[Terminé] Chasse à cour, ou cours de chasse ? (Libre]

Sorga contracta ses muscles et les relâcha à plusieurs reprises, pour éviter les crampes. Il devait avouer que sa position n'était pas des plus confortables : accroupi sur la branche d'un grand conifère, le dos contre le tronc, un arc court dans les mains, une flèche encochée sur la corde. Cela faisait presque trois heures qu'il jouait ainsi à l'écureuil, immobile, à guetter l'arrivée d'animaux à chasser.
Bon, le temps était beau, et le paysage était pas vilain : il avait une belle vue sur la forêt de conifères, la vallée en contrebas et les montagnes Héraclès. Un torrent dévalait la pente à une centaine de mètres sur sa gauche ; il entendait l'eau glouglouter, et le vent qui parfois soufflait lui amenait au visage les restes d'embruns soulevés par une cascade grondante.  Au loin, un petit village, pittoresque, se laissait admirer...
Un vrai décor de vacances.

Sauf que Sorga était là pour chasser.
Essayer en tout cas, parce que pour l'instant, les proies brillaient par leur absence. Il avait repéré des traces fraiches sur ce qui ressemblait à un sentier fréquenté par les animaux sauvages, et s'était installé dans un arbre proche. Camouflé par ses écailles qui avaient pris la couleur du tronc et des épines de l'arbre, il se savait quasiment invisible. Normalement, il n'avait plus qu'à attendre que les proies viennent à lui.
En théorie...

Un mouvement, en contrebas, attira son attention : un gros lièvre venait de sortir de son terrier, et gambadait dans les herbes basses du sous-bois. Sorga envisagea un instant à armer son arc vers cette proie, mais renonça bien vite : trois heures, pour un lièvre, c'était pas très avantageux pour lui !
Il avait vu des traces d'animaux plus imposants, des chamois sans doute, sur le sentier...
L'idée d'en abattre un était plus tentante : il pourrait tirer un bon prix des cornes et de la peau de cet animal méfiant.
Et puis... ils représentaient un challenge nouveau, plus intéressant.

Une branche morte craqua, un peu plus haut dans la forêt. Le lièvre se précipita pour rejoindre son terrier.
Sorga enroula sa queue de lézard autour du tronc de l'arbre, pour avoir un meilleur équilibre, et se mit en position de tir.
L'empennage de la flèche au niveau de son oeil, il guetta ce qui arrivait, prêt à décocher s'il s'agissait d'une proie que son arc pourrait abattre.

Garmyr, différemment à ses habitudes, n'avait pas d'objectif particulier. Il changeais d'air. Il avait besoins de découvertes. Il se déplaçait en ours depuis quelques temps car il ne voulait pas qu'on le reconnaisse, il voulait retourner aux instinct primaires. Il se dirigeait vers le cours d'eau car il avait laissé sa partie ours polaire vouloir du poisson. Il comptais s'empiffrer et dormir en clair. Ces montagnes étaient beaucoup plus accueillantes que celles qu'l avait l'habitude de parcourir. Les grandes blanches de Deimos. Se croyant seul il décidât d'extérioriser ses pulsion, il hurlât à ses pleins poumons d'ours et se sentis à nouveaux respirer.

Un souffle puissant, un pas lourd, une taille imposante qui de là où il se trouvait ressemblait à une énorme boule blanche... oui, c'était bien un ours.
Polaire.
Un ours polaire.
Dans une région tempérée d'Eaque.
Sorga en avait entendu parler, lorsqu'il avait fait une liste des lieux qu'il ne voudrait jamais visiter. Le grand Nord faisait partie du top cinq.

L'homme-lézard comprit deux choses : premièrement, un ours polaire n'avait rien à faire là ; deuxièmement, sa journée de chasse au chamois était foutue.
Sorga soupira et désarma son arc. Le prédateur avait du faire fuir tous les autres animaux à des kilomètres à la ronde et, devant ce genre de monstres, il avait intérêt à se faire discret.
Par contre, il se demandait ce que faisait un ours polaire dans le coin. Un échappé d'un zoo ? Ours brun tombé dans un pot de peinture peut-être ? Autre chose ?
Il se pencha en avant sur sa branche, pour essayer de mieux voir...
Il sursauta lorsque l'ours poussa soudain son hurlement.
Et il perdit l'équilibre.
Et il tomba de son arbre.

Malgré tous ses efforts paniqués, Sorga se retrouva une seconde plus tard au sol, allongé sur le dos. Un tapis d'épines de conifères mortes avait certes amorti sa chute, il voyait quand même trente-six chandelles.

Garmyr entendit un bruit venant d'un arbre au dessus de lui. Il se levât sur ses pattes arrière et tendit le coup, quand une silhouette chutât de l'arbre. Garmyr n'écoutant que son cœur il se jetât au chevet de l'homme pour lui prêter secours, oubliant tout simplement qu'il a toujours sa forme bestiale. Le personnage était couvert d'écailles, il pensât d'abords que c'était un autre métamorphe, mais la question n'était pas là. Il saisit les deux épaules de l'individus avec ses doigts griffus et demandât comme si de rien était de sa voix rauque et caverneuse :

"Heuu . . . est-ce que ça va l'amis ?"

On le secouait, et on lui demandait si tout allait bien, mais Sorga avait du mal à voir qui lui parlait : il avait l'impression que ses yeux faisaient des cercles complets dans leurs orbites.

- Sorga... aller... bien. Monde juste... tourner... vite. Grand... manège... plein... ours partout.

Peu à peu, sa vue revint, tandis que son cerveau se remettait à fonctionner.
Le manège s'arrêtait.
Et l'ours qu'il y avait vu se tenait au-dessus de lui, et le fixait de ses grands yeux.
Réaction normale : Sorga paniqua.
Hurlant à pleins poumons, il se tortilla pour se dégager des pattes de l'ours, y parvint - assez facilement d'ailleurs, étrangement - et tenta de se relever pour s'enfuir à toute jambes.
Et là, ce fut le drame.
Une branche, sûrement mise là exprès, entra en contact direct avec son crâne lorsqu'il se releva. Ce qui l'arrêta net.
Assommé par le choc, il s'écroula, la tête dans le tapis d'épines.

L'humanoïde avait complètement disjoncté, Garmyr ne tenta pas de le retenir, puis il se cogna et retomba à sa place. Garmyr regarda ses mains, ses grosses pattes griffues . . . Garmyr eut une illumination

" Mais quel idiot ", se lamenta -t-il.

Il repris sa forme humaine, et tenta de réveiller le pauvre ahuri, il n'avait pas eu de chance sur ce coup. Garmyr observa ses yeux qui semblaient ne pas vouloirs se stabiliser, il s'assit donc à cotés de lui pour attendre que sa syncope passe et qu'il reprenne ses esprits.

"Ah pauvre bougre, t'as l'air d'être plutôt malchanceux."

Garmyr le veilla jusqu'à ce qu'il reprenne ses esprits.

Après environ une minute de coma, l'homme-lézard revint subitement à lui.
Il eut une sorte de sursaut, et se redressa, ses yeux cherchant l'ours blanc. Le mouvement brusque réveilla également la douleur dans son crâne, et il prit sa tête entre ses mains un instant, en jurant.
Lorsqu'il remarqua finalement l'homme qui était assis à ses côtés, ses yeux se plissèrent. Il eut ce qui ressemblait à un éclair de génie :

- Vous être ours qui venir ici, vrai ?

Garmyr vu le personnage se relever, il le vit s'attraper la tête, Garmyr lui tendit aussitôt sa gourde, il avait l'air mal en point lors ce qu'il lui demanda:

- Vous être ours qui venir ici, vrai ?

Garmyr lui répondit :

- Buvez un peux d'eau l'amis.

Après quelques gorgés, Garmyr répondit à sa question:

- à vrais dire oui je suis un metamorphe. Je suis né avec la capacités de changer en Ours comme bon me sembles. A votre arc et au lieu ou vous vous trouviez avant de tomber, je suppose que vous chassiez. Avec mon hurlement j'ai du faire fuir toutes les bêtes j'en suis navrés, j'allais m’apprêter à pêcher, permetez moi de vous offrir à manger.

Garmyr tendit la mains à son curieux amis et attendu qu'il la prenne . . .

Sorga prit la gourde et hocha la tête en guise de remerciement. Il galèra un peu pour boire, mais l'eau fraiche lui remit un peu les idées en place.
Il rendit ensuite la gourde à son propriétaire, avant de se masser le cou.
Tout en écoutant le métamorphe parler, il l'étudia plus en détail, son regard s'arrêtant un court instant sur chacune des armes qu'il portait. Comment un ours aussi gros pouvait tenir dans un corps si frêle ?
Enfin, malgré ses apparences assez féroces, il semblait assez sympa.
Aussi l'homme-lézard accepta la main qu'il lui tendait, et se remit sur ses jambes.
Heureusement pour l'homme-lézard, sa chute avait été plus impressionnante que grave... enfin, il se doutait qu'il souffrirait bien plus à son réveil, le lendemain.

- Sorga vous remercier. Comprendre maintenant, pourquoi entendre ours parler, et pourquoi vous avoir même odeur.
Pas vous excuser, animaux déjà pas là avant vous passer dans coin. Ce être gentil offrir repas. Si vous vouloir attendre instant, Sorga proposer partager repas.

Sur ces derniers mots, l'homme-lézard alla récupérer sa "lance" - enfin, son bâton pointu - qu'il avait posé dans un coin, ramassa son arc - intact, heureusement - et, ainsi armé, se dirigea vers l'endroit où il avait vu disparaître le lièvre sous terre à l'arrivée du métamorphe. Là, il s'arrêta un instant, la tête penchée vers le sol comme pour écouter, puis il leva bien haut sa lance avant de la planter avec force dans le sol.
Il y eut un "Squeek !" étouffé, puis plus rien. Avec un air satisfait, Sorga se mit à creuser autour de sa lance, et sortit bientôt de terre le malheureux lièvre.

- Ce pas être grand chose, mais si vous avoir peau et pas appétit de ours, sûrement suffire.

Tout en détachant le lièvre de sa lance, Sorga haussa les épaules. Il avait seulement repéré où était le terrier, et savait par expérience à quoi ressemblaient les galeries creusées par ces animaux. Le reste, c'était selon l'humeur de Dame Chance.
Il écouta avec attention Garmyr parler de ses caractéristiques de métamorphe ; il avait déjà entendu parler de ces êtres humains qui pouvaient devenir des animaux, mais il n'en avait jamais croisé un de près. Ce devait être pratique, de pouvoir changer de peau selon les circonstances...
Son expression s'assombrit un instant... puis il secoua la tête.

- Sorga espérer rivières contenir assez poissons pour rassasier ventre ours alors.

L'homme-lézard avait retrouvé le sourire.
Alors qu'ils se mettaient en marche vers le torrent, l'homme-ours s'arrêta et lui fit signe d'attendre.
Sorga s'appuya sur sa lance, et assista avec curiosité à la scène de chasse menée par le métamorphe. Lorsque le volatile se fit presque couper en deux, il ne put s'empêcher de plisser les yeux et d'effleurer la plume qui ornait son pagne.
Il n'aimait pas voir un oiseau être tué. Lui-même, il n'en chassait jamais, pour une raison toute personnelle : pour l'homme-lézard, les oiseaux étaient symboles de liberté, et les tuer revenait à tuer un peu de cette liberté. Il n'était certes pas vraiment porté sur la religion, mais cela faisait partie de ses quelques croyances. Avec Dame Chance, bien entendu.
Trop poli pour imposer à autrui son avis sur ce qui devait, ou ne devait pas, être chassé, il se contenta de serrer la main que l'homme-ours lui tendit un instant plus tard, en se présentant, pui de le féliciter pour cette prise :

- Sorga enchanté faire connaissance. Navré pas pouvoir respecter cérémonie présentation, gens toujours connaître rapidement nom Sorga.
Ce être joli coup que vous faire. Trouver étrange que hache voler comme oiseau. Ce être magie, vrai ?

Tout en progressant vers le torrent, Sorga commença à ramasser du bois sec en prévision du feu qu'il allait sûrement falloir allumer.
Suivant le geste de Garmyr alors qu'il expliquait l'origine de son arme, l'homme-lézard posa les yeux sur l'épée qui semblait faite de glace, et un frisson le parcourut. Il pouvait presque sentir le froid qui se dégageait de l'objet visiblement enchanté, lui aussi.
Tout cela ne l'aidait pas vraiment à avoir confiance dans la magie...

- Si armes avoir noms et vous posséder armes pendant longtemps, ce être normal que elles gagner consciences.Après, pouvoir discuter tant que temps être temps pour savoir si être vous qui donner conscience à armes, ou si être conséquences magie.

Garmyr écouta les propos de Sorga avec intérêt, il lui dit:
- à vrais dire, J'ai vécu huit ans dans une tanière avec une famille ours, dès mes deux ans, c'est justement dans cette caverne que Fridya se trouvais, j'avais l'impression d'entendre une voix qui m'appelait du lieux ou elle se trouvait. Pour Brenya j'sais pas vraiment, peut-être est-ce moi, où peut-être pas et Sinistra . . . Non rien oublis-la.
Garmyr repris sa route, et s’arrêta devant le cours d'eau, l l'observa, le courant avais l'air plutôt fort mais ce lieux était très peu profond il se retourna vers sorga et lui demanda:
- Tu pêches à la lance ?

Sorga sourit en pensant que le métamorphe était bien étrange : il racontait sa vie sans qu'on lui demande, et sans se soucier du fait qu'ils s'étaient rencontrés il y avait dix minutes de cela.
Ce devait être ça, la fraternité des ours.

Arrivé devant le torrent, l'homme-lézard s'immobilisa.
Il ne répondit pas immédiatement à Garmyr, et se baissa pour plonger une main dans l'eau. Il la retira presque immédiatement : l'eau venait de le mordre !
Venue directement de la fonte des neiges, celle-ci ne devait pas dépasser les dix degrés. Le soleil ne tapait pas assez fort pour contrer les effets d'un bain de pieds dans ces conditions. Niveau hypothermie, il avait eu sa dose...

- Sorga passer tour pour pêche. Eau froide, trop pour Sorga.
Laisser poissons à ours, et Sorga installer camp pour cuire viande et poissons.

De plus, il ne savait pas pêcher à la lance.
Pour lui, la pêche, c'était avec une canne, un beau soleil, et une bière.
Il alla donc poser son bois sec sur une grande pierre plate au bord du torrent et, sortant un briquet à amadou de son sac, il travailla à allumer le feu.

Sorga n'avait pas chômé. Le feu brûlait déjà bien, et au milieu des braises l'homme-lézard avait posé une grande pierre plate, qui pourrait faire office de plaque de cuisson.
Il avait aussi sorti de son sac plusieurs petits sachets contenant diverses herbes et aromates. Apparemment, il avait retenu la leçon de son précédent campement dans les plaines Enéides...

A cette idée, Sorga ne put s'empêcher de jeter un oeil autour de lui, des fois que la présence du feu fasse de nouveau effet d'aimant pour d'éventuels voyageurs.
Riant à moitié devant sa propre stupidité, il commença à dépecer le lièvre d'une main experte. L'animal perdit bien vite sa fourrure et la plupart de ses organes internes...
Il ne toucha pas à l'oiseau chassé par Garmyr, sans doute car il pensait que c'était au chasseur qui avait tué la proie de la préparer.

- Ce être belle prise encore. Dommage pas avoir casserole et légumes, pouvoir sûrement cuisiner bouillon poisson avec. Enfin, grillade être bien aussi.

Ca lui faisait bizarre, de dire qu'il manquait de légumes.

- Sorga vouloir demander : pourquoi ours polaire venir dans montagnes chaudes ? Chercher quelque chose ?

Garmyr tendit les chaires de poisson à Sorga puis commença à retirer les plumes de l'oiseau pour le dépecer. Il réfléchissait sur les motifs de sa venue dans ces montagnes. Puis il expliqua ce qu'il cherchait ici.
- Pour tout te dire, je suis venus ici sans vraiment avoir de raisons. Des choses se sont passée ce noël, donc je devais me sortir de Rahdamantes, je devais changer d'air. T'as jamais l’impression de suffoquer là où tu te trouves quand tu y restes trop longtemps.
Garmyr finit de dépecer l'oiseau et posa les bouts des viandes mangeables sur une pierre en attendant qu'il soient cuit. Il regardais les plumes d'un rouge écarlate et trouva que c'était du gâchis de les jeter ou les bruler. Il proposa donc:
- Tu veux garder les plumes? Je n'en aurais aucune utilités.
Garmyr remercia la nature pour lui avoir donner tout ces mets et demanda à Sorga:
- Tu préfères manger tout sa cuisinés comment? Moi je ne sais que griller la viande . . .
Garmyr se gratta le derrière de la tête en arborant un visage souriant et gênés en même temps (^^')

Sorga hocha la tête. Il comprenait parfaitement le sentiment d'être étouffé par un endroit, suffisamment pour vouloir changer d'air. Il avait vécu avec pendant plusieurs années...
Il jeta un oeil aux plumes.

- Oui, Sorga bien vouloir prendre plumes. Pouvoir sûrement faire habit avec. Mais Sorga vous donner habit après, ce être votre responsabilité, pas celle Sorga.
Pour cuisson, pas pouvoir faire autre chose que grillade. Mais avoir épices pour colorer goût viande. Conseiller poudre piment, ce sûrement bien aller avec viande oiseau. Avertir que piment être fort, vraiment fort.

L'homme-lézard s'assit en tailleur, et montra ses sachets d'épices en souriant.

Garmyr apprécia les proposition de Sorga, mais il pensa à autre chose pour les plumes.
- Sorga pourrais-tu plutôt en faire une effigie de l'oiseau, qu'il représente tout les animaux que j'ai du tuer pour me nourrir? Je ne suis pas friand de mort, mais techniquement on en a pas vraiment le choix pour survivre. Puis je dois maintenir un régime riche en viande rouge, ou en fortifiant pour assurer ma condition d'ours. Si je n'en mange pas . . . je deviens un ours plus ou moins violent qui voudras chasser sa propre nourriture dans le massacre et franchement, je ne veux pas tuer plus que nécessaire.
Garmyr observa les sachets d’aromates et se demanda si c'était un bon plan.
- J'aime quand c'est épicé mais pas quand ça me donne chaud à l'intérieur.
Il ria de bon cœur.
- Pour le poisson si on trouve des récipients, on peux faire du Gruau de poisson. Sinon qu'est-ce qui t'amène ici Sorga?
Garmyr lui laissa donc la parole.

D'un air distrait, Sorga se gratta la mâchoire avec une griffe :

- Effigie... comme pendentif ? Sorga jamais essayer, mais penser être possible.
Sorga aussi penser chasse être juste pour trouver nourriture. Mais Sorga pas chasser oiseau, ce être raison pas vouloir garder plumes.
Ce être ça problème, pas avoir récipients. Enfin, grillade être classique et rester bon plat, vrai ?

L'homme-lézard refit l'inventaire de ses épices, et ne répondit pas immédiatement à la question de Garmyr sur sa présence dans les montagnes.
Il avait sel, poivre, safran, piment, thym, laurier et... girofles ? Il ne se souvenait même plus quand il en avait acheté...

- Sorga être ici pour chasse. Plus assez argent pour vivre dans ville, et comme pas trouver travail, venir dans montagnes. Nourrir de faunes, récolter fourrures, os pour vendre après dans ville.

Bon, ce n'était pas, à proprement parler, toute la vérité...
Mais il y avait des choses qui ne concernaient que lui. Et même si Garmyr avait l'air sympathique, il n'allait pas l'embêter avec ses histoires.

Garmyr Accepta d'un signe de tête pour le collier car il avait besoins de se remémorer ses crimes. Il avais besoins de ne jamais oublier les crimes qu'il avait commis, peu importe leurs motifs. Il ne devait rien oublier, jamais.
- J'ai besoins de quelque chose pour ne jamais oublier.
Garmyr accepta donc pour la cuisson, tant pis pour le gruau.
- Ça ne te déranges pas de finir la cuissons je vais aller remplir ma gourde d'eau, si tu en a une je peux te la remplir aussi.
Entendre Sorga dire lui rappela pourquoi il avait besoins de changer d'air, il ne pouvait pas retourner voir Mjoll pour le moment. Son regards devins plus sombre, plus triste voir mélancolique, comme s'il venait de se rendre compte qu'une fois son ancien but atteint, ce but n'était qu'une erreur de jeunesse, et qui se retrouvait sans véritable choses à faire. Il devait expier ses fautes avant de pouvoir redevenir ce qu'il était. Garmyr aussi avait des choses à cacher même si son regards pouvait en dire long. Il pris une inspiration et revins vers Sorga pour savoir s'il voulait que Garmyr remplisse sa gourde d'eau.

Les paroles de Garmyr concernant son "besoin de ne jamais oublier", était étonnamment lourd de sens. Sorga observa les plumes et la carcasse de l'oiseau, réfléchissant à ce qu'il pouvait en faire pour fabriquer un pendentif capable de jouer ce rôle de mémoire.
Il n'était pas vraiment un artisan de métier, mais après un instant, il eut une idée qu'il pensa bonne.

- Sorga avoir besoin plumes et tête de oiseau pour faire pendentif. Pas promettre finir vite, mais pouvoir toujours donner rendez-vous quelque part pour donner pendentif quand être terminer.
Ce être gentil proposer, mais Sorga pas avoir gourde. Pas avoir besoin boire souvent.

La dernière phrase avait été dite sur un ton neutre, laconique, comme à chaque fois qu'il parlait de ses particularités physiques.
L'homme-lézard rajusta le bois sous la pierre où cuisait la viande, afin d'augmenter la chaleur des flammes.
Retournant la viande à pleine mains, il se servit de son odorat pour savoir où en était la cuisson.
La chair du poisson cuisait vite.

Garmyr acquiesça d'un signe de tête et se rendit sur le bors du cours d'eau pour y remplir sa gourde. Puis il y plongea la tête pour se raffraichir. Le soleil commençait à décliner. Garmyr devait se changer les idées et comptais bien sur le repas pour pouvoir passer à autres choses, du moins pour aujourd'hui. Il détacha ses cheveux le temps de les remettre correctement puis les rattacha. La sensation d'eau qui coulait dans son dos lui faisait du bien, il avait chaud. Ces montagnes sont plus chaudes que les pics de Deimos il revint s'assoir près du feu regarda quelques minutes l'eau, puis parla à Sorga.
- Tu es plutôt quelqu'un de modeste, pour une personne si spéciale. J'ai d'abords pensés que tu étais un metamorphe comme moi, mais je me suis souvenu de ton air surpris quand tu t'es rendu comptes que j'étais l'ours. Bref, peu importe. La modestie est une qualités sache le bien. Sinon pourquoi tu ne tus pas d'oiseaux ? Je veux dire, pourquoi eux en particulier.
Garmyr attendit une réponse de son interlocuteur écaillés pour commencer à manger.

Sorga se mit à rire.

- Sorga, métamorphe ? Ce être idée très drôle ! Seule chose pouvoir faire avec peau, c'est changer couleur, et changer tout court, chaque année. Métamorphe !

Il se mit à changer ses écailles de couleur, abandonnant pour un temps son motif camouflage pour des teintes plus... exotiques. Jaune, vert clair, noir profond, violet, rose vif...
Il riait toujours à l'idée qu'on puisse le prendre pour un métamorphe.
Lorsqu'enfin son hilarité diminua, il reprit sa couleur brune habituelle, et s'expliqua à propos des oiseaux :

- Sorga croire oiseaux être symbole liberté. Penser tuer oiseau être comme tuer liberté. Alors Sorga éviter.
Ce être croyance personnelle, et Sorga pas occuper de quoi autres faire.
Sorga pas foi dans beaucoup choses, mais ce faire partie.

Il retourna de nouveau le morceau de viande et, satisfait, il déclara :

- Viande être cuite. Laisser honneur à ours. Si vous vouloir ajouter épices...

Il pencha la tête en examinant ses sachets : où était quoi déjà ?