[Terminé][Flash-back] Au nom du père [Dame Fortune]

Revenons à une autre époque. A une époque qui peut sembler proche de nous mais qui est pourtant si lointaine. Mais d'abord, replaçons nous dans le contexte : nous sommes à Cruor, il y a 113 ans de ça. La royauté n'a jamais été aussi dénigrée par le peuple et c'est le marché noir qui règne en maître dans les quartiers de la capitale. A sa tête, nous retrouvons Eon Eksezkiel, homme craint et redouté dont la réputation sombre n'est pas une légende. Son travail et son acharnement avaient rendu sa famille richissime qui, a ce moment de l'histoire, vivait sans doute son âge d'or.
C'est dans cet univers-là que nous retrouvons Isaac, alors âgé de quinze ans. Pas très grand à l'époque, ne faisant qu'un mètre 80 (eh, ce n'est rien quand on connaît sa taille définitive !), il avait encore un visage juvénile et un corps fin, presque maigre. Ses cheveux étaient courts, ne dépassant pas le haut de sa nuque. On le qualifiait alors d'adolescent hyperactif, direct et parfois agressif mais néanmoins de compagnie agréable, malgré un travail...Ingrat. Fils adoptif d'Eon, il travaillait pour ce dernier en tant que tueur à gages. Mais ce n'était pas le meurtre qui l’intéressait le plus. Sa véritable passion se trouvait dans tout ce qui touchait à la culture, que ce soit les sciences, la littérature...dès qu'il avait du temps libre, il se plongeait dans des recherches bien complexes pour un garçon de son âge.

Vraiment, ce Isaac là n'a rien à voir avec celui que vous connaissiez. Bien sûr, il n'était pas un saint et il était loin de la perfection. Néanmoins, il avait un certain respect pour l'humanité qui l'entourait et il menait une vie assez simple, loin du palais des Eksezkiel. Il n'y avait jamais vécu, pas même dans les premières années de sa vie. Il avait vécu chez une nourrice et, maintenant qu'on l'avait jugé assez adulte, cela faisait un an qu'Eon lui avait acheté une maison à Cruor. Il y menait une vie...Probablement normale. Si l'on pouvait considérer que le fait de n'avoir jamais reçu d'affection de qui que soit et de tuer des gens environ trois fois par semaine était normal. Pourtant, loin de ces considérations sur sa vie, ce n'était pas cela qui le préoccupait le plus. Alors que ses meurtres hebdomadaires auraient dû le secouer plus que cela, sa principale préoccupation concernait ses parents.

Alors qu'il passait la plupart de son temps libre à résoudre des énigmes scientifiques, ce qui n'aurait certainement pas amusé n'importe quel autre adolescent, le plus grand mystère de sa courte vie restait de ne pas connaître ses ancêtres, ce qui le rongeait. Il avait cherché, fouillé, disséqué les moindres archives qui existaient à Rhadamante et rien. Il n'avait rien trouvé qui aurait pu lui indiquer de quelle famille il venait. Et il le vivait mal.
Assis sur un muret à la bordure de Cruor, Isaac étudiait des livres sur la génétiques, qu'il annotait de ses propres observations. Même quand il tentait de se concentrer sur autre chose, il revenait toujours à se questionner sur ses parents. Ses jambes battaient dans le vide. Il entendait un groupe d'enfants jouer non loin de lui. Cela aurait presque pu être beau. Mais on était à Cruor. Le temps était lourd, les trottoirs sales et défoncés et les maisons sales et abîmés. Une vieille peinture écaillée s'effritait de la plupart des murs. Ce n'était pas beau, c'était un avant-goût de l'enfer.

« Si quelqu'un pouvait m'aider à y voir plus clair dans cet enfer... » soupira Isaac, en tournant nonchalamment une page de son livre. L'enfer, ce n'était pas tant la capitale que l'énigme que lui posait ses parents depuis de trop nombreuses années.

Comme il semblerait que nous devions replacer le contexte pour que la populace comprenne ce qui se passe, nous sommes en effet 113 ans dans le passé. A ce moment Dame, notre héros androgyne aux allures de mannequine est exactement comme aujourd'hui ! Aucune différence n'est présente chez Monsieur Fortune entre il y a 113 ans et aujourd'hui, comme entre plusieurs siècles auparavant et maintenant.
De son côté de la porte, le télépathe à accès à quasiment toutes les informations sur le monde dans lequel vit la population habituelle(ou pas) des gens habituels (ou pas) d'Elysion. Sans sortir de sa Bibliothèque, il sait qu'une nouvelle reine de Minos viens d'être sacrée selon les traditions antiques du continent et ce sans accros. Il sait que les dirigeants d'Eaque se portent bien et que le tyran à la tête de Rhadamanthe passe le plus clair de son temps à engrosser ses multiples femmes. Il sait que le vent souffle sur les plaines de la Breta- Enéides toujours venant des quatre directions à la fois jusqu'à une sorte d'oeil du cyclone au centre des Plaines où aucun son ne rentre. Il sait que le monde connaît des heures lumineuses sans rien pour venir déranger les Elyséens.

Assis bien tranquillement au fond de son fauteuil en cuir bordeaux où il s'enfonce presque jusqu'au ventre, ses lunettes sur le nez, Dame feuillette un bouquin sur une femme. Scientifique de renom aujourd'hui morte qui publiait autrefois sur la génétique. Le bibliothécaire ne lit et ne lira probablement jamais ses travaux, il lit uniquement sa vie. Une vie normale, bien remplie mais normale : Charlotte Nirdaw s'était découvert très tard dans sa vie une passion pour l'évolution des différentes espèces d'Elysion, allant des humanoïdes jusqu'aux plantes en passant par les animaux. Dame laissa échappe un éclat de rire sur la partie à propos de sa vie amoureuse qui était vrai-.

Un tremblement léger se fit sentir sur le petit salon au coeur de la Bibliothèque où il était installé, les étagères vacillèrent pendant une seconde. L'homme aux cheveux roses se releva rapidement au signal que lui envoyait le "bâtiment" et tourna la tête, cherchant du regard la Porte qui mènerait un Invité ici. Rien à gauche. En revenant, ses yeux s'arrêtèrent à leur point de départ où elle se dressait. Assez grande, la porte était ornée de décorations simple et d'une poignée d'or sur du bois noir. Dame tendit la main vers la babiole dorée et la tourna pour ouvrir la porte su le mur extérieur d'une maison en ruine juste en face d'un homme filiforme assis sur un muret.

- Je peux vous aider ?

Alors qu'il s'apprêtait à tourner une page de son livre, Isaac manqua de tomber à la renverse. Par réflexe, il s'accrocha à son perchoir improvisé. La terre semblait être secouée d'un spasme étrange, comme si quelque chose allait en sortir alors qu'il n'aurait pas du. Un tremblement de terre ? Il tourna rapidement la tête : non. Le phénomène ne semblait se produire qu'en dessous de ses pieds. Un nuage de poussière commença à apparaître, Isaac se mit à tousser en cherchant à se protéger les yeux. Il entendit les enfants crier et courir. Sans doute étaient-ils entrain de s'enfuir. Il aurait peut-être du faire pareil. Mais à l'heure actuelle, il tentait plutôt d'éviter toute chute du haut de son muret. Finalement, les vibrations se calmèrent et le nuage se dissipa lentement. Cela avait été rapide. Isaac ouvrit les yeux.

C'est un geyser ? C'est un volcan ? Non ! C'est...
C'est...
C'est quoi, d'ailleurs ?!

Une sorte de petite maison sans fenêtres et avec une porte imposante en bois noir se tenait devant lui . Il ne comprenait rien. Qu'est-ce qu'il se passait ? Pourquoi y avait-il ce...bâtiment devant lui ? Le jeune homme eut un léger sursaut en voyant la poignée, en or s'il vous plaît, tourner et la porte s'ouvrir. Se préparant à sauter à la gorge de la première menace venue. Mais, au final, aucune menace ne pointa le bout de son nez. Dans un premier temps, il aperçut des cheveux roses (oui, oui) et un visage assez fin. Sur le coup, il se sentait bien embêté car il aurait été bien incapable de dire s'il était face à un homme ou une femme. Cette...personne se tourna vers lui et lui demanda si elle pouvait l'aider. Isaac était perplexe. En effet ce n'est pas tous les jours qu'une personne aux cheveux roses sortie de nulle part apparaissait devant lui et lui proposait son aide. Non, vraiment, c'était peu commun comme situation. Sans attendre plus longtemps, l'Arma sauta de son muret et se rapprocha prudemment de cet inconnu(e).

« Euh...Je ne sais pas... » dit Isaac.
Il fronça les sourcils, signe qu'il réfléchissait. Il ne savait pas trop quoi faire. Si ça se trouve, il était face à un tueur en série à la hache. Néanmoins, cette personne semblait assez fine et longiligne. Il s'agissait donc sûrement d'un homme...Ou d'une femme peu gâtée par la nature, en fait, il n'était pas plus avancé.
« Et...Qui êtes-vous, d'abord ? »

Il se préparait à bondir au moindre signe d'hostilité.

L’androgyne tomba sur un type qui lisait et ne semblait aucunement en proie au malheur et cherchant ce qui le mènerait vers sa destinée. En plus de quoi cet homme ne savait pas qui il était ! Certes peu de gens le connaissaient avant de le rencontrer mais aujourd’hui il se sentait d’une humeur peu amène. Et puis d’abord si il avait envie, il étais pas obligé d’être gentil quand on était pas poli avec lui ! Encore un type qui allait le prendre pour une femme !

Si il s’était écouté sur cet instant seul il aurait soufflé et lui aurait fermé la porte au nez, en attendant que la Bibliothèque s’efface de son champ de vision ! Alors il se serait remis tranquillement à sa lecture fort intéressante au final. Il aurait attendu quelques heures et si cet homme en face de lui avait été vraiment à la recherche de quelque chose, il serait revenu, forcé par une entité supérieure dont il ne connaissait pas le pourquoi ni le comment. Et il l’aurait aidé !
Alors Dame Fortune souffla …
Et le temps qu’il pense à tout ça, l’envie de claquer la porte avait plus ou moins disparue de son esprit.

Il sourit en se présentant.

Je suis Fortune, je suis là pour vous aider à trouver quelque chose que vous cherchez.

Dame se doutait qu’il devrait joindre le geste à la parole, pour démontrer son explication, il l’invita de la main à entrer par la grande porte. Non Dame Fortune n’est pas un pédophile qui attend les enfants à la sortie de l’école avec des bonbons !

Isaac écarquilla les yeux. LE Fortune ? Un jour, dans la bibliothèque des Eksezkiel, il était tombé sur un livre parlant de Dame Fortune. On le décrivait comme un être surpuissant qui savait tout sur tout le monde et qui pouvait se déplacer dans toutes les époques possibles. Néanmoins, cette histoire sonnait plus comme une légende que comme une réalité. Pourtant, la personne qui se tenait en face de lui semblait bien réelle. D'un coup, l'adolescent se sentait beaucoup plus impressionné. S'il s'agissait bel et bien du Dame Fortune de la légende, il se trouvait face à une des entités les plus puissantes d'Elysion. Et cette entité lui proposait son aide ! A lui, qui n'était sans doute pas venu au monde pour accomplir quoi que ce soit d'assez grandiose pour attirer l'attention d'une personne aussi importante.

« Je suis Isaac Eksezkiel. Êtes-vous bien le Fortune dont parlent les légendes ? »

En même temps qu'il disait cela, il entra dans l'étrange cabine...Qui était une bibliothèque. Une immense bibliothèque. Sur les tranches des livres étaient écrits des noms et des prénoms. Son insatiable curiosité lui donnait envie d'ouvrir chacun des livres pour en lire quelques pages mais il ne pouvait pas se permettre une telle chose, à son grand regret. Un étrange sentiment de familiarité l'envahit...Comme s'il était déjà venu ici...Ce qui était totalement impossible, il se serait quand même souvenu d'avoir mis les pieds dans un endroit pareil. Mais il allait peut-être enfin pouvoir connaître l'identité de ses parents ! Cela l'aurait soulagé d'un poids immense. Passant sa main dans ses cheveux, il arrêta de balayer la pièce du regard pour se concentrer sur son singulier interlocuteur.

« Eh bien, j'aimerais connaître l'identité de mes parents. Pensez-vous pouvoir m'aider là-dessus ? »

Il n'en doutait pas un seul instant. Et même s'il n'aurait pas été surpris d'apprendre que son père était un voleur et sa mère une fille de joie, il avait ce besoin viscéral de savoir.

Cet homme à qui il venait de proposer d'entrer sembla prêt à tomber à la renverse en entendant son nom, ou presque, en tout cas ses yeux s'écarquillèrent tout du moins. Alors qu'il demandait à Dame s'il était vraiment la personne qu'il prétendait être, il s'avança dans la bibliothèque en quelques pas. Il était rare qu'une personne entre ici en sachant où il mettait les pieds, ça en faisait d'ailleurs hésiter plus d'un. Comment un homme aussi jeune avait pu savoir qui il était, ça c'était un mystère mais toute information pouvait arriver aux oreilles de n'importe quelle personne, ça il ne le savait que trop bien.

A peine était-il entré que ses yeux semblèrent s'allumer comme des torches à la vue des livres. Un léger sourire courba le coin des lèvres de l'androgyne. De la même façon que peu de gens le connaissaient, peu de personnes semblaient aussi intéressées par les livres que lui et par la vie des autres ici par extension. Sûrement un grand humaniste en devenir ! Les images qui flottaient doucement aux alentours de son corps et visibles uniquement aux yeux de Dame indiquaient un lien futur avec la royauté. La mort aussi. Pour lui ou d'autres ça il ne pouvait pas le deviner. La seule chose dont il pouvait être sûr était due à la teinte de ces apparitions: Ternes, presque grises pour certaines.

« Eh bien, j'aimerais connaître l'identité de mes parents. Pensez-vous pouvoir m'aider là-dessus ? »

La traînée de couleur rose vive s'imprima sur ses rétines, voletant entre les rayons pour se diriger vers le ou les livres dont avait besoin cet homme. Sans cette traînée il ne pouvait trouver ce que les gens cherchaient. Il ne savait pas par quel phénomène elle lui apparaissait mais elle était là.

- Je suis bien Dame Fortune oui, je n'ai rien pour te le prouver mis à part ma parole et cette bibliothèque malheureusement. Pour ce qui est de ton passé, je peux te mener tout de suite à ce que tu veux...

Il lui adressa un sourire aimable et lui fit signe de le suivre en s'engageant entre les rayons de l'immense édifice. En passant devant lui, il lui effleura le bras, un rituel qu'il pratiquait avec toute personne entrant chez lui afin de leur signifier qu'ils étaient les bienvenus et qu'ils n'avaient pas à s'en faire. Le contact avec sa peau semblant en général apaiser les esprits. Lorsqu'il fit ceci, une image de plus sauta à ses yeux dans le futur proche du garçon, l'apaisement que pouvais provoquer son toucher ne serait que de courte durée.
Sur ce, il s'enfoncèrent tout deux dans les couloirs de la bibliothèque, dans un silence quasi religieux, ils avançaient doucement mais sûrement, l'un suivant un Fil d'Arianne qui détruirait la vit de l'autre qui suivait cet un. Etrangement, ils allèrent de plus en plus profond entre les rayonnages, commençant à soulever sous leurs pieds de petits nuages de poussière quand ils marchaient. Les livres étaient pourtant habituellement rangés en fonction de l'époque à laquelle la personne était née. Ils avaient pourtant parfois tendance à ne pas être à leur place.
L'étrange indicateur, par ses circonvolutions que le livre serait en plus en hauteur. Après un moment de marche qui parut des millénaires, ils arrivèrent au coin d'une étagère ou reposait une échelle, juste au bon endroit au bon moment. Dame la fit glisser jusqu'à l'emplacement désiré désigné et y monta en quelques mouvements rapides, l'échelle était dans un état parfait, sans une écharde qui dépasse. Avec douceur il attrapa le livre poussiéreux qui se trouvait à quelques mètres du sol et l'épousseta gentiement avant de redescendre comme il était monté, sûrement.
Il tendit l'arme du crime à Isaac

Le jeune Isaac suivit Dame Fortune d'un pas incertain, vu qu'il tentait de lire ce qui était marqué sur la tranche de chaque livre qu'il pouvait voir. Mais le pas de l'androgyne était rapide alors il n'avait le temps que de lire quelques lettres. La bibliothèque paraissait encore plus immense maintenant qu'ils s'enfonçaient dans ses profondeurs. Les livres semblaient se vieillir au fur et à mesure qu'ils avançaient et cela l'étonna. Pourquoi le livre le concernant serait-il aussi loin ? Il n'était pas si vieux que ça. Mais, voyant que Dame Fortune ne semblait pas s'en affoler, il ne s' en inquiéta pas non plus.

Finalement, le maitre de la bibliothèque s'arrêta et monta à une échelle. Isaac attendit patiemment. Comment faisait-il pour se repérer aussi facilement ? Il y avait tellement de rayonnages ! Dame Fortune lui tendit un livre, vieilli également, avec son nom écrit finement sur la couverture. Il souffla pour enlever la poussière. Et il regarda la première page, les mains fébriles. Ainsi il tenait enfin la vérité entre ses mains...littéralement.

Isaac Eksezkiel est né de l'union du réprouvé serviteur de l'Ombre nommé Hölle et d'une fille de joie nommée...

L'adolescent referma brusquement le livre, aussi rapidement qu'il l'avait ouvert. Son teint était livide. Il leva son visage vers Dame Fortune, son regard durci par la violence de cette nouvelle.

« Il doit y avoir une erreur. Ce livre se trompe. Essayez d'en chercher un autre. Il y en a forcément un autre.  »

Le jeune homme, ou peut-être pas si jeune que ça vu la place de sa vie dans les rayonnages de la complexe bibliothèque, releva des yeux tranchant comme des lames vers lui après avoir simplement lu la première ligne. Le bouquin dans le même mouvement fut refermé d'une façon si abrupte qu'elle fit frissonner Dame Fortune, comment pouvait-on manier un livre ainsi ?
Par réflexe et pure gentillesse, l'androgyne tendit la main vers l'homme crispé qu'il avait en face de lui. Il doutait que son toucher, si apaisant soit-il, pourrait calmer l'orage fulminant dans le crâne de cette personne. Sa main s'approcha tout de même inexorablement mais s'arrêta tout de même. Fortune leva un sourcil, le futur qu'il voyait chez cette homme à son entrée, en images au dessus de sa tête, était en train de se disloquer. Vu ce qu'il voyait, le toucher ne servirait à rien: son bras revint en arrière et la main finit son chemin sur le côté de son possesseur. Il apercevait quelques atrocités mais rien de pire que ce qu'il avait déjà vu dans le futur de cet adolescent. Mais aussi des flammes qui auréolaient ses tempes et son torse, au niveau du coeur essentiellement.

-Ce qui était restera gravé dans le marbre, ta vie n'a pas été assez fournie pour que deux livres te soient dédiés et il n'y en a qu'un seul. Je vois le lien entre toi et cet écrit de ta vie, ce ne peut être que le tien. Je m'excuse si cela te déplaît.

Dame Fortune inclina doucement la tête, en signe d'excuse pour lui avoir montré un passé qui le blessait. Des excuses sincères. Puis il se replaça et lui rendit un regard empli de son calme naturel, contrastant avec celui de son compagnon de fortune.

Isaac entendit bien les excuses de Fortune mais ne les écouta pas. Il retenait seulement que ce livre disait la vérité et que cette vérité existerait toujours. Alors était-il donc le fils d'un monstre aussi innommable qu'un réprouvé ? Comment pourrait-il encaisser une telle nouvelle ? Clairement il ne pouvait pas. Il connaissait assez bien l'histoire d'Elysion pour savoir les atrocités que ces créatures avaient été capables.

En état de choc, le jeune homme envoya un regard fou à Dame Fortune. Il ne réfléchissait plus. Il eut envie d'étrangler ce bibliothécaire, responsable indirect de cette vérité qui allait détruire sa vie. Alors il lui sauta dessus. Ou du moins, il essaya. Mais la bibliothèque, protectrice de son propriétaire, envoya Isaac dire bonjour au plafond...Littéralement. Il retomba avec violence sur le sol avec un craquement terrible.

« Misérable...Je vous hais... »

Il avait l'impression que la bibliothèque valsait et elle valsait si fort qu'Isaac se retrouva à quelques centimètres de la sortie. Face à cet excès de violence, la magie de cet endroit tentait de le mettre dehors.


[Si tu veux PG la sortie forcée d'Isaac tu peux ]

Les yeux du jeune homme semblèrent brûler Dame lorsqu’il le regarda directement et il eut à peine le temps de faire un demi-pas en arrière alors qu’il se jetait sur le bibliothécaire. Avec bien moins d’une seconde de réaction, quelque chose vrombit aux oreilles de Dame et alors que lui restait les deux pieds plantait sur le sol, son interlocuteur se retrouva à tomber dans les airs. Il heurta le plafond pourtant haut et se retrouva de nouveau à tomber dans le sens habituel. Eructant une malédiction, il se faisait balloter dans différentes direction alors qu’une porte de sortie apparaissait non loin. Et il s’en rapprochait inexorablement alors que tout tournait.
L’androgyne laissa échapper un soupir en sachant qu’il ne pouvait déjà plus rien faire pour aider d’une façon ou d’une autre son assaillant. Qui finalement passa par la porte.

Dame Fortune s’appuya sur un mur et se laissa glisser en position assise sur le sol. Claquant des dents à cause d’un mélange de peur d’être blessé et de honte de n’avoir pu aider. Au bout de quelques minutes il se leva doucement et se traîna jusqu’à une salle où s’asseoir, qui se trouvait plus proche qu’à l’allée cette fois. Il devait se préparer au cas ou une nouvelle personne se présentait et avait besoin d’aide.


(C'est fait ! Je te laisse terminer si tu veux le faire ^^)

Isaac se retrouva à mordre la poussière...Littéralement. Se redressant rapidement, il passa sa main sur son visage pour chasser le sable dans lequel il venait d’atterrir. Il se sentait mal. Une fois parfaitement debout, son estomac se mit à s'agiter violemment et il ne mit que quelques secondes à rendre son repas. Il savait très bien que Rhadamanthe était remplie des pires ordures que ce monde ait porté. Mais là...Il était l'enfant d'un être démoniaque. Ce qui faisait qu'il était lui même à moitié un monstre. Si cela se savait, d'une manière ou d'une autre, sa vie allait clairement devenir un enfer. Même s'il était sûr qu'Eon jubilerait à l'idée que son mercenaire soit lié à l'Ombre. Personne ne devait savoir.

Et lui...Eh bien désormais il était persuadé qu'il était condamné à être quelqu'un de foncièrement mauvais. Il ne pourrait jamais faire comme s'il ne savait pas. Sa vraie nature finirait bien par ressortir un jour. Après tout, il avait déjà un des pires métiers du monde. Mais au final c'était sans doute celui qui lui allait le mieux. Il allait finir par l'accepter. Il allait finir par se laisser entraîner par tout ce monde de vices qui l'entourait. Mais de toute évidence...C'est ce que ses origines lui destinaient.


Isaac est mort. Vive Isaac.


[Fini!]