Elysion
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Senea Greimhridh
Senea Greimhridh
Eaquien.ne
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Votre personnage et ses relations
Date de naissance: 13/11/2761
Âge: 28 ans
Branche(s): Fille de l'Eau, ne peut manipuler que l'eau froide (glace, neige)
Lieu de vie: Hypnos
Occupation: Etudiante à l'Académie (arts décoratifs) et créatrice de décors pour le Temple
Niveau de richesse: 4
Niveau de célébrité: 4
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La Loutre sur l'Interforum 11 - Epreuve 5 Empty La Loutre sur l'Interforum 11 - Epreuve 5

Lun 19 Sep 2022 - 10:57
Voici mon texte sur l'éprueve 5, un solo de l'Interfprum 11: https://www.nano-roleplay.com/t3787-epreuve-5-elysion

L'énoncé était le suivant: "Tu t'es procuré quelque chose qui t'a changé la vie. Pour le meilleur... ou pour le pire.

Ex. : "Tu as acheté une arme au marché noir pour te défendre contre les zombies et elle marche pas. Au pire moment !"
Ex. : "Tu t'offres un animal de compagnie trop mimi, mais tu l'as nourri après minuit et maintenant, c'est un xblorg qui veut te manger !"
Ex. : "Tu achètes un médaillon qui a l'air d'être une breloque à 2 francs 6 sous, mais tu découvres qu'il invoque un dragon pour venir à ta rescousse quand tu es dans les pires situations !""

Il était une fois une petite fille, aux cheveux très blonds, et aux yeux très bleus, qui savait créer de la neige. La petite fille vivait dans la palais d’Eaque, avec son papa qui était jardinier, et son frère jumeau. Tous deux jouaient beaucoup, jouaient tout le temps, pour faire passer le temps et les moqueries. Ils aimaient jouer des tours et faire des farces. Sous leur influence, des fleurs de givre apparaissent, et des serrures givraient, inutilisables. On put aussi constater une augmentation drastique du nombre de bonshommes de neige, y compris durant la saison chaude, allant de pair avec de plus en plus de rhumes et de vilaines toux.

Un matin, en se promenant dans le marché qui avait régulièrement lieu au pied de l’immense tour qu’était le palais, la fillette vit sur un étal un objet qui, immédiatement, attira son attention. Une jolie boîte de bois laqué de noir était ouverte, exhibant à tous les passant son contenu si séduisant. Il y avait, dans des encoches spécialement dédiées à cet effet, quelques pinceaux, puis, alignés, des carrés de couleurs. Les couleurs étaient vives, chatoyantes. Elles semblaient l’appeler, si fort, si fort qu’immédiatement, elle s’approcha, dévorant l’objet du regard, résistant à grand peine à la tentation d’y toucher.
C’est son père qui, la voyant si fascinée, muette soudain, céda et, sans même que la petite fille n’ait besoin de verbaliser cette demande, lui acheta la boîte d’aquarelles. Durant toute la durée de leur balade, elle tint l’étui tout contre son cœur, fermement, donnant son autre main à son frère. La petite magicienne ne pouvait s’empêcher de penser à ce qu’elle pourrait bien dessiner, avec.
Sitôt arrivée dans la chambre qu’elle partageait avec son jumeau, son double, la fillette prit une feuille, et commença à peindre. La première chose qu’elle coucha sur le papier, ce fut son nom: “Senea”. Mais les jours passèrent, et peu à peu, la nouveauté devint normale, puis banale, puis lassante. La petite fille avait du mal à correctement gérer les nuances, et n’était pas très patiente, ni très délicate. Souvent, le pinceau s’écrasait, la peinture bavait. Parfois, c’était trop liquide, et pas assez coloré, alors que d’autres fois, sans qu’elle ne comprenne pourquoi, le rendu était bien plus vif qu’elle ne l'aurait souhaité.
Alors, Senea ferma la boîte d’aquarelles, et la rangea dans un tiroir. Le temps faisant son effet, elle l’oublia peu à peu.

Les deux enfants étaient très beaux, et leur destin semblait tout tracé: plus grands, ils deviendraient tous les deux courtisans, et vivraient dans cet immense palais. Ils seraient investis dans la vie de la Cour, ils participeraient à des intrigues. Ils feraient chavirer les coeurs, et finiraient sans doute par faire un bon mariage, faisant fi des rumeurs sur leur compte.
Pourtant, ils avaient des ambitions différentes. Senea ne voulait que rendre heureux son frère, là où il ne rêvait que de s’évader dans de grands espaces inconnus. Mais longtemps, ils suivirent le chemin qui avait été tracé pour eux, sans se rendre compte que ce n’était pas le leur. Le petit garçon devint un jeune homme taquin et sociable, qui aimait parader et séduire, tandis que la petite fille devint une jeune femme plus solitaire et timide, aimant le calme et les bibliothèques. Différents, ils paraissaient pourtant inséparables, comme deux faces d’une même pièce.

Un jour, alors que leur père vieillissant était parti vivre ailleurs, et que chaque matin, ils semblaient à la fois plus beaux et plus complices que le précédent, la jeune femme se réveilla seule dans la chambre qu’elle partageait avec son frère. Il n’était plus là. A la place, il y avait un flocon, un unique flocon, qui ne fondait pas, qui ne disparaissait pas; sa trace, son adieu. Il était parti, chavirant tout son monde.
Senea avait cherché longtemps un indice, une explication, quelque chose qui lui permettrait de remonter à son frère, ou au moins de comprendre cet abandon, sans jamais trouver, sans jamais pouvoir se l'expliquer. Mais la jeune fille avait retrouvé ce qu’elle avait depuis longtemps oublié: sa boîte d’aquarelles.

La demoiselle recommença alors à peindre. D’abord pour l’oublier et s’occuper. Ses gestes étaient hésitants. Elle ne savait plus vraiment comment tenir le pinceau, quelle quantité d’eau mettre. Sa feuille se gondolait, et elle n'arrivait pas à trouver la beauté dans ce qu’elle créait, mais elle s’acharna. Et, peu à peu, la jeune femme progressa. Elle commença à apprendre à regarder. Mais surtout, peu à peu, elle aima ce qu’elle faisait.
Mais le jour arriva où peindre sur des feuilles ne lui parut plus assez. Même avec les effets qu’elle y mettait, même avec l’usage étonnant qu’elle faisait de son pouvoir, cela n’était plus suffisant. La jeune femme avait besoin de plus. Alors, elle se porta volontaire. Un spectacle de théâtre devait être joué, bientôt; et on avait besoin de quelqu’un pour peindre les décors, assurer les effets spéciaux. Ce serait Senea.

Ce fut une soirée merveilleuse. Cela lui demanda du temps, du travail, des efforts, de l'acharnement. La magicienne crut parfois ne pas y arriver, mais le jour J, le décor était là, en place, peint par ses soins. Voir les acteurs y évoluer la ravit. Elle ne pensait pas pouvoir encore éprouver une telle joie, sans que son frère ne soit là. La jeune fille n’aurait même jamais pensé qu’un jour son bonheur puisse venir d’autre chose que lui.
C’est ainsi que Senea comprit. Elle n’était pas faite pour être courtisane, pas plus que son frère n’était taillé pour être courtisan. Il avait fait le choix de fuir pour explorer d’autres horizons, pour découvrir l’univers ? Elle ne le suivrait pas. Elle ne le suivrait plus. La jeune femme deviendrait ce qu’elle souhaitait, sans lui.

Il ne lui fallut que quelques mois pour quitter la Cour, et intégrer l’Académie. Là-bas, la demoiselle apprit, vite. Elle se nourrit de connaissances, de savoirs. Elle se régala de travaux pratiques, elle se délecta de toutes ces nouvelles compétences, de tous ces nouveaux savoirs, de toutes ces nouvelles rencontres, de tous ces horizons qui s’ouvraient devant elle.
Peu à peu, la jeune fille devint ce qu’elle désirait être: une artiste. Elle commença petit. Ce furent des toiles, petites, et de plus en plus grandes. Quand cela ne lui suffit plus, elle passa aux décors, sur d’immenses draps. Puis, peu à peu, même ça, ce n’était pas assez, et très vite, toute surface devint support de son art. Elle peignit des fresques incroyables, qui évoquaient des voyages extraordinaires, des sentiments épiques, des légendes gravées dans le cœur de chacun. Elle peignit des murs, des pièces, façades, des maisons, des manoirs, des châteaux, des palais. Elle peignit tout ce qu'elle put peindre. La jeune artiste voulait rendre plus beau le monde qui l’entourait, le faire chatoyer, encore, et encore. Senea voulait émerveiller.
Et comment ne pas être étonné face à ces peintures brillantes ? Comment ne pas être fasciné par les jeux de transparence ? Comment ne pas être subjugué par le mélange subtil de l'art et de la magie, de la couleur et de la glace ?

La petite fille était devenue une femme, mais jamais la boîte d’aquarelles ne la quittait. Elle n'aurait jamais cru en la voyant au marché, des années plus tôt, qu’un jour grâce à cela, elle échapperait à un destin tout tracé.

Senea vécut heureuse, et jamais ne cessa de peindre.

_________________

La Loutre sur l'Interforum 11 - Epreuve 5 Senea_11
Beldura Glow
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La Loutre sur l'Interforum 11 - Epreuve 5 Empty Re: La Loutre sur l'Interforum 11 - Epreuve 5

Lun 19 Sep 2022 - 10:58
Cette épreuve m'ayant inspirée, j'avais aussi mis ce texte en boîte à texte https://www.nano-roleplay.com/t3813-epreuve-5-elysion-le-poids:

Comment un entrelacs de métaux et de pierres précieuses pouvait-il à ce point changer une vie ?

Beldura Glow se souvenait de son entrée dans la Grande Salle, dix ans auparavant. C’était la toute première fois qu’elle pénétrait dans le palais de Minos, elle, la petite fleuriste timide, effrayée de tout. Elle avait lentement descendu les majestueux escaliers, en tentant de voir, les yeux écarquillés sous son masque, les moindres détails de ce lieu grandiose, ignorant que bientôt, ce serait sa prison. Timide, discrètement dissimulée dans une robe aux tons jaunes et roses bien moins belle que la plupart des invités présents à cette fête, elle avait écouté le discours de bienvenue. Cependant, plus la salle se remplissait, moins elle était à l’aise, et elle avait vite fini par s’éclipser, allant respirer sur un balcon.
Elle y avait fait la connaissance d’un vieillard, dont elle ignorait qu’il serait encore auprès d’elle aujourd’hui, et d’un homme-lézard, qu’elle n'aurait jamais imaginé devenir celui qu’elle pleurerait. Elle ne savait pas, alors, que dans les étages, on assassinait une femme aux cheveux blonds, on tuait celle que tous les habitants du continent adoraient, on supprimait la Reine.
Il avait fallu à peine le temps d’une partie de cache-cache pour que soudain, tout bascule. Elle avait dû rentrer avec le reste de la foule, et on leur avait annoncé la mort de la Reine, mais aussi la nomination de sa successeuse car c’était ainsi qu'on faisait les choses sur Minos. Sur Minos, continent où rien, jamais n’était mauvais, on tirait au sort une personne sur la liste des minosiens, et il revenait à cette personne la charge de mener tout le continent.
Il fallait l’admettre, lorsque son nom était sorti de la bouche des personnes sur l'estrade, elle ne l'avait pas compris. Pas immédiatement. Elle avait réellement cru à un erreur, mais c’est quand soudain des bras l’ont aggrippée, poussée, soulevée, portée, hissée, et qu’une ovation s'était faite entendre qu’elle avait compris que ce n’était pas une erreur, et que, plus jamais, elle n’aurait le droit à l’erreur. Et elle n’avait que seize ans.

Comment un entrelacs de métaux et de pierres précieuses pouvait-il si facilement passer d’une tête à une autre ?

Le jour de son sacre avait été une incroyable fête. On avait afflué de partout, pour voir une jeune fille se faire couronner et soudain porter un continent sur ses épaules. Elle avait peur ce jour-là, comme tous les autres jours de sa vie. La présence de la foule, son amour, n’avait jamais suffi à la rassurer. Pourtant, elle avait déjà, près d’elle, ses deux inébranlables conseillers, et l’homme-lézard, devenu son garde du corps, son ombre.
Lorsque sur sa chevelure rousse on avait déposé la couronne d’or blanc rose et jaune mêlés où étaient serties les plus précieuses des pierres, elle avait eu l’étrange sensation qu’on l’emprisonnait. Malgré la robe sublime, malgré les cris de joie de la foule, malgré les acclamations, et les sourires, elle avait marché comme une condamnée, prononcé son discours comme on articulerait ses derniers mots.

Comment un entrelacs de métaux et de pierres précieuses pouvait-il peser si lourd ?

Des mois durant, elle n’était pas parvenue à se défaire de cette sensation: ce jour serait le dernier. Tout le palais s'était adapté pour elle, s’était adapté à elle. Le feu, par exemple, qui lui faisait si peur, avait été banni. On faisait attention à faire toujours un peu de bruit quand on se déplaçait, afin de ne pas la surprendre, de ne pas l’effrayer. On lui parlait avec gentillesse, on écoutait son avis. Mais elle ne se sentait pas à sa place, elle se sentait mal, elle voulait fuir, sans pour autant parvenir à se résigner à laisser ce fardeau à une autre qui en souffrirait autant qu’elle.
Il lui avait fallu trois années complètes pour qu’enfin, pour la première fois, elle ait la sensation d’être Reine. Il avait fallu que deux continents se déclarent la guerre, et qu’elle décide que non seulement son territoire resterait neutre mais qu’il deviendrait terre d’asile pour tous ceux qui refusaient de s’engager dans ce qui serait un charnier pour qu’elle prenne pleinement conscience de ce qu’elle était, de ce qu'elle représentait. Pour qu’elle l’accepte, et le porte.

Comment un entrelacs de métaux et de pierres précieuses pouvait-il donner tant de pouvoir ?

Puis, elle avait rencontré un homme, et cet homme avait tout bouleversé. Il avait commencé par la terroriser, l’effrayer, puis, sans se l'expliquer, elle était tombée amoureuse de celui qui semblait être le seul à pouvoir lui offrir une porte de sortie. Elle n’avait pas pris en compte le fait que pour accéder à elle, il avait tué des hommes, il avait blessé son garde du corps. Pendant un instant, Beldura Glow avait été égoïste, et s’était laissée, pour la première fois, tomber amoureuse.
Cependant, peu à peu, les choses avaient basculé. Celui qu’elle voyait comme sa porte de sortie s’était retrouvé piégé dans son monde. Il avait emménagé au Palais, faisant fuir son unique ami, l’homme-lézard qui l'accompagnait depuis sa nomination. Lorsque celui-ci était revenu d’un long voyage, c’était pour lui annoncer une terrible nouvelle.
Jusqu’à la fin, Beldura l’avait accompagné, aimé. Jusqu’à la toute fin, elle avait espéré que le sort s’inverserait, qu’il resterait à ses côtés. Mais il était mort, et son cœur s’était brisé alors que son unique ami se transformait en souvenir. Il n’y avait plus personne pour combattre à sa place ce qui l'effrayait tant, plus personne pour faire disparaître les problèmes avant qu’ils n’apparaissent, plus personne pour lui tenir la main sur le chemin sur lequel elle évoluait.
Cette épreuve l’avait changée à jamais, mais sous la couronne, rien ne se voyait, alors elle avait continué. Continué à vivre, à régner. Continuer à être scrutée, à être aimée par des inconnus, par une foule anonyme. A être aimée, aussi par son aimé, qui avait fini par demander sa main.
C’était un rayon de soleil dans sa vie. Cela lui avait permis, quelques mois durant, non pas d’oublier sa douleur, mais de l'apaiser. De se persuader d’avancer. Mais soudain, la lumière s’était éteinte. Une nouvelle menace avait jailli, plus noire que toutes les autres, plus inquiétante que n’importe quoi. L’Ombre était sortie de son sommeil, et il fallait l'empêcher de tout détruire, de tout posséder. Terrorisée, elle s’était vouée toute entière à une seule cause: protéger les elysionniens, faire que jamais les ténèbres n’enfouissent leur monde sous une nuit éternelle.
Sous le joug de la couronne, sous la tyrannie du rôle, elle en avait peut-être négligé d’être femme et avait oublié que des fiançailles n’étaient pas gage d’amour infini. Il n'avait fallu que quelques mois après sa demande pour qu’il ne s’en aille, effrayé soudain par le poids de la couronne qu'il lui faudrait lui aussi porter. La nuit l'avait engloutie, et elle n’avait pas été capable de lui en vouloir alors que c’était tout son être qui se réduisait en miettes. Elle s’était lentement laissée disparaître dans son absence, regrettant le poids écrasant que le bijou maudit faisait peser sur sa vie, pensant soudain, pour la première fois de manière sérieuse, à abandonner. A redevenir une citoyenne normale. Pourtant, elle en était incapable.
Quelle reine serait-elle si elle abandonnait les siens au pire moment, allant se cacher pour panser ses plaies ? Quelle humain serait-elle si, au moment où on comptait sur elle, au moment où le plus grand péril se présentait, elle préférait se retirer, redevenir anonyme ?

Comment un entrelacs de métaux et de pierres précieuses si convoité par certains pouvait-il apporter tant de malheur à ceux qui le possédaient ?

Peu à peu, derrière la couronne, derrière le trône, derrière le sceptre, Beldura Glow avait fini par disparaître dans le rôle qui lui avait volé sa vie. Elle n’était que Reine de Minos.

Comment un entrelacs de métaux et de pierres précieuses pouvait-il à ce point changer une vie ?

_________________
Je crains la nuit, les rues, le jour et les gens, la pluie, les éclairs et les chats noirs
Je crains les promesses et les serments, les cris, les mots séduisants
Je crains les saints, le mal et le bien
Je crains le monde et ses lois
Soudain je sursaute en ne croisant qu´un miroir
Mais n´ai-je peur que de moi?

Beldura Glow

La Loutre sur l'Interforum 11 - Epreuve 5 Beldur10

Séléné Saralondë
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La Loutre sur l'Interforum 11 - Epreuve 5 Empty Re: La Loutre sur l'Interforum 11 - Epreuve 5

Lun 19 Sep 2022 - 11:00
Et, vraiment très inspirée, j'avais mis un second texte en boîte à textes ! https://www.nano-roleplay.com/t3812-epreuve-5-elysion-le-retour-d-haribo

Six ans. Six longues, très longues années, seul dans le froid d’Artgard. A attendre, encore, encore, encore, à attendre qu’elle revienne. Oh, parfois, oui, elle revenait. En coup de vent, toujours, mais elle était là. Aujourd’hui, il en avait assez. Aujourd’hui, il partait la chercher.

Séléné Saralondë cacheta une lettre rapidement, et la jeta presque dans le panier de courrier à envoyer. Ensuite, elle ouvrit d’un geste sec un tiroir, y attrapa un dossier, le posa sur son bureau de bois massif avec un claquement puis referma vivement le tiroir qui le contenait jusque là. Elle ouvrit le dossier avec impatience, et commença à le feuilleter, très vite, avant de soudain s'arrêter, une pli de concentration sur son front, sourcils froncés. Elle lisait, concentrée.
Depuis des mois, le travail ne cessait jamais. La conseillère en stratégie militaire et diplomatique du gouvernement d’Hypnos était fort occupée. Depuis plus d’un an, elle avait littéralement emménagé dans son bureau. Ses appartements officiels étaient si proches de son lieu de travail que la porte qui les séparait était ouverte quasiment en permanence, et les dossiers avaient envahi ce qui était censé être sa chambre.
Un léger soupir lui échappa. Elle regrettait un peu, au fond, le temps où elle s’était isolée à Artgard. Cela faisait six ans déjà, et là-bas, loin de toute position officielle, elle avait réussi à retrouver un semblant d’équilibre, avant que tout ne soit de nouveau bouleversé, et qu’elle reparte s’installer à Hypnos. Derrière elle, elle avait laissé Haribo, la boule rose volante qu’elle avait récupéré dix ans plus tôt suite à un stupide concours.

Elle était là. Il le sentait. Il le savait. De toute façon, il la voyait presque à la fenêtre. Allez, encore un effort ! Plus qu’un petit effort, et il l’atteindrait !

Haribo était d’une race indéfinie. C’était une boule rose, qui volait. Il y avait des yeux, qui paraissaient toujours contents, et parfois une bouche, qui dévoilait un grand sourire. La plupart du temps, il semblait flotter par lui-même, mais une ou deux fois, elle lui avait vu des ailes. Haribo était très affectueux, voire même collant et ne possédait aucun sens de la discrétion, et encore moins de notions de l’intimité.
Elle avait participé, dix ans plus tôt, poussée par Deus, son compagnon de l’époque, à un concours organisé lors d’une fête. C’était là le lot dont elle avait hérité, et elle y avait beaucoup réfléchi depuis: elle était persuadée qu’Haribo était le fruit d’une erreur d’un mage. Un mage qui aurait bien voulu se créer un familier de magie pure, et s’était soudain retrouvé avec cette boule couleur de bonbon dont il ne rêvait que de se débarrasser. Le concours avait été une parfaite opportunité pour ça, et c’était Séléné qui en avait hérité. Elle était persuadée que ça s'était passé comme ça.
Il y a dix ans, elle était plus tendre qu’aujourd’hui, mais déjà, elle ne rêvait que de donner Haribo au premier venu, si possible un enfant rêvant d’un chien. Le problème, c’était que Deus s’était attaché au nouvel arrivant, et que dès qu’elle parlait de s’en débarrasser, il lui faisait un caprice. Alors, ils l’avaient gardé, mais lorsqu’ils s'étaient séparés, qu’elle était partie sur Artgard pour se remettre de sa trahison, c’était avec elle qu’Haribo était resté. Elle n’avait plus eu, alors, le cœur de l’abandonner. Il était resté à Artgard avec elle, le temps qu’elle se remette, le temps que s'apaise le chaos, mais lorsqu’elle était repartie à Hypnos, elle l'avait laissé là-bas. Elle n’avait pas le choix: c’était une nouvelle vie, et elle se devait d’être discrète, tout d’abord, puis, une fois nommée au gouvernement, crédible. Ceci était incompatible avec une boule rose émettant des bruits aigus la suivant partout.

Comme elle était haute cette fenêtre ! Pourquoi donc avait-elle besoin d’aller se réfugier si loin du sol, elle qui jusque là vivait entre les pierres, au cœur de la ville oubliée d’Artgard enfoncée dans la montagne ? Il avait du mal à aller jusque là.

Elle souffla du nez, et se reconcentra sur son dossier. Ce n’était vraiment pas le moment de se laisser aller à de la nostalgie ! Dehors rampait le menace des ténèbres, et la voilà qui pensait à Haribo ! N’avait-elle que ça à faire ? Vraiment ?!
En plus, Haribo allait bien. Elle passait parfois le voir à Artgard. Il était devenu la mascotte de la ville, et le peu d'habitants qu’il y avait semblait bien prendre soin de lui. Elle soupira, les épaules lâchées.
Haribo avait fait capoter un certain nombre de missions et d’infiltrations. Il avait gâché des moments d’intimité, il avait troublé son repos. Il avait été bruyant quand elle avait besoin de silence, il avait été là quand elle ne désirait que la solitude.
Il l’avait agacée, elle avait voulu cent fois qu’il ne soit pas là. Elle l’avait laissé derrière elle, en s'assurant qu’il aille bien et … Était-ce des gazouillis à sa fenêtre ?
Elle se leva. Il n’y avait jamais d’oiseaux ici, c’était trop haut, trop loin des arbres, il y avait trop peu de perchoirs. Méfiante, prête à atomiser la menace qui oserait ainsi se présenter à elle, gazouillante à sa fenêtre, elle se déplaça aussi souple qu’un chat dans la pièce pour se rapprocher de la source du bruit.

Elle était là ! Elle était là ! Tout près ! Enfin !

Il y eut un éclair rose, suivi d’un grand bruit de verre brisé, et soudain quelque chose la percuta de plein fouet. Séléné ne sut jamais pourquoi, comment, elle avait choisi à cet instant précis de ne pas déverser sa magie sur l’intrus, et le pulvériser, mais elle ne put que s’en féliciter.
Contre elle se blottissait en gazouillant, se frottait en frémissant une boule rose d’environ trente centimètres de diamètre. Douce, elle sentait la fraise, le sucre,et le feu des cheminées d’Artgard. Séléné, surprise, ne sut tout d’abord pas comment réagir. Cela faisait plus d’un an, à présent, que personne n’avait jamais tenté de la câliner, de la toucher. Et de toute façon, depuis toujours, elle fuyait les contacts. Pourtant, à ce moment précis, elle comprit que non seulement elle n’avait pas le choix, mais qu’en plus, elle en avait envie.
Renversée sur le sol, elle commença à gratouiller la petite créature flottante, qui gazouillait de plus belle à chaque marque d’affection. Elle était incapable de dire comme cela dura, mais la vague d’affection et de bonheur qui l’envahissait, qui montait, montait, irrépréssible, faisant céder toutes ses digues, lui suffisait. Et, pour la première fois depuis des mois, des années peut-être maintenant, elle rit.
Jamais Séléné n’aurait cru que retrouver Haribo puisse lui faire si plaisir. Jamais elle n'aurait cru qu’on tiendrait suffisamment à elle pour traverser un océan et deux continents pour la retrouver. Jamais, non plus, elle n’aurait pensé que c’était dans son lien avec une boule rose affectueuse quoiqu’agaçante que résiderait son humanité. Jamais elle n'aurait cru qu’un jour, Haribo l’empêcherait de sombrer, de devenir qu’un monstre d’efficacité, une machine à stratégie.

Il était avec elle. Il n’était plus seul. Il l’avait retrouvé, elle l'aimait, elle aussi. A présent, jamais plus il ne la quitterait.

Des années plus tard, des archéologues seront confus: mais qu'était donc cette boule rose gazouillante qui apparaissait dans toutes les descriptions de l’une des grandes mages d’Elysion ? Pourquoi cette chose étrange accompagnait toujours l'une des stratèges les plus respectées ? Quelle était sa fonction ? Pourquoi ne s’éloignait-elle jamais de plus d’une cinquantaine de centimètres ?
Jamais ils n’imagineront qu’Haribo était ce qui permettait à Séléné Saralondë de ne pas s’oublier, de ne pas disparaître derrière sa fonction, ses grades, ses titres.
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