Epreuve 5 - We Are Miraculous
Accident ou coup de génie, magique ou technologique, vous vous retrouvez tout à coup devant vous-même enfant, et avez la possibilité d’échanger avec ce vous du passé. Que lui diriez-vous ? De se méfier de telle ou telle personne ? De persévérer ? De croire en l’avenir ? De ne pas jeter cette bouteille dans la mauvaise poubelle, sinon… “voilà ce qu’il va se passer” ?
C’est sûrement aussi le moment pour lui - ou vous - offrir un cadeau, pour l’aider ou le guider. Charité bien ordonnée commence par soi-même, après tout.
Vous avez une journée pour poster un message de maximum 1500 mots. Vous pouvez utiliser un compteur de mots (trouvable ici). Vous pouvez faire moins de mots.
L’épreuve se termine dimanche 10 décembre à 23h59.
La forme est intégralement libre.
Vous pouvez présenter au début de votre post votre personnage et son univers si vous jugez cela utile. Cela ne compte pas dans les 1500 mots de votre réponse.
Vous pouvez préciser au début de vos posts du vocabulaire spécifique à votre univers. Cela ne compte pas dans les 1500 mots de votre réponse.
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Bon jeu !
- VInvité
Re: Epreuve 5 - We Are Miraculous
Il y a des cris. Un mouvement de foule et des bourrasques. Une créature monstrueuse d’où provient un bruit strident. Cette chose ressemble à ces trucs dans le journal. C’est quoi déjà… ? Des Astralisés ? La créature lève une main puis un immense flash de lumière éclate. Et le silence.
Quand j’ouvre les yeux, je suis dans un jardin. Un jardin aux haies bien taillées et aux bancs de marbres. Un jardin trop propre, trop grand. Décontenancée, j’observe les alentours en clignant des paupières. Je suis… chez mes parents ? Que s’est-il passé ? Est-ce un tour de magie du monstre ? Une illusion ? Ou bien… Je suis morte ?
- T’es qui ?
En tournant la tête, je tombe nez à nez avec une toute petite blondinette aux grands yeux noisette et aux joues rebondies. La surprise me fait reculer d’un bond. Attends, mais… On dirait… Je reconnais ce style de première de la classe ! C’est moi, ça ! Premier réflexe : je fouille dans ma sacoche pour récupérer ma gomme et la balancer dans la tête de la gamine. Paf. En plein dans le front. Et elle se met à pleurer.
Ah.
Bon ben, c’est pas une illusion...
Les bras ballants et les lèvres pincées, je la regarde partir se dissimuler derrière un arbre. Oups…
...
Pour ma défense, je ne m’attendais pas à me retrouver face à la moi du passé. C’est quoi ? Un voyage dans le temps ? Si j’avais envie de rencontrer mon enfant intérieur, je serais allée voir un psy ou un hypnotiseur ! Je soupire. C’est quoi cette blague, sérieux…?
Lentement, je me rapproche de l’arbre où la petite s’est cachée. Dès qu’elle me remarque, elle a un mouvement de recul et j’agite immédiatement les mains, paumes en évidences, pour lui montrer que je ne suis pas armée. Elle m’observe, incertaine, les sourcils et le nez froncés. C’est avec précaution que je m’accroupis à côté d’elle puis fouille dans mon sac. Nouveau mouvement de recul. Je lui fais un léger sourire pour tenter de la calmer et cette fois-ci, je sors une petite sculpture de bois en forme d’écureuil que je dépose dans l’herbe, à ses pieds. Ses yeux jonglent de moi à l’objet avant de dire, l’air boudeur :
- Tu vas pas taper, hein ?
Je secoue la tête. Elle me scrute, méfiante, avant de prendre l’écureuil dans ses minuscules mains. Elle l’observe sous tous les angles. Puis je vois ses traits se détendre un peu alors je m’assois. Je me contente de la regarder faire tourner l’animal de bois entre ses doigts. La première fois que j’ai vu un écureuil, c’est quand Émile a débarqué dans mon jardin. Il en poursuivait un comme s’il s’agissait d’une créature magique. Et il m’a entraîné avec lui.
Émile… Une bouffée de tristesse m’envahit à son simple souvenir. Si seulement il était encore là… Si seulement il n’avait pas été chez lui lors de ce cambriolage… Si seulement… Soudainement, un tintement dans ma tête. Une idée. Je suis dans le passé, c’est ça ? Est-ce que ça veut dire… que je pourrais le changer ? J’ai un élan vers la petite, ouvrant la bouche pour lui parler d’elle. Pour lui parler d’Émile. Pour lui dire de le prévenir de ne surtout pas rentrer chez lui le soir du 12 juin 2020. Mais aucun son ne s’échappe de mes lèvres. Absolument aucun.
La gamine me regarde sans comprendre l’expression d’urgence sur mon visage. Et la seule chose que je parviens à faire, c’est expirer et me rasseoir, baissant la tête. C’est le choc de la perte brutale de mon ami qui m’a rendu muette. Et c’est parce que je suis muette que je ne peux pas prévenir la moi du passée ? Quelle ironie… La vie a un sens de l’humour cruel, parfois.
Et si j’essaye d’écrire ? Je sors mon carnet pour y griffonner quelques phrases. Mon visage se relève sur l’enfant avant que je ne lui tende le calepin. Elle l’observe, essaye de lire en plissant les yeux, penche sa tête sur le côté. Puis elle m’adresse un regard interrogateur. Est-ce qu’elle ne comprend pas ce qu’il y a d’écrit ? Est-ce qu’elle sait lire, au moins ?
Dans un mouvement mécanique, je ramène l’objet à moi pour le ranger dans mon sac. Assez grande pour savoir parler, mais trop petite pour véritablement bien comprendre ce qu’elle lit, hein ? Quel timing… Elle ne doit même pas savoir qui est Émile. À cette époque-là, elle ne l’a pas encore rencontré…
Le petit écureuil en bois entre dans mon champ de vision. Il remue légèrement, me faisant relever les yeux vers la gamine. Elle me regarde avec attention, comme si elle avait décelé la tristesse et la déception de mon cœur. Et pendant un long moment, je reste immobile. Je détaille ses traits. Ses cheveux blonds qu’elle va finir par teindre de beaucoup trop de couleurs. Ses yeux noisette qu’elle couvrira souvent de lentilles violettes, rouges ou bleues en fonction de ses humeurs. Son cou encore immaculé de tout tatouage. Elle va en vivre des choses…
Souvent, on entend que, pour aller de l’avant, il faut laisser le passé derrière soi. Mais je me dis que, peut-être, il ne faut simplement pas le regretter.
Un sourire se pose sur mes lèvres. Je lui montre mes mains. Je fais quelques mouvements avant de faire apparaître une petite balle rouge. Ses yeux s’illuminent soudainement tandis que ses lèvres se fendent d’un large sourire. En réalité, c'est pas sorcier et beaucoup capterait l’astuce. Mais elle est trop petite. Autant en profiter pour mettre un peu de magie dans sa vie, non ?
Je me redresse pour mieux me positionner, un voile de mystère se posant sur mon visage tandis que je reprends mes mouvements. Et hop ! Un foulard me sort de la bouche ! Tadam ! La petite se met à applaudir et j’en profite pour lui faire le coup de la pièce cachée derrière son oreille. Elle écarquille les yeux, interloquée et émerveillée alors que je lui donne le petit objet doré. Elle le regarde vivement, cherchant sûrement à vérifier que c’est bien réel.
- Encore ! Encore !
Je souris, mais hausse les épaules comme pour lui faire signe que j’ai épuisé mon stock.
- Oh…
Une petite moue déçue se pose sur son visage. He oui… Je ne suis pas une vraie magicienne, je n’ai pas énormément de tours dans mes manches. Mais il y a encore une chose que je peux faire. Parce que je sais qu’elle va adorer. Je me connais !
Je me rapproche de la petite pour la mettre sur mes épaules. Mes mains se referment sur ses chevilles pour éviter qu’elle ne tombe. Puis je me lève, provoquant chez elle un petit cri de surprise alors qu’elle s’accroche à ma tête.
Lentement, je commence à marcher. Au début, je la sens très crispée. Puis elle se détend un peu. Elle relâche ma tête. Alors je marche un peu plus vite. Et encore plus vite. Et je me mets à courir. Courir, courir, courir à travers le jardin ! Sur les chemins de galets blancs et entre les haies. Sous l’ombre des arbres. Dans les rayons de soleil. Et la petite fille se met à rire. Elle ferme les yeux pour sentir l’air caresser ses cheveux. Elle ouvre grand les bras comme si elle pouvait s’envoler. Et pendant un instant, j’ai l’impression que moi aussi, je peux m’envoler.
Quand je finis par ralentir, j’ai la sensation que mon cœur est un peu plus léger. Avec précaution, je dépose la gamine sur le sol qui me regarde avec de grands yeux brillants et le sourire jusqu’aux oreilles. C’est en approchant ma main pour la recoiffer que je remarque une sorte de… transparence. Hein… ? J’observe mes paumes. C’est comme si… j’étais en train de disparaître. Est-ce que le pouvoir du monstre s’estompe ? La créature a-t-elle était neutralisée ? Ou bien… Je suis en train de mourir ?
La gamine m’observe sans trop savoir ce qu’il se passe. J’esquisse un petit sourire pour ne pas l’inquiéter avant de m’accroupir devant elle. Je pose ma main sur la sienne pour la faire bien serrer le petit écureuil de bois.
Il y a tellement de choses que j’aurais aimé te dire ou te montrer. Tu vas traverser des choses difficiles. Et apparemment, on ne peut rien y changer. Mais tu vas rencontrer un ami merveilleux. Profite de chaque seconde que tu passeras avec lui.
C’est avec émotion que je referme mes bras sur l’enfant. Et je serre contre moi la petite fille que j'ai été. Parce que je ne peux rien faire de plus. Parce que je n’ai pas plus de temps. Alors je l’enlace. Je l’enlace pour toutes les fois où j’avais besoin d’amour. Pour chaque instant où je me suis sentie seule.
Si les épreuves de la vie sont gravées dans le marbre… L’amour, lui, peut peut-être transcender le temps.