[Terminé] se vider la tête

J'avais envie de m'échapper. Et il fallait surtout que je m'éloigne de tout. Mon prof est devenu mon amant. Mon amant pour qui j'ai des sentiments... J'aime pas ça, je n'aime plus ça. Aimer ça fait mal. Aimer c'est être dépendante. Aimer ça fait peur. Aimer c'est s'ouvrir à l'autre. Aimer c'est montrer qu'on a des faiblesses... aimer ça peut tourner au fiasco et faire très mal. je ne veux plus avoir mal.
C'est pour ne plus avoir mal que je suis la en short en jean et haut de maillot de bain étendu sur l'herbe entrain de prendre un bain de soleil à la montagne, où l'air est frais et neuf.  Où c'est si simple de se vider la tête.

Une ombre passa sur la silhouette allongée dans l'herbe.
Immense.
Menaçante.
Porteuse d'un message de mort imminente.
Haut dans le ciel, une forme ailée volait en cercles. Des écailles rouges, des ailes de chauve-souris, quatre pattes et une queue de lézard : un dragon en train de chasser.
Le prédateur de légende, terreur des royaumes et némésis de tout chevalier qui se respecte. La bête chassait, et ses yeux lançaient des éclairs rouges en direction de la femme qui, naïvement, prenait un bain de soleil à découvert...

Ouvrant une gueule où brillaient des crocs acérées comme la plus parfaite épée, le dragon plongea vers le sol et poussa un cri, un cri fait pour paralyser d'effroi ses proies :

- Criouuuuuu !

Le plongé en piqué était parfaitement ajusté. Les griffes tendues et la gueule ouverte, le dragon plongeait vers la silhouette endormie...
Étrangement, il ne semblait pas grossir à mesure qu'il approchait du sol...

Un truc venait de me faire de l'ombre. J'ouvris un oeuil j'avais du mal à distinguer la forme qui volait au dessus de ma tête. Un oiseau ? un gros oiseau ? un bébé démon ?

" Criouuuuuuu! "

Non un Dragon. J'eus tout juste le temps de comprendre ce qui m'arrivait que le dragon fonçait droit sur moi. J'étais venu pour me reposer pas pour me faire manger. qu'est ce qu'Angel ferait s'il était à ma place ? Je tâte mes poche non comme une andouille j'ai enlevé toutes mes armes. Nath' grouille vite tu vas te faire bouffer si tu bouge pas. Oui c'est ça bouger. Je roule sur le côté, me redresse le coeur battant la chamade. attrape un baton ? oui bon c'est la première chose qui m'est tombé sous la main. Bon sens ais pourquoi c'est toujours quand j'ai envie de me reposer que quelque chose m'arrive ?

Sa proie s'anima, et le dragon fut obligé de changer brusquement de direction pour la poursuivre. Il ouvrit grand ses ailes membraneuses, atteignant une impressionnante envergure de... soixante centimètres.
Ouvrir ses ailes eut pour effet de ralentir sensiblement sa chute, ce qui dévoila son corps parfait de prédateur : trente centimètres et six kilos de chair et de muscles fait pour traquer et tuer. Ses yeux d'ambre restèrent fixés sur sa proie qui, sans doute, croyait pouvoir lui échapper.
Le dragon battit deux fois des ailes, sentit l'odeur de la peur... et plongea de nouveau.

Il passa à environ deux mètres au-dessus de la femme, et s'abattit comme l'Ange de la Mort sur sa victime : un jeune campagnol.
L'animal couina lorsque deux paires de griffes l'agrippèrent, mais un coup de crocs le fit taire.
Le petit dragon prit sa proie dans sa gueule, et daigna enfin poser les yeux sur la femme, debout, tenant un bâton dans ses mains.

- Humph

Le ton était légèrement dédaigneux.

Un petit dragon. Un petit dragon qui ne me voulait pas de mal. Je lâche le baton et le regarde. Je souri. Plus de peur que de mal... je le regarde et j'ai eu peur pour pas grand chose à vrai dire. Devant ma ridicule réaction je retiens d’abord un rire. Puis finalement devant son air dédaigneux je n'arrive plus à me retenir et rigole de bon cœur. Décidément les lézard me font beaucoup rire. Entre celui du bal et le lézard volant. Je me calme et lui lance un :

"Bon appétit "

Je me repose par terre pour recommencer à prendre le soleil. Je soupire, c'est bon de rire...

Un bruit de pas dans l'herbe.
Et un seul.
Comme si la personne venant de l'effectuer venait de tomber du ciel.
Puis une voix de femme :

- Merci, c'est gentil.

Le ton, amical, devint sentencieux lorsqu'elle poursuivit :

- Lampion, je croyais que tu voulais garder l'estomac vide en prévision de ce soir !
- Criouuu !
- Ne parle pas la bouche pleine devant une dame, veux-tu ? Ce n'est pas grave, on fera juste l'impasse sur quelques éléments.
Et essuie-toi, c'est sale.

Maeko se tenait debout, son éternel manteau noir sur le dos et sac enchanté à l'épaule. Elle tenait dans la main un large panier d'osier, d'où dépassaient ce qui ressemblait à une nappe à carreaux rouges et blancs, une baguette de pain et une bouteille, d'alcool sans doute.
Pour l'instant, elle ne semblait pas s'intéresser à la jeune fille allongée dans l'herbe, occupée qu'elle était à fixer le dragonnet comme une maîtresse regarde un de ses mauvais élèves...

On me remercia. J'allais répondre... mais au lieu de ça je sursaute. Depuis quand un dragon ça parle ? Hin ? je tourne lentement la tête. Une femme, quand était elle arrivée ? Était ce la maitresse du petit dragon ?
Vu la manière dont elle s'adresse à lui surement...
Je la jauge de la tête au pieds. Elle n'a pas l'air trop trop méchante, enfin à la première impression.je devrais peut être la saluer... Peut être ... Mais j'hésite je ne sais pour quelles raisons... Bon c'est parti

" ... Bonjour ? ..."

Un léger sourire aux lèvres.

Maeko se détourna d'un Lampion contrit en train de finir son repas pour faire un grand sourire à la jeune femme assise dans l'herbe.

- Bonjour bonjour ! On ne te dérange pas j'espère ? Lampion a insisté pour trouver un bon endroit de pique-nique, mais il s'est laissé distraire, visiblement.

Le ton était de nouveau amical.
Elle resta un instant à se gratter le menton, un air pensif sur le visage, puis son sourire réapparut.

- Puisque ce cher Lampion s'est déjà trouvé un repas, je pense qu'il ne m'en voudra pas si je te propose de t'offrir sa part du pique-nique.
Ça te tente ?

Le dragonnet émit un Criouuuu sonore, que la femme ignora superbement.

De bonne humeur, amicale et avec de la nourriture décidément cette femme avait tout pour me plaire. et l'espèce de lézard volant avait pour nom Lampion... C'est mignon lampion ... Un sourire se dessina sur mon visage qui commençait un peu à rosir au soleil... Il était surement temps que je fasse une pose.

" Ce serait un plaisir moi aussi j'ai un petit truc qu'on peut partager"

J'attrape le gâteau au chocolat emballé dans du papier aluminium. Rien ne vaut un gâteau au chocolat quand on a les idées pas très claires. Et le mien est toujours un régal, il est parfait en toute circonstance : anniversaire, enterrement, rupture, ou simple gourmandise.
Je le sors le découvre et le montre fièrement.

"Fais maison"

un grand sourire je le pose juste devant moi.

Maeko vit le gâteau au chocolat, et eut un drôle de petit rire.

- Huhu... Voilà qui va faire regretter à Lampion de s'être trouvé un repas !

L'intéressé cracha un jet de fumée, avant de s'envoler sans un regard en arrière.
Saisissant la nappe, la femme installa en quelques instants tout son nécessaire à pique-nique.
Pain, confitures, fromages, charcuterie, salade, fruits divers... un vrai diner de reines !

- Ne t'inquiètes pas, Lampion va revenir.
Bon, tout ceci manque un peu de tartiflette, mais je présume qu'on ne peut pas tout avoir...
Au fait, je m'appelle Maeko, et toi ?

Elle s'assit en tailleur, plongea le bras - en entier ! - dans son sac et en sortit un nécessaire complet à thé.
La théière fumait.

- Tu en veux ?
Je ne garantis pas le goût, il est différent à chaque fois.

Lampion est surement un petit dragon capricieux. Il me fait rire. Sa maitresse ... Maeko elle est vraiment sympathique. Du thé ça faisait une éternité que je n'en avait pas bu. Pourquoi déjà ? ah oui c'est la mère de Daël qui en buvait, et j'en buvait avec elle. Parfois elle me manque, elle me manque terriblement. Ils me manquent tous terriblement.
Un gargouillement me ramena sur terre ou un festin m'attendais. Je souri de toutes mes dents a Maeko.

" Nathalia enchantée."

Elle lui fit un autre sourire qui fut suivi de grondement d'estomac.

" Bon appétit ? "

De nouveau, ce petit rire étrange.

- Huhu... mais bien sûr ! Je t'en prie, sers-toi !

Maeko versa du thé dans une tasse, levant bien haut la théière pendant la manœuvre et la rabaissant à la seconde où la tasse était pleine.
Elle tendit la tasse à Nathalia, et demanda tout en se servant elle-même :

- Alors, dis-moi Nathalia. Qu'est-ce qui t'amènes dans ces belles montagnes ?

En attendant la réponse, Maeko versa du sucre dans son thé.
Une cuillerée, deux, trois, quatre, cinq, six, sept...

elle aime le thé très sucré, soit c'est une femme très douce soit une surexcitée soit un savant mélange des deux. J'allais bien le découvrir au fil de la conversation. La charismatique femme qui se trouvait en face de moi me demanda qu'est ce qui m'avait emmené dans ces montagnes. J'avale le bout de pain que j'étais entrain de manger et lui répond:

" Ce qui m’emmène ici ? Mmmh je dirai la vue n'est elle pas magnifique ?"

Je désigne du bras la vue splendide qui s'offrait juste devant nous.

"Puis aussi le calme l'air frais le soleil... un endroit parfait pour se vider la tête non ? "

Je la regarde de nouveau lui fait un joli petit sourire

"Et vous ?"

Re sourire

A la vingtième cuillerée de sucre, Maeko s'arrêta. Elle prit la tasse, l'amena à ses lèvres, souffla sur le liquide chaud... puis reposa la tasse, suffisamment loin pour que l'on comprenne qu'elle ne comptait, en fait, pas y boire.

- C'est vrai que la vue est pas vilaine. Ce doit surtout être pratique pour compter les étoiles.

Maeko se mit à manger un peu de salade. Elle ne semblait pas avoir entendue les derniers mots de Nathalia.
Un battement d'ailes retentit, et Lampion se posa à côté des deux femmes.
Le ventre bien rond, son atterrissage fut assez... lourd.

- Vous faites toujours la tête, mon petit maître ? Tenez, je vous ai préparé une tasse de thé...

Le petit dragon fixa un instant la tasse, se demandant sans doute si le cadeau était assez généreux pour mériter son pardon, puis il se dandina jusqu'au breuvage.
Il plongea la tête dans la tasse.
Une seconde plus tard, il était immobile les quatre pattes en l'air, la langue pendante et les yeux révulsés.

Maeko fit un clin d'oeil à Nathalia, avant de déclarer, comme si de rien n'était :

- Moi, je suis là pour un pique-nique. Et après avoir... lézardé à Hypnos, j'ai décidé de faire un saut par une région un peu plus sauvage.
J'ai hésité un instant pour retourner sur Hadès, mais le paysage est un peu central là-bas...

Hadés ? elle avait bien dit Hadés ? ou mes oreilles me jouent des tours ? qu'est ce qu'une femme avec un petit dragon pouvaient bien faire sur Hadés ? Je la regardait avec des grands yeux.
C’était bien la première fois que j'entendais parler quelqu'un d'Hadès en y étant aller et se tâtant pour y retourner. Je lui fit un sourire mais mon expression était plutôt surprise

" Hadès vous étes vraiment allé là bas ? "

Je regardait le dragon miniature toujours entrain de faire le mort ce qui me fit rire un petit peu. Mais mon attention se reporta de nouveau sur Maeko.

Tout en se servant une nouvelle tasse de thé, Maeko eut un geste désinvolte de la main :

- Oui, par erreur en fait. Mais rien de bien folichon. A part la vue céleste qui vaut le déplacement, y'a pas grand chose à y faire. Pas étonnant que les offices de tourisme ne proposent pas de voyages dans cette direction.

Elle but une gorgée, puis tendit une main vers Lampion pour lui grattouiller le ventre. La manœuvre réanima le dragon instantanément et, après un instant de chamaillerie, ce dernier vint se blottir sur les genoux de la femme, où il resta à ronronner, ses yeux d'ambre fixés sur Nathalia.

- Criouuu !
- Hé ! Lampion ! Sois poli veux-tu ?

Anticipant la question, Maeko expliqua :

- Il vient de dire que tu avais une odeur bizarre.

Elle m'expliqua qu'elle avait atterri par hasard sur Hadés. Je l'écoutait attentivement.
L'espèce de mini godzilla volant venait de criiouter que j'avais une odeur bizarre d'après Maeko. je me demande bien bizarre comment ?
Puis d'abord le plus bizarre de nous deux ce n'était pas moi... Enfin tout dépend de ce que l'on appelle bizarre. Car comme la beauté la bizarrerie est une question de point de vue. Mais je rit parce que ce faire insulter et encore ce n'était pas très insultant par un rôti à écailles ça me faisait plus rire qu'autre chose.

" Il entend quoi par bizarre ? parce que je me suis lavé ce matin comme tous les matins d'ailleurs."

Ce duo m'intriguait et m'amusait.

Lampion devança la femme qui venait d'ouvrir la bouche pour parler :

- Criouu, Cricriciouuu ! Criou, criouu. Criouuu ?
*Jet de fumée*
- Humph !

En buvant à nouveau une gorgée de thé, Maeko fronça les sourcils.

- Bon, je n'ai pas trop compris... apparemment il dit que tu sens le chat. Et d'après le jet de fumée, je pense qu'il trouve cette odeur assez forte.
Il a le nez sensible, ajouta-t-elle ensuite avec un sourire.

Elle sourit aux deux ostrogots. c'était bien évident qu'elle sentait le chat c'était un chat. Mais ça ses interlocuteur ne le savaient pas. Et elle n'en voulait pas à la truffe fine du Lézard volant. Après tout on ne pas plaire à tout le monde...

" Et bien je suis désolé mais je ne pourrais en aucun cas me débarrasser de cette odeur... bizarre... Même morte je sentirais le chat. Le chat en décomposition certes mais le chat quand même"

Elle rit et bu un peu de thé.

Maeko tapota le crâne du dragonnet.

- Vous voyez, mon petit maître ? Je vous l'avais bien dit l'autre jour, que le monde n'était pas fait pour ne plaire qu'à vous !
- Humph !

La femme sembla se satisfaire de cette réponse, et désigna le gâteau au chocolat :

- Puis-je en goûter un bout ? Il m'a l'air délicieux. Certes, je saute des étapes du repas, mais je compte sur ta discrétion à ce sujet.

De nouveau, elle fit un clin d’œil entendu à Nathalia.

Elle sourit à la drôle de femme et lui tend une part de gâteau. C'était juste ce qu'il lui fallait: Rencontrer des nouvelles têtes. Et ces deux là semblaient dans un autre monde et ce ci convenait parfaitement à Nathalia.

"Je ne dirai rien c'est promis"

Elle fit un clin d’œil à son tour. Puis regarda le lézard volant à qui l'odeur féline qu'elle dégageait ne plaisait point. Il avait une petite mine boudeuse lui semblait il.

"Monsieur veut il lui aussi du gâteau au chocolat ?"

Lampion sembla vouloir résister à la tentation. Il observa Maeko qui prit une part de ce gâteau au chocolat.
Comme hypnotisé, le dragonnet ouvrit la gueule dans le vide au moment où la femme gouta la pâtisserie, et couina en réponse au grognement appréciateur qu'elle lança...
Lampion tourna la tête vers Nathalia, pesant visiblement le pour et le contre de son offre...
Après un instant, il recula de quelques pas, retournant boire de son thé archi-sucré en lâchant un "Humph" frustré.
Maeko souriait :

- Ma parole ! Ce gâteau est une merveille ! Votre volonté d'y résister est tout à votre honneur, mon petit maître, mais vous manquez vraiment quelque chose ! Vous tenez vraiment à faire ce qu'on avait prévu pour ce soir n'est-ce pas ?
Félicitations à toi, Nathalia. Je gage que tu dois faire fondre plus d'un homme avec ça, non ?

Visiblement ce dragonnet avait une dent contre la métamorphe. Elle sourit à la femme qui apréciait visiblement pâtisserie. Si seulement elle savait qu'un homme l'avait fait fondre avec cette recette et non le contraire...

"Faire fondre avec un fondant... C'est une idée"

Elle rit

"Mais c'est pas le moyen le plus amusant"

Elle continuait de sourire elle devait sans doute paraître cruche ou naïve aux yeux du duo.

"Vous avez prévu quelque chose pour ce soir ? désolée si cette question est trop indiscrète..."

- On a prévu de jouer au chat et à la souris. Le perdant a un gage. Et Lampion doit faire attention : il se donne un sacré handicap s'il a le ventre plein ce soir. Je n'ai pas encore décidé du gage que je lui imposerai après ma victoire, ni de l'endroit tranquille où on pourrait faire ça.

Maeko sembla réfléchir un instant, puis elle haussa les épaules en reprenant une bouchée du gâteau, s'extasiant sur le goût comme la première fois.

- Hmm... faire fondre un homme... c'est Lampion qui m'a montré un moyen très amusant, une fois, en portant à ébullition une plaque de métal sur lequel un coureur de jupons se tenait...

Nathalia ne put s’empêcher de rire en imaginant la scène que venait de lui décrire la femme assise près d'elle.

"Et si non ça vous arrive souvent de jouer au chat et à la souris ?"

Leur demanda la jolie avec un grand sourire, un sourire comme ceux des enfants quand on leur dit que l'on va dans un magasin de jouets et qu'ils pourront prendre celui qu'ils préfèrent.

"Je dois vous avouer que c'est mon jeu favori."

Elle avait dit ça comme si personne ne devait l'entendre mis à part ses interlocuteurs