[Terminé] L'Hiver éternel [Fête de la Couleur et de la Gourmandise 2787] [libre]

Evidemment. Qui d’autre qu’elle aurait pu être sollicitée pour ça ?

Certes, son frère. Mais celui-ci était parti des années plus tôt, sans laisser de trace, sans jamais plus se manifester ensuite. Il était surprenant de la part d’Oigean de réussir à faire ainsi profil bas, de ne plus se faire remarquer aussi longtemps, mais ce n’était pas le souci. Mis à part les jumeaux Greimhridh, Senea n’était pas certaine que quiconque d’autre ait cette forme de pouvoir; et si elle n’avait pas la prétention d’être absolument unique, ni de clamer ce pouvoir comme une exception sensationnelle (entre autre car c’était simplement un pouvoir d’Enfant de l’Eau, concentré sur l'eau froide sous toutes ses formes, ce qui restait une sacrée limitation de sa puissance) elle n’était pas certaine que quiconque capable de faire ça soit aussi connu qu’eux. Et vu qu’elle était la seule membre restante du duo, il était plutôt logique qu’on ait fait appel à elle pour recréer l’hiver dans le cadre de la Fête de la Couleur et de la Gourmandise.
C’était arrivé plusieurs semaines auparavant: on était venu la chercher à la sortie d’un cours de l’Académie, et elle avait du suivre deux personnes jusqu’à un bureau, se demandant bien ce que diable elle avait pu faire qui mérite ce traitement (pensant plutôt à une erreur de sa part qu’à une offre d’emploi ou un une faveur). Elle était donc restée nerveuse jusqu’à son entrée dans le bureau , où sa nervosité avait eu un pic soudain en voyant son directeur de formation, un de ses professeurs et deux conseillers de ministres qu’elle avait déjà vus à la Cour, du temps où elle y vivait.

*Houlà, qu’est-ce que j’ai fait?*

Elle écouta cependant ce qu’on avait à lui dire, et se détendit peu à peu, se rendant compte qu’on ne lui reprochait strictement rien, au contraire: son talent était reconnu, surtout associé à son pouvoir étonnant, et on entendait bien s’en servir. C’est d’ailleurs ce qui fit qu’elle sentit peu à peu sa nervosité remonter. Pour autant, ceci ne l’empêcha pas de négocier un salaire plus élevé (elle connaissait la Cour, ses moyens et sa tendance à la pingrerie) et de la reconnaissance. Elle ne perdait pas de vue son but de devenir artiste et se disait qu’un CV complet n’était pas à négliger, et que si on avait entendu parler d’elle avant, pour divers projets, ça ne serait pas plus mal.

C’était donc suite à cet entretien et les semaines de travail qui avaient suivi (qui, ajoutées à son travail scolaire lui donnaient un air étonnamment fatigué) qu’elle se retrouvait dans un coin de cet étage précis du palais, qui lui rappelait bien des souvenirs, en train de gérer l’hiver artificiel et de toujours y ajouter quelques petites améliorations (comme cette fleur de givre qui avait soudain fait son apparition entre deux enfants, qui lui couraient après joyeusement). Elle ressemblait à n'importe quelle convive: vêtue d'une longue robe bleue tirant vers le blanc, qui semblait brillante de givre, elle avait tressé ses longs cheveux blonds dans lesquels semblaient figés des flocons de neige. Un loup recouvrait le haut de son visage, ressemblant à une vitre sur laquelle sont le froid aurait fait sa toile vierge. Elle avait même à la main un verre de ce qui ressemblait à un granité de champagne. Pourtant, elle, elle travaillait. Elle avait formé des petites équipes, et chacun savait ce qu’il devait faire pour maintenir ce froid, mais elle restait celle qui organisait le tout et coordonnait les différents magiciens présents pour refroidir la salle, faire neiger, givrer certains éléments, etc.  Et comme elle regardait ailleurs, vérifiant chaque petit détail, elle ne vit évidemment pas la personne qu'elle percuta.

[Au niveau du rapport de taille, on n’est pas bons xD Snow fait 1m73, Senea fait une taille moyenne, donc mettons aux alentours d’1m65 il peut donc pas faire une tête, soit environ 30 bons centimètres, de plus qu’elle xD]

Lorsqu’une de ses pommettes entra en contact plutôt violent avec un menton glabre et volontaire, elle recula, surprise, et se retrouva à s'excuser en même temps que le jeune homme face à elle. Tout en époussetant et lissant sa robe, afin de se donner une contenance et de cacher son embarras (et son visage rougissant) de n’avoir ainsi pas regardé devant elle, elle lui dit:

Non, non, c’est moi. J’étais attentive à tout, sauf à ce qu’il y avait en face de mois, je vous ai foncé dedans sans même m’en apercevoir. Je suis dé …

Elle le regarda, et cligna des yeux, interloquée. Il ressemblait à une version plus musclée, un peu plus jeune, légèrement différente de son frère. Assez grand, yeux très clairs, mais avec plus de nuances, cheveux blancs, aucun poil sur le visage. Il n’avait pourtant pas cet air espiègle d'insupportable je-sais-tout toujours prêt à jouer un tour qui caractérisait Oigean (d'ailleurs il rougissait bien trop après avoir rencontré une femme pour un simili-Oigean), mais la ressemblance suffit à la déstabiliser un instant, ce qui l’amena à bafouiller comme une débutante.

… Désolée.

Sa gorge lui parut soudain très sèche, et sa bouche assez pâteuse, pourtant, elle se força à déglutir, et se morigéna.

*Ce n’est pas Oigean, triple idiote des montagnes gelées ! Oigean est parti, et ne reviendra pas. Il vous a abandonnés, papa et toi, et n’espère pas le voir revenir. On ne peut pas se fier à lui. Ce type lui ressemble juste.*

Pourtant, cette simple ressemblance suffit à l’agacer, même en ayant parfaitement conscience que cet homme ne pouvait être son frère, et n’avait très certainement rien à voir avec lui. Voir une image d’Oigean, après cet abandon dont elle avait tant souffert, suffisait pour l’énerver.

Excusez-moi je dois … fit-elle avec un geste vague, sans même finir sa phrase. Profitez de cette soirée, monsieur.

Et après un sourire grâcieux quoiqu’un peu raide, elle recommença à s'éloigner, en quête d’un autre détail à modifier.

D’un pas pressé, un peu raide, elle traversait la salle, désireuse de mettre de l’espace entre cet homme qui lui rappelait son frère disparu et elle guettait des yeux les détails qui pouvaient avoir besoin de ses bons soins, sans en trouver. Elle était trop efficace dans son travail. Cette pensée lui arracha un petit sourire … qui s'effaça instantanément lorsque le jeune homme reparut à ses côtés, l’air toujours aussi gêné, mais ayant quand même eu le courage de la rattraper. Un instant, un peu effrayée, elle crut qu’il allait lui demander une danse (entre la formulation de ses phrases et son rougissement extrême il y avait de quoi se questionner), mais en réalité (et c’était pire), il leva la main vers elle, et tenta de lui toucher la joue. Elle sentait de là où il était le froid qui émanait de sa main.

*Décidément !*

Pourtant, avant qu’il ne puisse s’approcher trop à son goût, elle lui saisit le poignet, et, sans violence mais avec une certaine fermeté l’éloigna d’elle.

Non, merci. Ca disparaîtra tout seul, ne vous en faites pas. Ce n’est même pas douloureux. Je n’ai pas besoin d’un soigneur, ni même d’un Songeur. Ne dépensez pas vos talents pour moi, même si c’est très gentil de votre part d’y avoir pensé, et d’avoir essayé.

Elle eut un sourire bref, afin de clôre la conversation, en lui lâcha le poignet. Puis, alors qu’elle allait tourner les talons de nouveau, elle s’avisa qu’elle se montrait très impolie envers un homme dont elle ne savait rien, et qui pourrait peut-être lui coûter un futur poste s’il était influent (tout ça car il ressemblait à son imbécile de frère). Lui n’avait fait qu’être sur sa trajectoire, et tenter de réparer les dégâts qu’elle avait causés, après tout. Elle se força donc à se radoucir, alors même qu’elle mourrait d’envie de s’éloigner et d’aller vaquer à ses occupations (elle était là pour le travail, pas pour des mondanités. Mais pouvait-on considérer que les mondanités faisaient partie de son travail ?).

Je peux vous aider ? Vous cherchez quelqu’un ou quelque chose, peut-être ?

Avec un sourire, elle ajouta, faisant référence à sa belle apparence:

J’aurais du mal à croire qu’un jeune homme comme vous n’ait pas de partenaire qui l’attende dans un coin pour un bal comme celui-ci.

Sa voix était un peu moins froide, et son regard un peu moins froid. Elle remit la tresse qui contrôlait ses cheveux d’un blond polaire sur son épaule couverte d’un tulle très fin orné de motifs rappelant ceux tracés par l’hiver, mélange de flocons et de givre. Ce tulle, proche de l'organza, constituait les manches, longues, un peu bouffantes, aériennes et resserrées aux poignets de la robe qu’elle portait ce soir-là. Il laissait voir ses bras par transparence, et recouvrait également son torse en plusieurs couches qui, tout en offrant un décolleté suffisamment plongeant pour mettre en avant ses atouts, suffisamment sage pour rester convenable, n’offrait aucun jeu de transparence et faisait ressortir sa minceur. Sa taille était ceinte d’une bande du même tissu bleu très pâle qui faisait la corolle et sa jupe arrêtée juste en dessous du genou. Cette jupe elle-même était recouverte de ce tissu aux motifs d’hiver. Ses mollets longs et fins étaient mis en valeur par les talons hauts qu’elle portait, d’un bleu légèrement grisé, et ornés d’un flocon à l’arrière de chaque chaussure, au niveau de la bride. Elle ne portait aucun bijou, considérant sa robe assez travaillée, et était très peu maquillée. En clair, elle s’était suffisamment apprêtée pour passer inaperçue dans la foule du bal, mais bien moins qu'à l’époque où elle était encore à la Cour.

La tenue de Senea:

Elle avait donc tapé juste: ce garçon rougissant comme un débutant avait une cavalière. Elle sourit face à sa gêne évidente.

Si elle vous a habillé, elle a bon goût ! Ne vous inquiétez pas, ces fêtes ne sont pas pour tout le monde, mais elle doit être déçue que vous ayez disparu, elle devait sans doute vous attendre de pied ferme !

Elle lui sourit, le jaugea de la tête aux pieds. Il n’avait pas vraiment la carrure de quelqu'un qui restait à étudier en permanence dans sa chambre, et elle se demanda un instant s’il ne jouait pas un rôle pour se rendre sympathique, voire pour lui plaire.

Je crains de ne pas trop pouvoir vous cacher, mis à part derrière un rideau, je ne suis pas censée quitter cette pièce. Je m’appelle Senea, se présenta-t-elle. Je suis la personne chargée du décor de la pièce, et de maintenir l’hiver ici. A priori, tout ne s’effondrera pas si je mets un pied à l’extérieur, mais s’il y a un problème et que je ne suis pas là, ça va barder !

Elle lui sourit, et joignant le geste à la parole, elle fit apparaître au-dessus de sa main un flocon givré qui disparut aussitôt d’un autre geste.

Par contre si vous le désirez, je dois pouvoir vous indiquer des endroits plus discrets qu’en plein milieu de la salle de bal de cet étage ! Je connais suffisamment le palais pour ça. Ceci dit, en tenue de bal comme vous l’êtes, passer totalement inaperçu risque d’être compliqué. Allez, venez avec moi.

Elle lui indiqua de la suivre d’un geste, et ses yeux parcourant la pièce afin de s'assurer que rien n’allait de travers, elle le mena jusqu'au buffet, où elle prit dans une montagne de neige un verre givré d’une boisson proche du cidre de glace de l’Ancien Monde  qu’elle lui tendit.

Tenez, déjà, ça vous donnera une contenance et vous passerez plus inaperçu. C’est un alcool sucré, à base de fruits givrés pressés après avoir gelé sur leurs arbres. J’espère que vous aimez ça ?

De son côté, elle prit sur un présentoir de glace ouvragé une coupe de vin pétillant au bord recouvert d’un givre enneigé.

Vous pouvez prendre autre chose si vous le souhaitez, il y a des jus de fruits chauds épicés, du vin chaud, divers pétillants, vins et champagnes … Il y a une tendance à la démesure ici, vous savez. Vous êtes étudiant, me disiez-vous ?

Elle sourit, amusée, lorsqu’il lui dévoila la couleur originelle de son costume.

Dans ce cas, c’est vous qui avez bon goût, Snow.

Lorsqu’il lui montra sa propre magie, sa bouche s’arrondit. Décidément ça leur faisait de plus en plus de points communs, et ça le rapprochait de plus en plus d’Oigean -ce qu’elle n’était sûre d’apprécier. Cependant, elle n’en dit rien, ni n’en montra rien, et le gratifia d’un très beau sourire.

Je sais donc à qui j’aurais dû faire appel pour m’aider !

*La question, c’est surtout: pourquoi ne l’ont-ils pas appelé, lui ? S’il est à l'Académie, comme moi, ils doivent savoir qu’il existe ! Alors, pourquoi moi, plutôt que lui ?*

Merci pour ce compliment. C’est très gentil, mais je ne suis pas certaine d’avoir grand chose à vous apprendre. Je suis née ainsi, dans une famille d'Enfants de l’Eau des plus classiques. On ne sait pas pourquoi, mais je ne maîtrise mon élément que sous sa forme froide. J'ai appris à me débrouiller comme ça. Et vous ?

Comme lui, elle reprit une gorgée. Cependant, elle, ce n’était pas pour reprendre contenance, mais par habitude -un verre dans une main, ça se sirotait doucement, avec élégance surtout lors d’une fête pareille. Doucement, elle se déplaça un peu, se décalant par rapport au buffet, afin d’être moins dans le champ de vision des mondains, à qui elle ne voulait pas voler la vedette. De plus elle n’avait pas très envie qu’un de ses anciens collègues courtisans ne vienne lui parler, même si personne ne l’aurait sans doute fait -être vu en train de parler à quelqu’un ni noble, ni proche de la Couronne, ni influent, à quelqu’un de rien, n’était pas bon pour l’image, et c’était l’image seule qui comptait à la Cour.
Et soudain, elle comprit.

Oh mais tout à l'heure, votre main … Vous tentiez d’apaiser la marque de notre collision par vos pouvoirs du froid, pas du tout comme un Songeur, j’ai juste ? Si c’est bien ce que je crois, c’est très malin, vous savez. J’ai soigné par le froid pour la toute première fois assez récemment, je n'y aurais jamais pensé. Comment avez-vous appris ?

D’un plat, elle récupéra un petit sandwich aux goûts frais et raffinés, qu’elle mangea après lui avoir fait signe de se servir également.

Au fait, vous m'avez dit être étudiant. Vous êtes à l'Académie ? Qu’y étudiez-vous ? Peut-être que nous nous sommes déjà croisés sur le campus ! lui demanda-t-elle en souriant.

L’histoire donc ? Ils n’étaient peut-être pas dans la même partie du campus, dans ce cas, ce qui aurait expliqué qu’ils ne se croisent pas. De nouveau, tout en lui expliquant son appétence pour les soins, il lui porta la main à la joue. Elle eut, évidemment un mouvement de recul, et se félicita de s’être éloignée du centre des regards. Elle ne savait pas vraiment son statut, mais elle savait le sien, et n’avait aucune envie de le desservir. Allez savoir ce qui pourrait lui tomber dessus si jamais la cavalière abandonnée de Snow les voyait et s’imaginait qu’il tentait de la séduire ! Cependant, cette fois, elle le laissa faire, s’étonnant de la sensation de froid contre sa joue, elle qui ne le ressentait jamais d’habitude, et esquissa un sourire plus léger, moins sûr de lui. Elle l’écoutait, alors qu’il plongeait ses yeux dans les siens. Pour la première fois, elle ne tenta pas d’échapper à ce contact visuel direct, et put s’étonner de l’étrange couleur des iris du garçon face à lui. Son iris était d’une forme étonnante. Là où d’habitude, ils étaient arrondis, les sins semblaient verticaux, presque droits. D’un bleu étonnant, indéfini, mais donnant l’impression qu’ils brilleraient dans le noir, ils étaient marqués de traits semblant partir du contour de l’oeil et entrer dans l’iris et pointer vers la pupille, fine et vertic ale, presque animale, d'où sortaient également ces étonnants traits. Elle n’avait jamais prêté énormément d’attention au détail des couleurs de ses propres yeux, mais une chose était certaine, ils ne ressemblaient pas à ça, et elle n’en avait jamais vu de pareils. Elle y songea très exactement à l’instant où il lui dit ne pas savoir sa branche exacte, ni son ascendance, et se contenter d’être lui.

*Oui, mais qui es-tu, qu’es-tu, exactement ?*

Il avait de la chance qu’elle ne soit pas une de ces dingues qui aurait tenté de l’épingler et de l’étudier comme on l’aurait fait d’un papillon rare.

Vous avez raison, lui dit-elle dans un sourire. Après tout, la branche importe peu, ce qui importe, c’est qui l’on est, ce que l’on veut, ce que l’on aime.

Elle-même but un peu dans son verre, avant de son répondre.

Je suis étudiante en arts. C’est ma troisième année, je progresse peu à peu, mais j’aime beaucoup ce que je fais. J’ai eu la chance de travailler sur quelques beaux projets. J’aime beaucoup la théorie, en particulier l’aspect historique, mais ce que je préfère, c’est bien évidemment la pratique, et peut-être un peu trop évidemment l’aquarelle, même si toutes les techniques m'intéressent. J’aimerais pouvoir, à terme, concevoir des décors.

D’un geste elle balaya la pièce en souriant.

Ceci explique cela, ajouta-t-elle avec un clin d’oeil. Les sandwichs vous plaisent ? Au fait, vous ne m'avez rien dit de votre rendez-vous de ce soir ! lui dit-elle. Est-elle si affreuse pour que vous la fuyiez ainsi ? plaisanta-t-elle.

"Après tout, la branche importe peu, ce qui importe, c’est qui l’on est, ce que l’on veut, ce que l’on aime." étaient sortis de la bouche de Jonas dans un passé lointain, ces exactes mots avec la même intention, la même intonation. Un timide sourire étira les lèvres du mage. Alors elle était étudiante de troisième année en art, en effet il ne risquaient de pas trop se croiser. Elle aimait l'aspect historique de l'art, c'était intéressant, voilà une piste qu'il n'avait pas encore creusé. Snow suivit sa main des yeux et s’émerveilla une nouvelle fois de a décoration de la salle. La décoration était riche de talent, et il était clair qu'elle n'aurait pas été mieux réalisé par quelqu'un qui n'avait pas le goût de cette tâche.

Quand il rebaissa les yeux, elle lui fit un clin d’œil en lui disant que ceci expliquait celà. Le coeur de Snow fit un bond gigantesque dans son torse tant il avait trouvé ce clin d’œil craquant. Cela avait provoqué une émotion si forte dans l'esprit et le corps de Snow que de la neige se mit à tomber au dessus d'eux. Quand Snow le remarqua, d'autres gens le remarquèrent aussi autour d'eux. Snow dans un souffle de panique maitrisé fit disparaitre les flocons d'un bref geste du poignet. Pendant qu'il cachait les preuves elle lui demanda à propos de son rendez-vous. Snow regarda autour de lui et quelques gens semblaient le regarder. Snow goba la fin de son sandwish et finit son verre avant de lâcher un énorme soupir.

"Elle s'appelle Elliel et je ne la connais pas vraiment... Mais elle suit de près mes recherches depuis que je me suis rév..."

Snow marqua un instant d'hésitation et ses yeux qui regardèrent brièvement sur la droite trahirent une pensée fugace.

"Revenu... A l'académie. Et je ne sais pas si elle éprouve de l'attirance pour moi, ou si elle cherches à m'approcher pour essayer d'obtenir quelque chose de moi. J'ai cette sensation que c'est purement politique et tout ça ne m'intéresse pas le moins du monde."

Snow soupira une nouvelle fois alors que ses yeux revinrent observer ces deux étendues cobalt qui habillait se visage avec une certaine perfection. Dans tout les cas, il espérait qu'on ne reviendrait pas l’appeler Maitre Wintersormr devant sa compagne de discussion.

"Dans tout les cas, je pense que votre voie vous va à ravir je pense qu'il n'auraient pas pu mieux choisir pour ce soir. J'avoue que vous avez piqué ma curiosité avec l'art, le saviez-vous? Certains alchimistes on caché des recettes alchimique dans des peintures, invisible pour le commun des mortels mais extrêment instructif pour les yeux entrainés."

Sans même rougir, le visage de Snow rayonna d'une toute nouvelle lumière. Il était clair qu'il avait toujours éprouvé beaucoup de plaisir à enseigner, mais de nos jours, il avait beaucoup trop de retard à rattraper pour s'y résoudre.

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Lorsque de la neige se mit à leur tomber dessus, Senea fronça un sourcil; ca c’était étrange, ce n’était pas prévu ! Il n’y avait pas vraiment de raison que ses enchantements se dérèglent, à moins que les petites équipes qu’elle avait formées pour maintenir les charmes en place et surveiller que tout aille comme sur des patins aient un souci, ou tentent d’attirer son attention. Soudain un peu inquiète, elle regarda autour d’elle, tournant la tête à la recherche d’un signe, de quelqu’un qui tenterait de communiquer avec elle. Rien. Et ce faisant elle loupa le geste de Snow un peu paniqué, et ne comprit donc pas que cela venait de lui. Cependant, quand elle recentra son attention sur le jeune homme, la neige avait disparu. Un sourcil un peu levé, elle l’écouta, cherchant toujours en fond une explication à cet étrange phénomène. Voyant que son camarade avait terminé son verre, elle se permit de le lui prendre, et de lui en donner un autre, tandis qu'elle-même n’avait pas terminé sa boisson. Puis, de nouveau, elle se décala un peu. L’averse de neige avait attiré sur eux l’attention, et comme Snow cherchait à se cacher, il valait mieux partir un peu plus loin -il lui avait d’ailleurs semblé voir un éclat de tissu trop bleu pour être honnête.
A ses explications elle sourit, tout en sentant bien qu'il lui cachait quelque chose, de par son bafouillis autant que par son regard. Ainsi donc, il devait être relativement important, pour soupçonner autour de lui une machination politique sous couvert de séduction. Ou bien, il était égocentrique et paranoïaque, et s’imaginait toute une histoire là où une simple jeune fille était tombée sous son charme. Cette idée la fit sourire. Ce ne serait pas la première fois que ça arrivait ! D’autant que, pour les amatrices du style timide étudiant polaire, il devait avoir du succès. En se déplaçant, ils s’étaient très légèrement éloignés du buffet et rapprochés de la piste de danse (et des fenêtres, qui se trouvaient cependant encore bien loin), et elle avait vu quelques regards féminins intéressés se poser sur lui (et peut-être un ou deux masculins aussi).

*Il n’y a pas qu’Elliel qui risque de le courtiser ce soir …*

Il la complimenta ensuite, avant de lui parler des alchimistes et de leurs recettes cachées dans des peintures. Elle hocha la tête, intéressée.

Je l’ignorais ! C’est très intéressant ! Est-ce que cela arrive souvent ? Et savez-vous quel effet cela fait-il dans les oeuvres qui les utilisent ?

Elle le voyait rayonner, et être plus confiant. Ce garçon était très nettement fait pour les études, et même plus, pour l’enseignement. Cependant, elle ne lui dit rien, de peur de le déstabiliser et de le faire de nouveau rougir, alors qu'il paraissait enfin plus à l’aise. Pourtant, concentrée sur son interlocuteur, elle ne vit pas un autre jeune homme arriver, qui lui tendit une main avec un visage avenant:

M'accorderas-tu cette danse, Senea, au milieu de tout ton travail ?


*Zut ! J'étais trop concentrée sur celles qui roucoulaient autour de Snow, et sur son envie de s'échapper pour penser à surveiller mes propres arrières. Espèce de débutante ! Tu régresses !*

Dire que losqu'elle vivait à la Cour elle était connue pour être l'une des meilleures à l'art d'échapper à ceux qu'elle ne voulait pas voir ! Elle avait perdu de son talent. C’était un ami de camarade de promotion (ils venaient du même village, ou du même quartier, elle n'était pas certaine), qui restait souvent avec sa bande d’amis, et la connaissait donc. Doté de parents assez riches, mais sans influence, il était plutôt gentil, pouvait avoir un certain charme, mais ne l’intéressait pas. L’inverse n’était manifestement pas vrai, puisqu’il venait de l’inviter à danser.

Je suis désolée, mais comme tu peux le voir, je suis en train de discuter, refusa-t-elle poliment quoiqu’avec une certaine froideur.

Il se redressa, son sourire se fit plus large.

Mais enfin, nous sommes à un bal, et un bal est fait pour danser ! répliqua-t-il, sûr de lui. Or, à moins que j’aie la berlue, je ne te vois pas danser mais bien discuter. Mon invitation à danser semble donc me donner la priorité sur ce parleur près de toi, si on suit la logique de l’évènement, non ?

Alors qu’elle le toisa, il insista, tendant la main de nouveau.

Allez, viens danser, ça te distraierait, tu es toujours en train d’étudier ou de travailler. Ce serait dommage de ne pas faire tourner une si jolie robe, surtout sur une si belle fille. Et si tu y tiens, je te ramènerai tout droit à ton loquace compagnon, termina-t-il avec un regard peu amène vers Snow.

Sentant bien qu’elle ne parviendrait pas à s’en débarrasser facilement, à moins que Snow lui-même ne lui dame le pion et l’invite à danser à la place du nouvel arrivant, elle jeta un regard interrogatif à son interlocuteur avant d’accepter la main tendue. Après tout, accepter une danse avec lui serait sans doute plus rapide et inconséquent que la lui refuser et subir une possible amertume de sa part quelques temps encore, ce qui risquait de plomber les soirées de jeux, de révisions ou de fêtes auxquels ils participaient, par exemple.

Évidemment, il fallait qu’Elliel choisisse ce moment-là pour montrer le bout de son nez. Un peu plus, Senea en aurait soupiré d’agacement tant la situation était vaudevillesque, mais elle ne savait pas qui était cette fille, et quelle était son influence: elle ne tenait pas à se griller, si on pouvait le dire ainsi, pour un futur travail. Et, bien évidemment, elle aussi demandait à Snow Winterstormr une danse. Ils se retrouvèrent donc piégés, et elle suivit son nouveau partenaire, manifestement très content de lui, pour la danse suivante.

As-tu la danse à tes nombreux talents, Senea ?

Elle ne lui répondit pas, une démonstration étant plus efficace qu’un long discours. Elle n’aimait pas particulièrement danser (mis à part avec Oigean, il fallait l’admettre), mais le faisait bien, du fait de son éducation de Cour. Près d’elle, il parlait de la dernière fête à laquelle il s'était rendu.

Oh vraiment ? Ca avait l’air étonnant ! répondit-elle à la faveur d’un tour.

Elle n’avait donc aucun problème à discuter d’autre chose tout en gardant un port de bras parfait. D’ailleurs, en plus de discuter, elle en profitait pour regarder un peu autour d’elle (les grands Dieux seuls savaient comment elle faisait pour ne pas être malade), appréciant ses propres efforts de décoration, et repérant les sorties les plus proches, afin de pouvoir s’éclipser rapidement et semer ce garçon qui lui faisait manifestement la cour, étant passé de la fête aux louanges de sa coiffure.

Oh, tu sais, ce n’est qu’une tresse. Je dois pouvoir faire la même chose avec nos camarades aux cheveux longs ! fit-elle dans un sourire.

Il avait beau être insistant, il n 'était pas réellement désagréable, et le tissu de son vêtement, de bonne facture, était agréable au toucher. Cependant, on sentait bien qu’il n’avait pas appris à danser de la même manière qu’elle, et elle se laissait guider avec nonchalance. Il dansait comme on dansait dans les bals populaires et les fêtes étudiantes, et c’était simple à suivre, si on savait esquiver les pieds. De toute façon, il semblait plus intéressé par l’idée de réussir à enfin lui parler en tête à tête que réellement concentré sur ses pas. Il lui parlait à présent d’une exposition, qu’il avait vue avec un ami, et où il lui proposait de revenir avec elle.

Elle a l’air très intéressante ! Jusqu'à quand dure-t-elle ? demanda-t-elle, sans répondre à sa question.

Elle ne prêtait pas une grande attention à son partenaire, ni au bal, cherchant plutôt à trouver un moyen de retourner travailler (d'ailleurs son camarade n’avait pas tort: elle était la plupart du temps concentrée sur ses étude sou son travail, ne remarquant donc pas que ce garçon lui manifestait son intérêt depuis quelques mois, entreprise dans lequel il n’était pas le seul à s’être embarqué. Il n'aurait cependant pas été très surprenant que ces oiseaux-là courent plusieurs lièvres à la fois: c’était monnaie courante, et elle n’était pas très réceptive).. C’est donc pour ça qu’elle fut assez surprise lorsque pendant une sorte d’envolée en contre rythme, incitant à la variation, elle changea de bras, et se retrouva soudain avec Snow face à elle, une odeur fraîche, proche de la montagne, lui arrivant soudain aux narines, remplaçant celle, plus boisé de son cavalier.
Cela eut le mérite de lui remettre les idées en place. Le cadre que lui offrait Snow était beaucoup plus rigide que celui de son camarade, et elle était plus loin de lui, plus tenue. D’elle-même, elle se tint plus droite, et se reconcentra. Là où les pas de son précédent cavalier étaient imprécis, ceux de Snow étaient millimétrés. Ce garçon avait très clairement appris à danser, comme on le faisait à la Cour. La question était: où ? Elle ne l’avait jamais croisé à la Cour d’Hypnos, et n’en était pas partie depuis suffisamment longtemps pour passer à côté d’un pareil spécimen, qui aurait fait glousser toutes les filles sur son passage (même avec l’écart d’âge qui semblait les séparer). Pour la première fois depuis leur rencontre, il la regardait sans détourner le regard, manifestement concentré sur leur danse. Alors que chacun se tenait très droit, ils avaient peu d’écart de taille à cause de ses chaussures à talons. Cela rendait la danse d'autant plus simple. Très vite, elle sentit le poids des regards se poser sur eux; il fallait admettre que la manœuvre de Snow était ambitieuse, et qu’il avait une manière suffisamment aristocratique de danser pour être remarqué.

*Pour la discrétion, c’est loupé.*

Il la fit donc danser, comme elle avait pu danser avec les hommes les plus raffinés de la Cour dans son ancienne vie. Soudain, comme s’il réalisait ce qu’il venait de faire, il se remit à rougir, et une brume neigeuse se mit à les accompagner dans leur danse. Cette fois c’était vraiment étrange. Senea ne perdit rien de son masque -Snow ne parlant pas, elle souriait un peu en coin en le regardant-, mais elle se posait quelques questions. Ce spectacle était-il une farce d’un de ses assistants, ou bien le fait de l’homme face à elle ? Et si tel était le cas, dans quel but ?  Le spectacle semblait pourtant apprécié, à en croire les murmures autour d’eux. Lorsqu’il la lâcha, elle se sentit parcourue d’un léger frisson, qu'elle ignora, et nota qu'elle avait très peu croisé son regard, regardant toujours très légèrement sur le côté, alors même que lui n’avait cessé d'être fixé sur elle. Elle lui rendit son salut, et il leva le bras, arrêtant net les manifestations météorologiques étonnantes autour d’eux. Ainsi donc, cela venait bien de lui … Mais pourquoi ? Lorsque la foule applaudit, elle prit le parti de saluer légèrement, comme si cela faisait partie d’un spectacle prévu. Peut-être ainsi auraient-ils moins d’ennuis. Elle ne le vit donc pas rougir en la regardant, par contre, elle vit très bien leurs deux cavaliers malheureux revenir vers eux, chacun mécontent à sa façon. C’est son cavalier qui ouvrit le bal, et il se renfrogna plus encore quand Snow lui opposa une fin de non-recevoir. Ayant un peu de pitié pour lui (après tout il s'était fait voler sous le nez sa cavalière par un inconnu), elle allait lui parler, mais Elliel, collée à Snow, prit la parole. Senea fronça légèrement le nez bien malgré elle, agacée par ce comportement futile, mais se dit qu’elle n’allait pas répondre, lorsqu’elle prit conscience que s’approchaient d’eux un certain nombre de cavaliers et surtout de cavalières. Les jeunes femmes étaient manifestement échaudées par le fort joli minois de cet exceptionnel danseur. Elle doutait cependant, au vu de la mine contrariée de Snow, que ce soit son cas. Il fallait réfléchir vite, et agir encore plus vite car en un instant, ils seraient submergés.

*Oh, et zut ! Quitte à jouer un rôle, vas-y à fond ! Fais toi plus dinde que n’importe laquelle des autres dindes, ma fille.*

Les notes d’un nouveau morceau se faisaient déjà entendre, et elle se rapprocha soudain de Snow:

Oh, c’est ma musique préférée !

C’était faux. C’était un morceau qu’elle avait peut-être déjà entendu une ou deux fois, mais dont elle ne gardait aucun souvenir. En plus, au vu du rythme, ce n’était pas sa tasse de thé, présageant d’une danse à tours et à figures, nécessitant de régulièrement se rapprocher de son cavalier. Pourtant, il fallait ce qu’il fallait.

Excusez-moi, très chère, Snow est un grand ami à moi depuis toujours ! Nos familles sont si proches … M’accorderas-tu cette danse, mon ami, en souvenir du bon vieux temps ?

*Pitié, faites qu’elle ne soit pas télépathe, et que ce gros mensonge ne me revienne jamais dessus !*

Elle venait de glisser sa main dans celle que Snow avait de libre, comme si, en effet, ils se connaissaient depuis toujours et non pas depuis une quinzaine de minutes. Avec douceur, mais fermement, elle commença à le tirer vers la piste de danse.

Je danserai avec toi, à notre prochaine fête, je te le promets ! Mais je suis certaine qu'une de ces jeunes filles serait ravie de t’avoir pour partenaire ! glissa-t-elle au cavalier qu’elle abandonnait, en s'éloignant avec Snow vers la piste.

Elle les plaça en périphérie de la piste, et commença à se mettre en position pour danser, en miroir de son partenaire. Déjà, d'autres couples commençaient à les entourer, et très vite, ils purent commencer à danser. Ils étaient légèrement plus proches que sur la valse précédente, mais bien loin de ce qu'avait tenté Elliel. Cependant, cette fois, elle le regardait.

Je suis désolée de vous avoir ainsi forcé la main, lui glissa-t-elle à voix basse à l’oreille, alors qu’ils se rapprochaient une première fois, à cause de la danse elle-même. C’était sur l’instant le seul moyen que j’ai vu pour à la fois vous permettre d’échapper à Eliel, et aux jeunes femmes qui semblaient très intéressées par vous, ce qui semblait vous gêner ! continua-t-elle, alors qu’ils s’éloignaient un peu. Après tout, vous m’avez bien demandé de vous cacher, et j’ai une idée pour vous permettre de vous soustraire à cette soirée que vous n’avez pas l’air d’apprécier … poursuivit-elle, sans détacher ses yeux de lui. J’espère que vous ne m'en tiendrez pas rigueur, et que mon mensonge n’aura pas trop de conséquences.

Ils firent une figure, et elle se tut, afin de l’effectuer correctement. Elle se retrouva de nouveau face à lui.

Nous ne sommes pas forcés de finir la danse, si vous n’aimez pas ça ! Dites-moi juste de quel côté vous voulez vous éclipser pour échapper à celles qui vont vous poursuivre toute la soirée: plutôt balcons, pour prendre l’air même s’il n’y a pas de jardins, ou bien vers l’intérieur pour changer de salle, ou partir selon votre choix ?

La danse faisait tourner sa robe sur ses jambes, qui frôlait souvent celles de son partenaire, lequel la menait à la perfection. Elle s’étonna de la douceur du tissu qu'il portait: celui-ci semblait tissé très fin, assez cher donc. Eliel ne manquait sans doute pas de moyens, et Senea comprenait qu’elle soit verte de jalousie en voyant que Snow, en plus d'avoir modifié son costume qui semblait à présent plus correspondre, par hasard, à sa robe qu’à celle de sa cavalière officielle, danse tant avec une autre, et l’abandonne par dessus le marché ! Quand une femme commençait à investir de l’argent sur un homme qu’elle courtisait cela était souvent plus sérieux qu’on ne le croyait. Il avait des mains plutôt douces, comme il convenait à un étudiant lecteur, mais lui paraissait toujours étonnamment musclé, surtout à présent qu’elle avait une main sur le haut de son bras, non loin de son épaule. De plus, une odeur de lavande lui chatouillait le nez, s'ajoutant à l'odeur de la montagne au printemps.[/b]

Elle sourit. Ainsi, il aimait danser ? Bon danseur, et amateur ! Moins timide, il aurait fait tomber toutes les femmes de la Cour à ses pieds, le bougre ! Elle virevoltait dans ses bras, et lorsqu’il lui apprit que les deux échappatoires lui convenaient, elle laissa vagabonder ses yeux dans la salle, avant de trouver l’issue parfaite: un balcon, près d’une porte annexe. Cela leur permettrait de prendre l’air sans qu’elle n’ait à quitter son lieu de travail, et lui pourrait s’éclipser discrètement s’il le souhaitait. Parfait. Elle allait donc tranquillement les mener vers cet objectif, tout en le laissant guider la danse, comme le voulait le protocole. Doucement, elle infléchit le poids de son corps, lui faisant comprendre la direction à prendre. Elle ferait ainsi pour le guider. Il leur faudrait encore quelques variations pour y arriver cependant !

Je ne pense pas que quitter la piste en plein milieu de la danse soit une bonne idée pour rester discret, cependant, il faudra être vifs, et au bon endroit quand le morceau se terminera, lui glissa-t-elle avec un sourire.

Elle avait reporté son regard sur lui, suivait son guidage. Régulièrement, ils se rapprochaient, et son odeur lui sautait aux narines. Cela lui rappelait étrangement les promenades en famille à la saison du renouveau, qui lui manquaient. A présent, son père vieillissait en maison de retraite, et son frère avait disparu. Belle réussite.
Elle se força à chasser ces pensées parasites de son esprit, au moment où autour d’elle, des variations s’effectuaient. Elle avait bien failli louper le temps, et dut courir après les temps justement, se retrouvant soudain plus proche de Snow qu’elle ne l'aurait souhaité, enroulée dans ses bras, une main non loin de sa joue, avant de repartir dans l’autre sens, comme beaucoup de danseuses (sauf celles qui avaient choisi de rester ainsi lovées pour danser quelques variations dans cette position, qui demandait non seulement une certaine technique au niveau des pieds, mais aussi une certaine complicité avec son partenaire. Elle s’y serait sans doute amusée avec Oigean, mais pas avec Snow).

Dites-moi, lui glissa-t-elle, alors collée à lui, avant de reprendre un peu plus loin, où avez-vous appris à danser ainsi? Je ne vous ai jamais croisé dans aucune Cour, alors même que j’en ai fréquenté plus qu’à mon tour ! Et vous dansez comme un noble rodé à cet exercice, lâcha-t-elle, sans préciser que sa manière de danser avait un petit côté vieillot, ressemblant plus à celle de ses plus anciens professeurs qu’à celle des partenaires de son âge. Vous faites sensation !

Elle sentait sur eux un ou deux regard de temps en temps, et elle était presque certaine qu'ils ne s'adressaient pas à elle.

Elle vit le regard de son partenaire se détacher d’elle lorsqu’elle lui posa sa question, comme s’il cherchait quoi lui dire.

*Mais que me caches-tu donc ?*

A présent, elle en était persuadée: il n’était pas tout à fait franc. Il y avait quelque chose qu’il cherchait à ne pas dire, et qui expliquerait sans doute toutes ses bizarreries. Pourquoi diable un simple étudiant, un peu plus jeune qu’elle, se faisait-il appeler Maître, et craignait autour de lui une conspiration politique ? Comment se faisait-il qu’il sache aussi bien danser, avec pourtant ce côté un peu ampoulé ? Qu’est ce qui pouvait expliquer ses manières et l’intérêt qu’on semblait lui témoigner, au moins du côté d’Elilel, alors qu’il n’était pas noble (elle aurait entendu son nom, cela faisait partie des listes que l’on apprenait par coeur lorsqu’on était courtisan) ? Pourquoi était-il si embarrassé auprès d’elle, alors même qu’il avait vingt ans à en croire son visage et avait déjà dû fréquenter des filles, ne serait-ce que comme camarades d'études ? Pourquoi, aussi, ne lui avait-on jamais parlé de quelqu’un avec les mêmes pouvoirs qu’Oigean et elle, alors même que ce garçon existait ? Comment cela se faisait-il qu’il cherche à se cacher, disait-il, tout en faisant absolument tout pour se faire remarquer, de son costume à son attitude, en passant par son usage de ses pouvoirs ? Que cachait-il qui pourrait relier tout cela et expliquer son comportement ?
S’il fallait être franche, Senea ne se posait qu’à moitié la question. Chacun avait ses secrets, chacun avait des choses à cacher. Si un jour elle voulait savoir, elle saurait. Elle avait suffisamment de réseau, même ancien, et une capacité à faire des recherches suffisamment bonne, qui, combinés à ses années à la cour, en faisaient une fouineuse hors pair. Elle avait déjà déniché plusieurs secrets, dont le dévoilement l’arrangeait pour une raison ou pour une autre. Actuellement, il ne voulait rien dire, et c’était bien son droit. Il la connaissait depuis vingt minutes, dans un contexte de fête, et ne savait rien sur elle.
Et, il fallait bien dire la vérité: ce soir Senea travaillait. Aussi charmant que fut-ce l’inconnu, elle n’était pas là pour percer des secrets, ni se faire courtiser, raison pour laquelle, jusqu’à ce qu’elle le percute, elle ne cessait de louvoyer, son mouvement incessant rendant difficile la moindre discussion, la moindre invitation à danser. Après tout, c’était lui qui l’avait poursuivie, pas le contraire, et depuis le début, elle ne faisait que le tirer de l’embarras dans lequel il se mettait tout seul ! Alors, au diable son secret.
Sans sourciller, elle le laissa débiter ce qu'elle savait n’être au mieux qu’une demie-vérité (ce garçon n’était pas très doué pour mentir, ses yeux criaient tout à sa place, et cela avait presque un côté attendrissant). Elle aurait même continué la discussion, afin de donner le change, mais la musique touchait à sa fin, comme le lui faisait sentir son partenaire, et il était temps de s’éclipser, en espérant qu’il ne se fourre pas de nouveau sous le feu des projecteurs (sans quoi, elle n’était pas certaine d’avoir la foi de le tirer une fois de plus de son mauvais pas, aussi joli que soit son minois!).

Ca va être le moment de notre échappée, chuchota-telle à son intention, sans le lâcher du regard.

Et en effet, après une dernière variation, une dernière figure, un dernier tour, la musique se termina. Elle le salua poliment, quoique rapidement, avec un petit signe de tête lui indiquant la direction à prendre. Elle aurait préféré qu’ils y aillent séparément, mais, en réalité, vu ce qu’elle avait perçu du jeune homme face à elle, il se sait fait alpaguer en un instant, et ne s’en serait sans doute pas démêlé facilement. Alors, elle le guida, si imperceptiblement devant lui, qu’un observateur inattentif aurait pu croire qu’il choisissait la trajectoire, vers le balcon. Leur progression fut rapide et fluide plus dans sa deuxième partie que dans sa première. En effet, autour de la piste de danse, il y avait du mouvement: les couples sur la piste se saluaient, se séparaient, se reformaient, alors que d’autres entraient dans la danse. En périphérie, certains s’offraient des danses et s’invitaient, créant une confusion passagère qui ne durerait que quelques instants et leur permettait de s’échapper facilement. Une fois passée cette barrière mouvante, ils arrivèrent là où les gens discutaient en petits groupes disparates et éloignés, ce qui fut plus facile à traverser,mais peut-être moins discrets. En tous cas, en quelques instants, ils furent sur un des étonnants balcons de la tour royale d’Hypnos. Incurvé, il formait une sorte de croissant de lune collé aux parois. Comme il faisait nuit, on ne le voyait pas, mais chaque balcon était ouvragé différemment, et faisait partie d’un système d'ascenseurs extérieurs si on le souhaitait (et si, comme ce soir, ils n'étaient pas bloqués afin de mieux contrôler la circulation et les participants en les forçant à tous passer par l’intérieur). Il y avait plein de tailles et d’envergures de balcons, le plus grand pouvait accueillir plusieurs dizaines de personnes. Là, ils étaient dans un balcon prévu pour peut-être jusqu'à quatre ou cinq personnes, là où il en existait pour deux, voire pour une seule personne. Senea n’avait pas calculé son coup (il était difficile de prévoir quel balcon serait où, lorsqu’on ne vivait plus au Palais), mais était plutôt soulagée que cet espace soit vide, d’une part, et pas trop petit. En effet, cela aurait poussé à la romance, et elle ne souhaitait pas que Snow s’emballe, ce qu’elle craignait un peu. D'autant plus que, niveau romance, la vue à elle seule était suffisante.
En effet, la nuit, claire, dévoilait une Lune presque pleine, qui éclairait en contre-bas les rues habituellement grouillantes et fourmillantes de la capitale qui ne dormait jamais. Ce soir, du fait des fêtes, c’était plus calme que d'habitude, même si on ne pouvait voir aucune rue déserte de là où ils étaient. L’éclairage des rues faisait ressortir le tracé urbain, et la lumière naturelle semblait faire briller le stouts. Derrière eux, la musique et le bruit diffus des discussions leur parvenaient, se mélangeant des différents étages. Devant eux, une immensité qu'ils surplombaient semblait leur tendre les bras d’une manière grisante. Au loin, on apercevait les silhouettes de plusieurs bâtiments, et même l’observatoire de l’Académie, où se déroulaient les cours d’astronomie. Cela faisait longtemps qu'une telle vue ne s’était pas offerte à elle, et elle eut un instant le souffle coupé, oubliant de reprendre le fil de la conversation. Elle oubliait toujours à quel point elle adorait sa ville.

Il ouvrit les bras, et elle sourit. Il ressemblait à un oiseau, comme ça, c’était étonnant. Au même instant, un peu de neige apparut autour de lui, comme extraite du décor de la salle. Il avait l’air de maîtriser ses pouvoirs de manière un peu aléatoire, comme s’ils étaient plus reliés à ses émotions qu’à sa volonté. Lui aussi sembalit apprcéiait la ville, son sourire si blanc,parfaitement rangé, le confirmait. Mais alors, pourquoi cette nostalgie, semblable à celle d’un vieillard ? Avait-il tant de bagages derrière lui ? Etait-il plus vieux qu’il n’en avait l’air, ou bien avait-il vécu tant de choses pour pouvoir se comporter en vieillard à vingt ans ? Elle ne lui posa pas la question. Ce n’étaient pas ses affaires, d'une part, et d’autre part, il ne lui répondrait sans doute pas. Avec son frère, elle avait eu son lot de mensonges, terminant par une grande trahison, elle n’avait aucune envie de recommencer. Elle décida de considérer qu’il n’avait connu Hypnos ainsi, de nuit, d’en haut. Et il fallait admettre que c’était très beau. Un instant, son esprit dériva. Elle pensait à Tapahari. La chamane serait épatée, elle n’en doutait pas devant ce spectacle. Cette ville immense, à perte de vue. Grouillante et lumineuse, même en pleine nuit; Quel contraste avec son île, sa tribu ! Elle n'était pas certaine du tout que ce serait un contraste agréable, mais par contre, elle était persuadée que la chamane serait, elle aussi fascinée. Et que dire des garçons de Crocs ? Car si elle n’imaginait pas leur père épaté, fasciné, par quoi que ce soit, les petites créatures de brume, elles, adoreraient la soirée, elle n’en doutait pas. D’abord, elles seraient fascinées par le décor, le givre, la neige -Bob surtout. Ensuite, elles découvriraient Snow, et feraient sans doute en sorte d’avoir une petit démonstration de ses pouvoirs. Puis, cette ville, plein de points de lumière, étendue sous eux. Seraient-ils sensibles à ce spectacle, qu’elle trouvait si fascinant ? Elle n’en était pas certaine. Pour eux, ce serait peut-être un appel aux bêtises, à descendre dépenser leur énergie. Un sourire doux étirait ses lèvres. Elle les aimait bien, toute cette petite bande. Ils sortaient tellement de tout ce qu’elle pouvait connaître et fréquenter !

C’est une très belle ville, oui. Surtout vue d’en haut, et plus encore de nuit. Ca lui donne un petit côté fascinant. Vous reconnaissez l’Académie, au loin ? lui demanda-t-elle, en désignant le bâtiment qui pouvait servir de repère.

A sa gauche, Snow venait de se tourner vers elle après avoir regardé l’Académie. Elle le vit du coin de l’oeil, mais ne se tourna pas vers lui. Ils étaient séparés d’un bon mètre, et cette distance était suffisante pour qu’elle ne se sente pas mal à l’aise, ni forcée de le regarder. Elle ne craignait pas trop qu’il tende le bras soudain pour lui attraper la main, lui caresser la joue, ou lui remettre une mèche (parfois imaginaire) derrière une oreille comme avaient tendance à le faire les séducteurs de bals. Il était un peu trop loin pour ça, jugeait-elle.
A l’évocation de son enfance, elle sourit. Ainsi donc, il avait grandi à l’Académie ? Si ce Jonas était son frère, leurs parents étaient sans doute professeurs, car qui d’autre pour élever à l’Académie des enfants dont l'un d'eux portait le nom d’un Archimage ? Elle l’imagina petit un moment (dans le même accoutrement qu’aujourd’hui, juste en version miniature et pouponne), et cela élargit son sourire. Elle tourna enfin la tête vers lui pour le regarder, et croisa soudain son regard, pile au moment où il se confessait.
Cela la surprit, et elle eut un froncement de sourcils. Elle ne s’attendait vraiment pas à ce qu’il soit soudain si franc, surtout sur son propre manque de franchise et après avoir louvoyé dans ses réponses depuis qu’ils discutaient ! Il était vraiment étonnant, ce garçon.

*Qu’est-ce que c’est que ce spécimen encore ?!*

Elle allait le rassurer, mais il continua, alors elle l’écouta. C’était vrai qu’il n’était pas un très bon menteur: la plupart des enfants de la Cour mentaient mieux que lui, rodés depuis tout petits à ces jeux-là. Pourtant, quand il évoqua Crocs, elle ne put s’empêcher de lever un sourcil, puis, quand il matérialisa la créature et ses garçons dans une évocation des plus fidèles, son visage s’éclaira et elle rit, peut-être de manière sincère pour la première fois de la soirée. Elle espérait sincèrement qu’ils allaient bien, tous ! Un détail, pourtant, attira son attention: il y avait dans la scène un hibou, qu’elle n'avait jamais vu avec Crocs et ses garçons. Et soudain, le hibou fut là, de manière si inattendue que Senea eut un cri de surprise, et quelques pas de recul. Elle n’avait pas vraiment imaginé qu’un volatile viendrait soudain se poser entre eux, suffisamment près d’elle pour qu’elle sente le souffle d’air créé par le battement de ses ailes. Les yeux ronds, elle regarda Snow qui lui présentait l’animal comme son familier, nommé Flake. Son regard faisait des allers-retours entre les deux, alors même que l’oiseau semblait l’inviter à le carresser. Après une hésitation, elle tendit la main vers lui, et la posa sur sa tête.

Je n’avais … jamais caressé d’oiseau avant.

Afin de se remettre de l’émotion causée par l’arrivée du volatile, elle répondit à ce qu’il lui disait un instant auparavant.

Je ne vous en veux pas. Nous avons tous des secrets; il n’y a de toute façon guère que les albusiens pour toujours tout dire à tout le monde ! sourit-elle. C’est juste un peu étonnant de vous sentir à la fois tiraillé entre l’envie de vous ouvrir, et celle de vous taire. Vous n’êtes, en effet, pas très bon menteur, et cela vous distingue des personnes que je rencontre souvent. Je vous remercie, en tous cas, de me considérer comme étant digne d’intérêt. Et je me permets de vous dire que je suis plutôt douée pour garder des secrets, ajouta-t-elle avec un air complice.

Elle n’avait pas réagi au sujet de Crocs. Pour l’instant, elle ne le connaissait pas encore assez bien pour en discuter avec lui. Elle avait compris que Crocs avait lui-même pas mal de comptes à régler avec l’humanité, et rien ne lui disait que Snow ne faisait pas partie de ceux-là. Elle avait toujours la main sur l’oiseau, et afin de ne pas lui donner l'impression de le forcer à se révéler autant que parce que ce qu’elle allait dire était pure vérité elle enchaîna:

Je suis désolée, je me sens très maladroite. Comme je vous le disais, je n'ai jamais caressé d'oiseaux avant, mais jamais beaucoup d’animaux non plus … et je ne sais pas vraiment m’y prendre, lui demanda-t-elle, l'invitant sans le vouloir à la guider. Y a-t-il une manière de faire, des caresses qu’il préfère ? En tous cas, tu es très beau, Flake, finit-elle dans un sourire.

Et c’était vrai ! Aussi blanc que la chevelure de son maître, il avait comme lui des yeux très bleus qui semblaient percer l’obscurité.

Doucement, Snow s’avança vers elle.

*Non, ne fais pas ça.*

Il se glissa près elle.

*Mais qu’est ce qu’il fait ?!*

Doucement, presque avec tendresse, il lui attrapa la main, sans faire entrer en contact le reste de leurs corps, et entremêla leurs doigts.

*Ouh, doucement jeune homme.*

De sa main, il guida la sienne vers la tête de l’oiseau, lui montrant très exactement comment lui faire plaisir … et en effet ça marchait ! Il était clair que Flake appréciait, et soudain, voyant l’animal heureux, Senea oublia la main de Snow sur la sienne et continua à gratouiller. Elle laissa même le jeune homme parler très près de son oreille, sans ressentir de frisson, de gêne, hochant la tête à ses propos. Elle réalisa à peine qu’il l’avait lâchée, mais eut un rire de joie, presque enfantin, presque près du gloussement en constatant la joie de l’oiseau.
Les animaux, ce n’était pas son fort. Elle n’en avait jamais eu, enfant, et il n’y en avait pas beaucoup à la Cour, ou alors avec un aussi mauvais caractère que leur maître. Et vu qu'elle était très peu sortie du Palais, elle en avait une connaissance somme toute très livresque, qui la rendait vite impressionnable face aux bêtes avec lesquelles on ne pouvait communiquer par la parole. Car après tout, c’était ça qui la gênait le plus: l'incapacité des animaux à communiquer par des mots, ou sur la même base de gestes et d’expressions qu’elle, leurs émotions, leurs pensées, et leurs ressentis. Cela les rendait, pour elle, difficiles à comprendre et à analyser, donc un peu inquiétants.
Lorsque Snow parla, elle eut un sursaut, se rappelant soudainement de sa présence alors qu’elle était absorbée par le gratouillage de Flake. Elle n’avait même pas vu, ni senti, qu’il était passé dans son dos, et elle fit volte-face pour se trouver face à lui, et pouvoir le regarder quand il lui parlait. Pourtant, de nouveau, elle fut surprise. Le jeune homme était très près d’elle, et un instant, les yeux de Senea furent pile face à sa bouche, sa mâchoire emplissant tout l’espace de son champ de vision. Surprise de nouveau, elle eut un mouvement, et recula de quelques pas maladroits, percutant alors le hibou qui le repoussa vers l’avant. Etait-ce parce qu’il n'appréciait pas d'avoir été cogné ? Ou bien car il n’avait pas aimé cette soudaine interruption de la séance papouilles ? Sans doute l’un des deux selon elle, toujours était-il que Senea perdit un instant l’équilibre, et que cela suffit à la faire basculer droit sur Snow, se collant d’un seul coup à lui. Sans élan et n’étant pas bien lourde, il y avait peu de chances qu’elle le fasse tomber, d’autant plus que derrière lui la rambarde de recourbait, mais il y avait de bonnes chances qu’elle le déstabilise à tous points de vue.