[Archivé] Papa en apprentissage [Sp la maison Belgan]

Les pieds sur terre, les pieds sur terre, les pieds sur terre. Garmyr se le répétait sans cesse pendant qu'il se cherchait un endroit où vivre. Nathalia avait été très claire sur le fait que les Minosiens n'étaient pas informés sur son passé, il pouvait donc se promener librement sans son masque. Il était habillé léger aujourd'hui, son jean noir signature, ses bottes, et une chemise blanche avec les manches retroussées et les boutons du hauts ouvert. Il avait rencontré un bon nombre de personnes aujourd'hui, qui lui avaient fait visiter des lieux pas forcements dans ses goûts mais étonnamment toujours abordable. Mais son premier critère, le principal, c'était la localisation. Il cherchait quelque chose près de son père adoptif, près de sa fille adoptive. Décidément, la boucle était bouclée pensa-t-il.

Plusieurs journée de recherches se passèrent, il continua son activité en parallèle, les innocents n'attendaient pas après tout. Il trouva plusieurs petits appartements, qui lui convenaient assez mais souhaitait avoir un second opinion. C'est donc avec une certaine appréhensions qu'il décida de prendre les papiers avec les plans chez les Belgans. Garmyr soupira, il était anxieux de savoir ce que la maisonnée allait penser de tout ça. Il appréhendait surtout la possible froideur de Nathalia. Il ne pouvait décemment pas arriver les mains vide. Il fallait quelque chose pour tout le monde. Garmyr rentra à sa forge/mausolée. Et il se mit à réfléchir frénétiquement. Une autre fleur exotique pour Odéline semblait une bonne idée. Pourquoi pas une fleur cristalline cueillit sur un des arbres de Chrysanthème. Ensuite, pour Siffroy. Garmyr se doutait que son travail de conseiller de la reine devait lui prendre beaucoup de temps, une montre à gousset serait surement une bonne idée. Il ne restait plus que les petites et Nathalia. Qu'est-ce qui pourrait signifier quoi que ce soit pour la femme chat et sa petite, qu'est-ce qui pourrait signifier quoi que ce soit pour un bambin aux alentours d'un ans... Il savait quoi faire pour Nathalia, un gâteau au chocolat. Mais devait-il essayer de le faire? Ou l'acheter. Cuisiner ne devait pas être aussi sorcier... Non il n'avait pas le matériel. En revanche il y avant surement ce qu'il fallait chez les Belgans. Pour les petites, des peluches paraissaient une bonne idée. Garmyr trouva rapidement deux beaux ours polaires de tailles identiques. Un grand pour la grande, une petit pour la petite.

Après quelques courses nécessaire à la confection d'un gateau au chocolat avec la femme chat ou Odéline si elles se trouvaient sur place, il se rendit d'un pas décidé chez Siffroy. Les bras chargé de cadeaux, il toqua plusieurs fois à la porte. Il entendait une petite fille et un bambin rire aux éclats à l'intérieur. Le cœur de Garmyr se serra. Alors c'était ça ce qu'on ressentait quand son enfant était heureux? Cependant il n'oubliait pas que c'était pas grâce à lui. Garmyr masqua rapidement son air pensif et afficha un sourire légèrement gêné de débarquer à l'improviste.

Garmyr soupira.

Odéline était au four et au moulin, aux couches et aux petits pots, aux histoires et au bain, aux jeux et à la vaisselle, comme toujours. Elle courrait partout, sans jamais paraître s’épuiser (et pourtant …), depuis des mois. Elle adorait ça. Elle adorait se sentir pleinement utile dans ce à quoi elle était forte, dans ce qu'elle aimait, dans ce qui la faisait vibrer. Elle profitait tellement d’avoir tous ces enfants autour d’elle ! Elle n'était plus jamais seule, plus jamais sans rires, plus jamais sans menottes accrochées à ses jupes, plus jamais sans jouets dans les poches. Elle se régalait, tout le temps. Depuis plusieurs mois, il y avait du monde pour l’aider, prendre le relai aussi, entre autres car l’orphelinat avait grossi et commencé à absorber d’autres structures Minosiennes, Eaquiennes, ou Rhadamantienne. Il s’était révélé que les orphelinats étaient sinistrés, pour la plupart, et sa proposition était tombée à pic. Il y avait plus d’enfants que ce qu’elle aurait imaginé, et, si elle était contente de les avoir près d’elle, de leur offrir un avenir, cela lui serrait aussi le coeur: comment une sauvagerie telle était-elle possible ? Pourquoi tenait-on tat à se tuer les uns les autres ? Comment des gens pouvaient-ils abandonner la chair de leur chair ? Ces enfants n’étaient pas les siens, et pourtant, déjà, elle aurait tout fait pour eux, elle faisait déjà tout pour eux. Elle ne comprenait pas, alors elle cessait de se poser des questions, et elle faisait, elle donnait, elle s’activait, elle s’agitait, sans compter, sans jamais compter.
Ce jour-là était un jour comme les autres. Elle avait un petit enveloppé dans une écharpe sur le ventre, contre sa poitrine, Renild sur un bras, et donnait leur goûter à deux enfants pas encore en âge de tout à fait manger seuls tandis qu’elle avait découpé des fruits et mis à disposition des biscuits pour les autres. D’ailleurs lorsque Nathalia entra avec Noïa, elle leur fit un grand signe, envoyant un peu de compote valser, avant de rire, et de faire signe à Noïa de prendre un biscuit avant de la féliciter pour le carnet de réussite tout coloré qu’elle lui montrait, faisant des “oh” des “ah” et des "bravo!" réguliers, réellement ravie de la réussite de la petite fille.
Cependant, dès qu’elle eut fini de féliciter Noïa, elle reposa Renild et fit signe à un des adulte de prendre le relai alors que Noïa allait jouer, et s'approcha de Nathalia. Elle avait bien vu son regard d’alerte, et cela l’inquiétait. Berçant le bébé pour qu’il fasse son rot, elle lui murmura:

Qu’est ce qui se passe ?

Ses sourcils blonds étaient froncés et son air déterminé et inquiet contrastait un peu avec le gâteau maché et la compote baveuse dont on pouvait voir des traces sur ses joues.

“Un homme est devant chez nous il semblait regarder dans la maison les bras chargés j’ai pas pu identifier qui il était et ce qu’il voulait. “

Odéline fronça les sourcils, couvrit les oreilles du bébé, et jura de manière fort peu élégante.

Bon, on va pas le laisser là cent sept ans. Siffroy est là, il est la pêche pour plusieurs jours avec ses vieux copains, alors c’est à nous de nous en occuper ! On est sur Minos, il doit pas être bien méchant.

Cette dernière phrase était presque plus pour elle que pour Nathalia, pour se rassurer un peu. C’était rare que son amie vienne la voir comme ça: l’homme devait ne aps être très rassurant, et c’était vrai qu’avec le retour d'Angel Dust et ce qu’il leur avait dit, toutes deux étaient plus méfiantes qu’avant. Elle fit un signe, et confia le tout-petit.

Allez viens, on va s’armer, fit-elle à Nathalia. On prend les filles avec nous, elles resteront pas loin, mais si besoin, elles pourront aller chercher de l’aide, hein ?

La jeune fille se trouva soudain fort démunie en se rendant compte qu'elle ne risquait pas de s’armer beaucoup (sortir avec un couteau étant peut-être un peu énervé pour une minosienne) les balais étant à l’étage. Elle fit son choix cependant, et, décidant qu’une chaussure en pointure 15 n’était vraiment pas une arme efficace, elle s’arma d’une baguette de fée en bois rose, ornée de colifichets en dessous du sommet en étoile.

C’est bien dur et les branches sont piquantes, se justifia-t-elle.

Après tout, elle avait fait les frais, et si elle n’avait pas eu de bleu, ne marquant pas, elle avait eu mal.

C’est parti ? proposa-t-elle à son amie.

Elles appelèrent les filles, leur dirent qu’elles allaient rencontrer un monsieur qui les attendait dans la rue, avant de rentrer dans la maison. Il faudrait donc qu’elles les attendent à l’angle du bâtiment, ne viennent que si appelées, et retournent à l’intérieur si jamais il y avait un problème. Les deux fillettes à couettes ayant bien compris, les deux jeunes femmes sortirent et s’approchèrent. Une fois à portée d’oreilles de la maison, Odéline eut la surprise d’entendre les kiwis imiter les fillettes d’une manière assez réussie.

*Ils sont de plus en plus malins ces loulous !*

A cette pensée elle sourit. Cela cassa un peu le côté menaçant de la blondinette qui s’approchait, un peu tachée, l’air énervée, une baguette en bois peinte en rose et couverte de paillettes à la main, et se rendant compte de son soudain propre manque de crédibilité, elle afficha de nouveau un air très énervé et très menaçant (selon elle, en réalité, la devait être très exagéré, proche d’un masque de théâtre et plutôt à se rouler de rire à terre).
Il y avait en effet devant leur porte un monsieur. Celui-ci, plus petit que Dust ou Siffroy, était plutôt râblé, manifestement à cause de sa musculature. Vêtu d’une chemise blanche aux manches retroussées, et d’un pantlon noir en tisu épais un peu insolite au vu des beaux jours, il semblait attendre depuis longtemps devant la porte, bras chargés. Odéline plissa le nez. Elle n’attendait personne, aujourd’hui, et de toute façon, tous ceux qui la connaissaient savaient qu'elle était à l’orphelinat. Les autres repassaient quand il n’y avait personne.
Que pouvait donc bien vouloir cet énergumène à qui elle était prête à mettre des coups de baguette magique ?!

Odéline avançait légèrement derrière nathalia, mais quand même, elle mit plus de temps qu’elle à reconnaître Garmyr. D’habitude il prévenait ! Et puis c’était quoi cette tenue, où était passé son attirail tout noir et son masque ?! Elle était habituée à voir son visage, mais savait à quel point il tenait à son anonymat. La tirade que lui avait raconté Nathalia aux alentours de la Prodigalité (et qui les avait tant fait rire autour d'un chocolat chaud) avait-elle porté ses fruits ? L’Aniformus y était allée fort, mais Odéline était plutôt d’accord avec elle. Elle trottina jusqu’à lui:

On est pas pas contente de te voir hein ! Juste un peu surprises ! Tu préviens d’habitude, qu’est ce qui te prend ? En tous cas, Renild va bien, elle sera sans doute contente de te voir. Par contre, Siffroy n’est pas là, il est à la pêche avec ses copains ! Ca te va très bien cette chemise, ça change.

Nathalia était revenue avec les enfants avant qu’il n’ait le temps d’en caser une, et lorsqu’elle mit la clé dans la serrure en touchant le battant de la porte, les protections magiques de la maison la reconnurent et la porte s’ouvrit. Depuis le retour de l’Ombre un incalculable nombre de sorts avait été jeté sur leur maison afin qu'ils soient protégés. Plus personne ne pouvait s’y téléporter, et il était impossible d’ouvrir si on ne faisait pas partie du foyer et qu’on n’avait pas une clé, sinon les portes rejetaient la personne, avec une sorte de coup de poing bien senti. Evidemment, il était inenvisageable de passer par les fenêtres, même ouvertes. Bref, le foyer était sous bonne protection.

Les filles avaient salué le nouveau venu et ils entrèrent. Odéline croisa son reflet dans un miroir, remarqua à quel point elle était couverte de saletés collantes, et s’exclama:

Ouh ! Je vais faire un brin de toilette, je colle ! Renild, Noïa, venez vous débarbouiller aussi, vous en avez bien besoin. Nathalia je te laisse installer notre invité, on revient dans trois minutes. Il y a de l’eau dans la bouilloire, des jus au frais, des biscuits et du chocolat partout, du fromage de découpé, et des fruits, servez-vous ! Les filles, vous y aurez droit après, allez zou, à la salle de bains !

Et ainsi fut fait, Odéline prit Renild et monta les escaliers avec les deux filles, avant de s’enfermer dans la salle de bains. Elle mouilla un gant qu’elle passa sur la figure, le cou et les mains de Renild à qui elle ôta aussi son bavoir, tandis que Noïa s’aspergeait pour enlever la sueur de la journée. Elle lui confia Renild le temps de faire de même et une fois toute trace de compote, biscuit, bave et compagnie ôtée de son visage, elle risqua un regard sur sa tresse. Elle aurait besoin d’un shampooing mais elle n’avait pas le temps pour ça ! La jeune fille enleva ses vêtements, les mit dans la panière à linge sale, enfila une robe légère, et redescendit avec les filles rejoindre leurs parents respectifs, répondant toujours à leur bavardages pépiants.

Nous voilà ! s'exclama-t-elle avec un grand sourire, en tendant le goûter préparé par Nathalia aux filles. Alors, dis- nous tout Garmyr, qu’est ce qui t’amène ? demanda-t-elle en passant doucement une main dans les cheveux d’une des filles tout en s’attrapant un verre d’eau tendu par son amie de l’autre.

Cela commençait à faire long en attente, Garmyr patientait sagement. Il n'avait rien d'autre à faire dans l'immédiat, peut-être aurait-il dû prévenir, mais, comment dire, depuis que la maison était sur-protégée, et qu'on lui avait dit de ne plus s'y téléporter. Il ne savait plus vraiment quelle marche à suivre adopter. Garmyr soupira. C'était probablement une mauvaise idée et il serait surement plus judicieux de ne pas rester. Au moment où il allait tourner les talons et s'en aller, il entendit des pas furtif non loin de lui, aux aguets et probablement par réflexes plus qu'autre chose, il était prêt à contrer quiconque essaierait de l'agresser. Ou du moins tenter. La voix de Nathalia vint crier visiblement surprise de le voir dans les parages. Elle lui avait doucement frappé l'épaule. Enfin peut-être pas doucement, mais il était mauvais juge. Elle le fâcha de ne pas avoir prévenu...Au moment où il allait ouvrir la bouche pour répondre, elle partit chercher les petites.  Odéline lui dit alors avec douceurs qu'il aurait vraiment mieux fait de prévenir. Garmyr retint un soupir. Nathalia lui fit une remarque sur la peurs qu'elles avaient eu et expliqua qu'Odéline s'était armée jusqu'au dents quand elle revint avec les petites. Garmyr sourit quand il vit sa fille et commença alors à détailler la femme qui sortait visiblement de l'orphelinat, à en juger par la nourriture parsemée partout sur la femme. Garmyr fronça les sourcils puis se pinça les lèvres presque gêné de la voir tenter de se défendre avec une baguette fait main qui se finissait en étoile. Si un gars comme lui était venu s'occuper d'elle, alors elle aurait eu du mal à lui faire entendre raison. Mais il était tout à fait attendrit part la naïveté de la femme.

Nathalia chercha sa clef et ouvrit la porte de la maison leurs retirant temporairement toutes les décences imaginables. Garmyr ne doutait pas qu'elle était un bon dédramatiseurs, mais si l'ombre ressentait l'envie de pénétrer ce domicile, serait-ce assez? Les filles le saluèrent avant d'entrer. Visiblement Renild ne lui avait pas sauté dessus, cette idée le laissa légèrement triste mais il était beaucoup moins présent depuis quelques temps, il devenait probablement un étranger plus qu'un père. Odéline emmena les petites dans la salle de bains demandant à Nathalia de l'installer. Garmyr suivit Nathalia dans la cuisine et partit déposer le contenu de ses bras. Il sortit les ingrédients du gâteau au chocolat du sac en papier qu'il renait fermement un instant auparavant. Il se retourna vers Nathalia et dit enfin.

"Désolé de pas avoir prévenu, mais... Je n'ai pas réellement su comment faire avec toutes ces nouvelles sécurités autour de la maison, avant je passait furtivement pendant la nuit, laissant un mot sur la table mais on m'a dit de ne plus tenter de me téléporter à l'intérieur. J'ai pas essayé du coup."

Quand Odéline les rejoignit dans la cuisine accompagné des fillettes. Garmyr partit rejoindre la femme et les filles son second sac à la main. Il posa une petit bise sur la joue de la femme de son père adoptif comme il avait prit l'habitude de le faire et s'assit par terre devant les petits filles.

"Bonjour Noïa, bonjour Renild, j'ai un petit quelque chose pour vous les filles."

Garmyr sortit alors les deux ours en peluches et les offrit aux enfants. Noïa remercia Garmyr avec un immense sourire et un petit calin et Renild vint se poser sur ses jambes s'y asseyant. Garmyr y posa un doux baiser sur le dessus de son crâne. Elle regardait la peluche avec intérêt. Garmyr partit alors chercher autre chose dans son sac et leva la petite plante cristalline vers Odéline.

"Contrairement à la tulipe, celle-ci n'est pas éternelle, il va lui falloir un pot et probablement une taille hebdomadaire, mais si tu n'as pas le temps, n'hésites pas, je viendrais le faire. C'est le bourgeon qui deviendra un arbre de cristal mais, avec les soins appropriés, il peut rester petit à jamais. C'est toi qui décideras de ce que tu voudras en faire."

Garmyr referma son bras sur son enfant et se releva la gardant dans ses bras. Il se tourna vers Nathalia et lui fit un petit sourire gêné.

"Pour toi j'ai eu un peu plus de mal à trouver quelques chose de significatif. Mais je me suis souvenu de notre escapade dans la forêt du pendu. Je me suis dit que j'aurais bien voulut te cuisiner un gâteau au chocolat, mais... Je manque d'une cuisine, ou du minimum de connaissances de cuisine pour pouvoir prétendre à un tel miracle. Donc je me suis dit que tu aurais pu m'apprendre."

On ne pouvait pas plus montrer patte blanche qu'à cet instant précis. Garmyr fit alors pivoter sa fille dans ses bras pour mieux l'observer. Elle avait bien poussée la bougresse. Il déposa un gros bisous sur sa joue potelée. Le regard pleins d'amour. Elle avait de grands yeux bleux qui auraient pu engloutir le monde tant ils évoquaient l'océan. Et ses petits cheveux qui ondulait comme des vagues étaient blond vénitiens. Garmyr se disait qu'ils auraient toute la fin de la journée et probablement une partie de la soirée pour examiner les appartements.

Odéline regarda avec une certaine tendresse Renild se saisir de l'ours en peluche et venir se lover sur les genoux de son père. Confusément, elle sentait qu’il ne la lui laisserait pas éternellement, et qu’un jour, elle devrait renoncer à la garder près d’elle, contrairement à Noïa qui resterait sans doute jusqu’à l’âge adulte … A moins que Nathalia ne décide de prendre un appartement, ou une maison, seule ? Et si jamais elle rencontrait quelqu’un ? Sentant l'inquiétude monter soudainement en bouffée, elle chassa ces idées très vite. Ce n’était pas la peine d’y penser. Personne ne l’avait de toute façon évoqué. Et ce n’étaient pas ses enfants, personne n’était son enfant. Il était tout naturel que ces enfants partent, aient une vraie famille. Elle se saisit de la fleur de cristal, et remercia Garmyr.

*C’est une pousse d’un des arbres de cristal de la forêt Chrysanthème …*

S'ensuivit une liste de recommandations d’entretien, qu’elle n'écouta pas vraiment, plus fascinée par le tacle de Nathalia à l’homme-ours. De toute façon sa voix répèterait. Elle répétait toujours. Nathalia par contre … Odéline se fit discrète en plongeant son nez dans son verre d’eau. la femme-chat avait toujours eu une sacrée répartie, et conjuguée à son sacré caractère, ça faisait un sacré cocktail, plutôt détonnant, qui venait de asuter au visage de l’homme-ours plutôt culotté. Il fallait un sacré cran pour demander à la jeune femme de confectionner elle-même son propre cadeau ! Manifestement, il avait voulu jouer sur la corde sensible, et avait échoué. Lamentablement. D’ailleurs, à voir le visage de Noïa, Nathalia n’était pas la seule à être déçue de son cadeau. Garmyr avait sans doute eu du mal à estimer le temps qui passait et l’âge de Noïa, mais il ne devait pas non plus beaucoup s’y connaître en enfants … Elle lui caressa les cheveux avec tendresse. Renild par contre tiraillait déjà sur les oreilles de l’ours et lui pouettait le museau joyeusement en ignorant un peu les cajoleries de son père adoptif. Un sacré caractère celle-ci aussi … A coup sûr, ils ne s’ennuieraient pas quand elle grandirait !
Chacun prit un cookie, et Odéline laissa Nathalia discuter avec Noïa, Garmyr câliner Renild focalisée sur l’ours et le biscuit (lesquels allaient bientôt se mélanger) pour aller mettre la fleur près d’une fenêtre orientée de manière à ce qu’elle n'ait pas de soleil trop direct, amis de la lumière, et surtout, à pouvoir ouvrir pour ne pas que l’odeur entêtante ne puisse leur donner mal à la tête. Elle en profita pour aller flatter Gadyan, gratouiller un ou deux kiwis, remplir les bacs d’eau fraîche, disperser des graines. Elle fit des brisures de son propre biscuit, qui firent très plaisir aux oiseaux: elle n’avait pas faim. Et l’extérieur lui semblait tellement paisible … Au moins, ces animaux ne risquaient pas d’être récupérés par qui que ce soit ! Un instant, son esprit s’évada vers l’orphelinat, elle espérait que tout allait bien. Elle n’aimait pas trop partir si soudainement. Il y avait tant de choses à gérer … Elle se laissa dériver vers Siffroy. Aurait-elle dû partir avec lui ? cela lui aurait peut-être fait plaisir de retrouver sa femme, sans enfants, san animaux, sans squatteurs, pour quelques jours … Oui, mais il était parti avec des copains, et sa tendance à discuter avec les poissons pêchés et à supplier qu’on les relâche n’était pas très pratique pour la pêche. Peut-être faudrait-il qu’elle lui propose un petit voyage un de ces jours ? Un kiwi mettant sa petite tête dans sa main la ramena à la réalité, et elle le câlina un peu, avant de rentrer.
Lorsqu’elle revint, du café coulait, et son odeur remplissait toute la maison. Elle prit une serviette, qu’elle humidifia, pour enlever des doigts de Renild le cookie tout fondu-humide-mou-collant-désintégré, et sourit à Garmyr, que Nathalia avait manifestement terminé de gronder.

Les protections ne sont pas nouvelles tu sais ! Et on a une boîte aux lettres, comme tout le monde, sourit-elle. En tous cas, tu ne m’as toujours pas dit ce que tu faisais là ! Tu ne me feras pas croire que tu nous fais une simple visite de politesse, chargé comme tu es et à nous avoir attendues si longtemps devant la porte.

Elle fit un nazou-nazou à Relid qui éclata de rire et tendit les bras vers elle. Ne voulant pas donner à Garmyr la sensation de lui arracher sa fille, elle resta face au bambin, fit en sorte de la distraire et se leva, espérant bien qu’elle oublie qu’elle voulait venir avec elle et reste avec celui qui détenait sur elle des droits parentaux. Noïa aurait de toute façon bientôt terminé son goûter, et ferait sûrement en sorte que la petite fille vienne jouer avec elle dans la cour et le jardinet: à présent qu’elle marchait, c’était nettement plus simple !

La froideur glaciale que lui attribuait Nathalia avait tôt fait des faire comprendre à Garmyr qu'elle n'était pas satisfaite de cadeau... Il aurait dû en acheter un. Bon au moins il le saurait pour la prochaine fois... D'ailleurs Noïa ne sembla pas particulièrement heureuse de son ours en peluche non plus. "Quel caractère. C'est bien un chat." Pensa-t-il amusé, et sa fille finirait probablement avec le même caractère fort et indépendant. Il espérait pouvoir passer un moment privilégié pour découvrir quelque chose de nouveau avec elle. Mais tant pis, il serait plus conventionnel. Garmyr reporta son attention sur la petite qui s'occupait plus qu'uniquement de son nouvel objet. Elle était si mignonne qu'il ne lui en voudrait pas. Il était si peu présent et elle était si petite, peut-être ne réalisait-elle pas vraiment qui il était. Tant pis, il aurait le temps de se rattraper avec le temps. Un cookie arriva dans toutes les mains, Renild marqua d'ailleur une hésitation entre ses deux mains tant l'odeur du cookie était alléchante. Mais Garmyr n'avait plus vraiment fait là. Il retint un soupir se disant qu'il serait probablement mal interprété par la femme chat et son explosivité.

Odéline qui s'était affairé un peu plus loin revint vers eux, retirant les résidus de cookies sur les doigts de la petite. Odéline lui confirma que la boite aux lettre était une option valide... "Ah bah oui..." Pensa-t-il. Sa vie n'avait tellement plus rien de conventionnel qu'il en oubliait la normalité qu'il pourrait y avoir. Elle questionna ensuite Garmyr sur la raison de sa venue. Garmyr retint un autre soupire  se disant que le chat risquait de lui cracher du feu au visage si il faisait un faux pas. Odéline fit ensuite un nez à nez avec Renild qui souhaitait aller avec la femme, Garmyr sourit. Il se revoyait avec Mjöll il y avait si longtemps. La petite sembla contrariée de ne pas avoir eu ce qu'elle voulait. Elle se mit à respirer plus rapidement. Garmyr sourit, il ne s'en offusqua pas, se leva et remit la petite dans les bras de la femme ne voulant pas la voir avoir de la tristesse... Même si il voyait Siffroy de temps en temps. Après la mort de Thür, Garmyr n'avait plus qu'une mère, il comprenait donc la valeur que celle-ci avait. Il n'avait jamais eu de père à pleins temps, seulement une mère et c'était le plus important. Il donna ensuite son cookie à Renild, n'éprouvant pas de faim particulière.

"J'ai peut-être trouvé un appartement dans les parages."

Garmyr partit en direction du sac où était entreposés les papiers. les appartements étaient tous tout petits, pour un homme seul, juste assez grand pour une salle de bain et un lit. Il n'avait pas cherché plus grand, il se disait que Renild serait mieux dans cette maison sur-protégée.

" Au moins je serais tout proche maintenant, je ne sais pas à quelle fréquence je pourrais m'y rendre, ni même si j'aurais le temps d'y dormir. Mais je me suis dit que ma caverne dans les montagnes Deimos, même avec la capacité de changer d'endroit en un clin d’œil, n'était pas réellement un bon pied à terre, mais plus une bonne retraite loin de tout. Je veux pouvoir avoir un endroit où garder les pieds sur terre malgré tout."

Ce coup-ci Garmyr ne put retenir le soupir qui lui traversa les lèvres. Décidément Nathalia n'allait pas lui faciliter la tâche aussi, il reporta immédiatement son attention sur elle.

"Tu sais, je me souviens toujours du goût du gâteau au chocolat que tu avais fait ce soir dans la forêt du pendu. Et je suis désolé que ça ne t'ai pas plut..."

Garmyr capta l'attention de La femme chat.

"Pour me faire pardonner, je t'invites à dîner. Où tu veux, quand tu veux. Ton restaurant préféré ou celui que tu as envie d'essayer depuis longtemps. Je sais qu'encore une fois je te laisse la décision, mais comprends moi... Je n'ai pas l'habitude... D'une vie qui se rapporte de près ou de loin à une certaine normalité."

Garmyr essayait de la contenter, il se donnait vraiment du mal, même si il puisait profondément dans sa patience pour ne pas la laisser mécontente sans s'en soucier. Il avait beaucoup d'intérêt pour son bien-être et ses pensée. Mais normalement, il ne se pliait pas en quatre pour quelqu'un, du moins, plus depuis longtemps. Ce n'était pas saint de toutes façon, de courber l'échine. Ce n'était pas son caractère. Si elle ne voulait rien de ce qu'il avait à proposer, au moins il aurait essayé. Mais elle ne se rendait pas compte à quel point il essayait fort pour revenir dans ses bonnes grâces. Parce que sa vie de mercenaire lui convenait parfaitement, et la conversation qu'ils avaient eu, même si elle lui avait ouvert les yeux, il le faisait pour elle, pour Renild, pour Odéline. Une odeur de café commençait à se faire sentir dans la maison.

Sans qu’elle ne puisse rien dire, Garmyr lui plaça Renild dans les bras, et lui donna son cookie. Le fillette commença à baver dessus, et Odéline le lui reprit. A vrai dire, c’était déjà son deuxième goûter, et si elle voulait que l’enfant mange ce soir-là, un second gros cookie n’était sans doute pas très adapté, d’autant qu’elle ne semblait plus avoir faim de toute façon. Elle lui gratouilla les côtes, la faisant rire aux éclats, et la fillette lui attrapa les cheveux, commença à jouer avec. Elle haussa les sourcils lorsque Garmyr déclara chercher un appartement alentours.

"Oh … "

Ainsi, il y avait de bonnes chances pour que Renild aille vivre avec lui … Ce qu’il ajouta la fit pourtant douter: il ne mentionnait pas du tout l’idée de vivre à cet endroit-là, ni l’idée de reprendre la fillette avec lui. C’était d’ailleurs un peu étrange. Pourquoi prendre un appartement, si c’était pour ne pas l’occuper ? Pourquoi prendre un pied à terre s’il n’en voyait pas vraiment l’utilité ? Avait-il seulement compris ce que Nathalia lui avait dit, de ce qu’elle avait rapporté à Odéline, lors de leur entrevue des mois plus tôt ? La jeune femme n’avait aucun historique avec cet homme, qu’elle connaissait à peine en vérité, mais elle commençait à trouver son comportement un peu étrange. De ce que lui avait raconté Nathalia, il avait beaucoup changé en quelques années, et racontait des choses assez peu sensées, un peu étranges, faisant preuve d’une certaine paranoïa. Odéline avait de son côté très peu vu Garmyr. Elle savait beaucoup de choses sur lui, mais avait très rarement eu l’occasion de discuter avec lui, comme il ne passait pas très souvent les voir.
Elle le vit se diriger vers un sac, dont il sortit des papiers, qu’il étala sur la table, avant de reporter son attention sur Nathalia. Sentant que ça commençait à sentir le roussi, elle glissa à Nathalia:

"Tu fais comme tu veux, moi, je vous laisse vous expliquer en paix, on verra le reste plus tard. Je crois que vous avez des choses à vous dire … "

Sur ce, Odéline se fit discrète, et elle fit signe à Noïa d’aller jouer à présent qu’elle avait terminé son goûter, puis elle posa Renild, qu’elle poussa légèrement pour qu’elle rejoigne sa grande soeur, qui la prit par la main alors qu’elles filaient dans la cour. Odéline entendit très vite les pépiements de kiwis, signe qu’elles étaient bien arrivées et bien accueillies. Elle lava rapidement les plats, verres et assiettes, re-remplit le pichet d’eau et régla la cafetière afin que le liquide ne brûle pas, mais reste chaud. Ensuite, elle fit main basse sur les plans et elle sortit de la pièce, afin de les regarder tranquillement, dans le salon, sur le petit secrétaire où elle faisait aussi les comptes, la correspondance et les listes de courses par exemple. Elle se permit de surligner quelques informations importantes, notant qu’en effet, les appartements étaient tous dans un périmètre d'une quinzaine de minutes à pied maximum. Elle tordit un peu le nez devant certaines adresses (un d’eux était situé dans une rue assez bruyante par exemple), ou certains côtés biscornus. Elle entoura également des détails qui ne lui plaisaient pas trop, ou au contraire qui lui semblaient très bien, et fit même un petit tableau comparatif, très rapidement. Elle se doutait un peu, pas idiote, que Garmyr était là pour avoir une seconde opinion sur ces lieux de vie. Or, Siffroy n'étant pas là pour donner son avis bougon qui aurait sûrement beaucoup pesé auprès de l'homme ours, elle allait s’en charger à sa place. Cependant, comme il semblait avoir besoin d’une petite explication dans les règles avec Nathalia, il valait mieux qu’elle les laisse vider leurs sacs chargés en paix, avant d’aborder le sujet principal de la conversation. Elle n’aimait pas les disputes, et n’avait aucune envie d’arbitrer quoi que ce soit. Elle n’était pas certaine non plus d’ailleurs, au vu des relations tendues entre ces deux-là, que le rapprochement de Garmyr soit une excellente idée, mais ce n'était pas à elle d’en juger. Lorsqu'elle aurait fini son tableau, elle se lancerait dans les comptes, ça lui permettrait d’avancer pour la nuit.

[De fait, Odéline s’éclipse, je vous laisse vous expliquer, je reviendrai quand vous viendrez la chercher ou quand elle jugera que ça en vaut la peine xD]

Odéline dans un phrase et un mouvement rapide s'éclipsa comme une fusée. Garmyr réalisa ce qu'il venait de dire et redouta la réaction de Nathalia. De toute évidence il lui faudrait trouver un nouvel emplois, il fallait dire que la vie des innocents était bien moins en péril depuis quelques temps. Peut-être lui fallait-il évoluer jusqu'au bout. Trouver un nouvel emplois qui lui permettrait de rester sur place... Garmyr soupira alors que Nathalia ouvrait la bouche. Les premiers mots le prirent de court. Elle s'excusait, pour l’hostilité dont elle avait fait preuve malgré elle. Cependant elle lui rappela qu'il l'avait blessé, et qu'elle mettait en avant les besoins de sa fille. Nathalia finit sa phrase et le rejoint à la table avec un café. Garmyr lui fit oui de la tête et prit deux sucres. Il but une longue gorgée du chaud brevage réfléchissant à ce qu'elle lui avait dit, cherchant la bonne formulation.

" Je pense que pour le diner ça me semble parfait. Et oui j'avoue que de t'avoir pour m'aiguiller pour les lieux qu'il faudrait visiter me rassure quand même."

Garmyr but une autre gorgée et soupira.

"J'ai bien l'impression qu'il va falloir que je range la tenue de mercenaire au placard. Je me demandes bien ce qu'un ours qui a dû se battre toute sa vie pourrait bien faire comme reconversion professionnelle. Je ne suis rompu qu'aux arts de la guerre."

La conversation qu'il avait eu avec Nath avait clairement coupé court à son ancien mode de vie. Etait-ce pourtant la bonne solution de déclarer la petite comme sienne? Garmyr plongea ses yeux dans le café, pensif, absorbé. Dans quoi il était en train de s'embarquer.

Nathalia en quelques secondes faisait déjà plus preuve d'efficacité qu'il ne l'avait fait en six mois. Il fallait dire qu'il partait de zero, même de moins vingt. Sa première résidence il l'avait trouvé par hasard et l'avait réclamé comme sienne, son second domicile il en a été chassé par Ulrik et Eve. Et le troisième... N'était pas vraiment localisable. Garmyr fut charmé par l'idée de manger des crêpes. Il ne savait pas ce que c'était mais si elle disait que c'était bon, alors il en avait l'eau à la bouche. Devenir garde du coup ou gardien de musée était définitivement une bonne idée. Il pourrait voir à rejoindre la garde du pays pour protéger ses habitants aussi. Bien qu'il n'y avait pas grand risques sur cette planète. Il ferait des essais par-ci par-là. La voix de la femme était douce et chaleureuse ce qui sortit peu à peu de cette défensive que Garmyr s'était préparé à prendre malgré lui. Odéline avait déjà jeté un œil sur les feuilles et leurs avait annoté plusieurs choses, Nathalia agréa les commentaires de la maitresse de maison avant d'ajouter ses propres notes et d'en jeter deux à la poubelle. Elle lui dit alors qu'il en restaient et Garmyr se pencha par dessus pour les observer.

"Celui-ci est très proche, mais la salle d'eau à partager avec les autres voisins... Je ne penses pas que ça me convienne. Ces deux là sont vraiment à l'autre bout de la ville."

Garmyr se saisit des trois feuilles et décida de les mettre de coté pour les jeter à la poubelle, il attendait confirmation de la jolie rouquine.

"Il nous en reste donc seulement trois. Un à quelques minutes de marche, et les deux autres plus loin, mais ça reste largement faisable. Qu'en penses-tu? On ira visiter ceux-là?"

Garmyr se prêta à l’exercice de bon cœur, ces appartements qui ne lui faisaient ni chaud ni froids, commençaient à lui inspirer une possible vie en dehors du mausolée. Garmyr releva les yeux vers la femme en souriant.

Garmyr écoutait attentivement la femme sans se rendre compte qu'elle s'était beaucoup rapprochée. Elle avait bien changé cette dame. Jusque dans son odeur qui paraissait plus paisible. Il fallait le dire, le travail de mère lui allait bien, elle avait dénoté beaucoup de détails que Garmyr n'avait même pas envisagé. La chaleur des lieux, la baby-proof-abilté. Garmyr observait l'appartement le plus proche, puis avec la permission de la rouquine, il récupéra les papiers pour les remettre dans son sac.

"Je ne sais pas si je pourrais me résoudre à enlever Renild à Odéline. Je pense que je vais lui proposer de l'adopter, et d'être vraiment sa mère. De toute ma vie, je n'ai jamais éprouvé plus d'amour que celui que j'avais pour Mjöll avant qu'elle nous quitte... Et je pense que même si j'ai envie d'être là au quotidien, qu'elle me reconnaisse comme son papa et qu'elle sache qui je suis, ce que je fais et ce que je veux faire pour elle. Je pense qu'Odéline mérite autant si ce n'est plus de garder Renild dans sa vie."

Garmyr sentait qu'il n'allait probablement pas améliorer sa relation avec Nathalia sur ce coup.

"J'avoue que le fait qu'elle n'ait pas mon sang me permet de relativiser, mais j'ai bien comprit que ce que j'ai pensé être seulement quelques jours, était en fait réellement quelques années. Mais je pense qu'il nous faudra en parler avec la maitresse de maison. Si elle veut être co-parent avec moi. Sans compter que vu mon ascendance, elle serait probablement plus en sécurité dans une maison protégée à temps pleins..."

Garmyr avait peur des conséquence de ce qu'il disait mais... Il pensait avant tout à ne pas blesser la femme de son père adoptif, et, surtout, à ce qui était mieux pour la petite.

"Mais je te promets que je ferais de mon mieux pour être là le plus souvent possible, et c'est vrais que si je pouvais l'avoir chez moi de temps en temps, ça serait surement mieux pour notre relation."

Garmyr espérait que Nathalia comprendrait son sentiment face à cette question. Mais il ne lui en tiendrait pas rigueur si ce n'était pas le cas.

Garmyr se rassura quand il entendit les mots qui sortaient de la bouche de la femme. Agir en temps que père. Tout les changements dans sa vie partaient de ça. Garmyr sourit à la femme alors qu'il l'écoutait parler de son propre bout de chou. La petite Noïa avait aussi dpu faire une partie de son enfance sans ses parents. Quand il vit les larmes perler au niveau des yeux avant de disparaitre aussi vite. Mais Garmyr les avait vu et fut frappé d'une immense envie de la réconforter. Mais serait-ce déplacé... Probablement si elle se refusait à laisser transparaitre cette émotion à cet instant précis. Nathalia lui aprla alors du bain comme d'un moment privilégié dans une famille. Ses rares souvenirs de Mjöll qui tentait de lui en faire prendre finissait toujours avec un petit Garmyr courant les fesses à l'air dans le petit bourg d'Artgard. Il posa cependant une main sur l'épaule de Nathalia. Rompant la distance.

"Le plus important c'est aujourd'hui... N'est-ce pas?"

Il disait ça avant tout pour la rassurer elle, le passé était révolu, et lui comme elle n'y pouvaient plus rien.

"Hier est écrit, demain est un mystère, mais aujourd'hui est un cadeau, c'est pourquoi on l'appelle le présent... Siffroy te l'a surement déjà faites, mais le vieux grincheux a ses moment de sagesse."

Garmyr aurait voulut la prendre dans ses bras mais il rompit rapidement le contacte de peur que cette nouvelle base de relation se fasse annihiler par un contacte rappelant trop le passé. Il lui faudrait du temps pour qu'il redeviennent proche. La dernière chose qu'il voulait, c'était de tout détruire en essayant d'aller trop vite.

"Je vais aller rejoindre Odéline en haut voir si elle veut bien de moi pour donner un bain à la petite."

Garmyr tourna les talons dans un sourire avant de grimper tranquillement les marches. Il retrouva ainsi Odéline.

"J'ai cru comprendre que Renild allait vraisemblablement avoir besoin d'un bon bain. Je veux bien essayer de t'y aider si tu le veux bien..."

Il était grands temps que Garmyr prenne à cœur son devoir de père. peut-être en profiterait-il pour proposer l'idée qui le taraudait depuis quelques temps à la femme.

Odéline avait fini de comparer les appartements, fait son petit tableau, tout annoté et commencé ses comptes quand des bruits forts du jardin l’avaient alerté. Elle ‘était donc levée et était sortie, pour découvrir Gadyan monté par Noïa, Renild et quatre kiwis, faisant le tour de l’espace à vitesse grand v, à grand renfort de “cataclop” bruyants, faisant éclater de rire et pépier qui de droit. Elle avait joué avec eux un moment, avait même rafraichi tout le monde au tuyau d’eau. Voyant cependant l’heure tourner, elle avait fini par récupérer Renild, afin de lui faire prendre son bain, alors que Noïa pouvait rester jouer jusqu'à ce que ce soit son tour, à condition d’être à portée de voix et prête à réagir afin de ne pas perdre de temps sur la soirée. Elle monta donc les escaliers avec la petite fille dans ses bras, qu'elle déshabilla en riant,avec des chatouilles, alors que de l’eau à température parfaite remplissait la baignoire dans laquelle elle avait aussi mis de quoi jouer. Renild, comme beaucoup d’enfants, aimait beaucoup prendre son bain, et c’était toujours un moment agréable. Odéline hésita à se déshabiller aussi, verrouiller la porte et plonger dans l’eau avec la fillette, ce qui lui permettrait de gagner du temps en se lavant aussi tout en économisant son dos, mais Garmyr entra, coupant court à toute velléité de rejoindre la fillette qu’elle aspergeait d’eau doucement.

Oh ! Oui en effet. Pas de soucis, tu es le bienvenu. Il n’y a rien de sorcier, tu peux prendre ma place ! Ce soir, tu prends ton bain avec Papa Renild ! Oui ma puce ! Avec Papa !

En disant cela, elle se leva, frotta ses mains pleines d’eau sur ses vêtements, et se décala afin que Garmyr puisse se mettre à genoux au niveau de la baignoire. De son côté,elle entreprit de plier un tas de vêtements qui attendait son intervention afin de ne pas rester inactive.

Il suffit de la mouiller, faire attention à ce qu’elle ne se noie pas, et jouer un peu avec elle, avant de la savonner, de la rincer, de la sécher. Ca va ? Tu as pu discuter avec Nathalia ? s’enquit-elle.

Garmyr écouta attentivement et prit la place qu'elle lui laissait. Ses manches habituellement retroussées se défirent et glissèrent doucement dans l'eau alors qu'il faisait des petits guiliguili à sa fille. Renild était absorbée par sa jolie petite pataugeoire, jouant avec la surface comme sur un tambour si bien que Garmyr fut trempé en un rien de temps... Garmyr recracha un peu d'eau qui lui était rentrée dans la bouche et fit la grimace à sa fille. Il la mouillait doucement, sur la nuque alors que l'apprentie musicienne. Renild tourna ses grands yeux bleus vers son papa en riant avant d'attraper la manche de sa chemise qui était dangereusement proche de l'eau. Elle tira dessus imbibant encore plus le tissus.

"Oui on a pu parler avec Nathalia, je viendrais la chercher dans la semaine prochaine pour visiter les appartements que vous m'aurez aidé à choisir. Puis, on ira diner."

Garmyr tourna les yeux vers Odéline et lui lança un sourire. Puis reporta son attention vers sa petite. Il commença doucement à se mettre du savon sur les mains, pour laver la petite, mais l'odeur lui parut un peu forte, brusque peut-être pour une enfant. Il plongea ses mains dans l'eau pour les rincer, au moins il aurait les maisn bien propres pour laver la petite.

"Je prends de quel savon pour elle? Celui-là me parait peut-être un peu fort, Non?"

Renild semblait bien accrochée à la chemise sur laquelle elle avait jeté son dévolu. Elle semblait fascinée par l'eau qui remontait le long du vêtement. De sa main libre, Garmyr ouvrit ses boutons et la retira pour la laisser à l'enfant, dévoilant la longue cicatrice qui lui traversait le dos ainsi que les marques de fouets à Odéline. Il avait une carrure physique bien mieux formés qu'il eut dans le passé, ayant rajouté quelques heures d'entrainement à ses journée. Il était bien portant malgré les marques. Sa peau était toujours relativement pâle, mais plus d'une pâleur cadavérique.

Elle pliait tout en écoutant Garmyr, méthodique et automatique à la fois. Les interactions entre le papa et sa fille la firent sourire, attendrie: elle espérait qu’ils parviendraient à créer un vrai lien, un jour, un lien durable, solide. Lorsqu’il eut du mal pour le savon, elle sourit, et lui tendit un pain d’un savon plus doux, plus neutre:

Pour nous, c’est celui-ci, ça c’est le shampooing des kiwis et de Gadyan ! fit-elle en riant.

Elle le laissa l’attraper, et rebondit:

C’est bien que vous ayez pu mettre les choses au point. N’hésite pas à me demander aussi si tu as besoin, mais je pense que Nathalia est très adaptée, plus que moi pour cette mission. Et ça vous fera sans doute du bien de dîner calmement, à l’extérieur ! ajouta-t-elle dans un sourire.

En effet, si les parents de ses deux protégés n’étaient pas capables de s'entendre, la vie risquait de devenir nettement plus compliquée … Ses yeux ne s’attardaient pas sur ses cicatrices. Elle savait par Nathalia et Siffroy une partie de ce qu’il avait vécu, mais ne voulait pas lui poser de questions auxquelles il ne devait pas vouloir répondre et qui ne la concernaient pas.

Garmyr attrapa le savon avec plaisir et le présenta à Renild qui le renifla et sourit. Tout compte fait, c'était bien surement sa fille. Garmyr sourit alors qu'il commençait à s'enduire les mains du petit pavé graisseux. Il commença doucement à passer ses mains sur la petite personne qu'il appelait sa fille.

"Odéline, ton opinion m'importe beaucoup, même si je sens que je devrais prendre plus de temps pour apprendre à te connaitre mieux. M'enfin, j'ai une proposition qui me taraude depuis un moment maintenant."

Garmyr continuait à laver la petite en douceur non sans méticulosité.

"Que dirais-tu de devenir ma co-parente. Je sais qu'en grandissant, avoir une mère faisait vraiment partie des choses que j'ai préféré, et je voudrais que Renild ait une maman à elle. Une présence féminine pour toute sa vie. Puis, s'il devait m'arriver quelque chose un jours..."

Garmyr continua de badigeonner la petite qui riait quand il passait sous ses aisselles ou sous ses petits pieds.

"Qu'en dis-tu Odéline, veux-tu être le deuxième parent de Renild?"

Garmyr lui jeta un léger regard en coin, elle était d'une certaine façon sa grand-mère, mais il rpéférait qu'elle ait une mère. Ce serait surement assez cocasse à expliquer à Siffroy, muais c'était pas comme si il cherchait à épouser Odéline, il voulait simplement partager la garde avec quelqu'un de confiance.

Elle le regardait laver avec douceur et méthode l’enfant qui riait et faisait des bulles en battant des pieds dans l’eau, éclaboussant son environnement. Lorsqu’il évoqua une proposition, elle leva des sourcils interrogateurs, et au fur et à mesure qu’il lui parlait, sa bouche s'ouvrait de surprise.

Je ne sais pas Garmyr, finit-elle par répondre. D’une part je suis mariée à Siffroy, et je ne suis pas certaine de pouvoir adopter Renild de manière officielle sans qu'il ne devienne automatiquement le père, ce qui d’une part risque de te défaire de tes droits, d'autre part va lui faire un arbre généalogique compliqué. Ensuite … Que je l’adopte de manière officielle ou pas, je serai toujours là pour elle. Et même si tu me soutiens toute ta vie que tu ne voudras jamais l’emmener avec toi ailleurs, je ne te croirai jamais. Je suis persuadée qu’un jour ça arrivera, et si ce jour-là, je suis sa mère, elle se retrouvera déchirée entre toi et moi, forcée de choisir, et tu devras peut-être l’abandonner. Si elle n’est “que” ton enfant de manière officielle, ce sera sans doute plus simple pour elle et pour toi, aussi douloureux que ce soit. Je sais que tous les enfants que j’ai ici partiront sans doute un jour, certes vivre leurs vies, mais aussi sans doute avec leurs parents biologiques ou adoptifs. C’est ainsi.

Elle soupira en lui souriant.

Je ne te dis pas non, Garmyr. Je ne suis simplement pas persuadée que ce soit une bonne idée pour elle, comme pour toi, et je ne suis pas certaine que tu y aies pensé. Évidemment, être sa mère de manière officielle me rendrait heureuse, mais ce ne serait qu’un papier. Je pense que, pour elle, je serai toujours, comme Nathalia, différemment, une sorte de mère. J’ai été là tout le début de sa vie, et je serai toujours là, quoi que tu décides pour elle, et je sais qu’elle le saura et le ressentira toujours. Et de toute façon, je ne peux pas prendre cette décision seule: il faut que j’attende le retour de Siffroy, et qu’on en parle tous les deux.

Elle lui sourit de nouveau, et attrapa une nouvelle serviette à plier. Elle savait très bien ce qu’elle venait de lui dire, ce qu'elle venait, non pas de refuser tout à fait, mais d’éloigner. Elle aurait voulu, viscéralement, être sa mère, mais elle était persuadée qu’en réalité cela changerait fort peu de choses, rendrait simplement plus compliqués certains choix. Et elle n’était absolument pas sûre que cela empêche Garmyr d’un jour décider de récupérer “son” enfant.

Garmyr écoutait la femme avec attention. Il n'avait jamais envisagé jusque là la possibilité qu'il parte. Partir de Minos? Oui mais pas que, c'était facile de se déplacer sur les trois planètes, puis, il avait sa porte. Non, partir plus loin, vers d'autres mondes. Mais était-ce la bonne idée de l'emmener avec lui si loin? Il l'avait reconnu comme sa fille, mais si elle préférait rester? Rester partir, renier ses droits envers cette enfant pour les remettre à des personnes plus compétentes? Garmyr soupira. Il se disait bien que ça ne serait pas aussi simple qu'il l'avait imaginé, rien ne l'était dans cette vie. Que ce fusse les circonstances de sa naissance, toute sa vie passée à lui. Ses joies, ses tristesse, tout avait ajouté et enlevé des choses dans son cœur et son âme. Il sentait que ce qui avait attrait à la petite n'était plus totalement de son propre chef, il ne pourrait plus jamais décider d'agir impulsivement comme il l'avait toujours fait.

"Tout ça me paraissait bien plus simple dans ma tête."

Garmyr soupira en chatouillant doucement la petite sous son menton. Il venait de finir de la nettoyer, il l'a souleva doucement dans ses bras et attrapa une serviette pliée qui semblait simplement attendre de pouvoir essuyer la petite. Quand la petite fut assez séchée, Garmyr lui fit un câlin et déposa un baiser sur son crâne. Il partit en direction d'Odéline pour lui proposer de la prendre.

"Voilà la petite chose est propre, où est son pyjama?"

Garmyr était prêt à suivre les instructions de la femme pour habiller la petite. ELle n'avait qu'à lui demander et il s'exécuterait comme un bras automate.

Elle vit que sa réponse ne satisfaisait pas totalement l'homme-ours; à vrai dire elle s’en doutait un peu. De ce qu’elle savait de lui, ça ne l’étonnait pas trop. Siffroy comme Nathalia lui avaient décrit un homme certes gentil, mais impulsif, qui faisait et disait avant de réfléchir, et qui n’aimait pas trop que l’on refuse ses propositions ou que l’on n’aille pas dans son sens. Il semblait d’ailleurs avoir du mal avec le sens des réalités, comme il le confirma tout seul avec une petite phrase qui fit sourire Odéline.

C’est souvent le cas, lui répondit-elle. On n’est pas dans une histoire, mais bien dans la réalité, et ce n’est jamais aussi simple qu’on se l’imagine, conclua-t-elle fataliste. Mais je n’ai pas refusé, Garmyr, je te le redis. Je veux simplement plus de temps pour y réfléchir et en parler avec mon mari, que ça concerne autant que moi. Ce n’est pas une décision qui se prend en une minute autour d’un bain, ajouta-t-elle en lui tendant le pyjama en coton de la petite fille.

Puis, avec des gestes doux, elle lui montra comment vêtir ce petit bout, ce qui n’avait ma foi, rien de bien sorcier (il suffisait de ne pas se tromper de bouton). Alors qu’il l’habillait, elle appela Noïa pour qu’elle vienne prendre sa douche, et prépara la serviette de la fillette, passa un coup d’eau dans la baignoire pour en enlever les traces de mousse, mit à portée shampooing et savon. Quand la fille de Nathalia arriverait, tout serait prêt, et ils pourraient redescendre. Elle pourrait ainsi prendre le relai sur la préparation du repas, ou la commencer si Nathalia se n’y était pas collée. Garmyr, lui, pourrait sans doute jouer avec Renild et essayer de tisser un lien avec cette petite fille pour qui il était plus proche de l’inconnu que du père. Ca ne se ferait pas en une soirée, mais s’il faisait régulièrement l’effort (quoi qu’elle espérait que ça n'en soit pas un) de revenir, peut-être que cela pourrait fonctionner. Elle n’en était pas absolument certaine: elle se souvenait très bien de la difficulté que Noïa avait eu à connecter avec sa mère au retour de celle-ci, et qu’il avait fallu des mois de vivre ensemble pour que la situation s'améliore réellement. Serait-il possible que Renild considère un jour Garmyr comme un père s’il ne faisait que la visiter quand il en avait le temps ou l’envie ? Il lui tardait, en tous cas, de retrouver Nathalia seule à seule, et de pouvoir débriefer tout ceci avec elle. Quand Noïa toqua à la porte, Odéline lui sourit: Renild était habillée, et elle pouvait prendre sa place ! Elle laissa la fillette à son père, se doutant qu’ils la suivraient, et partit au salon.

Si tu veux jouer avec elle, il y a pas mal de choses dans le coffre à jouets ici, lui dit-elle en désignant un coffre décoré dans un coin de la pièce. Tu peux la poser, elle sait marcher et elle choisit ses jouets, cette grande fille, ajouta-t-elle en faisant une petite grimace à Renild. Elle parle même un peu, il faut juste la laisser faire, termina-t-elle dans un sourire. Si tu préfères, tu peux venir à la cuisine pour t'asseoir, mais il faut la laisser jouer, elle adore ça et en a besoin.

D’ailleurs la petite tendait déjà les bras vers le coffre, et répétant “Jouer, jouer”, exprimant tout à fait son envie sans autre besoin de commentaire. Voyant que Renild avait la situation bien en menottes, Odéline se dirigea vers la cuisine. L’heure tournait, et il serait bientôt l’heure du repas, si tant était que celui-ci soit prêt (sinon, ils attendraient un peu). Elle n'avait pas besoin d'aide, mais il fallait soit s'y mettre, soit prendre le relais de Nathalia !