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White Rabbit
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If 18- épreuve 5 (Par M.Hibou) Empty If 18- épreuve 5 (Par M.Hibou)

Mar 16 Jan 2024 - 23:51
White Rabbit

Pour les copains:
Pour les initiés:

Si vous n’avez peur de rien, Go. Pour les autres, GROS TW:

Petite présentation

Note à savoir : Dans les otherlands, certaines morts ne sont pas définitives, sauf celle des passeurs (ce qu’est White). De plus, une fois son âme donnée, on ne vieillit plus.

White Rabbit eut une enfance très solitaire de part un père qui l’obtint par simple curiosité, un “pour voir ce que ça fait”.
Son adolescence fleurit quand il se lie avec Snow White. Hélas, de deux enfants brisés ne peut découler qu’une relation toxique. Bientôt, une rupture qui se passe mal et White tue Snow en le poussant d’une falaise.
Quelques années plus tard, son crime le rattrape et il est “exécuté” pour avoir tué la Princesse chérie du royaume, son ex : Snow White. Mais l’exécution n’est qu’un leurre et il est emprisonné pendant 128 années.
Depuis tous ces événements, il entend une voix lui susurrer dédain, mépris et haine : *son araignée dans le plafond*.
Enfin libéré par Snow White plus si mort que ça et devenu Red Queen, sa vie redémarre difficilement.
Il peut se terrierporté (téléporté par terrier) d’un coin à l’autre de la carte.


Merci et bonne lecture !

___

C’est une chambre qui sent la poussière. Mais c’est sa chambre lui a-t-on offert, à lui qui n’a plus rien, nul part où retourner. Est-ce qu’il pourra en faire un chez lui ? Il en doute. Son cœur s’est perdu à jamais dans ce cachot. Peut-être qu’il ne pourra jamais vraiment s’en libérer.
Ça a été… tellement dur de le revoir, lui. La folie fut à portée de main. S’il y pense, White peut en ressentir encore le picotement au bout des doigts, dans chaque phalange.
L’immobilité le ronge d’angoisse, mauvais souvenirs qui reviennent, alors il s’agite, titube entre les différents meubles drapés d’un linge blanc et entreprend de détruire l’armée de spectres l’entourant.

*Tu penses que ça te libérera de tes fantômes passés ?*
La ferme” souffle-il entre les dents.

D’abord une chaise. Puis un bureau. Il jette les draps par terre en boule, peu soucieux de se les prendre dans les pieds plus tard. Une table de chevet. Puis un miroir.
Il se stoppe, contemple son reflet. Qu’y voit-il ?
Un étranger qui a passé grotesquement le costume de sa peau. Des cheveux de paille où jadis dansait du blé, un regard terne qui brillait d’or, un corps faible incapable de rattraper son retard.
Quelle pitié qu’il soit encore vivant.

Peut-être faudrait-il qu’il recouvre le miroir, avant de le briser. Il attrape un drap précédemment jeté, un nuage de poussière forme des illusions d’avant, particules magiques dansantes à la lumière ; le drap agité joue un tour de passe-passe car bientôt, son reflet lui montre un môme.
Un môme qui le regarde.
White n’est pas doué pour reconnaître l’âge des enfants - ça ne l'intéresse pas vraiment- mais il sait reconnaître un tour du Père Castor quand il en voit un.

T’es qui toi ?
L’enfant regarde, penche sa tête dorée en hésitant visiblement. “White Rabbit” répond-il au bout d’un moment.
Oh merde.” Plus que les âges, c’est lui-même que White ne reconnaît pas.

*Ne jure pas devant un enfant, ton père ne te l’a jamais appris ?*
Tu sais bien que non.

White approche le miroir, s'accroupit devant son petit lui. Ce dernier porte des vêtements trop grands et derrière, le lapin peut observer une chambre familière dépourvue de chaleur.

Ça va la vie ?” finit-il par dire pour briser le silence.
L’enfant hausse les épaules. “Ça pourrait être pire.
Hum” acquiesse le lapin blanc adulte “Écoute. Fait confiance à personne. N’écoute personne, même pas ton père.” Il ricane “Surtout pas ton père.

___

Derrière le miroir, petit White ne sait que répondre. Il hoche la tête, pour ne pas froisser l’adulte, surtout pas celui-ci avec son air mal aimable. Il le sait prompt à la colère, sans savoir pourquoi. Il lui inspire de la pitié aussi, sans comprendre pourquoi.
Mais contrairement à la douce soumission acquiescée au conseil d’un inconnu, quand son père l’appelle, il accourt. Il jubile presque -c’est si rare !- et bondit sur l’occasion pour se faire remarquer -je suis vivant, je suis là, regarde-moi-. Évidemment qu’il écoutera son père, boira ses paroles comme de rares gouttes d’eau à travers un désert. Il sera un bon garçon, celui qui arrive à gagner l’affection paternelle par ses efforts bientôt récompensés. Il travaillera dur pour ça.

Il se délusionnera vite.

Il est ado quand son miroir reflète une nouvelle fois l’adulte hâve. Ce dernier le fixe dans le miroir, maintenant habillé un peu plus correctement, le regard caché par des lunettes cendrées. La chambre de l’autre côté du miroir semble plus riche que la sienne. Il y voit des meubles qu’il assume être en bois massif, un large et douillet lit, mais il note aussi l’absence de personnalité totale. La sienne en a de la personnalité, au moins. Une personnalité pauvre et pitoyable, mais elle veut dire quelque chose.
Les deux s’observent un moment sans rien dire.

C’est l’ado qui confesse en premier “T’avais raison.
L’adulte raille “Ah ! Qui l’eut cru ?
Ado-White se tait, jaugeant son vis à vis. L’adulte le toise aussi, silencieux comme une tombe dont il semble être sorti. Un soupire des deux, l’ado reprend la parole : “Et t’en as d’autres des supers conseils déprimants ?
Non.

___

Derrière le miroir, White adulte hausse les épaules. Qu’est-ce qu’il peut dire ? Les ados n’écoutent jamais rien et lui encore moins, se souvient-il. Oh des trucs déprimants, il peut en raconter, oui. Mais est-ce que ça changera la donne ? Est-ce que ça modifiera le futur ? Ça ne vaut juste pas le coup d’essayer se résout-il, fataliste, et il est fatigué, tellement fatigué d’espérer.
L’ado devant lui regarde sur le côté, un peu boudeur, un peu revêche. Ce silence gênant, long et étalé, le met visiblement mal à l’aise. Alors il y coupe court : “Je dois aller travailler, le Chapelier m’attend.” Chapelier ? “À plus.

Ça casse quelque chose en White.
Sa respiration.
Son coeur.
Son stoïcisme.
Son refus de revoir le passé.

Merde merde merde. C’est cet instant là ? Non non non !

Attends !” essaye-t-il d’hurler, une flammèche rallumée un peu trop tard en lui : le miroir n’est devenu de nouveau que grotesque reflet de sa dégénérescence. “Et ! MERDE !

Depuis ça l’angoisse. Chaque fois qu’il regarde ce miroir, il se souvient. Qu’il a fait le désintéressé face à môme qui aurait pu éviter deux vies gâchées. Celle de l’Autre, la sienne.
Des fois il se console en pensant que ce n’était qu’une illusion, un mirage de son esprit brisé. Le passé est résolu, on ne peut vivre que dans le présent et le destin est inéluctable.



Qu’est-ce qu’il ne donnerait pas pour réécrire cette putain d’histoire !

Il voit rouge, contre lui, contre le monde, contre cette saloperie de vie, cette chance offerte qu’il n’a pas su saisir.
Un jour, son poing vole, s’écrase dans le miroir. Sous l’impact se forme une toile d’araignée coupante où quelques gouttes de sang perlent sur les fils.
L’image est déformée, la main douloureuse, mais il s’en fout car il voit.
Lui ado, lui sans vie. Les yeux éteints, le regard penché vers le bas, caché derrière des cheveux ternes et sales. Le Gamin semble encore plus misérable que lui, c’est un comble.
Mais c’est quand ça ? Avant ? Après ?
Il remarque le miroir de son jeune lui brisé. Ce miroir, essaye-t-il de se forcer à ce souvenir, l’a-t-il cassé avant ? Après ? Cette erreur fatale, ce jour sur la falaise où l’Autre à basculé, où sa vie s’est écrasée, écarlate éclaté dans les récifs plus en bas.

Avant ? Après ?

Il s’accroche au miroir, avec l’énergie du désespoir, appelle pour attirer l’attention, crie même. L’ado reste de marbre, jusqu’à ce qu’un sourire décharné vienne étirer ses lèvres séchées.

T’as de l’énergie aujourd’hui” note le jeune lapin, la voix narquoise.
White adulte se stoppe, avec l’envie de se foutre à lui-même un pain dans la gueule. Parler à son soi enfant, qu’ils disent. Ouais, bah, c’est qu’ils l’ont jamais croisé lui enfant. Il grogne : “Écoute merdeux, on n’a pas le temps.” * Pas le temps, en retard, en retard…* “Quand tu le verras, tu sais de qui je parle, quand tu le verras. Ne fuis pas, fait avec, trouve une solution, mais ne fuis pas vers cette putain de falaise.
Ça à le mérite d’attirer l’attention de l’ado qui lève la tête et observe curieusement. Silencieusement.
White adulte continue : “Si je peux te donner un seul conseil déprimant que ta sale caboche de con voudra bien suivre… Dis lui… je sais pas, que t’es désolé. Laisse pas une falaise vous séparer.

*

Derrière le miroir… Oh, ça l’arrache à son océan d’apathie de ses derniers jours. Oh, merde, ce grand adulte élimé semble vraiment vouloir aider. Et il parle. Et ça résonne. Et ça tonne en lui.
Peut-être que c’est la solution à tout ce fatras qu’est sa vie.

Okay.” Fait le jeune docile.
Okay ?” fait le vieux incrédule.
Okay.
Jeune White ferme les yeux, prend une lente inspiration. Quand il ouvre les paupières, plus d'adulte, juste son regard fatigué, ses vêtements délavés, son air dépité, ricoché par un miroir cassé. Il recule lentement, afin d’avoir juste assez d’espace pour former un terrier sous ses pieds.
Aller lui parler. S’excuser. Ça semble si facile.

*Dommage que Monsieur bons-conseils soit en retard, pas vrai ?*
Entre sanglots et rire, White s’étrangle.

Bientôt, un terrier plus tard, il est là, au bout de cette falaise. Le sang a été nettoyé par les vagues en contrebas.

Je suis désolé” murmure doucement White. “Tellement désolé.

Il ne laissera pas une falaise les séparer.
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