ils soient encore ensemble, ça me dit rien... Ah, oui, je la connais bien. J'ai été son mousse pendant quelques temps, et puis elle m'a appris à nager, et on a fait les jeux olympiques ensemble - enfin, une seule épreuve - et puis on a fêté son anniversaire ! Mais maintenant, je crois qu'elle sort avec Lütair, ils ont l'air de bien s'entendre. Et son bateau, c'est l'Envolée, par l'Escapade ! Mais c'est vrai que c'est chouette comme nom, aussi, peut-être qu'un jour, je deviendrai pirate aussi et que je prendra ce nom pour mon bateau, mais je voudrais plutôt un bateau qui vole, parce que ce serait quand même vachement super chouette !

Zel adresse un immense sourire à la jeune femme. Elle est vraiment gentille !

30/06/2758

Beldura s'assit, et il fallut à peine le temps pour Zel de finir de parler que Louise revenait, accompagnée de deux autres domestiques. Ils apportaient leur repas, et le disposèrent en silence sur la table, avant de s’incliner, alors que Beldura les remerciait chaleureusement et leur demandait de transmettre également ses remerciements aux cuisines. Ils s’éloignèrent ensuite, et elle se servit un verre d’eau, et en tendit un à Zel, avant d’imbiber un coton du désinfectant demandé. Elle se tourna vers lui avec un sourire:

Vous permettez ? Je pense qu’il faudrait nettoyer cette plaie. Je vous promets que ça ne piquera presque pas. Ca risque juste d’être un peu frais.

Il accepta, et ainsi, la Reine se mit à genoux, très droite,afin de lui nettoyer le visage tout doucement, délicatement tamponnant sur les plaies soigneusement. Elle lui demanda de vérifier ses mains également, et vérifia ses jambes. Lorsqu’elle fut sûre d’avoir nettoyé tout ce qui risquait de s’infecter, elle lui sourit, se releva, et alla jeter le coton, avant de s’essuyer les mains dans une serviette humide prévue à cet effet, puis de se rasseoir face à lui.

Servez-vous, je vous en prie ! Nos cuisiniers sont des perles, et de manière générale, tout est délicieux.

Elle avait accompagné cette proposition d’un geste de la main et d’un sourire doux. Puis, elle reprit la conversation:

C’est un joli projet, un bateau qui vole. Mais je ne suis pas sûre qu’être pirate soit forcément un très bon choix.

Sa voix était toujours très douce. Evidemment, elle était reine, et ne faisait pas vraiment vraiment partie de ce fait des gens qui appréciaient les pirates, quoiqu’elle ne les ait jamais chassés. Elle était surprise d’avoir des nouvelles d’Aëlia -d’ailleurs, elle n’en demandait pas tant!- dont elle n’avait pas entendu parler ni croisée depuis bien longtemps, sinon aux Jeux Olympiques en effet. Elle était rarement au courant des histoire d’amour de ses sujets, encore moins des sujets des autres, et comme elle n’avait pas vraiment d’amis, elle n’était tout simplement pas au courant de la vie des gens autour d’elle -sauf de celle d’un certain nombre e ses domestiques et ministres, ce qui lui permettait de discuter avec eux. C’était d’ailleurs assez étrange lorsqu’on songeait que sa vie privée était quant à elle scrutée à la loupe.

Quoiqu’il en soit, je sais qu’ils ont été assez liés, peut-être pourra-t-elle vous en dire plus !

Sam 28 Nov 2020 - 18:46

Il faut assez peu de temps aux autres domestiques pour venir poser le repas commandé par Baildurah. Ils se déplacent rapidement et en silence, leurs gestes sont précis et efficaces... C'est quand même drôle de traiter une autre domestique et un vagabond ainsi... Est-ce que par hasard... Baildurah serait plus que ce qu'il imagine ? La lumière se fait d'un coup dans l'esprit de Zel :

"Mais oui, elle doit être une employée importante ! Une... euh... majordome, ou un truc comme ça... ou une gouvernante." s'exclame le bonhomme en pensée.

Baildurah l'interrompt dans sa réflexion de sa voix douce :

Vous permettez ? Je pense qu’il faudrait nettoyer cette plaie. Je vous promets que ça ne piquera presque pas. Ça risque juste d’être un peu frais.

Le regard de Zel se pose sur le coton et il esquisse un petit sourire. Maman aussi, lui disait que les produits qu'elle fabriquait ne piquaient pas, et elle mentait à chaque fois. Mais Zel ne lui en voulait jamais. Il hoche la tête et laisse faire la jeune femme qui, de gestes experts, lui nettoie ses plaies. Assis sur sa chaise, ses jambes battant un peu, le Voyageur ne peut s'empêcher de comparer Baildurah à Maman. Elle a la même douceur, la même grâce... même dans leur tristesse, elles se ressemblent un peu.

-Je suis sûr qu'elle sera une très bonne maman, elle aussi, murmure-t-il.

Si Baildurah l'a entendu, elle ne le montre pas. Son affaire terminée, elle se place face à lui :

Servez-vous, je vous en prie ! Nos cuisiniers sont des perles, et de manière générale, tout est délicieux.

Le sourire de Zel s'élargit. Après un sonore "Merci ! Bon appétit !", il s'attaque avec ferveur à la nourriture, tout en essayant néanmoins de bien se tenir. C'est important, les bonnes manières.

C’est un joli projet, un bateau qui vole, reprend Baildurah. Mais je ne suis pas sûre qu’être pirate soit forcément un très bon choix.

Zel relève la tête, sans comprendre :

-Pourquoi ? C'est plutôt chouette ! On vit sur la mer, on va partout où on veut, on peut rendre service aux gens en transportant des marchandises à droite, à gauche... C'est chouette ! Le seul problème, c'est quand on est attaqués par des mouettes, mais ça va, c'est pas si dangereux.

Quoiqu’il en soit, je sais qu’ils ont été assez liés, peut-être pourra-t-elle vous en dire plus !

Zel hoche la tête, la bouche encore pleine :

-Voui... glurp. Je veux dire, oui, sûrement. Après, elle a peut-être plusieurs amoureux. Elle en a de la chance, moi j'en ai pas...

Le visage familier de Séléné se dessine dans l'esprit du Voyageur, mais il le chasse bien vite. Elle n'est pas son amoureuse ! Se souvenant tout à coup de l'expression de Baildurah lorsqu'ils ont parlé d'amoureux, un peu plus tôt, il préfère changer de sujet :

-Alors, tu as un plan pour rentrer dans les archives ? Je me disais qu'on pourrait trouver un panier avec des chatons pour le déposer devant les gardes et quand ils seront occupés à caresser les chatons, parce que personne peut s'empêcher de caresser un chaton, on pourra entrer discrètement ! On peut même trouver des ventouses quelque part et s'accrocher aux murs pour pouvoir être encore plus discrets ! Ah, mais ça risque de faire "Schloup schloup", c'est pas super discret... Alors il faudrait synchroniser nos déplacements avec les miaulements des chatons, voire imiter le bruit des chatons au fur et à mesure qu'on se déplace pour que ça se perde dans le brouhaha ! Tu sais imiter les chatons ?!

30/06/2758

Elle l’écouta en souriant doucement décrire une vie de pirate idyllique et sans dangers -mis à part des mouettes hargneuses-, tout en se demandant bien quel genre de vie Aëlia pouvait vraiment mener, et si elle méritait réellement le nom de pirate, ou si le garçon avait eu la chance de tomber sur un voyage très calme. Son sourire se figea un peu lorsqu’il parla d’amoureux et d’amoureuse, craignant que la conversation ne dérive sur ce sujet. Cependant, alors que son visage pâle s'assombrissait, il changea de sujet, revenant sur les archives sans cesser de manger goulûment. Elle le regarda de nouveau, souriant, alors que ses yeux s’écarquillaient peu à peu devant cette avalanche de propositions. Et soudain, elle sentit quelque chose monter en elle. Une sorte de vague, une vague qui la chatouillait, qui la réchauffait, qui la secouait. C’était irrépressible, et inhabituel, mais pas inquiétant. C’était rare, très rare, elle ne se souvenait même plus qu’elle en était toujours capable. Pourtant, c’était le cas, et un rire franc, cristallin sortit de sa gorge. Depuis combien d'années n’avait-elle pas ri ainsi, sans politesse, de manière spontanée ? Elle l’avait oublié. Elle n’était pas heureuse, mais n’avait pas beaucoup ri, même heureuse, même comblée aux plus belles heures de sa relation avec Isaac, alors que Sorga était encore près d’elle, qu’Aurore n'était pas partie. Même là, elle ne riait presque jamais, et jamais ainsi. C’était libérateur, comme quelque chose de retenu trop longtemps qui ne demandait qu’à sortir. Elle ne s'y attendait pas, et cela lui faisait du bien. Elle n'aurait jamais cru un petit garçon pareil capable d’un tel miracle. Elle le regarda avec une certaine tendresse lorsqu’elle parvint à se calmer, et lui dit:

Je suis désolée, c'était plus fort que moi, je crois que l’idée des ventouses, ou des gardes face à un panier de chatons, ou l’association des deux … Bref tout ceci a eu raison de mes barrières, je suis désolée, mais surtout, ne le prends pas mal, je ne me moquais pas du tout. C’est juste que ces images sont incongrues pour moi, et je ne m’attendais pas à de telles propositions. Ceci dit, je ne suis pas sûre d’être une très bonne imitatrice de chaton …

Elle tenta un petit miaulement, très discret, mais qui ne lui sembla pas des plus convaincants. Il fallait admettre qu’elle n’avait jamais vu de chaton, puisque les chats lui faisaient peur, comme tous les autres animaux, et qu’elle n'avait aucun désir de s'approcher d’eux, ni, de fait, de leur progéniture. Elle ne mentionna cependant pas cet aspect. Elle ne s'était pas vraiment rendue compte que le rire avait scellé une certaine entente, ou brisé une certaine barrière et lui avait permis de passer du vouvoiement au tutoiement, comme elle ne l’avait fait qu'avec Sorga depuis plus de dix ans.

Qu’en penses-tu ? Tu es peut-être meilleur que moi !

Elle lui sourit, encourageante.

Ceci dit, si tu le souhaites, on peut simplement y aller, peut-être aurons-nous une bonne surprise !

Elle ne lui avait toujours pas dit, évidemment, que le sésame qui lui garantissait l’accès à la bibliothèque et à toutes ses archives était assis tout près de lui, avait désinfecté ses égratignures et venait de lui faire une bien piètre imitation d’un chaton.

Le rire de Baildurah stoppe Zel assez net. Non pas qu'il soit vexé ou quoi. Mais ce rire est... particulier. Difficile de dire comment. Il est beau et fort, mais aussi un peu essoufflé... Un peu comme une machine qu'on aurait pas mis en route depuis très longtemps. Mais une chose est sûre :

"Il est aussi beau que celui de Séléné !

Je suis désolée, s'excuse la gouvernante, c'était plus fort que moi, je crois que l’idée des ventouses, ou des gardes face à un panier de chatons, ou l’association des deux … Bref tout ceci a eu raison de mes barrières, je suis désolée, mais surtout, ne le prends pas mal, je ne me moquais pas du tout. C’est juste que ces images sont incongrues pour moi, et je ne m’attendais pas à de telles propositions.

Le large sourire de Zel répond à sa place : il n'a pas cru une seule seconde qu'elle se moquait de lui.

Ceci dit, reprend-elle, je ne suis pas sûre d’être une très bonne imitatrice de chaton …

Baildurah tente alors un petit miaulement qui laisse échapper un rire enfantin à Zel.

Qu’en penses-tu ? Tu es peut-être meilleur que moi !

Tout enorgueilli, Zel arrondi la bouche et lance un petit "Meow" des plus convaincants avant de se remettre à rire :

-J'ai pas beaucoup de mérite. Je sais pas si c'est parce que j'ai vécu près d'eux ou si c'est parce que je suis un Aniformus, mais je suis plutôt bon pour imiter les animaux. Mais c'était très bien, toi aussi !

Le sourire de la jeune femme agrandit toujours plus celui de Zel. Et tout à coup, elle propose :

Ceci dit, si tu le souhaites, on peut simplement y aller, peut-être aurons-nous une bonne surprise !

Zel réfléchit un instant. Faire des plans ne sert en effet à rien sans repérer d'abord le périmètre. C'est Aëlia qui lui a appris ça. Alors en effet, aller jeter un œil d'abord ne peut pas faire de mal.

-Je te fais confiance ! lance-t-il d'un air enjoué. Tu connais le palais, pas moi. Mais si tu repères un panier de chaton, préviens-moi.

Le garçon descend de sa chaise d'un petit saut et, sans trop réfléchir, tend sa petite pogne à Baildurah :

-On y va ?

30/06/2758

Elle sourit, à la limite peut-être de l'applaudir lorsqu’il imita un chaton de manière très convaincante. Ainsi donc il était Aniformus, et avait grandi auprès d’animaux ? Elle eut un éclair de tendresse en l'imaginant s’ébattant tranquillement au milieu d’une portée de chiots par exemple, agissant comme l’un d’eux et cela suffit à faire fleurir un nouveau sourire sur son visage. Il accepta ensuite très vite d’y aller, bondissant de sa chaise et lui tendant la main. Elle eut un moment d'hésitation, puis s’en saisit. Au diable les convenances. Au moins, comme il avait l’allure d’un enfant, personne ne croirait que c’était un nouveau roi potentiel, non ? On penserait à un frère, un cousin, ou un enfant égaré, se rassura-t-elle en glissant sa main fine dans la sienne, donnant ainsi son assentiment pour aller rejoindre les archives. Elle se demandait un peu, au fond, comment on réagirait à sa vue. Comment expliquer au garçon qu’on la laisse passer ? Comment lui expliquer les marques de déférence qu’on ne manquerait pas de montrer à son égard ?
Pourtant, elle ne ralentissait pas. Ce garçon avait besoin d'informations, et tant pis si le fait de lui permettre d’y parvenir déséquilibrait leur relation naissante, et changeait complètement la manière qu’il avait de la percevoir. Après tout, elle se devait de s’y habituer, depuis le temps: elle était reine. Plus personne ne pouvait la considérer comme une égale, excepté les trois autres souverains. Evidemment, le fait de savoir son statut modifiait son rapport aux autres, évidemment cela l’isolait complètement. Elle en venait presque à regretter, parfois, que Minos n’applique pas le même système de double régence qu’Eaque. Elle retint un soupir en y songeant. Quelqu’un la supporterait-elle au quotidien ? Elle en doutait de plus en plus cruellement. Quelque chose devait lui faire défaut, qui permettrait aux gens de s'attacher à elle, et non pas à son image, se disait-elle. Tout en marchant, elle discuatit avec le jeune homme de ses voyages, ses découvertes, son atatchement manifeste à Aëlia. Elle auarit aussi voulu en savoir plus sur els mondes parallèles qu’il cherchait si fort, mais ne savait aps trop comment amenerle sujet.
Assez rapidement en réalité, ils furent devant le bâtiment de la bibliothèque. Evidemment, sur le trajet, ils avaient croisé de plsu en plus de monde, et tous ceux qui l’avaient vue avaient fait une révérence, ou montré une quelconque marque de respect. Lorsqu’ils arrivèrent devant la Bibliothèque, elle décida de prendre les devants.

Bonjour, Rodolphe. Mon jeune ami et moi-même aurions besoin d'accéder aux archives.

Le garde semblait assez jeune, et très surpris qu’elle sache son nom (elle exigeait un trombinoscope qu'elle apprenait par coeur, ainsi que certaines informations, sur les gens qui travaillaient au palais. Cela lui semblait être la moindre des politesses, en plus d'exercer sa mémoire.), d’une part, et s’adresse à lui. Aussi, elle crut percevoir qu’il rougissait sous son casque, avant de se mettre au garde à vos assez bruyamment.

Oui, madame, bien sûr madame.

Et, très raide, manifestement impressionné d’avoir la Reine si près, il les mena à travers la bibliothèque, jusqu’à la section demandée. On accédait aux archives par des portes, qui se trouvaient à divers endroits de la bibliothèque. Petites, un peu anciennes, elles différaient de toutes les autres portes, et de ressemblaient toutes; Elles menaient toutes au même endroit: le centre des archives; C’était une distorsion de l’espace opérée par les Créateurs qui avaient travaillé, des siècles auparavant, à l’architecture du lieu. On pouvait facilement se perdre dans la Bibliothèque, si on n’y faisait pas attention. Pourtant, on n’y avait jamais retrouvé un seul mort d'inanition, aussi c’était un lieu réputé comme assez sûr: on s'y perdait, mais on retrouvait toujours son chemin, ou on était toujours retrouvé par quelqu’un. Un certain nombre d'enchantements ceignait le lieu, le rendant extrêmement sécurisé. Après tout, l'intégralité des savoirs elysionniens se retrouvaient là.
Au niveau de la porte menant aux archives, une nouvelle sécurité les attendait. Ils n’eurent cependant pas besoin de se présenter ou de s’annoncer. En les voyant, la personne en charge de l’accès aux Archives se fendit d'une révérence si basse qu'elle faillit se cogner le front contre la tablette en bois sur laquelle reposaient les livres qu’elle étudiait.

Ma … Ma … Majesté …
Merci, Peggy, dit-elle, en rougissant légèrement, lui faisant signe de se relever. Mon ami Zel aurait besoin de consulter certains documents. Pourriez-vous nous y mener s’il vous plaît ?
Evide … Evidemment, v-v-v-votre Altesse.

Et c’est ainsi que Zel se retrouva soudain fixé par le regard bienveillant de Beldura et celui, nerveux, impressionné, désireux de bien faire, curieux et très professionnel à la fois de Peggy.

Jeu 6 Jan 2022 - 20:41

C'est un fait : ce qui fait carburer Zel, ce n'est pas tant les nutriments apportés par la nourriture, ou l'énergie que le sommeil lui permet de récupérer. C'est sa joie. Et actuellement, Zel en déborde. Outre le fait qu'il approche des précieuses connaissances qu'il cherche, il le sent au plus profond de lui, il le fait en très agréable compagnie. Baildurah. L'une des personnes les plus gentille qu'il connaisse. Finalement, ça a du bon de s’emmêler les pieds, de temps en temps.
C'est donc un Zel chargé à bloc qui marche dans les couloirs du palais vers la bibliothèque. Mais comme tout récipient trop plein, il doit évacuer un peu. Alors il parle. Il parle avec Baildurah. L'Envolée. Crannsliabh. Xerxès. Aëlia. Luther. Tous les endroits qu'il a connu. Tous les gens qu'il a rencontré. Au début, il a peur d'être étouffant, mais la jeune femme écoute avec attention et en souriant. Alors il continue. Et le chemin qu'ils parcourent est presque trop court.

Parce qu'une fois devant la porte de la bibliothèque, il faut reprendre son sérieux. C'est une mission primordiale ! Alors comment faire...

"Observons les alentours," se dit le Voyageur. "Y a-t-il quelque chose dans l'environnement que nous pourrions utiliser ? Xerxes m'a parlé une fois d'hommes en capuches blanches qui deviennent incognito dès qu'ils s’assoient sur un banc, on peu peut-être..."

Sauf que Baildurah n'attend pas. Avant que Zel n'ait pu l'en empêcher, elle se dirige vers l'homme à l'entrée et lance :

Bonjour, Reaudaulf. Mon jeune ami et moi-même aurions besoin d'accéder aux archives.

Mais... mais qu'est-ce qu'il lui prend ? Elle va tout faire rater...
L'homme se met tout à coup à balbutier et, à grands renforts de "Madame", leur... ouvre le passage ?!
Incroyable !

"Le culot ! J'y avais pas pensé. Bien joué, Baildurah, bien joué !"

Trottinant pour rester à leur hauteur, Zel lève les deux pouces avec un grand sourire en direction de la gouvernante. Du bon boulot !
Passant de porte en porte, le jeune homme aimerait en profiter pour observer la bibliothèque. Mais la démesure de sa taille lui donne le vertige. Immense, luxuriante, emplie de connaissances... Tellement de choses à lire, à voir, à feuilleter... Trop de tout partout.
Enfin, au bout de leur périple, une autre personne les attend. Une femme, cette fois. Certainement celle qui gère les archives. Est-ce que ça marchera avec elle aussi, le culot ? Vas-y Baildurah !
Sauf que cette fois, la jeune femme n'a pas besoin de dire quoi que ce soit. L'archiviste se fend d'un seul coup d'une grande révérence presque acrobatique en lançant :

Ma … Ma … Majesté …

... Qui ?
Zel se retourne, s'attendant à voir la reine derrière lui... mais non. Ils sont bien seuls. Mais alors, qui...

Merci, Peggy, répond Baildurah sans se démonter. Mon ami Zel aurait besoin de consulter certains documents. Pourriez-vous nous y mener s’il vous plaît ?

Evide … Evidemment, v-v-v-votre Altesse.

... Baildurah ? Votre altesse ?
... Mais bien sûr ! C'est évident !

-Bailduraaaaah, chuchote Zel, je crois qu'ils te prennent pour la reeeeeeine !

Hochant la tête, accompagnant son "secret" d'un clin d’œil appuyé, le garçon se racle la gorge et lance de l'air le plus noble possible :

-Merci beaucoup ! La... (il réprime un fou rire qui ferait tout échouer) La reine et moi vous savons gré d'accéder à notre requête.

Puis, d'un petit pas décidé, menant Baildurah par la main, il pénètre dans les archives et referme la porte derrière lui.

-C'était incroyable ! lance-t-il dès qu'ils sont seuls. Comment t'as su qu'ils te prendraient pour la reine ?

Le Voyageur reporte son attention sur les Archives. Sombres, toutes aussi fournies que la bibliothèque, si ce n'est plus, elle semble cependant bien moins accueillante.

-Ça va faire du boulot, tout ça... On aurait du garder l'archiviste pour qu'elle nous indique où chercher.

30/06/2758

Incroyable. Ce garçonnet était tout bonnement incroyable. Il la prenait réellement pour une servante (qui faisait du bluff), et ne s'imaginait pas du tout un seul instant qu’elle pouvait être effectivement la souveraine légitime du continent. Une autre qu’elle en aurait sans doute pris ombrage (après tout, on ne la reconnaissait pas) et ses fidèles sujets en auraient sans doute été outrés, offusqués. Elle imaginait à peine la réaction d’Isaac, s’il avait été là. Elle imaginait cependant très bien celle de Sorga: méfiant, certes, car elle restait la Reine et Zel restait un inconnu, mais riant sous cape et attendant avec attention de voir se dérouler la suite du spectacle. Elle espérait d’ailleurs vaguement que où qu’il soit, il sourie actuellement.
Se sentant se rembrunir, elle fit en sorte de chasser cette douloureuse pensée envers son ami perdu et de se concentrer sur le garçon roux très joyeux face à elle. Elle lui sourit et fit un petit geste de la main face à sa question, comme si un peu d’assurance avait été nécessaire pour réussir un coup de bluff. En réalité, elle ne voulait pas lui répondre et risquer de lui mentir, mais, manifestement, l’issue du problème ne l'inquiétait pas énormément, puisqu’il s’était déjà relancé sur autre chose, à savoir: comment s’orienter parmi tous ces livres ? Elle eut un petit sourire. Si elle n’était ni archiviste, ni bibliothécaire, elle avait tout de même passé pas mal de temps dans les bibliothèques du palais; et Isaac plus encore. Le Revenu lui avait donc parlé de nombreuses fois (souvent en pestant) des systèmes de rangements, et des archives, lui donnant les clés pour s'y retrouver. De toute façon, il ne vallait mieux pas faire revenir qui que ce soit: d’un epart sa véritable identité risquerait d’être dévoilée et elle ne pourrait plus fuir, d’autre part, la personne risquait de se trouve mal au vu des réactions successives de Rodolphe et Peggy. Personne ne s’attendait à se retrouve nez à nez avec la Reine manifestement (ce qui lui démontrait qu’il aurait peut-être fallu qu’elle sorte un peu plus).

A tous les deux, on va réussir à s’en sortir, ne t’inquiète pas ! lui dit-elle en souriant, presque tendrement. Rappelle-moi ce que tu cherches exactement.

Elle en profita pour attraper un gros livre, qui ressemblait à s’y méprendre à un grimoire. C’était en réalité un index enchanté, lui avait-on appris: il fallait prononcer, ou écrire le thème de la recherche, et l’index faisait apparaître le nom et l’emplacement des livres des archives qui y étaient reliés. Cela permettait, paraissait-il, de ne pas exciter la curiosité de l’oeil qui tomberait lors d’une recherche sur des termes ésotériques et des choses classifiées. Ainsi, on ne trouvait que ce qu’on cherchait, à moins d’aller mettre le nez dans les kilomètres de rayonnages. [Mesdames et messieurs, sous vos yeux ébahis, la suppression (partielle) de la sérendipité !]
Elle lui expliqua cela en lui montrant les étonnantes pages vides, et invita le garçon à se saisir de l’outil. Après ça il faudrait simplement … trouver les ouvrages. En regardant les rayons, elle retint un soupir. Les Archives semblaient déborder de livres de feuillets, de manuscrits et de documents de toutes sortes, et leur rangement s’il était peut-être plus méticuleux que celui de la bibliothèque elle-même était bien moins régulier: les documents étaient moins utilisés, se déplaçaient moins, et avaient donc moins besoin d’être rangés. L’odeur y était étrange, combinant renfermé, poussière, légère moisissure (impensable ici pourtant) et comme une odeur de concentration, celle des méninges qui chauffent, de rouages du cerveau qui tournent. L’éclairage n’était pas non plus très fort; en fait, n'étaient éclairées que les parties où il y avait des gens, de nouveau par un enchantement connu des seuls créateurs du lieu. Cela rendait l’ambiance un peu étrange, un peu inquiétante, car l’obscurité, meilleure pour les livres, semblait toujours ceindre les arrivants donnant l'impression d’être seuls au monde. Il régnait en plus de cela un silence total, sauf si quelqu’un d’autre se trouvait là. Quand ils avancent, ils pourraient aussi trouver des écriteaux leur demandant de manipuler les livres avec soin, et des masques et des gants à équiper afin de ne pas risquer d'abîmer les précieux ouvrages, rares et anciens pour la plupart.

Première étape : entrer dans les archives de la bibliothèque du palais. Tchèque. Zel a souvent entendu Xerxès utiliser ce mot après qu'il ait réussi quelque chose. Il ne sait pas ce que ça veut dire, mais c'est un mot chouette.
Deuxième étape : trouver un livre sur le bon sujet. Pas encore tchèque, mais bientôt ! Presque tchèque !
Et d'autant plus presque que Baildurah lui sort un livre. Un gros grimoire vide. Selon elle, il lui suffit de demander un thème pour obtenir l'emplacement de tous les livres sur ledit thème.

-Ça marche vraiment, ce truc ? demande Zel d'un air un peu sceptique.

Le seul moyen de le savoir, c'est d'essayer, non ? Se penchant par-dessus l'épaule de Baildurah (et ça, c'est pas facile, il a fallut monter sur un tabouret), il fixe les pages vierges de l'ouvrage. Pour le moment, rien. Mais s'il prononce un thème... Après une courte réflexion, il lance :

-Cuisine de Minos !

Pendant un court instant, toujours rien. Puis, comme si une plume invisible s'agitait, des lignes courbes commencent à apparaître. Des lignes qui forment... des chiffres, des lettres et des mots.

-Oh la vache, Baildurah, ça marche !

Sous leurs yeux, les mots s'inscrivent d'eux-même, lentement tout d'abord, puis de plus en plus vite. Une liste exhaustive des ouvrages demandés s'inscrit sur les pages blanches. Et bien sûr, l'endroit où les trouver.

-« 641.5, Arts culinaires »... prononce le jeune Voyageur pendant sa lecture. Viens, allons voir !

Sans attendre de réponse, il saute de son tabouret et se carapate vers les rayonnages. Son regard se pose une seconde sur un piquet de bois bardé de flèches. Un panneau indicateur, ici ?

-Qui aurait besoin d'un panneau indicateur dans une bibliothèque ? On n'en avait pas, quand on a exploré Crannsliabh, et ça s'est bien passé !

Bon, maintenant, trouver le rayon 415.6... Non, euh... 146.5 ? Oui, c'est ça. Bon, voyons-voir, ça doit être assez loin, 140, c'est grand comme nombre, et... Ouh, qu'est-ce que c'est que ça ? C'est quoi ce rayon ? 113 ? Il est déjà si loin ? Mais c'est tout petit, en fait, ça va être un jeu d'enfant ! ... Ça parle de quoi, le 113 ? Un livre au hasard, un livre au hasard... Çui-là, il a l'air rigolo. "C'est quoi la vie et ça vient d'où ?"... Qu'est-ce que c'est que ce titre bizarre ? Hum... Ah, ne pas se laisser distraire, ne pas se laisser distraire ! Alors, euh, c'était par où, déjà... Dans ce sens ? Oui, sûrement ! Allez, on traîne pas, on court, on active ses petites jambes. Quand même, c'est un peu plus grand qu'il le pensait... Ça doit être parce qu'il a des petites jambes. Alors, le 564.1, ça doit être... euh... attends, le numéro ici, c'est quoi ? 780 ?! Mais... Il était dans les 110 y'a pas deux minutes ! C'est trop bizarre, il a couru si longt- hey, c'est des livres sur la musique ! C'est un peu bête, parce que les livres, ça parle pas, donc ça chante pas, donc on les entend pas, c'est moins intéressant que d'entendre la musique en vrai et... "Dictionnaire de musique" ? Mais qui a besoin d'un dictionnaire pour la musique ? Y'a quoi là-dedans... "Alegretto" ? "Cantique" ? "Fortissimo" ? ... Bon, d'accord, c'est peut-être intéressant, en fait. Et celui-là, c'est quoi... "Histoire de la musique en Eaque". Ah oui oui oui, intéressant... Ah, c'est comme ça que l'hymne nationale a été composée ? Bah ça... Oh mince, encore distrait ! Bon, on est trop loin, il faut revenir en arrière... Euh... Par... Par là ! ... Non, par là. Oui, par là. Bon alors, ça devrait pas être trop loin d'ici, non ? Le 465.1, ça doit être... Euh... Là ? Ah non, 355.4... Bah zut, c'est quoi, ça ? "Les incroyables victoires militaires du fantastique général Mendax, héros adulé du peuple"... écrit par... le général Mendax... Ouah, il est fort, lui ! Général ET écrivain, c'est bien, ça ! Mais bon, ça nous rapproche pas du... du, euh...

-Baildurah, c'était quoi, le numéro déjà ?

... Baildurah ?

-... Ah bah zut, elle m'a pas suivi... Beh où qu'elle est ?

Et, euh, c'est par où, déjà ? C'était ce rayonnage ou celui-là ? Les numéros n'aident pas vraiment, en plus, ça veut dire quoi, tout ça ? Et puis, et puis...
...

-Bailduraaaaaaaaaah ! Je m'ai perduuuuuuuuuu...

30/06/2758

Beldura sourit en voyant le garçon utiliser l'index … à sa manière à lui, très personnelle donc. Elle approuva de la tête devant son étonnement en voyant que l’index fonctionnait. Evidemment qu’il fonctionnait ! Beaucoup d’enchanteurs s’étaient associés pour cela ! Heureusement que ça marchait bien … Cependant, en voyant le garçon foncer dans les rayons, elle se dit qu’il aurait peut-être été malin d’intégrer à l’index un plan de la bibliothèque. Sur ses courtes pattes, il trottinait, et il trottinait vite. Un peu encombrée par sa robe, elle avait un peu de mal à le suivre, se repérant à la voix du garçon, au son qu’il produisait plus à sa vue. Le problème, c’est qu’il trottait vite et semblait parler moins (l’un expliquant peut-être l'autre). Elle le perdit donc incroyablement vite, et soupira. C’était bien parce qu’elle était dans son palais et que des lumières s'allumaient sur son passage qu’elle ne faisait pas de crise de panique. Pour faire reculer l’angoisse d’être ainsi seule, elle décida d’aller chercher ce que le garçon avait trouvé, et c’était au moment même où elle posait le bout des doigts sur le dos du livre que la petite voix un peu angoissée de Zel lui parvint.

Ici ! Zel, ici, je suis là !

Elle espérait bien le guider à la voix:

J’ai trouvé le livre, Zel ! Celui sur les cuisines de Minos ! Viens ! Repère-toi à ma voix, tu peux me rejoindre !

Ceci dit, il fallait espérer qu’il n’y ait pas grand monde aux archives, sans quoi, ils allaient se faire sacrément gronder. Le silence était d’or, ici …

Sujet verrouillé

Sujet archivé: pas de réponse depuis 3 mois ou plus.
Ce n’est pas un problème il n'est pas perdu pour autant ! Vous pouvez le faire déverrouiller ! Il suffit d’envoyer un MP à Deus, Eden ou Sorga demandant de déverrouiller le sujet.

[Archivé] Une mignonne thérapie [sp Beldura]

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