[Archivé] Une grande toile blanche [libre][Fête de la Créativité 2787]

La Fête de la Créativité faisait partie de celles qu’Odéline aimait beaucoup. Toujours vivante et colorée, débordant d’inspirations et d’originalité, elle lui avait beaucoup manqué lors de ses annulations. Cette année, elle avait décidé que c’était l’occasion parfaite pour les enfants de l'orphelinat de profiter d'une sortie amusante, et elle avait fait un petit groupe, qu’elle avait emmené avec elle à Albus qui débordait toujours de créations et d’artistes le 21 Zabulonien. Ils y étaient déjà allés, puisqu'ils y avaient défiler lors de la Fête de la Couleur et de la Gourmandise, mais là c’était différent. Ils n’étaient pas tous là, déjà, puisqu’une partie d’entre eux étaient restés à l’orphelinat (les plus petits,surtout), et ensuite, ils y étaient bien plus libres.
Elle avait entendu dire qu’une grande toile participative était prévue pour les enfants, et avait décidé que ses petits protégés avaient tout autant le droit que les autres d’y participer. En arrivant sur place, elle eut la bonne surprise de découvrir une sorte d'immense aire sécurisée le long du fleuve, où une très très longue et large bande de papier était déroulée, laissant aux artistes miniatures tout espace pour exprimer leur créativité à grand renforts de peinture, de crayons, de feutres, de pinceaux, de colle, de ciseaux, de papier, de colle, de bouchons, de petits objets et autres paillettes multicolores. Les enfants n’étaient manifestement pas touchés par l’angoisse de la page blanche, à voir la manière dont déjà quantité d’oeuvres fleurissaient sur ce grand canevas encore vierge quelques heures auparavant. Les enfants de l’orphelinat n’étaient d’ailleurs pas en reste, et se précipitèrent très vite vers l’endroit où ils pourraient s’exprimer, se dispersant un peu. odéline entra dans la zone avec eux, mais ne s'inquiéta pas de les voir un peu s'éloigner. Tous restaient à portée de regard, et il n’y avait ici personne de malveillant. De plus, il y avait beaucoup de monde pour les surveiller: en plus des parents, il y avait beaucoup de bénévoles recrutés par le gouvernement pour la journée. Elle était donc plutôt calme, tranquille, et évoluait de petit groupe en petits groupes, d’enfant en enfant (même s’ils n'étaient pas ceux de l'orphelinat), pour féliciter ou aider, encourager d’un mot ou d’un sourire, donner un peu de matériel. Au milieu des petits Elysionniens, Odéline se sentait bien, à son aise, à sa place, et cela pouvait sans aucun doute se voir à la manière dont elle rayonnait.
Elle ne se doutait évidemment pas du tout qu’à son retour à la maison, elle trouverait un grand portrait d'elle réalisé en son honneur dans la journée, afin de célébrer son orphelinat, son engagement, qui le ferait fondre en larmes. Actuellement, elle ne pensait qu’au moment présent, à la musique qui l'entourait, aux enfants qui jouaient et riaient aux sourires autour d’eux, au murmure du fleuve, aux odeurs de nourriture qui flottaient dans l’air, à la splendeur de la ville, à la magnificence de son pont qui se dessinait non loin. Elle se sentait bien, et fredonnait.