Epreuve 5 - Elysion
Epreuve 5 - Elysion
Accident ou coup de génie, magique ou technologique, vous vous retrouvez tout à coup devant vous-même enfant, et avez la possibilité d’échanger avec ce vous du passé. Que lui diriez-vous ? De se méfier de telle ou telle personne ? De persévérer ? De croire en l’avenir ? De ne pas jeter cette bouteille dans la mauvaise poubelle, sinon… “voilà ce qu’il va se passer” ?
C’est sûrement aussi le moment pour lui - ou vous - offrir un cadeau, pour l’aider ou le guider. Charité bien ordonnée commence par soi-même, après tout.
Vous avez une journée pour poster un message de maximum 1500 mots. Vous pouvez utiliser un compteur de mots (trouvable ici). Vous pouvez faire moins de mots.
L’épreuve se termine dimanche 10 décembre à 23h59.
La forme est intégralement libre.
Vous pouvez présenter au début de votre post votre personnage et son univers si vous jugez cela utile. Cela ne compte pas dans les 1500 mots de votre réponse.
Vous pouvez préciser au début de vos posts du vocabulaire spécifique à votre univers. Cela ne compte pas dans les 1500 mots de votre réponse.
Vous n’avez pas besoin d’être inscrit sur Elysion pour poster.Il vous suffit d’utiliser le code de transformation (trouvable ici) pour faire apparaître votre pseudo et votre avatar. Pensez à le tester !
Dans un souci d'accessibilité, nous vous demandons de veiller à coder le moins possible vos messages.
Vous avez la possibilité au début de votre premier post ou à la fin de votre dernier post de préciser:
- que vous ne souhaitez pas de commentaires sur votre texte
- que vous souhaitez des commentaires approfondis sur votre texte
- que vous ne souhaitez pas que votre texte soit lu à haute voix
Si vous ne précisez rien, votre texte pourra recevoir des commentaires simples et être lu à haute voix.
Bon jeu !
- Zel SayrenNomade
- Messages : 97
Date d'inscription : 13/04/2017
Age : 30
Localisation : ... Eh, mais... j'suis où ?
Votre personnage et ses relations
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Re: Epreuve 5 - Elysion
Trigger warning : Deuil de la mère
J’ai fermé les yeux… et quand je les ai ouverts de nouveau, je n’étais plus dans ma chambre.
J’étais dans une caverne. A l’entrée d’une grotte.
Je l’ai reconnue tout de suite. Pourtant, je n’étais pas venu là depuis… depuis si longtemps. Six ans, je crois. Mais je reconnaîtrais chacune des aspérités de la roche qui forme ces murs. Je les ai vu tellement souvent. Je crois même que je me suis amusé à compter ses fissures, une fois. Je ne me souviens plus du nombre. Je ne sais même plus si j’étais arrivé au bout.
Oui. Je connaissais cet endroit. Et je savais qui s’y trouvait. J’ai avancé vers le fond de la grotte. Une ombre s’y trouvait. Plusieurs ombre, en réalité. Un amalgame de créatures enchevêtrées en un embryon composé de dizaines de pattes, de queues, d’yeux, de groins et d’ailes, sans aucune logique, se soulevant et s’abaissant au rythme d’une respiration désordonnée, un bruit lent et incessant, anarchique, de grondements s’échappant de ce mélange échappant à toute logique de cet univers ou d’un autre.
En clair, une portée de cochons volants endormis et ronflants. Des enfants. Et les parents.
Et au milieu de tout ça, une petite silhouette, endormie elle aussi, n’appartenant pas à ce monde. En apparence, du moins.
Inutile de m’approcher pour savoir qui était cette silhouette.
Zel Sayren.
Moi.
J’ai laissé un faible sourire un peu amer se dessiner sur mes lèvres. Quel âge avais-je, là, endormi au milieu de ces porcins ? Sept ans ? Six ? Difficile à dire. Je ne savais pas quel jour on était. J’avais fait tant de sieste au milieu de cette harde… J’avais sûrement passé la journée à courir avec eux, oubliant le temps d’un jeu La tribu qui me détestait. Et puis, épuisé par cette course, je m’étais retrouvé à dormir avec eux, toute l’innocence du monde sur le visage. Une journée tout à fait normale, en somme.
Je me suis approché avant de m’accroupir près de lui. Le frottement de mes ailes atrophiées contre ma cape a émit un léger bruissement. Le doux bruit a suffit pour que le petit garçon entrouvre les yeux. Il en a chassé le sommeil en les faisant cligner.
-Qui… ?
J’ai un peu retenu mon souffle. Je m’attendais à ce qu’il se réveille, mais tout de même… Se retrouver ainsi face à moi-même était pour le moins déconcertant.
-C’est juste un rêve, ai-je murmuré. Juste un rêve.
-Un rêve ? a-t-il répondu encore tout endormi.
Il s’est légèrement redressé avant de demander :
-Je te connais, non ?
-En quelque sorte, ai-je répondu. Et je te connais aussi… Zel.
-Tu connais mon nom ?
N’importe qui aurait eu peur, à sa… à ma place. Mais pas lui. Il était encore à moitié endormi. Et puis, il était encore innocent.
-Zel, je…
Que pouvais-je lui dire ? Qu’étais-je venu lui dire ? J’étais venu sur un coup de tête et… J’étais là, incapable de prononcer le moindre mot…
-Zel, je… j’ai répété.
Et puis…
-Tout ira bien, Zel.
Il m’a regardé, sans comprendre. Mais j’avais ouvert la vanne, et le flot de paroles ne pouvait plus s’arrêter de couler :
-Tout ira bien. Un jour, tu quitteras le village. Tu iras à la rencontre du monde. Tu vas rencontrer des gens merveilleux. Aëlia, une très gentille pirate, qui va devenir comme une sœur pour toi. Xerxes, qui va t’apprendre tant de choses et te comprendre comme personne d’autre. Séléné, qui va éveiller des sentiments en toi que tu ne connais pas encore. Baildurah, qui est très douée pour imiter la reine de Minos. Luther, qui est vraiment drôle avec ses inventions. Et Silvio, le kiwi qui va t’accompagner partout en faisant Trululu…
Son regard s’est teinté d’incompréhension. J’ai senti un liquide chaud sur mes joues, mais j’ai continué :
-Et puis, tu vas découvrir des endroits incroyables ! Tu vas prendre la mer, même si tu ‘as pas vraiment le pied marin. Tu vas découvrir des marais inexplorés. Tu vas participer aux jeux olympiques. Et… et puis…
Tout à coup, mes sanglots ont serré ma gorge, freinant mes paroles. Je ne pouvais plus arrêter mes larmes de couler. Mais… Pourquoi… Pourquoi est-ce que je pleurais ? Pourquoi, alors que je ne lui racontais que de si belles choses, que des souvenirs qui m’étaient chers ? Pourquoi ? Je… je…
Je savais pourquoi. Et je savais quelle question il allait me poser. Parce qu’à sa place, j’aurais posé la même question.
-Et Maman… Elle sera avec moi pour voir tout ça ?
Ma gorge s’est resserrée plus intensément encore. J’avais du mal à respirer. Maman…
Non, Maman ne serait plus là. Il ne te reste plus qu’une dizaine d’années avec elle, aurais-je pu lui dire. Une dizaine d’années avant que les tâches noires ne commencent à s’étaler sur son corps, comme des fleurs mortelles en pleine éclosion.
Je… Je devais lui dire. Il fallait que je le prépare. Ce serait plus facile ainsi. Il fallait que je lui dise.
Alors j’ai dit :
-Elle sera toujours avec toi.
Une phrase si bateau. Un demi-mensonge. Loin d’une vérité, en fait. Je suis faible. J’ai honte.
-Alors ça ira, m’a dit, le petit Zel avec un grand sourire. Si elle est là, tout ira toujours bien.
A ce moment-là, j’ai senti quelque chose se briser en moi. Je n’ai plus retenu mes larmes. J’ai approché mes mains de ses joues - de mes joues - et je l’ai doucement approché de moi. Mon front s'est collé au sien. Et tout en pleurant, j’ai dit :
-Oui. Tout ira bien. Elle sera toujours avec toi. Et même si tu ne le sais pas, Papa aussi sera toujours là.
-Papa ?
-Oui. Tu ne seras jamais tout seul. Aëlia, Xerxès, tous les autres… Tu seras toujours entouré. Tu seras… tu seras toujours heureux.
J’ai fermé les yeux, et je crois qu’il en a fait de même. Au bout de quelques secondes, il a dit d’une petite voix :
-Je comprends.
Avait-il vu à travers mon mensonge ? Avait-il compris ce qui arriverait ? Qu’avant d’être aussi entouré, aussi aimé, pendant une courte période de sa vie, il serait plus seul que jamais ? Impossible à dire. Mais même si c’était le cas…
-Zel, j’ai dit au petit être. Tu devrais te rendormir..
-Je suis endormi, n’est-ce pas ? C’est forcément un rêve. Si ça n’en est pas un, je ne pourrai jamais me rendormir.
-Je peux t’aider, ai-je murmuré. Ferme les yeux.
Il a fermé les yeux. Je lui ai posé la main sur le front. Puis, j’ai fredonné. J’ai fredonné la chanson de Maman. Celle qu’elle me chantait étant petit. C’est drôle, je crois que jusqu’à cet instant… je l’avais oubliée.
La respiration de mon autre moi s’est faite plus lente alors qu’il retombait dans le sommeil. Je l’ai observé une dernière fois, lui et tous les cochons qui l’entouraient. Malgré notre discussion, ils ne s’étaient pas réveillés, ni n’avaient émis le moindre bruit. Étaient-ils seulement réels ? Tout cela n’était-il seulement…
Quand j’ai rouvert les yeux, j’étais de nouveau dans ma chambre. Je me suis redressé, lentement. Je voulais encore garder ces sensations en moi, le plus longtemps possible. Enfin, j’ai soupiré. Je savais que, si tout cela était réel, le petit Zel allait tout oublier. Après tout, je ne me souvenais pas de cette conversation. J’ai baissé mon regard vers le lit. Sur l’oreiller, Silvio a agité ses petites pattes. J’allais devoir le réveiller, lui.
« Il y a juste… cette simple phrase. Cette dernière chose que tu lui a dites. Lui as-tu dit la vérité ? Es-tu heureux ? »
J’ai relevé la tête, les yeux humides, mais les lèvres souriantes. Je n’avais pas besoin de répondre.
[Compteur de mots : 1381 (1266 selon Gdoc 12 selon la police)]
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