[Terminé] De rendez-vous en rendez-vous, finir au bar [libre]

Aëlia était, il fallait l’admettre, un peu sonnée.

Cela faisait à présent un peu plus d’un an qu’elle avait ses nouvelles fonctions à LutherCorp, où elle commandait la marine. C’était un poste qui la comblait. Elle était à la tête de navire des plus impressionnants, truffés de gadgets, et d'une étonnante facilité à piloter. Cela n’avait pas grand-chose à voir avec tout ce qu’elle avait pu voir ou faire auparavant, se rapprochant presque plus de son expérience sur le Marikshar que de la navigation sur l’Envolée. Elle avait en effet gagné un statut de capitaine, et gérait presque seule l'intégralité de ce volet de LutherCorp. Evidemment, Luther restait le patron, et c’était lui qui prenait les décisions finales, mais de manière générale, cela ne posait pas de problème. Ils communiquaient beaucoup, et s’entendaient bien. En bref, Aëlia s’épanouissait dans son nouveau travail, loin de la piraterie qu'elle avait tant connue.
Cela faisait aussi environ un an que Luther et elle-même assumaient en public leur relation, qui s’était depuis beaucoup stabilisée. L’un comme l’autre étaient parvenus à mettre des mots sur ces sentiments qui les animaient, et il s’était avéré que cela avait été plutôt un soulagement. Ils vivaient donc tous les deux en parfaits tourtereaux dans l’appartement -ou le palace- hypnosien de Luther, celui-là même où ils avaient fêté l’anniversaire d’Aëlia. Ils y filaient le parfait amour, et s’y amusaient bien. Ils avaient réussi l'exploit de parvenir à laisser le travail hors de leur vie sentimentale et à ne pas se laisser complètement dévorer, alors même que chacun d’eux passait beaucoup de temps à travailler. La stabilité et la confiance qu’ils avaient atteint satisfaisait tout à fait Aëlia. Ils se voyaient au quotidien, et partageaient des moments de complicité, ce qui la changeait de manière fort agréable de ses relations précédentes. Elle ne se sentait ni entravée ni abandonnée, et même les moments inévitables de crispations, d’incompréhensions et de mises au point ne la gênaient pas vraiment, tant à chaque fois ils semblaient permettre d’améliorer leur relation. En bref, Aëlia était comblée au  niveau amoureux.

C’était la raison pour laquelle le choc de Garmyr ayant un enfant l’avait tant déstabilisée.

Tout d’abord, cela faisait des années qu’ils avaient rompu à présent, et si ceci avait correspondu, certes, à une période délicate de sa vie, avec des souvenirs très douloureux, elle avait depuis pansé ses plaies. Elle avait fait le deuil de cet amour aussi impossible que malsain, où chacun heurtait l’autre plus qu'il ne le tirait vers le haut. Elle était d'ailleurs plutôt fière de la manière dont elle avait réussi à rebondir une fois qu'elle avait décidé que cette fois, c'était complètement terminé, même si cela lui avait pris du temps. Ils s’étaient mis ensemble dix années auparavant à présent, et si leur relation avait progressé par à coups et faux-espoirs, si en effet ils s’étaient promis de s’aimer à jamais et avaient eu le projet de fonder une famille, chacun avait bien trop changé, et avait tiré un trait sur tout cela près de cinq ans auparavant.
Ensuite, et c’était ridicule, elle se rendait compte qu’elle aurait aimé savoir par Garmyr lui-même qu’il avait eu un enfant, et pas l’apprendre lors du bal du Couronnement, par la Reine de Minos elle-même qui s'adressait à Odéline qui gardait l’enfant. C’était complètement idiot: isl n’avaient eu aucun contact depuis cette rupture définitive, et elle n’avait aucune envie de le revoir. En plus de quoi, il ne lui devait rien. Cependant, l’idée qu’il ait eu un enfant avec une autre l’avait secouée, bien plus qu'elle ne l’aurait cru.

Les révélations d’Odéline s’apprêtaient à faire de même.

En effet, celle-ci avait très certainement dû se rendre compte d’à quel point Aëlia avait été troublée par l’annonce de la paternité de l’Aniformus lors du bal, mais elles n’avaient pas pu en parler tranquillement. Les deux jeunes femmes ne s’étaient pas vues depuis quelques mois, chacune très occupée par des choses et d’autres, mais, quelques jours plus tard, Aëlia avait reçu à son domicile une invitation d’Odéline à prendre un café. La jeune femme avait, évidemment accepté, sans se douter que Luther d’ailleurs devrait y passer lui aussi quelques jours avant. Elle en avait aussi profité pour fixer un rendez-vous avec un client efferian en fin d’après-midi, puisqu’elle était sur Minos.
L’avant-veille, déjà, elle avait eu des nouvelles d’Odéline par Luther. Celui-ci semblait conquis par la cuisine et la personnalité de la jeune femme, qu’il avait très peu vu jusque là, et chez qui il s’était rendu accompagné de la Reine de Minos, pour discuter d’un projet -dont il avait absolument refusé de parler devant Aëlia, arguant que son amie lui en dirait plus. Elle savait cependant que son amie avait beaucoup de choses en cours, des choses qui nécessitaient de l’argent (c’était pour participer à une collecte de fonds que Luther avait été demandé par le conseil d’Efferias, lui-même demandé par la Reine de Minos et s’était ainsi retrouvé à aller chez les Belgan). Elle savait aussi que, quoiqu’elle soit bien occupée, la petite blonde allait bien et était égale à elle-même, puisqu’elle avait proposé à Luther du café et des biscuits en se rendant compte qu’il s’agissait de son compagnon alors même que celui-ci venait pour affaires.
Aëlia était donc partie vers son rendez-vous en se demandant bien ce qu’elle allait apprendre, si elle verrait Nathalia et si elle allait tomber sur un bébé aux oreilles d’ourson.
En arrivant, elle fut accueillie par une Odéline plus pépiante encore qu'à son habitude, qui lui avait immédiatement proposé une boisson chaude et des petits biscuits. Très rapidement, elle avait crevé l’abcès, semblant deviner ce qui perturbait tant Aëlia: Renild était la fille de Garmyr, oui. Mais elle avait été reconnue, et non conçue par lui. L'enfant était fruit d’un viol d’une bande de pirates sur une pauvre femme. Garmyr les avait tous massacrés -ceci fit rouler des yeux bien malgré elle à Aëlia- et avait ensuite récupéré dans un cimetière la femme, qui était restée mutique et prostrée, jusqu’à l’accouchement durant lequel elle avait rendu l’âme. L'homme-ours s’était retrouvé fort gêné, un bébé dont il ne savait que faire sur les bras, et l’avait confiée à Odéline, croisée sur une plage, après l’avoir reconnue et promis de venir la voir régulièrement.
Depuis, Odéline s'occupait de la petite fille, et cela lui avait donné des idées. Elle exposa son grand projet à Aëlia, qui trouva l’idée très enthousiasmante, et comprenait tout à fait pourquoi Luther voulait y participer, au vu de l’histoire de son compagnon. Après cela, ce fut au tour d’Aëlia de faire un point sur tout ce qui lui était arrivé depuis leur dernière entrevue, et elles discutèrent un bon moment. Heureusement, d’ailleurs qu’Aëlia avait mis une alarme sur son canon de bras pour lui rappeler de partir à l’heure afin d’honorer son rendez-vous. Elle avait donc rendu à Odéline l’adorable petite fille de six mois qui babillait sur ses genoux, et sorti les kiwis qu’elle caressait automatiquement pour enfiler sa veste et affronter la froideur extérieure. Elle avait relié Efferias grâce à un portail, et était, heureusement, arrivée à l’heure pour son rendez-vous professionnel.

C’était après ça qu'elle s’était offert un verre dans le bar efferian où nous la retrouvons, afin de digérer tout ce qu'elle avait appris et vécu des derniers temps. Elle était donc seule à une table haute, juchée sur un tabouret, un alcool phosphorescent comme les gens d’ici en avaient l’habitude dans son verre. En tant que collaboratrice importante de la plus grosse entreprise d’Efferias, son visage était un peu connu dans le coin, et il arrivait qu’on la salue ou qu’on échange trois mots avec elle. On était en fin d’après midi, et le bar se remplissait doucement, aussi, il n’y aurait bientôt plus d’autre place libre qu’à côté de cette jeune femme blonde aux cheveux ébouriffés, qui fixait parfois son verre avec intensité, parfois regardait les murs d’un air un peu vide.

La femme entra dans le bar, sifflotant doucement un air qui n'avait ni queue ni tête.
Elle portait une combinaison intégrale aux couleurs rouge clair et noirs, faite dans un matériau qui semblait pouvoir résister aux conditions les plus extrêmes. Des renforts plastifiés au niveau de la poitrine, des bottes solides et des appareils à la fonction inconnue accrochés à ses poignets, sur son torse ou à sa ceinture brillaient doucement.
Pour une fois, ses cheveux noirs étaient coiffés en une tresse unique, le dernier maillon maintenu en place par un petit ruban fort mignon auquel était attaché une petite clochette qui tintait de façon complètement aléatoire au gré de ses mouvements. Enfin, une oreillette au design un peu tarabiscoté fait de courbes chromées lui décorait l'oreille droite.

Elle tenait dans les mains un énorme chapeau aux bords très larges, comme certains capitaines de navires extravagants aiment en porter, orné d'une plume bouffante - d'autruche sans doute, vue la taille et la texture - et elle se dirigea droit vers la blonde assise au bar.
Elle s'assit tout à côté et, sans un mot ni vraiment la regarder, lui posa le chapeau sur la tête.
Pomf.

Puis elle commanda à boire.

Aëlia tressaillit quand sur sa tête atterrit un grand chapeau dont la plume (d’autruche?) vint lui chatouiller le nez, provoquant immédiatement un gros éternuement, qui faillit la faire tomber de son tabouret. Une fois stabilisée, elle contempla, un peu éberluée, la personne propriétaire du chapeau à la plume refusant de tenir en place près d’elle. Elle avait une curieuse sensation comme si elle l’avait déjà vue, mais dans des circonstances si différentes, il y avait si longtemps qu’elle était bien incapable de remettre un nom sur ce visage pourtant très vaguement familier. Elle portait une combinaison qui aurait pu la faire passer pour une Efferiane normale, ou presque, si elle n’avait pas eu ce chapeau apparemment à présent dévolu à une Aëlia transformée en porte-manteau, et cette drôle de clochette au bout de sa tresse.
La jaune femme souffla de nouveau sur la plume pour la remettre à sa palce, puis, renonçant alors que de nouveau elle lui tombait sur le nez, elle enleva le coiuvre chef et le fit un peu tourner sur son doigt. Elle eut un sourire légèrement nostalgique en constatant qu’il lui rappelait un peu les chapeaux qu’affectionnaient certains capitaines pirates que son frère et elle avaient pu croiser. Si Alban était un habitué du tricorne sans fioritures, tout comme elle, d’autres préféraient des choses plus … voyantes, et ce chapeau n'aurait pas juré du tout dans les habitudes vestimentaires de certains.

Je crois que vous m’avez confondue avec une tête à chapeau.

La phrase avait été lancée avec un sourire amusé.

- A tes souhaits, Aélia.
Garde-le. Il faut bien ça pour un capitaine. Ou un commodore.

La femme souriait, malicieuse. Elle ôta son oreillette et la tritura un instant, avant de la remettre en place. La clochette au bout de sa tresse resta silencieuse malgré ses mouvements de tête. Finalement, le barman put lui servir sa boisson et elle leva son verre vers Aélia avant de boire la première gorgée.

- Conduire un navire volant de chez LutherCorp doit te convenir. Après tout, tu as de l'entrainement non ? Huhu...
Est-ce que tes collègues sont au courant que tu as fracassé ton premier aéronef contre une montagne au décollage ?

La clochette tinta. Deux fois.

En entendant la femme l’appeler par son rpénom, Aëlia cligna des yeux, ébahie. Mais enfin, qui … ? ce visage qui respirait la malice, ces cheveux très bruns, cette tenue étrange … Vraiment ça lui disait quelque chose mais … Sans rien répondre, continuant à la fixer un peu soupçonneuse, elle trinqua cependant avec elle.
C’est au moment où son esprit s’enflammait à cause de l’allusion au Marishkar (qui était-elle pour savoir ça ? Qui ?!) qu’elle comprit, cette révélation assortie d’un double tintement de clochette.

MAEKO ?!

Elle la regardait ébahie. Maeko était une amie de Garmyr, qu’elle n’avait vue que trois fois, et pas une seule depuis leur séparation. Elle en avait simplement entendu parler par Kyril: c’était elle qui avait caché le navire dans une montagne. Elle lui sourit, faisant ressortir ses fossettes.

Pardon je ne t’avais pas reconnue. Tu en sais des choses ! Il va falloir me donner le nom de tes informateurs.

La femme fit une mini-révérence lorsqu'enfin elle fut reconnue, se contentant du geste tarabiscoté de la main et du bras, accompagné du mouvement de tête.
Puis elle sourit de plus belle à la dernière remarque d'Aélia :

- Huhu... j'ai déjà entendu ça... pour une fois, ce n'est rien de spécial. J'ai juste scanné la trace que ta belle manœuvre a laissée sur la coque du Marikshar. Pour le reste, ton nom est sur pas mal de lèvres et dans pas mal de rêves. Et inversement, bien sûr.

Elle but une gorgée, fit claquer sa langue puis enchaina en penchant légèrement la tête sur le côté :

- En vérité, je ne suis pas seulement là pour t'offrir un chapeau. Cela reste une raison suffisante pour traverser l'éther dimensionnel, mais je suis plutôt curieuse de ce qui permet à ton navire de voler. Est-ce que tu voudrais bien m'expliquer comment il fonctionne ? Je te donnerai un plus grand chapeau si tu veux.

La clochette au bout de tresse resta silencieuse.

Aëlia sourit à la révérence, puis prit quelques gorgées de son verre en écoutant les explications, un peu loufoques, de Maeko.

A ma décharge, le pilotage d’un navire volant n’est jamais aisé au premier abord … J’ai rarement des montagnes à esquiver en mer !

Son ton était réellement celui de la plaisanterie et elle souriait à la femme dans sa drôle de combinaison.

T’expliquer le fonctionnement du navire ? Oh je veux bien, mais la conception n’est pas de moi et ce n’est pas vraiment mon rayon. Cependant, au vu de la générosité de son offre, j’accepte ! Surtout si le chapeau rémunérateur a une plus grosse plume encore.

Ses yeux noisette pétillaient: Aëlia s’amusait. Elle prit une gorgée, se permettant de faire un peu durer le suspense.

As-tu déjà entendu parler d’Efferias ? Leur principale source de richesse et d’énergie provient de leurs cristaux, qui sont taillés. Ils ont vraiment des propriétés incroyables, et sont utilisés pour un peu tous les usages, remplaçant à leur manière notre magie, on va dire. Eh bien, le bateau n’échappe pas à la règle de la conception efferiane: il vole grâce à une combinaison de cristaux.

Elle lui sourit.

- Hummm... tu bottes un peu en touche, Aélia. Nous sommes à Efferias, et tu te doutes bien que ces quelques infos, je les avais déjà !

La femme fit claquer sa langue, reposa son verre sur le bar puis fit craquer ses cervicales d'une torsion du cou - sa clochette resta silencieuse - avant de se lancer :

- Non... ce qui m'intéresse... c'est quelle énergie ces cristaux emmagasinent-ils ? Comment est-elle transportée ? Diffusée ? Stockée ?
Combien de temps peux-tu voler grâce à eux ? Avec quelle charge ? Craignent-ils certains événements météorologiques ? Agissent-ils sur le poids du navire ? Sur l'influence gravitationnelle ? Leur énergie est-elle rendue sous la forme d'une poussée verticale ?

La femme énumérait les questions à la vitesse d'une mitraillette, comptant sur ses doigts en même temps.

- Ce sont des questions bien plus amusantes, n'est-ce pas ?

Sa clochette tinta, comme si l'objet était d'accord avec elle.
La femme sourit, toujours aussi malicieuse.

- Un grand chapeau et une plume plus grande encore sont en jeu, capitaine !

Aëlia eut un grand sourire digne du chat du Cheshire lorsque Maeko l’accusa de botter en touche. Elle ? Jamais, enfin ! Elle fut cependant un peu impressionnée par le craquement des cervicales (et intriguée par cette clochette qui tintait réellement bizarrement). Lorsque son interlocutrice reprit, questionnant à toute vitesse, l’ex-pirate laissa échapper un sifflement entre ses dents.

Eh, je suis pas ingénieure, moi !

Elle avait un air faussement indigné.

Je ne sais vraiment pas grand chose du fonctionnement de tous ces trucs; Tant que ça marche, moi, ça me va. De toute façon, j’ai jamais rien pigé au fonctionnement de la magie, mais ça ne m'empêche pas de l’utiliser, bah pour les cristaux, c’est tout pareil ! ça marche très bien, et tant mieux. Il y a sur le bateau des gens bien plus capables que moi de se débrouiller avec ces petits machins, et c’est tant mieux. Ce que je sais, c’est que leur puissance dépend de leur taille, mais aussi de la manière dont ils sont taillés et raffinés. Je crois que leur pureté est importante aussi.

Elle but, et haussa les épaules.

Je n'ai aucune idée de la manière dont ils ont la moindre énergie, j’ai toujours cru qu’ils utilisaient la leur, mais si ça se trouve c’est même pas possible ! Pour le temps de vol, la charge, et compagnie, Luther ne m’a donné aucune limitation, donc je suppose qu’il n’y en a pas, et je crois pas que les événements météorologiques aient un impact. Ceci dit, tu te doutes que piloter au milieu de l’orage n’est pas agréable ! Le reste, aucune idée, je ne me suis pas amusée à peser la bateau ni à tester si ça poussait et où ... Moi tant que ça fonctionne, ça me va.

Elle lui sourit.

C’est à Luther que devrais poser tes questions, pas à moi.

De nouveau, Aëlia but quelques gorgées.

Bon, et ce chapeau à plume, alors ? Il est caché où ? Dans ta combi ? Elle est vraiment cool, tu l’as eue où ?

A mesure que la piratesse avouait finalement ne rien savoir de plus, la femme tordait la bouche et le nez. Cela aurait pu passer pour une expression de dépit, voire un peu snob, mais elle gardait toujours sa lueur malicieuse dans le regard. C'était un peu comme si son visage se déformait alors qu'elle se perdait dans ses pensées en écoutant Aélia. Tout ses muscles faciaux retrouvèrent leur place "normale" lorsque sa clochette tinta une fois, seule comme à son habitude.

- Tu bottes encore en touche Aélia. Ce n'est pas comme ça que tu vas gagner cet autre chapeau... Huhu...
Sans être ingénieure, tu n'as même pas essayée d'en savoir plus sur comment fonctionne ton nouveau jouet ?
Imagine que ton équipage se fasse capturer par des crevettes géantes et que tu doives effectuer des réparations ou des manœuvres sur ton vaisseau avant de pouvoir aller les secourir ! Imagine ! Ou qu'une moussaka avariée les rende incapable de t'assister et que tu sois le dernier espoir pour un retour au bercail afin de soigner des gastros explosives ! Imagine, Aélia !
Il te faudrait alors connaître le fonctionnement de ces cristaux !
Si tu dis que la taille compte avec autant d'assurance, je te crois, tu as dû en tester plusieurs non ? Il faudrait confirmer avec Luther cette histoire de taille, et de forme par extension.
Il serait disponible pour une interview poussée ? Un cours express ? Une visite guidée ? Un séminaire ? Un vernissage ?

Elle but une gorgée sans que ses yeux ne quittent Aélia. La clochette resta silencieuse.
Son sourire s'agrandit encore - aussi étrange et anormal que ce fut - lorsque la piratesse l'interrogea à propos de sa tenue :

- Tu aimes bien la combi ? Elle était livrée avec mon nouveau jouet. Très confortable et pratique dans le grand Vide, mais elle n'est pas facile à enfiler. Il y en a un autre qui aime bien ; il parait que c'est joliment moulant... Huhu.

Elle passa une main sur sa cuisse, ajustant l'étrange matériau du vêtement.
Soudain, elle afficha une expression lointaine, comme si elle venait d'entendre un son qu'elle seule pouvait percevoir. Elle mit une main sur l'étrange dispositif accroché à son oreille et se mit à parler, s'adressant visiblement à quelqu'un d'autre :

- Moshi Moshi, Maeko desu ! ... Alors ? Tu as terminé de ton côté ? ... Génial ! ... Non, pas encore de mon côté. Tu as gagné le pari du coup ! ... Huhu ! J'ai hâte aussi ! ... Hmm... Juste c'est plus délicat que prévu. ... Oh oui ! Bonne idée ça ! Tu veux l'adresse ? ... C'est... quoi déjà ? Ah oui, le Transistor, au niveau 108. ... Au pire, rappelle-moi quand tu te seras rapproché. ... Ok, à tout à l'heure ! Bisous !

La clochette tinta, deux fois, tandis que la femme souriait de nouveau à Aélia :

- Il voulait vraiment rencontrer cette version de toi, tu sais. Mais ne va pas lui répéter que je t'ai dit ça !
De quoi on parlait déjà ? Ah oui ! Des tenues moulantes et de la taille et de la forme de Luther !

Plusieurs clients du bar lancèrent des regards surpris à la femme qui venait de crier ça, puis des regards plus surpris encore en reconnaissant Aélia.

- Je me demandais l'autre jour, comment vous vous êtes rencontrés, toi et Luther ?

Le regard d’Aëlia se fit mutin, amusé, au fur et à mesure que Maeko lui exposait de fantasques situations (comment ça, elle avait déjà été attaquée par des crevettes géantes ? Comment ça ?!). Sa fossette se creusa encore d’amusement lorsque la conversation dériva sur Luther, la taille, la forme … Elle fit mine de ne point du tout comprendre le moindre sous-entendu, et cligna des yeux avec uen certaine innocence, toute feinte alors que sa compagne de beuverie enchaînait immédiatement sur le sujet de la combinaison. Un nouveau jouet, mmh ? Cette mention piqua l’intérêt d’Aëlia, surtout combinée à celle du “Grand Vide”, qui lui était inconnue. Était-ce quelque chose de nouveau à visiter ? Le bateau de LutherCorp pouvait-il la conduire là-bas ? Elle n’eut cependant pas le temps de rebondir qu’après une allusion quelque peu graveleuse, Maeko touchait son oreille et se mettait à parler à quelqu'un qu’Aëlia ne pouvait pas entendre, très vite, et en employant des mots qu’elle ne comprenait pas.

*Hein ? Quoi ? Qu’est-ce qui se passe ?*

L’ancienne pirate était là, bouche-bée, alors que la clochette tintait encore toute seule, et que Maeko lui souriait de nouveau, lui parlant de son correspondant sans même qu’Aëlia sache de qui il s’agissait … Mais de nouveau, impossible de lui demander quoi que ce soit que déjà, paf ! Retour à la conversation précédente, et au sujet Luther -non sans s’être adressées quelques regards surpris. Les fossettes de la jeune femme se creusèrent à nouveau.

Curieuse va ! Sur un bateau, évidemment.

Elle but une nouvelle gorgée.

Je ne t’en dirai pas plus avant que tu ne me dises à qui donc tu parlais, qui voulait me voir dans cette “version” ! Et puis c’est quoi cette histoire de jouet et de vide, dis-moi ?

Se rendant compte que son verre était vide, elle demanda d’un geste une nouvelle tournée, et remercia de la tête lorsqu’on prit en compte sa commande.

La femme terminait de siroter sa boisson, observant Aélia d'un œil rieur, son sourire déformé derrière la surface du verre.

- Huhu... tu bottes en touche sur plusieurs réponses, et là tu négocies dur ? J'aime bien ! Mais tu n'auras pas de plus grand chapeau pour ça !

Son verre vide atterrit sur la table dans un mouvement sec et la femme commenta en faisant claque sa langue :

- Sympa leur cocktail. Ça ne vaut pas un bon rhum des îles, mais c'est gouteux.

Elle mit le bras entier dans son sac, fouilla un moment à l'aveugle avant de remonter une bouteille de verre noire, emplie à ras bords d'un liquide ambré. Elle remplit son verre, sans que la bouteille n'ait l'air d'en devenir moins pleine, ignora superbement le regard agacé du barman qui la voyait ramener son propre breuvage et fit tourner distraitement la boisson avant de commencer à boire, l'arôme du rhum se répandant alentour.
La clochette tinta deux fois tandis qu'elle penchait la tête sur le côté en recevant les interrogations d'Aélia, l'air plutôt surprise :

- Tu n'as pas une petite idée d'à qui je parlais ? Vraiment pas ? Bon, c'est vrai qu'on s'est pas croisée souvent toutes les deux au final, mais quand même ! Enfin... il ne devrait pas mettre trop de temps à arriver, il a un meilleur sens de l'orientation que moi.
J'étais presque jalouse de l'intérêt qu'il te porte depuis les Jeux Olympiques. Il a un faible pour les femmes qui ont pris leur envol, dans le sens littéral et métaphorique. Ça ne fait pas très longtemps que tu as quitté ton nid, mais je suppose que ce que t'offre Luther est à la bonne taille et te correspond assez bien pour un premier vol.
Si tu ne sais pas ce qu'est le Grand Vide, c'est que tu n'es pas montée encore assez haut. Si un jour tu montes assez haut, que tu passes au-dessus de l'oxygène que ton corps te réclamera à grands cris silencieux, que plus rien ne te protégera de la vraie force du Soleil et que ton sang se mettra à bouillir dans tes veines, alors tu auras fait la moitié du chemin vers le Grand Vide.

La femme offrit un sourire mystérieux à Aélia, prit une gorgée de rhum puis ajouta :

- Une expérience absolument unique ! D'où l'utilité des jouets adaptés.

De nouveau, elle lisaa un pli de sa combinaison.
La clochette resta silencieuse.

Un sourire mutin étira les lèvres d’Aëlia à la remarque de Maeko et elle lui fit un clin d'œil, avant de lever un sourcil surpris devant son bras qui s’enfonçait dans son sac. Un lueur gourmande traversa cependant son regard devant la bouteille noire manifestement remplie d’un rhum qui dégageait des accords merveilleusement appétissants. Détail plus étonnant, elle ne semblait pas plus vide, alors que Maeko venait de s’en servir un verre.

*Mmmh voilà qui ferait fureur dans le placard aux délices !!*

Elle se promit d'en parler à Luther. Son regard se fit à la fois surpris et amusé lorsque Maeko lui parla de son étrange correspondant. Il aimait les filles qui prenaient leur envol hein ? Ah ça, il risquait de ne pas être déçu le bougre ! Elle eut un sourire mutin, recelant plein de promesses. Pourtant, ce fut bien la mention du Grand Vide qui l’attira.

Oh mais tu sais, actuellement, je suis assez terre à terre, fit-elle.

Elle fit tourner son breuvage dans son verre, regrettant de ne pas avoir la même chose que son interlocutrice, et en prit une gorgée.

Et une fois dans le Grand Vide, qu’est ce qui se passe ?

La femme afficha un sourire plus malicieux encore, et sa clochette tinta. Deux fois, alors qu'elle répondait à Aélia :

- Terre à terre... Huhu... très bien, très bien. C'est une tournure marrante quand même ; terre à terre à terre à terre à terreàterrehàterateraterateradrabap.

Sa phrase se termina dans cette série de vocalises rythmiques plutôt surprenantes, puis elle s'interrompit pour boire son verre cul sec. Reposant ce dernier d'un coup sur la table, elle enchaina aussitôt sans rater un battement :

- Mmmmmah ! Si, c'est bien, terre à terre. Deux dimensions, y'a de quoi faire déjà. De quoi s'amuser.
Le Grand Vide ? Y'a plus de dimensions, déjà. Au moins quatre, pour pouvoir se repérer. Et plus si on veut pimenter les soirées. Il faut juste faire attention à pas trop s'étirer, vue les distances. On peut être tentée de jouer les élastiques, huhu... mais y'en a qui ont essayé et qui ont eu des problèmes ! Mouha. Ha. Ha. Ha. Ha !

La femme partit dans un grand rire, un brin théâtral, évoquant les grands méchants qui expliquaient leur plan à voix haute en se lissant la moustache.
La clochette resta silencieuse.
Elle retrouva peu à peu son sérieux, en se resservant un verre de rhum, de sa bouteille qui restait toujours aussi pleine.

- Après, on peut y faire à peu près ce qu'on veut, les voisins ne sont pas trop regardants...
Un verre de rhum ?

Alors que la femme tendait sa bouteille à Aélia, prête à remplir son verre aussi si jamais elle acceptait, la porte du bar s'ouvrit en grand.
Une forme sombre se baissa et se contorsionna pour pénétrer à l'intérieur.
Un masque de métal argenté, au long bec évoquant celui d'un oiseau, avec de grosses lunettes rondes aux verres fumées intégrées pour protéger les yeux. Un haut de forme avec une cagoule de tissu noire recouvrant l'arrière du crâne, cou, nuque et descendant jusqu'aux épaules, rejoignant le grand manteau sans véritable forme sous lequel se cachait un corps qui, alors qu'il se dépliait de toute sa hauteur - de plus de deux mètres, tout de même - et commençait à avancer vers la table où se tenaient assises la femme et Aélia, ne pouvait que donner une étrange sensation d'étrangeté.
Il y avait des bosses là où il n'était pas censé y en avoir, une démarche aux mouvements très/trop segmentées, un certain dandinement, des bras qui bougeaient peu, collés contre le torse, des moufles recouvertes de plaques de bronze cachant les mains.
Et ce bruit, à chaque pas, de cliquetis métallique, comme plusieurs éperons qui claquaient contre le plancher...

Le masque restait fixé sur la femme, tandis qu'il s'approchait.
La clochette tinta. Une seule et unique fois.

Aëlia renvoya un regard surpris à Maeko, qui faisait de surprenantes vocalises. Décidément, cetet femme était en permanence une source d’étonnement (qui la dotait d’un indéniable pouvoir de fsacinatuion, il fallait bien l’admettre). Elle l’imita sur le cul sec, sans détacher d’elle son regard, alors que son interlocutrice se lançait dans l’explication du Grand Vide … sans pour autant que cela n’éclaire beaucoup la jeune femme, qui trouvait ces explications bien nébuleuses, et le concept de Grand Vide plus embrouillé que jamais.
Le grand rire parvint à la surprendre de nouveau, d’autant qu’elle ne voyait pas vraiment ce qu’il y avait de drôle dans ces explications -sans doute le souvenir des problèmes de ceux qui avaient voulu jouer les élastiques. Cependant, cette histoire de quatre dimensions l’intéressait. N’était-ce pas aussi le cas sur Elysion ? Elle n’eut pas le temps de l’interroger plus avant que du rhum lui fut proposé, ce qu’elle accepta en tendant son verre avec un enthousiasme goulu:

Toujours ! On ne refuse pas du rhum, quelle idée.

Mais elle n’était pas certaine d'avoir été servie. Son geste était d'ailleurs resté en suspens, interrompu par l’ouverture de la porte du bar, qui avait semblé mettre en pause toutes les actions en cours de déroulement. L’irruption d’une forme noire, masquée et cliquetante, avançant en se contorsionnant vers elle, vaguement menaçante n’avait pas vraiment aidé et on n’entendait à présent que des respirations suspendues … et la clochette de Maeko.
Aëlia était persuadée qu’elle ne l’avait pas vue bouger.

Bonjour. Très beau haut de forme, j’aime beaucoup vos lunettes. Quant à ce masque, splendide ! On se connait, peut-être ? lança la jeune femme avec un ton goguenard, histoire de casser la tension.

Si elle ne se sentait pas très sûre d’elle, au moins les conversations autour reprirent, non sans qu’on leur jette des regards intrigués.

La femme servit donc à Aélia un grand verre de rhum. Puis elle leva la tête vers le haut, tirant sur l'articulation jusqu'à pouvoir observer la haute silhouette derrière elle et lui faire un grand sourire la tête à l'envers.
La personne sous le manteau s'inclina élégamment, une main gantée sur le torse à l'emplacement du cœur et répondit à Aélia, d'une voix masculine, vibrante mais qui semblait comporter des parasites, comme transmise à travers de l'équipement d'enregistrement sonore et d'amplification de mauvaise qualité. Le résultat était légèrement grésillant, et donnait une légère mais persistante gêne dans l'oreille de qui l'entendait :

- Bonjour mesdames. Aélia, un plaisir, vraiment, de te revoir.
- Et moaaaaaaaaaaaaahh !

La femme termina sa phrase dans un cri surpris, alors que la silhouette se saisit d'elle et, dans un grand mouvement de manteau et une vitesse impressionnante, elle se retrouva en moins d'une seconde sur les genoux et dans les bras du nouveau-venu, lui-même assis sur la chaise qu'elle occupait un instant plus tôt.
Les genoux de la silhouette se pliaient un peu bizarrement. Les déformations du manteau semblaient encore plus étranges maintenant qu'il était assis. Le masque d'argent et les yeux se penchèrent vers la femme dont les yeux roulaient un peu dans leurs orbites :

- Le rouge te va toujours aussi bien, âme-soeur-coeur-joie-chaleur-promesse-trésor.
- Rhum ?

Le nouveau-venu accepta la bouteille tendue par la femme, et écarta le masque au bec d'argent un instant, juste assez pour pouvoir boire une longue gorgée. Il dévoila ainsi son long museau, ses écailles rouges sombre et deux yeux jaunes aux pupilles fines et verticales.
La clochette de la femme tinta. Deux fois. Son sourire s'était fait plus malicieux que jamais.
Remettant son masque en place, Lampion tourna son attention sur Aélia :

- Félicitations pour ta nomination, capitaine. J'ai pu apercevoir ton navire avant de venir. Très impressionnant.
- Tu triches ! Je voulais aller le voir aussi ! Oh ? Tu penses que tu pourrais nous faire une visite guidée, Aélia ?

Aëlia émit entre ses dents un sifflement très impressionné face au concert de craquements, grésillements et autres bruits métalliques dont la gratifia son interlocuteur. Elle s’était emparée dans le même temps de son verre de rhum, qui humait fort bon, et qu’elle comptait bien descendre en le savourant. Cependant, l'arrivée du mystérieux inconnu rebattait les tables, et elle s'accrocha à son verre comme si elle avait craint que celui-ci ne le lui chipe. Lorsque celui-ci prit Maeko dans ses bras afin de lui piquer sa chaise et de la poser sur ses genoux, la jeune femme parut surprise et amusée, sans pour autant lâcher son verre -s’il était capable de faire ça à une femme, pourquoi pas à un verre de rhum, hm?- , et cette nouvelle posture lui permit de se rendre compte d’à quel point vraiment était étrange le corps de cet intrus. Il ne se pliait à aucun des endroits habituels. Et il semblait beaucoup de plier, pour …

*Ah. Ok.*

Elle venait de reconnaître avec certitude le nouveau venu à son museau, un certain nombre de fois plus gros que ce dont elle se souvenait.

*C’est bon pour les reptiles, le rhum?! Meh quoique, c’est pas vraiment bon pour nous non plus, hein ?*

Le tintement de la clochette de Maeko sortit Aëlia de sa contemplation ébahie. Décidément, elle paraissait bien indépendante celle-ci ! Le duo avait-il beaucoup d’autres mystères en stocks ?

*Question idiote, Aëlia, tu sais parfaitement que la réponse est oui.*

Mais c’est la déclaration suivante qui la fit tiquer.

Apercevoir ? Comment ça, apercevoir ? Il … Il est dans un hangar ! Ou alors, Luther l’a sorti ? Ah ! Je vais lui botter les fesses à celui-là ! C’est ça, il l’a sorti ? Ou il t’a ouvert le hangar ?

Comment ça, elle avait un peu tendance à perdre les pédales quand on lui paralit de son navire ? Pas du tout. Je ne vois pas ce qui vous fait dire ça.

Une visite guidée ? Euh, sans doute, oui ! Ce serait plus intéressant si Luther était avec moi … Mais attends, attends attends, j’ai des questions ! Lampion, t’as mangé combien de tartiflettes pour finir comme ça ? La dernière fois que je t’ai vu, tu tenais sur son épaule, et là, elle est sur tes genoux !

Elle avait vraiment un air indignée d’être la dernière au courant, mais il était assez net qu’elle plaisantait. Elle était cependant suffisamment surprise pour en oublier de boire el verre de rhum qu'elle tenait toujours fermement afin de le protéger du nouvel arrivant possible voleur de boisson.

La silhouette enveloppée par ce grand manteau qu'était Lampion fut agitée de soubresauts tandis que ce dernier riait doucement. L'appareil qui lui servait de traducteur avait définitivement des ratés - sans parler d'une qualité audio à chier, pour parler en termes techniques - car au milieu de grésillements et de craquements de statiques, la machine tenta de traduire :

- Émotion de jeu, bienveillance devant une couvée, lol XD PTDR.
- Huhu... ce traducteur est à la ramasse avec vous, mon plus-si-petit-que-ça-maître.

Lampion leva une main - patte - gantée et tapota le côté de son crâne plusieurs fois, un grésillement se faisant entendre à chaque coup.

- Pas bien adaptation é)à'(ç_èiémù'-u\^@ié^p'(-è_uù#~[| *crac* mise à jour nécessaire.
... Pour te répondre Aélia. Ton navire est toujours dans son hangar. Et les portes sont toujours fermées. Je n'ai pas eu besoin de ça pour aller voir à quoi ressemblait ton nouveau jouet.
Et je suis toujours à la bonne taille pour Maï. Mais je ne suis pas contre une tartiflette.
- Et moi donc...

Le duo soupira de concert, puis la femme reprit après s'être blottie de plus belle contre Lampion :

- Tu es bien sur la défensive quand tu entends que ton navire n'est peut-être plus là où tu l'as laissée ! C'est bon signe, ça veut dire que tu t'y es attachée. Mais tu n'as pas de sécurité pour savoir si quelqu'un est en train de monter à bord ou cherche à s'en emparer ?

Aëlia regarda sidérée, médusée, stupéfaite, l'appareil qui crachotait et disait absolument n’importe quoi. Certes on comprenait l'idée générale, mais, entre le bruit, tout d’abord, qui crissait et sifflait tout en crachotant, et la traduction assez hasardeuse qui en sortait, c'était une expérience pour le moins étonnante. Elle cligna des yeux plusieurs fois, et ce fut la douce brûlure du rhum dans sa gorge qui la réveilla enfin.

Eh ! Il est diablement bon celui-ci ! Très très bon choix !

Elle sourit au duo.

C’est parce que ta pensée est bien trop complexe pour un petit appareil comme celui-ci qu’il peut pas suivre, fit-elle à Lampion avec un clin d’oeil.

Il était un peu surprenant de les voir presque rayonnant d’amour. Un peu plus et Maeko mettait des coups de tête à Lampion afin que celui-ci lui gratouille la tête, comme un véritable matou. Cependant à l’idée que Lampion n’avait pas eu besoin d’entrer dans le hangar pour voir son bateau elle fronça le sourcils (ce qui fit apparaître une petite ride entre ses deux yeux). Décidément, elle ne comprenait rien, et si d’habitude elle s’en fichait, là ça concernait son bateau, alors, quand même, ça ne lui plaisait pas trop ! Elle grogna à la remarque de Lampion, fit un signe à un serveur, à qui elle demanda s 'ils avaient de la tartiflette à manger. Après tout, peut-être que, s’ils avaient le ventre plein, ils seraient moins sibyllins dans leurs explications ! L'action combinée des roboratives patates et du gras fromage associés à la savoureuse viande et aux oignons fondants exhalent toutes leurs saveurs dans un plat chaud et fumant, répandant son alléchante odeur dans la pièce entière les ramollirait peut-être ! Après qu’on lui eut affirmé qu’il y en avait, et qu’elle eut bien vérifié qu’ils parlaient de la même chose (les efferians étaient parfois très bizarres, et appelaient des choses très différentes par le même nom qu’elles avaient habituellement sur Elysion; Aëlia ne tenait pas spécialement à se retrouver avec un plat de légumes bouillis à l’eau assortis d’un poisson vert à la vapeur avec une sauce aigrelette violette, par exemple), elle commanda trois assiettes et se tourna de nouveau face au duo.

Si, si, évidemment ! Mais tout repose sur la technologie des cristaux de Luther et … Bah tu vois, le traducteur de Lampion ? Il pourrait très bien faire pareil ce système de sécurité, sans que j’en sache rien ! Luther dit que c’est très fiable, plus que de la magie, mais je ne suis pas encore assez habituée. Et puis on a pas eu d'intrusion qui me permette de vérifier ça !

Elle eut un sourire carnassier.

Ceci dit je déconseille à quiconque de tenter. ça commence à faire un moment que je n’ai embroché personne, et ça me démange parfois !

Elle arrosa cette déclaration digne de la pirate qu'elle avait un jour été d’une grosse gorgée de rhum.

Je suppose que je n’aurai pas de réponse au mystère de ton changement de taille ? Ça serait sacrément pratique si je savais faire pareil, quand même ! lança-t-elle en souriant.

- Merci. Je tiens cette bouteille d'un vieux pirate avec qui j'avais collaboré et c'était un véritable "connoisseur". Le goût au naturel est déjà excellent, et j'ai trouvé comment l'altérer un peu en jouant avec les changements de pression et de température. Histoire de varier les plaisirs. Huhu...

La femme sirota son verre, distraite un peu par la main gantée de Lampion qui jouait avec sa tresse.
Elle se focalisa pourtant soudainement sur Aélia suite à sa remarque, son sempiternel sourire disparu et une lueur de mauvais augure dans le regard :

- C'est moi ou tu viens de "flatter" mon petit maître ?

La femme paraissait d'ordinaire très peu concentrée sur le monde autour d'elle, ses yeux glissant sur les objets et les personnes comme si elle écoutait une musique qu'elle seule entendait. Mais là, la musique semblait s'être arrêtée et, sans son sourire, l'intensité avec laquelle elle fixait Aélia n'augurait rien de bon alors qu'elle semblait sur le point de faire une crise de jalousie comme seul un dragon semblait pouvoir en faire !
Puis, la main - patte - gantée de Lampion alla frapper doucement la clochette accrochée au bout de la natte de Maeko. L'objet tinta. une fois.
La femme souriait.
Une lueur malicieuse dans les yeux.
Le masque qui recouvrait le faciès de Lampion se tourna visiblement vers l'ancienne pirate, et s'inclina doucement.

La femme pencha la tête sur le côté et ouvrit de grands yeux stupéfaits en entendant Aélia commander son plat fétiche :

- Nani ? Une tartiflette ? Mais... et la pénurie de pommes de terre qui était censée rendre les tartiflettes introuvables dans ce coin du multivers ? Il... y a bien eu une pénurie... pas vrai ?
- Maï... trésor-coeur-aimé... Cela fait longtemps maintenant. Les choses ont eu le temps de revenir à la normale.
- Peut-être oui... mais imagine si je me suis plantée dans mes calculs, à l'époque ! Ça remettrait beaucoup en cause !

Elle mit la main dans son sac, en sortit un vieux carnet qu'elle feuilleta frénétiquement, à la recherche d'informations spécifiques, sans avoir l'air de tout à fait se souvenir où étaient notées ces informations, ni à quoi elles avaient pu ressembler.
Distraitement, elle but une gorgée de rhum.
Ce fut Lampion qui releva la remarque d'Aélia sur une éventuelle tentative de vol de navire :

- C'est un défi-jeu-duel ?

La question était accompagnée d'une sorte de ronronnement gloussé, et le dragon camouflé se pencha vers l'avant, sa tête et son cou surpassant Maeko perdue dans sa lecture pour mieux observer Aélia. Difficile de dire s'il considérait l'offre sérieusement ou non. Le sourire carnassier de l'ancienne pirate avait éveillé son intérêt, en tout cas.

- Et la taille de Lampion est toujours parfaite. Pour moi en tout cas. Tu vois juste de nouveaux détails, et si tu en veux d'autres, ça a un lien avec les dimensions après la quatrième. Il suffit d'en tirer un peu plus sur un endroit ou une personne, c'est tout. Comme tirer une couverture. Je pourrais essayer sur ton Luther si tu veux, si tu as envie de quelques ajustements.
Aha ! Ils sont là !
...
C'est vraiment moi qui a écrit ça ?

La femme leva son carnet à la lumière, le bras tendu et les yeux plissés pour tenter de faire sens des gribouillis mathématiques et des dessins rudimentaires de dragon jouant du luth, de petites fleurs et de papillons...

Aëlia afficha un sourire éclatant face au regard inquisiteur de Maeko, apparemment pas du tout effrayée par cette montée soudaine de jalousie, presque craneuse en vérité. En réalité, elle se demandait vraiment si la femme irait jusq’à l’attaquer physqiueemnt, tant elle était imprévisible, et elle se fit al réflexion que si elle le faisiat, elle n’était aps certaine d’emporter le match. Maeko semblait avoir des ressources insoupçonnées, et qui diable pouvait bien savoir ce que cachait cette combinaison rouge ? Quant à elle …

*Faudrait que je fasse plus de sport. On dirait pas, mais la vie en mer, c’est des heures de salle tous les jours, discrètement !*

Le changement rapide d’expression et d’idée, manifestement, de Maeko, assorti au tintement clair de la clochette la surprit autant qu’elle en fut soulagée (et un peu inquiète: Maeko lui semblait vraiment très imprévisible). La remarque sur la pénurie de pommes de terre et l’absence de tartiflette la fit sourire. Oui, elle avait entendu parler de ça ! Mais ça faisait des années, et si cela avait quelque peu perturbé la saison froide, la situation avait été rétablie. De ce qu’elle se souvenait, ça avait été lié à la guerre entre Eaque et Rhadamanthe, mais elle n’en aurait pas mis sa main à couper (elle était un peu ailleurs à cette époque, préoccupée par autre chose). De ce dont elle se souvenait, la production avait été relocalisée, plus au Nord des continents, mais mêlée à d’autres cultures, afin de prévenir les ravages. Enfin, pour ce qu’elle y connaissait, ça ne l’avançait pas beaucoup ! Tant qu’il y avait de la tartiflette. Et de la raclette. Et de la purée. Et des pommes au four. Et des pommes vapeur. Et des pommes noisettes. Et des pommes dauphines. Et des pommes de terre hasselback. Et des pommes rissolées. Et des frites. Et … et des patates, quoi ! Elle cessa d’y penser avant de se mettre à baver (ça n’aurait su tarder), et se re-concentra un peu sur la conversation face à elle.
Et cette fois-ci, c’était Lampion qui était inquiétant ! Décidément ce maudit duo ne lui laissait aucun repos, c’est pas possible ça ! Elle soutint son regard de défi, avec un air du “Essaie seulement gros lézard et je verrai quel goût a ta chair une fois bien rôtie.”, tout en espérant bien fort qu’aucun des deux ne la prendrait ni au mot ni au regard, car sinon, elle allait sacrément se faire enguirlander par Luther.
Au petit discours de Maeko sur la taille de Lampion, elle haussa un sourcil, puis pouffa à l’idée d’ “ajuster” Luther.

Non, non, ça va merci. Il est très bien comme il est, ce brave garçon.

Elle eut un petit sourire entendu, et se tordit le cou pour tenter d’en voir plus sur le carnet de Maeko, sans succès aucun (c’était illisible, trouvait-elle). C’est alors qu’elle avait la tête dans un angle digne des pires torticolis qu’on leur apporta trois assiettes odorantes et fumantes, brillantes du gras du fromage et des lardons mêlés aux pommes de terres fondantes. Avec un grognement, Aelia reprit une position un peu plus normale, remercia le serveur, et empoigna sa fourchette, l’air décidée à taper dans son assiette vite et bien.

Eh bien bon appétit, les amis ! Et comme tu le vois, la pénurie est passée. On a eu quelques temps difficiles il y a quelques années je crois, mais c’est revenu à la normale. En tous cas les prix n’ont pas augmenté et on trouve des patates facilement, pour mon plus grand bonheur, hehe.

Sur ce petit rire satisfait, elle piqua une grosse fourchette dans son assiette, un air gourmand peint sur son visage.

Lampion avait soutenu le regard de défi d'Aélia, sa propre expression rendue indéchiffrable par son masque et ses yeux inhumains qui ne laissaient rien transparaître. Il finit néanmoins par glousser, puis reprit une position plus naturelle, revenant au fond de la chaise, enserrant un instant un peu plus la femme entre ses bras.
Sa silhouette inhumaine et son long cou qu'il avait étendu pour observer Aélia de plus près avaient attiré pas mal de regards surpris et suspicieux de la part des autres clients de la salle. Fort heureusement, les Efferians n'étaient pas encore habitués à toutes les formes exotiques des Races de la surface, aussi les bizarreries de Lampion ne sortaient pas complètement du lot et ne passaient pas pour encore plus exotiques. La présence d'Aélia aidait aussi.
La femme se laissa aller à l'étreinte de son compagnon encapuchonné un instant, avant de se dégager doucement pour écouter l'ex-pirate lui expliquer ce qu'il en était de cette affaire de pommes de terre. Elle referma ensuite son carnet d'un coup sec, avant de sourire :

- Ah ! Tant mieux si je ne me suis pas plantée ! Il y avait peu de chances, car je ne me trompe jamais. Mais tant mieux si cette histoire est derrière nous... je ne te cache pas que l'idée de ne plus voir de tartiflette pendant un moment m'a donné des palpitations. Ça fait combien de temps que c'est terminé, d'ailleurs ? Tu m'as l'air un peu plus ridée que la dernière fois que l'on s'est vues...

Son regard se détourna d'Aélia pour suivre l'arrivée des plats de tartiflette avec l'intensité d'un oiseau de proie venant de repérer un rongeur à trois cent mètres. Distraitement, elle rangea son carnet dans une de ses poches.
Lampion ronronna doucement lorsque les assiettes furent posées devant eux.
La femme pencha son visage au-dessus, et inspira profondément avant de lâcher dans un souffle :

- Merci, Aélia... ça m'avait vraiment manquée, tu sais ?
- Pas de curée, MaÏ-coeur-aimée. Proie rare.

Lampion aussi avait baissé la tête vers l'assiette fumante et délicieusement odorante, mais s'était surtout rapprochée du visage de Maeko, son masque argenté venant frotter contre celui de la femme, ses yeux visibles derrière les lunettes fixées sur sa compagne, comme inquiets.
Les différents écrans dans la salle, qui jusque-là passaient des publicités, ou des clips musicaux typiquement efferians, changèrent sans prévenir pour afficher l'image d'une femme en tailleur assise derrière un bureau sur un plateau très propre :

"Nous interrompons votre programme pour une info spéciale. Il y a de cela moins d'une heure, un vol a été commis aux manufactures cristallites LutherCorp. La valeur du butin ne nous a pas été confirmés, mais les autorités ont décidé d'instaurer une fermeture partielle des accès de la ville à la demande des représentants de LutherCorp, ceci afin de retrouver au plus vite les responsables. Si vous devez quitter la ville vers les mines ou ailleurs, munissez-vous d'une pièce d'identité, d'une justification de votre employeur, et de patience. Luthercorp n'a pas souhaité s'exprimer à notre demande d'interview, mais a appelé au sens civique de tout à chacun pour signaler tout comportement suspect, sans préciser si la société offrira une récompense pour toute aide dans la capture de ces criminels. Tout de suite, la météo !"

Les occupants du bar/restaurant commentèrent la situation à grands renforts de grommèlements contre la fermeture partielle.
Maeko attrapa une fourchette et mélangea avec application son plat, avant de lever les yeux pour sourire à Aélia :

- Tu es sûre pour Luther ? Je me sens redevable, si tu m'offres une tartiflette. J'ai toujours le plus grand chapeau, mais ça ne semble pas très équitable...

Décidément, Maeko avait l’art du tact ! A la mention de ses rides, Aëlia éclata de rire, et fit un signe de tête lorsque l’étrange femme la remercia pour la tartiflette, une sourire en coin à la mention de la rarerté de la proie par Lampion. Ces deux-là avaient réellement l’air très complices, et Aëlia se posait des questions sur la nature réelle de leur relation. Ils semblaient liés l’un à l’autre par des sentiments très forts. L’ancienne pirate avait rarement croisé duo beaucoup plus improbable, d’autant plus que les dragons se faisaient rares sur Elysion. Particulièrement les dragons qui changeaient de taille comme de chemise. Ceci dit, le duo semblait tout à fait captivé par le gratin fromager fumant devant eux. Alors qu’Aëlia allait situer pour Maeko la pénurie de pommes de terre, tous les écrans changèrent de manière soudaine, alors que son canon de bras se mettait à vibrer furieusement.

*Merde.*

Elle n’eut pas vraiment besoin du message pour comprendre que quelque chose n’allait pas, mais l’annonce vint préciser sa conviction.

Merde, jura-t-elle cette fois à voix haute.

Elle lâcha sa fourchette, sourcils froncés, et rassembla le peu d’affaires qu’elle avait, manifestement préoccupée. En effet, elle restait la compagne de Luther,e t siégeait au conseil d’administration. Certes, les cristaux n’étaient pas son domaine, mais elle restait partie prenante dans l’entreprise, et il était évident que si le bijou-gadget à son bras vibrait, il y avait une bonne raison: elle était appelée à retourner au siège, tout simplement. Maeko, à l’inverse, n’avait pas l’air des plus perturbées par cette annonce (et comment l’en blâmer ?). Aëlia lui sourit, déjà debout, tout en laissant l’argent des consommations sur le comptoir.

Promis, il est très bien comme il est et n’a besoin d’aucun ajustement ! Tu me paieras ta dette une autre fois; vous avez entendu l’annonce comme moi, et je dois absolument filer, ou je vais me prendre la soufflante de ma vie si j’en crois ce truc qui vibre à m’en engourdir le bras.

Elle grommela un ou deux jurons à propos du canon qu’elle n'arrivait pas à régler, puis reprit:

Maeko, Lampion, ravie de vous avoir revus, et au plaisir de se recroiser … et pas de blagues hein !

Elle fit une sorte de petite révérence humoristique, et fila vers Luthercorp, qui devait grouiller. Ce n’est qu’une fois au milieu du conseil de crise qu’elle se rendit compte que peut-être, peut-être, aurait-il fallu poser quelques questions à Maeko et Lampion, ce duo aux pouvoirs étranges et mystérieux fort avide de connaissances sur les cristaux. Bécasse va ! Mais la sécurité avait de toute façon été renforcée absolument partout dès que l'on s'était rendu compte du vol ...

Dans un drôle d'ensemble, les deux levèrent la tête de leur tartiflette pour observer d'un air curieux et intrigué le canon de bras vibrant de l'ex-pirate, allant jusqu'à se pencher sur le côté pour mieux voir, tandis qu'Aélia se mettait sur le départ.
La femme laissa échapper son rire en répondant :

- Huhu... C'est une promesse que je ne ferai pas. Va, et à la revoyure. N'oublie pas de réviser un peu comment ton navire fonctionne, quand même !
- Bonne chasse, Aélia-coeur-tempête.

L'ex-pirate urgentée sortie, le couple entama la lente dégustation de leur plat, se partageant la tartiflette dans un calme et un silence rarement entrecoupé de mots murmurés, dégustant chaque bouchée.
Puis, le repas fini, la femme extirpa un immense chapeau d'une de ses poches.
Le couvre-chef, au moins trois fois plus grand et extravagant que celui qu'elle avait offert à Aélia en arrivant dans le bar, semblait être une parodie de lui-même, et on aurait sûrement pu rhabiller intégralement une autruche avec les plumes qui y étaient accolées. Ajoutant à l'objet un bout de papier où elle griffonna quelques mots, la femme laissa le chapeau sur la chaise occupée plus tôt par l'ex-pirate.


Puis, la femme et son compagnon caché sous son grand manteau quittèrent le bar, s'enfonçant dans le dédale de ruelles suspendues, de ponts et de coursives propres à Efferias.
Sur la chaise reposait ce grand chapeau et, dans la lumière artificielle changeante des écrans qui avaient diffusé l'alerte quelques instants auparavant, on pouvait de temps en temps apercevoir un éclat brillant se refléter au milieu des plumes extravagante. Un éclat, cristallin...
La clochette tinta. Une fois.