[Terminé] Un tour de Manège [libre]

Odéline ferma les yeux un instant, pour mieux savourer les notes joyeuses qui s’égrenaient dans l’air alentours, émaillées de rires d’enfants. Elle les rouvrit pour contempler le très beau carrousel devant elle. Les chevaux de bois, peints en blanc aux selles flamboyantes semblaient prêts à se décrocher.

*Dans Mary Poppins les chevaux de bois se décrochent. Avec ils participent à une chasse à courre et à un derby.
- Mary Poppins ? Chasse à courre ? Derby ?
- Mary Poppins est le 23e long-métrage d'animation (ou considéré comme tel) des studios Disney. Sorti en 1964 et mêlant prises de vues réelles et animation, ce film musical est adapté du roman éponyme de Pamela Lyndon Travers publié en 1934. Réalisé par Robert Stevenson, Julie Andrews et Dick van Dyke en tiennent les rôles principaux. La chasse à courre est un mode de chasse ancestral qui consiste à poursuivre un animal sauvage (traditionnellement cerf, sanglier, renard ou lièvre) avec une meute de chiens, jusqu'à sa prise éventuelle. Le derby est une course de chevaux.*

Odéline soupira légèrement et son regard revint sur les enfants blonds qui riaient à en perdre la voix et elle les regarda longtemps, heureuse de les vor heureux. Elle aurait bien voulu faire un tour elle aussi, mais elle n’avait rien pour payer. Elle n’était jamais montée à cheval.

Kyril se baladait dans les rues d'Elysée. Sa tournée des ports des différentes planètes n'avait pour l'heure rien donné.
Mais il était patient : le navire qu'il cherchait était aisément reconnaissable.
Après son tour au port de la capitale, le kitsune s'était décidé à profiter de l'occasion pour visiter la ville.

Les habitants l'observaient avec curiosité, voire émerveillement.
Bien loin de l'animosité de Rhadamanthe et Minos, les gens ici semblaient plus tranquilles. A plusieurs reprises, ses oreilles captèrent des discussions sur la Reine. Une monarque appréciée d'après ce qu'il entendait.
Souriant et ses queues ondulant selon un rythme un peu plus rapide, Kyril se mit à parler à voix basse :

- I wish you were here with me... like the good old times...
Yes, I know. I wanted to do this mission alone, after all. Yet, I miss you.
Thank you. Love you too.

Kyril s'arrêta en arrivant en vue d'un carrousel. Il émit une exclamation surprise, émerveillée. Il s'assit, observant les enfants qui s'amusaient dessus.
Le kitsune tourna la tête sur le côté et remarqua une jeune fille aux cheveux tellement blonds qu'ils semblaient blancs, observant le manège comme il venait de le faire. Il y avait aussi un peu d'envie - lui semblait-il - dans ces grands yeux bleus.

- Tu ne veux pas faire un tour dans ce manège ?

C’est alors qu’une voix s’éleva près d’elle. Elle se tourna et regarda autour. Personne. Voilà qui était bien étrange. La voix sortait-elle de nulle part ? Avait-elle rencontré un nouveau Béhékine ? Pourtant, ce n’était pas du tout le même type de voix et … Elle regarda ses pieds. Non. Elle regarda à ses pieds. Et elle vit un gros renard roux, à l’exception de certaines parties de son corps, blanches, avec de grandes oreilles et de mignons yeux marrons. Jusque là, tout était normal. Ce qui, par contre lui semblait moins classique était l’attention avec laquelle il l’observait, et surtout, surtout, ses trois queues touffues. Elle devina que c’était lui qui venait de lui proposer un tour de manège.

*Ce n’est pas possible. Il est trop gros pour être un renard. Les renards à plusieurs queues sont des mythes. Un renard ne peut pas parler.*

Certes, ce n’était pas possible. Comme Béhékine. Odéline sourit à l’animal.

- Je ne sais pas. C’est bien ?

- Je ne sais pas non plus. Mais tu regardes ce manège comme si tu mourais d'envie d'en faire un tour.
Du coup, j'ai du mal à comprendre pourquoi tu restes seulement à le regarder.

Kyril se détourna un instant pour se gratter le côté de la tête avec une patte arrière.
C'était bizarre, mais il avait eu une impression de déjà-vu lorsque cette jeune fille avait tourné la tête pour poser ces yeux bleus sur lui.
Il secoua la tête, avant de reprendre :

- Navré si je me mêle de ce qui ne me regarde pas...

posait les bonnes questions. En effet, pourquoi le regardait-elle seulement ? Pourquoi n’osait-elle pas y monter ? Puis il s’excusa de se mêler de choses qui ne le concernaient pas, ce qui fit rire la jeune fille. Ce petit animal avait l’air si intelligent et expressif ! Ceci dit, elle ne s’en étonnait pas vraiment. Depuis qu’elle était arrivée ici, elle avait vu beaucoup de choses étranges, que la voix en elle décrétait comme étant impossibles. Alors après tout, un renard à trois queues raisonnant et s’exprimant comme un bipède humain … Pourquoi pas ? Elle lui sourit.

- En fait … Je ne sais pas non plus. C’est plutôt joli comme chose, je trouve.

Elle regarda le manège encore un peu avec les yeux d’une enfant.

- Dis, tu viens avec moi ?

Cette fois, elle regarda le renard, et ses yeux brillaient d’envie. Elle ne voulait pas y aller seule.

Le regard surpris de Kyril passa du manège aux yeux suppliants de la jeune fille.

- Moi ? Monter sur un cheval ? Même s'il est en bois, je risque plus de finir par terre qu'autre chose ! Et puis, je ne... crois pas que... hmm...

Sous ce regard suppliant et bleu, le kitsune se tut quelques secondes avant de soupirer et de marmonner :

- How could I say no to those puppy eyes ?

Kyril prit un instant pour s'étirer puis fit quelques pas en direction du manège.

- On ne vit qu'une fois après tout, et je ne tomberai pas de haut. En avant pour la chevauchée sauvage !

Il devait s'avouer qu'il était un peu amusé par le comportement enfantin et innocent de cette fille aux cheveux blancs. Un peu curieux aussi.

Le petit renard commença par protester, sous prétexte qu’il risquait de tomber, puis il regarda Odéline encore et marmonna quelque chose qu’Odéline ne comprit pas.

*Il ne parle pas ta langue. C’est de l’anglais, quelque chose que l’ion parlait un peu partout dans le monde avant l’explosion.*

Odéline approuva silencieusement. Toujours était-il qu’elle ne comprenait pas ce qu’il lui disait. Elle allait lui demandait comment il connaissait cette drôle de langue, lui, mais, avant, elle le laissa s’étirer. Et après c’est lui qui parla, pour accepter sa proposition, ce qui fit briller les yeux de la jeune fille. Un immense sourire étira ses lèvres. Ainsi accompagnée, elle voulait bien y aller.

- Merci beaucoup ! Allons-y, alors !

Le tour précédent se finissait, et la jeune fille se dirigea avec détermination vers l’un des chevaux de bois. On était sur Minos, on n’avait pas à payer.

- Celui -là, il est joli, non ?

Elle demandait cela au renard près d’elle, en désignant un cheval blanc doté d’une selle bleu pastel et de crins assortis où se mêlaient d’autres nuances bleutées, du blanc et de l’argenté.

Kyril regardait l'homme qui s'occupait du manège et qui pour le moment tournait entre les chevaux pour aider les enfants à s'y installer avec un sourire calme et des gestes assurés. Quelque chose dans les manières de l'homme rappelaient au kitsune les moines paisibles des montagnes.
Il n'avait remarqué ni senti aucune machinerie pour le fonctionnement du carrousel...
Étais-ce une forme de magie qui faisait tourner les chevaux ?

La question de la jeune fille le ramena au présent. Il regarda le cheval de bois qu'elle lui désignait.

- Moui... je suppose qu'il est beau. Tu sais, je ne suis pas un expert en carrousel. Si c'est celui-là qui te semble convenir, c'est que ce doit être le bon.
Tu auras besoin d'aide pour monter en selle ?

Ils pouvaient attendre l'arrivée du gérant du manège si elle n'arrivait pas à monter seule... ou alors Kyril pourrait sûrement l'aider lui-même. Il avait soulevé bien plus lourd avec sa télékinésie qu'une jeune fille fluette.

Le renard lui demanda si elle allait avoir besoin d’aide pour monter en selle. Elle le regarda en souriant, regarda ensuite le cheval en bois, les étriers et lui sourit.

- Je ne pense pas non … Et toi ? Tu prends lequel d’ailleurs ?

Son sourire restait candide. En fait elle se disait qu’il en aurait très certainement besoin, car …

*Comment un renard pourrait-il monter tout seul sur un cheval de bois ?*

Du coin de l’œil, elle vit l’absence d’engrenage au dessus des chevaux. Voilà qui était bien étrange … Ses sourcils se froncèrent à peine, et ceci ne se voyait que par un pli apparu sur son front du fait de la contraction des muscles à cet endroit là.

Spoiler:

Si elle pensait y arriver seule, ce serait plus simple.
Kyril regarda à gauche, regarda à droite...

- Celui-là semblerait convenir, dit-il en désignant le cheval voisin de celui choisi par la jeune fille. Alors en selle donc !

Le kitsune se rapprocha du cheval en question, se campa sur ses pattes les yeux levés vers son objectif, bondit tel un ressort jusqu'à la hauteur voulue, atterrissant pile sur le dos du cheval de bois.
Presque instantanément, ses pattes glissèrent sur le matériau peint et lustré. Il moulina des pattes arrières pour se maintenir en place, glissa plus encore, et retomba les quatre fers en l'air avec un bruit sourd au sol.

- Non ! Tout va bien ! C'était juste pour m'échauffer !

Kyril se releva, se secoua et sourit à la jeune fille.
Avec ses yeux rieurs, on pouvait presque croire que le kitsune roublard avait chuté exprès pour amuser sa comparse.
Presque.

Le petit renard à plusieurs queues choisit un cheval, et bondit avec une vivacité étonnante, atterrissant pile sur le cheval de bois … avant de tomber immédiatement sous les yeux étonnés d’Odéline. Le bruit fut sourd, et la jeune fille eut peur qu’il se soit fait mal, et était prête à l’aider à se remettre sur ses pattes lorsqu’il se releva de lui-même. Il semblait bizarrement bien s’amuser, et Odéline se dit que peut-être l’avait-il fait exprès, histoire de la faire rire. D’ailleurs un sourire ourlait ses lèvres fines et délicates.

- C’est sûr ?

Elle le regardait de ses grands yeux clairs, et mit une mèche derrière son épaule. C’est à l’instant précis où la pointe de ses cheveux frôlait son épaule avant d’aller s’échouer dans son dois qu’elle eut une illumination.

- On pourrait monter à deux sur le même cheval aussi !

- Hmm... Je suis un peu gros pour qu'on puisse monter à deux, surtout que je ne peux pas me tenir comme toi. Et puis ce ne serait pas pratique pour discuter. Allez, deuxième essai !

Le kitsune se campa de nouveau sur ses pattes, ses queues entamant comme une danse lente derrière lui...
Il bondit, plus lentement que la première fois.
Atterrit plus lentement encore.

Cette fois, il ne dérapa pas.
Il prit le temps de s'installer confortablement assis sur l'arrière de la monture de bois, avant de sourire à la jeune fille.

- Victoire ! Héhé... à toi maintenant !

Ses queues continuaient à danser derrière lui.

Le petit renard réfuta sa proposition de monter à deux, et, après s’être détendu comme un ressort, il parvint à sauter, avant d’atterrir, lentement, lentement sur le dos du cheval de bois. Le visage d’Odéline s’éclaira d’un coup et ses yeux brillèrent. Elle l’applaudit légèrement, et rit un peu.

- Félicitations, c’était joli !

Elle prit le cheval le plus proche, mit un pied dans l’étrier et lança son autre jambe par-dessus en poussant sur sa jambe d’appui, comme s’il avait fait ça toute sa vie. Elle atterrit souplement et sourit au kitsune.

- Hmm... tu as déjà fait du cheval ? Tu te tiens comme une cavalière émérite. Enfin, d'après ceux que j'ai déjà vus sur des chevaux.

Kyril penchait la tête sur le côté, ses oreilles tournées vers la jeune fille alors qu'il l'observait sous un œil neuf.
A ce moment, l'homme qui s'occupait du carrousel arriva à leur niveau. En souriant, il vérifia rapidement que la jeune fille aux cheveux blancs était bien installée, parvint visiblement à cacher sa surprise à la vue d'un renard à trois queues assis sur un cheval de bois, puis se dirigea vers la petite cabine fermée à côté du manège dans lequel il se mettait avant que le manège démarre.

- Comment le carrousel fonctionne d'après toi ? J'ai oublié de lui demander, et je ne voix aucune machine...

Le renard lui demanda si elle avait déjà fait du cheval. Elle le regarda d’un drôle d’air, alors que lui l’observait comme si c’était la première fois qu’il la voyait. Cela faisait déjà presque dix minutes qu’ils étaient ensemble, enfin ! Puis on vint vérifier qu’ils étaient correctement attachés, et Kyril posa une question à la jeune fille. Oui, en effet, pourquoi n’y avait-il pas de machine ? Il avait raison !

*C’est car ce manège est l’œuvre d’un dessinateur très puissant. Ce n’est pas un illusion comme les autres dessins, c’est une création permanente, que le créateur fait marcher à la force de son imagination. Ainsi pas besoin de mécanisme : seule une imagination bien conçue suffit à faire tourner le manège et c’est plus esthétique. *

- C’est car ce manège est l’œuvre d’un dessinateur très puissant. Ce n’est pas un illusion comme les autres dessins, c’est une création permanente, que le créateur fait marcher à la force de son imagination. Ainsi pas besoin de mécanisme : seule une imagination bien conçue suffit à faire tourner le manège et c’est plus esthétique. Mais je ne suis jamais montée sur un cheval par contre …

Elle sourit au renard à plusieurs queues.

Un éclat mystérieux passa dans les yeux du kitsune, puis il sourit :

- Plus esthétique, ça se discute. Une machinerie bien faite peut être belle à regarder. Mais c'est une bonne explication, et il y a une certaine poésie à faire fonctionner un manège avec ce fameux Art du Dessin.
Tiens, ça ne devrait plus tarder à démarrer...

Kyril sentait les poils de son dos se dresser d'eux-mêmes. Comme les vieilles personnes dont les rhumatismes permettaient de prévoir les orages, il avait remarqué que cette sensation le prenait lorsque de la magie se déroulait autour de lui.
Dans un chuintement presque inaudible, le manège se mit en mouvement. L'accélération fut très lente, et s'arrêta bien vite à une allure paisible qui convenait à une attraction pour enfants de ce type.
Les chevaux de bois montaient et descendaient régulièrement sur leurs fixations, simulant le galop.

Ses queues dansant toujours derrière lui, Kyril demanda à sa voisine :

- Au fait, comment tu t'appelles ? Moi, c'est Kyril.

Le renardeau la regarda étrangement, avant de lui dire que le point de vue esthétique se discutait. Elle fit un signe d’ignorance de la main : c’était la Voix qui avait dit ça par sa bouche, par vraiment elle, elle ne savait pas vraiment à quoi ça rimait, elle. Puis, comme il l’avait prédit, le manège démarra. Odéline s’accrocha à la barre avec un rire clair, un peu surpris. C’était rigolo comme attraction ! Ca lui plaisait ! Puis il se présenta.

- Ah oui ! Moi c’est Odéline. C’est sympa comme nom, Kyril !

Elle lui sourit.

- Dis, comment savais-tu que ça allait démarrer ? Tu es devin ?

Le kitsune écouta avec plaisir le rire de la jeune fille.

- Merci. C'est très joli aussi, Odéline. Ravi de te rencontrer.
Et non, je ne suis pas devin - je n'ai pas assez de poils pour ça - je suis juste assez sensible à la magie, depuis le temps. La fourrure de mon dos se dresse toute seule quand quelqu'un fait de la magie proche de moi, et comme le responsable du manège était entré depuis un moment dans sa cabine...

Kyril espérait que sa magie à lui ne perturberait pas celle qui faisait fonctionner le manège.
Ça aurait été con.
Et il ne tenait sur le cheval de bois que grâce au "tapis" télékinétique qu'il s'était mis sous les pattes.

- Il n'y avait pas de manège là où tu as grandi ?

Elle lui sourit. Alors comme ça, ses poils détectaient la magie ? C’était génial ça ! Cette découverte plaisait à Odéline, qui regarda Kyril avec attention, tentant de détecter les poils dressés par l’emploi du dessin. Elle n’y arriva malheureusement que très peu.
Puis, Kyril lui demanda si, là où elle avait grandi, il y avait un manège. Odéline baissa les yeux un instant. Elle tenta de cherche dans sa mémoire, mais ne trouva que du vide. Il n’y avait rien, rien de rien. Elle redressa la tête avec un grand sourire.

- Je ne sais, je ne me souviens de rien. Je suis tombée du ciel il y a quelques semaines. Peut-être que je n’ai pas grandi …

Elle haussa les épaules avec un sourire.

- En tout cas je n’en avais jamais vu ! Et toi ?

Kyril surprit le regard d'Odéline le long de sa fourrure.

- Ce sont seulement quelques poils qui semblent réagir. Je ne pense pas que ce soit visible à l'oeil.

Il regarda ensuite devant lui, un peu dans le vide. Elle était amnésique ? Il connaissait bien cet état.

- C'est troublant de ne pas avoir de souvenirs auxquels te raccrocher. Je te souhaite de retrouver la mémoire, mais même si elle ne te revient pas, chaque chose que tu fais maintenant t'offre de nouveaux souvenirs. Au bout d'un moment, l'amnésie devient secondaire.

Bizarrement, il ne fit aucun commentaire sur le fait qu'Odéline soit tombée du ciel.
Il reposa ses yeux marrons sur elle, et sourit :

- Et oui. J'en avais déjà vus avant, même si c'est la première fois que je monte sur un carrousel. J'ai déjà été dans des rassemblements de manges, de jeux et de fêtes ; des fêtes foraines, qu'on appelle ça. Je ne sais pas si ça se fait dans le coin. J'espère que oui, car ce sont des endroits qui vous font oublier tous les soucis le temps d'une soirée.

Odéline fut rassurée de la réponse du renardeau. Ce n’était pas sa vue qui était défaillante. C’était juste que ça ne se voyait pas, point. Elle lui sourit. Puis, il enchaina sur l’amnésie. Son sourire s’effaça légèrement, pour revenir. Et il enchaîna sur les manèges, les fêtes foraines. Odéline le regarda avec de grands yeux espantés. Un rassemblement de manèges ? C’était … génial !

- Oh, ne me rappeler de rien ne m’embête pas vraiment. Je sais plein de choses, on me les souffle. Mes souvenirs n’auraient peut-être même pas été utiles ! Quant aux manèges … si ça se fait, je n’en ai jamais vus ! Il faudrait que je demande à Siffroy … Cela doit être absolument impressionnant, non ? J’aimerais tant en voir un jour …

Son sourire c’était fait rêveur.

[Des yeux espantés ! Fichtre ! Voilà un mot que je n’ouïs point récemment !]

Aussitôt après les paroles d'Odéline, Kyril fit le lien avec quelque chose qui lui avait paru étrange quelques instants auparavant.

- On te les souffle ? Hmm... je comprends mieux maintenant ton changement de rythme de paroles au moment où tu m'as parlé du fonctionnement du manège ; c'était comme si tu avais un texte sous les yeux et que tu le lisais d'une traite. C'est très impressionnant, comme don !

Il sourit, puis se mit à rire doucement :

- Une mémoire amnésique qui sait plein de choses ! Le paradoxe est amusant non ?
Tu as plus de chance que moi, l'amnésie ne m'a pas offert grand chose. A part mon intelligence et mon charme fou, peut-être.

Kyril leva une patte avant, puis l'autre, pour diminuer un instant la taille de son "tapis" de sécurité. Cela faisait déjà plusieurs minutes qu'il utilisait ses pouvoirs en continu. Il avait déjà fait pire, mais discuter en même temps rajoutait à la difficulté.
Bon, le manège s'arrêterait sûrement avant qu'il soit obligé de couper le courant... et de tomber du cheval !

- Oui, les fêtes foraines sont des endroits... magiques. Il vaut mieux y aller accompagné d'ailleurs, car on a tendance à oublier le temps qui passe une fois dedans. C'est comme un cercle de fées, sans le côté dangereux.
Je suis toujours à voyager à gauche et à droite pour ma mission. Si tu veux, je t'enverrai une lettre pour te prévenir au cas où j'en découvre une.

[C’est de la langue de chez moi parigot va ! ]

Elle rougit légèrement lorsqu’il complimenta son don, avant de rire lorsqu’il évoqua les siens.

- C’est vraiment tes seuls atouts ? Ca m’étonnerait !

Il leva alors les deux pattes avant, ce qui lui donnait une attitude assez bizarre du coup. La jeune fille regarda faire avec curiosité. Dans le même temps il parlait des fêtes foraines, mais elle n’entendit réellement que ses deux dernières phrases : avant, elle était bien trop concentrée sur ses pattes avant inexplicablement –même par la Voix- relevées.

-Dis, qu’est ce que tu fais avec tes pattes ? Qu’est ce que c’est ta mission ?

[Et bah le dictionnaire l'a pas reconnu !
Du coup, je sais toujours pas ce que ça veut dire espantés...]

Le sourire du kitsune se fit plus malicieux, plus roublard.
Il reposa ses pattes sur le cheval, puis fit claquer sa langue.

- Je m'étirais, tout simplement ; ça fait un moment que je n'ai pas arrêté de courir, alors il faut que je fasse attention aux crampes.
Ça fait mal, les crampes...
Ma mission... je dois retrouver un navire.

D'après les derniers racontars de marin qu'il avait saoulés pour faire parler, le Marikshar aurait été aperçu en mer le long des côtes minosiennes. Il comptait retourner au port de la ville poursuivre cette piste...
Penser au Marikshar lui rappela plein de souvenirs, et Kyril ne tarda pas à afficher une expression un peu rêveuse, les yeux dans le vague. Après tout, le mouvement des chevaux était très semblable à celui de la houle sur le pont d'un navire, et cette sensation le faisait plonger plus encore dans ses pensées.

Détendu comme il était, il ne remarqua pas immédiatement que son tapis télékinétique se désagrégeait, et qu'il commençait sérieusement à glisser sur le côté...

[Espantés ça veut dire étonnés, ébahis. C’est du gascon \o/ C’est trop bien le gascon \o/]

Il y eut une lueur nouvelle dans le sourire de Kyril, comme s’il s’amusait beaucoup tout en s’apprêtant à faire un coup, une plaisanterie peut-être douteuse. Ses mouvements étaient dus à a peur des crampes. Une fois, l’un d’elles avait réveillé Dodeline en pleine nuit, et elle s’était pliée de douleur dans son lit e gémissant, tenant son muscle durci, sans savoir que faire, tout sa réflexion annihilée par cette douleur intense et folle qui l’avait tirée du sommeil profond dans lequel elle était plongée. Le lendemain Sifroy lui avait expliqué que c’était une crampe, et que la nuit c’étai toujours pire, qu’on pouvait avoir ‘impression qu’on allait en mourir mais qu’il n’en était rien. Assi hocha-t-elle vivement la tête aux paroles du kitsune. Oui, les crampes, ça faisait mal, elle le savait. Du coup, elle aussi s’étira, surtout les jambes, afin d’éviter tour rampe au mollet, qu’elle détestait tout particulièrement.
Puis il lui dit qu’il devait retrouver un navire, avant de cesser e parler. Le temps qu’elle ouvre la bouche pour lui demander à quoi ressemblait le bateau –peut-être pourrait-elle l’aider après tout ! Vu e à quoi elle occupait ses journées, rechercher un bateau perdu ne serait pas de trop … -, Kyril commença à glisser sur l côté. Vraiment beaucoup. La jeune fille tendit la main pour éviter la mauvaise chute.

- Kyril ! Tu glisses !

Sa voix était un peu plus aigüe, et surtout beaucoup plus pressante que d’habitude.