[Terminé] Un revenant dans la nuit [pv Beldura Glow et membres du palais Royal]

03/10/2752

Un fantôme. Une ombre dans la nuit, qui se glissait entre les bosquets délicatement taillés des jardins du palais royal. On ne pouvait le repérer. C’était impossible. Totalement impossible. Il ne respirait même pas. Il se fondait dans le décor.
Sa progression, quoique furtive, n’en était pas moins rapide. Il arriva vote au pied du mur. La fenêtre était ouverte, mais peu importait. Il aurait aussi bien pu la crocheter dans bruit, ou y faire un trou sans qui quiconque ne s’en aperçoive. De prise en prise il progressait plus vite que n’importe quel serpent. Ses mois d’entraînement avaient payé, et il le sentait dans la souplesse nouvelle de ses mouvements. Il arriva rapidement au bout de son escalade. Il se percha sur la fenêtre, et entra sans peine. La chambre était plongée dans l’ombre, à l’exception de la lueur douce de la lune par la fenêtre et de celle qui s’échappait de la porte entrouverte du couloir. Ses pas ne faisaient pas un bruit. Il sentait une odeur de jeune fille, partout. Du parfum, un peu, et du savon, de la lessive. Des étoffes luxueuses. Il s’approcha doucement du lit à baldaquins, dont les tissus blancs cachaient l’occupante.

Une enfant dormait apaisée, dans un lit blanc. Des bleus couvraient encore son visage et ses membres. Il était auprès d’elle, et la regardait respirer régulièrement, benoîtement. Elle était ce qu’il avait de plus cher, enfin. Angel savait que son frère avait trouvé un sens à sa vie, enfin.

Il écarta les rideaux. Elle était là, se cheveux de feu répandus autour d’elle, son visage calme et ses traits apaisés. Elle était plus âgée, mais le paraissait à peine. Elle était tellement abimée lorsqu’il l’avait recueillie …

Angel était venu à la maison, voir son frère. L’enfant dormait, comme toujours lorsqu’il venait. Il ne voulait pas tant la voir. God y tenait plus que tout. Plus que tout. Il lui décrivait ses progrès, sa voix, ses yeux. Son frère se consommait d’un amour fou sans désir pour cette gamine sortie de l’enfer …

Il lui effleura le visage de ses doigts gantés. Sa respiration lui effleura les doigts. Dire que cette gamine. Elle s’agita, et ses yeux s’ouvrirent. Dans la nuit, il les aperçut à peine, deux éclats de feu tellement semblables à …

- Monsieur ?

Angel secoua la tête sans cesser de la fixer.

- Monsieur ?

Il se déplaça légèrement, et la lumière vont éclairer un peu son visage. La terreur voila le regard flamboyant et la bouche s’arrondit. Un cri strident en sortit.
Le temps qu’on entre, il avait déjà disparu dans la nuit.

La falaise. La mer. Les vagues. Le néant. Et ce papier dans main gantée de noir. Elle avait disparu. Il s’était tué. Et maintenant, Angel devait porter cela. Seul. Et la protéger, peut-être ? Il ne l’avait jamais fait jusque là. Et puis, il avait compris tout ce qu’on pouvait en tirer. Et il avait décidé de la protéger. Il aimait les femmes aux cheveux de lave, c’était un peu fou.

- Elle est en sécurité maintenant, God. Je veille sur elle.

Et l’ombre se fondit parmi les siens.
La vie, nouvelle, brûlante, sanglante l'attendait ailleurs.

30/06/2758

Un contact s’infiltra dans son rêve. Elle ne le perçut pas immédiatement, puis s’agita, ouvrit les yeux. Face à elle, un homme, sur sa joue, ses doigts, gantés au contact.
Une sculpture. Les mêmes traits fins, purs, altiers. Des cheveux bruns, mi longs, en bataille, une peau manifestement blême. Un visage long, des lèvres fines et bien dessinées. Des yeux en amande, très grands, juste au bon endroit, exactement symétriques, bordés. Un revenant. Un revenant …

- Monsieur ?

L’homme secoua la tête. Elle remarqua sa carrure. S’était-il musclé ?

- Monsieur ?

Il se décala vers la lumière, légèrement, et elle vit le sang qui emplissait ses yeux. Et elle comprit son erreur, sa fatale erreur. Un homme était dans sa chambre, là pour la tuer. L’assassiner. Le sang dans ses yeux montrait sa soif de ce liquide empli de fer. Elle hurla, de toutes se forces, vidant ses poumons en un hurlement suraigu, alors que l’homme disparaissait sans plus d’explications.

Dim 24 Mar 2013 - 15:47

Daël avait décidé de passer la nuit au château il manquait du monde pour la ronde de nuit et quelqu'un en cuisine il pouvait faire les deux ...

Il avait juste oublié que contrairement à son frère il avait besoin de dormir lui. Il commençait à s'assoupir sur un de ses fauteuil ultra confortable près de la chambre de la reine, quand un cri strident le tira de son semi-sommeil . Le cris venait de la chambre de la reine. il se leva et entra dans la chambre une main sur l'arme qu'il y avait à sa ceinture près à abattre l'intrus.

Personne, à par une souveraine complètement paniquée. Il avança d'un pas calme vers la fenêtre, il aperçut cette ombre... Impossible il est mort il est ... Impossible pour Daël de le confirmer mais il semblait avor aperçut Angel Dust le père de la petite Noïa et celui qui l'avait remplacé aux yeux de Nathalia. Il ne dit rien, resta impassible avant de se diriger vers la reine le plus calmement possible rien ne sert de la paniquer encore plus.

"Ça va aller Majesté ça va aller je suis là maintenant et d'autre personne ne vont pas tarder à arriver..."

Il lui avait pris la main tremblotante de Belbura la caressant pour essayer de l'apaiser.

"Que s'est il passé ?"

30/06/2758

Sterben entra dans sa chambre arme au poing, et ne voyant personne, se précipita à la fenêtre. Belle tremblait de tout son corps. Ce n'était pas lui qu'elle avait espéré. Non, pas lui. Il était son conseiller, certes, son second, certes, son bras gauche, certes. Mais elle ne l'aimait pas. Il lui faisait une drôle d'impression, elle manquait clairement de confiance en lui. C'était sûrement dû à sa beauté, sa jeunesse, son beau parler et son statut de mâle. Il l'angoissait, lui rappelait de mauvais souvenirs. Ses yeux étaient bleus, mais pas comme le ciel, plus comme un joyau.
Il vint vers elle, lui prit la main, tenta de la rassurer, lui demanda ce qui s'était passé.

- Il ... Il y avait quelqu'un dans ma chambre ... Un ... Un ho ... homme.

Elle avait du mal à parler, ses dents claquaient, le vent de la nuit la faisait frisonner, sa chemise de nuit était trempée.
Et elle ne voulait pas lui dire que cet homme était le double d'un autre, à la seule différence des yeux. Non, cela elle ne le voulait pas, elle le gardait pour elle. Il ne savait rien de son passé, mis à part sa condition de fleuriste, et il ne lui inspirait pas assez confiance pour qu'elle se confie à lui, certes non.
Alors elle continuait à trembler.

- Je crois que ce n'était pas un rêve ... Je ne sais pas ... J'ai eu très peur ...

Elle le regardait avec de grands yeux suppliants.

Lun 25 Mar 2013 - 15:59

Sorga se réveilla en sursaut.
En une seconde, il était passé d'un sommeil profond et paisible à un éveil complet et une lucidité exacerbée.
Qu'est-ce qui l'avait réveillé ? Il était seul dans sa chambre, la fenêtre légèrement entrouverte sur les jardins du palais ne laissait percevoir que le silence.
Une minute : pas de chant d'oiseaux nocturnes ?

L'homme-lézard ouvrit les yeux et se redressa dans son lit. Il était soudain gagné par le mauvais pressentiment - non, la certitude même - que quelque chose n'allait pas dans le palais.
Il se leva, s'empara de sa lance et sortit, vêtu seulement de son vieux pagne.
Après seulement quelques mètres, il tomba nez à nez avec un groupe de trois gardes qui patrouillaient dans le château, l'air tendu.

- Un problème ?

Visiblement, oui.
Plusieurs même.
La Reine avait crié, surprenant un intrus dans sa chambre.
Fort heureusement, elle n'était pas blessée. Le Conseiller Sterben était avec elle, et les gardes patrouillaient à la recherche de la présence, ou des traces du passage, de cet intrus.
Sorga changea de couleur, puis fonça dans les couloirs du palais.

Il n'arrêta de courir qu'une fois arrivé devant la porte de la chambre de la Reine.
L'homme-lézard frappa trois fois sur le battant, avant de s'annoncer.

- Dame Beldura, tout va bien ? Puis-je entrer ?

Dans un coin de sa tête, il se souvint qu'il était toujours en pagne, ce qui n'était sans doute pas la tenue convenable pour se présenter devant la Reine.

Mer 27 Mar 2013 - 14:39

Il regardait Beldura sans vraiment savoir que faire. Il savait que ce n'était pas un rêve. Même s'il semblait être revenu d'entre les morts il était bien réel.

"Je sais que ce n'étais pas un rêve, ne vous en faites pas les gardes ratissent le château et on pourrait en envoyé même dans toute la ville s'il le fallait. Je ne veux pas vous laisser seule... Alors je vais attendre avec vous le temps que quelqu'un de confiance arrive."

Il essayait de la rassurer comme il pouvait. Mais il pensait à Nathalia... Si c'était Angel elle n'était pas en grande sécurité...
On frappa à la porte c'était Sorga.

"Je vais partir encadrer les recherches... Si vous avez besoin n'hésitez pas"

Il se dirigea vers la porte, se tourna vers la reine comme pour lui dire quelque chose mais rien. alors il passa la porte pour se trouver nez à nez avec Sorga.

"Elle n'a rien mais elle est terrorisée... elle vous fait confiance vous serez surement plus utile que moi."

Il repartit voir ou en était les recherche si quelqu'un avait vu plus qu'une silhouette noire... plus qu'une ombre parmi les ombres.

30/06/2758

Elle voyait Sterben perturbé, et cela l’agitait encore plus, la rendait plus nerveuse encore. Ss paroles ne servirent à rien. Il était lui-même trop inquiet pour rassurer qui que ce soit, et elle savait qu’on n’attrapait pas les fantômes avec des armes. Peut-être reviendrait-il ? Puis, Sorga frappa, entra, d’une drôle de couleur, l’air très inquiet. Le voir la rassura tellement, lui fit tant de bien qu’elle faillit en pleurer. Son conseiller choisit cet instant pour déguerpir, ce qui l’arrangeait bien d’un côté. Il échangea quelques mots avec Sorga, avant de disparaitre dans le couloir.

- Entrez, Sorga, entre …

Elle était tellement perdue qu’elle ne savait plus très bien si elle devait tutoyer ou vouvoyer Sorga, se mélangeant les pinceaux.
Elle lui fit signe de s’approcher d’elle, faisant impasse sur son pagne. Quelque part au fond de son esprit, elle savait qu’elle ne dormirait plus, et que si elle devait s’endormir, il devait être là.

- Assez vous où tu … vous … le souhaitez, si vous le voulez je …

Elle secoua la tête, ne sachant plus que dire. Sa voix tremblait terriblement, elle avait encore le souffle court, et n’avait pas bougé de son lit. Elle attendait qu’il s’approche, qu’il demande. Elle était perdue entre son rôle de reine, et sa personnalité.

Sam 30 Mar 2013 - 17:09

Sorga salua Sterben avant d'entrer et de refermer la porte de la chambre.

- Je suis là, Dame Beldura...

Il vit la Reine, effrayée dans son lit.
Elle avait vraiment l'air secouée. Mais au moins, elle n'était pas blessée.
Il expira à fond, soulagé.
Ses écailles reprirent leur couleur brun-vert, plus habituelle.

Avant de chercher à déplacer un fauteuil jusqu'au chevet de la Reine, il alla vérifier que toutes les fenêtres étaient fermées.
Satisfait, il vint s'installer à côté du lit, sur un siège, tourné vers elle, sa lance sur les genoux.

- Vous allez bien ? Que s'est-il passé ?

Il espérait qu'elle voudrait bien parler de ce qui l'avait effrayée.

30/06/2758

Elle vit son serviteur changer de nouveau de couleur, revenant à celle qui lui était habituelle, et se sentait soulagée de ce changement. Il vérifia les fenêtres, avant de s’asseoir sur un fauteuil non loin d’elle, lance sur les genoux. Il lui demanda si elle allait bien, et ce qu’il s’était passé. Elle sentit des larmes lui picoter les yeux et le nez, qu’elle refoula vite, n’en gardant qu’une certaine brillance suspecte dans le regard. Elle respira un peu bruyamment.

- Je dormais, et quand je me suis réveillée parce que j’avais une drôle de sensation, comme si on me touchait dans mon rêve et dans la réalité, il y avait une main gantée sur ma joue, et un homme au dessus de moi. Il … Il ressemblait à quelqu'un que j’ai connu il y a longtemps … Je ne l’ai jamais revu, je croyais qu’il était …

Sa gorge se serra, et elle fut incapable de prononcer ce qui semblait être l’évidence : le décès prématuré de Monsieur. Sinon, pourquoi ne serait-il pas venu l’aider ? Pourquoi ne l’aurait-elle jamais revu ? Lui qui l’aimait tant …
Elle se reprit, et continua d’une voix un peu tremblante.

- Il lui ressemblait beaucoup, vraiment, mais il avait les yeux rouges, et j’ai compris que ce n’était pas lui …

Elle tremblait un peu.

- J’ai crié, il a disparu. Mais il ne m’a rien dit, rien fait, rien pris non plus je crois … Je ne sais pas ce qu’il voulait …

Elle baissa les yeux, encore secouée.

Sorga l'écouta, sentant progressivement son coeur se serrer.
Un inconnu était entré dans la chambre de la Reine, avait été jusqu'à la toucher... et lui qui était en train de dormir tranquillement dans sa chambre pendant ce temps !
Sa main se crispa sur sa lance.

- Je suis désolé, Dame Beldura. J'aurais dû être là...
Remercions Dame Chance, vous allez bien, mais ce n'est pas bon de trop compter sur la Dame aux deux Visages. Est-ce que... vous avez besoin de quelque chose ?

Ses yeux aussi, étaient plus brillants que d'ordinaire.
Si cet intrus avait eu de mauvaises intentions, personne n'aurait pu intervenir avant que...
Une soudaine douleur plus vive que les autres lui fit se rendre compte à quel point il était tendu : il serrait de plus en plus fort sa lance, tant et si bien qu'une crampe venait de se déclencher dans son avant-bras.

Il lâcha son arme et tenta de décrisper le muscle en crise, tout en observant la chambre d'un oeil neuf.
Si quelqu'un s'était introduit ici sans que les gardes s'en aperçoivent...
Le Palais perdait brusquement de son côté rassurant et protégé.
La sensation était terrifiante.

30/06/2758

La jeune fille voyait se crisper le visage de son serviteur, ainsi que ses muscles sur sa lance. Ils ressortaient sous sa peau écailleuse de façon assez frappante. Elle balaya ses excuses d’un geste de la main et d’un sourire. Elle avait peur, mais savait que ce n’était pas de sa faute, pas de sa faute du tout.

- J’ai des gardes, Sorga, et ils n’ont rien vu … Vous étiez dans votre chambre, comme tout le monde, et c’est normal. Personne ne savait que … que …

Elle ne parvint pas à finir sa phrase, tout son corps secoué d’un frisson violent, et un sanglot serrant soudain sa gorge.

*Qu’un fantôme s’introduirait ici en pleine nuit.*

Elle se força à se calmer, à respirer profondément et lentement. Sonb regard dévia vers le placard où étaient cachées les feux d'artifices qu'elle avait eu à Pâques, en débusquant un oeuf bien caché. Cela non plus ne la rassurait pas ... Puis elle regarda Sorga à nouveau. Celui-ci venait de retirer vivement son bras de sa lance, avec une légère grimace.

- Je … Je ne veux pas rester seule. J’ai besoin de compagnie … Restez-là cette nuit s’il vous plaît Sorga …

Ses yeux de feu étaient plus brillants qu’à l’ordinaire, ressemblant de fait encore plus à un lac de lave claire.

Justement, le fait que les gardes n'aient rien vu n'était pas là pour le rassurer.
L'esprit toujours agité par l'inquiétude, il se força à sourire légèrement et à reposer doucement ses mains sur ses genoux. La nuit promettait d'être courte, mais il n'était pas utile de la gâcher davantage avec de la crainte qui se répandrait partout.
La Reine n'avait pas besoin de ça.

- Bien sûr, Dame Beldura. Je ne bouge pas d'ici. Essayez de vous reposer.

Il se demandait quelle histoire se trouvait derrière le visage connu qu'elle avait évoqué, et quel lien il pouvait bien exister avec cet intrus. Mais il n'oserait pas poser la question, vu comment cela avait perturbé la jeune Reine de seulement en parler à demi-mots.
Encore une fois, il s'aperçut qu'il ne connaissait presque rien du passé de Beldura.
Il savait juste qu'elle avait été fleuriste...

- Où avez-vous grandi, Dame Beldura ?

La question était sortie d'elle-même, et l'homme-lézard se sentit aussitôt gêné de l'avoir posée.

- Si... vous voulez... en parler, bien sûr...

30/06/2758

Les paroles rassurantes de Sorga eurent un effet apaisant sur la jeune fille, qui étendit ses jambes dans son lit. Elle lui fit un léger sourire, alors qu’il l’observait. Puis soudain, il posa une question.

La ferme de Rhadamanthe, les rires. La grange, la paille. Les boules de feu … L’enfer. Puis l’homme, le noir.

Elle ferma violemment les yeux, se recroquevilla sur elle-même, les genoux au niveau du menton, serrés, collés. Elle tentait de maîtriser les tremblements qui la secouaient, les larmes qui menaçaient de jaillir. Il n’aurait pas compris, non …

- Je … Sur Rhadamanthe.

Sa voix était plus aigue et elle tremblait un peu. Ses yeux brillaient fort à la lumière légère. Elle poussa un long soupir pour tenter de se calmer. Puis elle s’allongea, continuant à regarder sorga, les yeux toujours brillants.

- Et vous Sorga ? C’était comment votre … enfance ?

Le mot avait été difficile à dire, bizarrement. Elle le regardait attentivement, espérant qu’il la distrairait de sa triste histoire, même s’il n’était pas obligé de lui répondre, loin de là.

Sorga s'infligea une gifle mentale en voyant la peur de la Reine - qui avait commencée à se détendre jusque-là - revenir au galop. Décidément, il enchainait les gaffes !

- Je suis désolé si j'ai réveillé des souvenirs pénibles...

Pourtant, il aurait pu le deviner : les nombreuses peurs et phobies de la Reine devaient bien venir de quelque part.
Née sur Rhadamanthe, puis fleuriste à Minos avant d'en devenir la Reine ! C'était un sacré parcours qui devait sûrement faire rire Dame Chance !
Son propre parcours, en comparaison...
La butée de la Reine sur le mot enfance le fit sourire.

- Dame Beldura douterait-elle du fait que j'ai pu être un enfant un jour ? Je suis certes né d'un œuf, mais je n'en suis pas sorti grand comme aujourd'hui. Cela aurait été bien étrange, non ?

Il chercha ses mots un instant, peu à l'aise soudain avec l'idée de raconter ses origines mais conscient que cela pouvait aider à éloigner l'esprit de la Reine de ses peurs.

- J'ai eu la chance d'avoir une enfance assez normale, étant donnée ma condition. Oh, bien sûr, j'ai eu mon lot de conflits avec ceux qui ne purent pas dépasser mon apparence, mais j'ai eu aussi mon lot de jeux avec ceux qui y sont arrivés. Même si je jouais rarement un autre rôle que celui du dragon lorsque nous refaisions les récits de chevalerie à notre sauce dans la campagne... allez savoir pourquoi !

30/06/2758

Il lui sourit, et elle lui sourit en retour, amusée. Pourtant, non, elle n’en avait pas douté. C’était juste la mention de l’enfance qui la gênait. Elle avait un peu de mal elle-même à évoquer cette période de sa vie alors … Elle frissonna un peu alors qu’il cherchait ses mots, puis l’écouta très attentivement lorsqu’il lui parlait. Elle s’autorisa même un petit rire. Elle l’imaginait tellement bien, à moitié de sa taille, en train de jouer avec d’autres enfants, pas beaucoup plus normaux que lui finalement –mais où se cachait la normalité dans ce monde ?-. Elle mit une mèche de cheveux derrière son oreille.

- Qui est-ce qui s’occupait de vous ? Enfin … Je … Je veux dire, si ce n’est pas trop indiscret.

Elle rougissait un peu. Poser de telles questions n’était pas dans ses habitudes. Elle lui sourit timidement pour se faire pardonner. Elle était cependant prête à l’écouter très attentivement.

- Ce n'est pas indiscret, Dame Beldura.
Mon père adoptif était marchand sur Eaque : il avait acheté mon oeuf en pensant que c'était une sculpture originale. Lorsque j'ai éclos, il a eu la bonté de me garder, d'abord comme animal exotique, puis comme fils lorsque j'ai su prononcer mes premiers mots. Il m'a appris presque tout ce que je sais...

L'homme-lézard marqua une pause, plongé un instant dans les souvenirs nostalgiques de cette époque heureuse.

- La maladie a fini par le rattraper et, pour l'aider, j'ai joué les serviteurs. A sa mort, je me suis retrouvé sur les routes, jusqu'à mon arrivée ici, et à un certain Bal.

Il sourit et inclina la tête en direction de la Reine.

- Dame Chance doit beaucoup aimer jouer avec mon destin, car si des pilleurs de tombes n'avait pas remonté d'un certain tombeau mon oeuf encore non-éclos et ne l'avaient vendu à mon père, je ne serais certainement pas là devant vous...

30/06/2758

Belle écouta attentivement le discours de Sorga. Elle aimait en apprendre sur la vie des autres. Elle imaginait sans peine qu’il avait dû lui être difficile de s’intégrer, de trouver des gens capables de voir au-delà de sa différence. Elle hocha la tête.

- Oui. Elle aime bouleverser les vies. Toutes les vies.

Elle soupira légèrement.

- Vous êtes resté longtemps sur les routes ?

Elle préférait s’intéresser à son histoire, plutôt que se replonger dans ses souvenirs à elle, à fuir. Absolument.

En un instant, Sorga se revit errer d'un bout à l'autre d'Eaque, survivant de chasse et de pêche, de rares petits boulots en déceptions, de périodes de calme en dépressions, de rencontres heureuses parfois, malheureuses souvent mais toujours soumises au spectre de se faire rejeter purement et simplement...
Il sourit :

- Assez longtemps pour faire le tour d'Eaque et mériter le titre de chevalier aux pieds fumants. Plusieurs années, en fait. Ça forge le caractère, mais je ne le conseillerai pas car ce n'est pas drôle tous les jours.
Saviez-vous que j'ai rencontré un jour Deus Wise dans les Plaines Enéides ? J'avais fait un feu de camp pour cuire mon diner, des voyageurs commençaient à me rejoindre et me proposaient de partager leur repas lorsque le Prince a surgi de nul part, déguisé en buisson, pour sauter dans le feu ! Evidemment il s'est enflammé et j'ai bien failli le taper à coup de sac pour éteindre les flammes !
Moi, j'ai failli taper l'homme qui aujourd'hui est le Roi de Rhadamanthe !

30/06/2758

Elle l’écoutait parler. Elle sourit à ce qu’il disait, en lui répondant, de son sourire juste de la bouche. Par contre, l’anecdote sur Deus Wise la fit franchement rire. Elle l’imaginait tellement faire cela. Elle ne le connaissait que très peu, et bizarrement ne le déplorait pas –il était bien trop séducteur pour lui inspirer réellement confiance- cependant elle avait déjà bien remarqué son caractère fantasque, et le reconnaissait tout à fait là-dedans.
Grâce à Sorga, elle se détendait peu à peu. Elle s’allongea, se glissant sous les draps et couvertures. Elle lui sourit.

- Il vous en est arrivé beaucoup, des choses comme celle-là, Sorga ? Votre voyage a dû être passionnant …

Elle étouffa un bâillement léger, et continua à le regarder assez intensément

Sorga aussi se détendait.
Entendre la Reine rire était infiniment plus agréable que la voir tétanisée par la peur. Il n'avait plus beaucoup d'histoires susceptibles de la faire rire, mais il se creusa néanmoins les méninges en se grattant le bas du museau avec une griffe comme il avait pris l'habitude de le faire à chaque fois qu'il réfléchissait.

- A cette époque, je vivais beaucoup au jour le jour... et j'ai du mal à voir mes voyages comme passionnants, du coup.
Des choses comme un Prince qui se jette dans un feu de camp déguisé en buisson ? Hmm... il y a eu ma rencontre nocturne avec cette sorcière méfiante dans les Plaines Enéides, qui a duré très peu de temps au final ; elle dormait au pied d'un arbre avec des lumières magiques qui éclairaient comme des phares les environs. Elle était très méfiante, un peu menaçante aussi, alors je suis parti dès que j'ai pu...
...
Après il y a eu cette étrange femme avec son dragon qui m'a embarqué dans une course sur les toits d'Hypnos. Je voulais savoir pourquoi elle m'avait embrassé comme si elle me connaissait, et j'ai dû lui courir après sur la moitié de la ville. Elle a disparu d'un coup, au moment où j'allais la rattraper, laissant derrière elle un message énigmatique...
C'est après que le Bal a eu lieu, et que je suis venu sur Elysée...

Après, il avait suivi la piste donnée par le message de cette femme et de son dragon, ce qui l'avait amené à rencontrer Garmyr, et à retrouver ses origines...
Mais s'il se mettait à évoquer un tombeau visité pendant la nuit et un combat contre des morts-vivants... la Reine risquait de changer de couleur !

30/06/2758

Beldura sourit à sa mimique de réflexion. Elle aimait observer les rituels des gens qu’elle connaissait, qu’elle aimait, cela lui permettait d’en savoir sur eux plus qu’ils ne le pensaient. Et puis, cela avait un côté rassurant ces gestes associés de façon automatique et non réfléchie, sans tromperie, à une situation, à un état. Elle l’écoutait parler, buvant ses paroles. Il devait en avoir rencontré du monde ! La pensée de se retrouver ainsi seule sur les routes la fit frissonner tout à coup. Elle ne survivrait jamais à cela, physiquement parlant. Si un jour elle se retrouvait dans une telle situation, elle tait persuadée qu’elle mourrait et … Devenant toute pâle, elle chassa cette éventualité funeste en secouant très légèrement la tête.

- Alors, pourquoi avait-elle fait ça ? Et quel était la signification de son message, vous le savez à présent ?

Elle lui sourit. En apprendre sur Sorga lui faisait plaisir, car elle le voyait bien plus comme un ami et quelqu’un de confiance que tel un domestique à présent. Et en apprendre sur ces amis était toujours agréable.
Elle aussi peut-être finirait-elle par lui parler de sa vie avant. Peut-être plus tard dans la nuit. Peut-être plus tard, tout simplement. Ou peut-être même jamais. Il n’était jamais facile de parler de ces choses ; l’avait-elle fait, une fois une seule ? Elle ne le croyait pas. Ne pas en parler ne faisait rien disparaitre, mais permettait de cacher, d’enfouir tout au fond, et de faire comme si rien n’avait eu lieu. C’était bien pratique, il fallait l’avouer, mais elle portait en elle les stigmates de cette vie passée. Et elle les ressentait tous les jours, sans s’en rendre compte, du fait même de l’habitude. Elle souriait à l’homme-lézard.

"Le lézard a perdu, mais qu'il ne soit pas déçu."
"Dans la maison des morts sous le volcan endormi, veillent les gardiens d'un secret enfoui."
"C'est un cadeau de la petite souris, alors grand lézard : Souris !"

Sorga venait de déclamer les mots d'une seule traite ; malgré le temps passé, il s'en souvenait toujours parfaitement.
Puis, il tenta de s'expliquer :

- J'ai rencontré Garmyr au moment où j'ai tenté de comprendre ce message. J'ai fini par y arriver, et ça m'a donné des réponses à des questions que j'avais laissées en suspens depuis des années. J'y ai aussi gagné un casse-tête en bois, une armure qui me va étrangement comme un gant et cette lance...

L'homme-lézard indiqua du doigt l'arme qui reposait toujours sur ses genoux.

- Mais j'ignore pourquoi cette femme m'a donné ces informations, ni d'où elle les tenait. Vous l'avez déjà croisée d'ailleurs, Dame Beldura. Elle était présente chez Siffroy, lorsque Garmyr était blessé. Vous vous souvenez ?

30/06/2758

Beldura regardait Sorga en l’écoutant très attentivement. Les mots étaient en effet très étranges. Une véritable devinette. Une devinette difficile … Puis il parla de Garmyr, et de ce qu’il avait gagné. Elle supposa que c’était Garmyr qui l’avait aidé. Elle imaginait pas mal d’aventures, sans trop savoir ce qui était vrai ou pas. Bizarrement, poser des questions ne la tentait pas plus que ça. Elle se doutait que les réponses ne feraient que l’effrayer un peu plus encore qu’elle ne l’était déjà.
Puis elle tenta de se rappeler des personnes présentes ce fameux soir un peu funeste. La maison de son conseiller avait été totalement … investie par une demie-tonne de gens. Et effectivement, il y avait parmi tous ceux-là une femme avec un petit dragon. Une femme qui avait joué aux cartes avec les autres, dont la partie avait été interrompue par l’accouchement inattendu de Nathalia. Cela faisait trois mois, tout pile. Elle sourit à son domestique et ami.

- Oui, en effet, je me souviens d’elle.

Elle étouffa un nouveau bâillement. La présence de Sorga l’avait apaisée, et il était tard. La nuit était ben avancée. Sa fatigue revenait au galop. Elle mit sa main devant sa bouche et se frotta un peu les yeux, ses yeux qui brillaient beaucoup. Elle s’allongea, s’enfonça dans son oreiller.

- Je crois que je vais essayer de dormir un peu Sorga, il y a conseil demain. Merci d’être là … Vous pouvez rester cette nuit ? On peut vous demander un lit, ou vous le confectionner avec ce qu’il y a ici, si vous voulez, le fauteuil n’est pas très confortable et il y a largement assez de coussins et de draps je crois …

Elle lui sourit gentiment. Elle ne voulait pas qu’il parte. Elle ne voulait pas être seule ici, pas après le visiteur nocturne, non …

Jeu 5 Sep 2013 - 17:06

Sorga sourit et hocha la tête :

- Je ne bouge pas d'ici.
Ne vous en faites pas pour moi, Dame Beldura, ce fauteuil est assez confortable comme ça.

Il manqua laisser des traces de griffes sur le tissu du fauteuil en s'installant en tailleur, mais il finit par trouver une position qu'il pourrait garder jusqu'au matin. Il ne comptait pas dormir, de toute façon.
Il n'aurait pas pu.

- Je vous souhaite une bonne nuit, Dame Beldura.

30/06/2758

Beldura sourit à son serviteur et ami, et s’installa plus confortablement encore dans son lit royal, tentant de mettre complètement de côté ces yeux rouges qui la hantaient encore. Elle sourit une dernière fois à Sorga :

- Merci, à vous aussi, Sorga.

Elle se tourna ensuite du côté opposé, et ferma les yeux. L’obscurité se fit en elle.
Feu.
Elle rouvrit les yeux immédiatement, sans rien dire. Ses paupières, lourdes, se refermaient d’elles-mêmes. Et à chaque fois, des images.
Yeux rouges.
Feu.
Sourires.
Paille.
Yeux bleus.
Obscurité.
Feu.
Et à chaque fois, ses yeux se rouvraient. Le sommeil engourdissait ses membres frêles, mais son esprit n’était que trop actif. La respiration de Sorga était régulière. Elle avait juste assez chaud dans ses draps, sous sa couette. Cela était rassurant, et elle aurait pu être bien si …
Elle ne savait pas depuis combien de temps durait son manège. Elle avait l’impression que les temps de noir et les visions étaient plus longues à chaque fois, et qu’en contrepartie, le temps avec les yeux ouverts devenait plus court, et bien plus inquiétant, source d’angoisse et de stress, stress de fermer les yeux. Stress d’y voir de nouveau. Stress de revivre tout ça.
Encore.
Elle avait réussi à s’en débarrasser petit à petit, douloureusement. Mais la venue de ce fantôme, la question de Sorga avaient réveillé des souvenirs qu’elle avait voulu détruire. Le but n’était manifestement as atteint.
Sans réfléchir à ce qu’elle faisait, elle ouvrit la bouche, et prit la parole dans le silence qui régnait en maître sur la faible clarté de la chambre de la jeune reine.

- J’ai grandi dans les campagnes de Rhadamanthe. Mes deux parents étaient Enfants du Feu, sans beaucoup de capacités, et ils étaient fermiers. Ce n’était pas facile d’ailleurs. Le sol y était stérile. J’avais un grand frère, et après moi sont nés deux jumeaux. Quand j’étais petite, j’aidais mes parents. Je me souviens un peu de ça : la vie était joyeuse, malgré le cadre. On riait beaucoup, surtout avec mon père. Ma mère était plus silencieuse, je crois. Nous n’étions pas pauvres : nous étions les seuls à cultiver vraiment sur Rhadamanthe. Je crois que mes parents avaient découvert n système, par rapport au feu … mais je ne sais pas vraiment. Ce que je préférais c’était … c’était jouer dans la grange, la grange, avec la paille, la paille qui sentait bon. J’étais moi aussi fille du Feu, et je jouais avec le feu, vraiment. Et un jour … Un jour la paille a pris feu. Le feu s’est propagé partout, et a tout calciné. Je n’ai rien pu faire, je ne maîtrisais rien … le vent soufflait et … et les flammes grandissaient toujours. J’ai été recueillie, je crois. Ils étaient vieux, des voisins je crois. Ils ne savaient pas que c’était moi qui … avais fait ça. Et puis, mon oncle est venu me chercher. Je ne le connaissais pas, mais ils m’ont confiée à lui. Il m’a emmenée. J’ai été dans le noir, pendant un certain temps. Je ne sais pas trop combien. Je ne me souviens pas. Il faisait toujours noir. J’avais faim, au début, puis plus du tout. J’étais presque toujours toute seule et je ne pouvais pas être amie avec le noir, et je n’arrivais pas à le chasser. C’était un peu … long comme période. Je m’en souviens mal. Je me souviens mieux du jour où Monsieur est arrivé. Il m’a extraite du noir. Je ne sais pas ce qu’il a fait à mon oncle. Il m’a emmenée avec lui. Il était très gentil. Mais un jour, je suis allée lui chercher des fleurs. Enfin, je voulais lui acheter des fleurs. Mais un homme est arrivé, et m’a forcée à le suivre. J’étais un peu petite, je crois pour ce qu’il m’’a fait faire. Ca me faisait … mal en général. Et j’avais froid, mes vêtements étaient trop courts, et le bar n’était pas très chauffé. Un jour, une femme est arrivée. Elle était gentille. Elle m’a prise avec elle. Elle m’a emmenée sur Minos, je crois. Je ne parlais plus, mais elle était gentille. Mais elle m’a laissée aussi : je l’ai trouvée plus tard, sa gorge était coupée en deux. Je ne sais pas pourquoi. A partir de là, il n’y a plus eu personne, sauf une dame qui m’a demandé de venir faire des bouquets avec elle, puis qui m’a laissé la boutique, sur Elysée. Elle est parte avec un … homme, je crois. J’ai été fleuriste, pendant un long moment, et puis, il y a eu le Bal, où l’on m’a … appelée pour devenir reine.

Elle se tut, et le silence retomba sur la chambre. Sa voix avait un peu tremblé parfois, mais l’absence de regard l’avait empêchée de s‘effondrer. Elle ne savait même pas si Sorga l’avait entendue. C’était la première fois qu’elle parlait à quelqu’un d’elle. Personne, personne n’avait jamais entendu la moindre parcelle de cette histoire. Histoire terrible, expliquant à elle seule toutes les peurs de la jeune reine qui enfouissait à présent son visage entre les couvertures, afin d’étouffer les souvenirs, et de dormir. Elle ne se rendait même pas compte du caractère horrible de sa vie jusque-là. Mais l’avoir dit, juste une fois, à quelqu’un, dans le noir, l’avait un tout petit peu libérée. Etrangement, les images ne valsaient plus dans sa mémoire. Elle se sentait plus légère, et derrière ses paupières, il n’y avait plus aucune vision. Elle était plus calme, prête au sommeil.

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