[Terminé] Barbotter sur les bords du Lac [sp Snow et les Etudiants de l'Académie]

Senea vit le regard de Snow divaguer, se perdre un peu, avant de pouvoir lui répondre. Il lui expliqua qu’il n’avait pas de souvenirs, certes, mais pas de récit non plus de son arrivée à l'Académie, ni de celle de Jonas d’ailleurs. En réalité, sur l’archimage et ses origines, elle en savait peut-être plus que lui: l’Histoire d’Elysion faisait partie de grands sujets d’études à la Cour, et elle savait très bien que la connaissance du vécu et celle des livres n’avait strictement rien à voir. Les livres avaient l’avantage de présenter une expérience globale, renseignée. Evidemment, ils avaient un point de vue, mais toujours moins qu’une personne qui racontait des faits vécus par elle-même. Elle se tut, le laissant raconter. Il n’avait pas besoin de savoir ça.
Il commença ensuite à l’entretenir sur la nature des étoiles filantes, et elle sourit. Il y avait quand même une tendance commune des hommes à se croire très savants et tout à fait fascinants et, a contrario, à prendre les femmes pour des ignorantes à qui il faudrait tout expliquer (et qui les vénéreraient ensuite pour ça). Il y avait quelque chose d’amusant à constater que ceci avait bien manifestement traversé les siècles.

Oui, je connais la nature des étoiles filantes. Ceci dit, je n’ai jamais trop entendu parler de cette histoire d’oeufs de dragon, je crois qu’on ne les appelle peut-être plus comme ça ? Il me semble avoir appris que les comètes étaient, de toute façon, des astres composés de glace, qui ne devenaient comètes qu’en entrant dans notre atmosphère. Peut-être que les connaissances et les appellations ont évolué depuis l’époque où tu les as étudiées ! Ou bien, je me trompe. C'est très possible aussi: ce n’était pas le sujet qui m’intéressait le plus.

Elle soupira, et sourit.

On étudiait beaucoup de choses à la Cour, mais j’admets que j’ai toujours préféré laisser au ciel son côté poétique, ne pas trop en savoir. Ça en garde le mystère. Je me fiche un peu de savoir ce qui est quoi, de connaître les constellations, leur histoire, la mythologie qui va avec elles. J’aime qu’on me les raconte, évidemment, mais plus comme on raconterait une histoire ou un conte, tu vois ? Regarde, si on relie ces points là, fit-elle en désignant des étoiles disséminées, on croirait à un oiseau qui prend son envol, tu ne trouves pas ?

Allongée sur le dos près de lui, elle lui montrait du doigt plusieurs étoiles. En effet,avec de l’imagination, on pouvait voir un corps, des ailes, une tête dans ces points lumineux brillant au loin.

Senea prit la parole peu de temps après que Snow eut terminé sa phrase, elle confirmait qu'elle le savait déjà ce qui n'étonna pas Snow, c'était après tout sa question, le savait-elle. Réponse, oui. Il souriait alors qu'elle semblait démontrer une nouvelle fois ses connaissances, mais des personnes instruites, ils en voyaient tout les jours à l'académie. Elle le questionna sur les œuf de dragons, mais malheureusement c'est là que ses connaissances sur l'extra-atmosphérique se terminaient, il avait étudié les mythes et légendes qui avaient attrait aux constellations, pas l'astronomie. Elle soupira puis sourit, elle lui dit qu'il étudiaient beaucoup de sujets à la court, mais qu'elle préférait garder la poésie du ciel intacte. Snow souriait, c'était exactement pareil pour lui, le ciel était le plus grand réservoir de rêves qui existait, mettre des noms et des définitions sur celui-ci viendrait à le réduire à une simple masse de connaissances fixe et insipides. Elle ajouta qu'elle se fichait de savoir les noms des constellations leurs histoire, elle était plutôt intéressée par cet aspect conte et légendes. Snow réfléchit plus intensément pour comprendre ce qu'elle disait, il en conclut que ses premiers mots de cette phrase devaient seulement concerner les aspects scientifiques de la chose. Après tout c'était ça la préférence de Snow, les contes et les mythologies. C'était surtout ça l'objet de ses études et c'était surtout les courts qu'il pouvait donner. Ensuite elle lui dit de regarder, de relier ces points, lui disant que ça ressemblait à un oiseau qui s’envole.

"Je dirais même plus, une mouette qui s'envole en quête d'un gouter oublié sur la plage..."

Snow ne savait pas faire de l'humour, cependant il avait quand même tenté de faire un trait d'esprit bien qu'il se doutait que son ton monocorde n'aidait pas à la blague. Il se retourna vers Senea, la surplombant de nouveau.

"J'ai bien peur qu'en ce qui concerne tout ces astres célestes, comètes et autre météore, mes connaissances ne pourront pas aller plus loin. Après en ce qui concerne les constellations et leurs légendes, je pourrais déjà plus être à l'aise. Mais est-ce vraiment nécessaire? Ce n'est vraisemblablement pas le plus important ici et maintenant."

L'attention de Snow était entièrement tournée vers la femme. Il commençait à s'habituer à sa présence, même à y trouver du réconfort, il se doutait qu'en son fort intérieur elle devait cacher un fort caractère, il l'avait bien vu la froideur dont elle avait pu faire preuve quand elle avait parlé de son frère. Décidément, c'était difficile de lui plaire à cette dame. Puis Snow réalisa ce qui venait de lui traverser l'esprit. Pourquoi voulait-il lui plaire? A quoi pourrait bien lui servir l'approbation de la femme. Ses yeux avaient divagué vers leurs pieds, il les regardait sans voir tant il était en train de se promener dans son esprit. Décidément, cette journée éveillait en lui énormément d'émotions contraires. Ses yeux remontèrent le long du corps de Senea pour se poser sur son visage. Ils étaient proche, très proche finalement, et heureusement qu'elle ne regardait pas dans sa directions parce que leurs nez auraient presque pu se toucher. Depuis quand s'étaient-ils autant rapprochés physiquement, il se rappelait s'être couché à un peu plus d'un mètre d'elle. les yeux de Snow partirent doucement vers les arbres au loin. Décidément la quiétude de la nuit et les odeurs de corona étaient fortement agréables, hors de sa zone de confort, mais agréables.

Elle rit lorsqu'il évoqua la mouette qui volait un goûter sur la plage: il n’avait pas vraiment fait preuve d’humour jusque-là, voilà qui était nouveau ! Malgré son ton un peu monocorde, elle avait compris la volonté d’amuser, et avait ri sans problème. En même temps, les mouettes voleuses faisaient partie de ses spectacles favoris … De nouveau, il se redressa, la surplombant de son corps, encadrant dans son champ de vision la pointe de ses cheveux blancs qui semblaient miroiter sous la Lune. Il lui parla comètes et météores, contes et légendes, alors qu’elle avait le regard plongé dans le ciel étoilé. Elle sourit, sans répondre, absorbée par les étoiles. Elle n’avait pas envie, dans l’instant, d’entendre des histoires. Elle avait envie de savourer le calme retrouvé et la douce nuit de Corona qui approchait.
Senea sentit le regard de Snow la détailler, remonter de ses pieds à son visage. Avec un autre, elle aurait sans doute eu la sensation qu’il cherchait à la déshabiller du regard, mais ce n'était pas le cas. Il la regardait, c’était tout. Elle sentait son corps près d’elle. Elle sentait presque sa respiration dans ses cheveux. Était-il à bout de souffle, pour respirer si fort ?
La jeune femme sentit un baillement monter, accompagén d’un frisson. Il était tard, le froid était toujours en elle, et la journée avait été riche en activités. Sa sieste n’avait pas suffi à la remettre tout à fait d’aplomb, et elle se sentait fatiguée. Alors qu’elle se disait qu’il allait sans doute falloir aller se coucher, un couple approchant à grands bruits de baisers et de gloussements joyeux lui donna l’occasion parfaite.
Elle me tourna vers Snow, et … bondit en arrière, surprise de se trouver aussi proche de lui soudain. Peut-être ne respirait-il pas fort, mais juste très près d’elle ? En tous cas, elle ne s’attendait pas à ce que leurs nez se frôlent, à ce que leurs souffles se mêlent, simplement car elle venait de se tourner. En faisant cela, elle n’avait aps vu qu’elle avait coupé Snow dans son propre bâillement.

Oups, pardon. Je n'avais pas vu que nous étions si proches, je … ne m’y attendais pas. Je me sens un peu fatiguée et j’allais te proposer de laisser la place à cet heureux couple, et d'échapper aux bruits de leurs baisers en allant se coucher. Ceci dit, tu peux rester dehors si tu as encore envie d’air, évidemment ! ajouta-telle en lui souriant.

Et sur ces mots, elle se leva, et s’époussetta, avant de se rendre vers la tente avec ou sans lui en fonction de sa réponse.

La fatigue commençait doucement à le gagner, la soirée avait laissé place à la nuit, autant il aurait voulut poursuivre cette contemplation semi-silencieuse, autant il fallait donner au corps du repos. Il allait mettre sa main devant sa bouche pour bailler quand Senea se tourna vers lui. Sursautant quand il sentit un nez frôler le sien, un souffle se mêler au sien ce qui interrompit son bâillement. Il marqua un léger mouvement de recul alors que Senea s'excusait. Elle lui dit qu'elle allait se coucher, pour laisser la place au couple qui arrivait en gloussant joyeusement.

"Ne t'excuse pas, j'avais vu que nous étions proches mais je sais pas pourquoi j'ai pas réagit... Probablement un contrecoup de la fatigue, je te suis volontiers. Mais il va me falloir une bonne douche avant."

Snow se redressa doucement, s'épousseta se rappelant des coups de soleil sur ses épaules quand il passa ses mains dessus, il grimaça légèrement et y appliqua ses paumes rafraichies par sa magie. Voilà qui soulageait cette sensation de brûlure désagréable. Il marchait cote à cote de Senea, les mains se croisant, se se frôlant dans un mouvement de balancier régulier. Snow déglutit quand son esprit lui soufflait doucement à l'oreille d'attraper sa main... Il arrivèrent prestement aux locaux pour aller se laver, fort heureusement, à cette heure si, tout était vide. Snow partit sans attendre pour se laver rapidement avec le savon qui avait été mis à la disposition des personnes, il sentait approximativement le citron, c'était pas le grand luxe, mais ça sentait tout de même bon. Il en profita pour imbiber le savon dans son short de bain avec lequel il allait dormir. Comme il n'avait pas de serviettes, il se sécha magiquement en faisant disparaitre l'eau. Il était habitué à se laver avec des moyens beaucoup plus modestes qu'il avait ici, l'Hypnos de son époque était on ne peut plus sauvage. Il sortit pour retrouver Senea au loin. Il s'ébouriffa les cheveux qui étaient encore un peu humide avant de lui emboiter le pas de loin. De loin il l'a voyait entrer dans la tente, il se dit qu'il serait surement plus poli de lui laisser le temps de pouvoir s'installer confortablement. Il prit plusieurs minutes avant d'arriver, ralentissant sciemment la marche. Puis, il arriva devant la tente.

"Me... Me voilà."

Snow entra doucement dans la tente et se posa du coté où la femme ne se trouvait pas. Il lui sourit mais fit en sorte de ne pas trop la regarder. Il se posa sur le dos, s'installant comme il le pouvait en essayant de ne pas trop bouger, faire de bruit, déranger la femme à coté de lui. C'était la première fois pour lui qu'il allait dormir si près d'une personne du sexe opposé. Qui plus est, semblait avoir un certain pouvoir sur lui qu'il n'expliquait toujours pas. Il bailla doucement dans sa main avant de lui murmurer un "Bonne nuit..." Il ferma les yeux repensant à la caverne sous-marine qu'il avait découvert.

Il accepta d’aller se coucher, s’excusant tout à la fois de ne pas s’être éloigné plus tôt. Elle sourit, lui fit signe que ce n’était pas grave. La manière dont il grimaça rappela à la jeune femme qu’ilavait pris de scoups de soleil, et elle soupira un peu: il n’aviat pas pensé à remettre de la crème, évidemment. LOrsqu’ils arrivèrent au niveau du bloc sanitaire qui comprenait douches et toilettes, ils se séparèrent. Senea se lava rapidement dans une douche qu’elle trouvait étonnamment propre pour un endroit pareil. Décidément Minos était vraiment un monde idéal ! Forte de cette constatation, elle sourit, et sortit de la douche, sé sécha, et repartit à l’air libre. Entendant toujours l’eau couler, elle en déduit que Snow se lavait encore, et partit devant. Une fois sous la tente, elle enleva son soutien gorge et son short, qu’elle glissa dans son sac, et ne garda que sa culotte et son débardeur, afin d’être à l’aise pour la nuit.
La tente était petite, parfaitement adaptée pour deux personnes donc, et ne comprenait qu’un grand matelas double, avec des oreillers et des couvertures. Il y avait un tout petit peu d’espace au pied du matelas pour entreposer les affaires, et quelques millimètres de battement entre le matelas et la toile afin de maintenir un espace entre celles-ci et la surtoile qui servait de toit et garder une certaine imperméabilité. Elle glissa ses jambes sous la couverture, et tressa rapidement ses cheveux, de manière assez lâche, tant pour les protéger que pour éviter de les voir tirés pendant la nuit. Elle arrangea ensuite son oreiller, et la couverture de son côté, avant de s’allonger sur le côté, le corps orienté vers la toile de tente. Lorsque Snow entra, par réflexe, elle se colla le plus possible au bord du matelas, afin de ne pas risquer de le toucher et de le gêner. Elle nota avec un sourire qu’il faisait de même (sauf que comme il était musclé et large d’épaule, et était sur le dos, il prenait plus de place et touchait sans doute plus facilement la toile de tente). Lorsqu’il lui dit bonne nuit dans un bâillement, elle fit de même, puis s'enroula un peu plus dans la couverture. Elle avait encore froid, et n’appréciait pas vraiment ça. Elle avait la sensation que la fatigue augmentait ce sentiment. Elle n’était d'ailleurs pas certaine que les couvertures parviennent à contrer ce froid intérieur, mais elle ne perdait rien à essayer. La jeune fille s'endormit rapidement, cependant.

Il y avait un tunnel, un long tunnel noir, arrondi, qui s’emblait s’aggrandir. Elle courait, vers le bout, vers la lumière, mais alors qu’elle était persuadée qu’elle allait pouvoir sortir, elle se cogna à une paroi qu’elle n’avait pas vue jusque-là. En pestant un peu, elle tâta. Oui, il y avait bien une paroi, et elle était comme incurvée. Au-delà, elle voyait ses amis, le Lac. Avec eux, il y avait bien Snow, mais elle, elle n'était plus là. A la place, il y avait … C’était impossible. Il était parti, il ne pouvait pas être là, à sa place ! Soudain le tunnel lui-même sembla bouger, et à l’autre bout, elle vit un œil, un œil immense, qui semblait pourtant peint, étrangement peu réel. Comme s’il appartenait à une personne d’un autre temps et …

Elle s’éveilla en sursaut dans un très grand bruit, suivi de multiples petits bruits de choc au-dessus d’elle. Sentant de l’eau commencer à lui goutter dessus, elle sursauta de nouveau, alors que son cerveau sortait des brumes du sommeil (une longue vue ? elle avait vraiment rêvé qu'elle était dans une longue vue ?): un orage ! C’était un orage de Corona qui leur tombait dessus ! Et vu comment ils étaient placés dans la tente … Elle roula un peu afin de s’éloigner de la toile déjà mouillée et  tendit le bras, jusqu’à toucher une partie du corps de Snow, très certainement son épaule même si elle ne l’aurait pas juré.

Snow … Snow, il y a un orage … Tu touches la toile, il faut te décaler un peu si on ne veut pas inonder la tente et finir trempés ! lui murmura-t-elle rapidement.

C’était la seule solution: matérialiser un dôme de glace pour se protéger aurait voulu dire ne pas se rendormir tant qu’il y avait de l’orage sans quoi il se dissiperait, surtout au vu de la chaleur ambiante. Et elle n’avait pas vraiment l’intention de passer une nuit blanche à cause d’un orage !

Le sommeil l'avait gagné quasiment tout de suite. La noirceur fit place à de la lumière. Il voyait le ciel, les étoiles, la lune, il se sentait libre comme l'air, le vent s'engouffrant dans ses bras alors qu'il battait l'air de ses mains. Il sentait les odeurs plus intensément, le froid lui gelait presque la peau sans que ça le gêne. Il poussa un long soupir de contentement quand il se rendit compte que quelque chose se trouvait sur son dos. Il portait une charge sur son dos... Il entendit la voix de Jonas qui discutait avec quelqu'un de glace. Snow aurait voulut tourner la tête mais il se concentrait sur l'horizon. Lointain, sombre et inaccessible. Jonas parlait du secret avec les bêtes, c'est de trouver ce qui les calme. Cette phrase fut suivit d'un petit rire que Snow reconnu immédiatement. C'était Senea qui s'entretenait avec son frère perdu. Puis, un orage éclata juste au dessus de lui, un éclair fendit l'air et lui brisa une aile alors qu'il entendait Senea lui dire qu'il touchait la toile, que la tente allait finir trempée... Ses yeux s'ouvrirent doucement, ne comprenant pas ce qu'il se passait. Il sentait la main de Senea sur son épaule, il sentait l'eau qui commençait à lui ruisseler sur l'épaule collée à la toile de tente. Réalisant ce que Senea lui disait et ce qui était en train de se passer.

"Je... Heu..."

Un violent éclair retentit au dessus de leurs tête alors qu'il se rapprochait d'elle... Cependant, il le savait, son corps se tétanisa pendent la bruit. Il ne comprenait pas d'où lui venait cette sensation de peut intense, mais il savait que son astraphobie n'allais pas faciliter les choses. Sa respiration s'accéléra et son cœur se mit à tambouriner quand il se tourna vers Senea pour se rapprocher d'elle. Un second éclair retentit juste au dessus d'eux, son corps fut alors traversé de violents tremblements, cette peur était viscérale, bien encrée au plus profond de son être, et il avait beau lutter, il ne pouvait gagner. Il était très proche de Senea, mais pas encore assez, à ce stade, il était incapable de prendre de décision ou de se rapprocher, se sentant comme au fin fond d'un tunnel. La peau de Snow se réchauffa tant ses muscles se crispaient, tant son cœur pompait du sang dans ses membres...

Alors qu’elle le secouait doucement, elle le sentit se tendre au premier coup de tonnerre, commencer à trembler au second.

*C’est bien ma veine.*

Il était figé, ne bougeait plus. Il était tourné vers elle, certes, mais toujours trop près du bord de la tente, surtout avec sa carrure de Monsieur Muscles. Elle se demandait bien d’ailleurs comment diable elle allait réussir à la déplacer, de fait. Et évidemment, pas question de sortir: le fait d’être complètement exposé à l’orage, même durant le court temps qu’il faudrait pour aller se mettre dans un abri en dur suffirait sans aucun doute à Snow pour perdre tous ses moyens … Et elle ne risquait pas de le porter. En plus de quoi, elle n’avait aucune envie de risquer un déchaînement des pouvoirs du jeune homme de par la panique …
Doucement, elle l’entoura d'un bras et d’une jambe, le tira vers elle. Il était lourd, mais avec quelques efforts, elle parvint à le faire glisser de quelques centimètres, suffisamment pour qu’il en touche plus la tente et ne risque pas de les inonder. L’un face à l’autre, ils étaient à présent au centre du matelas. Elle avait une de ses jambes, nues, mêlée aux siennes, l’autre tout contre lui. Le bars qui était un peu sous elle, disposé de manière à laisser circuler le sang, avait une main en appui sur le torse de Snow, vers les pectoraux, sur sa peau nue. De son autre bras, elle rabattit sur leurs têtes les couvertures, afin d’isoler le jeune homme de la lumière qui semblait tant l’effrayer. Elle ne pouvait rien faire pour le bruit, mais peut-être que déjà un peu moins de lumière pourrait l’aider, même s’ils devaient un peu étouffer pour cela, dans une atmosphère qui deviendrait vite moite (surtout à en juger par la manière dont il semblait devenir brûlant ! Avait-il de la fièvre ou était-ce un contre-coup de la panique ?). Dès qu’ils furent un peu enfouis, elle rabattit son bras sur lui, en appui sur son épaule, dans son cou, et commença à lui caresser les cheveux, doucement. C’était là un des seuls moyens qu’elle connaissait pour rassurer quelqu’un, alors, elle le mettait en application sans trop se soucier de leur degré de nudité, de proximité, de son corps complètement collé au sien. Le but, c’était qu’il se sente un peu plus en sécurité, accompagné.

Doucement Snow, du calme … Je suis là. Tu n’es pas en danger, tu ne crains rien. Ces tentes sont faites exprès, on ne craint rien. Ça n'arrivera pas sur nous. Doucement, je suis là …

Elle lui psalmodiait ceci, front contre front, bout du nez contre bout du nez, menton légèrement éloigné, sur un ton qui se voulait le plus rassurant possible. Au moins, ils étaient au sec.

On ne sera pas mouillés, ça va passer, c’est simplement un orage de Corona … Ne t’inquiète pas tout va bien … Je suis là, je suis avec toi.

Les doigts toujours caressant ses cheveux, elle le berçait presque un peu en faisant osciller tout son corps avec le sien, entraînés par son bras. Elle commença même à lui fredonner une sorte de berceuse, tout en continuant à le rassurer, à égrener des paroles réconfortantes.

La foudre éveillait en lui de sentiments puissants de peur mais pas que... Une sensation familière... Le deuil? Snow respirait très fort incapable de se calmer quand il sentit de la froideur l'attraper. Des mains? Une jambe? Il n'arrivait plus à comprendre, mais bizarrement, au lieu de se déchainer, son pouvoir restait mué, comme effrayé de sortir autant que Snow était tétanisé. Il sentait le contacte de la femme comme un lointain picotement. Il était enfermé dans son esprit, comme enfermé dans un couloir... Encore une fois aujourd'hui. Il sentait que l'atmosphère se réchauffait, il y avait quelque chose au dessus de sa tête et quelque chose en face de lui. Il sentait un souffle sur son visage, il sentait une main de ses cheveux. Le contacte le ramenait peu à peu à la raison, sans compter qu'il ne voyait plus de lumière, il ne restait que les bruits assourdissants qui le faisait retomber un peu plus profond dans se couloir sombre. Il entendait une voix au loin, celle de Senea. Elle lui disait qu'il n'était pas en danger, que leurs habitation de fortune était fait exprès, que rien n'allait leurs tomber dessus. Snow se voyait pourtant, tenu dans les bras d'une jolie femme, qui se faisait frapper par la foudre avant de tomber du ciel.. Il ne saurait pas expliquer ce souvenir qui se jouais devant lui alors qu'il se trouvait manifestement dans l’étreinte de Senea. Il entendit ensuite, que ça allait passer, que c'était qu'un orage de Corona, qu'elle était là avec lui. Elle commença alors à fredonner... Une berceuse... Il l'entendait... Au loin... Mais la voix semblait résonner dans son esprit, couvrant presque le bruit de l'orage. Les bras de Snow, malgré lui se refermèrent sur Senea tout en paraissant se détendre... Ses muscles se décrispaient, à mesure que le temps passait, la berceuse s'ancrait doucement dans son esprit, rendant muet l'orage qui hurlait dehors... Snow reprenait conscience, peu à peu, il s'était mis à fredonner de concert avec la femme, suivant ses notes presque automatiquement, presque comme un mécanisme de réveil, pour reprendre ses esprits. Il reprenait doucement contrôle de son corps, sentant celui de Senea proche, très proche, presque collé. Il sentait une main fraiche sur son torse, une cuisse sur sa cuisse, un souffle sur son visage. Ses yeux commençaient progressivement à y revoir, toujours fredonnant de concert, l'orage s'était tût. La pluie battait la tente. Les muscles se relâchaient doucement, le souffle ralentissait, le cœur ne battait plus le sternum comme s'il voulait s'enfuir. Snow expira longuement, posant son front sur celui de Senea sans la voir... Il murmura un léger "Merci..."

Doucement, sous ses caresses, il lui sembla se calmer, revenir à la réalité. Senea eut l’impression que son corps se relâchait lentement, que sa respiration reprenait un rythme plus normal, moins heurté, moins troublé. Lorsqu’il la saisit, l’enveloppa de ses bras, elle se sentit sursauter, confuse. En même temps, à quoi s’attendait-elle ? Elle venait de se coller à lui, il fallait bien qu’il mette ses bras quelque part, le pauvre bougre. Il expira contre elle, sur elle-même, leurs fronts collés, et la remercia. A cet instant, elle cessa de fredonner, sans se poser la question de comment diable il l’avait accompagnée.

De rien, Snow. C’est normal.

Ses doigts restèrent dans les cheveux du jeune homme, son bras resta en appui sur son épaule et son cou, sa main resta sur sa poitrine, son ventre et ses hanches restèrent contre son torse, sa cuisse continua à enserrer sa taille, ses hanches pour descendre vers ses jambes,ses cuisses, son mollet resta contre sa cuisse, son genou, son mollet et son pied resta contre son mollet, le bout de ses orteils n’effleurant pas tout à fait la cheville du jeune homme, alors que son autre jambe restait tendue contre lui, suivant le tracé de son corps. L’orage, lui, s'éloignait, ne laissant que la pluie, et, sans doute, des coups de tonnerre lointains à venir.

Je n’allais quand même pas te laisser comme ça, on se serait retrouvés trempés ! plaisanta-telle un peu, toujours à mi-voix. Tu te sens mieux ?

La voix de Senea, cessa de fredonner, laissant presque un manque dans les oreilles de Snow, il appréciait le bruit de la pluie qui tombe, mais là, c'était... Vide, moins magique... Snow avait les yeux fermés, il sentait une sorte de plénitude, comme s'il était revenu dans son cocon, bien que cette fois, cette présence réconfortante n'était pas venu de sa magie, mais bien de la femme elle-même. Il sentait les doigts de la femme jouer dans ses cheveux, son souffle sur sa bouche, toutes ces sensations étaient enivrantes. Elle fit une plaisanterie sur la pluie qui le fit sourire avant de lui demander si ça allait mieux. Snow inspira longuement, très doucement, comme pour laisser le temps à ses poumons de se délier.

"Je... pense..."

Snow repassa toutes les émotions qu'il avait ressentit, la terreur mais surtout, une profonde tristesse qui le surprenait... Snow sentait que la fraicheur de la peau de Senea lui apportait énormément de réconfort... Il sentait que quelque chose changeait en lui... Comme si un équilibre nouveau s'instaurait doucement, remettant de l'ordre dans son âme en peine... Il ne suffoquait plus, il n'était plus triste... Il ne voulait plus que cette étreinte se termine. Mais, au fond de lui, il sentait que peut-être, rien de tout ça n'était réciproque, il en l'a connaissait pas aussi bien que ça, mais ses émotions, son corps, son cœur, semblaient ne rien vouloir savoir. le baiser qu'il avaient faillit échanger revint hanter son esprit quand, sans réellement comprendre ni savoir pourquoi, son visage s'avança doucement, comme pour sentir son souffle sur ses lèvres. Il s'était rapproché doucement, malgré lui mais ne bougeait plus, il sentait son souffle sur ses lèvres, cette sensation était enivrante. Le pouls de Snow accéléra doucement, pas autant que pendant l'orage, la fièvre lui montait au visage. Il ne comprenait pas ce qu'il faisait, ni même ce qu'il ressentait, leurs visages étaient si proches... Si elle l'avait voulut, elle aurait pu lui voler un baiser sans même voyager loin pour s'en saisir... Etait-ce ce qu'il voulait? Qu'elle lui vole un baiser? Son premier baiser? Ou souhaitait-il simplement sentir ce souffle réconfortant... Snow n'osait presque plus respirer tant il était dans l'inconnu, incapable de lui voler la possibilité de refuser. Le libre arbitre étant le bien le plus précieux de tout être...

Alors qu’elle continuait à lui caressait les cheveux, il inspirait, longuement doucement, avant de lui répondre de manière un peu hésitante, comme s'il n'était pas sûr de lui, pas sûr d’aller mieux… Elle lui sourit, descendant ses caresses vers sa nuque, avant de remonter vers ses cheveux à nouveau. Evidemment, il ne pouvait pas la noir, mais elle le sentit s’approcher, s’approcher jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus distinguer le souffle du jeune homme du sien. Elle resserra son étreinte sur lui, se disant qu’il avait sans doute besoin d’être encore rassuré, lui caressa le dos doucement, laissa son autre main aller vers la mâchoire du garçon, suivant les lignes du bas de son visage. Elle avait la sensation qu’il était tendu, un peu comme la corde d’un arc, mais elle ne voyait pas trop vers quoi. Elle se replaça légèrement, car son cou était un peu tordu, commençait à lui faire mal, et dans son mouvement, elle se rendit compte qu’elle n’était pas passée loin de l’embrasser, elle l’avait effleuré de son visage, de son nez, de ses lèvres, de ses cils presque tant ils étaient proches, sans pouvoir déterminer où. Un peu gênée, car elle ne voulait pas qu’il ait l’impression qu’elle cherche à le séduire (elle avait compris qu’il avait tendance à être mal à l’aise, d’une part, avec les femmes mais également un peu méfiant, du fait des secrets qu’il cachait, et elle craignait qu’il s’imagine qu’elle veuille le séduire pour le manipuler), elle continua à se tortiller un peu, sans le lâcher pour autant, et, quand elle eut trouvé une position un peu plus confortable, elle se redit compte qu’en réalité, elle avait sans le vouloir logé Snow un peu plus bas, vers le creux de son cou.

Désolée, dit-elle. J’espère que ça ne te gêne pas, je peux te lâcher si tu préfères, mais je crois que c'est le meilleur moyen de nous isoler de la pluie … On peut se placer différemment si tu veux, c’est simplement que je commençais à avoir mal au cou et … Tu es sûr que ça va ?

Elle n’était pas loin de lui murmurer ça directement à l’oreille, les mains toujours pour l’un vers son visage, pour l’autre vers le haut de son dos très large. Evidemment, sa jambe était toujours autour de lui, son corps collé au sien, mais elle ne l’empêchait pas de bouger pour autant.

Le visage de la femme se déplaça, Snow sentit le mouvement, son cœur sembla battre à tout rompre alors qu'il l'a sentait s'échapper... Peut-être ne voulait-elle pas de lui. Si c'était e qu'elle voulait, alors il respecterait son choix... Mais pourquoi ressentait-il de la déception... Son coeur se calma doucement, se faisant à l'idée que ce qui se passait n'était probablement qu'un rêve, une songe éphémère qui se mourrait dans l'oubli. Senea se replaça, se tortillant quand finalement elle s'arrêta, son visage était quelque part dans son cou... Snow respirait les odeurs naturelles et du savon de la femme, s'il y avait eu de la lumière, elle aurait vu les rougeurs habituelles sur son visage, celle qu'elle lui provoquait quasi systématiquement. Mais sa désillusion accompagné de cette déception qu'il ressentait tuait à petit feu ses rougeurs... Elle s'excusa, lui demandant si ça ne le gênait pas, qu'elle pouvait le lâcher, mais que ça restait le meilleur moyen de s'isoler de la pluie? Elle proposa de changer de position, qu'elle commençait à avoir mal au cou. Tout se dessina alors dans l'esprit de Snow, elle avait tout simplement mal au cou, et avait changé de position, le désespoir disparut dans l'instant, couvert par un vent nouveau d'espoir scintillant... Mais qu'est-ce qui m'arrives... Pensa-t-il alors qu'elle lui murmura si ça allait... Le souffle de la femme sur son oreille lui provoqua une immense vague de frissons dans cet possibilité renouvelée mais... La réponse à cette question était difficile. Lui qui n'avait jamais rien éprouvé de tel, pour personne, ce sentiments d'être complet alors qu'on est accompagné de quelqu'un d'autre. Au loin, le tonnerre grondait toujours, mais ça n'avait plus d'importance tant qu'elle le couvait de son corps entier. Elle était une bouffée de fraicheur, une lumière bienfaisante qui le protégeait.

Le bras gauche de Snow remonta doucement, tout en douceur le long de leurs corps effleurant presque par accident la hanche et l'épaule de la femme, Snow voulait pouvoir mêler leurs regards alors que tout doucement, il repoussait la couverture, reculant doucement sa tête, relevant le menton. Il faisait très sombre mais leurs visages étaient éclairés périodiquement par les éclairs au loin. Même si Snow fermait presque les yeux par réflexes à chaque fois que ces lueurs apparaissaient, il voyait cette femme, si proche, si belle, si... Chère. Ses cheveux étaient collés à son visage à cause de la chaleur et l'humidité ambiante. La main qui avait légèrement baissé la couverture pour libérer leurs visage, partirent, dans une douceur infini, se poser sur le front, proche de la tempe, glissant doucement dans la direction de son oreille, le visage de Snow tourné vers le haut, le regard légèrement gêné mais franc, les rougeurs faciales revenues de plus belle, les yeux se plissant à chaque éclairs. Il tira cette mèche jusque derrière l'oreille de cette femme qui le rendait presque fou... Fou de braver l'élément de ses terreur, terreurs qu'il avait gardé toute sa vie depuis ses premiers souvenirs... Ses doigts achevèrent leurs course derrière la tête de la femme, son pouce sur sa joue, ne laissant qu'une invitation silencieuse qu'il ne comprenait pas... Elle pourrait faire de lui ce qu'elle voudrait. Car la tendresse qu'il éprouvait pour elle devenait bien présente dans son esprit, alors qu'il commençait à comprendre tout ce qui se tramait dans son esprit. Pour d'autres tout ceci était simple, pour lui, c'était un effort considérable... Sa forte respiration qu'il avait eu jusque là se calmait alors qu'il pouvait voir le regard de cette dame avec qui il partageait sa couche. Il était heureux d'y être avec elle. Incapable d'avancer son visage, il ne pouvait que l'observer de loin, ouvrant à Senea la possibilité de pouvoir décider.

Il ne lui répondit pas, mais bougea, l’effleurant pour enlever les couvertures. Bon, manifestement, la crise de panique était bel et bien passée: ils pourraient respirer à présent ! puis soudain, la main de Snow vint caresser son visage, lentement, pour finir derrière sa tête, presque au niveau de sa nuque, un pouce sur sa joue.

*Mais qu’est ce que c’est que ces battoirs?!*

Cette simple pensée, parasite, la fit sourire, alors qu’il la fixait avec intensité, comme inconscient du climat extérieur, des éclairs au loin. Un instant, elle se demanda s’il ne l’avait pas manipulée plus tôt, s’il n’avait pas fait semblant d’avoir peur … Mais non, pourtant ça semblait spontané, et il clignait toujours des yeux quand les flashs apparaissent, lui donnant un air d’enfant nerveux. A la faveur de ces éclats lumineux soudain, elle voyait son visage pâle, tourné vers elle, la regardant d’en bas, avec, peut-être, des étendues plus colorées, même si elle n’aurait pu le jurer. Il semblait tendu, de nouveau, comme un arc, tendu vers quelque chose, en attente. Mais en attente de quoi ? Que voulait-il, que diable ? Et pourquoi, par les Grands Rois, ne lui répondait-il pas ? Sa question n'était pourtant pas bien compliquée !! Elle lui sourit, posa sa main sur celle de Snow, s’accrochant un peu à son pouce.

Eh … Tu es sûr que ça va ? Tu ne réponds plus … Qu’est ce qui t’arrive ?

S’il y avait un côté sensuel, romantique peut-être dans la manière dont Snow lui avait touché le visage, elle ne l’avait pas ressenti ainsi, pas vraiment, pas encore. Elle ne voyait que le garçon qui, quelques instants plus tôt, tremblait dans ses bras à cause d’un orage.

C’est l’orage qui te fait toujours cet effet ? lui demanda-t-elle en caressant un peu son pouce sur sa joue, espérant casser son hébétude, son silence, son attitude étrange (et, peut-être obtenir quelques explications).

Les yeux dans les yeux, les corps collé, emmêlés. une tempête avait éclaté dans l'esprit de Snow qui le voyait bien, ces signes qu'il donnait malgré lui tombaient sur un esprit hermétique. peut-être ne le voyait-elle pas, peut être refusait-elle de le voir. Snow la voyait, fixement, tendrement, elle lui demanda une nouvelle fois si ça allait. Qu'il ne parlait plus, qu'est-ce qui lui arrivait. Snow soupira intérieurement, peut-être était-il impossible pour lui d'exprimer ce qu'il commençait à comprendre, cette situation qui le changeait intérieurement. Elle insista lui demandant si l'orage lui faisait cet effet. Il soupira une nouvelle fois intérieurement. Fermant les yeux, il lui laissa sa main qu'elle avait attrapé et qu'elle caressait tendrement. Elle était déjà trop importante pour qu'il gâche tout en étant tête brûlé. Cependant, il n'allait pas lui mentir pour autant.

"Oui... Pardonne mon silence... Je crois qu'avec l'orage... C'est probablement... Un peu trop d'information d'un coup..."

Snow ouvrit doucement les yeux pour se retrouver une nouvelle fois face à Senea. Son regard se détourna alors que sa main quittait doucement le visage de la femme pour aller se poser sur le matelas derrière elle. Elle était pourtant là, si proche, plus proche que personne ne l'avait jamais approché, et pire encore, il tolérait, voir, appréciait le contacte... Est-ce que tout ceci était de l'amour naissant? Fleurissant au creux de ses omoplates, sous sa colonne... Son regard tiqua une nouvelle fois quand un éclair retentis.

"Je comprends, les effet de l'orage sur moi... Je comprends cette peur qui ne m'a jamais quitté..."

Son regard vint se fixer dans celui de Senea. Avec peut-être un brin de désespoir, une légère tristesse, mais surtout une grosse dose de gêne...

"C'est tout le reste... Que je ne comprends pas... Pourquoi je me sens en sécurité avec... Alors que normalement... Rien... Rien n'y fait..."

Snow soupira alors que son regard se détournait une nouvelle fois. Son menton se baissait. Il n'avait jamais éprouvé de désir pour un corps ou pour une personne, Il n'avait jamais ressentit une quelconque attirance pour qui que ce soit, jamais. Pourtant le mystère se trouvait là, emmêlé avec lui.

"J'aimerais savoir... Pour t'en dire plus... Même si... Grâce à toi... Je vais bien... J'ai... L'impression... De ne plus avoir peur... Mais..."

Il ferma les yeux, baissa doucement le visage pour cacher son front sous le menton de la femme, sauf si elle l'en empêchait...

Il n’avait pas l’air du tout dans son état normal, et, peu à peu, il s'expliqua, une main derrière elle, la regardant droit dans les yeux. Tout du long, elle sentit son coeur accélérer, craignant ce à quoi il risquait d’en venir au fur et à mesure qu’elle avait l’impression de comprendre. L’orage, la peur, le fait qu’il la trouve rassurante, qu’il soit bien avec elle … Il la regardait, puis baissait la tête, comme honteux, comme ne sachant que dire, comment continuer.
La bouche de Senea était sèche. Mais jamais la déclaration qu’elle craignait ne vint. Car elle craignait oui, qu’il ne lui confesse soudain une attirance, ou pire, un amour naissant (comment aurait-il pu se flouer à ce point ? Il l’avait vue deux fois!). S’il l’avait fait, elle n’aurait pas su comment réagir. Mais il n’en avait rien fait, rien dit, et elle parvint à se convaincre que tout ceci n’était que le fruit de son imagination.
Snow n’était pas tout à fait comme les autres hommes. Il avait un millénaire d’écart avec les garçons qu'elle avait fréquentés, et, quelque part ça se sentait un peu (même si elle devait admettre être étonnée qu’il soit si adapté à leur vie quotidienne et à leurs usages. Elysion avait-il si peu changé, en mille ans?). Il ne réagissait pas tout à fait pareil, en particulier avait-elle l’impression, par rapport aux femmes. Là où, à 25 ans, elle considérait avoir passé depuis longtemps le stade des minauderies, des séductions bafouillantes, des baisers volés et des caresses maladroites, y préférant très largement quelque chose de suffisamment frontal pour que la personne en face puisse refuser ou accepter, sans se poser la question du fameux “Est-ce simplement le fruit de mon imagination?”. Elle détestait cela, vraiment, et avait décidé depuis longtemps déjà de ne plus réagir à aucun signal qui ne soit pas franc, direct, exprimé, explicite.
Des années durant, elle avait souffert de ce climat étrange qui pesait à la Cour, où chacun se surveillait, s'espionnait, se séduisait suivant ses intérêts, mais sans considération réelle pour les personnes qui devaient recevoir ces “sentiments”. Elle y avait succombé, oui, et avait déjà passé des nuits avec des hommes (mais si peu qu’une main suffisait pour les énumérer). Pour autant, même à cette époque, elle avait toujours détesté qu’on lui vole un baiser, qu’on la touche de manière appuyée sans lui demander son avis. Elle aimait être désirée, oui, mais pas ainsi, pas sans prendre en compte ce qu’elle voulait. Elle aimait être désirée, oui, mais son désir à elle, s’était-il exprimé une seule fois, avec ces hommes ? Elle les avait tous trouvés fades, grossiers, maladroits, intellectuellement sans intérêt, malgré parfois une façade tout à fait plaisante. Ce qu’elle avait aimé, avec eux, c’était le regard qu’ils avaient, un instant ou plus longtemps, porté sur elle.
Mais depuis le départ d’Oigean, elle avait cessé de faire semblant. Même leur désir ne l’attirait plus. Perdant peu à peu le goût de tout, elle avait repoussé chaque prétendant. Elle n’avait jamais été facile à atteindre, elle était devenue glaciale et inaccessible. Deux ans plus tard, elle avait procédé au plus grand changement de sa vie, et avait quitté la Cour. A son arrivée à l'Académie, elle avait cru à un nouveau départ et avait eu une conquête, rapide et sans intérêt. déçue en se rendant compte que cette fadeur, cette maladresse, cette non-prise en compte d’elle ne venait pas des courtisans, et sans aucune envie de se contraindre à éduquer qui que ce soit à son corps, elle avait renoncé, lâché prise. Plusieurs fois, des hommes avaient tenté leur chance, frontalement, en lui disant nettement ce qu’ils ressentaient et elle les avait tous repoussés. D’autres, lui semblait-il, lui tournaient autour, mais elle faisait comme s’ils n’existaient pas, se comportant avec eux de manière simple, normale, désamorçant souvent sans le vouloir leurs avances (de toute façon, elle ne les voyait pas, ces avances) tant qu’ils ne faisaient pas preuve de franchise. Il y avait bien elle cette étincelle, presque orgueilleuse, à l'idée d’être désirée, aimée. Mais elle ne ressentait jamais cela pour la personne en face d’elle, comme si elle était stérile sur ce terrain, comme si elle avait brûlé toutes ses réserves.
Alors si Snow s’était soudain décidé à … Non. Non, c’était impossible. Il avait un millénaire de plus qu’elle, et si elle le faisait se sentir en sécurité, c’était simplement que leurs pouvoirs se ressemblaient (peut-être aussi que le fait qu’elle lui parle comme à une personne normale renforçait ce sentiment). Se refusant à réfléchir à ce qu’elle avait craint un instant, à l’idée qui avait fait accélérer son rythme cardiaque, elle accueillit le front du jeune homme dans son cou, juste sous son menton, en recommençant à lui caresser la tête doucement, comme on l’aurait fait avec un enfant.

Ce n’est rien Snow. Tu sors de plus d’un millénaire d’hibernation, suivi de cinq années d’études sans sortir de ton antre de ce que tu m’en dis … C’est bien normal que le monde autour te perturbe. Tout a tellement évolué de l’état des connaissances aux stratégies politiques en passant par l’usage et de la magie et la manière dont les personnes envisageant leurs rapports … Evidemment, tu te sens un peu perdu, c’est bien compréhensible … C’est même normal.

Elle sourit en continuant à lui caresser la tête, se persuadant peu à peu avec ses propres arguments.

Nos pouvoirs sont très semblables, c’est aussi ce qui doit te donner cette sensation de proximité. Avais-tu déjà rencontré qui que ce soit capable de maîtriser la glace, comme toi ? Évidemment, quand on s’est cru toute sa vie unique, je comprends que ça fasse un choc … Quand nos magies se sont mêlées, j’ai ressenti quelque chose d’étrange tu sais ? Comme si mon pouvoir cherchait le tien, violemment, pour se mélanger à lui, pour s’oublier en lui, pour en tirer un peu de puissance, pour devenir plus fort grâce à cette fusion. C’était comme un hoquet en moi, puis comme une déferlante, tout mon corps semblait électrique, tendu par mon pouvoir vers toi et ta magie, c’était si étrange ! Je n’avais jamais ressenti ça de cette manière et … évidemment, ça pose question.

Elle ne lui avait pas dit ça à l’instant où ça s’était passé, et maintenant qu’elle en parlait, elle se rendait compte d’ô combien cette description pouvait ressembler à celle que l’on faisait du désir, voire même du plaisir. Oui, c’était ça, sans aucun doute: leurs magies se désiraient.

C’est sans doute cette proximité aussi, qui te rassure. Avais-tu déjà eu des amis, des personnes qui te traitaient non pas en frère, mais en égal en apprenant à te découvrir ? Je suis persuadée que c’est important aussi. On se sent plus en sécurité, avec des amis autour de soi, je l’ai appris. Et puis tu sais … Il y a aussi le pouvoir magique de la berceuse, plaisanta-t-elle un peu. Je ne sais pas exactement où je l’ai entendue, je suppose que notre père nous la chantait, mais elle devait nous calmer efficacement pour que ça soit la première mélodie qui sorte de mes lèvres quand je t’ai vu avoir peur, n’est-ce pas ? Ne t’inquiète pas, tout va bien. Il faut simplement que … tu t'ajustes à ce monde, je suppose, si on peut le dire comme ça.

Evidemment, elle était toujours autour de lui, et n’avait pas cessé de lui caresser les cheveux alors qu’elle cherchait à le rassurer sur ce qu’il ressentait, se persuadant elle-même dans le même temps. Le bruit régulier de la pluie continuait autour d'eux, créant un bruit blanc, une atmosphère à part, un cocon.

Sa tête se terra au niveau de son cou. Il commençait à se demander si tout ça était bien réel, pourquoi tout ces sentiments devaient l'assaillir maintenant? Etait-ce l'ivresse d'avoir un autre corps si proche du sien? Peut-être une réaction primitive à toutes ces hormones qu'ils dégageaient. Snow se plongea à l'intérieur de lui, espérant calmer l'orage qui grondait dans son torse. Peut-être que tout ça n'était qu'une réponse physique à cette proximité, à cette similarité qu'ils semblaient avoir. Elle commença alors à parler. Elle lui dit que ce n'était rien. Qu'il avait longtemps dormis, qu'il était resté ermite pendant si longtemps après... Que c'était normal que le monde le perturbe. Elle comprenait qu'il soit perdu, cependant elle ne comprenait pas pourquoi, elle ne comprenait pas qu'il n'avait jamais ressentit ça, jamais. Même ne serait-ce qu'une once. Il entendait dans sa voix qu'elle semblait vouloir s'en persuader, par des intonations parfois un peu hasardeuses. Là où elle semblait savoir ce qu'elle voulait, Snow restait dans l'incompréhension. Elle parla ensuite de leurs pouvoirs. Le ressemblances, qui pouvait créer une proximité. Elle marquait un point cependant. Il n'avait jamais connu personne de coincé sur la glace comme lui. Pourtant il avait rencontré plusieurs enfants de l'eau qui manipulaient la glace comme ils manipulaient la vapeur. Donc, au final, ce ne devait pas être ça. Mais ceci dit, c'était des milliers d'années auparavant. Vint alors le sujet de leurs mélange de pouvoir. Que le pouvoir de la femme cherchait le sien... Violemment, pour se mélanger, pour s'oublier. Snow ne comprit pas sur le coup, sachant qu'il mêlait ses pouvoirs à ceux de Jonas de temps en temps, pourtant, Jonas ne semblait pas s'électriser tant que ça. Puis même, il lui aurait surement dit. Snow fronça les sourcils alors qu'il essayait de comprendre cette réaction, il était vrais qu'il n'avait jamais mêlé ses pouvoirs avec quiconque d'autre que Jonas, mais il sentait, quand ils partageaient, une sorte de calme plat, une synergie, comme si leurs magie reconnaissaient leurs fraternité. La réaction intense qu'il y avait eu avec Senea dénotait elle autre chose? Après tout, à cause de cette charge émotionnelle électrisante, il avait faillit l'embrasser sans lui laisser le choix...

Elle reprit, parlant de la proximité rassurante, avait-il eu des amis? Des personnes qui ne le traitait pas en frère mais en égal... Non. Il était soit le frère de l'archimage, soit l'enfant bizarre qui ne parlait jamais, soit le professeur. Les contactes sociaux n'avait jamais vraiment eu de place dans sa vie. Mais il n'en éprouvait aucun manque, jamais. Elle parla ensuite du pouvoir magique de la berceuse. Snow ne sourit pas à la plaisanterie, au contraire, il se demandait si elle n'avait pas un potentiel magique quelconque. Elle précisa qu'elle ne savait pas d'où elle la tenait, elle supposait de son père. Elle partageait le potentiel calmant de cette chanson l’interrogeant même pour surement vérifier qu'elle ne s'était pas trompée de l'avoir choisis. Elle conclut en lui parlant d'ajustement au monde... Etait-ce si simple? S'ajuster à un monde qui ne l'avait pas attendu? Qui lui avait prit son frère? QUi plaçait une femme sur sa route qui le faisait ressentir des émotions qu'il ne savait ni bonne ni mauvaise. Quel était ce mal-être qui le parcourait alors qu'il avait ressentit un certain extase à avoir partagé ses pouvoirs avec elle... Son pouls s'était calmé avec les phrases de la femme. Elle soulevait des questions et une thèse très intéressante compte tenu de ce moment particulier qu'il avaient partagés. Mais n'était-ce que la manifestation du désir qui semblait étreindre l'homme, ou simplement la manifestation d'un pouvoir désirant grandir, absorber, se nourrir. Snow soupira cette fois sans tenter de le retenir. Il faudrait surement qu'il fasse des recherches, Mais ne serait-il pas plus judicieux d'essayer de démêler le vrais du faux tout de suite? S'il était bien une chose qu'il détestait, c'était de ne pas pouvoir être franc, le problème, c'était qu'il ne savait pas comment l'être quand il ne savait où se cachait la vérité. Snow retira son visage du cou de la femme. Puis, s'écarta peu à peu, ne laissant que la cuisse de la femme sur la sienne, formant un V sur le matelas.

"J'aimerais te dire que je sais. Qu'il faut simplement que je m'ajuste à tout ça, mais... Je n'ai jamais éprouvé ce problème avant. Tu sais, j'ai apprit à avoir le contrôle de mes émotions, pour ainsi dire, j'ai été entrainé toute ma vie comme un Tarimah. Je peux conjurer des sorts comme eux, preuve étant, Flake est resté conscient pendant toute la longueur de mon sommeil. Le monde a changé oui, mais même dans l'ancien, j'ai la sensation de ne jamais en avoir fait réellement partit. Comme un Tarimah, mes pouvoirs sont la manifestation de mes émotions... Ils, viennent de mon cœur. Quand j'étais avec Jonas, que nous partagions nous pouvoirs, ça me semblait... Calme, paisible, comme deux enfants qui jouent ensembles dans les prés, une odeur d'herbe sauvage et de nature, le vent dans les arbres et les embruns bousculant l'herbe. Je voudrais bien te dire ce qui se trame dans mon cœur et mon esprit, mais la vérité est que je n'y comprends rien."

Snow marqua un arrêt, là où son regard détaillait le visage de la femme alors qu'il lui parlait sans pour autant s'arrêter dans ses yeux, vinrent alors se planter dans son regard.

"Tout me parait, brumeux, éphémère depuis cinq ans, presque onirique. Comme si je ne m'étais pas réellement réveillé. Croisant tout les autres protagonistes de ce monde sans pour autant en faire partit. La seule chose qui m'a parut réel, palpable. C'est ce moment où nous avons mêlé nos pouvoirs aujourd'hui. Comme si la réalité retrouvait un sens..."

Snow posa sa main sur sa bouche en détournant le regard, visiblement en train de réfléchir. On pouvait savoir qu'il réfléchissait par ces sourcils légèrement froncés, ça pouvait pas râter il le faisait à chaque fois.

"Je devrais surement mêler mes pouvoirs à d'autres personnes pour expérimenter, vérifier les teneurs et aboutissants. Ou commencer à rechercher le sujet."

Snow se rappela alors de ce que Jonas lui rappelait souvent. "Essait pas de trop rationaliser Snow, tu vas en oublier de vivre."

Elle le sentait réfléchir, elle aurait presque pu voir les engrenages au-dessus de sa tête. Il sourira parfois aussi, toujours blotti contre elle, avant de doucement s’écarter pour parler, déverser une logorrhée réflexive. Il rejoignait un peu ce qu’elle lui avait dit, par ailleurs, et elle lui sourit, même si cela était sans doute difficile à voir dans la pénombre. Elle avait pourtant la sensation qu’il la regardait, sans parvenir à définir ce qu’il pouvait bien voir ou pas quand des éclairs lointains n'éclairaient pas la scène. Elle hochait la tête de temps en temps, plus libre de ses mouvements depuis qu’il s’était plus contre elle, tout contre elle. D’ailleurs, elle le libéra de sa cuisse, reprenant son corps pour elle. Elle ne le touchait plus à présent: il avait l’air d’aller mieux, alors ce n'était plus la peine (et elle ne craindrait plus de sentir des choses inconvenantes qu’elle préférait ne pas savoir). Ils étaient toujours proches cependant, afin de ne pas toucher la tente et de ne pas faire entrer l’eau.

Snow, il faudrait peut-être aussi que tu te mêles vraiment au monde, que tu fasses en sorte de t’y intégrer et d’y vivre vraiment au lieu d’essayer de le comprendre par les livres et la réflexion. Ca t'aiderait peut-être à avoir la sensation d’en faire partie ? Tu as au moins cinquante ans, presque soixante en réalité, plus le gros millénaire passé en sommeil.

Cela lui faisait un peu bizarre à dire. En voyant son visage, c’était difficile d’y croire. Prendrait-il cet âge soudain, d’un coup ? Cela signifiait-il qu’il était immortel ?

Sur ces presque soixante années de vie, si on exclut Jonas et sa famille, qu’as-tu vécu ? Qu’as tu eu en commun avec le reste des hommes ? Tu as dit toi-même que l’amitié c’était nouveau pour toi, et que tu n’avais pas eu une seule relation sentimentale … Tout ça, ça aide à être dans le monde, pas à simplement le regarder évoluer, tu vois ce que je veux dire ?

Puis elle haussa les épaules.

Enfin, ce n’est que mon avis. J’ai moins d’expérience que toi, c’est sûr, ça ne fait pas de moi la mieux placée des deux pour donner des conseils de vie ! rit-elle. Mais j’ai une question, ajouta-t-elle un peu mutine. Vraiment, en plus d’un demi-siècle, aucune femme ni aucun homme n’a jamais trouvé grâce à tes yeux ? Même pas pour une amourette, une passade, ou je ne sais quoi ?  

Et semblant soudain se rendre compte du caractère éminemment personnel de sa question, elle sembla se raviser.

Oh pardon ! C’est indiscret. Tu n’es pas obligé de me répondre, évidemment.

Il fallait bien admettre que depuis les moments sous les étoiles elle l’assaillait de questions très personnelles, là où n’en avait pas posé une seule.

Herm, ceci dit, si tu as envie de me poser des questions aussi, vas-y. Je pense que tant qu’il pleuvra et que l’orage sera toujours là au loin, on risque d’avoir du mal à se rendormir, alors si tu es curieux … C’est peut-être le moment. Je t’ai tellement questionné que ce ne serait qu’un juste retour des choses après tout !soupira-t-elle dans un sourire.

Senea s'était totalement détachée du corps de Snow, laissant une distance entre eux. Il ne savait pas s'il se sentait soulagé de ne plus être touché, lui qui n'aimait pas les conctactes physique, ou instantanément en ressentir le manque. Elle prit la parole avant qu'il n'eut le temps de se poser la question. Elle lui dit qu'il faudrait qu'il se mêle au monde, qu'il fasse en sorte de s'y intégrer, de cesser de vivre dans es livre et ses études. Que ça l'aiderait à avoir sensation d'en faire partit. Elle fit alors référence à son age. Snow fronça les sourcils, il en comprenait pas l'intérêt. Ce n'était pas qu'il n'essayait pas de faire partit de ce monde, c'était qu'il ne savait pas comment faire partit du monde. Puis fallait l'avouer, il préférait de loin la compagnie des livres qui ne lui posait pas de questions et qui n'essayaient pas de rentrer dans son pantalon... Elle continua de lui parler de son age, le demandant ce qu'il avait vécu, ce qu'il avait en commun avec le reste des hommes. Elle répéta ce qu'il avait dit plus tôt, qu'il n'avait jamais eu d'amis, puis elle enchaina avec les relations sentimentales, prétextant que ça permettait d'avoir les pieds sur terre, de faire partit du tout. Elle questionna sa compréhension. Ce qu'il comprenait, c'était qu'il étaient très différents, quand il disait qu'il n'avait jamais eu l'impression d'en faire partit de quelconque façon, ce n'était pas un mal, il n'en avait jamais souffert. Senea semblait vouloir le généraliser, le rendre conforme à une norme sociale. Donc il ne fallait pas vivre sa vie comme on l'entendait? Il l'avait déjà fait toute son ancienne vie, de se conformer à l'image d'un gentleman, d'une noble lignée, les arts de l'image et de la bienséance. Snow retint un soupir, il n'aimait pas ce qu'il entendait. Quand est-ce qu'il pourrait être lui-même sans être jugé et sans qu'on ne lui dise, fait-ci fait-ça. Il l'avait sentit hausser les épaules, elle enchaina lui soutenant que c'était son avis, qu'il avait plus d'expérience qu'elle, ce qui semblait faux, et qu'elle n'était pas bien placée pour lui donner des conseils de vie, sur ce point là elle avait raison, normalement, chacun devrait être maitre de sa voix. Mais il ne connaissait que trop bien la pression sociale qu'une société pouvait avoir. Son rire laissa Snow hermétique. Elle avait une question, une question sentimentale de toute évidence. Puis elle se ravisa ce qui fit sourire Snow qui n'avait que des vérités à donner à cette femme. Elle termina sa longue tirade en lui demandant de lui poser des questions aussi, que la pluie continuerais de les empêcher de dormir. Elle jugeait que c'était un bon retour des choses. Snow étira ses épaules les faisant craquer, il n'avait pas l'habitude de rester autant sur le coté. lui qui dormait soit sur le ventre soit sur le dos.

"J'ai passé toute mon ancienne vie à respecter la conformité, à faire ce que tu disais, me mêler au monde, me rendre disponible, je suis même devenu professeur de l'académie. J'étais supposé prendre la suite de Jonas à la direction de l'académie sous le titre d'Archimage. Mais ce n'était pas ma vie. C'était celle qu'on avait choisit pour moi. Tu devrais connaitre cette sensation, ce sentiment, toi qui a vécu à la court. Aussi lointain fut-il, l'académie avait le fonctionnement d'une court, l'étiquette et la bienséance de mise à chaque instant, car il fallait donner bonne image à celle-ci. Orgueil et manipulations dans ce jeu de pouvoir. Mais Jonas a tout changé, insistant sur les études, c'était mon idée après tout. Il m'avait dit qu'il changerait la politique de l'académie si je devenais professeur."

Snow marqua un arrêt. Réfléchissant de nouveaux à ce qu'il pourrait bien dire à cette femme qu'il affectionnait de plus en plus. Même si elle le mettait dans une position impossible. Snow chercha la main de la femme appuyée entre eux et commença à la caresser.

"Personne, jamais. Pourtant j'avais un entourage récurrent. Des hommes et des femmes qui me courtisaient quotidiennement, mais comment leurs dire non sans les blesser. Ils venaient souvent au contacte, tenter de m'amadouer par des caresses, mais je n'étais pas... Amadoué, intéressé. Les seuls moments que je ne pouvais éviter, c'était les soirée de bal et autres joyeusetés politique. Il y avait bien une femme, qui avait presque réussit à me voler un baiser par surprise, mais Flake m'en avait sauvé. Ce n'était évidemment pas consentis. C'est pour ça que tu me troubles, comment était-ce possible, que plus tôt dans la journée, je fus prêt à sauter le pas moi qui n'avait jamais eu ce genre de pulsions. Comment se fait-il que malgré les contactes physique qui me font l'effet de l'orage, me rassurent avec toi? Parce que nous avons mêlé nos pouvoirs? Je pense que d'une certaines façon, intérieurement, pendant cette communion... Nous nous sommes peut-être reconnus. Deux âmes esseulés qui se complètent par hasard."

Il poussa un long soupir alors qu'il libérait ses questionnement, ces idées, ses théories devant la femme. Il conclut toute sa tirade alors qu'il fermait les yeux.

"Je n'ai pas de questions pour toi Senea, et ce n'est pas parce que la personne que tu es ne m'intéresses pas, loin de là. C'est simplement que je préfères te découvrir en tes termes. Ce que tu veux que je saches de toi ou non. Car nous avons tous besoin d'un jardin secret même si, j'avoue ne pas vraiment suivre ce conseil moi qui n'ai que fait que t'ouvrir à cette cruelle vérité qu'est ma vie. Je suis un livre ouvert pour toi, et je penses, seulement pour toi."

Senea l'avait vraisemblablement déjà réalisé, intérieurement, s'il ne lui paraissait pas réservé, c'était seulement avec elle, pour elle, car il préférait rester muet pour ne pas avoir à mentir.

Quelque chose lui soufflait qu’il n’était pas convaincu, et lorsqu’il prit la parole après avoir fait craquer ses épaules, il lui confirma cette impression diffuse. Elle roula des yeux très vite cependant: il n’avait absolument rien compris à ce qu'elle avait cherché à lui dire, et manifestement, c’était inutile de tenter de lui ré-expliquer. Il semblait un peu borné, sur certains points. De toute façon, il ne lui laissa pas vraiment le temps d’essayer, reprenant immédiatement afin de répondre à sa question en lui caressant la main -ce qu’elle trouva un peu étrange: jusque là, elle l’avait touché par soutien, par empathie, pour le rassurer ou lui signifier qu’elle était là. Ici, rien de tout cela n’était en jeu, et ce qu’il lui dit la glaça de fond en comble. Se retrouver ainsi sous une tente en pleine nuit sous la pluie avec un homme pas si connu que ça et manifestement attiré, troublé, intéressé par elle ne lui plaisait pas vraiment, et elle se demanda comment diable elle avait bien pu se laisser fourrer dans cette galère. Elle avait été bien naïve de croire que ses amis plaisantaient, ou se trompaient. Ils avaient vu juste dans le jeu de Snow plus rapidement qu’elle, ces fieffées fouines ! Elle déglutit. Il venait de lui confirmer qu’il n’avait jamais eu de relation, et qu’elle lui plaisait.

*Voilà bien ma veine.*

Ce qu’il lui dit ensuite lui arracha un sourire crispé, qu’il aurait bien du mal à voir dans l'obscurité, ce qui l’arrangeait. C’était le genre de réponse qu’elle détestait. Si elle lui avait proposé de lui poser des questions, c’est parce qu’elle avait bien senti que des choses chez elle l'intriguait, mais qu'elle même ne trouvait pas qu’il y ait quoi que ce soit d’intéressant à raconter dans son histoire. En plus de quoi, il lui en avait déjà posé, des questions !

*S’il me dit une seule fois que je suis mystérieuse, intrigante, secrète ou je ne sais quoi, je lui fais bouffer ses dents.*

La réponse de Snow venait de lui confirmer que ce garçon n’avait aucune expérience du monde, et ne connaissait que ses livres, parlant comme eux sans se rendre compte d’à quel point parfois cela le rendait ridicule à ses yeux, de par le cliché sur pattes qu’il devenait alors (comme il l’avait déjà été). Elle retint un soupir, et, ne sachant pas quoi répondre, elle se tut un instant, et ferma les yeux.
Le bruit de la pluie était étrangement apaisant, comme un bercement chuchoté. Elle se demanda vaguement si, finalement, elle n’avait pas eu tort de penser que la pluie les empêcherait de dormir. De toute évidence, elle, ça ne la gênerait pas en tous cas. Elle n’avait que fort peu dormi ainsi, sous les étoiles, dans la nature, et ne savait donc pas trop ce que cela faisait de se retrouver entourée de bruits du dehors. Elle se sentit se détendre, sans s’être vraiment rendue compte qu’elle s’était tendue.
Cette réalisation la ramena à la raison: Snow venait de lui dire qu’elle lui plaisait, d’une certaine manière. Elle ne pouvait pas le laisser dans cette situation.

Snow je ne suis pas d’accord avec toi. Je ne suis pas une âme esseulée, pas plus en tous cas que n’importe qui d’autre, et je n'ai reconnu personne. Je ne crois pas à ce genre de … choses, se corrigea-t-elle avant de dire “idioties”. Nos pouvoirs sont semblables, et ta magie est nettement plus forte que la mienne. Pour moi, ma magie veut absorber la tienne, s’en nourrir, pour être plus puissante, c’est tout. Ça m'étonne parce que ça ne m’avait jamais fait ça, mais il n’y a, de mon côté, rien d’autre à chercher ou à imaginer. Mon intérêt est purement amical, et je suis désolée si tu as pu imaginer autre chose. Si tu as envie de quoi que ce soit d’autre, comme je crois le comprendre, il vaut mieux que ça s’arrête là. Je suis désolée d’être aussi frontale, mais je ne veux pas que ça nous mène à une situation impossible.

C’était peut-être, réalisa-t-elle, la première fois qu’une femme le repoussait (alors qu’il devait être habitué à se faire courir après). Malheureusement, il n’avait pas misé sur la bonne jeune fille: Senea le trouvait certes, plutôt gentil et sympathique, mais il y avait chez lui quelque chose qui la repoussait un peu. Il était très joli, beau, sans aucun doute, mais elle ne se sentait ni attirée, ni troublée même par ce physique d’Apollon, et cela se confirmait à chaque instant passé avec lui, à chaque moment où il parlait (même si elle avait eu parfois des regains d’intérêt à son égard quand il lui avait expliqué d’où il venait). Elle avait depuis longtemps compris y préférer des corps peut-être plus atypiques, moins normés, moins attendus, des beautés moins lisses, moins creuses. Et puis, il ressemblait bien trop à Oigean, mais comme une copie cassée, déformée, moins aboutie à ses yeux que l’original. Il était trop comme les autres, peut-être. Non, décidément, il n’avait pas misé sur la bonne personne pour une première attirance. Tout trouble qu’elle avait pu ressentir était, elle en était persuadée lié à leurs magies, et non pas à une quelconque connexion émotionnelle ou physique entre eux.
Prenant conscience ceci dit qu’après de tels propos et une telle réalisation il serait malvenu (et très gênant) de rester près de lui pour la nuit, elle lui dit:

Je ne crois pas que rester avec toi cette nuit soit, de fait, une très bonne idée. Je vais aller rejoindre mes amies dans leur tente, on est habituées à dormir ensemble, ne t’en fais pas. Et il n’y a aucun problème avec ce que tu m’as dit, évidemment, c’est simplement que, si je te trouble tant alors que ce n’est pas réciproque, il vaut peut-être mieux que je ne reste pas avec toi, seuls et confinés, si longtemps. Je ne veux pas te gêner, ou te mettre dans une position étrange, conclut-elle en se redressant, s'extirpant de la couverture et se penchant en avant pour récupérer ses affaires.

Elle savait déjà comment aller jusqu'à la tente de ses colocataires: elle formerait une fine bulle de glace autour d’elle-même, afin de ne pas se salir ou se mouiller et donc de ne pas mouiller leurs couchages. Elle savait qu’elle serait bien accueillie là bas.

Visiblement, Senea ne se posait pas les questions que Snow se posait, et visiblement, elle avait probablement l'impression qu'elle prenait tout ce qu'il venait de lire au pied de la lettre alors qu'il n'avait formulé que des questions et une seule hypothèse. Il se dit que sa réaction était légèrement disproportionnée. Il n'était pas en train de lui dire qu'elle était la femme de sa vie, au contraire, il commençait à trouver cette tirade hors de propos et probablement trop impulsive pour en être objective. Au contraire, elle apparaissait somme toute relativement simple à comprendre, même si Snow se doutait que c'était vraisemblablement extrapoler trop vite. Peut-être aurait-elle préféré qu'il lui pose des questions. Sur cette impression, elle affirma désirer quitter la tente et fuir sa présence. Si elle voulait. Il n'allait pas la forcer à rester si c'était ce qu'elle avait décidé. Il ne se blessa pas de la voir affirmer que le trouble n'était pas réciproque. En même temps d'un coté on avait un gars qui n'avait aucune expérience sur le sujet, qui vivait reclus, presque isolé. Parce que même dans une rue bondée, on reste seul. Visiblement, elle ne tuerait pas cette solitude et c'était surement pour ça qu'il s'était tenu prêt à changer une partie de sa façon de faire. De toutes évidence c'était une femme de caractère, peut-être que toute cette journée était une bien mauvaise idée. Il s'en rendait compte mais c'était forcé à venir à la base. Non, il ne faut jamais se forcer, en faisant ça il avait réfuté une partie de sa personnalité, pour se conformer. Pourquoi faut-il toujours se conformer? Snow demeura impassible malgré le fait qu'il sentait son cœur s'alourdir. Elle affirma préférer partir dormir avec ses amies.

"Je vais pas te forcer à partir sous la pluie."

Snow se redressa doucement en prenant garde de ne pas toucher les bords de la tente, d'une main, il ouvrit légèrement la tente pour voir si il voyait des éclairs mais n'en vit pas.

"L'orage semble terminé malgré la pluie. Je vais rentrer à l'académie. Je n'ai plus sommeil de toutes façon. Tu peux garder la tente, ne va pas réveiller les filles."

Snow ne souriait pas et son intonation était aussi neutre que d'habitude. Avec ses pouvoirs il commença à former un léger dôme de glace pour empêcher la pluie de rentrer alors qu'il sortirait de la tente. Visiblement elle avait comprit les choses à sa façon et c'était pas grave, chacun sa perception des choses. Au moins il savait l'effet que lui avait fait d'avoir eu accès à sa magie, et si c'était aussi intense qu'elle l'avait dit, alors il n'allait plus lui laisser puiser dedans, il ne voulait pas que ça devienne une addiction. Le dôme était formé, Snow commença à ouvrir la tente, s’apprêtant à sortir.

Alors qu’elle rassemblait ses affaires, et enfilait déjà ses chaussures, Snow le coupa. Senea se retourna vers lui, un peu surprise. Elle était en train de douter, se demandant si elle n'avait pas peut-être été un peu violente dans sa réaction, dans les mots qu’elle avait posés sur son rejet. Elle se demandait si elle avait bien fait, tout en ne voyant aucune autre solution: il venait d’admettre qu’elle le troublait et pas à cause de sa magie, que diable, et ce n’était pas réciproque ! Il ne valait mieux pas laisser au garçon de faux-espoirs, il aurait risqué de s’emballer et elle aurait alors risqué de lui briser le cœur. Tentant de se rassurer, se persuadant que du haut de ses soixante ans de vie et nombreuses lectures, Snow comprendrait sans aucun doute sa volonté de ne lui laisser aucun espoir, elle avait commencé à faire ses lacets lorsqu’il avait parlé. Elle voyait mal son visage, à cause de l'obscurité, mais il venait de se rapprocher d’elle, et d’ouvrir la tente, pour vérifier l'état de l’extérieur, avant de lui annoncer que ce n’était pas elle qui partait mais lui.
Oh. Manifestement, soixante ans de vie, beaucoup de lectures, une expérience de vie, certes en solitaire, mais de vie tout de même, de professeur, de frère supérieure par deux fois au moins à la sienne ne suffisaient pas à ne pas être vexé comme un pou au vu de sa réaction, de son ton, de sa voix.

Comme tu voudras, Snow.

Son ton à elle était doux. Elle comprenait un peu, un tout petit peu. Elle comprenait surtout que le garçon voulait s’en aller, et que peu importait ce qu’elle dirait (puisqu’elle savait que de toute façon, elle irait rejoindre ses amies pour leur raconter cet épisode), il ne voudrait sans doute pas rester jusqu’au lendemain matin. S’il était venu parce qu’elle lui plaisait, se disait-elle, il ne devait pas avoir très envie de se retrouver confronté au petit-déjeuner à la fille qui venait de le repousser et à tous ses amis, aussi sympathiques soient-ils. Senea se dit, un instant, que peut-être, en s’excusant, il resterait. Oui, mais s’excuser de quoi ? De ne pas le trouver attirant ? Pouvait- on avoir le moindre contrôle sur ces choses-là ? Non, décidément, elle ne pouvait pas s’excuser: elle ne l'avait pas insulté, elle ne l’avait pas critiqué, elle ne partageait simplement pas son point de vue ou ses sentiments et le lui avait dit. Pouvait-on être blâmé pour ça ? Elle le laissa sortir de la tente, un dôme de glace au-dessus de lui.

Passe une bonne nuit. Tu es le bienvenu parmi nous quand tu veux, ajouta-t-elle avec un sourire.

C’était vrai, au demeurant. Il avait eu l’air de bien s’entendre avec ses amis, particulièrement avec Bill et Bjorn, qui seraient sans aucun doute ravi de le revoir. Elle-même n’avait aucun problème avec l’idée, si tant était qu’il ne tentait pas de la séduire d’aucune manière … ou de ramener avec lui Elliel qui semblait la détester profondément (ce qui, à présent, était peut-être un peu plus logique aux yeux de Senea: Elliel avait quelques raisons d’être jalouse).
Elle regarda Snow s’éloigner, avec l'impression qu’il était drapé dans sa dignité comme un roi offusqué qu’on ait osé placer sous sa chaise un coussin péteur surmonté de punaises. Sentant un rire monter et lui chatouiller les joues, elle fit en sorte de se calmer, en disant qu’au moins, sa réaction avait fait s’évaporer tous ses doutes. On lui avait dit un jour à la Cour que lors d’un rejet amoureux ou d’une rupture, c’était souvent une autre partie de la nature profonde des gens qui s’exprimait. Sans s’en rendre compte, Snow venait très certainement de lui donner toutes les raisons de ne jamais céder à la moindre avance de sa part avec une réaction tout à fait signe d’un adolescent. Oh, il avait sans aucun doute ses raisons, mais celles-ci comptaient bien peu face à ce constat irréfutable: il ne serait très certainement jamais ce qu’elle cherchait, ce qu’elle voulait. Par contre, il avait ouvert une brèche intéressante dans son rapport à la magie: cherchait-on toujours plus de pouvoir, biologiquement parlant ? Cette réaction à une fusion des pouvoirs était-elle fréquente ?
Lorsqu’il eut disparu, elle sortit de la tente, se constituant immédiatement une bulle de glace autour d’elle, et alla jusqu’à la tente de Diane et Katy, qu’elle entrouvrit, se signalant immédiatement. En réalité, elles aussi avaient été réveillées par l’orage (si tant était qu’elles aient dormi) et elles l'accueillirent avec surprise. Rapidement, le sujet de Snow vint évidemment sur le tapis, et l’étudiante raconta la soirée à ses deux colocataires et amies (omissant l’histoire personnelle de Snow, bien évidemment: il ne lui appartenait en rien de révéler ces choses-là). Très vite quelques rires fusèrent, les plus discrets possibles pour ne pas réveiller tout le lac, mais cela lui confirma qu’elle n’avait pas réagi de manière totalement insensée.

Ah là là, quel dommage d’avoir fait filer un poisson pareil ! soupira Katy. Je suis persuadée qu’il aurait été intéressant à ferrer celui-ci !
Il a intérêt à être incroyable au lit s’il se comporte comme tu le racontes ! renchérit Diane. Il me rappelle mon tout premier amoureux, quand on avait treize ans …
Que veux-tu, s’il n’a jamais eu personne, il ne peut que réagir comme un bébé … adoucit Senea. Même si ça n’explique pas tout: il m’a l’air très ombrageux !
J’aurais bien aimé lui apprendre la vie, moi … glissa la pétillante brune avec un sourire coquin.
Pfiou, très peu pour moi ! Me refarcir les baisers avec la langue molle ou baveuse d’un homme qui n’a jamais fait ça, redevoir tout expliquer à quelqu’un qui n’y connait rien et ne va pas arrêter de trembler et de devoir être rassuré … Beaucoup trop d’efforts pour un résultat rarement satisfaisant ! Laisse les vierges aux vierges, ils se débrouillent très bien entre eux !

Et peu à peu, la conversation dériva, loin de Snow, et du fiasco de cette nuit sous la tente. Senea ne pouvait s’empêcher de trouver ça dommage: il avait eu l’air content, quelques instants de se retrouver au milieu d’une bande d’amis … Mais vu sa manière de réagir au moindre conseil, de se détacher et de regarder d’en haut, peut-être que cela n’avait été qu’une illusion ? En tous cas, Senea n’était pas certaine de revoir Snow. Les hommes avaient vraiment l’art de tout compliquer, avec leurs attirances et leurs égos, se dit-elle en écoutant ses amies parler de leurs propres fiascos sentimentaux. De ce qu’en racontait Katy, ça avait l’air plus simple avec les femmes, cela ressemblait moins à une bataille permanente … Ou bien étaient-elles qui s'y prenaient comme des manches ? Peut-être que Bjorn et Pazu auraient là-dessus un point de vue tout à fait différent ! C’était décidément, bien compliqué tout ceci, et Senea était plutôt satisfaite, finalement de son désintérêt pour la chose, que le jeune homme qui avait passé la journée avec eux avait bien malgré lui confirmé …

Elle ne le retint pas, et lui proposa même de refaire ça un jour. Snow se contenta de sourire et de faire oui de la tête, mais il se doutait qu'elle n'avait pas vu ni réalisé cette réponse. Snow sortit de la tente, torse nu sous la pluie et se mit en route. Il réfléchissait à tout ce qui s'était passé. Il ne comprenait rien aux réaction qu'il avait eu, ou à ces choses qu'il avait ressentit, cependant, il savait que quelque chose clochait, que quelque chose était en train de changer. Autour de lui? En lui? Il ne le savait pas vraiment. Au moins autant qu'il ne pouvait savoir ce que Senea allait faire. Tout ce qu'il savait, c'était se prompt refus qu'elle lui avait envoyé au visage alors qu'elle ne semblait pas avoir comprit qu'il ne cherchait pas à obtenir ses faveurs, mais seulement, à exprimer qu'il ne comprenait pas ce qu'il se passait. Mais au vue de sa réaction, il se dit qu'il faudrait surement qu'il la laisse tranquille quelques temps. Il marchait depuis de bonnes minutes sous la pluie, quand il arriva au niveau du portail qu'il prit sans attendre. Vu l'heure, il ne croiserait probablement pas grand monde.

Enfin rentré dans l'académie, il se mit à peut-être regretter d'avoir donné toutes ces informations à cette femme qui n'avait pas cherché à comprendre ce qu'il lui disait. Tant pis, il verrait bien ce que ça donnerait par la suite. Il arriva enfin chez lui quelques minutes plus tard. Il ouvrit sa porte, et partit directement se prendre une bonne douche tiède. Puis, passa devant le miroir. Il n'avait pas pour coutume de s'y observer mais là un détail le laissa légèrement pantois. Il avait l'air d'avoir prit en masse musculaire. Il ne s'en était jamais rendu compte jusque là. Il n'avait pourtant pas réellement suivit d'entrainement particulier... Peut-être était-ce arrivé pendant son sommeil dans son cocon de cristal. Cette chrysalide gelée qui l'avait gardée un millier d'année. Snow soupira, il se souvenait qu'il avait porté Bill sans sourciller, qu'est-ce qui avait bien pu lui passer par la tête... Snow soupira alors qu'il passait une main sur ses épaules au niveau de ses coups de soleil. Puis, il se rendit compte qu'il y avait une sensation bizarre, comme si... Sa peau était en train de tomber... Il tira un lambeau de son épaule sans même avoir mal et l'observa dans sa main. Aucun doute, c'était bien la peau où il avait reçu ce coup de soleil. Il se tourna devant le miroir pour observer son épaule mais ne fut pas prêt pour ce qu'il allait découvrir. Sur l'espace qu'il avait dénudé de sa peau, au niveau du trapèze gauche, la peau semblait déjà se reformer, mais... Sous celle-ci... Il y avait des... Écailles? Snow se mouilla le visage, se secouant la tête... Était-il en train de rêver? Il se frotta frénétiquement les yeux avant d'observer une nouvelle fois la zone, mais ne vit que sa peau pâle. Il soupira et décida d'aller finir sa nuit dans son lit. Il ferma la porte à clefs, ferma les volets et se posa dans son lit. Flake était posé sur les poutres proche du plafond et l'observait fixement. Snow lui fit un léger sourire avant de fermer les yeux. Visiblement, l'oiseau nocturne montrait de l'inquiétude quand à l'état de Snow, autant physique que psychologique. Mais celui-ci avait besoin de passer en revue cette journée... Il s'endormit en y repensant, en entendant de nouveaux la voix de Senea qui l'envoyait sur les roses. Cependant, il ne savait pas ce que ça lui faisait ressentir. De la tristesse? Du dédains? Ou de l'indifférence...

[FIN]