La conférence [sp Jacob]

Il y avait la chaleur de Danien et l’envie terrible d’aller se prélasser sur une serviette au bord d’une plage. Mais il y avait aussi la nécessité de finir son cursus, la volonté pressante, matinée d’un peu d’angoisse, d’être libérée de la vie étudiante, de rejoindre ses amis dans la vie active. Ainsi donc, Senea était encore à l’Académie, pour quelques temps du moins.
Et à l’Académie, il y avait régulièrement des conférences. Elle guettait souvent les intervenants, d’une part pour voir si ce serait intéressant pour elle d’y aller, d’autre part pour s’assurer de ne croiser personne de son ancienne vie, au Palais d’Hypnos. Et enfin, pour une troisième raison, moins avouable: elle espérait toujours un peu y voir le nom de Snow. Même si elle faisait tout pour lutter contre cette idée, elle savait que le corps du jeune homme n’avait pas été retrouvé. Cela voulait dire qu’il était porté disparu, et considéré comme mort puisqu’on n’avait eu de lui aucun signe de vie; mais pour autant, il n’était pas forcément décédé. Et les listes n’étant pas toujours mises à jour quand un disparu réapparaissait, elle guettait les listes de professeurs “au cas où”, et sans vouloir se l’avouer.
Toujours était-il que lorsqu’elle avait vu le nom de Jacob Amakiir associé aux pandas à strabisme divergent, sa curiosité fut piquée, et elle décida d’abandonner plage ou révisions pour se rendre dans un des amphithéâtres de l’Académie.
Au moins, il y faisait frais.

C’est après plusieurs heures de conférence et de questions-réponses menées fort habilement par l’écrivain que l’amphithéâtre plein comme un oeuf (et donc chaud, contrairement au début de la conférence), commença à se vider. Senea avait pris des notes, et pris le temps de les rassembler, les remettre dans l’ordre, et les ranger soigneusement dans sa sacoche, laissant le plus gros du flot passer.
Évidemment, il y avait déjà du monde près du bureau au niveau duquel l’une des célébrités d’Elysion avait posé ses affaires. Certaines personnes voulaient aller plus loin dans le propos, poser des questions plus fouillées, d’autres étaient très certainement là pour avoir une dédicace ou connaître le sujet de son prochain ouvrage (ou en avoir quelques détails croustillants qu’ils pourraient ensuite colporter). Il semblait également à Senea qu’il y avait là un petit fan-club espérant sans doute une entrevue plus privée avec Amakiir, autour d’un verre ou d’un repas aux chandelles par exemple. La jeune femme ne put s’empêcher de sourire à cette idée. Elle se trompait peut-être, mais il ne semblait pas être homme à s’engager dans des relations intimes avec ses admirateurs et admiratrices. En tous cas, il n’en avait pas la réputation.
Elle attendit que certains s’en aillent pour elle-même descendre et attendre de pouvoir lui parler. Après tout leur dernière discussion avait été un peu avortée, et la politesse voulait qu’elle le salue et le félicite au moins. Et puis, elle avait une petite question derrière la tête: s’il était là, il avait peut-être accès aux salles des professeurs, et à des informations qu’elle n’avait pas. Mais pour ça, il fallait réussir à engager la conversation, et pour y parvenir il fallait qu’il la remarque … et la reconnaisse si possible. En espérant qu’il ne s’imagine pas qu’elle faisait partie du cercle de ses admirateurs qui espérait échanger un peu plus que des mots ! Elle resta donc derrière ceux qui voulaient lui parler, attendant son tour (ou qu’il parte avec quelqu’un d’autre) calmement (et légèrement brillante à cause de la chaleur).

Les pandas à strabisme divergent, ou comment produire du vrai à partir du faux. Ou est-ce du faux à partir du vrai ? Jacob était un professeur particulier (pour être poli) qui avait tendance à jouer avec les mots. À croire qu'il était écrivain. Ceci avait l'avantage indéniable d'attirer l'attention, et donc des élèves. Oui, même si une personne comme lui avait besoin d'un boost pour son égo, à votre avis, pourquoi était-il écrivain ? Pour l'amour des mots, mais également pour la gloire. Il pourrait vous raconter pendant longtemps que non, c'est pour les autres… mais non c'est surtout pour sa gueule.

Bref, l'histoire de pandas, c'était surtout pour prouver que l'on peut créer des choses plus que vraisemblables à partir d'élément récupérer ça et la. Avec un peu de bagout, un peu d'appui de textes totalement inexistant, il est possible de fabriquer beaucoup de choses. C'est la fine différence entre l'histoire et l'Histoire. Et c'était cette dernière qu'il comptait bien continuer de relater, et les élèves devaient faire attention à ne pas se tromper. Il prenait son devoir de mémoire très au sérieux.

Du côté de la fin des cours… lui devait faire la différence entre les élèves, les fans, et les fans plus… entreprenants, disons. Il les reconnaissait bien, lui-même devait parfois se montrer séducteur pour l'espionnage. Mais la n'était pas la question. À vrai dire, il repoussait très habilement ce genre de proposition. C'était surtout une question de patience.

L'avantage, c'est que ceux qui n'ont pas les cours en tête sont vite découragés. Il reconnaissait certaines têtes, et surtout la dernière.

"Miss Greimhridh, ravis de vous revoir."

Il pouvait enfin commencer à ranger ses affaires.

"Alors, que devenez-vous ? Je vois que vous continuez de suivre avec assiduité les cours."

Ce qui était bien plus que certains élèves qui ne montraient jamais leur tête.

Le regard de Jacob Amakiir accrocha le sien, et il la reconnut sans peine, ce qui la fit sourire. Il paraissait très sincère lorsqu’il exprima sa joie de la revoir, et cela confirma le sourire Senea. Alors qu’il rangeait ses affaires, il lui demanda de ses nouvelles.

“Oh, je ne sais pas si l’assiduité est ma plus grande qualité, mais je suis là c’est certain. La guerre, et particulièrement les conséquences de la guerre, m’ont forcée à retarder la fin de mon cursus universitaire. Mais je ne pense pas être la seule: ces dernières années n’ont été simples pour personne, n’est-ce pas ? Enfin, j’ai vu votre nom dans les conférences, je me suis dit que vous ne pouviez qu'être passionnant, particulièrement sur un sujet d’une telle originalité.” Elle lui sourit, et ajouta: “Je ne me suis pas trompée, et je n’ai pu résister à l’envie de venir vous saluer.”

Senea s’éventa légèrement avec sa main.

“On peut dire que vous avez fait chauffer les cerveaux et réchauffé tout l’amphi ! Cela vous irait-il de discuter un peu dehors, ou à une terrasse si vous le souhaitez ? Vous pourrez m’en dire plus sur le sujet de votre conférence, et me donner un peu de vos nouvelles ainsi ! A moins que vous ne préfériez éviter d’être vu en compagnie d’une étudiante ?”

A vrai dire, elle aurait tout à fait compris cela. Et de nouveau, elle espérait qu'il ne se méprendrait pas sur ses intentions; Mais les Grands Rois, on bouillait ici ! Il ne faisait pas frais, dehors, mais au moins, il y avait de l'air, là où la chaleur stagnait dans la pièce.

Oui la guerre n'a été simple pour personne. Non pas que Jacob ne peut réellement en parler - il n'a jamais vu d'action, bien évidemment. De simples "on dit", "on m'a raconté", "j'ai lu". Les retours des vétérans. Pour tous, il y a une reconstruction aussi physique que morale (surtout morale), à réaliser.

"Après de tels évènements, il faut un peu d'humour pour se détendre. Sans oublier ce qui s'est déroulé, bien sûr."

Relativiser les choses. Peut-être que ça n'est pas très humain ou empathique. C'est sa manière de gérer ceci, tout simplement.

"Les années suivantes vont être agitées, mais ceci finira par passer.

Le climat politique va être complexe. Les esprits vont rester chauffés. La discrimination, entre autres problèmes, va être intense.

"Dans tous les cas, si mes sujets étranges attirent du monde, c'est que c'est réussi."

Comme s'il en doutait...

"Je n'ai rien de prévu, donc je peux. Si nous pouvons simplement nous éloigner légèrement du campus. J'ai abandonné l'espoir de n'avoir aucune rumeur à mon sujet, mais autant éviter qu'elles tournent autour de votre personne."

Il était à l'écoute. Il en connaissait certaines, bien évidemment pas toutes. Le monde entier savait qu'il était célibataire, et pourtant...

"Nous avons de la chance, l'endroit n'est pas vraiment touché. D'autres villes ne peuvent pas en dire autant."

Quand lesdites villes existaient encore.

"Bref, que devenez vous en dehors de vos études ?"

Senea approuva de la tête les propos de l'écrivain professeur quant à la guerre. Elle le rejoignait tout à fait dans son analyse. Sa remarque sur son choix de sujet la fit sourire, expression qui s’accentua encore lorsqu’il accepta sa proposition de sortir un peu. De l’air ferait du bien ! Tout en répondant à ses questions, elle commença à sortir de la salle.

“Oh je ne m’inquiète absolument pas des rumeurs à mon égard vous savez !” sourit-elle. “Je suis tout de même une ancienne de la Cour d’Hypnos, devenue étudiante et travaillant à mi-temps dans un cabaret … Je vous laisse imaginer que j’ai connu mon lot de rumeurs, et qu’elles ont toutes glissé sur moi comme l’eau sur un poisson !”

Et encore, elle n’avait pas fait allusion à son frère, et aux rumeurs qui avaient existé sur eux pendant des années. Elle n’avait pas vraiment envie de parler d’Oigean. Se rendant compte qu’elle avait déjà à moitié répondu à sa question avec son histoire de cabaret, elle se permit de lui demander:

“Voulez-vous qu’on prenne un portail pour nous éloigner ? Ou pensez-vous à un endroit accessible à pied ?”

Déjà, ils étaient dehors, et elle sentait le soleil lui caresser un peu la peau, alors que l’air, toujours chaud, s’était fait moins lourd. Et elle pourrait répondre plus amplement à ses interrogations, s'il en avait, en se dirigeant vers leur point de chute.

"Il est bien impoli de ma part d'avoir oublié ce "léger détail", en effet."

Un minuscule détail. La cour est impitoyable. Il ne voulait pas être trop insultant, mais se dire que certains d'entre eux dirigeaient en partie le peuple était… inquiétant. Mais tel était la politique, une série de coups de couteau dans le dos dont les victimes indirectes sont "monsieur tout le monde". Bref, retenez que les rumeurs sont fatigantes, même pour lui.

"Les ignorer est toujours un bon choix, même si certaines ont tendance à nous coller à la peau."

Il faut faire avec. Ça s'apprend, ça se gère. On n’a pas vraiment le choix dans ce milieu, ce qui est regrettable.

"Surprenez-moi. J'ai mes habitudes, c'est le moment parfait pour les bousculer un peu."

Le piment de la vie : l'imprévisible. Il allait donc la suivre.

"J'y pense, la fin de vos études arrive doucement. Que comptez-vous faire une fois qu'elles seront achevées ?"

Non pas qu'il voulait devenir une sorte de mentor, il était bien mal placé pour donner des conseils aux autres… même s'il ne s'en privait pas dans ses livres.

Elle lui sourit, amusée par ses constatations et ses questions. Il était plus surprenant qu’elle ne l'aurait cru. Il fallait dire que le combo écrivain et professeur lui faisait imaginer un être extrêmement routinier, vêtu de pantalons de velours côtelé, de vestes en tweed avec des patchs de velours aux coudes. Amakiir n’avait tout de même pas tout à fait cette allure …

“Dans ce cas … Suivez-moi.” lui glissa-t-elle en désignant le portail le plus proche, et sans encore répondre à sa question.

Et c’est ainsi qu’en deux temps trois mouvements et quatre battements de paupières ils se retrouvèrent sur le littoral Eaquien, dans un endroit pas si éloigné de la ville, mais pas vraiment proche non plus. Elle avait déjà fait la balade pour y aller à pied, et c’était ravissant. C’était un lieu où les citadins aimaient venir se relaxer, se baigner, prendre un bol d’air sans pour autant que ça ne soit trop fréquenté: il y avait d’autres lieux plus proches, et donc moins chers à travers les portails. Et surtout …

“Il y a un bar de plage fabuleux, et ombragé juste comme il faut !” sourit-elle en lui désignant l’endroit.

En réalité c’était plus un café/salon de thé en journée qu’un bar au vu de l’ambiance, mais ils faisaient débit de boissons, alors … Senea respira l’air marin à fond, se gorgeant avec plaisir des odeurs tout à fait spécifiques du bord de mer, et entraîna Jacob. L’endroit était calme, et ils étaient actuellement les seuls clients. La faute, sans doute, à la localisation un peu excentrée du bar comme à l'attraction exercée par les plages et les lacs aménagés partout sur le continent. Ca se remplirait sans doute alors que la journée avançait, mais actuellement, il fallait croire que familles, couples, amis et autres bronzeurs étaient ailleurs (et c’était tant mieux). Des pins, de toiles tendues, et des plantes grimpantes sur des pergolas assuraient l’ombre du lieu et une agréable sensation de frais. On respirait nettement mieux que dans l’amphithéâtre ! Senea leur choisit une table avec des fauteuils bas, assez près de l’eau et éloignée de l’entrée, de manière à ce que même si d’autres clients arrivaient, Jacob ne soient pas la première personne qu’ils voient.

“Cela vous convient-il ?” lui demanda-t-elle dans un sourire, en ramenant ses longs cheveux blonds en chignon lâche qu’elle attacha avec une grosse pince jusque là située sur la bride de sa sacoche. C’était une coiffure nettement plus adaptée à la fois à la chaleur et au vent léger de la plage. “Sinon, nous pouvons aller ailleurs, ou aller à une autre table !”

L’écrivain approuvant son choix, ils s’installèrent. Senea posa son sac à terre, près d’elle, et arrangea son haut qui avait un peu glissé du fait du poids de la sacoche, tout en répondant à la question de son interlocuteur:

“Mes projets après mes études, donc ? Eh bien … J’espère réussir à décrocher un temps plein auprès de Cathleen Asmodée, afin de continuer à créer des décors pour le Nouveau Temple, qui en a bien besoin. Peut-être que les opportunités me mèneront ailleurs, mais actuellement, je n’ai même pas de plan B pour tout vous dire !” plaisanta-t-elle. “Et vous, des projets ?”

A cet instant, on vint prendre leur commande. Elle choisit une citronnade, qu’elle savait très bonne avec un équilibre qui lui convenait parfaitement entre sucrosité et acidité, fraîche sans être glacée (du moins, à ses yeux).

Jacob la suit, donc. Il ne sait pas encore où il va finir, mais ça n'est pas plus mal. Il a demandé à être surprit, à quoi bon connaitre la destination avant même le début du voyage ? Il allait découvrir au dernier moment et c'était parfait.

"C'est parfait."

Il ne connaissait pas l'endroit. Vive les portails qui permettent de voyager très (trop ?) rapidement. Rien de mieux pour aller à d'autres endroits que ses terres natales. Vraiment, certains ne voulaient pas découvrir ce qu'offraient les autres villes ? C'était bien triste d'après le Correspondant. Les voyages forgent la jeunesse, même si ça n'était pas très possible (et très risqué) il y a seulement quelques mois.

De plus c'était en effet le moment parfait pour profiter de la plage. Lui était plus du genre à lire sur le sable qu'à aller se baigner. Chacun ses gouts.

"Un magnifique projet. Si vous avez déjà un emploi et une sécurité à ce sujet, le plus dur du travail est fait."

Il disait ceci, mais ne l'avait pas vraiment vécu, donc…

"Des écrits, comme toujours. Le plus grand projet est encore à ses balbutiements. Je compte écrire sur la page de l'histoire qui vient de se tourner, avec l'aide de camarades bien sûr."

Personne ne fait ceci seul. Le sujet est trop gros. Bien plus gros que l'ego de Jacob.

"Ceci va surement prendre des années, mais c'est nécessaire."

Et le jeu en vaut la chandelle. De plus ceci ne l'empêchera pas de continuer de raconter les aventures d'un certain espion.

Elle lui sourit lorsqu’il approuva ses projets, et arrondit les yeux lorsqu’il lui exposa les siens.

“Oh ! Vous écrivez à plusieurs ?” le questionna-t-elle. “C’est un sacré projet … Mais nécessaire, vous avez raison. Moi qui imaginais la vie d’écrivain comme solitaire et incertaine !” plaisanta-t-elle. “Vos camarades d'écriture pour ce projet sont-ils connus comme vous l’êtes dans le domaine de la fiction, ou plutôt versés dans les essais ?”

Elle lui sourit, savourant un courant d’air marin qui leur arrivait dessus et la rafraichissait agréablement:

“Et votre personnage principal, continuerez-vous à nous régaler de ses aventures, ou sera-t-il sacrifié sur l’autel de ce grand projet ?” s’enquit-elle.

"Pour l'instant, ça n'en est qu'aux balbutiements. Il faut encore choisir les personnes, les coordonner, et surtout collecter les informations."

Ce dernier point allait prendre le plus de temps. Et soyons francs, Jacob faisait un mauvais, un très mauvais "chef de groupe". Trop d'égo, pas assez d'autoréflexion dont il en chante les louanges. Ironique.

"Certains écrivains vivent reclus, je préfère sortir et voyager afin de m'inspirer de la réalité. Il est totalement possible de prendre un évènement de la vie de tous les jours et de changer son ton."

Ça n'était pas forcément simple, mais plus que possible quand l'on a l'habitude et le talent.

"Les deux. Certains sont des amis, certains des pointures dans le domaine."

Il l'allait pas argumenté sur le fait qu'il écrit bien plus de fonctions que d'écrit plus... "sérieux". Bien qu'il tentait toujours d'inclure une dimension supplémentaire dans ses textes.

"Il ne nous quitte pas, je vous rassure. Sa vie va certainement ralentir un peu, sans disparaitre entièrement."

Déjà, moins d'inspiration de situation réelle. Même les héros de livre méritent un peu de repos.

Senea écouta avec attention les réponses de l’écrivain, notant une certaine proximité entre le travail d'écrivain et celui d’étudiant, finalement. Cette idée la fit sourire finement, alors qu’elle se demandait qui étaient les écrivains qu’il pouvait avoir en tête … et si certains faisaient partie de ses professeurs, ce qui la ramena à son idée première. Cependant elle ne se déconcentra pas, et sourit de soulagement alors qu’il lui confirmait qu’il n'abandonnerait pas son héros habituel.

“Me voilà rassurée !” s’exclama-t-elle, alors qu’on leur amenait leur commande. “Je dois vous avouer qu’il m’aurait manqué, et que je me serais inquiétée pour vous: des hordes de fans enragés auraient déferlé à vos cours, exigeant son retour j’en suis certaine !”

Puis elle tendit son verre vers lui, l’invitant à trinquer, et lorsque ce fut fait (avec les voeux qui allaient avec), elle lui demanda après avoir bu une gorgée (délicieusement rafraîchissante) de citronnade:

“Comment arrivez-vous à cumuler votre activité de professeur et votre activité d'écrivain ? Cela ne vous fait pas trop de travail, trop de pression ? Vous ne vous perdez pas ? Ca ne vous est jamais arrivé de vous retrouver devant un amphi avec les feuillets de votre futur roman, et d’envoyer à votre éditeur le cours que vous destiniez à vos élèves ?”

Ses questions étaient posées avec un ton à la fois détaché, candide, mais intéressé qu’elle avait mis longtemps à parfaitement maîtriser. Cependant, son sourire, dont l'intensité variait (très maru lorsqu’elle imaginait l’amphithéâtre envahi, plus en coin en se figurant le visage de l’éditeur devant les cours par exemple), démontrait réellement qu’elle portait attention à la conversation, contrairement à bien d’autres fois où elle avait employé ce ton typiquement curial. Elle s’interrogeait réellement sur cet homme très populaire et dont on ne savait pourtant pas grand chose, à l’image assez lisse (c’était d’ailleurs peut-être ce qui faisait son succès: il était talentueux et ne traînait aucun scandale, on pouvait facilement se projeter sur lui ou ses personnages peu importait son âge et son bagage. En tous cas, c'était ainsi qu’elle le voyait).

"Je pense que je mettrai ma vie en danger si j'ose arrêter la série. Avoir une horde de fans à ma porte donnerait une histoire intéressante, mais risquée. Un récit de zombi, peut-être ?"

Une horde prête a tout pour atteindre leur Graal. Tant qu'il ne finit pas sous-siège, tout est bon pour lui. Enfermé, enchainé, obligé d'écrire. Ça serait le meilleur moyen pour tuer son inspiration. Il n'y a que les élèves qui arrivent à écrire sous la contrainte. Et encore, ce sont pour des écrits académiques et d'une qualité souvent passable.

"J'ai tendance à inventer du temps."

Et à dormir peu. Bien trop peu. C'est le pouvoir du café. Que les jeunes ne copient pas le mauvais exemple qu'il est.

"J'ai également l'avantage de ne pas donner de véritable cours, ce sont de simples sessions sur un sujet précis."

Il n'avait pas besoin d'assurer une continuité, contrairement à un roman.

"Connaissant mon éditeur, il serait totalement capable de s'arranger avec l'un de mes cours et le faire passer pour un livre plus à valeur documentaire."

Après tout, il prend du temps pour écrire des cours qui sont intéressants (du moins, il l'espérait à chaque fois).

"Quand à la pression, après quelques années, on fait avec. Je préfère livrer une chose finie et complète que de me mettre la pression avec des délais impossibles à tenir."

Tous les délais sont impossibles à tenir, c'est bien connu. Pardon, le fait qu'il a également un autre métier à côté ? Et bien, il trouvait du temps dans les moments plus calme. Et l'écriture était toujours dans son esprit, même sur le terrain.

Senea rit dans sa citronnade, amusée de le voir renchérir. Hochant la tête à ses réponses, elle continua à siroter sa boisson fraîche, le regard fixé sur lui, souriant quand il le fallait. Puis:

“En tous cas, c’est une très belle métaphore pour dire que vous avez une dette de sommeil inimaginable !” lança-t-elle en souriant. “J’admire votre rapport à la pression, et j’aimerais beaucoup voir le travail de votre éditeur sur un des cours que vous dispensez ! Cela permettrait sans doute à un nouveau public de vous découvrir.” Cela lui permit d’enchaîner: “Mais puisque vous ne faites que des interventions sur des sujets précis, avez-vous tout de même quelques contacts avec vos collègues professeurs à l’Académie ?”

Elle lui sourit de nouveau, ignorant évidemment tout de son troisième métier. Elle avait l’air tout à fait préoccupée de la solitude professionnelle potentielle de ce cher écrivain-professeur -et ce n’était d'ailleurs pas si faux, simplement c’était son rapport à un de ses collègues précisément qui l’intéressait. Évidemment, elle n’admettrait jamais cela franchement, préférant se dire que ce n’était qu’une saine curiosité, une manière de s’assurer qu’il était bel et bien temps de faire un deuil complet de sa vie avant la guerre.

"Je ne vois aucunement ce que vous voulez mentionner. De plus ne dit-on pas que les nuits sont en option pour les étudiants ?"

Qui ne dément, admet. Mais ça n'était pas comme si Jacob se défendait véritablement. Il dormait peu et ceci devait sans aucun doute empirer ses migraines. Il avait choisi, il assumait les conséquences.

Quant à sa remarque sur son éditeur, elle avait été prise sérieusement. Même s'i râlait, il est évident que si la relation avec ledit éditeur n'était pas saine, il aurait déjà plié valise.

"Ça serait une nouvelle ouverture, il est vrai, mais ça n'est pas dans mes priorités pour l'instant."

Pas du tout. Alors qu'il est le premier à dire que sa plume peut parfaitement traiter de tous les sujets.

Qu'on invente une machine à dupliquer le temps, et vite. Pas à le remonter, l'imaginaire collectif est d'accord pour ce dire que c'est la pire idée possible.

"Oui je m'organise avec eux. Il serait sinon bien impoli d'agir dans mon coin."

Bon, son organisation avait des limites. S'il avait décidé de présenter un sujet, il ne faisait, point. Ce qui était embêtant quand un "collègue" avait déjà "réservé" le sujet. Son caractère causait parfois des conflits.

"J'ai la chance d'être bien entouré, même après la guerre."

Un être tel que lui vit et meurt pour son réseau. Et oui, il avait une bonne lecture de la conversation.

"Bien que les choses changent avec l'âge, il faut aller de l'avant."

Parfois il aimerait retrouver une jeunesse insouciante. Mais comme il le pensait précédemment : mauvaise idée.

Senea rit à l’idée de nuits en option. Elle connaissait ça, en effet, et elle détestait vivre ainsi. Pourtant, entre ses études et son travail, il lui arrivait plus souvent qu’à son tour de faire des journées trop longues, où nuit et jour se confondaient. Pas toujours facile de jongler avec tout … Elle sourit lorsqu’il approuva sa remarque sur son éditeur, et se pencha légèrement lorsqu’il mentionna ses collègues, intéressée. Pourtant, elle le laissa finir, et approuva d’un mouvement de tête le fait qu’il faille aller de l’avant, même quand tout changeait. Pour le coup, elle en savait quelque chose.

“A qui le dites-vous !” sourit-elle. “J’ai perdu mon frère et un ami lors de la guerre, et ces pertes ont plongé mon père dans la sénilité. Pas le temps de s'appesantir, donc, on va de l’avant, en effet !” lança-t-elle. “Parmi vos collègues, est-ce qu’un mage de glace vous évoque quelque chose ? Un jeune homme, qui vit sur l’académie, souvent accompagné d’un hibou des neiges.”

Cette fois-ci, les cartes étaient sur la table. Peut-être que quelqu'un qui avait accès aux salles des profs pourrait lui en dire plus.

Oui, autant ne pas parler des pertes de la guerre. Dans le futur, cette liste énorme de noms deviendra des statistiques. Mais pour l'instant, tout était trop récent. Chacun avait sa manière de gérer les choses, mais tout le monde avait perdu des proches, ou au minimum des amis. Même si c'était les risques du métier pour les militaires et autres associés, ça restait… complexe.

"Mes condoléances."

Jacob écrivait. Une dernière aventure pour un dernier adieu. C'est une manière comme une autre. Une bonne ? Joker. Est-ce qu'il y en avait seulement des mauvaises ?

"Il est possible que ceci me dise quelque chose, pourquoi donc ?"

C'est un sujet important, mais il n'eûmes pas y aller à l'aveugle, donc… des précisions allaient être importantes.

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HRP,
En imaginant que Jacob peut bel et bien connaitre cet inconnu, qui est-il ? *meurt*

Senea balaya les condoléances de l’écrivain d’un geste rapide, un peu raide même. Lorsqu'il mentionna la possibilité de connaître Snow, cependant, son regard brilla.

“Eh bien … “ sourit-elle. “Ce professeur est un ami à moi. Il est sur la liste des Disparus, actuellement, et je n’ai en effet eu aucune nouvelle depuis la Bataille Finale. Cependant, je sais qu’il est un peu … fantasque disons, et j’ai du mal à croire à sa mort. C’est sans doute par pure volonté de ne pas voir à traiter un deuil supplémentaire, je vous l’accorde. Mais je me demande toujours, le connaissant, s’il ne serait pas caché quelque part sur le campus, et dans ce cas-là, qui serait mieux placé qu’un professeur pour l’apercevoir ? Enfin, c’est sans doute complètement déraisonnable …“ soupira-t-elle.

A présent que c’était formulé à voix haute elle se rendait compte du ridicule de sa demande comme de son caractère problématique; après tout, si Snow se cachait c’était qu’il n’avait pas envie d’être trouvé. Pourquoi Amakiir dévoilerait-il à une étudiante des détails sur la vie privée d’un collègue ?
Elle eut un sourire d’excuses, en buvant un peu de citronnade. Pour autant, elle n’avait pas retiré sa demande. On ne savait jamais …

[En effet ! je t'envoie tout ça en MP !]

Ça n'était clairement pas les meilleures condoléances du monde. Elle ne voulait pas parler plus longtemps du sujet, et ça n'était pas lui qui allait insister.

Bref, les informations si "qui" était l'objet de la recherche étaient importantes, et bien plus intéressantes.

"Si l'on en croit les informations, le registre cherche à être le plus précis possible, mais ne peut l'être parfaitement."

Pour de multiples raisons, certaines plus macabres que d'autres. Il n'allait certainement pas les mentionner.

"Je ne connais pas de professeurs qui se cachent ainsi, non."

Il ne mentait pas.

"Et sans vouloir, être négatif et pointer l'évidence, mais l'académie n'est pas le meilleur endroit pour être discret."

Bon, il aurait pu être plus subtil.

"Je peux éventuellement demander à quelques amis s'ils ont plus d'informations. Tout ne doit pas être disponible pour les civils à ce sujet."

C'était vrai. Il pouvait faire cet effort. Pour aider une connaissance. Il lui devait bien ça, d'une certaine manière.

Aux réponses de l’homme face à elle, elle hocha la tête, concentrée. Évidemment, il ne connaissait personne qui correspondait à sa description, lui faisant même remarquer le côté légèrement ridicule de sa demande. Elle fronça un peu le nez, d’ailleurs, à cette remarque. Pourtant, lorsqu’il lui proposa de tirer quelques ficelles, elle lui sourit.

“C’est très gentil, mais, en réalité … Laissez tomber. Vous avez raison: le registre est imprécis. Mais en même temps, il est facilement repérable. S’il avait voulu être trouvé, on l’aurait trouvé, j’en suis persuadée. Il doit simplement vouloir disparaître pour l’instant, s’il n’est pas mort. Ma demande n’est pas très rationnelle je le crains !” conclut-elle dans un sourire.

Elle but une nouvelle gorgée de limonade, puis reprit:

“Vous avez vraiment des contacts qui peuvent vous donner ce type d'informations ?”

C’était en effet une proposition un peu surprenante, et tout écrivain célèbre ou professeur renommé qu’il soit, elle n’aurait pas vraiment imaginé que quelqu’un sans fonctions officielles puisse avoir un accès à ce type d’informations assez sensibles.

"La plupart des souhaits ne sont pas rationnels. Leur faire prendre forme est le plus intéressant. Peut-être que votre frère ne veut pas être contacté, en effet."

Pour des raisons étranges, sans aucun doute. Il a certainement une explication logique, même si abracadabrante, a tout ceci. Surement. Certainement.

"J'en ai, en effet."

C'est le moment de raconter des histoires. Plus que d'habitudes.

"J'avais rejoint l'armée pendant plusieurs années, pendant ma jeunesse. J'étais bien plus en forme qu'aujourd'hui."

Pour le coup, ça n'est pas un mensonge.

"Lorsque je l'ai quitté, je suis resté en contact avec des amis. Qui ont grimpé dans la hiérarchie. Ce ne sont pas forcément des généraux, mais ils ont de bonnes carrières."

Encore une fois, la vérité n'est pas si modifiée que ça.

"Ce sont leur récit qui m'a inspiré mes premières histoires. Quand la réalité est remplie d'héroïsme, de tragédie, et d'histoire presque impossible, il est bien moins complexe de donner l'impression d'écrire la vérité."

C'était son secret d'auteur. La réalité est fascinante, des pages d'histoires (et d'Histoire) s'écrivent à tous les coins de rue. Personne ne le fait consciemment, et c'est la beauté de la vie.

"Enfin bon, je m'égare. Si l'information n'est pas trop confidentielle, et que vous n'êtes trop pressé, je pourrai leur demander. Ça ajoutera une faveur à mon ardoise, voilà tout."

Finalement, peu de mensonge. Il avait simplement omis le fait qu'il n'avait pas vraiment besoin de demander à de (réels !) amis. Mais ça n'était pas comme si elle avait besoin de le savoir.

Elle sourit lorsque Jacob lui confirma l’idée que Sow ne voulait pas être contacté, et ses yeux brillèrent lorsqu’il se mélangea les pinceaux entre Snow et Oigean. Un instant, elle les imagina tous les deux, se demandant si cela aurait pu faire bon ménage. Ca aurait été quitte ou double, en réalité. Oigean aurait pu devenir très vite ami avec l’étonnant mage de glace, comme il aurait très certainement su l’agacer prodigieusement. Elle retint un sourire triste à l’idée que de toute façon, actuellement, tous deux étaient censés être morts.
Son regard revint sur Jacob, qui lui expliquait la trajectoire de ses amis dans l’armée. Pourtant, le point le plus intéressant était très certainement que lui-même avait fait partie de l’armée ! Voilà quelque chose qu’elle ignorait. Elle sourit à la mention d’une faveur sur son ardoise.

“Et comment comptez-vous me la faire régler, cette ardoise, professeur Amakiir ?” plaisanta-t-elle. “En tous cas, j’ignorais complètement que vous aviez fait partie de l’armée ! Vous y êtes resté longtemps ? Qu'est ce qui vous a poussé à quitter cette organisation ?”

Elle imaginait sans peine les difficultés à faire partie de l’armée (elle-même n’en avait aucune envie), mais il était intéressant d’en savoir un peu plus sur le point de vue de son interlocuteur. Elle ne doutait pas une seule seconde que cela devait grandement nourrir ses récits ! Cela expliquait sans aucun doute la réalité qui s’en dégageait et la richesse de ceux-ci.

"En vous le faisant payer sur trente ans, comme tout emprunt étudiant qui se respecte."

C'état bien sûr ironique. La réalité n'était pas aussi déprimante que ceci, heureusement. L'apprentissage était bien moins couteux qu'on ne le pensait, surtout ici.

"C'est une partie de ma vie dont je parle rarement."

Oui il mentionnait très rarement son passage dans l'armée. Principalement, car c'était dans une armée "étrangère", en soi. D'un autre côté, ceci n'est plus réellement un problème, surtout qu'il avait "quitté" l'armée bien avant que le conflit s'échauffe réellement.

Et d'un autre côté, il y était toujours activement. C'était donc un semi-mensonge, bien plus simple à gérer et à broder. Quoiqu'avec les années, tout était maintenant réglé comme du papier à musique.

"Une poignée d'année, pendant ma jeunesse. Je ne savais pas vraiment où me diriger, et les militaires ont toujours des propositions."

Les possibilités sont très nombreuses. Tout le monde est utile.

"Ce qui fait que j'ai travaillé dans le renseignement."

À transformer au présent s'il veut être véritablement précis. Il ne veut pas l'être.

"Ironiquement, à force d'écrire des rapports, je me suis trouvé un certain plaisir dans les récits. C'était d'abord sur mon temps libre, mais après quelques essais ratés que ça m'a pris de plus en plus de temps, au point de quitter mon poste."

Et surtout, c'était l'armée qui lui avait permis de mieux se forcer sur ses… particularités. Particularités qui étaient terriblement utiles. Il en était de même pour ses dons sociaux, c'était parfois naturel, mais il les a surtout travaillés.

"Et c'est ainsi que je me suis tourné entièrement vers la littérature. Sans mon passage dans l'armée, je ne serai jamais aussi loin, je dois les remercier."

Et il continuait de les remercier chaque jour.

Senea rit à la plaisanterie d’Amakiir, amusée à l’idée d’un prêt aussi long, surtout pour une simple information. Elle savait, évidemment, que certaines informations pouvaient se monnayer fort cher, mais ce n’était pas exactement le type d’informations qu’elle cherchait … n’est ce pas ?
Lorsqu’il mentionna son passage dans l’armée, précisant qu’il en parlait rarement, elle se permit de s’enfoncer un peu plus dans son fauteuil, s’y adossant vraiment et sirotant tranquillement sa citronnade. Elle était toute ouïe, consciente du privilège qu’il lui faisait d’ainsi se livrer. Obtenir ainsi des détails méconnus sur la vie d'une telle célébrité, ça n’arrivait pas tous les jours.
L’idée que ce soit le fait d’écrire de srapports militaires qui l’ait poussé dans la voie de l'écriture prêtait à sourire, et elle ne s’en priva pas. Elle comprenait mieux, également d’où il tenait son sens du détail et de l’observation. Il avait l’art de rendre ses récits vivants, et elle aurait eu du mal à croire que ce petit passage aux renseignements n’avait pas aidé sur ce point.
Elle jeta un oeil autour d’eux. Il y avait plus de monde, à présent que la journée avait avancé. Le gros des chaleurs ne tarderait pas à passer, et bientôt ce serait l'ambiance parfaite pour boire un verre entre copains. Elle repérait aussi quelques baigneurs, plus nombreux qu’à leur arrivée, qui profiteraient sans doute du bar pour restaurer leurs forces. Elle-même devait bien admettre que l’eau scintillante lui faisait envie, mais elle n’avait pas de maillot, c’était donc peine perdue.

“Nous devons donc tous les remercier !” renchérit-elle en riant. “C’est intéressant en tous cas ! je n’aurais vraiment pas imaginé cela …”

Elle le regarda un instant.

“Avez-vous déjà été approché par des biographes ? Je me rends compte qu’il y a assez peu d’informations, en réalité, sur vous, alors même que vous faites partie de nos célébrités ! Il y a d'ailleurs de plus en plus de monde. On risque de vous reconnaître. Cela vous gêne-t-il ?”

Après tout, il était attablé avec une jeune femme et n’avait peut-être pas envie d’être ainsi vu, lui dont la vie privée pouvait être commentée par tout un chacun (des privilèges de la célébrité). Elle aurait tout à fait compris qu’il veuille partir.

"Raison pour laquelle j'aime bien laisser mes fans imaginer des choses. Certaines théories sont amusantes, mais les pauvres ne peuvent pas être au courant."

C'est une distraction comme une autre. Encore une fois, la vérité est plus incroyable qu'on ne le pense.

"Je pense que je m'occuperai de ma propre biographie un jour. Je ne sais pas à quel point elle sera romancée, mais je peux simplement dire qu'elle sera intéressante."

Jacob avait un bien trop gros égo pour laisser une autre personne s'occuper de ceci. Sa vie, son histoire, sa manière de raconter les choses.

"Je serai reconnu à un moment ou à un autre, et des rumeurs tourneront dans tous les cas. J'adorerai avoir une image impeccable, mais c'est impossible."

Mais il la gardait aussi propre que possible. Ça n'était pas simple, mais il s'en sortait assez bien. Il ne connaissait aucune rumeur véritablement négative à son sujet.

Encore heureux.

"Donc je fais avec. Si ça se trouve ce genre de discussion attiré des lecteurs qui aiment savoir de quoi il en retourne, mais ça n'est clairement pas la meilleure publicité qui existe."

Bad buzz is still buzz, mais il y a des limites à tout.

Cathleen était sur Eaque pour la semaine faisant le tour de ses établissements et négociant le retour de certain.es de ses artistes pour préparer la réouverture du Temple a Cruor. Mais elle s'était accordé une journée la plage avant de retourner ses affaires. Il faisait trop chaud de toute façon pour négocier quoi que ce soit. C'est donc tout naturellement après avoir pris le soleil qu'elle se dirigea vers le bar de la plage. Affublé d'un magnifique maillot de bain une pièce mais au décolleté vertigineux ainsi qu'un échancrement prononcé, mettant en valeur ses jambes infiniment longues. Elle portait également une robe de plage transparente dans les ton rouge. Son chapeau de paille travaillée et teinte en noir sur la tête et de grande lunettes ronde sur les yeux elle avançait se demandant ce qu'elle allait boire. Elle laissa ses chaussure à talon dans le sac après tout elle ne croiserait personne d'important dans ce bouiboui de plage.

Elle s'accouda au bar et lança sa commande avant de regarder autour d'elle. Une tignasse blonde attira son regard. Elle avait déjà vu cette chevelure plusieurs fois et du coup la reconnu sans mal. Senea. Elle s'approcha pour la saluer quand elle entendit un bout de la conversation. Elle en put s'empêcher d'intervenir une fois que l'homme eut finit de parler.

"Il faut un certain égo ou une certaine distance pour écrire une autobiographie et les deux pour la réussir. "

La femme d'affaire posa sa main sur l'épaule de Senea.

"Senea je suis ravie de te croiser ici. "

Elle faillit s'excuser auprès de l'homme de les interrompre mais Cathleen Asmodée ne s'excusez pas pour si peu. Et elle s'installa sur un des fauteuil vide ne demandant pas l'autorisation. Elle imposait sa présence et se fichait bien de savoir si elle gênait ou pas. Elle était élégamment assise les jambes plié les genoux tournés vers l'étudiante à qui elle souriait.

"Tu nous présentes peut être ?"