Elysion
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Deus Wiseman
Deus Wiseman
Eaquien.ne
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Jeu 18 Sep 2014 - 19:23
Deus était sur le champ de bataille depuis maintenant une semaine, une bataille qui durait depuis bien trop longtemps aujourd’hui et qu’il n’arrivait pas à gagner. Les deux camps ne se départageaient pas et à ce rythme il ne conquerrait jamais ni Eaque ni Minos. Cela faisait maintenant plus d’un an qu’il avait déclenché les hostilités, tentant de mener son plan de conquête du monde à terme. Plus d’un an qu’il était fier d’un roi guerrier même si il se battait peu au milieu de ses soldats, sur conseil de ses alliés au sein du château qui lui disaient que certains auraient pût tenter de le tuer par un coup dans le dos.  Mais aussi plus d’un an que derrière toutes ces mascarades de Roi tyran, il se sentait changer. Au départ il faisait comme si pour plaire à son tout nouveau peuple, il organisait de fausses exécutions et il riait bien devant les foules en délire qui voyaient des personnes artificielles mourir. Il avait bien ratiboiser une ou deux forêt déjà très rare sur Rhadamanthe à ce moment mais il fallait bien être méchant pour gouverner ce genre d’endroit.
Puis il avait déclaré la guerre à Eaque pour en prendre le contrôle. Il avait dû se séparer de son aimée, il s’était endurci petit à petit, allant jusqu’à organiser quelques réelles exécutions. Il se savait en train de faire mourir Rhadamanthe petit à petit et pourtant il continuait, guidé par une sombre détermination dont il ne déterminait même pas la source. Il ne prenait même plus plaisir à tenter de flirter avec les femmes qui passaient à sa portée et dirigeait son château d’une main de plus en plus dure, avec un sourire en coin de plus en plus arrogant et des colères de plus en plus prononcées quand tout ne se passait pas comme il le voulait.
La seule chose qui était restée la même, c’était les regrets.  Sur une chose en particulier en fait. Le fait d’avoir dû rejeter Séléné. Aujourd’hui il se savait même prêt à tout pour la récupérer si il retrouvait sa trace. Les autres regrets étaient mineurs, celui d’avoir organisé une ou deux morts et encore, il ne ressentait plus grand chose quand il le faisait aujourd’hui. Heureusement il avait gardé son goût prononcé pour l’esthétisme et les belles tournures : Il arrivait même à rendre certaines exécutions aussi fantastiques que lui !

Il ne comprenait rien à ce que lui disaient les quatre généraux autour de la table, qui utilisaient des mots trop spécialisés pour qu’il les comprenne alors qu’ils auraient tout à fait pu faire autrement ! Ruminant ses idées noires et affichant un regard de la même couleur, il regardait la carte en ayant arrêté d’écouter les idiots.
Leur plus gros problème venait de leurs vivres. Leur nombre de soldats, au lieu d’avoir baissé, avait augmenté au fur et à mesure du temps,  une folie semblait naître au cœur des batailles et contaminer les villes alentours, donnant envie aux Rhadamantiens de tuer, faisant bouillir leur sang et les obligeant à rougir le sol.
Mais avec autant de soldats, nourrir correctement tout le monde, et même médiocrement devenait inéluctablement impossible. Il le savait, c’était lui qui avait donné l’ordre de ne plus ravitailler certaines compagnies trop mal placées pour être utiles afin de garder les autres en état de combattre. Il avait eu un haut le cœur rien que d’y penser la première fois.
Ses tentatives pour rallier à son armée des Eaquiens renégats et des Minosiens avaient vite été mises en échec par la neutralité de Minos et les frontières fermées d’Eaque.

Il tapa du poing sur la table, enfermé dans un puzzle sans queue ni tête dont il n’arrivait pas à sortir. Se redressant, il ordonna la fin de la rencontre avec les généraux et qu’ils repartent à leurs obligations avant de sortir de la tente.
Une odeur de pourriture assaillit ses narines, les morts qui n’avaient pas été brûlés à temps sentaient extrêmement fort et les vents arides chargés de magie amenaient rapidement ces odeurs vers les différents camps. D’ailleurs il n’y avait pas que les morts qu’on brûlait par ici. Les herbes hautes qui composaient les Plaines Enéides dans un rayon gigantesque avaient été réduites en cendres. Et la magie qui avait opéré là ne disparaîtrait sûrement jamais, laissant un carré de terre noircie au milieu de cette mer végétale.

Il escalada un échafaudage de guerre pouvant avancer grâce à des roues et un système étrange de poulies. Se faufilant entre les barres de fer et les planches de bois, ils monta en haut de ce qui semblait être une tour de guet miniature afin d’observer les horreurs qu’il avait créé.
Clignant des yeux, il redescendit rapidement, sans rester en contemplation devant ces horreurs plus longtemps. Il ordonna à l’ingénieur le plus proche de faire avancer la machine vers le champ de bataille et de la protéger avec quelques soldats restants, en forme comme blessés. Son ordre fut suivit rapidement. Plus qu’au début de son règne.
Toutes ces terres dévastées et toutes celles prospères autour, il les obtiendrait pour lui et pour son peuple. Mais surtout pour lui.

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Jeu 18 Sep 2014 - 19:25
Il la sentait. S'étant d'abord précipité vers Rhadamante, il avait eu l'intuition de dévier de sa route et marchait à présent vers Eaque. Pour lui, aucun doute qu'elle s'y trouvait. On chercherait à la protéger de lui, c'était stupide. Et inutile.
 
Des bruits lointains, à peine audibles, mélange d'explosions, de cris et de lames s'entrechoquant. A l'horizon, les sombres silhouettes d'imposantes machines de guerre s'agitant... Au sol, de l'herbe brûlée, mêlée à de la chair pourrie et à une boue épaisse gorgée de sang, quelques oiseaux charognards voletant ça et là à la recherche d'un bout de viande à dénicher entre deux plaques d'armures brisées. A travers les nuages noirs, le ciel sanglant se teintait des couleurs de la souffrance.
 
Guerre.
 
La peur qui retournait autrefois les entrailles d'Arenthor à l'approche du combat, il ne la ressentait plus à présent.
Sans peur, un guerrier était plus fort. Les morts n'avaient plus peur de rien.
Dans moins d'une nuit de marche, lui et son armée renverseraient le cour de la guerre, participant au fracas des armes et des corps qui se jouaient déjà là bas depuis si longtemps. Ils renverseraient un monde qui avait continué à tourner après eux, ils bousculeraient ceux qu'ils avaient servis et qui, à présent, ne voyaient plus en eux que chairs mortes et monstres sans âmes.
 
Les armes avaient soif de sang.
 
Derrière Arenthor, des centaines de râles d'agonie s'élevaient, accompagnant un concert de grincements d'acier. Autant de victimes de sa hache maléfique, ressuscités par sa magie, happés par sa volonté, soumis à son élan destructeur. De leurs blessures encore tièdes jaillissait de sombres volutes mortifères, symboles de la renaissance macabre que leur offrait leur nouveau guide. Sur leurs armures démantelées se reflétait un ciel de sang de la même couleur que la rouille qui commençait à s'y installer, mêlant l'acier, l'étoffe et la chair.
Chancelant mais jamais hésitants, maladroits mais jamais épuisés, des milliers de corps, soldats il y a peu chargés de faire barrage à l'avancée du bucheron, peinaient à suivre la marche décidée de celui qui avait - seul - réussi à défaire les troupes déployées pour le briser.
Rampant, trébuchant, portant parfois leur tête de la main qui ne tenait pas d'arme... Si fragiles. Et tellement plus forts que de simples mortels, étrangers aux faiblesses de l'âme. Ni peur, ni douleur. Colère.
 
Bien sur, il était chose entendue dans les plus hautes instances militaires que les déploiements astronomiques de miliciens avaient été largement suffisants pour stopper "le monstre". Pendant de longues semaines, les ministres de la guerre s'étaient disputés quand au nombre de troupes à déployer pour être certains d'en finir avec cette menace sans toutefois affaiblir les forces nécessaires pour la grande guerre menée par Deus. L'affaire avait été classée comme résolue au moment du décret du départ des soldats et on attendait simplement le retour des vainqueurs avant de les renvoyer au front principal.
 
Mille hommes avaient étés déployés.
 
Autant de morts étaient venus renforcer les troupes d'Arenthor.
 
Tous liés par leur nouvelle condition de revenants, ils savaient que toutes leurs attaches au monde des vivants étaient rompues. Femmes, toits, service militaire, récompenses, amis... tout ce pour quoi ils vivaient un jour auparavant était devenu leur ennemi. L'armée pour laquelle ils s'étaient battu les combattrai comme des bêtes immondes... Seul phare dans la noirceur de leur nouveau monde : le bucheron, déchaîné par ce sentiment d'injustice qui les secouaient eux mêmes désormais, leur bourreau... Ils sentaient sa détermination, sa rancune, partageaient son élan destructeur. Mais chacun d'eux pouvait sentir en ce colosse implacable un sentiment tendre et puissant ; dans leurs esprits, deux grands yeux clairs encadrés de cheveux argentés leur donnaient à entrevoir une infime partie de l'infini sentiment d'amour que l'hideux Arenthor portait à sa belle. Une vivante.
Haïssait elle ce qu'il était devenu?
 
Sous le poids de sa lourde hache, les épaules d'Arenthor se balançaient doucement à chaque pas. Son regard froid fixait les monstrueuses machines de guerres au loin.
Quelques flèches et de rares lames brisées criblaient son dos. Des mousses, séchées à présent par le soleil brûlant du désert, avaient commencées à pousser sur les restes épars d'une armure dont il ne restait que peu de chose. ça et là, quelques plaies attendaient que s'opère la magie qui les refermeraient après quelques têtes tranchées.
Ses cheveux, pleins de sang et de boue, collés à sà nuque voûtée, séchés par le soleil, se balançaient doucement sous l'effet de sa marche. Parfois un spasme agitait une partie de son corps, un râle rauque sortait de ses entrailles. Grincements d'un bras décharné, retenu par de maigres attaches desséchées comme de vieilles cordes bonnes à jeter.
De lui et de son armée se dégageait une immonde odeur de charogne imprégnant l'air sur leur passage tandis que leurs pas souillaient le sol de traces de sang impur et de vers se mêlant à une terre tout aussi macabre. Seuls des râles et quelques cliquettements d'acier venaient rythmer les bruits de chairs moisies dans le silence effrayant d'une plaine macabre.
 
Un mort dans toute son horreur.
 
Elle - respirait la jeunesse, la fraîcheur... vivante.
L'Arbre-Monde
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Jeu 18 Sep 2014 - 19:28
Les rations d'alcool pendant le service militaire étaient trés limitées. Pourtant, il était facile de s'en procurer au noir et certains en abusaient pour oublier les terreurs de la guerre.
Au premier abord, la vigie Rhadamantienne crut avoir abusé de l'hydromel illégal, payé une petite fortune à un revendeur particulièrement dur en affaires. Peut être sa boisson était elle agrémentée de quelque drogue? Ou bien la nuit et la fatigue lui jouait elles des tours...
Toujours était il qu'il apercevait clairement une étrange fumerole verdâtre au loin, et il avait la très nette impression que cette lueur inquiétante approchait des lignes de front.

-"Eh! Eh!
-Quoi? Qu'est ce qui se passe?
-Viens par là. Tu voies un truc, là bas?
-T'as encore bu, tu voies de choses Jem. Encore forcé sur la bouteille celui-là...
-Tu voies?
-BON DIEU ! Mais... C'est bien vrai !
-C'est quoi?
-J'sais pas... Faut prévenir un supérieur..."

Inquiétude.
On pensa d'abord qu'Eaque tentait une attaque nocturne mais rien ne justifiait l'apparence macabre de cette masse lointaine. Certains avaient évoqué l'idée qu'il s'agisse de feu follets poussés par le vent, des bêtes grouillantes méconnues ou simplement un nuage de gaz libéré par une terre ou pourrissaient des milliers de cadavres.
Toutes ces hypothèses ridicules furent balayées quand les plus hauts personnages de l'état furent appelés au sommet de la tour de garde.

On donna l'ordre de commencer à placer de maigres unités de défense de manière à former un mur de protection contre l'étrange masse verdâtre. La lune était pleine.

Un hurlement inhumain déchira la plaine.
Si puissant qu'il paraissait provenir de l'air lui même.
Le sang de milliers de mortels se glaça.

Peur.
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Jeu 18 Sep 2014 - 19:29
La machine de bois et de ferraille avançait en grinçant, les roues de la taille d’un homme voir plus cahotaient sur le sol abimé, chaque tour faisait résonner des bruits énormes, des craquements et sûrement quelques os de soldats déjà morts qui se brisaient sous le mastodonte.
Dans la nuit, les gens qui dirigeaient l’engin ne voyaient même pas sur quoi ils roulaient et chaque soldat devant devait faire attention à ne pas se faire rouler dessus, la lune brillait et illuminait des visages blafards au sol qui se dirigeaient tous vers le champ de bataille. Beaucoup de blessés que Deus amenait pour lui servir de gardes. Quelques estropiés, ceux qui pouvaient marcher en tout cas étaient là.

Encore loin, il apercevait des soldats, des tranchées, le vrai champ de bataille, celui ou tous se faisaient tuer et tuaient, des cris se faisaient entendre, des gens qui mourraient. Et entre tous ces cris d’un seul coup, un hurlement rauque s’éleva, un hurlement qui fit se raidir chaque homme dans les environs, semblant déchirer l’espace et venir d’infiniment loin alors qu’il retentissait comme s’il était à côté. La machine s’arrêta doucement, légèrement emportée par son élan de même que les soldats marchant tout autour dans le noir. Les visages blafards le semblaient alors encore plus. Rien d’autre, le silence s’était imposé instantanément, puis les cris de la bataille revinrent. Quelques secondes d’attente et ils repartirent en route vers la guerre.
Mais maintenant que la peur avait pris les tripes à chaque soldat par ici, ils semblaient tous voir une fumée verdâtre au loin comme on voit une montagne quand un nuage de pluie arrive de loin.
Les cris décrurent d’ailleurs assez vite alors que chaque côté se repliait légèrement pour la nuit et construisait des défenses fébriles.

L’avancée continua  son rythme, le stress ambiant semblait figer l’air, peu parlaient, personne n’en avait envie, les seuls qui le faisaient essayaient de se rassurer. D’ailleurs Deus était étonné d’ailleurs qu’aucun n’ai tenté de se révolter après qu’il les ait obligé à venir avec lui , à sortir dans la nuit alors qu’ils avaient déjà donné leur dû pour cette guerre, qu’ils avaient déjà presque tous perdu quelque chose.
Puis un messager les rejoint à cheval, dévalant  la légère pente à une vitesse effrénée et criant à la pseudo-compagnie de s’arrêter. Ce qui se fit vu l’urgence de la situation. Le Roi descendit de son échafaudage rapidement, sautant à terre, il vint vers l’homme essoufflé et son cheval asthmatique leur demander ce qu’il se passait pour qu’il soit à ce point pressé.
Arenthor était là d’après les hautes instances de Rhadamanthe, l’ancien plus grand stratège de l’armée d’après certains, Deus ne croyait pas à la fable, c’était juste un homme mort, Revenant qui tentait de s’imposer après avoir été bafoué. Rien de bien folichon.
Le messager leur transmis le conseil des hautes instances : Rentrer tout de suite au camp principal. Un conseil des hautes instances qui se voulait un ordre. Deus repartit vers la machine, glissant aux ingénieurs de continuer à avancer vers le champ de bataille. Il revint vers le messager et lui demanda son cheval. Le pauvre homme ne savant pas comment réagir obéit à son roi

- Tu peux rentrer à pied et dire aux grands commandants de l’armée d’aller se faire foutre.

Alors que le groupe se remettait en route, Deus Wiseman les rejoint à cheval rapidement, il était le seul à avoir droit à un étalon parmi les soldats, après tout en tant que roi il étais tel un prince au milieu des manants dans cette guerre.

Un temps plus tard, ils arrivèrent au niveau de l’arrière ligne des batailles.  Il resterait sûrement un peu plus loin de la bataille que les autres, au cas ou.

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Jeu 18 Sep 2014 - 19:31
Morts et vivants. Face à face. Autrefois alliés, amis.
Entre eux, une terre carmin, teintée de sang.
Quelques bannières claquaient au vent. Sous l'effet de la peur, quelques soldats tremblaient. Arenthor marchait à pas lents. Bras levé, quelques capitaines se préparaient à lancer le signal du tir des machines de guerre.
Scène figée. Seul la masse imposante du bucheron avançait trés doucement dans cet univers de statues.
 
 
Il s'arrêta.
 
 
Irréelle pesanteur. Statues de maîtres, figées dans un étrange sentiment tragique, la peur ; ceux qui la ressentaient et ceux qui la faisaient naître ; immobiles.
Le titanesque revenant banda ses muscles, son torse immense se gonfla, ses yeux, rougeoyants, parurent deux brasiers.
 
Terrifiant hurlement d'outre-tombe ; râle et rugissement à la fois. Déchirant.
corps titanesque - armée d'une hache tout aussi démesurée - s'élança avec lourdeur, libérant la plaine de son immobilisme. Les rangs de soldats eurent un léger mouvement de recul.
Résignation.
 
Derrière lui, une masse de morts innombrables, trébuchante et désorganisée mais déterminée emboîta son pas, tandis qu'une pluie de flèches s'enfonça dans des chairs mortes. La douleur n'existait plus. Inefficace. Des projectiles bien plus lourds balayèrent quelques revenants comme de vulgaires fétus de paille. Les moins endommagés se relevèrent aussitôt.
 
Le temps sembla s'arrêter à l'instant du choc. Le corps lourd d'Arenthor se souleva du sol avec puissance, brandissant une arme qui brilla d'un éclat grenat dans les rayons naissants de l'aube du jour qui s'annonçait comme le plus sanglant depuis le début de cette guerre.
Les piquiers terrifiés levèrent les yeux vers la masse mortelle qui retombait, implacable, vers les lignes de défense.
Boucliers, plastrons, chairs et os se brisèrent dans un fracas épouvantable mais déja un nouveau revers emporta de nouvelles vies. Les lances transpercèrent une foule de corps froids qui, ignorant la douleur, balayèrent les premières lignes de protection comme une faux coupe le blé.
Terreur.
 
On tenta d'abattre le bucheron ; déjà fallait il l'approcher sans être tranché par les revers de sa lame. Ensuite, frapper entre les plaques éparses de son armure déchirée pouvait se révéler compliqué vu le bref labs de temps disponible avant le retour de l'arme, tournoyante dans un vaste cercle autour de celui qui la faisait chanter contre l'acier des armures.
Ceux qui arrivaient à enfoncer une lame dans sa chair avaient tout juste le temps de voir la blessure infligée régénérée aussitôt par une frappe vengeresse punissant cet affront, les flammes vertes faisant disparaître toute trace de coup en un instant.
 
Aux hurlements de douleur se mêlaient ceux du désespoir et les râles d'agonies des soldats macabres rythmaient cette morbide sérénade. Le suintement de la hache d'Arenthor et le son déchirant de l'acier brisé ressemblaient à des envolées dramatiques dans ce concert de souffrance.
Au dessus, le rideau pourpre du ciel absorbait toute la douleur exultant de la scène.
 
Rouge, gris. Le sang, l'acier.
 
Comme remontant le courant d'une rivière tumultueuse, le bucheron traversait cette marrée humaine dans la direction de Kairia qu'il sentait toute proche, paraissant à peine se soucier des monceaux de chair qu'ils laissait autour de lui.
Malgré tout, son corps se déchirait peu à peu. Quelques impertinents parvenaient pourtant à attaquer son corps désormais meurtri, malgré la magie qui restaurait ses chairs, le faisant ressembler à une torche ; les flammes de sa magie régénératrice opéraient désormais sur de trés nombreuses plaies.
 
Aucune importance.
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Jeu 18 Sep 2014 - 19:35
La sueur coulait sur le front du jeune Roi quand il arriva sur les lieux du combat qui n’avait pas encore commencé alors. Le matin se levait et le nuage de fumerolles verdâtres s’était accompagné depuis peu d’un bruit de pas martelant le sol. Arenthor était là, on discernait son visage gris et ses yeux rouges brillants au milieu de la plaine encore sombre. Et les hommes avec lui faisaient parti de l’armée Rhadamantienne il y a à peine deux matins.
Deus lança des directives, essentiellement de suivre les ordres des généraux et seigneurs de guerre, lui la guerre n’était pas son rayon au final. Mais Arenthor tiendrait-il vraiment face à autant d’homme avec un groupe si petit de partisans ? C’était inconcevable !

De nouveau ce cri qui semblait perçait le monde de part en part et résonner dans le crâne de tous les gens alentours. Et le massacre commença. Deus se releva sur son cheval, au départ il se voyait là haut, en aplomb, comme un empereur regardant un combat dans l’arène, la mise à mort d’un prisonnier ou d’un gladiateur. Mais quand les premiers coups de hache furent portés, la suée du roi de Rhadamanthe s’intensifia et se refroidit. La marée humaine qui convergeait vers Arenthor et sa meute ne semblait en aucun cas capable de le stopper. Il avançait droit devant lui à travers les rangs mélangés de Rhadamantiens, de quelques Eaquiens et d’encore moins de créatures mortes tombant presque en tas de chairs au milieu de tout ça. Tous ceux qui s’approchaient semblaient être instantanément réduits en charpie.

L’image qu’avait l’alf de lui même avait dégringolé d’empereur bien tranquillement installé à celle d’un soldat lambda vers qui la mort avançait à grand pas. Sans savoir pourquoi, il était certain que le revenant avançait tout droit vers lui dans la but de lui ôter la vie. Ce sentiment inextinguible semblait se généraliser, la figure effrayante d’Arenthor provoquant chez tous une peur panique.
Deus déglutit, lentement, la salive ne coulait pas le long de sa gorge, en fait il avait envie de vomir en voyant la mort de si près. Qui pouvait lutter contre ça ? Son armée entière sûrement mais serait-ce suffisant ? Lui ? Jamais ! Tout ce qu’il pouvait faire c’était regarder, et tenter peut-être d’aider de loin.
Mené par une sombre résignation, le Roi se dressa de nouveau sur sa monture volée, de toute sa hauteur et leva plaça ses bras de façon à aider la magie à se matérialiser autour de son corps. L’énergie crépita autour de ses doigts doucement. Pas de magie de lumière ici, ça ne servirait à rien. Une masse pesa entre ses deux mains, comme une sphère de plomb trop lourde à porter qui émettait son poids tout autour d’elle. La masse semblait alors osciller entre ses doigts, réduire puis augmenter de nouveau, trop lourde, puis trop légère. Focalisant son regard sur l’armée de zombie. Uniquement pour ses yeux se forma une toile au dessus d’eux, tissée d’énergie pure, qui alourdissait chaque ennemi et ne devait toucher aucun de ses soldats. Par hasard si il touchait un Eaquien, c’était tant pis pour lui, c’était un travail de chirurgien ou chaque mètre comptait et qu’il ne pouvait mener que de sa place.

Mais tous les efforts fournis ne semblaient servir à rien, l’armée continuait à bouger et le cours de la bataille inaffectée, même Arenthor qui était soumis à une gravité multipliée se déplaçait toujours avec aisance malgré le fait qu’il prenait des coups. De plus, Deus commençait à voir des étoiles, la concentration et l’énergie dépensait pour couvrir un si vaste territoire était faramineuse et sa tête tournait lorsqu’une brulure vive au bras le sortit de sa transe.
Un des guerriers d’Arenthor était monté jusqu’ici par on ne sait quel miracle et avait attaqué l’Alf par surprise, heureusement les gardes estropiés avaient réagi à temps et bloqué l’intrus avant de le réduire en morceaux.
L’interruption avait pourtant suffit, la vision de Deus était trouble et parsemée de tâches noires par endroit, il sentait un liquide chaud couler de son bras entaillait sûrement en profondeur. Mais surtout il sentait ses forces doucement le laisser, incapable de se reprendre.

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Jeu 18 Sep 2014 - 19:36
Le corps d'Arenthor était de plus en plus brisé. La magie qui soignait ses chairs n'était pas assez forte pour compenser les dégâts infligés à sa carcasse sanglante et exultant les flammes vertes macabres qui s'effaçaient pour vite réapparaître sur de nouvelles blessures.
Possibilité d'échec.
Fureur.

Ces cafards le gênaient. Il avait besoin de récupérer des forces pour poursuivre sa marche et afin que son corps en lambeaux regagne les ressources suffisantes pour y voir clair dans ce tumulte.
Engaillairis par l'état pitoyable de leur adversaire , les mortels s'agglutinaient autour de lui pour tenter de le mettre à mal, piquant, tranchant, lacérant comme des diables dansant autour d'une bête affaiblie et soufflant dans un râle d'outre-tombe la faiblesse de sa carcasse déchirée.

Stupide erreur. Cercle macabre.

Vingt vies suffirent à restaurer les plus gros dommages sur le corps du bucheron.
Vingt vies ôtées en un instant. Un corps restauré en un revers de hache.
Carnage.

Arenthor parut tel un brasier, tant la magie régénératrice s'échappant de ses blessures devint vivace, nourrie par les vies de ceux qui n'étaient pas - un instant auparavant - de vulgaires tas de chairs mortes.
La puissance afflua à nouveau dans ce corps embrasé et guéri de ses mille blessures.

Le trop plein d'énergie généré avait besoin d'exploser. Un grondement secoua le large poitrail  du bucheron.
Espace brisé par un hurlement. Un cri si déterminé que tous se figèrent. Quels que soient les efforts déployés ; un être si déterminé ne pouvait être arrêté. Sa volonté était écrasante.
Résignés, certains lâchèrent leurs armes, désespérés.

A ce moment là, le vent cessa de souffler. Morts et vivants baissèrent leurs armes. Frisson. Quelque chose se préparait, tout le monde l'avait senti,
Pacifiés par la peur et le renoncement pour certains. Par l'attente d'une réponse pour d'autres.

Plus personne prés d'Arenthor. Sa grande frappe en cercle avait créé un espace vide autour de lui. A ses pieds, une grande flaque de sang et des corps déchirés, agités de spasmes. Campés en rond autour de lui, des soldats aux armures éclaboussées par un chaud liquide pourpre regardaient d'un air tétanisé ce monstre destructeur.
Le regard du revenant se perdait à travers les corps immobiles des mortels terrifiés. Dans la direction de ce regard perdu, un frisson secoua les statues vivantes, remontant jusqu'au cercle laissé par le dernier élan mortel du bourreau.

Le premier rang des mortels s'ouvrit comme un rideau.
Visage rosé, cheveux d'un blanc pur, une robe bleu clair cassant la dominante pourpre d'un monde sanglant. Des courbes fines, délicates, féminines.
Souffles retenus.



Kairia.



Un corps fragile, délicat, s'avança à mi chemin entre un titan de chair déchirée  - sur laquelle les flammes vertes commençaient à s'estomper - et la masse inerte de soldats tétanisés. Levant de grands yeux humides, terrifiés et terriblement affectueux vers le froid et dur regard du colosse, Kairia, essoufflée semblait essayer de lire dans les yeux de son amour. Si différents à présent.
Le silence régnait en maître sur la plaine.
Kairia sourit à Arenthor, toujours impassible.

Elle fit un pas en avant, décidée, puis un autre. Face à elle, un des coins tranchants de la hache rouillée ruisselant de sang. De plus en plus en proche.

La hache caressa le ventre de la belle.
La lame pénétra son corps frêle.
Elle fit un pas de plus.
Empalée. Un léger spasme agita ses lèvres. Une larme coula sur sa joue ronde et rosée, son regard cherchant dans celui de son amour le réconfort d'insigne d'humanité, d'affection...

Une main énorme, glaciale, caressa tendrement sa nuque tremblante. Doucement.

Transpercée, sa tête bascula, retenue par l'énorme main d'Arenthor, ses yeux se fermèrent. Elle était morte, un sourire sur les lèvres. Soulagée.


Le silence.


Si long. Aucune raison de reprendre le combat pour le moment. Savourer la fatalité d'un acte aussi fou. Sacrifiée d'elle même à un être monstrueux.
Un être monstrueux qui posait sur elle des yeux tendres empreints des expressions les plus nobles. Impensable.



Silence.



Une brise agita la longue chevelure d'une femme morte, suicidée le long de l'arme de son amour. Doucement, elle en fut décrochée puis des mains protectrices la soulevèrent haut dans le ciel, la déposant délicatement sur une épaule gigantesque, musculeuse, glaciale, une cascade de cheveux argentés tombant en cascade sur un torse où une lance avait donné la mort, masquant la béante plaie que nulle flamme verte ne résorberait jamais.

Un râle - ou étais un soupir - gronda dans le torse d'Arenthor. Ce n'était pas terminé.

-"DEEEEEUUUUSSSS!"
Deus Wiseman
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Jeu 18 Sep 2014 - 19:36
Alors que sa vue revenait doucement, les vapeurs de la guerre embrumaient encore plus son champ de vision. Les terrains devant lui étaient troubles par endroits uniquement, il était épuisé et probablement sur le point de mourir de la main d’un immense cadavre. La seule chose qu’il aurait aimée maintenant c’était que tout ait été un rêve.
Enfin presque tout, l’autre chose qu’il aurait aimé, ça aurait été de se réveiller dans les bras de Séléné, ou alors qu’elle soit là pour le voir mourir, peut-être pour se moquer de lui avec son sourire narquois ?
Il divaguait mais ça lui allait. Si tout avait été un rêve, il se promettait de ne jamais lancer un projet aussi idiot que cette guerre, il pourrait même renoncer au trône de Rhadamanthe ! Pour elle ! Il se serait trouvé un job, aurait gagné sa vie avec elle comme tout le monde, ils auraient eu une maison et des enfants. Enfin il ne savait pas si il était prêt à tout laisser tomber, ses projets de conquête du monde et tout le reste. Après tout c’était aussi ça son but dans la vie…
Son esprit était trop embrumé de toute façon, il ne savait même plus ce qu’il pensait, il s’entendait juste parler comme si le bruit de la guerre s’était arrêté.
 
Deus rouvrit les yeux doucement, découvrant que le bruit s’était vraiment évanoui quasiment complètement, tous semblaient être figés, en train de regarder ce qui se passait en contrebas. Une femme aux cheveux blancs et longs, brouillée par les vapeurs de la guerre, était entrée dans un cercle tout juste creusé par la lame du titan. Extrêmement lentement, il la mit sur son épaule alors que son sang se répandait sur le géant. Le sang du roi ne fit qu’un tour quand, de ses yeux il vit Séléné être transpercée par le monstre. Arenthor, le tas de viande morte sur l’épaule, tout au ralenti.
Les lieutenants et généraux de guerre tout autour de Deus vociférèrent des ordres d’un seul coup et le bruit repris, la guerre repris instantanément. La fureur s’empara de lui, sûrement la même qui avait pris Arenthor plus tôt.  Il lança sa monture au galop, écrasant les barricades déjà abimées devant lui et ne se souciant aucunement des quelques soldats devant lui.
 
Un hurlement retentit alors qu’il dévalait la légère pente,  avec la vitesse, ou la colère il ne savait même pas, ne réfléchissait pas de toute façon, qu’il ne comprit pas. Il bascula par dessus sa monture alors que le cheval hennissant se tordait une patte sur une pierre mal placée à cause de la poussée de son maître.
Il roula sur le sol, arrivant devant la marée humaine. Il se releva, la fureur étant remplacée dans son ventre par la peur petit à petit. Arenthor avait tué Séléné, il l’avait assassinée d’un coup de hache, comment allait il finir sa vie sans elle ? Et comment pouvait-elle mourir sans lui ? Les larmes lui remplissaient les yeux sans même qu’il puisse les retenir et ses râles dans sa course effrénée au milieu des soldats qu’il poussait se changeaient en sifflements. Puis un hurlement comme il y en avait eu plusieurs aujourd’hui. Un hurlement pitoyable qui sorti amoindri de sa gorge alors qu’il courrait trop vite. De ses bras il écartait chaque personne sur sa route.
 
Sa main se portant à son flanc, il tira sa lame, prêt à réduire en un tas de chair infâme l’être abject qui se trouvait devant lui. Il ne le voyait pas mais il le savait là, en train de se battre.
 
D’un bras il écarta le dernier rempart entre lui et le meurtrier.
 
Son arme en avant, dans une fente.
 
Ses poumons laissant enfin échapper un cri qui aurait presque put paraître victorieux
 
Mais ne fit que finir dans un étranglement.
 
Une douleur vive, trop rapide.
 
Il vit le monde se retourner et ses jambes tomber à côté de lui.
 
Tranché net sans même avoir le temps de toucher son adversaire.
 
Sans même pouvoir venger sa chère et tendre.
 
Tranché de gauche à droite, séparé en deux.
 
Du sang remplissait maintenant sa gorge, n’émettant plus que des bruits indistincts.
 

Il se sentit partir. Dans la douleur, dans le froid.

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Jeu 18 Sep 2014 - 19:37
Le ciel s'était assombri. Il était d'un rouge profond et des nuages mauves y passaient doucement.
Un vent trés léger balayait la plaine.

De grands yeux clairs s'ouvrirent sur un visage plein d'émotions. Reconnaissance.

Plus de chocs de lames, plus de cris. Le simple grincement des armures brisées d'une armée de morts, debout, chancelants, impassibles, attendant un mouvement de leur guide qui tenait son amour dans ses bras comme un enfant bléssé.
Quelques mortels, certains bléssés, avaient été épargnés. De loin, ils observaient le réveil de la reine des morts et la naissance d'un nouveau peuple.

Kairia sourit au colosse dont le corps - intact - s'était parfaitement reformé dans les derniers moments du carnage. Ses yeux, rougeoyants pendant la bataille, avaient perdu cet élat de haine qui les faisaient vibrer. Tendresse.

Arenthor leva les yeux vers son armée, fier. Il hocha la tête dans leur direction pour donner le signal du départ. Un peuple, un guide.
Il tourna les talons et s'éloigna du lieu du massacre d'un pas lourd et lent.
La guerre était terminée. La haine était retombée.
Derrière la longue procession de revenants, une plaine ensanglantée garderait le souvenir d'une leçon de tolérence enseignée par un bourreau. Ni vainqueur ni vaincu.

Tréve.
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