[Archivé] Au réveil [libre]

22/05/2756

« Cot !! »

Ce cri retentissant éveilla en sursaut la belle Eden. La lumière passait à travers le tissu qui constituait sa tente plantée non loin de la mer Orphée. Elle ouvrit les yeux avec difficultés, se frotta les paupières, et se redressa, laissant tomber le drap et la couverture qui la recouvraient. Elle était en chemise de nuit légère à bretelles. L’air ambiant, plus frais que celui sous ses draps, la fit frissonner, et elle passa vigoureusement ses mains sur ses bras. Elle bailla une dernière fois, puis se tourna vers son couvre chef en forme de poule, lot de Pâques, qui venait de la sortir du sommeil. Elle fusilla l’animal du regard, et lui donna à manger, puisqu’en général, c’était là sa seule raison de caqueter. Puis elle se recoucha, se tourna vers l’autre côté, bien décidée à replonger dans le sommeil, et à terminer sa « nuit » de sommeil, histoire de rattraper la soirée de la veille et d’être fraîche pour celle de ce soir. Sauf que …

« Cot !! »

Le gallinacé ne semblait pas décidé à la laisser dormir beaucoup plus, et ce n’était pas dans ses habitudes.

- Encore ? Qu’est ce que …
- Cot !!

Eden regarda les parois de sa tente. A sa droite, vers la mer, il y a avait comme une ombre, donc, logiquement, quelqu’un, voire plusieurs personnes. Elle soupira, se redressa de nouveau, frissonna encore, attrapa une veste un peu difforme contrastant avec sa courte et moulante chemise de nuit. Elle se leva, cheveux mêlés et un peu fous, et ouvrit la porte de sa tente tout en râlant.

- Mais qui peut bien se promener dans le coin en tout début de mâtinée comme …

Mâtinée, hein ? Elle se rendit compte de son erreur lorsqu’elle mit le nez dehors. Le soleil brillait haut dans le ciel. On était en pleine après-midi. Elle soupira, et sortit entièrement de sa tente, l’air encore assez mal réveillée, prête à saluer tout inconnu.

Ah, la plage, si belle, si chaude, si caressante. Tellement agréable pendant les jours de congés ... Oui, quand même, je m'accorde un jour de congé par mois. C'est Dame Chance elle-même qui me l'a accordé, à la fin d'une traque palpitante et pleine de rebondissements, mais je vous raconterai cette histoire une autre fois. Belle plage donc, en plus personne ne venait jamais par ici, il y avait seulement une tente dressée à côté de moi mais je n'avais vu personne s'agiter à l'intérieur. Couché sur le sable, les deux mains croisés derrière ma tête, je m'apprêtais à commencer une sieste bien méritée et ...

Cot ? J'avais bien entendu Cot là ? ... Bizarre. Je devais sûrement être à moitié endormi ...

Ah, encore ! Et on dirait que ça vient de la tente ... Du mouvement à l'intérieur ! Mon Dieu, mais que font-ils à ce pauvre coq ... La tente s'ouvrit soudain, et ... Wow. Alors ça, c'est de la bo... Je veux dire ça, c'est une jolie fille. Tellement mignonne que mes yeux en brûlent, à moins que ce ne soit le soleil, ou juste mon lance-flammes se déclenchant tout seul. Bref, la beauté sur pattes, qu'elle avait d'ailleurs fort belles aussi, sortait de la tente en râlant vaguement. Je me redressais si vite que j'en perdis mon chapeau assorti à mon magnifique haut moulant et au short tout aussi ... moulant.

Bien le bonjour jeune demoiselle !

22/05/2756

Eden émit un rire léger en voyant le bonhomme. Assez grand, plutôt sec, brun à lunettes. Petits yeux. Et costume génial. Tout moulant avec un haut de forme d’un vert criard qui sautait aux yeux avec des pois de toutes les couleurs. Et un air ébahi peint sur son visage.
Elle se frotta un peu les yeux, rajusta la veste qui tombait un peu.

- Bonjour monsieur.

Elle étouffa un petit bâillement de personne pas réveillée. Il avait gentil, et plutôt inoffensif. De toute façon, face à elle, 98% des gens l’étaient, et elle le savait. Dans les hommes, elle frisait le 99,9%. Elle lui sourit de nouveau.

- Quelle heure il est, s’il vous plait monsieur ?

Elle regarda la mer un peu, passa par réflexe une main dans ses cheveux avant d’abandonner tout à fait l’idée en voyant le sac de nœuds qu’ils représentaient. Elle rit de nouveau un peu.

- Vous êtes venu pour vous baigner ? Ou juste pour profiter du soleil ?

Son ton était curieux, sans l’être trop. Elle restait polie !

La fille n'avait pas l'air dangereuse, mais prudence. Elle semblait amicale, quoique mal réveillée.

Oh, il doit être dans les quatorze heures. Quatorze heures du matin, si vous préférez ! Ajoutais-je en souriant devant ses yeux encore plein de sommeil.

Je venais juste profiter du soleil, comme vous dites. C'est mon seul jour de repos aujourd'hui, je compte en profiter au maximum !

M'enfin elle avait l'air gentille, mais j'avais tout de même une intrigante question qui flottait dans ma tête ...

Hmmm, sans vouloir faire preuve d'indiscrétion, que diable faites-vous avec un coq ?

22/05/2756

Elle rit lorsqu’il lui dit l’heure.

*Bon ça va encore … J’aurais pu me réveiller vraiment trop tard.*

Elle s’étira un peu, faisant du même coup remonter encore sa chemise de nuit.

*Elle, elle est vraiment courte … J’ai grandi ? OU bien cet imbécile s’était trompé de température de lavage la dernière fois ?*

Elle hocha la tête lorsqu’il lui dit que c’était son jour de repos, et qu’il comptait le mettre à profit. Les informations commençaient, se disait-elle, à arriver à un débit normal à son cerveau pas tout à fait enclenché encore. Elle comptait lui demander son métier –au risque qu’il lui demande le sien-, mais fut arrêtée dans son élan par cette histoire de coq. Un … coq ? Elle ? Mais de quoi … De quoi voulait-il parler ? Elle le regarda d’un air totalement vide quelques instants, puis cligna des yeux. Une petite ampoule venait de s’allumer dans sa tête. Elle repartit dans sa tente, et en ressortit le chapeau qui caquetait à tout force.

- Vous voulez parler de ça ? Je l’ai eu à la chasse aux œufs. Pas de chance.

Elle rit toute seule, le remit à sa place. Chut ! Elle revint ensuite face au bonhomme.

- Bon, donc on disait … Ah, oui votre jour de repos ! Vous ne voulez vraiment pas vous baigner ? C’est quoi votre métier, au fait ? Oh d’ailleurs ! Moi c’est Eden, enchantée ! Et vous ?

Elle lui sourit, main tendue vers lui.

Oh, Dieux tout-puissants, cette chemise de nuit ... Ahem. En tout cas elle avait rit au moins, et femme qui rit à moitié dans ton lit comme on disait. Et elle avait eu ce coq à ... une chasse aux oeufs ? Qu'est-ce que c'était que cette histoire ? Bizzarement, je n'avais pas très envie d'en savoir plus, je redoutais la réponse. Bon, et accessoirement, ce n'était pas un coq mais un chapeau. Ces scientifiques ne savent plus quoi inventer, ils doivent vraiment s'ennuyer à mourir pour fabriquer de telles choses ...

Me baigner ? Ma foi pourquoi pas, en aussi galante compagnie ...

Et mon métier ?

Oh, je suis juge, répondis-je sans entrer dans les détails, et mon nom est Takeoni , lui-dis je en baisant la main qu'elle tendait.

22/05/2756

Elle lui sourit. Galante compagnie, hein ?

*Charmeur va !*

Elle agrandit les yeux lorsqu’il lui baisa la main. Ce n’était à vrai dire pas ce à quoi elle s’était attendue … Elle lui sourit encore, puis se frictionna rapidement les bras.

- C’est bien, comme métier, juge ? On m’a dit que c’était assommant, et qu’on restait en permanence dans son bureau.

Elle lui sourit, tête penchée sur le côté.
Bientôt, elle irait s’habiller, et mettrait un maillot de bain sous ses vêtements. Peut-être mangerait-elle un morceau aussi … Elle sourit au bonhomme. Il lui semblait sympathique. Peut-être pourraient-ils passer la journée ensemble, qui sait.

De toute évidence le baisemain l'avait surprise. Héhéhé. Les vieilles bonnes manières policées, ça ne peut pas faire de mal. Par contre, j'eus beaucoup de mal à ne pas exploser de rire lorsqu'elle m'exposa sa représentation d'un juge. C'était tellement loin du compte qu'on aurait presque que dit que c'était fait exprès ...

Houlà, vous savez, je suis un juge pas comme les autres ... En fait, je pratique plutôt la justice de terrain, si vous voyez ce que je veux dire ! dis-je avec un sourire éclatant.

J'allais la questionner à mon tour sur son métier, mais je me contins. La curiosité est un vilain défaut comme on dit, et mon petit doigt bien entraîné me disait qu'il ne valait mieux pas trop s'aventurer sur ce terrain là. Proposons autre chose donc !

Auriez-vous faim, par hasard ? J'ai apporté de quoi nourrir un régiment entier ... J'ai cuisiné longtemps avant de finir par me rappeler que j'allais à la plage seul, pour tout vous dire. Tout en parlant, je sortis pour commencer une grosse boîte remplie de cookies en forme de fleurs. Oui, j'aimais bien m'amuser à cuisiner.

22/05/2756

Elle vit ses lèvres trembler de façon tout à fait désespérée lorsqu’elle lui expliqua sa vision d’un juge, et comprit ainsi que c’était … erroné, ce qu’il ne manqua pas de lui confirmer. Justice de terrain, hein ? Il faudrait qu’elle tente d’en savoir plus. En attendant elle lui rendit son sourire. C’est à cet instant qu’il dégaina une espèce d’énorme boite apparemment remplie de biscuits et autres. Les yeux d’Eden s’agrandirent, son estomac émit un discret gargouillis et la salive lui monta à la bouche.

- Avec plaisir ! Ca a vraiment l’air très bon en plus ! Je vous laisse vous installer. Je vais me changer, et chercher un nappe, ou un truc du genre, histoire de ne pas manger du sable aux gâteaux !

Elle lui fit un clin d’œil complice, et retourna dans sa tente. Là, elle enleva tous ses vêtements. A leur place, elle enfila un maillot de bain deux pièces, composé d’un bandeau à pois assortis à ses yeux, sans bretelles, et d’un bas à pois verts et blancs. Par-dessus eux, elle mit une petite robe vert pâle et bleue, légère, un peu transparente, et assez courte. Elle brossa ensuite ses cheveux, dans lesquels elle mit une barrette, n’ayant pas de fleur. Elle resta pieds nus, et alla rejoindre Takeoni avec une nappe, qu’elle posa à terre, avant de s’asseoir dessus, pied encore dans le sable tiède.

- Vous venez ? J’ai hâte de gouter !

Elle lui fit un grand sourire.

Apparemment, elle avait faim. Lorsqu'elle m'annonça qu'elle allait se changer, j'eus beaucoup de mal à maîtriser mon imagination galpante, qui me montrait des images que la bienséance m'interdit de décrire. En attendant qu'elle revienne, je contemplais les vagues de la mer, rêveur.
.
Déjà ? Elle a fait vite, pour une f... Gloups. Tellement ... Mignonne ... Je m'arrachais difficilement à mon air béat en espérant qu'elle ne l'avait pas trop remarqué. Elle était tout simplement resplendissante.

Eh bien, mademoiselle, il y a quelques instants, je pensais que personne ne pouvait être plus belle : je me trompais, vous êtes encore plus ravissante dans cette tenue !

Je pris place à ses côtés sur la nappe. Allons-y , mangeons ! concluais-je avec un sourire.

22/05/2756

Elle devint couleur coquelicot à son compliment. Elle eut un rire léger et frais, et lui sourit lorsqu’il s’assit près d’elle.

- Merci. C’est très gentil.

Elle regarda un instant les vagues, se demandant soudain où cette rencontre allait la mener. Rencontrer des hommes ainsi, surtout plaisants, polis, apparemment honnêtes, apparemment charmés –à vrai dire, s’il ne l’était pas, il était vraiment très, très bon comédien, surtout au niveau du regard- pouvait mener à à peu près tout et n’importe quoi. Et autant avoir un amant, un client de plus ne la dérangeait pas, autant si celui-ci s’attachait trop à elle, là, ça la dérangeait. Cela lui était déjà arrivé, et s’était mal fini. Y penser lui fit comme un coup de poing dans le ventre, un terrible coup de poing, qui lui serra ensuite les tripes. Elle pâlit un peu, et se yeux brillèrent soudainement de larmes retenues. Douleurs.
Elle se reprit. Cela n’avait que très peu duré ; elle se retourna vers Takeoni, et prit un joli cookie, en forme de fleur. Ce détail la fit sourire. Elle croqua dedans, et un sourire envahit son visage encore un peu pâle.

- Il est délicieux ! Vraiment !

Elle en prit une autre bouchée.

- Vous êtes très bon cuisinier !

Un immense sourire ornait son joli minois.

Elle rougit de manière adorable suite à ma déclaration, puis perdue dans ses pensées, elle sembla se remémorer quelques souvenirs. Lesquels ne devaient pas être agréables, au vu de la mine qu'elle faisait... Prudent et ne souhaitant pas la heurter, je ne me risquais pas non plus sur ce terrain là. Cela faisait déjà quelques sujets à éviter, mais mieux ne fallait pas trop évoquer le passé à une première rencontre.

Elle reprit rapidement contenance et un large sourire -qui avait l'air sincère - envahit son visage quand elle mordit dans le premier cookie, suite à quoi elle me complimenta sur ma cuisine. Un sourire s'afficha également sur mon visage.

Je suis heureux qu'il vous plaisent. Prenez-en autant que vous le souhaitez !

Pendant que nous remplissions nos estomacs respectifs, je réfléchissais à une bonne manière d'engager la conversation. Une question pas trop intrusive, mais qui pourrait amener une discussion. Puis ...

Dites-moi Eden, qu'aimez-vous faire de votre temps libre ? Vous ne passez pas tout votre temps sur cette plage, je suppose ?

22/05/2756

Elle grignotait tranquillement son cookie, commençant par les bords, le plus dur, le plus croquant, ce qui n’était pas aisé, vu la forme, ; avant de continuer par le cœur, devenant de plus en plus épais et moelleux en s’approchant de centre du gâteau, symbolisé par le cœur de la fleur. Elle se régalait, il fallait l’vouer, et le sucre dans sa bouche la ravissait. Elle souriait un peu béatement, et c’est sûrement un peu aussi pour cela que la question la surprit.
Ce qu’elle faisait, hors de cette plage ? Oh là … Comment formuler ça de façon à ne pas le choquer, de façon à en dire le moins possible tout en restant dans la vérité ?

- Eh bien … Tous les soirs, je fais la fête, souvent jusqu’à très tard. Ou très tôt, comme on voudra. Bref, du coup, je dors beaucoup le jour, et lorsque je suis réveillée et que je ne suis pas en train de danser, je déménage en général. Je me déplace d’un point à l’autre d’Elysion, afin de rencontrer de nouveaux … visages.

Elle sourit, remit une mèche derrière son oreille, croqua de nouveau dans son biscuit, le regarda.

- Et vous ? Quand vous ne faites pas justice, et que vous ne venez pas bronzer avec une provision effarante de biscuit, que faites-vous ?

Son ton était léger, enjoué, complice.

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