[Terminé][Fête de la Créativité] Les origamis

La fête de la Créativité était très certainement l'une des fêtes favorites d'Odéline. Elle adorait se balader dans les rues qui résonnaient du chant de habitants. Les enfants riaient, et couraient. L'ambiance était toujours très joyeuse et personne ne se méfiait de qui que ce soit. Certes, cette année, il y avait quelques ombres au tableau: la disparition de la Reine en était une énorme, qui chagrinait la jeune fille. La pauvre Beldura Glow avait disparu depuis près de trois semaines maintenant, et personne n'avait encore de traces, même si l'on soupçonnait fortement un grand homme brun aux cheveux longs d'avoir fait le coup. Qui était-il ? Tous l'ignoraient. La guerre aussi aurait du gâcher le plaisir, mais le continent n'y participait pas, et, s'il y avait eu des pertes, les gens ne le savaient pas beaucoup. Les informations étaient sûrement un peu bloquées. Bref, la guerre n'attristait guère Odéline. 
La jeune fille avait fait à manger, puis était sortie, après avoir pris son repas avec son très cher Siffroy. ce soir, elle n'aurait pas à faire à manger; ils raient au banquet du Palais, où les cuisiniers se chargeaient de tout et où Siffroy avait tout intérêt à être, en sa position de conseiller. Elle avait laissé Noïa, qui faisait sa sieste, à Siffroy et Daël, et était partie seule dans les rues, où elle avait profité de l'ambiance, avant d'aller à un stand de pliage de papiers. Elle même avait commencé un origami en forme de rose, mais s'étai déjà arrêtée plusieurs fois, pour demander des conseils d'abord, puis pour aider des enfants. Elle avait réussi à le finir, et y avait marqué son message, demandant le retour de la Reine. L'ambiance était tendue, à la maison, avec le deux conseillers sous le même toit. Elle espérait que la belle rousse soit vite retrouvée. Puis, malgré son pliage terminé, elle était restée, aidant ceux qui en avaient besoin, surtout les enfants, et en faisant d'autres. Alors qu'elle avait partir, on l'interpella: un autre enfant voulant de l'aide, sûrement ... Elle se retourna, et chercha du regard celui qui avait appelé "Mademoiselle !". peut-être cela ne s'adressait-i pas à elle ? Ou bien avait-elle perdu quelque chose ?

Kyril se sentait un peu déplacé, au milieu de la foule festive.
Les gens se promenaient avec des fleurs, des origamis, se réunissaient en petites tablées à chaque coin de rue pour discuter, rire et transformer de simples feuilles de papier en véritables oeuvres d'arts. Des cordes étaient tendues dans les airs au-dessus des places et des rues, permettant aux gens d'y accrocher leurs figures de papier...

Le kitsune déambulait dans la rue, ne comprenant pas le sens de cette fête. Et il n'était pas vraiment d'humeur à y participer...
Il avait trop de choses en tête.

Soudain, un origami - représentant une silhouette féminine en robe - tomba à ses pieds, lâchée par une petite fille qui venait de partir en courant après des amies en criant et en riant.
Elle avait dû passer des heures pour réaliser son origami, à en voir les détails...
Kyril souleva l'origami en usant de télékinésie avant qu'elle soit écrasée par un passant, puis il cria :

- Mademoiselle !

Elle ne se retourna pas, toute à sa course-poursuite.
Plusieurs passants s'écartèrent de lui, surpris d'entendre ce drôle de renard parler.

Lorsqu’elle se retourna, elle vit un tro danns la foule, avec au milieu, un renard à trois queues, et un origami volant, une personne en robe, au vu de ce qu’elle en voyait. Elle écarquilla les yeux, et un immense sourire emplit son visage.

- Kyril !





Elle n’avait pu retenir cette exclamation, même si elle savait à présent que ce n’était pas elle qu’il avait appelée. Cela faisait si longtemps qu’elle ne l’avait pas vu ! Bien … Un an. Oh oui, peut-être plus même. Il était venu chez elle, puis parfois elle l’avait recroisé et il avait fini par disparaître totalement, avant d’aujourd’hui réapparaître.
Elle alla vers lui, tout guillerette, un immense sourire fendant son mignon visage si candide.

- Salut ! Ca fait longtemps, que je ne t’ai pas vu ! Comment vas-tu ?

Elle ignorait totalement les regards plutôt surpris des gens autour. Après tout voir une jeune fille parler à un renard parlant soulevant une figurine de papier, ça ne devait peut-être pas arriver tous les jours, pas même sur Elysion.

Kyril s'assit sur place, observant la propriétaire de l'origami qu'il faisait léviter disparaître dans la foule sans un regard en arrière. Il n'était pas assez motivé pour lui courir après. Le renard à trois queues souffla par les naseaux, le regard un peu fatigué et les oreilles basses, puis tourna subitement la tête lorsque quelqu'un cria son nom.
Son regard se fit plus alerte et ses oreilles remontèrent aussitôt en reconnaissant celle qui venait vers lui avec un grand sourire.

- Odéline ! Ça fait un bail tiens ! Qu'est-ce que tu deviens ?

Il n'avait pas entendu sa question à elle.
L'examinant de haut en bas, il remarqua qu'elle n'avait pas l'air d'avoir changée du tout, d'après ses souvenirs qui étaient toujours un peu embrouillés tout du moins...
Il se souvenait de sa rencontre avec la jeune fille non loin d'ici, près d'un carrousel, puis de son invitation chez l'homme qui l'hébergeait. Après, il était parti dans les Champs Elysées et...
Dans un bruit de papier froissé, il perdit un court instant le contrôle de sa télékinésie, et sa prise sur l'origami se changea en étau compresseur, réduisant la figurine en une boule informe en un instant.

- Ah zut ! Heureusement que la propriétaire de ce truc-là s'est barrée tiens !

Kyril se reprit, inspira à fond avant d'inspecter les dégâts.

Les oreilles de son ami remontèrent, et une étincelle alluma son regard. Elle sourit de plus belle. Il lui demanda de ses nouvelles tout en l’examinant, et, alors qu’elle allait lui répondre, l’origami, maintenu en l’air par les géniaux pouvoirs de Kyril, devint une boule de papier jonchant le sol. Que s’était-il passé, soudain ? A vrai dire, si cette question flotta un instant dans l’esprit de la jeune fille, la réplique de Kyril l’en chassa aussitôt, et provoqua un rire, très spontané, assez aigu. Elle le regarda, tête un peu penchée.

- Boh, ce n’est rien, elle a sûrement oublié qu’elle l’avait fait, vu la vitesse à laquelle elle est partie.

Elle lui sourit.

- Moi ça va. Je vis toujours chez Siffroy, mais on va peut-être se marier. Et on vit avec un hippogriffe, des kiwis, l’autre conseiller de a Reine et un bébé.

Normal. Elle avait énoncé ça comme si c’était la chose la plus classique du monde.

- Et toi, alors ?

Puis, avisant l’agitation autour d’eux, elle ajouta :

- Tu veux peut-être qu’on aille à un endroit plus calme, comme le parc ?

Un sourire illuminait son petit visage.

Troublé par sa perte de contrôle sur son pouvoir, Kyril soupira. Il allait devoir faire attention pour ne pas provoquer d'accidents avec sa télékinésie, au moins le temps de retrouver son équilibre.
Le rire d'Odéline, suivi par l'annonce de son futur mariage et de tous ceux avec qui elle vivait maintenant, eut pour effet de le sortir de ses pensées. Il l'observa, perplexe, imaginant la jeune fille au milieu d'une véritable ménagerie. Puis il sourit à son tour, en se disant que ça lui allait bien.

- Tu dois courir partout pour t'occuper de tout le monde je parie.

Lorsqu'elle lui retourna la question, son sourire s'effaça un peu. Il ne voulait pas vraiment plomber l'ambiance, mais il avait beaucoup de soucis et ne se sentait pas l'envie de simuler un bonheur parfait. Entre sa mission échouée, le réveil de son côté sauvage, sa mémoire embrouillée et la raison de sa présence sur Elysée... ça commençait à faire beaucoup pour son optimisme naturel !
Le sortant de nouveau de ses pensées, Odéline proposa de se rendre dans un parc.

- Hmmm ? Oui, c'est une bonne idée. Je te suis, car même sans la foule, je risquerai fort de me perdre dans cette ville. Je te répondrai là-bas...

Il se secoua, prêt à lui emboiter le pas.

Elle sourit, et passa une mèche de cheveux derrière son oreille en baissant les yeux.

- Un peu … mais bon, j’ai du temps pour moi toute seule aussi, hein, tu vois …

Elle vit aussi que son ami semblait particulièrement soucieux, ce qui l’inquiéta un peu. Elle se demandait les raisons de ces yeux perdus dans le vague. Il lui dit qu’il répondrait à sa question au parc.

*J’espère qu’il m’expliquera, et que je comprendrai … Ca fait si longtemps …*

Elle lui sourit.

- Parfait ! Viens avec moi. Je pense qu’on devrait réussir à se trouver un endroit à peu près paisible …

Et elle se mit à fendre la foule, en jouant gentiment des coudes et disant de petits « pardon », « excusez-moi », « désolée » à tous les gens qu’elle croisait.  Parfois, elle se retournait pour vérifier si Kyril était bien derrière elle. Peu à peu, ils se rapprochaient du Palais, et la foule allait et venait, diminuant et augmentant soudainement, par vagues imprévues. Puis soudain, ils se retrouvèrent devant l’immense portail doré, encadré par deux gardes, qui donnait accès au palais. Aujourd’hui il état ouvert, malgré l’absence de la Reine … Pauvre Beldura. La jeune fille se secoua, pour s’empêcher de trop y penser. Cela la chagrinait profondément cette disparition soudaine. Elle se retourna et sourit à Kyril, puis entra.
Après quelques tours et détours, elle finit par trouver ce qu’elle cherchait. Un petit endroit tranquille, isolé, avec de l’herbe tendre rase, et des buissons autour, un petit ruisseau passant au milieu. C’était là le charme des jardins du palais.

- Et voilà !

Elle désigna de la main un ban de bois rouge, avant d’y aller s’y asseoir.

- Donc on disait … Et toi, qu’as-tu à me raconter ?

Elle lui sourit, engageante. Cette fois, curieuse, elle voulait savoir, comprendre.

Kyril suivit Odéline à travers la foule, s'amusant de la manière dont elle écartait poliment les gens. Lui se déplaçait aisément entre les jambes qui faisaient pour lui comme de petits troncs d'arbres entre lesquels il slalomait. L'avantage d'être un forestier, et d'avoir quatre pattes...
Par contre, voir devant lui cette silhouette féminine et ces cheveux blonds lui rappela de vieux souvenirs, de l'époque où il voyageait avec sa Dame. Le kitsune grinça un peu des dents, en sentant une vague de mélancolie poindre le bout de son vilain nez. Ce n'était pas le moment de se tourner vers le passé.

Le Palais lui fournit une bonne distraction : il put enfin l'observer d'un peu plus près, et s'émerveilla comme un touriste devant le monument. Il l'avait déjà vu de loin, lors de son précédent passage dans la capitale minosienne, mais n'avait pas eu le temps de s'y promener.
Arrivé dans un coin tranquille d'un petit jardin, il attendit qu'Odéline soit assise sur un banc pour se coucher bien droit dans l'herbe face à elle. Ses queues se balançaient doucement dans son dos tandis qu'il regardait tout autour, prenant son temps pour bien choisir ses mots. Finalement, il tourna ses yeux marrons vers la jeune fille :

- C'est assez compliqué, mais bon...
Je cherchais un navire quand je t'ai rencontré, et la femme qui me l'avait emprunté par extension. Il me semble que je t'en avais parlé, tu t'en souviens ? Je t'avais même mis en garde contre elle, en partant...
Bref, je l'ai retrouvée, avec mon navire, et j'ai essayé de l'arrêter parce qu'elle préparait un très, très, très mauvais coup. J'ai réussi, heureusement, mais elle m'a... blessée et il m'a fallu presque toute cette année pour récupérer.
*soupir*
Même si je l'ai stoppée dans ses projets, ou au moins ralentie, je ne sais toujours pas aujourd'hui si j'ai gagné ou perdu ce soir-là...
Au moins, elle n'est pas rancunière, car elle m'a envoyée un message il y a quelques semaines, m'indiquant qu'elle avait laissée mon navire quelque part sur un sommet des Montagnes Déméter. Alors me voilà, à la recherche de quelqu'un qui pourrait m'aider à me rendre là-bas, puis à manoeuvrer le navire pour le récupérer car je ne peux pas faire ça tout seul.

C'était vraiment une histoire qui n'avait ni queue ni tête...
Il fit une courte pause, puis sourit à Odéline :

- Je dois trouver un marin qui s'y connait aussi en escalade et n'a pas le vertige, en plus d'être digne de confiance, en gros...
Tu ne saurais pas tenir la barre d'une frégate par hasard ?

Il y eut un moment de silence. Puis, Kyril parla. C’était un torrent d’informations qui déferlait là. Elle l’écouta, yeux ronds, bouche bée. Il lui fallut un moment pour tout assimiler. Elle déglutit ensuite, cherchant ses mots. Donc, son ami s’était fait plus ou moins battre par la femme contre qui il l’avait mise en garde –et qu’elle avait en fait rencontrée, mais à qui elle n’avait pas parlé-. Il avait manifestement beaucoup souffert. C’est pour ça qu’elle posa une main sur sa fourrure, avec un sourire d’encouragement. Et il avait besoin de quelqu’un qui puisse l’aider pour le bateau. Bon … Elle réfléchissait. Elle, elle n’avait jamais manœuvré de frégate (il paraissait que la vie à bord, surtout lorsqu’on était pirate, était la plus belle des vers, et qu’on s’y dilatait la rate. Enfin, selon une chanson populaire.), jamais navigué –à vrai dire, elle n’était jamais montée sur un bateau-. De fait, elle s’imaginait assez mal, il est vrai, en piloter un, ce qui était compréhensible. Mais elle s’était déjà surprise. Cependant, elle connaissait quelqu’un.

- C’est assez horrible comme histoire … TU vas bien ? Où vis-tu ? Pour ton bateau, j’ai une idée. J’ai une amie qui et pirate. Mais je ne sais pas si elle est là, en ce moment. Par contre, c’est sûr qu’elle saurait faire ce dont tu as besoin.

Que la bateau soit dans des montagnes ? Cela ne gênait pas Odéline. Pourquoi ceci ne serait pas normal, hein, expliquez-moi ? 

- Quant à la partie déplacement ... Siffroy doit bien connaître quelqu'un capable de nous y amener facilement, en nous téléportant, ou quelque chose comme ça ... Ça t’intéresserait ?

La main d'Odéline se posant sur sa fourrure le surprit, et il se raidit un court instant avant de se détendre et d'accepter la caresse, donnant même un petit coup de museau sur le bras de la jeune fille pour la remercier de son geste.
S'il allait bien ? Les souvenirs de ce qu'il avait fait lorsque l'autre était sorti lui revenaient par bribes, comme des cauchemars tenaces, ses pouvoirs de télékinésie lui jouaient des tours et le lien qui l'unissait à sa Dame avait sérieusement souffert, ce qui lui donnait l'impression d'être seul au monde...
Pourtant, il sourit à la jeune fille :

- Je vais mieux, merci. Ce n'est pas encore parfait, mais je vais mieux.

Il écouta attentivement la proposition de la jeune fille. Une pirate ? Si elle était une amie d'Odéline, elle devait être digne de confiance.

- Ça ne me pose pas de problèmes. Il faudrait que je puisse la rencontrer par contre. Tu saurais la contacter ?
Pour le déplacement, je n'y ai pas vraiment réfléchi. Enfin, si, un peu. Je comptais prendre une corde, un grappin et le faire à l'ancienne. Mais si ton ami Siffroy peut trouver mieux, je serai preneur aussi.

Il resta un moment silencieux, puis sourit de plus belle :

- Merci de ton aide en tout cas. Je ne voyais pas vraiment comment mener à bien cette mission il y a cinq minutes, et il t'aura suffi de quelques mots pour faire avancer le schmilblick !

Elle lui sourit doucement. S’il allait mieux, c’était déjà ça. Après, s’il avait besoin de quoi que ce soit, elle était là, et Siffroy serait d’accord. De toute façon, il y avait tellement de monde chez eux que …
Ses sourires firent sourire la jeune fille.

- Ne me remercie pas. C’est normal ! D’ailleurs, si tu as besoin d’un toit, ou de quoi que ce soit, ou de discuter, tu peux venir hein ! Je suis sûre qu’en plus, tu t’entendrais bien avec Gadyan. Il est très intelligent !
Elle s’arrêta, et reprit.

- Pour mon amie, il faudrait lui envoyer un message, ou penser très fort à elle. Elle est télépathe. Enfin, peut-être que tu la connais, ou que tu as déjà vu son bateau ? Elle s’appelle Aëlia Meriros quelque chose, et vit avec son frère et tout un équipage je crois, sur l’Envolée, un trois-mâts. C’est très joli je crois.

Elle fit une pause, pour reprendre son souffle.

- Quant au transport, il doit sûrement connaître quelqu’un qui peut nous téléporter là-bas. Ceci dit, l’escalade, ça pourrait être rigolo ! Je n’en ai jamais fait ! C’est bien ?

Ses yeux brillaient soudain, comme toutes les fois où elle était excitée à l’idée de tenter quelque chose de nouveau. Elle adorait faire de nouvelles expériences.

- Gadyan, c'est l'hyppogriffe, c'est ça ?
Ton offre de m'héberger est tentante, et merci de me le proposer, mais je ne veux pas imposer ma présence. Et tu as sûrement déjà de quoi t'occuper. Un hyppogriffe, un bébé et... des kiwis ? Comment t'es-tu retrouvée avec tout ça ?
Non, je vais plutôt prendre une chambre dans une petite auberge en ville.

Avec les troubles qu'il avait eu avec sa télékinésie plus tôt, il ne tenait pas à être près de qui que ce soit au cas où ça recommençait et/ou empirait, surtout près de personnes qu'il appréciait. Les pertes de contrôle sur son pouvoir pouvaient être... explosives.

- Aélia... ce nom me dit quelque chose, j'ai déjà dû l'entendre. Une télépathe hmmm ? Ce serait sans doute un problème pour quelqu'un d'autre, mais ça pourra être un avantage, surtout lorsqu'on sera sur mon navire...
Si tu as le nom du capitaine et celui du navire, un messager devrait pouvoir la trouver facilement. Les navires doivent s'identifier pour s'amarrer aux quais des ports.

Il avait beaucoup de secrets, et se laisser approcher par un télépathe ne semblait pas être la meilleure des idées s'il voulait les garder... mais il avait l'habitude des télépathes, et avait appris à cloisonner son esprit pour protéger certaines pensées.
Et puis, si cette pirate naviguait sur un trois-mâts, elle ne serait pas dépaysée avec le Marikshar. Quoique...
Kyril sourit, amusé par sa roublardise. Rien que pour voir la tête d'une pirate devant son navire, il tenait à ce qu'elle soit de la partie.

- L'escalade est éprouvante physiquement, mais c'est que du bonheur. Franchir un obstacle naturel à la force des membres, c'est très revigorant pour l'esprit. Ça permet de se dire que tout obstacle peut être franchi, pour peu qu'on s'en donne la peine... Au final, ce serait peut-être bien s'il n'y avait pas d'autres solutions pour atteindre le sommet, ça me ferait une bonne thérapie.
On devrait peut-être aller voir ton ami Siffroy, pour lui parler de l'expédition. Tu sais ou il est ?

Elle rit d’un seul coup.

- Haha ! Siffroy est trop vieux, il pourra pas venir ! Il va avoir trop mal après ! Et puis, il faut qu’il garde le bébé, l’autre conseiller, l’hippogriffe et les kiwis, hein, ils peuvent pas se gérer tous seuls ! Et puis, si on fait de l’escalade, on n’a pas besoin de lui, du coup, non ? Mais si tu veux vraiment le voir, il est à la maison, je pense, et ce soir on sera au banquet tous les deux, si tu veux venir avec nous. Le grand frère d’Aëlia s’appelle Alban, et il est blond avec les cheveux longs, je crois. Et puis, leur duo doit être un peu connu chez les pirates, ça fait longtemps qu’ils écument les mers. En fait … On a récupéré les kiwis après que je sois allée me réfugier dans une caverne d’ours très gentil sur les conseils du vent pour une tempête et que Siffroy et un ami en brume m’aient retrouvée. Ils sont arrivés, et voilà. L’hippogriffe, Gadyan, je l’ai rencontré comme ça, et on s’est ben aimés, et du coup, il est venu vivre chez nous. Il est vraiment adorable. Le bébé, c’est celui de Natalia, une petite fille qui s’appelle Noïa, qui a un an et demi, de beaux cheveux roux et des yeux très rouges, et qui arrête pas de fait des bruits mignons, et elle nous l’a laissée en Isachaien, elle ne pouvait plus s’en occuper. Et puis, le dernier, ben, c’et Sterben, l’autre conseiller de la Reine. Je n’ai pas bien compris pourquoi il n’avait plus de maison, mais il est chez nous, et il n’est pas méchant. Et puis, tout le monde aime bien mes gâteaux, donc je suis très contente !

C’était un peu décousu, mais elle n’en avait pas conscience. Elle s’arrêta reprendre son souffle.

- Du coup, la maison est un peu pleine, mais il reste de la place. Si jamais tu ne trouves rien ou … enfin, tu peux toujours venir, je ne pense pas que ça dérange Siffroy. Il et très arrangeant ! Mais là, je les ai tous laissés à la maison, et je suis allée faire des origamis. C’est un peu compliqué des fois de se retrouver seule avec tout ce monde, et puis tu sais, avec la disparition de la Reine, parfois, c’est compliqué à la maison, parce que Siffroy et Daël ont vraiment beaucoup de travail. Mais bon !

Elle sourit.

- Moi, j’aimerais bien essayer l’escalade !

Kyril cligna plusieurs fois des yeux.
Il avait observé avec fascination Odéline en train de parler, se demandant comment elle pouvait dire tant de choses sans reprendre son souffle. Il tentait aussi de suivre le débit de paroles, mais son cerveau avait eu des ratés.
Il avait à peu près suivi jusqu'à l'annonce d'un banquet, puis avait décroché sur le reste...
Ah ! Elle s'arrêta une seconde pour remplir ses poumons, et Kyril put se reconcentrer.
Le kitsune l'écouta donc, finissant par rire après sa dernière phrase :

- Oh mais si tu veux venir aussi dans cette aventure, tu es la bienvenue ! Par contre, je suis désolé, mais je n'ai pas réussi à suivre tout ce que tu viens de dire. Je dois être plus fatigué que j'en ai l'air ! En