[Terminé] Souquez les artibuses ! [Libre]

Un port de moyenne envergure, au bord de la Mer Orphée. Le genre de ports d'escale pour les navires à long cours en direction des autres planètes, les navires marchands chargés de trésors, leurs escortes maritimes, les navires plus modestes de pêcheurs...
Une ville et ses habitants tournés vers la Mer donc.
Aussi, l'arrivée au petit matin d'une frégate de belle taille à l'horizon n'avait pas vraiment de quoi surprendre.

Bon, c'était tout de même un beau bâtiment.
Une trentaine de mètres de long pour environ dix de large, trois mâts, une véritable mer de voiles blanches et plus encore de cordages, une coque de bois sombre et solide qui semblait avoir supporté milles tempêtes sans dommages autres qu'une peinture un peu abîmée.
A mesure que le navire s'approchait, d'autres détails apparurent : une figure de proue exotique représentant un renard magnifiquement sculpté qui semblait sortir du bois pour s'élancer vers l'avant ; les deux pavillons en haut du grand mât, tête de démon stylisée sur fond noir pour l'un, lettre A cerclée d'ailes d'anges sur fond bleu pour l'autre ; l'absence totale d'équipage...
Quoi ? Pas d'équipage sur le pont ?
Étaient-ils fous, d'approcher du port de face et toutes voiles dehors sans l'équipage prêt à la manœuvre pour ferler les voiles ?
A voir l'immobilité tranquille de la silhouette vêtue de noire - une robe et un tricorne ? - à la barre sur le pont arrière, tout semblait sous contrôle...

Néanmoins, on fit appeler la garde, on fit sonner un cor de brume, et les plus cyniques des pêcheurs éloignèrent leur embarcation des quais.
Juste au cas où.
Plus la frégate s'approchait, plus il était certain que, avec ou sans équipage, il était maintenant trop tard pour l'empêcher de venir s'écraser sur le port, entrainant avec elle plusieurs navires marchands.
La panique s'installa, les premiers cris retentirent, les premières courses pour s'éloigner du lieu du drame à venir...
Puis... rien.

La frégate venait de s'arrêter.
Comme ça. Instantanément, de toute évidence. A moins d'un mètre du premier quai, et du premier navire marchand.
Les voiles de la frégate, toujours gonflées par le vent, claquaient, mais la frégate semblait belle et bien figée sur place par quelque magie.
A la poupe, écrite dans la coque en lettres dorée, le nom du bâtiment : "Marikshar"

Vautrée dans la cale du navire en provenance de Rhadamanthe, Red. essayait de ne pas vomir. La jambe gauche à moitié coincée sous des rouleaux de soie sauvage, la tête penchée en arrière, elle s'était contorsionnée de manière assez improbable pour se cacher au milieu des marchandises dont le bateau était rempli à craquer. La jeune femme détestait ce genre de voyage, le roulement continu de tout ce qui l'entourait, les marchandises mal arrimées menaçant de l'écraser à tout instant. C'était pourtant un passage obligé lorsqu'elle désirait retourner à Rhadamanthe chercher les plantes et racines nécessaires à la confection de nouveaux poisons. Cette fois-ci elle ne se ferait pas avoir, elle avait ramené des semences qu'elle comptait bien planter pour s'épargner les voyages sur la mer tant détestée.
D'un coup, le navire cessa de tanguer et Red. en déduisit qu'il devait être arrivé dans un port. Restait à savoir lequel. En tant que voyageuse clandestine, elle n'avait pas eu le loisir de demander le carnet de route au capitaine. Elle repoussa le bric à brac autour d'elle et s'extirpa de la cale en grommelant. A sa grande surprise le pont était désert, hormis une espèce de donzelle en robe et tricorne.

Qu'est-ce que c'est que cette abrutie qui pense qu'on peut diriger un navire en jupes..

La femme en question se retourna en entendant la trappe de la cale claquer dans l'air vif. Ses sourcils se froncèrent tandis qu'elle s'adressait à Red..

- Hé toi là ! Ouais toi ! T'es qui ? Qu'est-ce que tu fiches sur mon bâtiment ? T'es là depuis quand d'abord ?!
- Respire cap'taine. Où est-on ? Ça t'arracherait un bras de sortir la passerelle pour que tes passagers puissent descendre ?

La capitaine s'approcha en fulminant.

- T'es sur MON bâtiment vers de terre et je compte bien...
- Ok, ok, t'as pas eu le temps de t'maquiller ce matin, t'es frustrée, ça peut se comprendre. T'embêtes pas pour la passerelle, j'vais me débrouiller.

Sur ces mots, Red. enjamba le bastingage et sauta souplement sur le quai. Malgré l'agitation provoquée par l'arrivée du navire, une jeune femme au visage masqué la contemplait, avec sur son épaule un genre de chat ailé qui crachotait de minuscules flammèches.

Qu'est-ce que c'est encore que ce truc..

[Attention au power-gaming ! ^^
Même si c'est en partie ma faute de n'avoir pas expliqué que le capitaine était Maeko, je le reconnais.
Je ne m'attendais pas à ce que plein de nouveaux arrivent sur le forum !]

Lampion grognait après la clandestine aux cheveux rouges.
Les gens autour d'eux semblaient tellement obnubilés par le navire - désormais vide de tout occupant - qu'ils ne faisaient pas vraiment attention aux deux femmes et au petit dragon qui se faisaient face sur le quai.
Maeko gratouilla la tête du dragonnet pour l'apaiser, avant de jeter un regard froid sous son masque à cette étrangère aux cheveux rouges :

- Je repose la question : qu'est-ce que vous faisiez sur mon navire ?
Vous avez eu de la chance que je ne fasse pas une virée dans une autre dimension, plutôt qu'une simple traversée depuis Rhadamanthe !

Red. secoua la tête et se retourna vers le navire dont le pont était désormais absolument vide. L'idée que la capitaine se trouvait désormais en face d'elle fit lentement son chemin dans son esprit en bousculant la logique sur son passage. Qui pouvait bien être cette femme agile au point d'être plus rapide qu'elle ? Red. grinça des dents, et balança sur l'attitude à adopter. Elle choisit finalement de lancer un sourire narquois à son interlocutrice.

- A votre avis qu'est-ce que je faisais ? Je voyageais. C'est bien fait pour ça les bateaux non ? Et puis qu'est-ce que ça peut bien vous faire ? Un passager de plus ou de moins, c'est pas ça qui va vous faire sombrer.

- Huhu... vous savez que si vous aviez demandé, je vous aurais accueilli à bord avec joie ? Probablement pas, et ça ne change rien au final...
- Criouuu ! Cricriouu !
- Elle a eu de la chance, oui, mon petit maître. C'est dingue ça ! Je récupère mon navire, et je me retrouve avec les cales pleines de bric-à-brac et une clandestine !

L'attroupement commençait à se dissiper avec l'arrivée des gardes et des responsables du port.
Un fonctionnaire héla les passants :

- Où est le capitaine de ce navire ?
- C'est moi.

Maeko régla les détails administratifs de la présence de son navire dans le port et ne fit visiblement pas grand cas de la critique sur sa manière d'entrer dans le dit port.
Lampion, lui, ne quittait pas des yeux la clandestine.
Lorsqu'on lui demanda la taxe d'accostage, la femme eut un geste négligeant de la main.

- Pour ça, je vous laisse le contenu de la cale. Je n'en ai pas l'usage, et je n'ai pas le temps de m'en occuper.
*Pouf* Bom !
*Pouf* *Pouf* *Pouf*
Boom ! Bram ! Bom !

Des caisses apparurent dans un flash sur le quai, en vrac, manquant de tomber à l'eau pour certaines.

Étrange, vraiment étrange...

Quelques badauds murmurèrent devant l'apparition des marchandises sur le quai. Red. laissa courir son regard sur eux, les faisant frisonner à l'unisson. Elle ne savait toujours pas où elle était, elle réfléchit à toute allure, ne sachant que faire. Elle se remémora les conseils du Silencieux. Des alliés, elle devait se faire des alliés pour mener sa quête à bien. La capitaine du navire pouvait être une bonne alliée, peut-être, si son chat ailé cessait de la fixer stupidement. Ce serait utile de connaître quelqu'un qui pouvait l'aider à voyager. Cela pourrait également être dangereux. Une femme capable de déplacer des caisses de cette façon était sûrement capable d'autres trucs tout aussi douteux.

Le temps pressait. Red. mit de côté ses doutes et marmonna à l'adresse du capitaine :

- Peut-être… vous payer un verre... repas... remboursement... traversée clandestine...

Elle mâchouilla l'intérieur de sa joue, en attendant la réponse, les yeux rivés sur la créature de la femme.

La femme mit pencha la tête sur le côté et mit sa main derrière son oreille :

- Pardon ? Tu disais quelque chose ?

C'était normal qu'elle n'ait pas entendue, avec les fonctionnaires qui poussaient de hauts cris en voyant le contenu des caisses, valant au moins cent fois la taxe d'accostage.
Ou alors, elle se payait la tête de la clandestine.
Le masque cachant son expression, le doute demeurait.

Son masque la rendait sourde ou quoi ? Certes elle n'avait pas superbement articulé sa phrase mais c'était tout de même compréhensible.

- Je.. euh.. vous proposais un verre, ou un repas. A mes frais bien sûr. En remboursement pour la traversée plus ou moins clandestine.. Il y a une taverne là, juste derrière vous, selon le panneau ils servent une excellente tartiflette. C'est très bien ça, après un long voyage en mer, ça revigore..

Red. cessa de fixer la jeune femme et sa bestiole exotique, et reporta son attention sur la taverne qu'elle venait de désigner. A bien y penser, elle aussi avait un peu faim, même si elle n'avait pas vraiment idée de ce que pouvait être la fameuse tartiflette qu'elle venait de proposer au capitaine. Certainement une tarte, au vu du nom. Pourvu que ce soit sucré.

- Ah ? Une tartiflette ? Mais il fallait le dire plus tôt ! Qu'attendons-nous pour y aller ?
- Criouuu !
- Oui, mon petit maître ?

Le dragonnet criouta à l'oreille de la femme, qui eut un petit rire avant de se tourner vers la clandestine aux cheveux rouges :

- Huhu... je te laisse passer devant. Il faut que je règle quelques détails avec mon navire. Ne serait-ce que replier les voiles...

Elle inclina la tête, et disparut.
Quelques secondes plus tard, il y eut une série de bruits divers sur le Marikshar, sans que son capitaine soit visible.
L'ancre plongea subitement dans l'eau dans une gerbe d'éclaboussures, la coque grinça, les voiles se ferlèrent...

Passer devant ? C'était une idée étrange, de celles qui vous conduisent à tourner le dos à quelqu'un pour ensuite se retrouver face contre terre, un poignard planté dans le dos. Ça ne risquait pas d'arriver en plein jour, mais sait-on jamais. Red. attendit la femme, en observant les ménagères qui se pressaient devant les étals des pêcheurs. Les effluves de poisson chatouillaient ses narines, et son estomac gargouilla. Elle n'avait pas mangé depuis Rhadamanthe, si ce n'est quelques fruits secs oubliés au fond de sa besace.

Elle fut distraite par un gamin des rues qui vint lui quémander de quoi manger. En farfouillant dans sa poche, elle trouva une pièce qu'elle déposa dans la main crasseuse du garçon, qui s'enfuit en courant. D'autres gamins accoururent, alertés par le succès de leur camarade. Red. distribua quelques pièces, puis chasse les importuns d'un regard glacial.

Ce serait bien qu'elle se dépêche, avant que les mioches de ce port me ruinent complètement.

Maeko sortit enfin de la cabine située à la poupe - l'arrière, pour ceux qui connaissent pas - du navire.
Elle finissait d'enfiler un long gant à sa main gauche. Son masque avait quitté son visage et était désormais accroché à sa ceinture. Elle releva un bandana noir jusqu'à ce qu'il cache le bas de son visage, puis s'approcha du bastingage.
- Criouuu !
Lampion sortit à son tour d la cabine, portant dans sa gueule le tricorne qu'elle portait lorsqu'elle était à la barre.
La femme récupéra le couvre-chef, et laissa le dragonnet se poser sur son épaule.
Une vraie pirate.

Maeko sauta sur le quai, et s'approcha de sa clandestine, les yeux rieurs :

- Alors ? On va l'aborder, cette tartiflette ? C'est vous qui invitez, passez devant !

Encore cette idée de passer devant. Décidément, c'était une maladie. A regrets elle s'exécuta, les sens aux aguets. Elle n'avait pas vraiment confiance en cet étrange duo.
Elle franchit la porte de la taverne en premier, cherchant le patron des yeux. Elle le héla, lui indiquant du geste qu'elle désirait une table pour deux. Ravi, il leur indiqua une table vide au centre de la salle, là où convergeaient les regards de tous les clients. Gênée, Red. demanda au gros bonhomme de les installer plus à l'écart, à l'abri des oreilles indiscrètes. L'homme lissa sa moustache en grommelant, arguant que deux belles femmes comme elles ne devraient pas se cacher dans l'ombre. Elle ne répondit pas, marquant ainsi son désaccord. Elle se tourna vers sa compagne.

- Ça vous va une table à l'écart, ou vous préférez que tout le monde regarde votre rat-lézard de travers ?

- Cricriouuuu ! Humph ! Criiii !
- Huhu, peut-être oui, mon petit maître. Ca mérite la question en tout cas. Dites, vous avez une écrevisse parmi vos ancêtres ?
A part ça, la table du fond suffira. Celle de gauche me semble particulièrement convenir, pour des femmes adroites.

Ses bottes claquant sur le plancher de la taverne, Maeko se dirigea sans attendre vers la dite table. Elle s'assit, les jambes croisées, attendant la suite des événements.
Lampion, lui, dardait un œil mauvais sur la clandestine, visiblement peu ravi de la manière dont elle venait de le nommer.

Quel étrange sens de l'humour... Red. ne répondit pas, se contentant d'aller s'installer à la suite du capitaine. Elle commanda sans attendre deux tartiflettes, haussant le sourcil à l'adresse de sa voisine de table. Les questions se bousculaient dans son esprit, et elle choisit de commencer par celle qui la titillat le plus.

- C'est quoi votre nom au fait ?

Red. médita un instant en se mâchouillant la lèvre.

- Et puis, ce truc là, fit-elle en désignant la créature du menton, qu'est-ce que c'est ?

La femme avait un air un peu surpris tout à coup.

- Je suis Maeko, humble musicienne itinérante. Mais cela se voit, non ?
Et votre question m'étonne ; auriez-vous donc passé toute votre vie dans la cale de navires à jouer les clandestines, pour ne pas reconnaître un dragon quand vous en voyez un ?
Je vous présente néanmoins Lampion, dragonnet de son état. Il est à la fois mon maître, mon ami et mon compagnon de voyage depuis des années.

Le dragonnet en question se redressa, fier, toisant la clandestine aux cheveux rouges avec une arrogance toute dragonique.

- Criouuu !
- J'y arrive, mon petit maître... Huhu...
Et vous, vous avez un nom ? A moins que vous ne préfériez être appelé "la clandestine" pendant tout le temps que nous passerons ensemble, bien entendu.

Une musicienne et un dragon. Dans son souvenir, les dragons étaient de majestueuses créatures plus hautes que des maisons. Rien à voir avec la minuscule chose qui accompagnait Maeko. Elle se pencha en avant, détaillant le dragonnet avec plus d'attention. C'est vrai qu'en y regardant de plus près, ça ressemblait vaguement à un dragon. Peut-être n'était-ce encore qu'un bébé.

Le tavernier revint avec deux assiettes remplies à ras bord de fromage fondu et pommes de terre. Ce n'était donc ni une tarte, et encore moins une tarte sucrée. Un peu déçue, Red. regarda son assiette avec méfiance. Les effluves de fromage lui chatouillèrent les narines et chassèrent les doutes de la jeune femme quant à l'étrange plat. Elle souleva une patate avec sa fourchette, attirant une quantité impressionnante de fromage avec elle. Elle reposa sa fourchette, estimant qu'il faudrait peut-être répondre à Maeko. Quoique "la clandestine", ça lui allait plutôt bien.

- Je m'appelle Red.. Vous avez bien plus une tête de pirate que de musicienne. Vous jouez de quoi ?

Elle enfourna une pomme de terre dans sa bouche et mâchouilla pensivement. Pas trop mal pour un truc salé.

- Merci Red. Les deux ne sont pas incompatibles tu sais.
Bon, c'est pas tout ça mais... A L'ABORDAGE !!

Devant son plat préféré, Maeko sembla oublier toute convenance, se jetant dessus comme un pirate sur une bouteille de rhum.
Malgré son empressement, elle réussit l'exploit de ne pas perdre une miette... et de se contenir pour en laisser un peu à Lampion - qui souffla quelques flammes sur le fromage déjà cuit, l'aimant visiblement plus caramélisé.
La femme fit finalement claquer sa langue en signe d'appréciation, et sortit de son sac une bouteille de verre noir qu'elle posa bruyamment sur la table.

- Ca faisait longtemps que je n'avais pas mangé une bonne tartiflette ! Par la proue de mon navire, il faut bien du rhum pour fêter ça !
Je t'offre un verre ?

Elle remplit deux gobelets à ras bord sans attendre de réponses.
S'emparant du sien, elle regarda un instant Lampion qui était occupé à mâchonner un bout de jambon puis elle eut l'air de se rappeler de la question de Red.

- Un instrument ? Je joue de tout, principalement. Du moment que ça fait du bruit quand on appuie ou tape dessus, souffle à l'intérieur ou qu'on le gratte, on peut faire de la musique avec. Mais mon instrument du moment, c'est le destin.
J'adoooore les mélodies qu'on en tire.

Elle regarda Maeko dévorer avec avidité. En un rien de temps, son assiette fut vide, et elle lui proposa un verre de rhum. Red. se retrouva face à un dilemme. Elle avait pour habitude de ne pas boire de boissons alcoolisées, tenant absolument à conserver l'entièreté de ses capacités au cas où un imprévu surviendrait. Mais l'alcool était réputé pour aider à tisser des liens, et elle avait besoin de se rapprocher de la pirate. Ou musicienne. Ou les deux. Elle alla pour accepter un doigt de rhum, mais sa convive n'attendit pas confirmation pour la servir.

- Merci.

Le verre opaque ne laissait rien voir de la boisson, le rhum aurait pu être blanc ou ambré, la différence n'était décelable qu'au palais, et Red. n'était pas assez habituée à ce breuvage pour trancher la question. Elle trempa doucement ses lèvres dans le liquide, étudiant la sensation de brûlure qui lui parcourut le haut du corps.

- J'aurais une autre question.

Elle sortit de sa poche un des multiples croquis réalisés il y a quelques années. Dessus, on discernait un homme d'âge moyen, rasé de près, les yeux verts et les cheveux noirs et courts.

- Vous l'avez déjà vu ?

Maeko but une gorgée de rhum. Lampion l'observait fixement.
- Criouuu.
- Oh, navrée mon petit maître. Tenez...

La femme posa son verre à côté du dragonnet pour qu'il puisse boire à son tour, puis elle tourna son regard vers Red et ce portrait.

- Tu en as des questions, ma parole !
Et non, je n'ai jamais vu ce dessin. Il est plutôt bien fait, ceci dit. C'est toi qui l'a réalisé ? Belle utilisation des ombres.

Le dragon buvait. Elle ne connaissait pas l'homme. Personne ne le connaissait. Jamais. Pourtant elle avait du voyager avec son bateau, rencontrer des myriades de gens, entendu des ribambelles d'histoires. Sans jamais qu'une seule parle de l'homme.
Elle rangea le croquis dans sa poche, oubliant la question de Maeko, et perdit son regard dans son verre aux trois quarts plein.

Maeko fronça les sourcils.

- Hé ! Je te fais un compliment sur ton dessin et tu fais la tête ? Certes, ce n'était pas un tableau de maître, mais c'est déjà pas mal. Entraine-toi encore un peu, et tu pourras exposer et vivre de ton art facilement !
- Criouuu ! Cricricioucri, Criouu.

Lampion venait de sortir son nez du verre de rhum. Les yeux du dragonnet brillaient plus que d'ordinaire.

- Huhu... oui, cela t'aiderait à passer de clandestine à passagère lorsque tu voudras prendre le large sur un navire.
A part ça, qui a inspiré ce dessin ?

[Bon, désolé pour le double post, mais je veux faire avancer ce topic. Red, tu peux y revenir quand tu veux. Pour l'heure, si quelqu'un veut prendre la suite, il est le bienvenu]

Maeko soupira, soudain sérieuse devant la clandestine aux cheveux rouges. Celle-ci ne répondait pas, perdue dans ses pensées apparemment. Après plusieurs minutes d'attente, elle fit signe au dragonnet, qui vint se jucher sur son épaule, puis elle prit ses affaires et se leva sans bruit avant de quitter l'auberge/restaurant/tripot/bar.

Elle ne retrouva son éternel sourire malicieux qu'une fois dans la rue. Elle remit son tricorne, avant de murmurer au dragonnet :

- Maintenant qu'on a fait ce voyage d'agrément et vidé la cale, que dirais-tu de voir si le Marikshar est aussi exceptionnel qu'avant ?
- Criouuuu ?
- Exactement, mon petit maître.

Le dragonnet souriait de toutes ses dents, ce qui n'était peut-être pas bon signe.
Riant à moitié, Maeko s'engagea dans la foule en direction des quais.

- Non allé fais pas ça... REVIEEEEEENS!!!!

Le livre fila droit sur la route qui longeait le quai. Alice l'avait prit en chasse et courait comme une dératée. Elle avait besoin de se livre... Indirectement, c'était son amis.

- Je te promet, j’essaierais plus de faire sortir des flammes de tes pages mais cesse donc de fuir.

Alice qui commençait à en avoir marre de courir, sauta sur son bâton. Elle décolla du sol et rattrapa le livre à toute vitesse. Au moment où elle posa la mains dessus, le livre se stoppa net la déséquilibrant de son bâton. Elle fit plusieurs roulé boulé et finis finalement aux pieds d'une grande femme et d'un dragon. Elle se redressa lentement pour se poser sur ses fesses, elle tenait fermement le livre rebelle.

- Ça suffit maintenant ! Tu te calme je t'ai dit que j'étais désolée!

Le livre sembla se calmer, elle posa son menton sur la tranche supérieure et repris son souffle.

- Le haut de la tranche.

Maeko venait de parler comme si elle donnait un conseil utile. Les yeux de Lampion allaient de la jeune fille blonde au livre animé qu'elle tenait. Clignement de paupières, battement de queue, jet de fumée.

- Le haut de la tranche. Gratte le haut de la tranche, puis redescends d'un coup avant de finir par une courbe montante.
Comme ça...

La femme tendit la main jusqu'à la tête du dragonnet perché sur son épaule puis grattouilla du bout du doigt la nuque de ce dernier.
Lampion émit un gazouillis d'appréciation, qui gagna rapidement les aigus lorsque le doigt de la femme descendit le long de sa colonne vertébrale avant de faire un crochet au milieu de son dos.
Le dragonnet se détendit aussitôt, et chuta vers l'avant, droit dans les bras de la femme qui le récupéra avant de le serrer comme une peluche contre sa poitrine. Lampion ronronnait doucement, visiblement incapable de bouger mais parfaitement heureux.

Maeko fit un clin d'oeil à la jeune fille avant de repartir le long des quais, ses bottes claquant contre le sol.

- Ça marche à tous les coups. Bon vent, moussaillon !

Alice qui était perdu dans se pensée n'avait eu qu'une brève idée de ce que la dame avait fait à son dragonet. Cependant elle fit la même sur le Madness Heart. Le livre se détendit d'un coup et se laissa limite retomber raid.

- Je me demande si vous avez aussi un traitement miracle pour les postérieurs endoloris.

Alice tourna ensuite la tête vers Maeko, elle observa le petit dragonnet qui était aparemment complètement hs de plaisir. Puis elle remonta sur le visage de sa conseillère en livres récalcitrants. Elle fut d'abords frappée par sa beautés, Alice se demandait si elle ne venait pas tout simplement de tomber sur un ange, manque de choses, elle n'avait pas d'ailes et elle sentait une magie qui lui était inconnu. Elle décida donc de se relever.

- Heum, merci pour le conseil, je suis Alice Elund, mais mes amis m’appellent Alice.

Son livre s'ouvrit au moment où elle reposa ses yeux sur le dragonnet, aparemment, il était ouvert sur une partie étrange qui racontait l'histoire des dragons.

- Ah beh, je crois que j'aurais même pas le temps de vous demander où vous vous êtes faites un amis comme ça..

Elle tourna le livre vers Maeko pour qu'elle puisse comprendre pourquoi ell evenait de dire ça.