[Terminé][Fête de la Paix] Dansez, buvez, embrassez qui vous voudrez ! [libre]

Kyril pencha la tête sur le côté, réfléchissant.

- Ce n'est pas une question idiote. Loin de là même. Je pense aussi que ce sont des pouvoirs similaires. Pour soulever un objet, je projette ma volonté dessus comme tu le fais sûrement pour voir ce qui se passe dans la tête des gens. Après, j'ignore s'il est possible pour un télépathe d'apprendre la télékinésie. J'ignore même ce qui me rend capable d'utiliser ce pouvoir, d'ailleurs.
Je l'ai toujours eu. Mais il m'a fallu du temps et beaucoup d'efforts pour l'aiguiser.

Un bon professeur aussi. Et comme c'était un télépathe qui avait joué ce rôle, la théorie d'Aélia tenait bien la route.
Il sourit ensuite :

- Odéline en mousse... rien que pour ça, je suis impatient de partir en expédition tiens ! Sa voix-qui-sait-tout lui dira sans doute tout ce qu'il faut savoir sur la navigation au moment où elle posera les yeux sur mon navire ! On aura l'air fins à vouloir lui faire la leçon après ça !
...
La télékinésie t'intéresse si j'ai bien compris ?

Elle écouta sa réponse, très intéressée. Il semblait y avoir réfléchi un peu, comme elle, sûrement à des moments de libre. Elle hochait légèrement la tête. La mention qu’elle avait faire d’Odéline en mousse semblait bien amuser Kyril.

- Hein ? euh, oui, un peu. Ça m’intrigue plus qu’autre chose en fait. Et puis, je me dis que ça doit être bien pratique, mais assez fatiguant, si c’est comme la télépathie.

Elle lui sourit.

- Oui, c’est vrai qu’elle risque de nous surprendre … Tu la connais depuis longtemps ?

Ses yeux noisette pétillaient un peu moins, comme si parler de ce sujet l’avait un peu refroidie. C’était quelque chose qui l’intriguait et la fascinait, mais c’était aussi un terrain dangereux que celui de l’expérimentation mentale.

Kyril hocha la tête. Encore une fois, il était d'accord avec elle.

- C'est bien là le cœur du problème. Attraper un objet avec sa volonté, c'est facile. Le faire un moment sans s'épuiser, c'est là que ça devient difficile. Enfin... c'est comme un muscle qu'il faut entraîner. Peut-être que c'est le même muscle que tu utilises pour la télépathie ! On ne sait jamais après tout.
Sinon, oui, c'est pratique. Ça me permet au moins d'utiliser la plupart des objets qui sont conçus pour vous autres, les bipèdes.

Il sourit, en secouant la tête :

- Sur un humain, ça risquerait de faire un peu membre surnuméraire par contre. Tu as déjà deux mains toi.

Il lui fit une grimace, l'air faussement jaloux de cet état de fait.
La télékinésie, il appelait ça aussi son arme secrète. Avec nostalgie, il se rappela de l'époque où, jeune renardeau à deux queues, il n'osait pas utiliser ce pouvoir car le pensant comme une tricherie par rapport aux autres. Depuis, il s'en servait sans honte, même s'il n'en faisait jamais étalage plus que de raison.

- Odéline ? Je l'ai rencontrée pendant ma première visite à Elysée, il y a plus d'un an. On a fait un tour de carrousel et elle m'a invité à prendre le thé chez elle. Après, on ne s'est pas recroisés souvent, jusqu'à la Fête de la... Créativité ? Elle n'avait pas changé d'un iota, tandis que j'ai l'impression d'avoir pris vingt ans !
...
Et toi ? Tu l'as connu comment, notre future Déesse du Savoir ?

Elle sourit. Oui en effet, la télépathie s’entraînait aussi. On apprenait surtout à se fermer. On apprenait à cesser de tout percevoir, on apprenait à sélectionner, et on apprenait aussi à cesser de tout dire, d’être en permanence un esprit ouvert aux autres. C’était long, et souvent compliqué. Elle avait appris cela sur le tard, du moins, c’est ce dont elle souvenait. La mention de se deux mains la surprit, et elle les regarda, avant de le regarder, espiègle.

- Certes, mais ça peut toujours être pratique, je pense, non ?

Sa question était rhétorique. Evidemment, que ça pouvait être pratique –quoique parfois handicapant, comme tout pouvoir. Elle écouta Kyril lui parler d’Odéline, et sourit.

- Comment tu l’as appelée, là ?

Elle riait. Puis son rire s’évanouit. Des souvenirs douloureux remontaient.  

- J’ai rencontré Odéline alors qu’elle avait recueilli Garmyr chez elle. Il était blessé. C’est moi qui l’ait récupéré à son réveil.

Elle s’éclaircit un peu la gorge et l'esprit avec.

- Je ne l’ai pas revu, jusqu’au début de Corona de cette année. Natalia nous avait rassemblées dans un café, et elle lui a confié sa fille. Depuis, je ne l’ai plus revue … Elle m’a juste contactée, mais je n’ai pas encore pu répondre.

Elle sourit au renard à plusieurs queues.

En souriant, Kyril expliqua :

- Déesse du Savoir ! Elle a une voix intérieure qui la rend quasi-omnisciente, et elle peut apparemment traverser les murs, ce qui la rend quasi-omnipotente. Et elle a déjà quelques fidèles, visiblement. Tout ce qu'il faut pour la voir comme une future déesse !

Le kitsune gardait cela sur le ton de la plaisanterie, même s'il ignorait si Aélia suivait une croyance ou non.
Il retrouva un peu son sérieux lorsque la pirate évoqua de nouveau Garmyr avec un air triste, et il hocha la tête. Il ne tenait pas à poser de questions là-dessus, sûr et certain maintenant qu'il y avait une peine de coeur derrière ses petits yeux là.
Il n'avait rencontré Garmyr qu'une ou deux fois, et le métamorphe lui avait laissé le souvenir d'un "bon gars" - à dire avec un air entendu et un vigoureux hochement de tête.

- Je suppose que tu passes du temps en mer ? Ce doit être pour ça que vous ne vous voyez pas souvent.

Il laissa son regard dériver aux alentours, observant tranquillement les danseurs au milieu de la salle, les petits groupes de discussions qui s'étaient formés, les tables occupées...
Il avait faim, tout à coup. Repérant au loin un plateau bien garni de charcuterie, il se lécha les babines :

- J'ai mes instincts de chasseur qui se réveillent. Ça ne te dérange pas si je t'abandonne un moment pour aller bondir sur une proie ?

L’explication du surnom d’Odéline la fit sourire, même si c’était un  sourire un peu fade. Le souvenir de Garmyr avait fait ressortir un peu de tristesse, beaucoup de nostalgie, et toujours ce goût un peu amer. Elle retint un soupir, et regarda l’animal parlant face à elle.

- Oui, ça doit être ça, oui.

Sa réponse était évasive, distraite. Elle s’était déconcentrée de leur conversation. Elle pensait à Garmyr, et ses souvenirs voguaient à la dérive, instants de joie transformés en souvenirs marqués par la tristesse de la rupture.
L’intervention de Kyril la fit à moitié sursauter, et elle le regarda un peu surprise, clignant des yeux.

- Oh … oui, oui, bien sûr. Vas-y.

Elle, bien évidemment, elle avait l’estomac noué, l’appétit coupé.

*Ah ben c’est malin ! Cruchonne, va !*

Elle se détestait d’arriver encore à être triste sur une rupture datant de plus de deux ans, avec un homme qui n’avait jamais fini de lui dire la vérité. Les révélations avaient été faites sur le mode de la pensée dans un lac gelé avant qu’il ne disparaisse définitivement, pour parfois réapparaitre sur des affiches placardées donnant un prix à sa tête, qu’elle tentait d’ignorer tant bien que mal. Elle resta assise, plongée dans ses pensées.

Kyril hocha la tête, puis bondit de sa chaise et trottina paisiblement jusqu'à une des tables du banquet, prenant soin tout de même de contourner la piste de danse. Il ressemblait soudain à un chasseur traquant sa proie, même si la proie en question était déjà cuisinée et fumante. Les queues du kitsune furent les dernières choses visibles, avant qu'il ne disparaisse entre deux tables.
Il réapparut deux minutes plus tard, revenant vers elle avec un air triomphant, tenant dans sa gueule une bonne moitié de gigot.
S'installant à même le sol pour manger à côté d'Aélia, il finit par dire, entre deux bouchées, sans vraiment la regarder :

- Je ne suis pas un expert dans le domaine, et je ne tiens pas vraiment à m'incruster dans tes problèmes, mais s'il y a bien une chose que j'ai appris avec le temps, c'est qu'il ne faut pas ressasser les mauvaises pensées. Ça n'apporte rien à persone, ni ne permet de s'apaiser ou de résoudre les problèmes.

Elle fixait ses mains. Ces dernières années repassaient dans son esprit. Ils s’étaient mis ensemble courant False, presque en Corona de 2776. Ils avaient passé ensemble des moments incroyables, en harmonie complète. Puis, très exactement deux ans plus tard, ils avaient rompu, d’une ignoble manière.  Pendant plus d’un mois, elle était restée sur le bateau, refusant de bouger, persuadée que ce n’était que faux, qu’il reviendrait. C’est le jour où, restée dans sa cabine, elle avait compris que non, il ne reviendrait pas, qu’Alban était reparti.
Puis elle l’avait revu dans une eau gelée lors des Jeux Olympiques. Il l’avait empêchée de gagner en lui confirmant que tout n’était que mensonge, puis il s’était volatilisé, alors que la guerre avait été déclarée. Elle avait parfois revu son visage.
Cela faisait un peu plus d’un an qu’ils étaient séparés, et il n’était toujours pas revenu vers elle. Elle n’avait eu aucune nouvelle. Il avait dit vouloir la sauver. Il était parti comme un lâche. Sur deux ans, il avait attendu la fin pour lui présenter sa famille. Elle se posait encore nombre de questions. Qui était-il vraiment ? Que lui avait-il caché ? Que lui avait-il dit ? Quand l’avait-il manipulée ? Ses serments étaient-ils vrais, ou bien n’était-ce qu’un tissu de mensonges ? Il lui manquait toujours terriblement, parfois elle rêvait de se blottir entre ses bras. Sans réelle rupture claire, sans explications, elle se sentait incapable de passer à autre chose. Dans le même temps, au fond d’elle, elle était persuadée que s’il revenait, elle ne saurait lui résister, et retomberait entre ses bras, lui pardonnant avec un arrière-goût amer, voire même des relents de putréfaction. Elle ne savait plus si elle devait l’aimer ou le haïr, le remercier ou lui en vouloir, le revoir ou l’éviter. Ses poings se serrèrent, alors que des larmes lui montèrent aux yeux.
Kyril la fit sursauter. Evidemment, elle ne l’avait pas entendu approcher, puisqu’elle n’avait pas accès à ses pensées. Elle était entourée de pensées furtives, fugaces, mais toutes joyeuses, ou presque et se faisait surprendre à pleurer par un renard parlant. Relevant la tête, elle sourit, amusée par le demi-gigot dans sa gueule tout en tentant maladroitement d’essuyer les larmes de ses yeux. Ses paroles la surprirent. Et voilà que ce renard parlant lui donnait des conseils sur la gestion de ses sentiments. C’était absurde, et bien réel. Autant prendre la situation comme elle venait, après tout. Elle hocha la tête.

- Ouais je sais. Mais des fois, ça revient, un peu comme une claque à retardement, tu vois ? Et puis, c’est idiot, mais même quand c’est fini de chez fini, il reste toujours un petit espoir.

Elle haussa les épaules, et désigna le gigot du menton.

- Ca va, docile la proie ?

Elle lui fit un clin d’œil.

- Cette proie s'est débattue au début, mais a fini par s'avouer vaincue quand elle a vu que j'étais plus fort qu'elle.

Il semblait sérieux, et continua à manger tranquillement tout en réfléchissant à ces paroles. Sa rupture avait dû être sacrément brutale si elle n'arrivait pas à passer à autre chose. Une pirate qui ne se remettait pas d'une relation amoureuse, ce n'était pas banal !
Malgré ce qu'il s'était dit plus tôt, sa curiosité commençait à le titiller sérieusement !

- Non non non non non, et non ! Je ne me laisserai pas aller à te poser des questions sur ce qu'il s'est passé ! Ma curiosité est souvent envahissante, mais je tiendrai le coup cette fois ! Nah !

Avec un hochement de tête bien net, il reprit son repas.

- Enfin... j'espère que l'expédition que je te propose te changera les idées, et t'éviteras de recevoir d'autres claques.

Elle rit devant le sérieux plein d’humour du récit tranquille de sa chasse. Elle ne fit pas de commentaire, et essuya les deux petites larmes qui perlaient dans ses cils. La pirate eut un sursaut de surprise devant ce soudain enchaînement de « non », tout à fait inattendu. Les yeux ronds, elle ne comprit qu’un plus tard qu’il se retenait en fait de lui poser des questions sur Garmyr. Elle sourit, et était prête à lui donner un bref résumé de leur relation malheureuse alors qu’il hocha la tête nettement, et reprit son repas, évoquant l’expédition.

- Oui, ce serait bien … Mon frère t’en serait reconnaissant je crois !

La jeune femme s’ébouriffa les cheveux, et se reversa sur sa chaise.

- Après, il ne s’est pas passé grand-chose : il est juste parti sans laisser d’autres traces qu’un tissu de mensonges où je ne sais pas démêler le vrai du faux. Ca fait plus d’un an, presque deux ceci dit, mais … Jai l’impression qua sans explication claire, ça ne passera pas. C’est assez embêtant.

Elle eut un sourire.

- Enfin bref ! De toute façon, le grand air me fera du bien. Le grand air fait toujours du bien !

Elle le regarda manger. Puis un sourire malicieux étira ses lèvres. Elle venait de penser à quelque chose. Son sourire disparut très vite. Tant qu’il n’avait pas fini de manger, ce n’était pas le moment.

- Dis-moi … Ton bateau, tu sais où il est, exactement ? Ou tu sais juste qu’il est dans les Montagnes ? Pace qu’elles sont grandes, et si tu ne sais pas, ça risque de nous compliquer la tâche …  

Kyril garda le silence, et termina son repas tranquillement.
C'était étrange, car Garmyr lui avait laissé une assez bonne impression. En même temps, il ne l'avait pas rencontré très longtemps, alors c'était difficile de juger...
Surtout que sa mémoire un peu brouillée lui renvoyait une dernière image du métamorphe dans un sale état, visiblement marqué et imbibé d'alcool. Peut-être que l'histoire était plus complexe qu'il n'y paraissait.
Pour cela, le kitsune préféra garder le silence.

Il venait d'avaler sa dernière bouchée de viande lorsque Aélia posa une question très pertinente.

- Oui-da ! Celle qui m'a joué cette vilaine farce m'a prévenu en m'envoyant un message, contenant des coordonnées. Je croyais au début que ça donnerait sur un point dans l'océan, mais c'est tombé sur une région de Déméter. Je ne sais pas si c'est exactement le bon endroit par contre, mais c'est là-bas que je compte aller en premier. La carte que j'avais n'était pas assez précise, je vais essayer de continuer à vérifier tout ça, histoire de rétrécir la zone de recherches.
Après... un navire sur une cime de montagnes, ça doit être suffisamment voyant.

Il se mit à nettoyer ses pattes avant à grands coups de langue, histoire de ne rien perdre du jus de viande.
Son repas et sa toilette terminés, il releva finalement la tête en se léchant les babines :

- En allant récupérer ma proie, j'ai aperçu un grand gaillard assis à une table. Comme il te ressemblait beaucoup, je l'ai remarqué. C'est ton frère, c'est ça ?

La pirate le regarda manger goulument, un sourire aux lèvres. La bestiole l’amusait, il fallait bien l’admettre. Il lui répondit ensuite, et elle l’écouta attentivement. Sa copine avait l’air bien frappée. Elle hocha lentement la tête, et sourit.

- C’était bon, ça va ? Elle est vraiment particulière ton amie, hein … Après, méfie-toi, les montagnes dissimulent très bien. Un village entier est caché dans celles de Rhadamanthe, alors bon … un bateau, ça doit pas être un si grand défi, pour quelqu’un qui peut le faire voler.

Lorsqu’il évoqua Alban, elle eut un sourire bref.

- S’il a de longs cheveux blonds, dans ce cas, c’est lui, oui. On est habillés presque pareil en général de toute façon. C’est ce qui fait qu’n se ressemble, parce que sinon, mis à part la taille du front … Enfin, j’en sais rien, en fait, mais on nous le dit pas souvent, c’est pour ça. Pourquoi ?

Ses yeux noisette pétillaient. Elle avait une idée derrière la tête.

- C'est vrai, mais j'ai besoin de me montrer optimiste en ce moment, alors ne ruine pas tout.

Il lui tira la langue, avant de tourner un moment la tête en direction de l'endroit ou il avait aperçu le frère d'Aélia. Lorsqu'il reposa les yeux sur elle, il souriait un peu :

- Oh, je voulais juste être certain d'avoir vu juste. En même temps, des grands blonds qui sont habillés en marin, sentent la mer tout autant que toi et qui boivent avec d'autres marins, il n'y en a pas beaucoup dans les environs.
Je me disais aussi que, si c'est effectivement lui, je devrais peut-être aller lui parler de mon projet, non ? Histoire qu'il voie qui offre à sa soeur un voyage en navire volant.
Après, à toi de me dire si c'est une bonne idée ou pas.

Son sourire s'était fait plus grand, attendant la réponse d'Aélia.

Elle s’esclaffa devant sa réponse et sa langue, assez inattendues. Puis elle écouta ce que lu disait Kyril à propos d’Alban, hochant la tête. Un sourire étirait ses lèvres, créant ses fossettes.

- Alors, c’est à toi de voir hein. Mais personnellement, en tant que renard parlant à plusieurs queues voulant embarquer la petite sœur chérie d’un type un peu … brut de décoffrage parfois dans une expédition un poil bizarre pour récupérer un bateau fiché dans une montagne, j’irais pas m’adresser à ce fameux type un soir de fête, alors que la moitié de son sang doit déjà s’être transformée en rhum, ou n’est pas très loin de le faire, puisqu’il célèbre à la fois la paix, donc le retour d’une circulation facile et de richesses plus simples à chasser et plus nombreuses, et à la fois le trésor qu’il vient de trouver. Il risque soit de te rire au nez, et vu l’haleine, ça doit pas être méga agréable, soit il va vouloir te taper, et dans ce cas, ce serait un petit poil dommage hein. Après tu fais ce que tu veux. Mais moi, si j’étais ce fameux renard, je tenterais ça une fois qu’il aura dessoûlé, et que je serai sûr qu’il s’en souvienne, ou alors je laisserais faire la gamine. Au choix.

Au fur et à mesure de sa mini tirade, son sourire s’était élargi, amusé. Elle imaginait la réaction d’Alban face à Kyril, et son étonnement quand elle lui raconterait la scène, qu’il aurait oubliée, à n’en pas douter, un peu plus tard. A moins que la peau du renard lui serve déjà de couverture, ce qui aurait été bien bête, mais au moins, il s’en souviendrait : il y aurait une preuve. Mais elle l’empêcherait de faire ça. On dépeçait pas ses copains d’aventure, non mais ! Quelle idée !

- On pue tant la mer que ça, au fait ?

La question était posée sur un mode humoristique, bien sûr.

Le kitsune se mit à rire à son tour devant l'explication d'Aélia.

- S'il doit me rire au nez et partager avec moi son haleine, je préfère effectivement te laisser le plaisir de l'annonce alors ! J'ai le nez sensible.

Surtout que si, comme elle l'avait dit, il prenait l'envie à son frère de l'attaquer, il risquerait d'y avoir de vrais dégàts. Kyril se défendrait, et ses armes naturelles n'étaient pas émoussées, sa télékinésie risquerait de lui jouer de vilains tours avec ça. Il avait encore en mémoire le petit origami qu'il avait transformé en bouillie par inadvertance quelques semaines plus tôt. Aélia ne serait sans doute pas ravie si la même chose arrivait à son frangin.

Kyril hocha la tête plusieurs fois avant de répondre à la dernière question de la pirate sur son odeur :

- Les marins sentent le sel, l'embrun, le bois, les cordes et les voiles. Sans parler des habits, et de la manière dont ils regardent les choses et les gens.
Le regard et la démarche d'un homme en disent plus long que ses mots, aussi sincère soit-il. L'adage est vrai, mais je rajouterai que l'haleine et l'odeur corporelle en disent au moins autant. Bien sûr, il faut un bon nez pour arriver à en prendre compte. Cela tombe bien, je suis un vrai limier !
Sans vouloir me vanter, bien entendu...
Enfin... c'est vrai que vous autres êtes pratiquement dépourvu d'odorat, et que vous n'entendez pas grand chose non plus d'ailleurs. Mais vos yeux sont assez bons, il parait.

Il souriait, un brin moqueur.

Elle rit à sa réponse. Nez sensible, hein ? Il confirma cela par son explication. En effet, il était animal, et cela devait se sentir, dans tous les sens du terme. Elle s’appuya un peu plus sur sa chaise. Cette idée de connaître les gens par leur odeur lui plaisait. Elle se doutait que cela permettait d’en savoir beaucoup : sa classe sociale par l’odeur de ses vêtements, de sa lessive, de son parfum, ses endroits favoris par l’odeur qu’il traînait, s’il fumait, un peu où il vivait, peut-être s’il fréquentait quelque chose et qui. Mais pouvait-on savoir son caractère ? Mensonge, bonté, avarice, état-ce des choses qui se sentaient ? Cela lui rappelait quand …

Elle cligna des yeux et se força à se reconcentrer. Il fallait absolument qu’elle cesse de penser à lui en permanence. Vraiment. Ça devenait handicapant.
Elle soupira doucement, et se reprit en main regardant le kitsune.

- Tu as un sacré avantage sur nous en même temps … Les animaux sentent clairement mieux les choses ! Et je suis prête à parier que tu as de meilleurs yeux que moi.

Elle lui sourit, espiègle.

- Par contre … Sais-tu danser ?

La musique la tentait depuis tout à l’heure les rythmes étaient entraînants, et lui donnaient envie d’aller s’amuser un peu. Et elle ne doutait pas qu’avec Kyril, ce serait encore plus drôle. Juste les imaginer danser à deux faisait trembler de rire la commissure de ses lèvres, créant des fossettes tout à fait incroyables et mettant des pétillements plein ses yeux noisette. Elle aussi semblait un brin moqueuse …

Kyril secoua la tête :

- J'en doute. Mes yeux ne voient pas bien les couleurs, et je ne vois plus grand chose passé les grandes distances. Ce qui n'était pas le plus pratique en pleine mer. Enfin... il y a toujours les lunettes de navigation pour compenser.

La proposition d'Aélia le fit rire.

- Je ne suis pas un expert, loin de là, mais oui, j'ai le sens du rythme. Par contre, je ne danse pas comme un bipède, donc j'ai un style bien à moi, je suppose.

Il n'avait pas pratiqué depuis un moment. Mais, avec son expédition sur de bonnes bases, l'ambiance festive... et surtout la bière bue plus tôt, il se sentait assez enjoué pour accepter de faire un peu de danse.
Le kitsune se releva, se secoua avant de faire un clin d'œil à la pirate et de se diriger vers la piste de danse, ses trois queues entamant déjà un ballet dans son dos, en rythme avec la musique.

Elle hocha la tête, pesant le pour et le contre, puis finit par lui sourire. Son sourire s’agrandit lorsqu’il accepta de danser. Elle e regarda se diriger vers la piste, et ses queues se mirent à danser. Fascinée, elle l’observa un peu ; C’était très beau, harmonieux. Ca semblait sorti tout droit d’ailleurs, et ça lui plaisait. Elle finit portant par le rejoindre. Elle entra sur l piste, resta près de lui, dansant avec plaisir. Elle aimait s’amuser, et en ressentait aujourd’hui presque le besoin.

- C’est très joli, mais je ne te trouve pas très aventureux ! TU te mets sur deux pattes, tu t’appuies sur moi, et on danse ensemble ?

Son sourire était plein de fossettes. C’était son idée depuis tout à l’heure. S’il refusait, au moins, elle se serait amusée de l’image !

Kyril dansait d'une patte sur l'autre, joignant son corps dans le ballet rythmé que faisaient ses queues dans son dos. Ses mouvements suivaient bien le rythme de la musique, mais n'avaient rien à voir avec les pas des autres personnes autour de lui. Comme il l'avait annoncé, il avait son propre style.
Le kitsune sembla s'indigner suite aux paroles d'Aélia.

- Keuwa ? Pas aventureux ? C'est mal me connaitre, jeune fille ! Tu vas voir tiens !

L'étincelle pourtant amusée qui faisait briller ses yeux - ou alors étais-ce l'alcool qui faisait cet effet ? - semblait indiquer qu'il ne faisait que plaisanter.
Se tournant vers elle, il souffla et se dressa sur ses pattes arrière, sautillant sur place de façon un peu ridicule pour rester plus ou moins en équilibre. Il finit par poser ses pattes avant sur les épaules d'Aélia, un air de profonde concentration se lisant sur son visage.
Dans cette position, il était quasiment aussi grand qu'elle, et sa taille ainsi dévoilée aurait pu le rendre intimidant presque s'il n'avait pas de toute évidence des difficultés à garder la position. Les muscles de ses deux pattes arrières n'étaient pas habitués à supporter le poids normalement réparti sur quatre pattes.

- Tu vois ? Je suis par-fai-te-ment aventureux !
...
Par contre, évite les cabrioles.

Sa réaction la fit éclater de rire. L’étincelle dans les yeux du kitsune annonçait un moment d’anthologie. Alcool, ambiance festive, bonne ripaille, tout ceci devait contribuer à un tel déroulement des choses. Les yeux noisettes de la jeune fille pétillaient, et lorsque le kitsune souffla d’un coup, et se dressa comme un ressort sr ses pattes arrière, la bouche de la jeune fille forma un « o » amusé. Il sautillait sur place, un peu comme si ses pattes reposaient sur des braises, l’équilibre semblant complexe à atteindre. Elle cessa alors de danser pour le regarder, un peu goguenarde. Il parvint enfin à poser ses pattes avant sur les épaules de la piratesse, l’air très concentré. Il parla, et elle rit, tout en lui posant les mains sur ce qui, chez un humain, aurait été le haut de la taille. Il était très grand, et elle supposait que son poids devait être difficile à supporter pour ses deux pattes arrière, et ainsi, elle espérait pouvoir l’aider à garder un pu d’équilibre sans se faire mal. Aëlia était espiègle, mais surtout elle était altruiste, et aurait mal supporté qu’il se blesse par sa faute. Mais elle le fit sans rien dire, restant un peu moqueuse.
 
-          Parfaitement hein ?
 
Elle lui fit un clin d’œil.
 
-          Eh bien, dansons maintenant, mon cher !
 
Et, joignant le geste à la parole, elle l’entraîna sur la piste, suivant un rythme entraînant sur quelque chose qui ressemblait à un mélange entre un rock et un pas de rumba, assez rapide. Ses yeux noisettes pétillaient, ses fossettes étaient marquées, et elle semblait rayonner, s’amusant manifestement beaucoup, dansant joyeusement avec un renard à queues multiples. 

Aélia se moqua gentiment, posa ses mains sur le haut de son dos - ce qui l'aida beaucoup à garder son équilibre - puis... elle l'entraina dans une danse très rythmée !
Il dut sautiller d'avant en arrière, d'arrière en avant, pivoter à droite à gauche... bref, danser comme les autres "bipèdes" sur la piste de danse.
Sa prestation fut particulière et très remarquée. Il ne tomba pas, grâce notamment aux mains d'Aélia qui le tenaient, mais il lui arriva plusieurs fois de marcher sur les pieds de sa cavalière, ce qui provoqua quelques rires.
Le kitsune se servait avec brio de ses trois queues pour garder son équilibre.

Il restait concentré, mais avait quand même l'air de bien s'amuser.
Encore une fois, l'alcool bu plus tôt aidait à éviter le stress social.

La chanson terminée, Kyril se sépara d'Aélia et retrouva une position quadrupède avec un soulagement manifeste. Il se secoua intégralement, puis tendit ses pattes arrières l'une après l'autre, avec une petite grimace.

- Je me fais un peu vieux pour faire ce genre d'acrobaties, mais c'était marrant ! Je ne t'ai pas fait mal en te marchant dessus ?

La pirate n'était pas pieds nus, mais il se savait assez lourd, et il avait des griffes...

Aëlia rit durant toute la danse. Et elle rit encore plus lorsqu’il se secoua, et grimaça. A vrai dire, elle n’était pas très bonne danseuse, mais s’était toujours défoulée sur la piste, et là, ça avait très bien marché. Elle peinait d’ailleurs à reprendre son souffle.
 
-          Ah ouais je confirme, c’était marrant ! J’ai mal au ventre … T’en fais pas, ça va, les pirates sont plus lourds que toi malheureusement.
 
Elle lui sourit, essuyant les armes de rire qui perlaient au coin de ses yeux noisette, tout en s’asseyant pour tenter de reprendre son souffle. Elle se mit en tailleur, se reprenant peu à peu.
 
-          T’es pas mauvais mine de rien ! Tu m’as moins marché sur les pieds que certains cavaliers de mon espèce hein …
 
Elle lui sourit, un peu plus calme. Elle jeta un regard à la table où étaient les pirates, et soupira. Ils étaient ivres. Totalement soûls. Son frère, la voyant regarder vers eux, lui fit de grands signes. Elle secoua la tête.
 
-          Pffff … Je suis désolée, je vais devoir aller les rejoindre. Je sens qu’il y en a un qui a besoin qui a besoin d’une béquille moins soul que lui pour rentrer avant de faire des bêtises. Contente de t'avoir parlé en tous cas ! Hésite pas à venir quand tu veux ! Au plaisir, mon vieux !
 

Elle fit une petite grimace. Son frère était parfois un vrai bébé. Elle se leva, serra la patte à Kyril, et partit vers son frère. Quelques instants plus tard, elle l’avait ramené à bord, ainsi que quelques autres hommes, ronds comme des barriques. Alban dormait et bavait, ivre, après lui avoir dit des tonnes de choses qu’elle avait calmement écouté, soupirant. Ses histoires de fesses, elle s’en fichait, elle … enfin … Lorsqu’il fut profondément endormi, elle alla dans son lit, et finit par s’endormir, lin des flonflons de la fête, proche de Garmyr, qui revenait toujours dans ses rêves, quoiqu’elle tente toujours de l’en chasser.

Kyril rejoignit Aélia dans son hilarité.

- Me voilà soulagé ! Héhé !

La piratesse s'assit un instant pour récupérer, et le kitsune fit de même, la langue pendante également et respirant fort.
Finalement, Aélia dut jouer les Sam pour son frère alcoolisé et lui tendit la main pour le saluer. Kyril mit sa patte dans la sienne, en retrouvant un instant son sérieux :

- Ce fut un plaisir de passer cette soirée avec toi Aélia. Bon courage avec ton frère, je sens l'odeur d'alcool d'ici ! Et je te recontacterai dans pas longtemps concernant l'expédition, si tu es toujours partante.

Le kitsune la regarda disparaître, portant à moitié le grand gaillard alcoolisé qui était son frère, en souriant.
Il resta encore une petit heure dans la fête, puis partit à son tour, direction l'auberge où il résidait. En chemin, il remercia mentalement Odéline, pour lui avoir glissé le nom d'Aélia lorsqu'il lui avait parlé de l'expédition ; il lui semblait bien que c'était la personne idéale.

[Encore un topic de terminé ? We're on a roll ! \o/]