[Terminé]Siffroy Holmes et docteur Béhékine [sp Siffroy et Béhékine]

Béhékine s'amusait beaucoup en vérité.
L'expression candide d'Odéline était tout à fait charmante, et l'air perplexe du vieux Siffroy était très drôle à voir.
Ainsi, elle savait parler aux éléments ET aux animaux ?

- C'est plutôt un don unique que tu as là, jeune fille.

Il comprenait un peu mieux, pourquoi il avait un bon feeling avec elle. Si elle parlait aux éléments, la brume qui le composait devait se sentir bien avec elle, et son Essence aussi par extension.
Tout cela soulevait des hypothèses intéressantes sur le lien psychique qui s'établissait entre son être et l'élément de brume qu'il condensait pour se donner ses incarnations diverses... un lien allait toujours dans les deux sens, après tout...

Le chaton de brume prit un air absent.

Unique c'était le cas de le dire, il n'avait encore jamais entendu parler de gens qui pouvait discuter avec du non-vivant comme le vent. Mais possédait-elle ce don quand elle était arrivée chez lui, un matin frais. Depuis ce jour où elle était tombée sur son canapé, il n'avait pas été capable de remarquer ce qui se passait autour d'elle. Il devrait voir à faire plus attention à ceux qui vivait sous son toit et à ceux qu'il aimait aussi.
Au moins elle n'avait rien.
Anticipant ce qui allait suivre et afin de faire avancer plus vite le débat et leur périple dans cette caverne -C'est qu'ils se aillaient ici et qu'un bon feu dans la cheminée les attendait à la maison- Siffroy, qui connaissait à force la petite lui proposa :

- Odéline si tu veux ramener les kiwis à la maison pourquoi pas mais pas les ours ! Ils ont une maison eux ...

Puis hésitant et s'adressant à l'entité

- Si vous voulez vous joindre à nous pour le dîner ... Je vous invite à ma table.

Odéline fut sensible au compliment de Béhékine qu’elle ne comprit cependant pas.

- Merci, chuchota-t-elle en rosissant.

Elle n’avait manifestement pas été entendue. Siffroy lui proposa de ramener les kiwis chez eux, alors que l’orage se calmait soudainement, et qu’un pan de ciel bleu se montrait. Le visage d’Odéline s’éclaira de façon soudaine.

- Oh oui ! Emmenons-les ! Mais je reviendrai voir les ours, hein, promis ?

Un grognement appuya ses paroles. Les ours avaient l’air de tout à fait la soutenir. Les piaillements des kiwis, eux, exprimaient leur joie de venir vivre avec la gamine et l’ancêtre. Odéline rit.

- Oui, oui, oui, promis je reviendrai, oui, oui, oui, promis vous venez.

Puis elle prit la main de Siffroy, comme une fillette aurait pris la main de son grand père, avec le même naturel, la même absence d’ambigüité quelconque. Puis elle se tourna vers Béhékine.

- Tu viens, hein ?

Elle lui souriait.

Le chaton de Brume se mit à rire sur son petit nuage, sa gueule trop grande étirant son faciès de façon étrange.
Ses yeux pétillèrent lorsqu'il se tourna vers Siffroy.

- Tu peux répéter ? J'ai cru comprendre que tu m'invitais chez toi, mais je dois me tromper.

Taquiner le vieil homme l'amusait beaucoup, surtout maintenant qu'il était soulagé de voir Odéline en sécurité. Et puis, il l'aimait bien ce Siffroy au final.
Souriant toujours, il se tourna vers Odéline :

- Je veux bien venir au moins jusqu'à votre maison. Après, on verra...

Il fit disparaître le nuage lui servant de support et fila d'un bond hors de la caverne, passant au-dessus de la marée de kiwis.
L'éclaircie se confirmait et, même si le vent soufflait toujours assez fort, l'orage semblait bel et bien terminé. L'air était humide, plein d'odeurs réveillées par la pluie.
Béhékine modifia son incarnation pour prendre sa forme favorite ; l'être de brume humanoïde à tête de félin se redressa et observa les environs.

Croc rit alors que sa proposition avait à peine franchit ses lèvres, et un chat qui rit ça a vraiment une sale trogne. Le vieil homme leva un sourcil alors que la bête ne semblait pas le croire. Siffroy émit un grognement résigné. Maintenant qu'il l'avait proposé, il ne pouvait qu'acquiescer et peut-être s'en mordre les doigts. Croc l'avait aidé mais au final, après réflexion et moquerie de sa part, il ne pouvait savoir ce qu'il était.

Il grommela dans sa moustache le fait que si on le cherchait, on finirait par le trouver.

Le chaton sauta hors de la caverne d'un bond immense alors que le vieil homme, tenant Odéline par la main, devait se frayer un chemin entre les kiwis qui formaient des remous derrière eux en commençant à les suivre après leur passage. Après quelques minutes de bataille pour n'en écraser aucun, et ramasser les quelques emplumés déplumés blessés par leurs petits camarades dans la cavalcade, ils arrivèrent à l'entrée. Dehors, le temps s'était bien calmé en si peu de temps. La petite bête était devenu grosse avant qu'ils arrivent jusqu'au début de l'antre.
Siffroy leva l'autre sourcil cette fois ci, d'étonnement.

- Rentrons alors.


Il s'engagea sur le chemin du retour

Odéline était très contente que son ami vienne chez eux. Elle souriait tout le temps un peu bêtement, du coup. Tenant fort la main de Siffroy, elle se fraya avec lui un système parmi les kiwis, avant de sortir de la caverne en disant au revoir à ses copains ours.
Ils avancèrent tous les trois au milieu des Plaines. Elle babillait entre eux et plusieurs sujets furent abordés. Sa petite voix l’aidait bien de temps en temps, et sa naturelle candeur l’empêchait de percevoir l’ironie et les piques dans les répliques de Siffroy et de Béhékine. Une fois arrivés dans la maison, qu’elle trouvait bien triste sans toutes les fleurs, elle se mit à presque sautiller. L’armée de kiwis l’imita. Il y avait une mer verte sur le sol de leur salon.

- Sifrooooooooooy …. Tu peux leur faire une maison, ou au moins les amener dans le jardin, et les nourrir ? Moi je vais vous faire du thé, et je vais faire un gratin, avec de la viande pour le repas.

Et elle fila à la cuisine. Moins d’une minute plus tard, sa tête repassa la porte.

- Euh dites … Vous aimez tous le thé et les gratins de tubercules et la viande siffleur hachée, hein ?

Elle avait l’air très préoccupée par cette question d’une importance extrême.

Béhékine flottait comme un spectre au milieu du salon, en silence, et se contentait d'observer la décoration de la maison. Il avait épuisé son stock de piques à lancer à Siffroy pendant le trajet, mais travaillait tranquillement à refaire des munitions.
Le comportement d'Odéline, métamorphosée en maîtresse de maison, le fit sourire.

- Si le thé est bien chaud et fumant, ça m'ira très bien, merci Odéline.

Il ne pourrait pas faire honneur aux autres plats. Enfin...
Il pouvait manger de la nourriture solide, mais au prix d'un effort qui ne valait généralement pas l'énergie regagnée par l'absorption des aliments. Surtout la nourriture "inerte"...
Du coup, il préférait éviter.

Regardant d'un oeil la marée grouillante de kiwis qui tentaient de tout picorer, voir et explorer en même temps dans la pièce, il demanda à Siffroy :

- Cette tempête était plutôt impressionnante... avec ton grand âge, tu as déjà vu un orage pareil dans le coin ?

Bon, ce n'était pas la meilleure pique du monde, mais il fallait bien démarrer quelque part.

Odéline demanda au vieil homme de ranger les kiwis dans le jardin alors qu'elle allait cuisiner pour eux. Se grattant pensivement la moustache, il ne savait pas trop comment faire pour faire glisser cette armée hors de sa maison. Béhékine lui envoya une pique. 
Essayant de pousser les kiwis à la main, ils étaient tellement nombreux qu'ils se poussaient entre eux hos des paluches de Siffroy. Evitant de prendre la mouche, il préféra la jouer fine.

- Et toi d'ailleurs ? Quel âge tu as ? 


Il sourit de dessous sa moustache et attrapa un balai pour pousser les kiwis vers la porte arrière du jardin.

[J'vous laisse faire mumuse, je reviens quand j'ai fini le thé, puis je re-disparaîtrai et reviendrai quand le repas sera prêt !^^]

- J'ai neuf cent soixante-treize ans, mais le compte n'est peut-être pas bon.

Béhékine s'examinait une griffe pourtant faite de brume, en observant Siffroy tenter d'évacuer les kiwis à coups de balai. L'Esprit de Brume aurait certainement pu l'aider, en créant un toboggan de brouillard pour les petits volatiles, mais voir le vieil homme se démener avec le balai était bien trop amusant.

- Tu ne m'as pas répondu. Les tempêtes de ce genre, c'est fréquent dans la région ?

Il rit doucement lorsque l'entité de brume lui révéla son âge, quelques brouettes en plus ou en moins. On commençait à voir le plancher chez lui de nouveau, alors que les kiwis sortaient petit à petit. Plancher couvert de fientes d'ailleurs, ces saletés allaient lui pourrir sa maison à ce rythme, heureusement qu'il avait un grand jardin.

- Honnêtement, sur Minos ça arrive de temps en temps. Mais pas avec cette ampleur. En général c'est une erreur de magiciens qui veulent garder une météo au beau fixe et qui déraillent dans leur formule ...


Il ferma la porte derrière les kiwis et vérifia qu'ils ne venaient pas gratter à sa porte de risque de l'abîmer. Puis il retourna s'asseoir, le ménage du sol se ferait plus tard ! Il étais crevé !

L'Esprit de Brume en resta sans voix.
Que l'on cherche à modifier le climat pour son petit plaisir relevait d'une arrogance telle qu'elle en devenait presque comique.
Presque.
C'était surtout déplorable en fait. S'il mettait la main sur les individus qui s'amusaient à faire ce genre de choses...

- Hmmm... tu n'as pas l'air dans ton assiette. Je gage que tu es loin de m'égaler niveau nombre d'années, mais il me semble bien mieux tenir la forme que toi !

S'amusant à fond de la situation, Béhékine fit une petite pirouette aérienne.

- C'est Odéline qui te fait cet effet là ?

S'affalant sur sa chaise, il soupira alors que Béhékine lui envoyait ce qui aurait pût être une autre pique, il n'en était pas sûr, ça pouvait tout autant être juste une remarque car c'était vrai. Siffroy avait beau être bien plus jeune que l'être étrange, il se sentait fatigué. C'était l'inconvénient d'avoir une courte espérance de vie. Il pouvait s'estimer heureux, la plupart des Aniformus mourraient bien plus tôt que ça de mort violente.

- Aaaah oui mais toi tu triches mon chaton !

Le long du chemin pour rentrer, il avait commencé à se prendre au jeu des piques. C'était plutôt amusant, ça faisait un moment qu'il n'avait pas bavassé un moment avec une personne aussi vive d'esprit, la plupart de ses amis étaient des vieux croulants et des Minosiens tout doux.

- Qui sait pour la petite d'ailleurs ça se passe bien en cuisine ?

La fin de sa phrase avait été presque criée pour atteindre les oreilles d'Odéline

Siffroy criait manifestement en sa direction.

-Oui, oui ! Impatient, le thé n’est pas prêt ! Encore au moins cinq minutes !

Elle rit en disant ces mots. Elle aussi avait crié, pour que ses mots les atteignent.
La bouilloire se mit à siffler doucement. Il fallait attendre encore un peu avant que l’eau ne soit assez chaude pour être versée sur les feuilles de thé bleu aux baies roses qui attendait dans la théière. Un peu amer, il allait avec du sucré comme du salé, et c’était e qu’aimait Odéline avec cette boisson. Sur une assiette, elle disposa de quoi grignoter en un ensemble harmonieux jouant avec les couleurs et les formes. Puis elle versa l’eau chaude sur les feuilles, remit le capuchon et attendit en se remettant à éplucher ses légumes, tranquillement, chantonnant.

- Tricher ? Pas vraiment. J'existe juste à un autre niveau. Et j'ai passé un ou deux siècles en état de stase, donc mon âge se retrouve faussé.

Il pouvait faire moins de choses que les êtres de chair aussi, car il était limité par l'énergie de son Essence. C'était surtout gênant pendant les orages par exemple...
L'Esprit de Brume cessa un instant de cabrioler dans les airs pour prendre une position assise.

- Mais ce n'est pas important. Tu es donc un Aniformus ? De quel animal, si je puis me permettre ? Je n'ai pas reconnu la corne qui t'es sortie du bras pendant l'orage.

La petite lui répondit en criant presque aussi fort que lui. Pas prêt malheureusement, une faim de loup lui tiraillait l'estomac et il espérait qu'Odéline ne préparait pas quelque chose de trop long à mijoter. Actuellement il aurait pu manger n'importe quoi, même de la nourriture pour chien.

- Pas important, moi j'aimerai bien tenir aussi longtemps que toi ! Enfin bref, oui Aniformus pour répondre à ta question, je suis un poisson je te laisse deviner ô vénérable manitou.
Et toi si ce n'estp as trop indiscret, t'es quoi exactement ?

Le dialogue crié entre Siffroy et Odéline l'avait fait sourire.
Mais la réponse du vieil homme fit briller ses yeux de malice :

- Un poisson hein ? C'est assez facile à deviner, car peu de poissons possèdent une corne. Et ce n'est pas un poisson d'ailleurs. Doit-on t'appeler grand-père Narval ?

Sur la question de sa nature, il retrouva un peu de sérieux, mais prit le temps de créer une sphère de brouillard entre ses mains pour jouer avec, comme un chat avec une pelote de laine, avant de répondre d'un ton nonchalant :

- Je suis la Brume. Ou plutôt un vieux fantôme qui n'a que cet élément pour exister. C'est pratique, sauf lors des orages.

Les yeux de chat s'illuminèrent de malice un bref instant. Et un bref instant fut juste ce qui suffit à l'être de brume pour trouver la réponse à une pseudo-devinette qui ne lui paraissait pas si simple. Sur ce coup là il avait été mouché. Le vieil homme laissa échapper un tranquille rire.
Il était la Brume ? Si peu ! Ah non un esprit qui s'en servait pour faire partie du monde des vivants. C'était moins haut perché déjà.
Frottant sa moustache alors que celui d'en face jouait avec sa balle de brume, il éternua.

- C'est rigolo, maintenant que je sais ce que tu es, je sais plus trop quoi dire.

La bouilloire sifflante, Odéline y avait mis le thé, tout en continuant à préparer le repas, pelant et coupant les patates, mettant la viande à température ambiante, et faisant le mélange de crème et d’épices servant à lier la purée. Lorsqu’elle jugea que le thé était prêt, elle enleva les feuilles, et disposa sur un plateau trois tasses avec soucoupes, qu’elle remplit, du suce et une cuillère, deux toutes peites cuillères et une assiettes avec des petits gâteaux sucrés et salés dessus. Chantonnant, elle attrapa le plateau, et l’apporta dans le salon, le posant entre Siffroy et Béhékine.

- Et voilà messieurs, le thé est servi !

Un grand sourire illuminait son visage poupin.

- Je vais terminer de préparer les patates, et dès que j’ai fini de couper la viande, je vous rejoins le temps que cuiront les légumes. Pas de bêtises, hein !

Puis elle s’éclipsa de nouveau.
Elle ne cessait de s’activer en cuisine, et lorsque les tubercules furent plongées dans l’eau bouillante, elle se mit à découper très fin la viande.

Béhékine laissa le silence s'installer entre lui et Siffroy.
Il l'aimait bien ce vieil homme, décidément. Rencontrer des gens qui ne le bombardait pas de questions - avec parfois une soif de pouvoir non dissimulée - après qu'il ait un peu parlé de sa nature et de ses talents... c'était assez rare, et très agréable.
En fait, à part Siffroy et Odéline... il n'avait pas souvenir d'avoir croisé beaucoup de monde dans ce cas-là.
Deux ou trois autres visages lui revinrent en mémoire, mais la jeune maîtresse de maison apporta le thé avant qu'il se perde dans ses souvenirs.

La vue des gâteaux le fit sourire.
Aussi bons soient-ils, il laisserait volontiers les pâtisseries à Siffroy et Odéline. Les miettes, c'était pas bon pour son Essence - ça grattait...
En revanche, il prendrait volontiers du thé.
Dissipant la sphère avec laquelle il jouait, le Démon de Brume se saisit d'une tasse et s'assit dans les airs, plaçant sa deuxième main vaporeuse au-dessus du liquide chaud pour capter la fumée qui s'en dégageait.

- Qu'a-t-elle voulu dire, par "pas de bêtises", d'après toi ?

Alors que les mots "pas de bêtises" résonnaient deux fois de suite dans la maison, ce qui devait se produire arriva. par la force du destin, l'appel au conneries prononcé par Odéline et reprit par Béhékine aussi peu de temps après avait altéré ce qui aurait dû se passer dans leur vie.
Un énorme bruit se fit entendre alors que la porte de l'arrière-court s'écroulait, renversée par les kiwis qui, en se massant, avaient réussi à la dégonder. L'armée de piafs se ruèrent à l'intérieur une nouvelle fois, salissant deux fois plus le sol. Trop dépité pour sortir un "Sûrement ça" en réponse à l'être de brume, Siffroy regarda juste le carnage se déroulant sous ses yeux. Et encore ! Heureusement qu'ils ne pouvaient pas voler ! Il avait à peine commencé à penser ceci qu'en s'aidant d'une cuillère, un kiwi en lança un autre devant ses yeux. Le projectile emplumé brisa, dans une armoire, une lampe qu'il avait trouvé dans une exploration par le passé. Les débris en tombant par terre firent un énorme "Schlouf" alors qu'une vapeur verdatre, nauséabonde, s'enroulait en une forme étrange dans la pièce. Un étrange être formé de d'une brume malsaine se leva et s'étira, renversant un meuble à sa gauche.

- Mortels ! Je suis Théophile le génie et vous avez droit à trois voeux au total ! Faites votre choix maintenant ou je mange tous vos chapeaux !

[Qu'est-ce que putain de quoi ? ]

C'était un joli chaos, ça pour sûr.
Béhékine prit un peu de hauteur pour éviter la vague de kiwis et sauver au moins sa tasse de thé, finissant par flotter près du plafond. L'air dépité de Siffroy l'amusa beaucoup, sans lui donner l'envie d'intervenir pour autant !
Et il ne parlait pas le kiwi, après tout.
De ce qu'il comprenait du comportement des volatiles, ils cherchaient seulement de la compagnie, même si leur nombre finissait par les rendre dangereux pour les cibles de leur affection... et aussi pour le mobilier, visiblement.

Un kiwi apprit momentanément à voler, une lampe fut brisée, et un génie apparut.
Béhékine observa la scène en se retenant de rire, mais finit par ne plus résister à son envie de "foutre la merde" comme il le disait en termes techniques :

- Salutations, cousin ! Belle entrée. Par contre, ton explication manque de clarté ; est-ce que tu exauces trois voeux pour l'ensemble des personnes présentes, ou bien est-ce trois voeux pour chaque personne présente ? Et si les gens n'ont pas de chapeau, que feras-tu ?

Comme il ne se considérait pas comme un mortel, il ne se comptait pas dans ceux concernés par les affaires du génie.
Il tourna son faciès goguenard vers Siffroy :

- Tu ne nous a pas dit que tu avais ça dans tes affaires ! Une lampe à génie ! C'est affreusement barbare !

A peine retournée dans la cuisine, Odéline entendit un grand fracas et une énorme excitation de kiwis. Elle lui demanda de se calmer, mas ils ne l’entendirent pas du tout. C’est lorsque la pièce se mit à sentir très fort, très mauvais que la jeune fille s’alarma u  peu, et armée d’un balai, elle abandonna son diner en râlant quelque peu. Une voix se mit à résonner dans la pièce, et lorsqu’elle entra, Béhékine au plafond semblait parler à un truc vert puant à chapeau sorti de la marée grouillante de kiwis. Quel bazar !

- J’avais dit pas de bêtises ! Les kiwis,  au coin ! Tous ! Entassés jusqu’au plafond ! C’est pas bien ! Méchants !

Elle rougissait et semblait vraiment agacée. Alors que les kiwis malheureux allaient s’entasser e piaillant, elle attrapa une nouvelle tasse qu’elle remplit avec humeur avant de la coller dans les mains de l’esprit.

- Plus tard vous aurez des câlins, quand vous serez sages ! Bon, et vous là, faudrait passer à la douche, parce que vous sentez pas très bon. Et poussez-vous que je ramasse les débris. Allez, ouste ! Bouh là là !

L’esprit semblait un poil étonné de voir ce petit bout blond agacé lui donner des ordres et se tut. Passant le balai elle ramassa ce qui était cassé, dont la lampe, ne se rendant pas compte qu’elle le déplaçait avec, tout en continuant à bougonner.

- Bon vous deux-là, hein, je vous avais dit pas de bêtises, vous auriez pas pu boire votre thé tranquillement, non ? Incorrigibles … Mes patates vont accrocher avec ça, vous allez voir, ça va être pas bon ! ET puis les kiwis hein, fallait les fermer, zut ! Quel bazar, quel bazar … Il faut les gronder, les kiwis, hein, faut pas les laisser faire ! ET puis moi j’ai pas de chapeau, j’aime pas trop les chapeaux, ça gratte et tout …

Ce faisant, elle mit dans la poubelle extérieure, sans se rendre compte qu’elle virait l’esprit avec les débris, ferma la porte, et se retourna vers la pièce, de nouveau souriante, alors que tout était rangé. Son sourire s’évanouit, cédant à un intense étonnement.

- Mais, mais … Il est où, le truc vert ?

En voyant Odéline pousser les débris de la lampe à coup de balais et le génie un peu spéchial suivre sans pouvoir réagir, Siffroy, dont les nerfs commençaient à lâcher après toutes ces péripéties dans la journée, éclata de rire. Alors qu'Odéline se demandait ou était passé le truc vert, il s'approcha d'elle et la prit dans ses bras pour un moment de tendresse sûrement pas forcément attendu.

(lel)