[Terminé] Eh bien, je suis là, qu'attendez-vous? [fête du couronnement][libre]

Le serveur s'était approché et avait lancé d'un ton torve :

"C'est pas prudent d'être là, toute seule ma chérie"

Anna n'était la chérie de personne. Le serveur amoché, gisait maintenant dans la cour arrière. Il tentait de ramper tout en produisant des borborygmes. Il ne pouvait plus s'exprimer autrement ; sa trachée avait été aplatie. Anna accrocha une corde à sa jambe. Elle la fit passer ensuite autour d'une des poutres du préau. Elle tira. Elle vérifia ensuite la solidité du nœud. Bien.

Il était maintenant pendu la tête en bas. Elle prit un seau qui trainait et le vida. Un râle étouffé se mêla au glouglou d'hémoglobine. Elle étancha sa soif puis mit le reste du sang dans sa gourde. Elle goûta rapidement la chair mais il y avait trop de gras et elle n'avait pas le temps de le préparer convenablement.

En cas de problème, elle était désormais en mesure d'exploiter toutes ses possibilités. Elle rentra de nouveau dans la taverne. Les cibles ne manquaient pas pour renflouer les caisses des mères. Le dénommé Garmyr notamment semblait une bonne affaire. Prime élevée comme son état d’ébriété et un intellect qui suivait probablement la courbe inverse.

Alors qu'elle s'approchait, un homme la bouscule. Patibulaire avec sa meute de d’ersatz de lui-même. Il veut danser. Anna se souvient vaguement d'avoir vu son visage. Il ne doit pas valoir grand chose se dit-elle. Tant pis, il faut espérer que l'autre soit suffisamment ivre pour ne pas s'enfuir pendant qu'elle fait le ménage ...

Du tumulte commençait à raisonner dans le fond de la taverne, vers l'entrée. Garmyr qui avait à peine entamé la bouteille de Rhum la sortit de son visage. Il n'avait pas bu depuis longtemps, mais son métabolisme d'animorphus fonctionnait toujours aussi bien. Il n'avait pas perdu sa capacité analytique et sentait que ce petit bout de femme allait faire de gros dégâts dans la taverne. Elle semblait déborder d'une espèce de pureté corrompue, comme un enfant duveteux à qui on aurait coupé les ailes. Cependant, au milieu de cette fange de déchets à l'âme aussi noire que des abysses purulentes, Garmyr ressentait comme un rafraîchissement. Il se tourna vers le tavernier. Lui qui tenait l'établissement qu'occupait sa mère dans le passé. Lui qui l'avait surement dérobé après sa mort et après la disparition de Garmyr, lui qui était l'abominable pustule qui logeait les rats d’égouts qui salissait sa ville de leurs noirceurs.

"J'en connais un qui n'as pas été très sage."

La tavernier haussa les épaules, faisant non de la tête très sûr de lui. D'un rapide mouvement, Garmyr passa par dessus le comptoir et attrapa l'homme en embonpoint au col.

"Je le sais... Je vois toutes vos âmes."

Garmyr qui n'avait pas lâché la bouteille la fracassa sur le crâne du tavernier qui s'écroula inerte. D'un puissant coup de talon nu, il détruisit le nez de l'homme faisant rentrer le cartilage de celui-ci dans sa cervelle. Tout les hommes autours se mirent à hurler de colère alors que Garmyr se tournait vers eux un léger sourire en coin, le tesson de la bouteille toujours dans sa main droite. Ce soir, c'était purification du bar. Garmyr sentit ses lèvres se délier alors qu'une sensation famillière semblait lui remonter du ventre. Une vibration, un envie plus que profonde. Alors que son sourire s'effaçait doucement...

"GHIHI"

Laissa-t-il échapper comme un cri de guerre rauque, bestiale, presque en fureur. Si le monde voulait qu'il soit l'exécuteur qu'il avait sois-disant été pendant la guerre. Alors il allait montrer au âme moisies un avant goût de leurs enfers.

Rapidement, ce fut un massacre.

Anna tournoyait dans tous les sens. Son talon se plantait dans le plexus solaire de l'un, pendant que sa lame gauche se fichait dans la carotide d'un autre et que la droite filait dans la cavité buccale d'un dernier. A peine au sol, elle fauchait des chevilles par un balayage rapide et tranchait des tendons. Le flot de petites frappes se tarissait vite, sans qu'elle comprenne pourquoi la plus grosse légume de ce bouge s'était décidé à frapper lui-aussi tout ce petit monde.

Entre les tables brisés, les voiles de verres en miettes et les débris d'hommes, ils n'étaient plus que deux. Elle ne le quitta pas du regard tout en retirant son poignard d'une bouche édentée.

"Alaric vous fera payer ..."

Malgré son faciès empuzzlé, il continue de geindre songea Anna étonnée. Il avait bien fait cela dit, l'info était intéressante.

"Ah oui ? Et où se trouve-t-il ?

- Ouais pauvre Personne qui travaille tard, va donc te faire tailler en pièces. Tu le trouveras à la Villa Romania. Il te fendra le cul à toi et à ta Dame peu aimable de merde ..."

La litanie d'insultes à venir fut stoppée. Par une gorge coupée. Anna se tourna vers Garmyr.

"Garmyr étant donné ta prime, tu dois savoir te défendre un minimum. Alaric représente une belle somme. Mais il sera bien entouré. Peut-on conclure une alliance temporaire ? Si tu n'es pas intéressé, tu peux t'en aller. Je ne chasse qu'un gros gibier à la fois."

Brisant des jambes des bras des mâchoires et des crânes à mains nues, Garmyr frappait de toute cette furie qu'il avait accumulé depuis longtemps. DOmme qu'il n'ai pas eu Wrath avec lui, car sa flamme se serait surement délectée de cette euphorie de violence. Il frappait sans relâcha, achevant tout ceux qu'il faisait tomber, et il le sentait, l'air qui portait une lourdeur, s’allégeait de plus en plus. Si bien qu'à un moment, il n'avait plus âme qui vive à portée de mains, il put observer avec quelle impressionnante efficacité la femme qui avait initié le combat ôtait la vie. Sans fioritures, sans bavures, d'une précision presque artistique. Garmyr était impressionné. Lui qui était rompu aux armes et à bien des formes de combat rapproché, c'était inédit. Garmyr portait son regard dans le siens, cherchant à jauger ce qu'elle allait faire. Puisqu'après tout, rien ne disait qu'ils étaient alliés dans ce combat de bar. Mais il le sentait dans son âme, il n'avait pas envie de l'affronter, la jugeant digne de continuer sa vie. Garmyr s'étonna de cette pensée qu'il trouvait fort saugrenue mais bref. Un homme au sol dont la femme venait de libérer de sa lame dans sa bouche, mentionna un certain Alaric. Qu'il allait leurs faire payer avant de copieusement les insulter. Villa Romania, il n'y avait aucune maison de ce nom là à Artgard, quel égocentrisme pouvait détruire un héritage millénaire au profit d'un nom aussi... Pompeux. Il chercha dans son esprit qu'elle résidence serait suffisamment grande pour abriter une personne aussi orgueilleuse. Vraisemblablement le hall du Jarlar. La mairie de la ville quoi, celle que Garmyr aurait dû occuper après le décès de sa mère aux mains des réprouvés.

La femme interrompit l'homme au sol d'une lame au travers de la gorge. Elle avait visiblement été plus prolifique dans le meurtre que Garmyr qui s'était contenté de ce qu'il avait pu se mettre sous la dent. Elle s'adressa directement à lui. Lui disant qu'au vue de sa prime, il devait savoir se défendre un minimum. Visiblement elle n'avait aucune idée de ses fait d'armes, encore moins de ce que Sinistra avait fait de lui pendant la guerre, mais peu importait. Il allait avoir une alliée très dangereuse pour éteindre une lumière de noirceur sur sa ville. Visiblement, cet Alaric devait être toléré par les pontes de Rhadamantes, mais avait reçu une prime vraisemblablement par un autre pays. Garmyr sourit à la femme.

"Bien entouré hein, j'espère que tu as raison. Car sinon le jeu n'en sera que moins amusant."

Garmyr baissa les yeux observant sa tenue. Il haussa les épaules.

"Je ferais surement mieux de me changer avant d'y aller."

Garmyr tendit la main droite sur sa droite et mima le geste de l'ouverture d'une poignée ronde puis tira. La seule chose c'était qu'il y avait bel et bien une porte qui s'ouvrait dans le vide. Il l'a passa la laissant ouverte derrière lui. Il se dirigea directement vers le mausolée au centre du cimetière. Le cimetière était sur une colline, entourée de clôtures moitiés pierre moitié fer forgé aussi poussiéreuses qu'elle n'étaient pas rassurantes. Mais le plus intéressant, c'était le fait que cette colline remplit de pierres tombales semblables à des pupitres avec sur chacune un livre, c'était ses petites boules de feu bleus qui semblaient éclairer l'endroit. Garmyr sortit de son mausolée vêtu. Il récupéra Nir, le marteau de ses parents adoptifs, se disant que l'arme était appropriée. Puis, il décida de laisser son masque derrière lui, préférant ne pas révéler sa seconde identités à une chasseuse de prime. Garmyr sortit alors de sa porte, la claquant dans son dos. Cette dite porte disparut dans le néant consécutivement au claquement.

"Je suis prêt, je pense que la Villa Romania ce doit probablement être le Hall du Jarlar."

Garmyr avait mis une chemise à jabots noire, un jean noir et ses bottes noires. Tout vêtu de ténèbres, il n'avait qu'une envie, libérer Artgard d'un oppresseur.

Le Hall du Jarlar. Selon Garmyr, la Villa Romania était donc le surnom de l'officieuse mairie de ces terres. La promesse d'une multitude de combats allait donc être tenue. Dehors, la pluie frappait le sol sans le moindre temps mort. Anna rajusta son capuchon et sortit.

Elle avançait d'un pas vif malgré la neige boueuse. Son regard était constamment en mouvement pour être prête à réagir. De la brume et de l'onde pouvaient surgir de nombreux dangers. Se déplacer dans Artgard n'allait pas être simple. Au-delà des cibles visées, il fallait craindre le moindre habitant. Les mères n'y étaient pas bien vues tant elles avaient enlevé des enfants au fil des années ou dévoré des montagnards imprudents. La trêve récente et la collaboration entre les deux communautés n'avaient pas effacé les traumatismes.

Ils n'étaient plus très loin de la ville quand dissimulé dans la pente d'un talus proche, une trappeur lança sa hache à quelques centimètres du visage d'Anna. Aussitôt émergèrent des tas de neiges sales, une dizaine de gardes, chasseurs et autres combattants d'Artgard.

Anna se sentait idiote. Elle aurait dû se douter que les récents troubles qui agitaient la région allaient amener la ville à être d'autant plus prudente. Ils étaient robustes mais pour la plupart peu expérimenté en terme de combats. Elle pouvait les neutraliser mais le raffut serait une véritable alarme. Il allait falloir parlementer et ce n'était guère sa spécialité ...

Vive d'esprit mais pas très loquace. Au moment où il avait dit ce que la localisation devait être, elle tournait déjà les talons sans mot dire. Il pleuvait sur la neige, ce qui était très rare en Artgard. Garmyr jaugeait la femme qu'il voyait de dos, elle lui disait vaguement quelque chose, c'était étrange, comme un relent d'un passé lointain. Cependant il ne mis pas le doigt dessus. Ses cheveux étaient déjà mouillés et collés à sa tête. Il aimait généralement bien l'humidité et la froideur, mais fallait dire que ça collait parfaitement avec la scène. Garmyr sentit qu'ils étaient entourés, les odeurs de diverses personnes les entourant, cependant il n'avait pas envisagé que sa compagne de bataille serait attaquée par les gardes, à vrais dire, il pensait plutôt être la cible mais, après tout, elle marchait devant lui, visiblement, il étaient probablement tout les deux des intrus dans la ville. Rapidement une belle bande de personnes lambda se mirent à les encercler. Garmyr en reconnu quelques uns, des personnes qu'il avait lui-même invité à rejoindre Artgard des années auparavant.

"Qui êtes vous et que faites vous là?" les interrogea l'un d'eux.

"Et pourquoi pas un bonjour avant? Toujours aussi rustre Romuald." Garmyr haussa les épaules les yeux fermés dans une nonchalance presque palpable.

"Garmyr!? Mais qu'est-ce que tu fais là? T'es recherché! Vas-t-en avant qu'Alaric ne saches que t'es là!" S'empressa l'homme de répondre.

Garmyr le savait, que tout ce qui était arrivé depuis la mort de Mjöll, Artgard n'avait pas oublié. Il ne comprenaient vraisemblablement pas pourquoi il s'était battu contre Deus pendant la guerre Hypno-Rhadamantienne mais il savait qui il était et ce qu'il lui devaient.

"Justement, les amis. Je viens quérir sa tête. Je viens libérer Artgard!"

Sur ces mots, l'air des hommes sembla s'éclaircir, comme si on avait répondu à leurs prières. Il était trop tôt pour que Garmyr reprenne sa place à la tête de la ville. Mais il pourrait mettre quelqu'un à sa place en attendant de pouvoir revenir.

"Mais pourquoi es-tu avec une de ces créatures?" Lui demanda Romuald en pointant son arme sur la femme.

"Parce que nous avons un intérêt commun."

Le ton de Garmyr se voulait ferme, pour ne pas encourager de questions. Créature? Experte en combat? Garmyr se souvint alors du spectre qui hantait les flanc de montagnes dans son enfance, l'ordre des mères. IL avait toujours été fasciné par leurs histoire bien qu'on lui racontait généralement pour qu'il se tienne à carreaux. "Tien-toi bien ou les mères vont venir te manger!" Le genre de menace qui ne marchait jamais avec l'ourson qu'il était. Garmyr tourna les yeux vers la femme, alors elle était l'un d'elles? Ces pauvres enfants enlevés et manipulés pour faire vivre un culte désuet et une secte obscène? Garmyr ne pu s'empêcher de ressentir de l'empathie pour la femme.

Garmyr avait calmé les habitants. Il semblait d'ailleurs bien les connaitre. Si elle venait un jour pour sa tête, Anna se fit la réflexion qu'une attention particulière devra être portée aux autochtones. En continuant de les ignorer, elle reprit sa route. Elle sentait leurs regards fondant sur son dos, mais qu'importe, ils n'avaient que ça.

Elle se fondit dans l'ombre des forêts dégarnies de pins. Elle avait retourné son long manteau rouge et portait désormais l'intérieur blanc. Sa silhouette se confondait avec les traces d'un vent agité sur la surface de la neige. Du haut des murailles, les gardes ne semblèrent pas l'apercevoir. Elle se glissa dans l'une des anfractuosités mentionnées dans un rapport récent des Mères.

Une fois dans la ville, elle rangea son manteau dans l'un des ses sacs et les disposa d'une manière équilibrée sur son corps afin de gêner le moins possible ses mouvements. Elle n'aimait pas vraiment les approches discrètes. Tant pis, chaque mission est différente.

Au fil des ruelles, le Hall du Jarlar approchait ...

Il avait reprit la marche en direction du Hall, talonné par la femme. Il y seraient dans peu de temps.

"Alors? Vous êtes vraiment ce qu'il pense que vous êtes? Une mère, si j'en crois les croyances de mon enfance."

Sans lui laisser le loisir de répondre, une flèche fila dans leurs direction. Garmyr s'en saisit dans un réflexe qui hurlait son inhumanité. Il avait depuis longtemps mué de celle-ci, pour en devenir autre chose, même lui n'en était pas conscient. Garmyr brisa la flèche entre ses doigts quand un homme qui devait faire presque deux fois sa taille se rua sur lui. Il empestait la fange et le meurtre, son aura était aussi noire que périmée. Tout d'abord Garmyr s'amusa de son impertinence, à aucun moment c'était une bonne idée de se ruer sur lui. Mais plus l'homme approchait plus il sentait son propre cœur s'accélérer. La moutarde lui montait au nez tant il se rendait compte de l'affront que l'autre lui faisait de lui foncer dessus, imposant sa pestilence au nez de l'animorphus. Garmyr prit position, bondant tout les muscles de son corps et quand il fut à portée, il lui fit gouter ses phalanges doit dans la bouche. Le coup de poing était si bien exécuté et si puissant que toute la partie du crâne de l'assaillant s'en trouva fracturée et vaporisée répandant sa matière grise sur le sol. Le colosse s'effondra de toute sa masse juste derrière Garmyr qui avait reprit la marche alors que d'autres s'avançaient.

"J'suppose que t'auras pas l'occasion de répondre à ma question."

Garmyr dégaina Nyr accroché dans son dos. Le combat allait commencer.

Garmyr n'était pas l'être le plus discret. Tant mieux d'un côté, il ferait une distraction idéale pensa Anna. Elle le laissa donc au milieu de ses luttes pour s'engouffrer dans une rue adjacente. Elle n'était plus très loin et le vide de la ville lui épargnait même les lenteurs de la furtivité.

Elle prit de la hauteur. Elle n'allait tout de même pas entrer par la porte principale. Une fenêtre de l'aile ouest était restée ouverte. Elle n'était pas évidente à atteindre. Anna puisa un bref instant dans sa réserve de sang. Elle sentit l'adrénaline, le craquement de ses os et l'électricité dans ses muscles.

Elle saisit le rebord. En pénétrant dans la pièce, elle souffla un instant. Ce ne fut l'affaire que de quelques secondes mais elle devait faire redescendre son rythme cardiaque. Le batiment était immense. Où trouver Alaric ?

Elle percevait la présence de nombreux individus. Pas tous des menaces. Le hall avait été nommé Villa Romania en partie car il y était désormais d'usage, par les râles qu'elle entendait, de mouvoir son pénis, plus que son pouvoir politique.

Si Alaric s'adonnait également à ces jeux, il serait une cible facile. Mais en se penchant un peu sur ses écoutes, elle sut également que les gardes ne manquaient pas. Il allait falloir ruser ...

*Bonk*

Les hommes et femmes à l'intérieur de la villa commençaient à s'agiter, tous prêt à bondir sur l'assaillant.

*BONK*

Les coups retentissaient jusque dans les os des gardes et autres bandits, scélérat et gibier de potence dans ce coupe-gorge.

*Crack*

De la lumière commençait à s'insinuer à travers des lourdes planches de la porte pourtant lourdement barrée.

*CRACK*

Le dessus de la tête du marteau venait de briser la barre en bois qui la maintenait fermée, mais fermée elle n'était plus. Elle était grande ouverte, béante, comme si on avait arraché sa mâchoire, que ses tendons ne pouvaient plus la tenir fermée. Il était là, figure ombrageuse sur la langue rougeâtre et duveteuse de la villa. Il marchait tranquillement, à pas nonchalant tandis que l'apparition remontait le lourd marteau qu'il tenait à une main sur son épaule. Son visage perça enfin l'ombre, traversé de part en part par un sourire mauvais.

"Alors? On danse?"

Avait-il dit avec une voix rauque. L'animorphus ne s'était pas rendu compte que la femme l'avait abandonné mais à ce stade ça n'avait plus vraiment d'importance, il sentait que dans ce hall il n'y avait que des petites frappes ou des aspirants aussi, il doserait les dégâts qu'il allait leurs causer en fonction de la souillure de leurs âmes. Les deux premiers qui bondirent sur lui cherchaient visiblement à faire leurs preuves, probablement dans l'optique de faire partit de quelque chose pour leurs procurer richesse et gloire. D'un léger coup de marteau sur le coté, il disloqua l'épaule de l'un, et d'un petit coup de pied sur la gauche, foula la cheville de l'autre. Puis il reprit sa marche en direction de l'escalier à l'autre bout du hall. Beaucoup ne s'y aventurèrent pas, se rappelant le crâne explosé d'un simple coup de poing à l'extérieur et beaucoup en profitèrent pour prendre la tangente. Il étaient soient médusés soit prenaient leurs jambes à leurs cou et c'était pas plus mal. De toute évidence Alaric risquait d'être un sacré morceau. Ainsi Garmyr brisa des bras et des jambes sur ceux qui osaient s'approcher et entama rapidement son escalade de l'escalier...

Anna se glissa sur les poutres de la pièce se faisant la plus fine possible. Une fois dissimulée comme elle l'entendait, elle jeta un vieux seau qui trainait sur la fenêtre. La vitre se brisa. Le fracas attira les gardes. C'était la première partie.

Dans un coin de la pièce, elle avait dressé sommairement une table et quelques chaises et une carafe de vin joliment entourée de quelques verres ; en une pluie de tchin-tchin, ils s'écroulèrent.

Elle avançait désormais dans les couloirs tortueux du bâtiment, toujours prompte à épouser les anfractuosités du bâtiment au fil des rencontres. Au loin, elle entendait le vacarme de combats ou plutôt d'exécutions. Garmyr n'était pas loin.

Elle reprit de la hauteur et parvint à accéder à l'espace étriqué entre le toit et le plafond. Elle serpenta dans ce milieu exigu jusqu'à la cime d'une vaste salle. Elle entendait la cacophonie de son "allié" approcher. Elle devait être au bon endroit.

Bientôt, Alaric et lui allaient s'affronter. Elle n'aurait alors plus qu'à surgir comme une ombre pour emporter sa proie, voire faire d'une pierre deux coups.

Garmyr ouvrit la vaste porte de la vaste salle de banquet d'un lourd coup de marteau. Il était là face à cette immense salle où se trouvait un vaste foyer au centre, qui faisait presque toute la longueur de la salle, avec des braises incandescente et des flammes nourrie par les graisse des diverses viandes en train de rôtir. De part et d'autre des flammes, les convives avaient cessés de se sustenter ou de soulager leurs bas instincts. Visiblement, Alaric avait fait remonter le gratin et les pires raclures de Rhadamantes. Malheureusement pour eux, c'était pas partit en leurs faveur, certains portant leurs pantalons aux chevilles. Garmyr cependant ne regardait qu'une seule personne, un efferian de carrure impressionnante, visiblement boosté au "chrome" comme on en faisait peu. Garmyr avait passé un peu de temps à Efferias, pour ses petits cristaux de musique. Mais il se doutait que cet Alaric devait être issu de leurs recherches militaire.

"C'est donc toi qui a transformé ce lieux d'honneur en centre de débauche. Votre puanteur me dégoute."

Certains se relevaient à ces mots vexés, d'autres se contenter de continuer de cuisser les personnes avec qui ils étaient emmêlé avec. Cependant il semblait y avoir pas mal "d'innocents", des personnes qui étaient soient forcés d'être là, soient en train de travailler ici. Il allait falloir être très sélectif dans les approches.

En bas, c'était l'orgie. Anna couchait sur l'une des poutres, lui tournait le dos. Elle n'avait aucun intérêt pour ce genre de pratiques mais pourtant quelque chose la mettait toujours mal à l'aise quand elle posait les yeux sur un quelconque acte de fornication. Alors elle attendait, les yeux fermés, concentrée sur l'unique son qui l'intéressait : les râles à venir d'Alaric.

Ceux-ci tardaient d'ailleurs à venir. Le poids des pas d'Alaric était lourd. Manifestement, sa réputation n'était pas usurpée. Fallait-il en douter dans un tel pays de brutes ? songea Anna. Qu'importe, elle était plus terrible que lui. Garmyr n'avait fait que le préciser plus tôt, elle est le monstre le plus dangereux. Mais cette pensée lui pesait de plus en plus. Elle n'avait pas vraiment des remords envers les habitants de la cité ou plus globalement la totalité de ses actes passés. Simplement une gêne obscure dont le sens lui filait entre les doigts. Peut-être le mieux était-il de lâcher prise. Si Garmyr se mettait à l'attaquer, elle aurait assez de force de toute manière pour s'enfuir.

Anna respira un grand coup et se laissa tomber ; elle déclencha le mécanisme.

Le carnage débuta.

Posture de combat, marteau armé pour tuer, les muscles déjà chaud et le cœur... Commençait à s'emballer devant tant de corruption. Sa respiration s’accélérait alors qu'Alaric faisait signe à ses sous-fifres d'attaquer un sourire provocateur gravé sur le visage. Garmyr se mit alors à sprinter en direction du mouvement fauchant sans distinction toutes les preuves de vis qu'il ressentait dans son corps. Dame Fortune n'allait pas être très content de voir la raison d'un exode massif des livres de sa bibliothèque. Il allait encore se faire rouspéter.

La bataille faisait rages depuis quelques secondes et l'animorphus pouvait observer des innocents cantonnés dans tout les coins de la salle visiblement en état de choc ou tétanisés devant cette scène de brutalité sans nom. D'un puisssant coup de marteau dans le sol, il fit chutyer les personnes les plus proches avant de hurler à pleins poumons d'une voix rauque.

"CECI EST VOTRE DERNIÈRE CHANCE DE PARTIR! ALORS TOUT CEUX QUI VEULENT RETARDER L’INÉVITABLE!"

Sur ces mots, beaucoup prirent leurs jambes à leurs cou. Mais même malgré ça, il restait encore beaucoup de têtes à faire tomber et de pas à accomplir pour atteindre l'homme derrière tout ça.

Les corps tombaient à verse et de travers dans les travées. Tranquillement terrifiante, la tueuse terrassait terriblement les terriens tendus vers elle. Ils griffaient la porte mais ne pouvaient sortir. Ils se jetaient sur le sol et pleuraient toutes les larmes de leurs corps. La louve s'abreuvait à chaque gorge gonflée de sanglots. C'était un festin de souffrances ; quel délice.

Elle sentit alors sa haine. Alaric jeta sa hache droit sur elle. La démone roula sur le côté. Son visage arborait un immense sourire ensanglanté. Démente, ses avant-bras tremblaient. Elle voulait le planter plus que tout. Dans ses yeux naissaient et se déchiraient un kaléidoscope d'images folles et furieuses où elle l'éventrait et donnait l'envol à ses entrailles, comme des confettis écarlates glissant dans l'air d'un carnaval.

Il n'y avait plus la moindre froideur en elle, tout contrôle était aboli, elle fondait sur lui comme une bête dégénérée, incapable d'articuler une autre pensée que le désir viscéral de boucherie.

Ses coups étaient lourds, elle en sentait les traces brûlaient son corps mais peu importait. Elle se glissa dans l'embrasure de ses bras immenses et d'un bond s'approcha de son visage et planta ses crocs dans son oreille droite.

Elle la déchira d'un coup vif et engloutit le lobe de cette loque.

Garmyr tenait en respect tout ceux qui osaient s'approcher de trop près, la plupart abandonnait le combat. Il l'avait promis, tout ceux qui décidaient de fuir se verrait accorder un sursis, même les plus putrides. Il ne put cependant rester concentré quand il se rendit compte que sa compagne de traque ne faisait pas dans la sélection, elle tuait aussi bien innocents que coupables. Elle semblait se nourrir de tous sans distinction.

Avec Nir son fidèle marteau, Garmyr reprit la marche en direction d'Alaric qui venait de se faire rejoindre par la femme. Visiblement, elle avait enfin acquis sa cible. Elle avait l'air, en effet, d'avoir perdu la raison. Sentiments que Garmyr ne pouvait que comprendre. Il se mit alors à courir en direction du cambat des deux êtres, voulant aussi sa part du combat. Mais qui était le véritable ennemis? Tout deux lui paraissait finalement aussi pourrit l'un que l'autre. De toutes façon, il le savait, les mères sont des conduits d'un mal différent.

Elle venait d'arracher le lobe de l'oreille d'Alaric avant de l'avaler tout rond. Garmyr plaça un puissant coup de marteau dans le ventre d'Alaric manquant de peu la tête de la jeune mère. Alaric fut alors propulsé vers le fond de la pièce, cabossant d'un profond cratère son torse métallique. Elle avait dû sentir la mort lui passer de près, Garmyr qui sentait son pouls s'accélérer de colère marqua cette attaque délibérée, manquée comme un avertissement avant de jeter son marteau pour ouvrir une brèche dans un mur qui permettrait aux innocents et les autres de s'évader.

"Pas d'innocents!" Siffla-t-il entre ses dents à l'adresse de la femme. Même s'il se doutait que dans cet état elle ne serait pas d'une oreille attentive.

Anna se rattrapa comme elle le pouvait. Elle n'avait pas imaginé que Garmyr attaquerait aussi brutalement. Elle était agacée mais ne souhaitait pas se rendre la tâche plus compliquée. C'était délicat pour autant de se raisonner. Elle tendit son bras gauche et le taillada. Elle devait se concentrer pour pleinement ressentir la douleur et canaliser sa furie en se plongeant dans le mouvement vif de gouttes de son propre sang. Le rituel fonctionna et son souffle commença à ralentir. Bien.

Il était temps de repartir à l'assaut. Alaric était désormais bien occupé par Garmyr et l'abattre ne devrait pas poser de problèmes. Toutefois, il fallait faire cela proprement. Garmyr réagirait mal à une attaque plus sauvage et elle ne voulait pas prendre le risque de recevoir un coup de marteau puritain. Elle courut de toutes ses forces et se frayant un chemin dans la bourrasque de coups des deux colosses, elle se laissa tomber entre les jambes d'Alaric et trancha dans les chevilles, mal protégées. Même s'il n'était pas parvenu à trancher complément les tendons, il vacilla. Prenant appui sur l'âtre en ruine de la cheminée, elle s'éleva dans les airs, les lames vers son cou.

Le femme semblait avoir comprit le message, visiblement, la douleur était son ancre d'attache. Elle se mutila, regarda les dégâts et sembla se calmer périodiquement. Garmyr arracha une longue bande de sa chemise et le laissa tomber sur le bras de la femme. Il éprouvait une certaine compassion pour celle-ci, lui même qui avait été longtemps proie à sa furie. On entendait les lourds bruits de pas de l'Efferian à l'autre bout de la pièce, il grognait, jurait, maudissait Garmyr pour avoir abimé une aussi belle pièce de torse. C'est alors qu'il sortit de sa cuisse une arme semblable à une petite arbalète mais qui tirait des projectiles invisibles, mais les projectiles semblaient partir du canon à une vitesse déconcertante. Sans lui laisser le choix, Garmyr ouvrit sa porte, la fit venir vers la femme et lui avant que les projectiles ne les blesses. La porte se referma derrière la femme. Le cimetière prit alors une apparence inédite, le gazon habituellement verdatre devint alors rouge sang, les tombes d'ordinaire basique devinrent noir charbon dans une sorte de marbre d'une beautés insoupçonnée. Les yeux de Garmyr s'illuminèrent et lui-même savait qu'il aurait apprécié observer tout les changements opérés, mais d'abord Alaric. La porte s'ouvrit de nouveau près de l'Efferian.

"Il est temps d'en finir."

Murmura-t-il à la femme. Puis, il se rua sur l'Efferian, mais, quelque chose semblait changer. Car ce n'était plus un homme qui courait mais bel et bien autre chose. Gagnant en hauteur, en masse, changeant même de couleur, ce n'était plus un humain, mais bien un ours polaire qui s'attaquait à Alaric. Les griffes ne mentaient pas les hurlements bestiaux non plus. Garmyr se saisit du bras qui maintenait fermement l'arme et dans un puissant coup de mâchoire, le brisa puis, l'arracha. Dévoilant une multitude de câblages et autres parties mécaniques. Cependant, l'homme se défendait. Il plaça un puissant coup de genou dans le ventre de l'ours qui marqua un temps d'arrêt.

"Tu es fini Alaric. As-tu des derniers mots?

Prononça d'une voix caverneuse l'ours qui semblait s'amuser de la situation. CAr il le savait. Maintenant qu'il était désarmé, handicapé par la perte d'un membre, l'implacable mère allait en faire son goûter. Garmyr reprit forme humaine et recula de quelques pas, prêt à admirer le spectacle, une main tout de même posée sur son abdomen.

"Tu es fini Alaric. As-tu des derniers mots?"

Anna s'agaça un instant. Quel intérêt de se soucier de ses derniers mots ? Ce semblant d'honneur qu'ils s'obstinent tous à maintenir. Hypocrites. Elle voulait rentrer au plus vite. Garmyr l'inquiétait et il était dangereux de rester trop longtemps dans une ville aussi hostile. Mentalement, elle avait déjà tracé son plan de sortie. Elle pouvait se hisser à bonne hauteur grâce à l'estrade de la porte ouest encore debout. A partir de là, elle avait suffisamment de sang pour atteindre les poutres et filer par les combles. Son justicier d'allié était fort mais probablement moins agile qu'elle.

Alaric essaya d'articuler quelques mots mais son torse défoncé faisait de lui une boite à musique trouée, incapable de sortir le moindre son. Il avait surestimé ses capacités. Même augmenté par la machine, il devait contempler son agonie. Habituellement, les mères avaient tendances à volontiers faire durer la mort mais la rage pour Anna était retombée et elle doutait que Garmyr l'accepte. Et puis elle en avait de moins en moins le goût.

Elle marcha doucement vers lui. Il frappa mais se déséquilibra lui-même. Elle frappa d'un geste vif. La gorge était bien humaine et un flot de sang sortit. En quelques secondes, il était mort. Elle sortit de son manteau, une lame plus longue pour sectionner la tête plus aisément.

"Ce sera probablement salissant. Tu devrais reculer. D'ailleurs nous en avons terminé. Une fois sa tête prise, je disparais. J'espère que nous ne nous recroiserons pas. Je te remercie pour ton aide."

Alaric était mort, exécuté comme il aurait pu le faire lui-même. Cependant, il s'en doutait, elle aurait besoin de sa tête, sinon elle ne pourrait réclamer sa prime. Étant lui-même à l’abri du besoin depuis quelques temps, il ne réclamerait pas de part, cependant, il s'intéressait à la femme. Toujours son aura aux yeux, elle était réellement une lumière au milieu de la corruptions, une sorte d'ange à demi-corrompu se rappela-t-il avoir pensé. Puis, il fallait l'admettre, depusi tout jeune il avait été abreuvé d'histoire sur les mères, et c'était pas tout les jours qu'on pouvait rencontrer son croque mitaine, bien que Garmyr étant un enfant sauvage, n'en avait pas réellement peur au contraire. D'une façon un peu naïve, il les admirait. Même si maintenant, avec son regard d'adulte, il savait que ce n'était pas aussi blanc ou noir. Elle lui parla alors. Salissant, oui, ça il s'y attendait. Qu'il en aient terminés, oui en effet, mais qu'elle disparaisse, ça peut-être pas tout de suite. Elle espérait ne pas le recroiser sauf que s'il le voulait, il pourrait la retrouver assez aisément. Elle le remercia enfin pour son aide.

"Attends!"

Lui dit-il alors qu'elle parait déjà avec son butin.

"Il n'y a rien à dire"

Elle venait de terminer de ficeler son sac. Il était suffisamment épais pour que le sang ne dégoutte pas tout en demeurant léger. C'était une belle pièce. Elle fixa les lanières sur son dos en serrant bien pour ne pas être gênée dans ses acrobaties. Il continuait de la fixer.

"Les mères ne se lient pas aux autres. Nous avions un intérêt commun. Il est passé, je m'en vais. Si c'est la sécurité de la ville qui t'inquiète, tu n'as pas à tant faire. Nous n'y venons plus. Les habitants te le confirmeront. Adieu."

Anna sauta en arrière et fila vers les combles. Puisant dans le sang accumulé, elle fractura les dernières poutres sur lesquelles, elle posa les pieds. Elle sentait qu'il n'avait pas fini d'être pénible.