Epreuve 5 - Miraculous Quest

   

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Raphaëlle petite, soit Raffaella:

Raphaëlle regardait sa montre, son prochain rendez-vous avait déjà quelques minutes de retard, ce qui lui laissait le temps de se refaire une beauté avec le poudrier que lui avait offert sa femme. Un petit coup de gloss et un coup de crayon, donnant ainsi l'illusion qu'elle n'était pas sortie du lit à la va-vite. Alors qu'elle voulait ranger son poudrier, tout changeait autour d'elle ; la rue dans laquelle elle se trouvait se transforma en chambre qui lui était très familière... La chambre de son enfance. La brune eut le souffle coupée lorsqu'elle vit une petite fille assise au milieu de la pièce et jouant avec des pièces mécaniques... Était-ce un rêve ? Pire encore, avait-elle été renversée par un camion ?

- Qui êtes vous ?

Son cœur manquait un battement... La petite Raffaella la voyait ? L'adulte s'approchait timidement de la jeune fille qui ne bougeait pas d'un pouce, elle se contentait de regarder la jeune femme arriver. Une fois à sa hauteur, Raphaëlle prit le petit jouet métallique avec lequel elle avait tellement joué... Monsieur Robot. La jeune femme eut un léger sourire. Ce jouet faisait partie de ces objets qu'elle n'avait pas pris en claquant la porte de son ancienne vie et pourtant, Dieu sait qu'il avait été présent pour elle. Être enfant unique avait ses avantages mais engendrait beaucoup de solitude. Les demoiselles se toisèrent et sans un mot, la petite Raffaella semblait avoir compris qui était la brune qui venait de débarquer dans sa chambre.

- Ouah, je serais belle quand je serais grande !

- Oh... hum... merci... Je continue de faire attention à ma ligne.

- Ouais ! Pour être en forme pour les courses !

Raphaëlle baissait les yeux de honte dans un premier temps... Il est vrai que son rêve d'enfant n'était pas d'être avocate et encore moins Huissière. Sa véritable envie était d'être pilote course, de ressentir cette adrénaline au moment de la vitesse ou des tournants serrés ; Raffaella passait son temps à regarder toutes les courses et bien évidemment, il était question de représenter l'écurie familiale. Et puis en grandissant, son père -très machiste- lui rappelait à quel point ce n'était pas un milieu pour les femmes alors, il lui avait conseillé de faire des études de droit, ainsi elle pourrait représenter la famille d'une autre manière. Bêtement, elle avait suivi tout ce que lui avait dit son père... parce qu'un père sait forcément ce qui est bon pour sa fille.

- S'il te plait Raffaella, n'oublie pas ce rêve qui nous tenait tant à cœur. Dit-elle d'une voix cassée.

La petite lâcha Monsieur Robot et penchait la tête sur le côté, interrogeant ainsi l'adulte du regard. La brune avait la compétition dans le sang et lorsqu'elle était adolescente, elle faisait partie des meilleures compétitrices... Beaucoup lui disaient qu'elle irait très loin et que son nom rentrerait dans l'histoire de la moto et son père serait fière d'elle car les Moretti seraient les plus grands pilotes de l'Histoire ! Non... Raffaella avait une chance de tout recommencer et de changer son destin. La brune devait la mettre en garde contre la perfidie de son père, les coups bas de son premier mari. Il n'était pas question qu'elle se fasse avoir, pas de la sorte.

- Ecoute-moi... Je ne sais pas comment je suis venue ici, si la vie m'offre une seconde chance ou si je suis simplement en train de délirer. Mais... J'ai commis des erreurs dans ma vie et je ne voudrais pas que tu commettes les mêmes. J'ai rencontré un garçon lorsque j'avais... lorsque tu auras.. mmh.. à 16 ans, j'ai rencontré Hyppolyte qui est également un pilote mais ne lui fais pas confiance. Ne lui donne jamais ton cœur ! Parce qu'il te le brisera... Tu sais, peut-être que finalement nous devrions accepter ce mariage avec Mathis de Hautetour.

- Berk. Exprima Raffaella en tirant la langue. Il est trop pédant !

- C'est parce que tu ne le connais pas assez... Prends le temps de lui parler. Au fond, je pense qu'il n'est pas si mauvais.

Au final, la jeune femme n'avait laissé aucune chance à Mathis. Peut-être qu'un mariage avec lui se serait passé différemment... Après tout, il avait sa propre entreprise, il n'aurait pas cherché à racheter la sienne. Et puis, la brune enchaîna sur la deuxième personne qui ne devait pas avoir sa confiance : leur propre père. Elle lui racontait comment il l'avait écartée de la course pour qu'elle se concentre sur le droit, à quel point il avait insisté pour ce mariage avec cet autre pilote et surtout, comment il l'avait éloignée en l'envoyant en Australie. Car une fois dans ce pays, son père et son mari avaient comploté pour reprendre les parts de Raphaëlle : "Une femme ne peut pas être à la tête d'une entreprise aussi importante, il faut un homme avec la tête sur les épaules pour gérer un empire !" lui avait dit son père.

- Et tu es malheureuse de tous ces choix ? Demandait innocemment Raffaella. Que devons-nous dans l'avenir ?

Raphaëlle se pinçait les lèvres et baissait la tête sur le poudrier qu'elle avait gardé en main depuis le début. En regardant son reflet, elle se rendit compte qu'il n'y avait pas de tristesse sur son visage, pas de colère non plus... Elle lâchait un léger soupir, ne sachant pas quoi répondre à elle-même. Est-ce qu'elle était réellement malheureuse ? Eh bien, à une époque oui. Elle avait même sombrée dans l'alcoolisme à cause de tous ces événements. Mais aujourd'hui... aujourd'hui, Raphaëlle avait refait sa vie. Elle était mariée à une femme qui l'aimait de son cœur, elle avait un métier qui lui plaisait, une belle-famille avec qui elle s'entendait bien et surtout, la santé. Au final, serait elle réellement heureuse dans cette autre vie ?

- Non... Non, je ne suis pas malheureuse. Je l'ai été et j'ai réellement beaucoup souffert... mais aujourd'hui, je ne le suis pas. Parce que nous rencontrerons une personne formidable, qui nous aimera pour ce que nous sommes vraiment... parce que nous mèneront une vie qui nous satisfait et nous ferons des rencontres qui nous marquerons. Alors non Raffaella, je ne suis pas malheureuse. Et c'est peut-être pour ça que je suis là en ce moment... C'est pour me rendre compte à quel point mes choix m'ont portés jusqu'à devenir la femme que je suis désormais.

Tout le monde devait subir des épreuves de la vie mais la plupart du temps, on en sortait plus fort et avec des bagages. Qui sait ce qui lui serait arrivée si elle avait repris l'entreprise ? Si elle était restée cette petite fifille à son papa, Raphaëlle ne serait pas sur Paris. L'adulte tendit le poudrier à la jeune fille, la laissant regarder le miroir.

- Ne change rien Raffaella. Ce qui doit arriver arrivera... Et n'oublie pas de regarder ce miroir de temps en temps, ça te permettra de voir si tu es malheureuse... Et si c'est le cas, ça veut dire que tu vas dans la bonne direction. Dit-elle avec un petit sourire amusé et un clin d'œil.

L'adulte affichait un petit sourire désolé... désolée pour ce qui allait lui arriver. Désolée pour toutes les épreuves qu'elle allait devoir subir. Désolée de cette rupture amoureuse qui ne lui fera plus croire en l'amour pendant des années. Et surtout, désolée d'avoir essayé de tout changer. Lorsque Raphaëlle réouvrit les yeux, elle était de nouveau dans la ruelle et son poudrier avait disparu ; est-ce que tout ceci était bien réel ou l'avait-elle imaginé ?

- Maître Despentes, pardonnez-moi pour mon retard, il y avait du monde sur la route !

Relevant la tête, elle adressa un sourire poli à son client.


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