Epreuve 5 - Damned Town
Accident ou coup de génie, magique ou technologique, vous vous retrouvez tout à coup devant vous-même enfant, et avez la possibilité d’échanger avec ce vous du passé. Que lui diriez-vous ? De se méfier de telle ou telle personne ? De persévérer ? De croire en l’avenir ? De ne pas jeter cette bouteille dans la mauvaise poubelle, sinon… “voilà ce qu’il va se passer” ?
C’est sûrement aussi le moment pour lui - ou vous - offrir un cadeau, pour l’aider ou le guider. Charité bien ordonnée commence par soi-même, après tout.
Vous avez une journée pour poster un message de maximum 1500 mots. Vous pouvez utiliser un compteur de mots (trouvable ici). Vous pouvez faire moins de mots.
L’épreuve se termine dimanche 10 décembre à 23h59.
La forme est intégralement libre.
Vous pouvez présenter au début de votre post votre personnage et son univers si vous jugez cela utile. Cela ne compte pas dans les 1500 mots de votre réponse.
Vous pouvez préciser au début de vos posts du vocabulaire spécifique à votre univers. Cela ne compte pas dans les 1500 mots de votre réponse.
Vous n’avez pas besoin d’être inscrit sur Elysion pour poster.Il vous suffit d’utiliser le code de transformation (trouvable ici) pour faire apparaître votre pseudo et votre avatar. Pensez à le tester !
Dans un souci d'accessibilité, nous vous demandons de veiller à coder le moins possible vos messages.
Vous avez la possibilité au début de votre premier post ou à la fin de votre dernier post de préciser:
- que vous ne souhaitez pas de commentaires sur votre texte
- que vous souhaitez des commentaires approfondis sur votre texte
- que vous ne souhaitez pas que votre texte soit lu à haute voix
Si vous ne précisez rien, votre texte pourra recevoir des commentaires simples et être lu à haute voix.
Bon jeu !
- Alice [DT]Invité
Re: Epreuve 5 - Damned Town
- HRPG:
- Coucou o/
C'est Alice Green de Damned Town
♫ Pour commencer, un petit aperçu du contexte du forum :
Paradis, Enfers, Terre, tout est réalité. Damned Town est une ville immense, perdue quelque part on ne sait où. Les humains qui commettent un péché s’y réveillent, comme après un long sommeil, aux pieds des marches de la Mairie, recouverts d’une petite couverture. Les déchus, exclus de leurs terres d’origines, y sont envoyés pour s’y racheter.
De par la présence de la reine des anges, Haelyn, et d’un roi démon, Dragon, les anges et les démons cohabitent avec tout ce petit monde dans la ville, se livrant une guerre ouverte, sans violence, car interdite, mais sans merci.
Plus d’infos : http://damnedtown.forumactif.org/f1-reglement-et-contexte
♫ Pour Alice, c'est une ange. Elle est née d'une mère ange et d'un père démon déchu, chose qu'elle ignore puisqu'elle a été élevée par des parents adoptifs au Paradis qui ont gardé le secret de ses origines. A cause de ses gênes démoniaques, elle a été une enfant turbulente dont on a canalisé les pulsions avec les arts martiaux et la boxe à l’adolescence. Indisciplinée mais indéniablement douée, Alice a fait partie de la garde du jardin d’éden. Elle a ensuite été recrutée pour être envoyée à Damned Town dans le cadre de sa spécialité, l'espionnage. Là, elle y croise des démons, objets de sa curiosité depuis des années. Elle rencontre notamment Alec, avec qui elle vit rapidement une passion dévorante. Au cours de ses pérégrinations en ville, elle fait également la connaissance du roi des démons, Dragon, lors d'une de ses missions. Et ça ne passe pas comme prévu, elle est punie pour son affront par une marque au fer rouge sur l'omoplate représentant le symbole du souverain. Alice ne s'est jamais sentie chez elle parmi les anges et a désormais dans l'idée d'être déchue pour être en accord avec elle-même. Son objectif ? La liberté. Mais la reine refuse sa demande de déchéance et la bannit du paradis. Dernièrement, Alice s'est réfugiée chez Dragon, dans l'espoir de trouver une solution à sa situation. Sa quête sera très certainement encore bien semée d'embûches.
♫ Sinon, Alice est une rebelle au grand cœur, curieuse et téméraire, dont la carapace d'acier cache des émotions très – trop – envahissantes. Elle est un peu vulgaire et rentre-dedans, dans le genre brute, mais je vous promets qu’elle est gentille en vrai. D’une grande curiosité, elle est malgré elle attirée par le côté obscurde la force.C’est aussi la prof de boxe de la ville, d’où la situation initiale de ce texte !
Je suis ouverte aux commentaires éventuels sur mon texte, soyez doux s’il vous plait. Je donne aussi mon autorisation pour une lecture à voix haute par un tiers, un volontaire de chez DT ou d’ailleurs pourra me remplacer (je ne suis pas très à l’aise en vocal .w.)
Un grand merci au staff d’Elysion pour cette 18ème édition, cœur sur vous !
Even when the night is cold
I got that fire in my soul
Me, Myself & I ~ G-Eazy ft. Bebe Rexha
Tu te stoppes, un pas en avant, ton front se pose contre le sac. Les paupières closes, elles frémissent toujours, agitées par l’adrénaline, l’excitation de tout ton corps, cette urgence de canaliser des émotions dans la boxe, pour ne pas exploser et faire disparaître la ville dans ta colère. Quand tes yeux s’ouvrent à nouveau, tu tournes la tête vers le grand miroir qui court sur le mur à tes côtés. Ses brisures sombres ressemblent à des cicatrices, elles serpentent sur la paroi brillante et menacent de faire éclater la dalle de verre à tout moment.
Tu clignes plusieurs fois et fronces les sourcils. Ton reflet ne te renvoie pas la réalité grisonnante de la salle de sport, un décor prend forme peu à peu. Il reste trouble, comme une image projetée à la surface d’une eau agitée. Intriguée, tu t’approches à pas lents. Ta main se tend vers cette illusion étrange et quand la pulpe de tes doigts caresse l’étendue cristalline, tu te sens aspirée dans un tourbillon. Le temps suspend sa course, le monde se renverse et tu voyages dans une dimension parallèle.
Dans un sursaut, tu observes ce qui t’entoure, que tu ne tardes pas à reconnaître. Une fenêtre est ouverte sur la cité d’argent, la capitale des anges Elyséa s’étend à l’horizon où l’on distingue à peine l’océan. Des rideaux immaculés ondulent sous la brise légère qui s’engouffre dans la pièce, charriant un parfum familier qui t’arrache un frisson d’écœurement. Un lit trône dans la pièce, garni de draps à motif fleuri et de multiples peluches ailées. Des jouets en bois s’éparpillent sur un tapis poilu. Un tas de papiers et des crayons de couleurs sont étalés en pagaille. Tu es de retour dans ta chambre d’enfant.
D’aucun serait attendri de retrouver un tableau empreint d’innocence, de tendresse et de souvenirs supposés heureux. Mais déjà à cette époque, tu n’étais pas naïve au point d’avaler sans broncher ces clichés de la petite fille pure et parfaite. Jouer les princesses sages et polies, qui crient à l’aide au prince charmant et se terrent de peur face aux créatures des enfers, très peu pour toi. Tu laissais ça à tes copines d’école. Tu ne ressens qu’une rancœur désagréable devant le spectacle de ta cage dorée. Cette décoration que tu n’avais pas choisie et les incitations à te fondre dans la peau de quelqu’un d’autre qu’elle te renvoie. Une prison de luxe, toute en paillettes et en faux semblants.
Une tempête de cheveux noirs ouvre grand la porte avant de faire irruption dans la pièce et de claquer derrière elle, incarnation de la colère rebelle enfantine. Quand tu l’aperçois, tu t'identifies immédiatement, cette fillette qui croise les bras, une moue furibonde collée sur son minois, les bras croisés en signe d'exaspération. Elle lève les yeux vers toi et vous restez de longues secondes à vous dévisager avec aplomb.
- Qu’est-ce que tu fais dans ma chambre d’abord ?
La question fuse sur un ton accusateur. Déstabilisée devant ta propre incarnation du passé, tu restes silencieuse. La vérité est que toi-même tu n’en as aucune idée. La boule de nerfs ramasse son attirail de coloriage et renverse le tout dans la poubelle d’un geste rageur.
- M’en fiche, va falloir partir.
Tu t’approches de la corbeille et comprends finalement à quel moment précis du temps tu as été envoyée. Au fond, les morceaux de papiers déchirés où des vestiges d’un dessin se lisent encore. Mue par ton instinct, tu fouilles dans la poche de ton gilet et y découvres ce même gribouillis de gamine que tu connais bien. Une représentation des enfers du point de vue d’une jeune ange qui rêve de voyages à travers les contrées infernales, de sable chaud et de dangereux dragons. Des blasphèmes pour ses parents, des bêtises gravissimes, une honte. Tu te souviens de la réaction horrifiée de ta mère, sa façon de mettre en pièce ton ouvrage comme on chiffonne un vieux mouchoir dégoûtant et surtout de ses mots. La douleur de son discours, ta colère, ton incompréhension, ta culpabilité. Cette fâcheuse impression - que tu portes toujours au fond de ton cœur - de ne pas être à ta place, pas acceptée pour qui tu es, une erreur qui dérange. Un bug dans la matrice parfaite de leur existence où tout doit être sans défaut. Maman n’a jamais compris la flamme qui brûlait en toi, celle qu’elle n’a pas réussi à éteindre malgré les années, celle que ton père biologique avait allumée au grand dam du Paradis tout entier.
Tu rejoins cette Alice du passé qui s’est assise sur son lit et qui retient ses larmes par fierté. Tu t’installes à côté d’elle et lui tend le dessin sans rien dire. Ses yeux se posent dessus à contre-cœur et s’écarquillent de surprise. Elle t’arrache le papier des mains dans des exclamations tonitruantes.
- Mais maman l’a déchiré ! C’est pas possible ! Comment tu as fait ? T’es magicienne ?
- On peut dire ça oui.
Elle se rapproche de toi, la main à ses lèvres pour te chuchoter à l’oreille :
- T’es une sorcière c’est ça ? T’inquiète pas, je le dirai à personne.
Tu éclates de rire. Elle revient sur le matelas et se place en tailleur près de toi, ses grandes prunelles brunes toujours en pleine contemplation de son œuvre.
- C’est les enfers pas vrai ? lui demandes-tu.
- Comment tu sais ? T’y es déjà allée ?
- Non, pas encore. Mais j’aimerais bien.
- Moi aussi. Mais maman m’a interdit d’en parler, bougonne-t-elle.
- L’écoute pas.
- Elle dit que c’est des monstres et que c’est dangereux.
- C’est pas vrai. Puis on s’en fiche.
Son regard s’allume d’une admiration résolue qui te réchauffe le cœur.
- T’as déjà rencontré des démons ?
- Oui. Mon amoureux en est un.
- Wahou ! Je garderai le secret.
- J’espère bien.
Elle sourit. Si elle savait. Tout ce qui l’attend encore, combien son impatience va être mise à rude épreuve, comme elle va devoir souffrir avant de se libérer de ses chaînes, quel parcours du combattant elle va braver pour parvenir à ses objectifs. Ce n’est pour l’instant qu’un rêve d’enfant mais le feu qui couve en elle brûlera un jour les jupes de la reine des anges elle-même.
- Comment tu as fait pour y arriver ?
- A quoi ?
- A être aussi stylée.
Vos rires se répondent avant qu’elle ne te fasse signe de faire silence, un doigt sur les lèvres, votre mère ne doit pas être loin, il ne faudrait pas qu’elles vous entendent. Dans un murmure, tu lui confies ces mots que tu aurais voulu entendre de quelqu’un, n'importe qui, à cette époque.
- Ne baisse jamais les bras, Alice. Aie confiance en toi. N’aie pas peur de déplaire. Tu as le droit de t’affirmer, tu peux être qui tu veux. Crois en tes rêves. Sois déterminée, courageuse et bat-toi comme tu sais le faire. Sois vraie, sois forte, sois sincère. Tu es encore jeune, tu verras qu’un jour, tu auras tout ce que tu espères. Garde espoir et n’abandonne jamais. Qu’importe les obstacles, on les abattra. Et ça, c’est stylé !
Son visage s’illumine et ses joues rougissent. Tu sais ce qui anime ce petit être en construction, tu connais les efforts qu’elle sera capable de déployer et il n’y a personne d’autre au monde à qui tu ferais plus confiance pour mener cette bataille qu’est votre vie. Le futur pour vous ce n’est pas la lumière au bout du tunnel mais le plongeon dans les ténèbres inconnues. L'incendie.
- Oh et saisis les mains tendues. Alec et Dragon seront là pour toi.
- Qui ça ?
- Tu verras.
Tout redevient flou, la fillette parle mais tu ne comprends plus ses mots, tu as l’impression d’observer un vieux film qui se rembobine avant que tout ne disparaisse et que tu ne te retrouves à nouveau seule devant le grand miroir et ce reflet ancré dans le présent.
Un gymnase vide, gris et froid. Mais une femme forte et déterminée face à elle-même.
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