Epreuve 6 - Miradelphia

Information sur le personnage et l'univers : Solange d'Escault est la régente d'un comté humain, dans un univers médiéval européen fantastique. Sa fille est d'ors et déjà comtesse, bien que sa mère gouverne le domaine pour le moment. Les Dieux sont au nombre de cinq, et ont déjà accomplis des miracles notables : on sait ainsi qu'ils existent réellement. Néera est la protectrice de la famille, des enfants, de la morale, de l'honneur, de la parole donnée et de la liberté. Othar est Dieu de la guerre, des combats, de la colère, voire de la haine, il est aussi celui qui ne renonce jamais et qui passe tête haute à travers les moments les plus difficiles.
Vocabulaire : le "Souffle" est l'équivalent de l'âme.

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Voyez-vous, ma très chère enfant, il s’agit là d’une recette bien simple. Comme nous l’enseigne la Mère, il est nécessaire de se préoccuper à la fois du peuple et de la noblesse. Le résultat de ces deux ingrédients en fait une opportunité festive qui affermira votre pouvoir et vous octroiera bonheur et richesse pour le reste de l’année. Mais comme toute recette simple, son succès ne réside pas tant dans l’absente complexité de ses étapes mais dans la justesse de chaque geste, chaque étape de cette élaboration afin de lui instiller toute la saveur requise.

Ainsi, mes suggestions commenceront par la noblesse, et se déroulent en plusieurs étapes. Nous pouvons comparer ce moment particulier à l’élaboration de la pâte sucrée et grasse qui constituera l’intérieur d’une tarte au fruits : il faut mêler plusieurs éléments qui, une fois parfaitement homogènes dans leur assimilation, donneront le résultat escompté. Quant au peuple, nous pouvons aisément le comparer à la croûte qui, bien que fort simple à préparer, doit être dorée et croustillante pour que le plat soit délicieux à déguster.
Par suite, tout comme il en est de la besogneuse populace auprès de laquelle vous aurez commandé, par la grâce de Néera, les épices savoureuses, n'omettez point, en cet instant, de vous préoccuper des différents ordres religieux, et associez-les étroitement à votre propre image aux yeux de tous. Ils sont les condiments de votre plat, et donneront la petite touche indispensable qui en feront le plus merveilleux, et le plus réconfortant des entremets.

Comment contenter la noblesse en cette occasion festive

Première étape : Recevez-les fastueusement en votre château
La première qualité d’un cuisinier qui se respecte se trouve dans l’organisation et la prévision. Ainsi, votre tâche sera d’organiser des activités festives qui donneront à chacun l’impression de briller. Mais point trop n’en faut : instiller les concours, tournois et spectacles avec modération que chaque saveur ressorte avec force et netteté.

Deuxième étape : Étalez votre richesse au cours d’un banquet somptueux
Comme vous le savez, il est nécessaire de montrer sa puissance par l’apparat dont vous ferez preuve. Les décorations de cette tourte de fête ne sauraient se passer de plumes, de poudre d’or ou de délicates œuvres de sucre cuit, afin d’impression vos invités et de préparer soigneusement la mise en bouche. Pour un banquet réussi, je vous suggère ainsi de prévoir une aiguière d’eau parfumée pour deux invités, deux robes différentes, et pas moins de cinq troubadours, bardes et acrobates afin de rassasier les cœurs et les esprits. Prévoyez également de placer chaque invité selon son rang et les amitiés ou inimités qu’ils auraient tissés.

Troisième étape : Profitez de l’occasion pour honorer vos vassaux
Comme pour la découpe de pommes savoureuses et fraiches, prêtez grande attention à comprendre comment satisfaire vos invités, qui se trouvent nécessairement ambitieux, or donc vous auriez tort de négliger de vous en occuper soigneusement. Ainsi pelez avec délicatesse informations et rumeur", car ils vont indiqueront de qui élever une fille comme dame de compagnie, ou à qui offrir une position au sein de votre comté. Vous placerez ainsi les pommes artistiquement, mais aussi avec méticulosité, afin d’offrir à chacun l’impression d’un repas réussi, ou que l’on ne peut refuser d’avaler, le mieux étant de donner à tous l'occasion, ou l'illusion, de participer à l’élaboration de cette œuvre culinaire unique.

Comment contenter le peuple

Première étape : Prévoyez-leur du temps pour s’amuser et suspendre leur labeur
Avant de battre la pâte, il faut en réunir les ingrédients. Accordez donc une journée chômée à toute la ville, afin que chacun puisse s’ébaudir et participer aux manifestations de bienveillance comtale, profiter des produits des marchands présents et contempler les nobles seigneurs et dames qui déambuleront en ville. Bien loin d’être une journée de perdue, l’économie et la sécurité du comté tout entier profiteront de cette réunion festive, ce qui créera une alchimie particulière, et ne manquera pas de rehausser la saveur du plat.

Deuxième étape : Offrez-leur du divertissement qu’ils soient en mesure d’apprécier
Après avoir réuni les ingrédients, il s’agit de les mélanger avec l’instrument approprié. Ainsi, bourgeois et gens du commun trouveront du divertissement dans les fêtes de rues, ménestrels, bateleurs, jongleurs autres conteurs itinérants. La subtilité n’est ici pas nécessaire, car le bon goût d’une croûte tient à sa franchise et à la bonne accrétion des éléments. Les odéliannais et les étrangers se trouveront unis dans la joie et la simplicité de la fête.

Troisième étape : Veillez à ce que la nourriture soit abondante mais surtout les sirupeuses liqueurs qui réchauffent les corps fatigués
Pour compléter cette étape, laissez reposer la croûte, tout en l’imprégnant généreusement de saveurs douces et sucrées. Veillez à ce que la populace reçoive des tonneaux de vin et de bière généreusement offerts en votre nom, et à ce qu’elle ait également sa part de la chasse de la noblesse, afin que même les mendiants puissent manger un peu de viande en cette occasion festive. Ce n’est qu’à cette condition que votre fond de tarte fera ressortir avec générosité même les saveurs les plus simples.

Comment contenter les Ordres Religieux

Faites preuve de piété et de générosité
Votre tarte est désormais presque prête, mais il manque en réalité l’essentiel. Comment se réjouir sans penser aux Dieux et sans les honorer ? Pour ce faire, saupoudrez vos festivités d’une touche marquée de piété, ainsi, son goût s’en trouvera sublimée : sans nul doute, un don à un temple, ou à une cause importante de votre comté sera apprécié de Néera, mais également du clergé autant que leurs ouailles.  


En conclusion…

Dans cette recette, n’oubliez pas, ma doulce enfant, vos marmitons. Je vous parle ici, comme vous l’aurez compris tout d’abord, de vos conseillers, mais également des serviteurs du château, qui sont en quelque sorte les filles de vos cuisines seigneuriales. Ils savent où se trouve chaque élément dans les placards et seront capables de les ordonner sur votre table. Les sauciers seront vos échevins de ville, et les mestres des guildes de votre bonne ville d’Odélian, car ils sont tout à la fois indépendants et indispensables à l’assemblage de votre pâte dont ils font le sel indispensable : ils lient à la fois le peuple et la noblesse de par leur position. Comme vos serviteurs les plus proches, songez à leur manifester votre approbation en public et à leur offrir des preuves de votre affection. Ainsi, ils vous garderont de tout poison ou de toute félonie qui pourrait se trouver mélangés à votre gâteau si beau en apparence.
En outre, n’oubliez vos dames de compagnie, car elles sont le feu sous le chaudron, le Souffle indispensable qui se fera le prolongement de chacun de vos gestes et chacune de vos paroles. Elles démultiplieront ainsi la force de votre bras pour faire prendre la pâte ; mais également l’habileté de vos doigts pour la pétrir d’abondance et lui octroyer le moelleux et la finesse en chaque doux soupir de ce délice de bouche.

Comme dernier conseil de ce met fort gourmand, votre Grandeur, la Grâce d’Othar vous a octroyé le pouvoir de commander aux sergents de ville. Ils ont également un rôle important à jouer : ainsi, ils seront les souffleurs de vos cuisines, en s’assurant que votre feu ne soit jamais ni trop fort, ni trop faible, en veillant à ce que la liesse de la populace garde une ardeur appropriée.

Sachez enfin que vous ne serez pas en mesure de tout contrôler. Comme dans chaque préparation, il existe un ou des éléments de surprise qui changeront votre plat, et qui en ferons varier la saveur.
Ainsi, n’hésitez pas à ajuster cette humble recette selon vos expériences, car vous êtes désormais la Maitresse de cette cuisine bourdonnante. C’est une lourde responsabilité que je vous confie avec joie, car je sais que vous remplirez votre devoir avec célérité, humilité, loyauté et dévotion : des qualités nécessaires à une dégustation le Souffle Léger.