Elysion
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L'Arbre-Monde
L'Arbre-Monde
Elysionien.ne
Messages : 1363
Date d'inscription : 07/11/2010

Votre personnage et ses relations
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Epreuve 5 - Nano Shingeki Empty Epreuve 5 - Nano Shingeki

Ven 8 Déc 2023 - 7:24

   

       
Epreuve 5 - Solo - Fête de la Prodigalité

       

           
C'est quoi les histoires ?

           

Accident ou coup de génie, magique ou technologique, vous vous retrouvez tout à coup devant vous-même enfant, et avez la possibilité d’échanger avec ce vous du passé. Que lui diriez-vous ? De se méfier de telle ou telle personne ? De persévérer ? De croire en l’avenir ? De ne pas jeter cette bouteille dans la mauvaise poubelle, sinon… “voilà ce qu’il va se passer” ?
C’est sûrement aussi le moment pour lui - ou vous - offrir un cadeau, pour l’aider ou le guider. Charité bien ordonnée commence par soi-même, après tout.


           
Consignes et limitations

           

Vous avez une journée pour poster un message de maximum 1500 mots. Vous pouvez utiliser un compteur de mots (trouvable ici). Vous pouvez faire moins de mots.
L’épreuve se termine dimanche 10 décembre à 23h59.
La forme est intégralement libre.


            
Annexes

           

Vous pouvez présenter au début de votre post votre personnage et son univers si vous jugez cela utile. Cela ne compte pas dans les 1500 mots de votre réponse.
Vous pouvez préciser au début de vos posts du vocabulaire spécifique à votre univers. Cela ne compte pas dans les 1500 mots de votre réponse.
Vous n’avez pas besoin d’être inscrit sur Elysion pour poster.Il vous suffit d’utiliser le code de transformation (trouvable ici) pour faire apparaître votre pseudo et votre avatar. Pensez à le tester !
Dans un souci d'accessibilité, nous vous demandons de veiller à coder le moins possible vos messages.

Vous avez la possibilité au début de votre premier post ou à la fin de votre dernier post de préciser:
- que vous ne souhaitez pas de commentaires sur votre texte
- que vous souhaitez des commentaires approfondis sur votre texte
- que vous ne souhaitez pas que votre texte soit lu à haute voix
Si vous ne précisez rien, votre texte pourra recevoir des commentaires simples et être lu à haute voix.

Bon jeu !


       

   

Anonymous
Shadock
Invité

Epreuve 5 - Nano Shingeki Empty Re: Epreuve 5 - Nano Shingeki

Dim 10 Déc 2023 - 18:19
Shadock M. Phantom

TW pour Suicide, Mort et Maltraitance infantile

En savoir plus sur Shadock:


Il était tard le soir, la nuit était tombée dans le jour, bien avancée. Le sommeil ne venant pas, insomnie régulière hantant son lit, Shadock s’était réfugié dans le salon de la grande maison des Ker-Ramsay. Ici, il était comme chez lui, même si ça n’avait jamais été le cas. Cette famille qui n’avait jamais voulu de lui, par son sang jugé impur, par l’adultère de sa mère. Parce qu’il n’était pas leur héritier.
Sa vengeance, il l’avait eue il y avait déjà de cela quelques années. Froide et ténébreuse, délicieuse. Il les tenait par la gorge à présent, avait fait de ce domaine le sien. Ici donc, dans cette grande maison, il était comme chez lui, même si tout son être abhorrait y être. Même si ça ne tenait qu’à lui, elle aurait déjà brûlé depuis longtemps avec tous les Ker-Ramsay à l’intérieur, pendant qu’il siroterait un verre de bon vin rouge en écoutant chanter leur douleur et leur terreur, et leurs corps craquant sous les feux de sa colère.
Sa haine.
Son existence.

Shadock faisait tournoyer lentement dans son verre à pied le liquide vermeil, son regard azuré suivant avec intéressement les vagues douces qu’il provoquait. Son reflet le regarde, né de la lumière tamisée de quelques chandelles encore allumées et tremblantes dans l’air frais et vide du manoir. Il s’observait. Il se jugeait. Il trempa ses lèvres dans le vin, troublant son image.

« Tu ne vas pas dormir ? »

Léger sursaut de ses prunelles irisées. Shadock soupira, on ne sait pas si d’agacement, de lassitude ou d’amusement. Il se tourna vers le petit bout d’homme qui le fixait, de l’autre côté de la pièce. Ses cheveux bruns, sa moue trahissant un énervement constant sur un visage d’enfant, ses yeux du bleu de la profondeur des océans qu’on ne connaissait pas au sein des Murs, son petit corps encore tout frêle, la vieille peluche d’un chien très abîmée qu’il tenait contre lui. Shadock eut un léger sourire attendri.
Il fit signe à l’enfant de venir près de lui, tapotant sa cuisse. Le garçon ne se fit pas prier. Tous deux regardèrent la nuit dehors, à travers une des fenêtres épaisses du salon. Les chandelles frémirent, doucereusement. Son petit lui accroché à son épaule, Shadock le soutenait dans ses bras.

« Pourquoi quand on est adulte, on a l’air si triste ? »

Le Lord retint une respiration, et il croisa les yeux de l’enfant, encore remplis d’une innocence l’ayant quitté il y avait… si longtemps. Il sourit, naturellement, il n’était pas qu’un monstre après tout. Quelque part, sous les écailles, les griffes, il y avait toujours un cœur qui peinait à battre. Celui de l’enfant, battait toujours avec force. Quel âge avait-il ? Il était si jeune…

« Eh bien… » commença-t-il à répondre, avec une douceur dont il avait oublié être capable de faire preuve. « Vois-tu, on devient adulte quand on perd l’étincelle que tu as dans les yeux. »

Shadock posa un doigt sur le nez du petit bout, pressant son visage poupin et forçant un froncement de sourcils de sa part, qui s’accompagna d’un rire amusé du Lord. L’enfant le fixa d’une mine boudeuse, visiblement plein d’incompréhension. Renard le fixait tout autant, détaillant son lui enfant, son lui d’avant. Des sentiments obscurs traversaient son cœur, entre attendrissement, mélancolie prononcée et colère sourde.

« Et toi, tu l’as perdue quand ton étincelle ? »

La question fut prononcée avec détermination, presque provocation. Il avait déjà dans le ton de sa voix et dans son regard jeune un feu terrible qui n’appelait qu’à tout brûler sur son passage. Shadock se demanda où était passé ce feu chez lui, et si finalement il avait brûlé en même temps que le reste, lorsque le sien était devenu incontrôlable.

« Je devais avoir à peu près ton âge, il me semble. » répondit-il avec un certain détachement.

Un vide profond remplit soudainement sa poitrine. Il se sentit très lourd, d’un coup d’un seul. Un poids immense sur ses épaules, une langueur lente et mortelle, terriblement mortelle, qui l’enveloppa jusqu’à ce qu’il se sentit tout étriqué dans son propre corps. Un froid aussi, glacial, l’impression de mourir à nouveau.

« Quel jour serons-nous, demain ? » demanda-t-il à l’enfant.
« Mardi. » répondit le petit de revêche.
« Mardi, quoi et combien ? »
« Mardi 12 novembre. »

Le silence retomba entre eux, alors que Shadock se remémorait de sombres souvenirs. Des images lui revenaient, apportant avec elles leur lot de troubles sur son visage. Son expression s’était fermée, raffermie. Pointait dans ses yeux d’éther une noirceur familière.

« Et en quelle année sommes-nous ? » questionna-t-il finalement, d’une voix douce et glissante.
« 820, monsieur. »
« Aah…~ »

Il cilla d’un soupire, et regarda l’enfant qu’il tenait dans les bras avec une tristesse sans fond. Le plus jeune lui rendait son regard, et il pouvait sentir son malaise. Un malaise grandissant d’un enfant qui ne savait pas encore comment gérer les émotions des autres. Un enfant qui n’apprendrait jamais à le faire de façon correcte. Qui au lieu d’utiliser son intelligence émotionnelle pour le bien, s’en servira pour subvenir ses propres desseins. Un enfant qui verra son monde exploser, le lendemain, le 12 novembre 820.
Shadock replaça tendrement une mèche de cheveux brunes et rebelle, derrière l’oreille du tout petit.

« Demain, tu as ta leçon de piano. »
« Oui ! » s’exclama le garçon dans un grand sourire.

Shadock se souvenait. Il aimait apprendre le piano. Il avait toujours aimé ça, et même aujourd’hui encore, il prenait plaisir à jouer quelques mélodies. Elles n’avaient plus la même saveur, elles n’avaient plus de couleur mais les touches noires et blanches appelaient ses doigts à jouer avec elles.
Le Lord rendit son sourire à l’enfant, et le reposa par terre. Demain, lorsqu’il rentrera de sa leçon de piano, sa vie basculera et rien ne sera plus jamais pareil. C’est l’Enfer à tout jamais, qui l’accueillera. L’Enfer dans les yeux de sa mère morte, l’Enfer dans les yeux du lord Ker-Ramsay, lorsqu’il le condamnera à une vie misérable.

« Et ce soir, ton père n’est pas au manoir. »
« Non, il n’y a que maman, mais elle dort. »


Shadock hocha la tête. Son regard azuréen quitta le visage du petit bout pour s’égarer sur l’extérieur plongé dans le noir comme l’intérieur de son âme. C’était une nuit d’hiver sans pluie, sans neige. Une nuit froide pourtant. Leur silence fut brisé par le soufflement d’une bougie venue au terme de sa vie. Consumée jusqu’à son socle, elle avait fini par noyer son propre feu, englouti dans la cire liquide.
Il sentit une légère pression dans sa main. Des tous petits doigts avaient fait leur chemin dans le creux de sa paume. Ses yeux tombèrent sur l’enfant, et sa tignasse brune. Ses cheveux dont il forçait la blancheur, après avoir vu la mort de près, sans jamais qu’elle ne le prenne, hélas.

Renard s’accroupit pour se mettre à la hauteur du gamin qu’il avait été. Une nouvelle fois, il observa avec gourmandise et envie le visage innocent, et sa terrible moue d’un garçon jamais satisfait. Lui non plus, n’était pas satisfait. Il ne le sera jamais.
Il fit couler un doigt tendre sur la joue ronde.

« Toi aussi, tu vas perdre ton étincelle. » déclara-t-il soudainement, soufflant son poison dans l’esprit du gosse.

La moue se transforma en grimace, les traits étirés dans une rébellion instinctive. Tout en secouant la tête négativement, il s’entendit se faire répondre « Non ! T’es méchant de me dire ça ! » et de voir l’enfant s’enfuir du salon, direction sa chambre. Le chemin lui était familier. Après tout, lui aussi habitait ici.
Shadock se releva, dardant ses précieuses là où il s’était vu disparaître. L’embrasure d’une porte donnant sur l’obscurité d’un couloir, donnant sur un chemin sombre et une partie de lui se refusait à l’emprunter. L’autre, accablée, le poussait à faire ce qu’il avait à faire.
Ce qu’il savait faire de mieux.

Une lame fine glissa de sa manche et trouva d’un geste habitué et précis le soutien de sa main. Ses doigts se refermèrent sur le manche aux gravures délicates. Shadock s’engouffra dans le corridor, sa silhouette longiligne glissant le long d’un mur à l’épaisse tapisserie. Les chandelles frémirent, dans le salon, lorsqu’il en referma la porte derrière lui.

La mort lui paraissait si douce, et il le fut tout autant lorsqu’après avoir serré contre lui le garçon aux cheveux bruns, il fit couler l’acier sur sa gorge à la pomme d’Adam encore inexistante. Main dans la main, il l’accompagna dans son sommeil éternel. Il le coucha avec tant de précaution, le couvrit d’un drap pour ne pas qu’il ait froid.
Shadock ferma les yeux à ses côtés, lui aussi, s'offrant le sommeil pour l’éternité.


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