[Terminé] Les petits bâteaux qui vont sur l'eau ont-ils des ailes... Quoi ? [Libre]

Un petit village au pied des Montagnes Déméter, des chalets de bois serrés les uns contre les autres, des rangées de fagots de bois le long des murs, prêts pour l'hiver qui commençait doucement sous la forme d'une fine neige en train de tomber.
L'aube ne tarderait pas à se lever.
L'air était immobile, froid, rendu cotonneux par les flocons qui volaient.

Kyril grelottait, mais ne bougea pas d'un millimètre.
Assis dans le froid dans la cour de l'auberge où lui et ses compagnons d'aventure s'étaient arrêtés pour la nuit.
Il attendait.
Sa fourrure rousse n'était pas adaptée à ce climat froid, et ne le protégeait pas beaucoup. Il ne bougea pas pour autant. Ses trois queues touffues ondulaient doucement dans son dos, chassant les flocons qui s'y déposaient au fur et à mesure de leur chute.
Il attendait sa fourrure d'hiver.

Pour passer le temps, il refit mentalement l'inventaire de l'équipement qu'il avait acheté pour l'expédition. Tout était prêt, il avait étudié les cartes et les conditions météorologiques. Il savait où ils devaient aller, par où passer et en combien de temps. Si les indications qu'il avait reçues étaient correctes, bien sûr...
Son navire avait été déposé sur un sommet, quelque part là-haut, et il avait monté cette expédition pour aller le récupérer.

Pour l'heure, il attendait.
Dans le froid et sous la neige.
Au moins, ses compagnons de route étaient paisiblement en train de terminer leur nuit dans leurs chambres...

Qu’il croyait !
Odéline s’était émerveillée toute la veille des paysages traversés, de a neige, et de globalement, tout ce qu’elle croisait, avec quelques interventions ma foi bien opportunes de sa voix. Arrivés à l’auberge de ce charmant petit village, ils s’étaient arrêtés, et après s’être restaurés, étaient allés se coucher. Elle avait mis un peu de temps à s’endormir, bien trop excitée, frustrée de ne pouvoir poser de questions, elle si bavarde qui se retrouvait toute seule dans une chambre. Pourtant, elle aurait bien aimé être avec Aëlia, qui lui plaisait bien, malgré un air un peu fatigué, voire triste parfois, qui l’intriguait, et qui semblait presque aussi spontanée qu’elle (et ça c’était chouette) ou Kyril, lui qui avait tout organisé et la faisait toujours rire. Mais c’était loupé : ils étaient tous séparés.
Aussi cette espèce de petite puce blonde se réveilla-t-elle très tôt le lendemain matin, pleine d’une excitation sans bornes, sautillant presque dans son lit. Après avoir presque patiemment attendu, elle n’y tint plus et se leva, ses pieds nus sur la pierre fraîche. Surprise par le froid, elle enleva du lit une grosse couverture, et, en chemise de nuit, enveloppée de cette chiche protection, elle alla regarder aux fenêtres de la grande pièce. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’elle vit sous la neige, en contrejour par rapport au ciel qui lentement pâlissait sous l’effet du soleil qui se levait ! Il était là, sans bouger. Après l’avoir observé trois secondes, elle sortit, et alla le rejoindre, en grelottant à peine.
Elle s’assit près de lui, et mit sur son dos la moitié de la couverture, tout naturellement. Elle fixa devant elle, comme lui. Il n’y avait rien de particulier à voir. L’air d’hiver dispensait ses flocons. Devant eux, il y avait l’allée des maisons d’en face, à gauche –ou peut-être à droite- la vallée, de l’autre côté la montagne. C’était joli cependant, et la jeune fille resta silencieuse une paire de minutes, puis n’y tenant plus, elle lui dit doucement.

- C’est très joli ! On attend quoi ?

Un observateur extérieur aurait u trouver très mignonne cette scène où, sous la neige, une jeune fille et un renard à plusieurs queues, de la même taille une fois assis par terre, couverts par la même couverture, regardaient droit devant eux.

[Aëlia nous rejoindra plus tard, une fois réveillée ^^]

Kyril tourna la tête vers Odéline lorsqu'elle sortit, se contentant de lui sourire avant de reprendre son observation tranquille des environs. L'arrivée d'une couverture sur son dos le surprit un peu par contre, mais il ne se plaignit pas, appréciant la compagnie de la jeune fille assise à ses côtés.
Même si bon, ce n'était pas en se réchauffant qu'il allait accélérer l'arrivée de sa nouvelle fourrure...
Après tant d'années, il ne savait toujours pas exactement ce qui provoquait l'arrivée soudaine de son pelage hivernal. L'exposition au froid semblait fonctionner, la plupart du temps.
Ça avait tendance à le prendre par surprise.

- J'attendais ma fourrure d'hiver. Ce serait plus pratique pour moi si je suis protégé du froid naturellement. Mais ça a dû mal à...

Il s'interrompit d'un coup, avant de se dégager de la couverture et de faire quelques mètres en courant. Il se mit ensuite à se rouler dans la neige vigoureusement, soulevant un nuage de poudreuse fraîche autour de lui !
Soudain, sa fourrure sembla s'épaissir et changea de couleur, comme si un artiste mystérieux venait de lui passer de la peinture au moyen d'un pinceau invisible. En quelques secondes, son poil roux disparut, remplacé par du blanc immaculé.
Il continua de se rouler dans la neige encore un instant, puis se remit sur ses pattes, se secoua et s'examina brièvement.

Le kitsune avait un air un peu plus roublard, avec son faciès tout blanc qui faisait ressortir ses yeux marrons cerclés du noir de ses paupières. Il tourna son bout de truffe noir vers Odéline et sourit :

- Nom d'un gorille géant ! J'avais oublié à quel point ça démange ! Je ne t'ai pas fait peur en bondissant comme ça au moins ?

Il lui répondait très calmement, lorsque soudain, il se dégagea, se mit à courir, l’air de beaucoup souffrir. Odéline ouvrit ses grands yeux tout bleus, très étonnée, et serra contre elle sa couverture, se demandant ce qu’il se passait, et surtout, ce qui allai suivre. Elle comprit, lorsque sa voix le lui expliqua, que la fameuse fourrure d’hiver de Kyril arrivait, ce qui lui fut confirmé par son changement de couleur. Elle eut un adorable air d’enfant émerveillée. Son ami avait clairement l'air plus malicieux, prêt à jouer un tour et à s’amuser de tout. Mais bon sang ce que cette fourrure avait l'air douce et … Il se rapprocha d’elle, lui parla.

- Le blanc te va trop bien ! T’as l’air tout doux ! Tu es magnifique ! Je peux te toucher ?

Il y avait des étoiles dans es jolis yeux bleus. Son visage était plein d’une candeur émerveillée. Elle semblait avoir huit ans, soudain.

Kyril se figea, un instant terrifié par l'air enfantin qui venait de s'afficher sur le visage d'Odéline. Même pour un baroudeur tel que lui, voir autant d'étoiles dans les yeux de quelqu'un qui le fixait avait de quoi faire peur !
La question de la jeune fille le fit réfléchir.
S'il disait oui, il sentait venir le coup gros comme une maison qu'il risquait de passer les prochaines minutes à l'état de peluche vivante pour une Odéline retombée en enfance. Sa fierté - et son instinct de survie - le poussait à la prudence, ayant eu quelques expériences du genre plutôt... embarrassantes par le passé.
Mais, honnêtement, comment pouvait-il dire non à ces yeux-là ?

- Oui... hmmm... merci, c'est gentil. Je n'ai surtout plus froid maintenant. C'est... le plus important. Et... tu peux me toucher si tu veux. Mais pas trop longtemps hein !

Avec dignité, il s'assit dans la neige, face à elle.

[Haha énooooooorme on dirait qu’elle est totalement possédée xD]

Elle ne remarqua même pas qu’il s’était figé. A vrai dire, elle était réellement fascinée par cette si belle fourrure, et ne parvenait pas réellement à en détourner le regard. Lorsqu’il accepta, elle se retint –à grand peine, mais elle se retint- de battre des mains joyeusement. Alors, elle s’approcha, une main tendue, l’autre fermée, sur son collier, comme par instinct. Elle semblait hypnotisée.
Ses doigts, puis sa main toute entière se glissèrent dans la fourrure blanche du kitsune. C’était épais, chaud et doux. Ca donnait envie de se blottir tout contre, et de dormir. Il lui sembla avoir un souvenir qui remontait, avant de s’échappe, une sorte de réminiscence liée à cette sensation. Quelque chose de doux, tiède, tendre. Comme de l’amour. Tout doux. Mais quelque chose de très vieux, très lointain. Presque oublié. Les étoiles dans ses yeux disparurent. Elle secoua la tête, retira sa main, et lâcha son collier, qui lui semblait très chaud, soudain. Mais c’était, évidemment, une hallucination, puisque lorsqu’il toucha la peau de son buste, il était, comme toujours, lisse et un peu frais. Elle ne cessa pas pour autant de sourire, et s’enroula un peu plus dans sa couverture.

- C’est vraiment tout doux, c’est incroyable ! Personne n’a jamais tenté de t’embêter pour ça ?

Son ton était très intéressé.

[Elle ne l'est pas un peu ? ^^]

Kyril accepta finalement la caresse d'Odéline de bonne grâce, même s'il ne tenait pas à passer pour un de ces animaux domestiqués que l'on pouvait caresser comme des peluches pour un oui ou pour un non.
Enfin, c'était Odéline tout de même, il n'avait pas à être autant sur la défensive. Elle l'avait un peu surpris en tout cas, à le fixer tout à coup avec des yeux de crapaud mort d'amour !
D'ailleurs, son expression revint à la normale après quelques secondes passées à explorer sa fourrure avec sa main, et la jeune fille se recula en souriant, s'emmitouflant plus encore dans la couverture.
Sa question le fit sourire à son tour, lui faisant dévoiler ses crocs :

- Merci. Il y a bien un chasseur un jour, qui a tenté sa chance... il n'a pas réussi.
Mais passons. On devrait rentrer, tu risques d'attraper froid, habillée comme tu l'es.

Il se leva, se secoua, s'examina brièvement, avant de l'attendre, prêt à rentrer dans la chaleur de l'auberge.

Aëlia émergea doucement. Elle cligna pluseurs fois des yeux, désorientée. Où était-elle, bon sang e bois vermoulu ?
Puis elle se rappela. Le renard. La gosse. Les yeux qui brillaient. Le voyage. Le bateau à retrouver. Les cordes. Le froid. L’expédition.

Elle bailla. Un long, long bâillement, tout en s’étirant, réveillant ses muscles. Son ventre grigna, et elle comprit qu’elle avait été réveillée par la bonne odeur de pain grillé qui s’infiltrait sous sa porte. Elle descendit du lit, quittant la douce chaleur. Un long frisson surpris la parcourut, alors qu’elle s’apprêtait à aller réveiller Odéline et Kyril. Elle décida de retarder cela, et de s’habiller en premier. Une fois vêtue de chaud, elle sortit, et alla frapper à la porte de la petite … qu’elle trouva ouverte ! Elle jeta un œil à l’intérieur : plus de blonde, plus de couverture. Elle soupira, et, un peu inquiète, décida d’aller prévenir Kyril … parti lui aussi. Elle grogna un peu. Ces deux-là étaient incorrigibles. Lui avait toujours l’air de rire, et elle ne semblait rien prendre au sérieux. Ils formaient un sacré duo, qui s’entendait très bien. Pourtant, elle ne se sentait pas exclue : Odéline parlait beaucoup, posait plein de questions, et s’adressait souvent à elle. Elle avait l’air très très curieuse, et cela faisait sourire la pirate. A vrai dire, elles s’entendaient plutôt bien : il se dégageait d’elles la même spontanéité.

Aëlia dévala les escaliers, s’attendant à les trouver à table. Que nenni ! Ses sourcils blonds se froncèrent. Elle alla voir dehors, à l’avant. Personne. Elle alla alors dans la cour, où elle aperçut Odéline. A côté d’elle, il y avait un animal blanc. Aëlia se crispa, prête à la défendre, avant de comprendre que c’était Kyril, qui juste … changé de couleur ? Elle soupira. Ils n’avaient pas fini de la surprendre, ces deux zigotos.

- Ohé ! Les lèves-tôt là ! Rentrez, vous allez geler. En plus, le p’tit dej’ est là !

Son ton était goguenard, et elle leur fit un grand signe.

La jeune fille souriait au kitsune, mais son expression changea très vite lorsqu’il parla du chasseur. Elle détestait la chasse pour le jeu, ou l’ornement, vraiment. C’était injuste et barbare. Elle allait s’indigner et râler, lorsqu’il ajouta qu’elle allait attraper froid. Elle se regarda, assise dans la neige, pieds nus, en chemise de nuit, enveloppée ‘une couverture, et se rendit compte qu’il avait oui, peut-être un peu raison. Elle allait répondre, lorsqu’ils se firent interpeller. Elle se tourna, et vit Aëlia. Et lui fit un signe, mais lorsque la pirate parla de petit déjeuner, elle sauta sur ses pieds.

- Oh oui ! Petit déjeuner !

Elle fit un grand sourire à Kyril.

- Tu viens ?

Et elle fila. Elle plaqua deux bises sur les joues d’Aëlia.

- Bien dormi ?
- Ma foi … Et toi ?
- Oui ! Mais j’ai faim !

Et elle fila, allant s’attabler avec un bonjour général. Elle se servit un grand bol de thé, et commença à se beurrer une tartine. Toute contente, elle ne prêtait plus attention à Kyril et à Aëlia.

- Bah on peut dire qu’elle est à fond dès le matin, elle, hein … Il doit être épuisé, l’ancêtre ! Dis-donc tu t’es pris un pot de peinture pendant ton sommeil, toi ?

C’était Aëlia qui s’adressait à Kyril.

Odéline avait filé comme une flèche !
Kyril sourit à Aélia en se rapprochant tranquillement de l'entrée de l'auberge. Il n'était plus gêné par le froid ou la neige, il pouvait se permettre de prendre son temps.

- C'était les soldes d'hiver, je me suis fait plaisir. Bonjour Aélia, bien dormi ?
On devrait aller manger un morceau aussi, avant qu'Odéline n'engloutisse tout.

Le kitsune fit un clin d'oeil à la pirate, plus roublard que jamais avec son faciès tout blanc, puis rentra dans l'auberge, non sans s'être secoué au passage, histoire de ne pas ramener de la neige à l'intérieur.
Il alla sauter sur une chaise voisine de celle d'Odéline, prenant le temps d'admirer la nourriture étalée sur la grande table avec des yeux évoquant ceux d'un enfant devant une vitrine d'un magasin de bonbons. L'aubergiste avait bien travaillé : entre les viennoiseries, boissons chaudes, fruits et charcuterie froide, il y avait de quoi faire, et de quoi plaire à tout le monde de surcroit !

Usant de ses pouvoirs avec prudence, Kyril se servit finalement assez de charcuterie pour tenir au moins jusqu'au soir.
Sa télékinésie ne lui avait pas posé de soucis depuis la Fête de la Créativité ou il avait réduit en bouillie un pauvre origami, mais il se méfiait toujours un peu.
Et ce n'était vraiment pas le moment de forcer sur ses pouvoirs ; c'était de ça que dépendait la bonne récupération de son navire. Ses pouvoirs, et les talents de navigatrice d'Aélia.

- il faudra bien que vous preniez vos raquettes à portée de main pour la route. S'il continue à neiger, ça deviendra obligatoire. Normalement, aujourd'hui, on reste dans la vallée, on ne va pas vers les hauteurs, et on sera sur une route, mais inutile de se fatiguer inutilement à s'enfoncer dans la neige, pas vrai ?

[Je joue Odéline et Aëlia ensemble, hein là, donc je te laisse le tour suivant J’ai envoyé un MP à Kyril d’ailleurs, j’ai besoin d’une précision pour les origamis]

Aëlia éclata de rire devant la réplique du renard, et le suivit vers la table chargée de victuailles. Elle s’assit face à Odéline et à Kyril, s’amusant de leurs figures émerveillées devant cette nourriture … Pourtant ils avaient mangé hier, ho ! Elle sourit, et son estomac gargouilla. Les odeurs étaient beaucoup trop agréables !
Tandis que l’assiette d’Odélne débordait –cette gosse mangeait plus qe son frère, nom d’une pipe !- et que de la charcuterie volait vers celle de Kyril, elle-même se servit un bol de café et un grand verre de jus d’agrume, avant de se composer une jolie assiette avec un exemplaire de chaque chose présente sur la table. Tout en croquant dans une brioche, elle hocha la tête aux paroles de Kyril. Ele avala sa bouchée et dit :

- Mmmh, c’est sûr. D’autant que si on s’enfonce, on va se mouiller, et s’agirait pas de tomber malades.

Odéline hocha frénétiquement la tête à côté d’elle.

- Oui ! En plus ça va être trop joli tout ça ! Je vais pouvoir raconter plein de choses à Siffroy ! Et on dort où ce soir ?

Aëlia sourit en mangeant sa brioche. Cette fille était cent fois trop mignonne par moments et sage et savante à d’autres. Elle préféra laisser Kyril lui répondre tout en tapotant sur la tête de la blonde face à elle, qui rigola entre deux bouchées.

Le kitsune afficha un grand sourire :

- Où on dort ce soir ? Tout dépend à quelle vitesse on progresse aujourd'hui ! Il y a un gîte-auberge à l'autre bout de la vallée, mais c'est à presque cinquante kilomètres. En une journée, c'est faisable, mais pas si la neige s'en mêle. Si on n'y arrive pas, il y a des fermes tout le long du chemin qui peuvent nous héberger pour une nuit sans problèmes.
Une fois au bout de cette vallée, on aura un peu de grimpette pour passer dans une deuxième vallée, et de là on verra notre objectif... si les coordonnées que je suis indiquent le bon endroit.

Si les chemins restaient praticables malgré la neige, ils avanceraient vite grâce aux raquettes. Mais cela faisait tout de même une sacrée distance à parcourir jusqu'au gite. Pour lui, c'était facile. Mais il ne savait pas encore comment réagiraient Aélia et Odéline à la randonnée.
Kyril gardait le sourire en mangeant, tout en se disant qu'il allait devoir réagir correctement en fonction de la situation de la journée. Les fermes étaient nombreuses dans la vallée, mais assez espacées pour devoir bien choisir quand on avait le temps d'en rejoindre une avant la nuit, surtout si la neige camouflait les accès. Et la météo avec ça qui pouvait se révéler capricieuse et changeante en montagne...

"Chaque chose en son temps" se dit-il en finissant son assiette.

- Je vais demander à l'aubergiste si on peut emmener quelques provisions de son crû. C'est de la bonne bouffe tout ça !
Sinon, je voulais savoir si vos sacs vous conviennent à toutes les deux ? Si c'est trop lourd, ou que quelque chose vous gêne, c'est le moment de le dire.

Il leur avait fait essayer les paquetages la veille. Il avait veillé à bien répartir les poids, et gardait le plus lourd pour les sacoches qu'il porterait sur son dos à lui, mais il tenait à vérifier ça avec elles.

Odéline, dévorant tout ce qu’elle avait de posé devant elle, hochait la tête aux paroles de Kyril, alors qu’aêlia avait suspendu son mouvement pour mieux l’écouter. Lorsqu’il parla de provisions, odéline battit des mains :
 
-          Oh oui !!! A manger ! C’est tellement bon en plus ! On va se régaler, et ça nous permettra de bien tenir.
 
Aëlia rit.
 
-          Oui, elle a raison. Quant à mon sac, personnellement, ça va. Je suis habituée à porter des charges plus lourdes sur le bateau. Si tu veux, je peux en prendre un peu plus, pour te décharger un peu.
 
Elle lui sourit et reprit son repas. A côté d’elle, Odéline hochait la tête. C’était elle qui avait le paquetage le plus léger, rapport à sa carrure. Elle pouvait le porter, mais elle, il ne faudrait pas lui rajouter de poids : elle ne progresserait plus sinon.
 
-          Moi aussi, ça va ! Il me tarde de commencer, ce sera joli !
 

La pirate ne put s’empêcher de sourire face à tant d’innocence naïve et de joie. Elle continua son déjeuner.

Kyril se mit à rire en entendant l'exclamation enjouée d'Odéline. Pour un peu, il se serait cru accompagnateur d'enfants pour une classe verte !
Il se lécha les babines après son déjeuner, repoussa son assiette puis se tourna vers Aélia :

- C'est gentil Aélia, mais si nous sommes deux à être assez endurants pour supporter plus de poids, il vaudrait mieux voir pour alléger le paquetage d'Odéline plutôt. C'est elle la citadine.

Il fit un clin d’œil aux deux filles, sourire sur le museau et étincelle roublarde dans le regard.
En fait, il espérait vraiment qu'Odéline arriverait à suivre le rythme, ne se faisant guère de soucis concernant la piratesse, et il se promit de garder un œil sur elle pour lui venir en aide si besoin.

- Bon ! Je vais aller rassembler nos affaires, et voir pour rajouter des provisions avec l'aubergiste. Ne mangez pas trop, sinon vous ne pourrez plus marcher !

Le kitsune bondit de sa chaise et s'éloigna dans les profondeurs de l'auberge, laissant les filles entre elles.
Quelques minutes plus tard, plusieurs sacs descendirent l'escalier par eux-mêmes, sous le regard de Kyril qui venait à leur suite.
En chantonnant un petit air, il entreprit de s’arnacher de plusieurs sacs et sacoches qui le firent bientôt ressembler à une version plus touffue d'un mulet. D'une poche dépassait une carte enroulée, et d'une autre le canon démonté d'un fusil...
En attendant que les filles le rejoignent, il discuta avec l'aubergiste qui passait par là, réglant le séjour et prenant commande de provisions supplémentaires issues de sa cuisine.

Kyril avait un air concentré, et il refaisait régulièrement un "check-up" des affaires dont ils auraient besoin, ouvrant et refermant les sacs pour en vérifier le contenu.

Lorsque Kyril leur dit que si elles mangeaient trop, elles ne pourraient plus marcher, Odéline s’arrêta instantanément.
 
*Oups*
 
Elle ravala un hoquet. C’était vraiment trop bon. Elle surprit sur elle le regard goguenard de la pirate, et lui sourit, en rougissant.
 
-          Bon euh … Je vais peut-être aller me préparer moi, hein …
 
Aëlia près d’elle éclata de rire.
 
-          Ne t’en fais pas, vas, tu as encore un peu de marge. Je t’accorde deux tranches de fromage et trois de viande avant de t’enfoncer dans la neige corps et bien.
 
Elle lui fit un clin d’œil.
 
-          Moi, en tous cas, je finis mon petit déjeuner tranquille.
 
Odéline hésita, puis décida qu’elle monterait avec Aëlia, et prit deux tranches de fromage et deux de viande (ce serait pile bon pour ne pas sombrer corps et bens, comme disait la pirate).

Quelques minutes plus tard, elles étaient en haut, et finissaient de se préparer au départ. Elle descendit ensuite avec Aëlia, prête à se charger.

La pirate ne put s’empêcher d’éclater de rire lorsqu’elle vit Kyril ainsi harnaché.
 
-          Oups. Pardon. J’ai l’impression de voir une peluche déguisée pour un gag en fait. Excuse-moi.
 
Elle essuya une larme au coin de son œil, et prit son paquetage, qu’elle prit sur son dos. Voyant de fusil de Kyril, elle tâta ses propres armes : deux pistolets pendaient à ceinture. Elle en sortit un, et vérifia qu’il était bien chargé.
 
-          Bon. On est prêts à démarrer, non ?
 
Il n’y eut pas, comme d’habitude, de réponse fusant d’Odéline. La pirate se tourna vers elle … et marqua un temps d’arrêt. Elle était blanche comme neige, son sac sur le dos, et semblait figée de panique.
 
-          Odéline ?
 
Pas de réaction. Elle s’approcha et s’insinua en ses pensées, tout en lui touchant la main. Le goût de la peur lui fusa sur la langue. Odéline était terrifiée. Elle comprit que c’était à la vue des armes.
 
-          Je … Odéline … N’aies pas peur … Ce n’est pas … Pas pour s’en servir …
-          Pourquoi alors ?
 
Sa voix était un murmure, un murmure d’enfant qui ne parvenait pas à comprendre ce qu’il voyait.
 
-          Enfin, Odéline … Si jamais nous rencontrons … des dangers sur le chemin nous … Pourrons nous défendre. C’est uniquement pour ça, je te le jure …
-          On va … tuer ?
 
La mort faisait tant partie du quotidien d’Aëlia que son horreur avait fini par s’évanouir un peu à ses yeux. On tuait ses ennemis, on tuait ceux qui ne nous laisseraient pas vivre s’ils vivaient aussi … Mais Odéline ne semblait pas prête à accepter ceci.
La pirate jeta un regard désespéré à Kyril. Il était plus proche qu’elle d’Odéline, il saurait sûrement mieux la rassurer, la consoler, peut-être savait-il d’elle des choses qu’elle ignorait … Elle lui transmit mentalement tout ce qu’elle percevait dans l’esprit d’Odéline en rapport avec cette réaction qui lui semblait si étrange, à elle qui croisait la mort si souvent.
Elle n’avait jamais su gérer ces choses-là. 

Kyril se contenta de sourire à Aélia lorsqu'elle le découvrit harnaché :

- Et vous deux, je parie que vous ressemblerez à deux tortues, ce qui est moins mignon qu'une peluche. Ou deux escargots à la rigueur. Du coup, je reste gagnant sur ce coup-là, héhé...

Puis ils remarquèrent Odéline, qui venait de se figer en remarquant les armes.
Le kitsune s'assit en silence, observant avec inquiétude Aélia tenter de rassurer Odéline, sans succès visiblement. La pirate se tourna vers lui, l'implorant du regard.
Kyril hocha la tête. Son attention était centrée sur Odéline, si bien qu'il ne sentit pas la tentative d'Aélia de lui transmettre des pensées, qui rebondirent du coup sur ses barrières mentales.

- C'est très sain Odéline, de ne pas aimer les armes. Ce monde serait plus beau si tout le monde pensait comme toi. Malheureusement, je ne suis jamais venu dans cette région sauvage, et j'ignore s'il peut se trouver des brigands ou des bêtes sauvages qui pourraient avoir envie de nous embêter pendant notre voyage. Je suis le plus vieux et c'est moi qui organise le voyage, c'est donc ma responsabilité de vous protéger, et je préfère afficher des armes pour éventuellement dissuader ou repousser une menace avec du plomb dans les fesses plutôt que voyager sans armes et avoir l'air de proies faciles.
Je ne suis pas un cow-boy, et Aélia non plus, j'en suis sûr, mais il vaut mieux prévenir que guérir, tu comprends ?

Il sourit, et ajouta d'un ton plus léger :

- Et puis... j'y tiens à mon fusil ; je l'ai fabriqué moi-même avec des matériaux trouvés dans plein d'endroits différents. Et Aélia ne serait plus vraiment une pirate si elle n'a pas au moins ses pistolets !

C’était l’une des premières fois qu’elle voyait des armes. Elle avait la sensation de détester ça, et surtout, de détester tout ce que cela impliquait, puisqu’elle était incapable de comprendre la violence, même malgré les explications de sa voix. Les explications d’Aëlia ne la rassuraient pas du tout : il était manifeste que la pirate ne comprenait pas ce qui la rebutait, et elle avait très certainement intégré une certaine violence dans son quotidien. Ce que lui dit Kyril la calma un peu. Elle fit la moue. L’idée d’être exposée à des coups de feu ne lui avait pas traversé l’esprit.
 
-          Mmmh … Je comprends. Si on tombe sur des bêtes vous … vous me laisserez essayer de les calmer avant de … tirer ?
 
Elle les regardait de ses grands yeux bleus.
 
-          Vous ferez attention, hein ?
 
A vrai dire, l’idée des armes ne la rassurait pas. Elle attrapa son paquetage, et le mit sur son dos.
 
-          Alors ? Je ressemble à une tortue ?
 
Elle leur sourit.
 

[Je te laisse enchaîner  tu peux PG si tu veux faire le départ hein ^^]

Kyril sourit plus franchement, soulagé de la voir reprendre du poil de la bête :

- C'est promis Odéline.

La voyant finalement s’arnacher, il se mit à rire en entendant sa remarque :

- Tu ressembles plutôt à un escargot en fait. Bon, si vous êtes prêtes, on va pouvoir se mettre en route ?

Le kitsune se remit sur ses pattes, rajusta ses sacs d'un coup de museau puis les guida vers la sortie, où l'aubergiste les rejoignit avec les provisions supplémentaires qu'il avait acheté. Ainsi délicieusement alourdi d'une belle collection de charcuterie, terrines, pains et brioches, ils prirent la route.

L'air s'était encore refroidi, rendu plus humide par la neige et un léger brouillard qui donnait envie de rentrer à l'intérieur pour se recoucher dans sa couette, même si le ciel de plus en plus lumineux laissait espérer que le soleil ne tarderait plus et réchaufferait rapidement l'atmosphère. A moins que le soleil aussi ait décidé de rester au lit dans sa couette...
Kyril secoua la tête, rigolant tout seul. Son souffle faisait énormément de buée, celui des filles aussi.
La journée promettait d'être froide, mais ils auraient l'effort de la randonnée pour leur tenir chaud.

Le village était encore endormi, et ils ne croisèrent personne pendant la traversée.
Finalement, ils dépassèrent les dernières maisons et se retrouvèrent à avancer sur une route de graviers qui serpentait dans la vallée.

- Bon, on est partis. Personne n'a envie d'aller aux toilettes j'espère ?

Spoiler:

La jeune fille blonde rit de bon cœur.
 
-          C’est pas grave, j’aime bien les escargots ! C’est très mignon, je trouve.
 
Et ils partirent, chargés de nourriture, leur souffle faisant de gros nuages de buée devant eux, qu’Odéline regardait en riant.
 
*Je suis un dragon des glaces !*
 

Ils traversèrent tout le village et lorsqu’en riant, il leur demanda si elles ne voulaient pas faire pipi, elles lui répondirent pas la négative, continuant à avancer. Ils eurent la chance de ne pas croiser de lapin nain ce qui, très certainement, les aurait ralentis, mais il faisait assez beau, ce qui leur permit d’avancer plutôt rapidement. Odéline babillait beaucoup, commentant chaque chose croisée de son savoir encyclopédique et de sa naïveté extrême, adorable.

Aëlia progressait rapidement dans la neige en couche toute fine et le froid, et, au fond d’elle, elle sentait qu’ils étaient tombés sur la case chance, avançant très bien. Odéline babillait beaucoup. C’était très mignon, et assez impressionnant, mais il y eut un moment où Aëlia décrocha. Elle ne se rendait pas vraiment compte du caractère encyclopédique de son savoir, et donc ne s’accrochait as à ce qu’elle disait. Elle pensa donc, en vrac, à son frère, au bateau, à Garmyr …. Et ça tournait, ça tournait. Soudain, elle se cogna le pied, et jura à voix basse, alors que grondait son estomac.
 
-          Eh, dites ! Il est l’heure de manger, non ? On s’arrête et on grignote ? On a bien avancé je crois …
 
Ce disant,  elle leur sourit et s’assit su le rocher auquel elle s’était cognée. Oui, c’était un gros rocher, et, oui, elle  était vraiment très plongée dans ses pensées.
Elle se retourna. Le village était sacrément loin …
 
-          Ah oui, on a même méga bien avancé … Quelle efficacité, bon sang de bois ! A ce rythme, on y est demain !
 
Elle rit, et ôta son sac à dos.
 

Spoiler:

Finalement, ils eurent de la chance ; la météo n'empira pas, t la fine couche de neige qui tombait ne les ralentit pas, tandis qu'un soleil faiblard - mais présent ! - aidait à les réchauffer un peu.
Grâce à Odéline, le kitsune avait appris plus de choses - parfois utiles, parfois triviales - sur la faune, la flore et la géologie qu'il n'aurait cru possible ! Curieux de nature, il avait écouté tout ce qui était sorti de la bouche de la jeune fille, mais il avait la tête un peu en vrac maintenant...
Kyril suivit le regard d'Aélia, et siffla :

- C'est vrai ! On a fait au moins la moitié du chemin, et il n'est même pas midi ! Du coup, on peut faire une pause sans avoir de scrupules. Héhé...

Se débarrassant de ses sacs à son tour, il sortit ensuite les provisions qu'il avait. Posant le tout grâce à sa télékinésie sur le rocher où s'était cognée puis assise Aélia - oui, il était aussi gros que ça [XD, le rocher qui grossit un peu plus à chaque post] - il eut soudain l'air de se rappeler quelque chose et se remit à fouiller dans ses sacs avec entrain :

- J'y pense, j'ai quelque part par là un plat de mon crû que j'aimerais te faire goûter Odéline. Oh, tu peux gouter aussi Aélia, je te rassure. C'est que je me souviens encore de ce gâteau que tu m'avais fait découvrir chez toi, alors je tiens à te faire découvrir une recette personnelle à mon tour. Mais où est donc passé ce... aha !

Triomphant, le kitsune sortit le museau d'une sacoche, avec dans la gueule une feuille de grande taille enroulée autour de ce qui ressemblait à une pâte marron uniforme. Posant le tout sur le sol, il déplia la feuille et examina rapidement son "plat" qui au final semblait avoir la consistance du nougat, sans la couleur ni l'odeur.
Il découpa plusieurs morceaux à l'aide d'un couteau qui trainait par là et s'assit, tout fier, attendant patiemment que les filles viennent gouter.
D'ailleurs, il attendra que l'une des deux ait commencé à manger pour déclarer :

- J'espère que ce n'est pas trop sec. La viande de chauve-souris tient mal le séchage, mais je n'ai pas eu le choix si je voulais le conserver aussi longtemps que je l'ai fait.

Spoiler:

Odéline, tout contente de s’arrêter, alla s’asseoir près d’Aëlia. Ses pieds ne touchaient pas terre –bon sang, que ce rocher était gros, comment la pirate avait-elle pu s’y cogner ?- [Toujours pluuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuus :3]. Kyril y mit les provisions, puis déclara vouloir lui faire goûter quelque chose. Elle battit des mains, toute contente. La fois où elle lui avait fait gouter son gâteau d’ange commençait à remonter, mais manifestement, il avait bien bonne mémoire. Il fouillait avec entrain dans ses sacs, et la jeune fille posa le sien. Elle eut un petit soupir de soulagement. Il ne lui faisait pas mal, mais libérer son dos était toujours agréable. Elle secoua un peu ses vêtements, pour les décoller de sa peau, et profita un instant du soleil. Puis, Kyril trouva. C’était quelque chose de marron, et d’un peu mou apparemment, entouré dans une grande feuille. Il en découpa facilement plusieurs bouts à l’aide d’un couteau trouvé on ne savait où. Elle se demandait bien ce que ça pouvait être, mais faisait confiance à Kyril : ce ne pouvait pas être mauvais, ni empoisonné. Alors elle en prit un bout, le mit à la bouche.
C’était très étrange ! Ca avait un peu le gout du poulet, c’était assez mou, et pourtant ça ressemblait un peu à une viande séchée. Elle mastiqua attentivement, tentant de repérer ce que c’était. C’était assez dur, car la couleur et le gout ne lui semblaient pas réellement compatibles. Aëlia près d’elle semblait aussi se demander ce qu’elle mangeait.
Et là, Kyril lâcha une bombe. C’était de la chauve-souris. Aëlia pâlit un peu et regarda étrangement son morceau, avant de hausser les épaules, et de croquer de nouveau. Elle avait du en voir d’autres en tant que pirate.

- Bah, de toute façon, ça reste de la viande, hein ? En plus, c’est pas mauvais.

Pendant ce temps, la voix se manifestait.

*La viande de chauve-souris est une source d’alimentation humaine durant la Deuxième Ere principalement dans certains pays d’Asie et d’Océanie. La viande de chauve-souris est préparée de plusieurs manières, grillée (notamment au barbecue), frite, cuite dans des ragoûts et des sautés. Lorsqu'elle est frite, toute la chauve-souris peut être cuite et consommée. La viande de chauve-souris a une faible teneur en matières grasses et est riche en protéines. Elle peut cependant transmettre des virus.*

Odéline hocha la tête.

- C’est drôlement bon ! Tu as appris ça où ? C’est long à faire ? C’est toi qui as chassé les chauves-souris ?

Elle se régalait, il est vrai. C’était très original. Et elle faisait confiance à Kyril : cette viande ne leur transmettrait pas de virus.
Soudain, elle se retourna. Un nuage noir, rapide, silencieux venait vers eux. Elle les entendait parler, sans distinguer ce qu’elles pouvaient dire, tant elles étaient nombreuses.

- Des chauves-souris !


La pirate près d’elle s’étouffa. Que voulaient-elles ?

Spoiler:

Kyril sourit, s'amusant visiblement beaucoup de l'effet de surprise obtenu grâce à son plat. La surprise ne se transforma pas en dégoût, fort heureusement, et les filles continuèrent à manger, ayant l'air d'apprécier la saveur exotique.
Le kitsune bondit tel un chamois sur la paroi du rocher pour les rejoindre - il devait y avoir une belle vue depuis là-haut ! - puis s'assit sur son séant à côté d'elle, avant d'expliquer fièrement :

- Ravi que ça vous plaise ! D'habitude, mes plats reçoivent un accueil plus mitigé quand j'annonce la composition. J'ai appris tout seul, à force d'expérimenter sur des coba... euuhh, des volontaires. Le plus long c'est le séchage après la cuisson du bouillon. Je ne vais pas dire toute la recette, mais il n'y a pas que de la viande. Il y a quelques racines, champignons et légumes aussi. Ça tient mieux au corps comme ça, héhé.

Il se servit un bout et mangea tranquillement, la tête baissée.
Ses oreilles se tournèrent bientôt dans une direction précise, et il releva les yeux alors qu'Odéline annonçait l'arrivée d'une colonie entière de chiroptères. Le kitsune avait l'air perturbé par le bruit combiné de milliers d'ailes froufroutantes et le piaillement aigu du sonar des chasseuses nocturnes - il savait que les filles n'avaient pas son ouïe, et devaient percevoir uniquement les sons les plus graves produits par les chauve-souris.
Était-ce simplement une colonie en migration, en route pour un lieu de villégiature loin des températures glaciales ? Il savait que certaines espèces de chauve-souris hibernaient, tandis que d'autres parcouraient des milliers de kilomètres pour échapper à l'hiver. Tandis que certaines mêmes faisaient les deux à la fois...
Pour l'heure, il ne discernait qu'une masse noire et mouvante, ondulante comme une nuée d'étourneaux, effectuant un ballet magnifique et gracieux, mais qui avait l'air de bel et bien se rapprocher d'eux. Savaient-elles que Kyril avait cuisiné une congénère, et qu'ils étaient en train de la manger tranquillement devant elles ?

Avalant rapidement sa bouchée, Kyril regarda la colonie passer autour d'eux en sentant sur ses poils le poids de milliers d'ultrasons curieux, qui le sondèrent, l'analysèrent de bout en bout.
C'était une espèce de petite taille, à la fourrure grise légèrement brillante et aux grands yeux ronds tout noirs, sûrement insectivore. Le kitsune se détendit légèrement, profitant du spectacle, même s'il songea fortement à l'arme qu'il avait dans ses sacs, et qu'un coup de feu tiré suffirait probablement à faire fuir la colonie volant si le besoin s'en faisait sentir ; les chauve-souris voyaient avec leurs oreilles, alors un coup de feu leur ferait comme un éclair aveuglant.

Il se souvint qu'Odéline savait parler et comprendre le langage des animaux, aussi il tourna la tête vers elle :

- Euh... tu comprends ce qu'elles disent ? Tu pourrais leur dire qu'on ne fait que passer et qu'on ne leur veut pas de mal, tout ça ?
Ce n'est peut-être pas nécessaire de préciser qu'on est en train de manger de la viande de chauve-souris par contre...

Spoiler:

Aëlia restait fascinée devant ce nuage noir et mouvant, les sourcils en envolée, incapable cependant de faire autre chose que cligner des yeux. Elle entendit pourtant, au cœur de ces cris aigus, les paroles de Kyril, et vit se décomposer le visage d’Odéline.
 
Oups.
 
-          Euh … Elles te … enfin, nous, mais toi surtout … comprennent.
 
Le visage tout pâle de la jeune fille ne signalait rien de bon, et Aêlia sentait un peu de pur en elle. C’était un sentiment bien inhabituel chez Odéline manifestement. Les grands yeux bleus allaient partout, cherchant manifestement quelque chose à faire.
Elle s’inséra dans sa tête, et se figea, surprise. Il y avait une voix, assez neutre, qui lui parlait, et déversait des tonnes d’informations sur les chauves-souris, comme à la lecture d’un livre encyclopédique. Voyant se rapprocher le nuage de façon quelque peu inquiétante, Aëlia décida d’intervenir :
 
-          Eh ! T’as pas besoin de tout ça. Ca se rapproche là !
 
Odéline leva alors les yeux, et sembla voir que les chiroptères étaient un poil trop près.
 
-          Bon. Elles sont pas contentes. Elles savent ce qu’on mange. Il y a débat entre partir ou nous attaquer.
 
Elle soupira.
 
-          Ahem, excusez-moi de … vous interrompre mais euh … On ne vous veut aucun mal ! Au contraire ! En fait, Kyril nous faisait juste goûter, mais euh … Aucune de vous n’a été blessée ou tuée … C’était des chauves-souris décédées qui ont été … transformées.
 
Aëlia regarda alternativement Odéline, puis Kyril. Qu’est ce qui lui prenait, bon sang ? Elle parlait aux … chauves-souris ? E bluffait en plus ? Et le kitsune ne semblait pas même étonné …
 
-          Non, s’il vous plaît ! On recherche juste un bateau dans une montagne, on ne vous veut aucun mal vraiment …
 
Il y eut un silence, et la blonde jeune fille reprit. Aëlia s’inséra dans sa tête, et fut bien surprise : il semblait qu’elle comprenait ce que disaient les animaux volants, sans même le traduire, comme lorsqu’eux, Kyril et Aëlia, lui parlaient. Et bizarrement, il semblait que les animaux la comprenaient, alors qu’elle parlait sa propre langue. C’était … très étrange.
 
-          Merci de votre bienveillance, et de votre coopération. Je vous promets que je ferai de mon mieux pour que tout cela cesse … Je vais demander à mes compagnons.
 
Elle se tourna vers eux, et Aëlia retint le flot de questions qui lui brûlaient les lèvres.
 
-          Bon … Alors, elles ont vu le bateau, on est effectivement dans la bonne direction. Par contre, elles ne nous laisseront pas passer si on ne leur donne pas … le … pain de viande. Elles veulent, je crois, donner des funérailles à leurs amies décédées. Elles le récupèreront d’elles-mêmes, sinon. Kyril tu veux bien ?
 
Si Odéline semblait un peu tendue, Aëlia, elle était carrément médusée. Les chauves-souris ? Des funérailles ? On était en plein délire, bon sang de bois ! Elle grommela un peu, mais ne dit rien : si les animaux comprenaient ce qu’elle aussi disait, il valait mieux ne pas les provoquer. Elle en avait oublié ses questions.
 

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