[Archivé] Jouer dans les Ombres [PV Achéron]

Dim 12 Jan 2020 - 16:30

Jaminien 2784; Cruor, Rhadamanthe.

Kof, kof. Le maître me jette un regard curieux. Kof, kof. Il soupire. Kof, kof. Et me jette une bouteille d'eau avant de commencer à râler dans sa barbe.
« Vas prendre une pause, Grimmjow. T'es encore plus blanc que mon cul. »
Une image dont je me serai bien passé. Mais je me contente de sourire en ramassant la bouteille que je n'ai pas réussi à attraper. J'suis crevé. Mes poumons me hurlent de m'arrêter, ma toux m'empêche de reprendre la dague que j'étais en train de marteler. Le maître la prend avant de me pousser - pas aussi fort que ça - afin de la terminer. Il sait parfaitement qu'elle aura le temps de refroidir au moins cent fois avant mon retour. Ça fait un an que je travaille avec lui, il a compris maintenant. En sortant, une dernière quinte de toux, plus grosse que les précédentes, le fait se retourner. Moi aussi j'ai l'habitude. Il se retourne toujours quand je tousse comme ça. Avec une pointe d'inquiétude. Pourtant ça fait un an qu'il me côtoie. Mais bon, c'est vrai que ça surprend toujours.
L'air glacial de Jaminien fouette brutalement mon visage et me fait frissonner. Bon sang, c'qu'il fait froid. Ce pays est horrible. Soit il fait trop chaud, soit il fait trop froid. L'entre-deux est rare. Enfin bref. Je fais alors quelques pas à l'extérieur, avant de tousser une nouvelle fois. Un poids s'écrase soudain sur mon dos et je me retourne en direction de la forge.
« Couvre-toi, imbécile, tu vas tomber encore plus malade. »
Il est l'une des rares personnes à savoir que c'est impossible, malgré qu'il ait du mal à y croire. Mon organisme détruit tous les microbes. Mais bon, le manteau qu'il a balancé sur mon dos n'est pas de refus, bien qu'accepter quelque chose de la part des autres n'est pas dans mes habitudes. Il retourne dans la forge afin de finir le trevail, sans se retourner face à mon timide remerciement.
Quant à moi, j'enfile le manteau trop grand avant de m'éloigner encore. Il faut que je trouve un endroit calme, afin de souffler. J'ai bossé pendant deux heures, sans me plaindre, mais ça fait un moment déjà que j'ai du mal à respirer à cause de l'effort. Mais au bout d'un moment, il faut savoir s'arrêter et la limite était là. Parfois je réfléchis, et je me demande si j'arriverai un jour à tenir plus longtemps... Ahah, j'crois que je suis foutu, bon pour la poubelle !
Bref, tais-toi et marche, ça va te réchauffer.

Lun 13 Jan 2020 - 23:18

Achéron trainait les pieds dans la poussière des rues mal famées de Cruor.
Le jeune homme à la peau noire ne dépareillait pas dans le paysage avec ses habits salis par ses voyages, ses cheveux tressés rendus presque blancs par le sable qui s'infiltrait partout sur ce continent. Il était fatigué - donc de mauvais poil - et cherchait un endroit où dormir loin de ce vent glacial.

Des semaines qu'il marchait à travers Rhadamanthe comme un mendiant, de villes en villes et de villages en villages, en quête de ceux qui pourraient rejoindre les rangs des vainqueurs, les rangs du plus grand guerrier de tous les temps : son Père. L'Ombre.
Il ignorait pourquoi, mais il n'avait convaincu personne jusque-là...
Les gens l'écoutaient au début puis se fermaient et s'en allaient dès qu'il parlait de son Père et de ses exploits. Il avait même fait un effort et avait sauvé un homme de la pendaison grâce à ses pouvoirs, pensant que ce serait plus facile de le rallier par la suite.
Raté aussi.
L'homme était en fait un espion eaquien cherchant à déterminer l'influence de l'Ombre sur Rhadamanthe. Mais ça, Achéron l'ignorait et l'avait laissé partir.

Déçu, le Réprouvé était reparti vers Cruor.
Le recrutement était une mission commune à tous ses frères et soeurs, mais Achéron prenait conscience qu'il était sûrement le plus nul dans ce domaine.
Il n'avait pas la verve et la ferveur d'Eve, ni le charisme d'Ulrik, ni la sensualité d'Hölle... même Rust avait sa drogue et du bagou. Douceline aussi, savait toucher les gens, à sa manière.
Lui, il n'aimait pas beaucoup parler. Il aimait dormir, c'était tout.

Enfin... il pourrait mieux réfléchir après un peu - beaucoup - de sommeil, justement. Mais par où échapper à ce vent glacial ?
Il n'avait pas d'argent pour une auberge, et n'avait pas du tout envie d'aller frapper à la porte d'une des propriétés luxueuses de ses frères et soeurs à Cruor ou approchant. Déjà, il n'avait aucune idée précise de comment y accéder, et ne se sentait pas de voir les sourires goguenards d'Ulrik ou de Hölle.

Il dépassa un gamin emmitouflé dans un manteau trop grand pour lui, renifla par réflexe et se figea ; ce gosse sentait la suie et le fer à pleins nez !
Achéron se retourna brsuquement et interpela l'enfant :

- Hé, toi ! Tu sens la suie et le métal, est-ce que tu vis dans une forge ? Où est-elle ?

Qui disait forge, disait chaleur. Bruit aussi, mais Achéron pouvait dormir en plein concert de percussions orques, alors quelques bruits de marteaux ne risquaient pas de le gêner.

Mar 14 Jan 2020 - 17:56

Je marche pendant un bon moment, ignorant les passants se risquant dans le froid mordant. Tout comme eux m'ignorent. À la limite, la seule chose pouvant les intéresser, c'est mon manteau. Je suis bien content de l'avoir, d'ailleurs, c'qu'il est confortable et chaud... Mais...
« Hé, toi ! Tu sens la suie et le métal, est-ce que tu vis dans une forge ? Où est-elle ? »
Je me retourne brusquement. Et ma surprise me fait lâcher une quinte de toux douloureuse dans la gorge. Voilà comment se présenter gaiement, en bonne et due forme. En espérant qu'il croit pas que je vais lui refiler tous les microbes que j'ai pas. Mais mince, moi qui pensais que personne s'intéressait à moi...
Une fois ma toux arrêtée, j'ose un regard vers le type qui m'a interpellé. Il a pas l'air bien vieux, la peau noire, les cheveux tressés. Des marques sur le visage. Je ne l'ai jamais vu. Sinon, je m'en souviendrai. Il a un petit air étrange, mais je ne saurai dire de quoi il s'agit. Et puis, bon sang, il a l'air d'être fatigué. Possible qu'il marche depuis un moment. Mais je n'ai pas que ça à faire. Il m'a parlé, et s'il est comme les autres, il va s'énerver si je ne réponds pas. Alors je penche la tête sur le côté, réfléchissant à sa question. Si je vis dans une forge ? Pourquoi il demande ça ? Il a besoin de quelque chose ? Mais je ne saurais rien sans lui demander.
« Je vis pas dedans, mais j'y travaille oui. Enfin... Bref, pourquoi ? Vous avez besoin de quelque chose ? »
C'est à cet instant que je fronce le nez. Je sens la suie et le métal ? En même temps, c'est peut-être cette odeur qui m'a suivi quasiment toute ma vie. Ça vaut pas certaines odeurs, on va pas le cacher, mais ça a le mérite d'attirer l'attention de certaines personnes... Si seulement on pouvait dire que c'était une chance. Hm. Non. Après réflexion, sachant ce que cette odeur, certes plus forte, a fait à mes poumons et à mes bronches, non, c'est clairement pas une bonne chose, en tout et pour tout. Enfin. Je suppose que ça n'est pas vraiment le sujet en soit...

Ven 17 Jan 2020 - 1:27

Le gamin interpelé eut un sursaut avant de se retourner et d'être pris d'une intense quinte de toux visiblement douloureuse.
Achéron grimaça en l'entendant cracher ses poumons : il n'allait pas mourir devant lui quand même ?
Il était maigrichon en tout cas, sa silhouette encore amincie par un manteau trop grand. Et sa tignasse blonde aurait bien eue besoin d'un coup de peigne. Ou de ciseaux.
Il répondit finalement, sa toux passée, confirmant ce que le Réprouvé avait deviné à l'odeur.
Bien qu'Achéron ne croyait pas trop que ce gringalet soit taillé pour travailler dans une forge, il se contenta de hocher la tête :

- Pumua sana, mtoto. Peux-tu m'y conduire ?
...
S'il te plait.

Le Réprouvé puisait dans toutes ses réserves de diplomatie pour demander aussi poliment de l'aide.
Il puisait aussi dans ses souvenirs d'observations de ses frères et soeurs en train de socialiser. Et il savait qu'il n'avait pas très bonne mémoire.

Dim 19 Jan 2020 - 13:50

L'autre, qui avait grimacé en m'entendant tousser, - réaction tellement habituelle pour moi que je n'en tiens pas compte - me répond dans une langue que je comprends pas :
« Pumua sana, mtoto. Peux-tu m'y conduire ? »
Je penche la tête, alors qu'il semble hésiter, pour finalement terminer :
« S'il te plait. »
Je souris. Tiens c'est marrant, on dirait qu'il est pas habitué à dire ce genre de mot. Mais bon, je ne suis pas sûr d'être vraiment habitué à l'entendre non plus. Même le maître me donne des ordres sans "s'il-te-plaît". Enfin. C'est pas comme si j'allais leur en vouloir. Cela dit, si ce gars n'est déjà pas habitué aux formes de politesse, je vais éviter de l'énerver. De toute manière, ça n'est pas dans mes habitudes de chercher des problèmes.
« Venez, c'est par là. »
Je passe devant le type en montrant une ruelle. Il a forcément besoin de quelque chose pour insister à vouloir que je l'emmène. Peut-être que le maître sera content. Je me retourne afin de voir s'il me suit bien, avant de lui demander :
« Dîtes ? Vous aviez parlé en quelle langue ? Je peux savoir ce que ça voulait dire ? »
Oui, je suis curieux, et alors ? Il n'est pas obligé de répondre, mais moi je suis obligé de demander. Si ça touche à l'extérieur, ça m'intéresse. Chez moi, on a toujours parlé la même langue. À part un des copains de mon père, qui disait souvent des trucs incompréhensibles... Mais je me demande si c'était pas la faute à l'alcool...

Jeu 23 Jan 2020 - 22:41

Achéron suivit l'enfant dans la ruelle, étouffant un baillement au passage.
Dans un coin de son esprit, une petite voix - celle habituée à Cruor - lui soufflait que c'était peut-être vers un piège que l'emmenait ce gamin dépenaillé. Mais il s'en moquait.
Il avait beau être fatigué - esseulé même ! - il avait toujours son temps infinitésimal et son marteau pour régler les problèmes de ce genre.
Les questions de l'enfant lui firent froncer les sourcils, car il ne s'était même pas rendu compte qu'il avait parlé dans une autre langue que celle commune :

- C'est... swahili, ma langue natale. Plus personne ne la parle depuis des siècles. Je t'ai dit de respirer profondément.

Il n'en dit pas plus, ne pensant pas utile de le faire. Et il préférait le silence à l'effort à fournir pour faire la conversation. Comme faisaient ses frères et soeurs ? C'était tellement fatigant !
Il pouvait toujours se forcer pour poser la seule question qui lui semblait réellement importante :

- La forge est loin d'ici ?

Distraitement, il fit passer ses doigts sur son marteau, attaché à sa ceinture, sentant les failles et crevasses qui couraient le long de l'arme à l'aspect étrange. Il voulait aller dans cette forge pour profiter de la chaleur et pouvoir se reposer, mais il en profiterait sûrement pour demander au forgeron qui y travaillait s'il pouvait réparer l'arme.

Lun 27 Jan 2020 - 19:24

J'ai la tête tournée dans sa direction et j'attends sa réponse, poussé par la curiosité. Mais étrangement, cette question a un effet peu commun sur lui, alors que la question semble banale. Ses sourcils froncés, comme si je lui posais une question indiscrète. Mais contrairement à ce que cette supposition peut laisser penser, il finit par me répondre, simplement :
« C'est... swahili, ma langue natale. Plus personne ne la parle depuis des siècles. Je t'ai dit de respirer profondément. »
J'opine du chef. Le swahili ? Il faudra que je demande à Andrew s'il sait ce que c'est ! En tout cas, c'est chouette de rencontrer quelqu'un qui parle une autre langue que celle que j'entends tous les jours. J'aimerais vraiment en apprendre plus. Mais je ne pense pas que m'apprendre sa langue soit sans ses objectifs... Enfin, on verra bien plus tard. Pour l'instant j'ai des choses à faire, comme le ramener à la forge.
Finalement, je me recentre sur la traduction de ce swahili. Respirer profondément ? Il m'a dit ça après ma toux. Je souris. Respirer profondément ne m'aurait pas plus aidé qu'autre chose. Et puis de toute façon, j'ai l'habitude. Mais bon, le fait qu'il ne le prenne ni mal ni en dégoût est assez rassurant. Même s'il pourrait mentir et me dire autre chose. Si je connaissais le swahili, j'aurais compris. Mais ce n'est pas le cas.
« La forge est loin d'ici ? »
Je me retourne dans sa direction avec un sourire, avant de secouer la tête.
« Non ! Encore quelques ruelles et on est arrivés. Je n'aime pas trop m'éloigner. On est quand même à Cruor et on sait jamais sur qui on va tomber... »
Je remarque alors ses doigts sur son marteau et, étrangement, l'idée qu'il veuille s'en servir contre moi passe puis disparaît. Il n'en aurait même pas besoin pour me maîtriser, j'en suis sûr. En revanche, le marteau a l'air assez usé. C'est le genre de type qui fait éclater des têtes ? Brr. Mais... On est à Cruor, et même sans ça, on est à Rhadamanthe. Et donc ça ne serait même pas bizarre de croiser ce genre de personne. D'ailleurs, je dirais même que c'est habituel.
« Le swahili... C'est la langue de vos ancêtres ? »
La question m'a échappé. Et je l'ai prononcé presque de manière inconsciente. Bon, tant pis ! En espérant qu'il ne prenne pas mal mes questions incessantes sur cette langue étrange...

Même si cela faisait moins de cinq minutes et que c'était de sa propre initiative, Achéron était fatigué de marcher ainsi. Heureusement, la réponse de son guide lui permit de tenir le coup en lui donnant une idée plus précise de la distance à parcourir.

- Hmmm...

Depuis qu'il avait grandi lors de l'expédition à Crannsliabh, son grognement - tic de langage pour signifier tout ce qu'il était trop paresseux pour exprimer avec des mots - sonnait bien plus grave et bestial.
Malgré ses efforts, ses talents de diplomate trouvaient déjà leurs limites.
Il surprit le coup d'oeil du gamin vers son marteau suite à son propre mouvement. Il avait sûrement pensé que c'était pour l'arme abimée qu'il cherchait une forge. Il n'était pas certain que qui que ce soit aujourd'hui soit capable de réparer l'objet antique.
En vérité, il n'était même pas certain que c'était un marteau, ni une arme. Il l'avait trouvée dans une décharge sans en connaître l'origine. Alors c'était peut-être un morceau arraché à une machine plus grande et complexe. Il savait juste qu'un mécanisme à l'intérieur donnait plus de force aux coups qu'il donnait avec. Pour le reste, c'était juste une masse de métal oblongue dôtée d'un manche.

Enfin, réfléchir comme ça lui donnait plus encore envie de dormir, alors il compta ses pas à la place.
Jusqu'à ce que son guide lui demande des précisions en tout cas :

- Oui, et de mes parents. Mais ils sont tous morts depuis des siècles. Je dois être le dernier à parler cette langue.

Le ton était laconique, la phrase accompagnée d'un haussement d'épaules.
Penser à sa première famille le rendait mélancolique autrefois. Mais depuis que son Père s'était réveillé, il commençait à oublier leurs visages, le son de leur voix...

Bizarrement, il ne me répond pas et se contente d'un grognement...
« Hmmm... »
Tiens, ça pour un grognement, c'est un sacré bruit. On dirait presqu'un monstre sauvage. Mais venant d'une personne avec une apparence si jeune, c'est presqu'amusant.
Finalement, je lui pose une question sur sa langue et il finit par répondre, très brièvement :
« Oui, et de mes parents. Mais ils sont tous morts depuis des siècles. Je dois être le dernier à parler cette langue. »
Il hausse les épaules, et il ne semble pas triste en parlant de sa famille. Je le regarde en penchant la tête, tout en repensant à mon père. C'est vrai que moi non plus je ne suis pas triste en parlant de lui. Après tout, ce n'est pas vraiment l'exemple de ce qu'on appelle un "bon père". Mais je lui en veux pas non plus. Il a agit comme le type qu'il était, et pour vivre à Cruor, je sais que je n'aurais pas eu beaucoup mieux. Mais peut-être que j'aurais évité cette maladie qui me ronge les bronches. Et comme par hasard, je lâche une petite quinte de toux en me couvrant la bouche. Avant de retourner mon visage vers l'autre et qu'une évidence me frappe comme un coup de marteau. "Des siècles" ? Il n'a pas l'air vieux pourtant !
« Mais... Si ça n'est pas trop indiscret... Vous avez quel âge ? Vous n'avez pas l'air d'avoir des siècles derrière vous... »
Oui, la question est presque sortie malgré moi. Mais aussi... Il a vraiment l'air jeune ! C'est la première fois que je vois ça... Cela dit, je dois avouer être assez admiratif. Il est sûrement le dernier des siens, et il est vieux et pourtant si jeune... Ce qui fait me demander comment mon corps va réagir à la vieillesse... Après tout, certains détails n'ont pas beaucoup changé depuis la naissance de mon pouvoir.

Achéron répondit à la question de son guide par un nouvel haussement d'épaules.

- Je sais pas. J'ai passé beaucoup de temps à dormir avec mon Père et mes nouveaux Frères et Soeurs. On a dormi longtemps... mais ma première famille était déjà morte avant. Avec tout ça, je sais pas combien de temps est passé. C'est pas important.
Elle est encore loin cette forge ?

Le bout de la ruelle était proche, mais la courte distance semblait s'étirer infiniment pour l'impatient jeune homme.
A son grand soulagement pourtant, ils finirent par arriver bel et bien et, après un dernier tournant, s'engagèrent dans un cul-de-sac dont le fond était occupé par ce qui ne pouvait qu'être leur objectif. Si le Réprouvé se fiait à la cheminée fumant un nuage noir et à l'enseigne - montrant marteau et enclume - battant au-dessus de la porte basse, il s'agissait de la forge où travaillait son guide. L'endroit était dépourvu de décorations superflues, sans chichis, et au final semblait assez petit. Achéron aimait bien.
Pensant déjà à la chaleur qui devait régner à l'intérieur, il hâta le pas et il avait quasiment dépassé son guide en arrivant sur le palier de la porte, qu'il ouvrit sans frapper ni attendre.

Une clochette tinta au dessus de sa tête pour annoncer leur arrivée dans la partie marchande de l'atelier.
La pièce était encombrée par des rateliers qui débordaient d'armes et d'armures en tous genres, si bien qu'il semblait impossible d'atteindre le comptoir du fond sans percuter ou faire tomber quelque chose. L'absence de fenêtres rendait l'intérieur un peu étouffant : la seule lumière était celle, rougeâtre, du feu de la forge qui entrait dans la pièce par une ouverture au fond à droite, donnant sans aucun doute sur l'atelier.
Des bruits de coups de marteaux frappant contre du métal résonnaient à intervalles réguliers, vrillant les oreilles du Réprouvé qui préférait de loin le silence.
Mais, comme il faisait effectivement bien meilleur à l'intérieur, il ne se plaignit pas et alla inspecter distraitement une cotte de mailles en attendant la suite. Peut-être son guide irait chercher le forgeron, peut-être que ce dernier - ayant entendu la clochette - finirait par venir de lui-même ; Achéron n'en avait cure, profitant de ce temps mort et de la chaleur comme un voleur de confort.

Mar 17 Mar 2020 - 10:44

J'observe le garçon alors qu'il hausse les épaules. Pour moi... Hausser les épaules signifie qu'on ne sait pas. Comment ne peut-on pas savoir quel âge on a ? La réponse à cette question ne tarde pas.
« Je sais pas. J'ai passé beaucoup de temps à dormir avec mon Père et mes nouveaux Frères et Soeurs. On a dormi longtemps... mais ma première famille était déjà morte avant. Avec tout ça, je sais pas combien de temps est passé. C'est pas important. »
Je le regarde étrangement. Sa nouvelle famille ? Il a été adopté, après la mort de ses parents biologiques, je suppose. Mais comment une famille peut-elle dormir si longtemps que le temps puisse passer sans s'en rendre compte ? Il faut bien manger et boire, non ? À moins qu'ils ne soient pas humains, qu'ils fassent partie d'une espèce n'ayant nullement le besoin de boire et de manger... Hm, c'est étrange tout ça. Je détourne les yeux alors qu'il me demande :
« Elle est encore loin cette forge ? »
Je secoue la tête presque machinalement, encore en train de penser aux espèces vivant sur cette terre. C'est tout de même étrange, la différence entre les gens. Je n'arrive pas à me mettre dans la tête qu'il est possible de dormir durant des siècles, sans se réveiller.
Finalement, la forge se dessine au fond de notre cul de sac et je la montre du visage. Mais le garçon semble déjà l'avoir vue, puisqu'il prend de lui-même les devants, et se dirige hâtivement vers la porte. Ouf, bah c'est qu'il est pressé. Il ouvre la porte alors que la sonnette tinte, avant de tenter de se glisser entre le bordel de la soi-disant "entrée". Connaissant parfaitement le bazar, je me faufile entre deux armures forgées, le contournant ainsi. Je continue mon trajet sans rien renverser - merci ma petite taille - avant d'appeler mon maître :
« Maître, il y a quelqu'un pour vous ! »
Je l'entends ronchonner un peu, derrière le mur, grommelant quelque chose comme "occupe-toi de lui deux minutes, j'suis occupé là". Je lève les yeux au ciel avant de me retourner vers l'autre, qui observe une côte de maille.
« Qu'est-ce qu'on peut faire pour vous, du coup ? »
Habitude faisant, j'ai conservé un sourire poli en lui posant la question. Je suis sûr que mon maître ne va pas en avoir pour longtemps, mais en attendant...

Lun 30 Mar 2020 - 23:30

Son guide le dépassa avec agilité, se déplaçant dans la salle encombrée en suivant un chemin guidé par l'habitude, réussissant l'exploit de ne rien percuter. Après avoir appelé le maître des lieux - et reçu une réponse quasi-inaudible - il se tourna vers lui, une expression de parfait vendeur sur le visage.
La transformation était si soudaine qu'Achéron ne put se retenir de glousser. Il rejoignit tant bien que mal le jeune garçon de l'autre côté de la salle, jouant des coudes pour se frayer un passage dans ce capaharnaum de bois, d'acier et de cuir.
Il décrocha son marteau de sa ceinture et le posa sur le comptoir. Sous la lumière rougeoyante de la forge, les craquelures à la surface de l'arme antique étaient difficiles à repérer.

- Mon arme est couverte de fissures. J'ai déjà été voir d'autres forgerons, mais ils étaient nuls et n'ont pas pu la réparer.

En vérité, il avait été voir les meilleurs forgerons de Rhadamanthe, ses frères et soeurs lui ayant fourni les accès pour rencontrer ces artisans rapidement. Mais même eux n'avaient pas su identifier le métal qui composait son marteau, et n'avaient par conséquent rien pu faire pour le réparer.
Il n'avait pas grand espoir avec cet artisan, mais s'il pouvait glaner quelques minutesq de chaleur, voire quelques heures pour se reposer pendant que le forgeron se cassait les dents sur l'énigme de son arme, cela lui suffirait.

Mar 31 Mar 2020 - 0:40

Alors que l'autre se met à glousser, je ne peux m'empêcher de sourire d'amusement. Bien que j'ignore ce qui a pu déclencher cette réaction, je dois avouer que les rires des autres ont toujours eu cette réaction sur moi. Peut-être parce que je n'ai pas entendu souvent les gens rire ? Les amis de mon père se moquaient souvent de moi, ça me faisait sourire et eux riaient encore plus. Mais depuis notre départ, je ne vivais qu'avec lui, et il n'était pas le genre d'homme à rire. Les types que je fuyaient non plus. Eu final... Andrew est le seul être de qui je parviens à entendre un rire, depuis qu'on est partis de Thanatos. Enfin, mis à part ce gars.
Il se met alors à avancer, poussant les armures et les trucs en tout genre qui traînent. Il faudrait ranger tout ce bordel, franchement. Et que le maître arrête de vouloir forger "l'arme et l'armure parfaite". Après, tout ça s'encombre et je suis sûr qu'il y a quelques pépites qui ne demandent qu'à être dénichées... À condition de vouloir fouiller ce bordel monstrueux. Le garçon - ou l'ancêtre, du coup ? - pose son marteau sur le comptoir, et ça me tire un sourire. J'avais raison alors. Il est là pour lui. À moins que... ? J'ai comme le sentiment qu'il manque une pièce du puzzle, et qu'il n'est pas là que pour ça.
« Mon arme est couverte de fissures. J'ai déjà été voir d'autres forgerons, mais ils étaient nuls et n'ont pas pu la réparer. »
J'opine du chef avant d'approcher les yeux de l'arme. J'ai l'habitude de ce degré d’éclaircissement mais... Là encore, faudrait faire des changements. La forge est un peu plus lumineuse, mais pas excessivement plus. Il faudrait faire des ouvertures, pour laisser la lumière naturelle passer, ou rajouter des lampes. Rha, trop de choses à faire ici. Comme la première fois, je finis par voir les longues fissures lézardant le marteau. C'est ce que j'avais pensé, il est usé. Je glisse mes doigts dessus, machinalement, comme pour mieux juger l'état de fatigue du marteau. Quel âge il peut bien avoir, franchement ? S'il l'a depuis longtemps, il a au moins des siècles sur le dos. Combien de gens se sont pris ce truc ? Aucune idée, mais en tout cas, il a besoin d'un coup de neuf.
Cependant, quelque chose m'interpelle. Mon maître m'a fait retenir tous les noms des métaux utilisés et utilisables, m'a fait apprendre l'aspect, la couleur et les caractéristiques de chacun de ces trucs. Pourtant, celui-ci ne me revient pas. Et j'ai beau fouiller ma mémoire de fond en comble, rien ne vient. J'ai beau effleurer cet étrange acier, j'ai le sentiment de ne pas le connaître. Je me tourne vers le garçon.
« Euh... En quoi il est fabriqué ? J'ai beau fouiller dans mes leçons, je ne trouve rien de similaire. »
Mon maître aurait-il oublié des matériaux pouvant être utilisés ? J'en doute, il est très consciencieux. Ce n'est pas le genre de chose qu'il oublie. M'enfin... Si même lui ne le connaît pas, ça lui fera un défi... Il aime bien ce genre de choses.

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